Arte rediffusera les
13 et 28 octobre 2011 « Kurt Gerstein, témoin de vérité » (Kurt Gerstein
- Zeuge der Wahrheit), documentaire (2007) de Philippe Labrune. A l’aide
d’images d’archives et de citations de Kurt Gerstein (1905-1945), ce film
retrace l’histoire de cet ingénieur allemand protestant, officier SS ambigu,
qui fut un des rouages de la « Solution finale » sur laquelle il tenta
d’alerter le monde.
Le 30 janvier 1946, lors du procès de Nuremberg où
comparaissent les dignitaires nazis poursuivis pour crimes de guerre ou/et
crimes contre l’humanité, une pièce passe inaperçue : le rapport de Kurt Gerstein
évoquant les camps d’extermination de Treblinka, Belzec, Majdanek...
Lutter pour le Bien
au centre du Mal ?
Personnage
ambivalent et complexe, Kurt Gerstein est né dans une famille de la bourgeoisie
prussienne « dévouée, soumise à l’autorité de l’empire ». Son père,
Ludwig, est une magistrat influent, « calé dans ses principes, antisémite
de tradition ». De ses sept enfants, seul Kurt affrontera son autorité.
En
1925, il entre à l’université de Marbourg. Sous la pression de son père, il
adhère à Teutonia, une confrérie nationaliste d’étudiants. Il critique la
légèreté des membres de ce groupe, ce qui lui vaut d’en être exclu. Sous
l’intervention de son père, il y est réintégré.
Parallèlement
à ses études, Kurt Gerstein, sous l’effet d’une foi assumée, entre en 1928 dans
les cercles bibliques (Bund deutscher Bibelkreise), mouvement de jeunesse
protestante qui choisira de se dissoudre en 1934. Son charisme et son influence
sur la jeunesse protestante sont manifestes. Kurt Gerstein estime que
« l’autorité et la confiance sont les deux fondements de
l’éducation ».
En
1931, il devient ingénieur, spécialisé dans les mines.
En
1933, à l’arrivée au pouvoir d’Hitler, et à la suite d’un conseil de famille,
les Gerstein adhèrent au parti nazi. Quand Hitler « met au pas l’église
protestante », Kurt Gerstein choisit « l’Eglise confessante »
car il ne veut pas que « Hitler se substitue à Dieu ».
Après
des stages, Kurt Gerstein entre en 1935 dans les mines de la Sarre, entreprise
publique, et se marie en 1937 avec Elfriede Bensch, fille de pasteur.
Chargé
d’organiser en 1936 un congrès de mineurs allemands, Kurt Gerstein envoie aux
congressistes deux affichettes provocatrices faisant allusion au parti nazi.
Exaspérée, la Gestapo effectue une perquisition. Kurt Gerstein est arrêté pour
« agissements contre l’Etat », et emprisonné.
Exclu
du parti nazi, il perd son emploi. La famille Gerstein multiplie les efforts
afin d’obtenir la réintégration de Kurt Gerstein dans le parti nazi et retrouve
un poste, et Kurt Gerstein écrit une lettre au tribunal dans laquelle il
réaffirme sa loyauté.
Il
débute des études de théologie, puis de médecine, et reprend son activisme
religieux.
En
1938, il est de nouveau interpellé, et détenu pour haute trahison au camp de
concentration de Welzheim pendant six semaines. Il bénéficie d’un non lieu, et
part en croisière avec son épouse. Il n’utilise pas les escales, notamment en
Italie, pour émigrer aux Etats-Unis où vit une partie de sa famille.
Les
efforts déployés par la famille Gerstein sont en partie couronnés de
succès : si le tribunal du parti nazi ne prononce pas la réintégration de
Kurt Gerstein, du moins choisit-il la solution du congédiement qui permet à
Kurt Gerstein de retrouver un travail, en l’occurrence dans la mine de potasse
Wintershall. Un emploi qu’il conserve jusqu’en 1940, date à laquelle il rejoint
la firme familiale à Dusseldorf.
En
1939, Kurt Gertein est volontaire dans la Wehrmacht, puis dans la Waffen SS.
En
1941, il décide de lutter de l’intérieur contre le nazisme et sa machine à tuer.
Il motive son entrisme par la mort d’une membre de sa famille, malade mentale,
qui aurait été assassinée dans le cadre du programme nazi d’euthanasie des
« aliénés », et sa volonté de connaître « ce que font ces gens…
d’en contrôler la direction » et de révéler leurs crimes au monde entier.
Il
entre dans la SS, est affecté à l’institut d’Hygiène de la Waffen SS qui, de
Berlin, contrôle certains aspects des camps de concentration. Kurt Gerstein
innove par un système de désinfection original. Il assiste à l’effroyable essai
du cyanure de potassium dans le camp de Belzec (Pologne).
Parallèlement,
Kurt Gerstein informe un diplomate suédois de ce qui s’est passé à Belzec, et s’efforce
d’alerter des responsables religieux – Vatican - ou de pays neutres, voire les
Alliés. En vain.
Kurt
Gerstein se rend aux Alliés. Prisonnier des Français, il est interrogé et écrit
en 1945 le rapport qui porte son nom et dans lequel il livre son témoignage sur
des atrocités découvertes à Belzec, le fonctionnement des camps de la mort,
l’extermination des Juifs (Shoah).
Se
présentant comme témoin, Kurt Gerstein apparait aux yeux des Alliés comme un
complice du nazisme. Il est inculpé – les factures de gaz Zyklon B sont au nom
de ce nazi - et est retrouvé pendu à la prison du Cherche-Midi le 25 juillet
1945. Suicide ? Assassinat ? Le mystère demeure, comme la
personnalité ambiguë de Kurt Gerstein : Bourreau ? Résistant
au nazisme ?
L’action de Kurt Gerstein a été
analysée par divers historiens, en particulier Léon Poliakov, Raul Hilberg et Saül
Friedlander.
Kurt Gerstein a aussi inspiré des
œuvres artistiques.
La pièce de théâtre Le vicaire (Der Stellvertreter) du dramaturge Rolf Hochhuth (1963), qui a été créée au théâtre de l'Athénée (Paris) dans une adaptation de Jorge Semprun.
Le film Amen a été réalisé par Costa-Gavras (2002).
La pièce de théâtre Le vicaire (Der Stellvertreter) du dramaturge Rolf Hochhuth (1963), qui a été créée au théâtre de l'Athénée (Paris) dans une adaptation de Jorge Semprun.
Le film Amen a été réalisé par Costa-Gavras (2002).
Kurt Gerstein est réapparu dans l’actualité
lors de la restitution en 2008 d’un tableau de Matisse peint en 1898, Paysage, le mur rose (de l’hôpital
d’Ajaccio), qui avait été volé à un Juif allemand, Harry Fuld, et qui avait
été retrouvé en 1948 dans une cache de Kurt Gerstein.
Arte consacre un dossier aux
chrétiens à l’épreuve du nazisme
qui évoque la figure de Kurt Gerstein.
« Kurt Gerstein, témoin de vérité » de Philippe Labrune
Allemagne, 2007, 1 h 10 minutes
Diffusions les :
-
13
octobre 2011 à 14 h 30
-
28
octobre 2011 à 3 h 25
Visuels : © Landeskirchliches Archiv
Bielefeld
- Culture
- France
Bonjour, je trouve votre site très intéressant. Il m'a permis d'acquérir bien des connaissances. C'est aussiune belle preuve d'humanité envers ce jeune homme très courageux. Merci encore.
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