vendredi 13 août 2021

Yaacov Agam, peintre et sculpteur

   Né en 1928 à Rishon LeZionYaacov Agam est un artiste israélien qui a créé l’art cinétique. Installé en France dès 1951, auteur de peintures, sculptures, monuments, architectures et vidéos, il est célèbre pour ses orchestrations ou « polyphonies colorées », c'est-à-dire « l’art de changer, modifier et rythmer les motifs et couleurs dans l’espace-temps ». La perception de l'œuvre évolue selon l'angle avec lequel le spectateur la perçoit. Le Centre Pompidou présente Images vivantes, une "exposition-atelier" de Yaacov Agam. 


Yaacov Agam est né en 1928 à Rishon le-Zion (alors en Palestine mandataire, actuel Etat d’Israël).

Il étudie à l’Ecole d’art Bezalel de Jérusalem, puis à Zurich auprès de Johannes Itten, ancien professeur du Bauhaus. Sa formation inclut l’histoire de l’art, l’architecture et la composition musicale.

Yaacov Agam est recruté comme graphiste par des agences de publicité.


Orchestration visuelle
Il arrive à Paris en 1951 et étudie dans l’atelier d'art abstrait de Jean Dewasne. Là, il rencontre Auguste Herbin et se consacre à l’art cinétique.

Un de ses « tableaux transformables » le fait remarquer.

C’est à Paris qu’en octobre 1953 la galerie Craven présente Tableaux transformables première exposition personnelle cet artiste âgé de 25 ans et qui innove en « introduisant la quatrième dimension, celle du temps, de l’espace » et du spirituel picturaux. Yaacov Agam rencontre Brancusi, Fernand Léger, André Breton et Max Ernst.

La galerie Denise René le repère et le présente en 1955 dans l'exposition Art cinétiqueLe Mouvement, et expose régulièrement cet article "s’imposant ainsi comme une des figures centrales de l’art cinétique". En 2003, la Galerie Denise René Rive gauche, qui avait présenté en 1955 ses œuvres dans l’exposition collective d’Art cinétique, Le Mouvement, a célébré cet anniversaire, quelques 50 ans après.

Alors que dans les œuvres des artistes cinétiques, les éléments mobiles induisent le mouvement, dans celles de Yaacov Agam, c’est le déplacement du spectateur par rapport à l’œuvre qui génère ce mouvement. Les tableaux de cet artiste sont souvent construits à partir de prismes triangulaires : une face est fixée sur la surface plane de la toile, les deux autres sont peintes avec des motifs géométriques qui créent des effets visuels variés selon l’angle de vision aléatoire du visiteur de l’exposition. Ce qui place aussi celui-ci en état de contributeur à la création artistique.
En 1956, Yaacov Agam participe au Festival d’art d’avant-garde de Marseille et, en 1965, à l’exposition The Responsive Eye au MoMA de New York.
Affectionnant les œuvres monumentales, cet artiste explore l’art cinétique en peinture modulaire, sculpture et architecture, et reçoit nombre de commandes. Citons le mur de la Paix au Parlement du Conseil de l’Europe à Strasbourg, la Faculté des Sciences à Montpellier, la « Fontaine du feu et de l’eau » à Tel Aviv, une façade pour « Torre Bosques Building » à Mexico ou celles colorées pour des immeubles KOC à Prague.

En 1971, Yaacov Agam réalise le salon de l’Elysée, une commande de l’Etat sous la présidence de Georges Pompidou. Il aménage l’antichambre des appartements privés du Palais de l’Elysée. Cet espace dit le Salon Agam est exposé au Centre Pompidou, à Paris.

Cette vidé du Centre Pompidou présente cinq chefs-d’œuvre, dont ce Salon vers 7’12’’ - de sa collection d’art contemporain. 

En 1988, ce plasticien crée la Fontaine Monumentale de la Défense, intégrant sculpture, lumière et orchestration musicale de jets d’eau.
Parmi les premiers en France à utiliser la vidéo comme medium, Yaacov Agam innove au début des années 1980 en une installation d’écrans de télévision diffusant ses œuvres en renouvellement constant en raison de l’image électronique mobile.
Yaacov Agam expose et est honoré de prix fameux aux Etats-Unis, au Japon...
Parallèlement, ce plasticien s’illustre dans d’autres disciplines artistiques : la musique, la littérature - il écrit des contes pour enfants -, le cinéma et le théâtre.
En 1996, cet amateur de jeux de mots, plutôt de lettres, a reçu le Prix Comenius de l’UNESCO pour l’invention pédagogique la plus novatrice : une méthode de langage non verbal par une « grammaire visuelle ». De nombreux jardins d’enfants de l’Education nationale et l’institut de Sciences Weizman de Rehovot recourent à son programme.
Ce fils du rabbin Yehoshua Gibstein respecte l’interdiction de toute image gravée de la réalité. « Les formes et les couleurs apparaissent, fusionnent ou disparaissent selon l’évolution de l’orchestration visuelle. Partant d’une image « minimaliste » j’aboutis à une expression « maximaliste », ce qui ne peut être fait avec une œuvre statique en deux dimensions », explique Yaacov Agam.
La réalité est au-delà du visible. Selon l’angle de vision de l’œuvre, celle-ci change complètement. Comme la vie, chaque composition riche de potentialités est en constant devenir (« Sensibilité »), parfois illustrant des thèmes graves (« Guerre et paix »).
Agam invite à s’interroger sur le présent, le passé dans une démarche où le temps semble aboli.
L’imprégnation juive ? L’arc-en-ciel symbolise l’accord entre Dieu et l’homme. On retrouve ses couleurs ou sa forme dans maints tableaux en relief.
En symétrie de cet arc-en-ciel biblique, c’est la ménorah que l’on devine (« Amitié »). « Orchestration formes, structure, couleur » comprend 18 carrés blancs, le nombre de la vie (« Haï »)...

En 2011,  la galerie Meyer Zafra et le château de Lagarde, deux expositions collectives ont présenté les œuvres de cet artiste israélien qui a créé l’art cinétique.

Au printemps 2012, dans le cadre de l'exposition collective Green Spring, la galerie Meyer Zafra a présenté Espace Double (2010) et la galerie Denise René Espace Marais, l'exposition collective Réflexion Forme Lumière avec notamment les œuvres de cet artiste israélien.

En 2013, la galerie Denise René Espace Marais a présenté dans le cadre de l'exposition #passion art (cinétique - numérique) ; if (art) then {cinétique}, notamment des œuvres de cet artiste israélien, et l'Espace Meyer Zafra a montré des œuvres de Yaacov Agam à Pinta-London, salon d’art moderne et contemporain d’Amérique latine (5-7 juin 2013) et Pinta-New York, salon d’art moderne et contemporain d’Amérique latine (14-17 novembre 2013).

En octobre 2013, la fontaine Feu et eau conçue par Yaacov Agam et placée en 1986 au centre de la place Dizengoff à Tel-Aviv a été restaurée. Une "célébration de la vie" selon Ron Agam, fils de l'artiste.

Des œuvres de Yaacov Agam ont été présentées au stand D19 de l'Espace Meyer Zafra lors de Art Paris Art Fair (27-30 mars 2014) au Grand Palais, et lors de Art Silicon Valley/San Francisco (Art SV/SF), situé entre la Silicon Valley et San Francisco, du 9 au 12 octobre 2014

Des œuvres de Yaacov Agam ont été présentées au stand SV44 de l'Espace Meyer Zafra lors de Art Silicon Valley/San Francisco (Art SV/SF), situé entre la Silicon Valley et San Francisco, du 9 au 12 octobre 2014. 

Cet artiste figure sur la liste 2014 des 100 personnalités qui influent positivement sur la vie Juive établie par le média américain Juif The Algemeiner. Il "infuse un sens Juif mystique dans son art, obtenant un large respect pour le judaïsme et ses messages universels. L'une de ses oeuvres les plus connues est la ménorah gigantesque située à New York. Guinness-record, sa structure, sponsorisée par la Lubavitch Youth Organization, se tient à 32 pieds de haut. Agam, fier de son ascendance Juive mystique et leader innovant dans l'art kinétique et optique, a été pionnier dans une nouvelle forme d'art qui souligne le changement et le mouvement". Ses œuvres "se trouvent dans des espaces publics du monde entier, notamment à Paris et Tel Aviv, et dans les collections du Museum of Modern Art. 

En mai 2014, son oeuvre "Faith – Visual Pray” a été donnée au pape François par David Maimon, président de la compagnie aérienne El Al Israel. Cette pièce comprend un arc-en-ciel et des symboles significatifs du judaïsme et du christianisme". Agam y a "intégré des symboles significatifs du judaïsme - l'étoile de David et la Ménorah, qui ne symbolise pas seulement le Temple Saint de Jérusalem, mais aussi la lumière des sept églises de la chrétienté. Le message sous-jacent de cette oeuvre est que des symbolismes variés se fondent ensemble, créant l'harmonie parfaite".

Des œuvres de Yaacov Agam ont été présentées par la galerie Denise René Espace Marais dans l'exposition collective Editions et multiples

Yaacov Agam figure sur la liste 2014 des 100 personnalités qui influent positivement sur la vie Juive établie par le média américain Juif The Algemeiner

Des œuvres d'Yaacov Agam étaient à Art Bruxelles (25-27 avril 2015).

"Images vivantes"
Avec le soutien de UdnFunLife, en partenariat avec Lefranc Bourgeois et Le Petit Léonard, l
e Centre Pompidou présente Images vivantes, une "exposition-atelier" de Yaacov Agam. 

« Après Claude Closky, Laurent Tixador et Françoise Pétrovitch, le Centre Pompidou invite l’artiste Yaacov Agam, précurseur du mouvement cinétique, à concevoir une exposition à la Galerie des enfants et un accrochage de ses oeuvres dans le musée pour permettre aux enfants, à partir de 4 ans, accompagnés de leur famille, de découvrir et expérimenter l’art et la création en mouvement d’Agam. »

"L’ensemble de la proposition de Yaacov Agam repose sur des formes géométriques présentes de façon récurrente dans son œuvre. Leur organisation dans l’espace invite le public à se déplacer et à faire évoluer des motifs par des changements de points de vue. Ces formes sont un langage plastique lisible par tous, concept développé par Agam en une méthode éducative, récompensée par le prix Unesco Amos Comenius 1996. À la Galerie des enfants, manipuler, bouger, essayer de comprendre les effets d’optique ou simplement se laisser porter par la magie des transformations sont les fils conducteurs de l’exposition-atelier."

"Plusieurs dispositifs amènent l’enfant à enrichir chaque information, de la plus simple à la plus complexe, afin de développer les fondements de sa sensibilité visuelle. Dans « Colonnes », l’un des dispositifs interactifs, des cubes pivotent pour associer des motifs et des couleurs, dans « Assemblages mouvants », le jeune visiteur explore à l’infini des compositions de lignes ou de formes. Dans « Polymorphie », il fait surgir des paysages simultanés. Dans « Cœur battant », il joue avec le mouvement de mobiles. Dans « Infinie transparence », il comprend la dynamique des couleurs en modifiant son image à travers des panneaux colorés. Dans « Dialogue », il peint avec les touches aimantées d’une palette géante et enfin, dans « Que la lumière soit », sa voix permet de faire surgir la lumière dans l’espace." 

"Une place importante est réservée à la passion de l’artiste pour les œuvres numériques : sur des écrans surgissent des compositions en mouvement, renouvelées sous l’interaction du public. Les enfants retrouvent Yaacov Agam dès l’entrée de l’exposition, dans un film, où l’artiste installé dans le Salon les y accueille et révèle quelques-uns de ses secrets. Agam plonge avec ravissement son jeune public dans la quatrième dimension, celle du mouvement et de la transformation. L’artiste lui offre ainsi la possibilité d’expérimenter, par le corps, la voix et le regard, les richesses de la créativité qui ont fait sa renommée."

"Pour poursuivre l’expérience et mieux appréhender l’œuvre d’Agam, le public peut également découvrir au Musée le Salon Agam, installation emblématique de la collection, créé suite à une commande de Georges Pompidou pour l’un des salons du palais de l’Élysée. Immersive, cette œuvre permet au public de faire l’expérience de l’art cinétique : à chaque pas, des images se mettent à bouger. Des lignes deviennent des triangles, un panneau noir devient coloré... Jouxtant le Salon d’Agam, d’autres œuvres de l’artiste sont présentées exceptionnellement et complètent ainsi la découverte de son univers."

"Pendant toute la durée de l’exposition-atelier à la Galerie des enfants, les visiteurs sont invités à poursuivre l’expérience visuelle et sensorielle du Salon Agam ainsi que l’avait imaginé l’artiste".


"À l’occasion de « Images vivantes », une exposition-atelier qui emmène les enfants à la découverte de l’univers hypnotique et passionnant de l’artiste, rencontre avec Yaacov Agam. Pionnier de l’art cinétique, il reste à 92 ans l’une des figures les plus fascinantes de l'art moderne."

"Il ressemble à un vieux prophète. Avec sa longue barbe et ses cheveux blancs, Yaacov Agam, 92 ans, a pourtant encore toujours l’énergie d’un jeune homme. En cette rentrée, il présente, en collaboration avec la Galerie des enfants, un tout nouveau parcours-découverte pour les plus jeunes autour de son œuvre-phare, le légendaire Salon Agam. "

Commandé par le président Georges Pompidou, passionné par l’art cinétique du plasticien israélien, ce Salon était à l’origine conçu pour être intégré aux appartements privés des époux Pompidou à l’Élysée. Véritable tour de force technique qui a nécessité des années de travail (dont deux ans et demi rien que pour la réalisation du tapis multicolore par les ateliers des Gobelins), le Salon Agam est un fantastique exemple d’espace pictural « cinétique » à l’échelle d’une pièce d’habitation. Associant murs, plafonds, tapis et portes d’entrée, c’est un « tableau polymorphique » total, réalisé à l’aide d’éléments colorés en biseau. Au centre, une sculpture baptisée « Le triangle volant » reflète les motifs géométriques des parois. Des panneaux mobiles colorés et translucides suggèrent la course du soleil dans une journée complète : « à gauche, le soleil au lever, sur le mur en, face, le soleil au zénith, et à droite, le soleil du soir puis la nuit » nous décrypte Agam. Ici, le visiteur participe pleinement à la création de l’œuvre, en se déplaçant. Le temps, que Yaacov Agam appelle « la quatrième dimension » est ainsi intégré à son travail et suggère, sous la forme picturale, la métamorphose permanente de l’univers visuel.

Aménagé entre 1972 et 1974 sous l’égide du Mobilier national, le Salon était encore inachevé au décès de Georges Pompidou en avril 1974. En 1979, l’œuvre rejoint la collection du Centre Pompidou, sur une demande de Valéry Giscard d’Estaing, devenu président de la République. Elle y restera cinq années, durant lesquelles le public profitera pleinement du caractère immersif du Salon. En 1984, l’œuvre est déplacée et présentée à l’Hôtel de Ville, Salle Saint-Jean, alors que Jacques Chirac est maire de Paris. Entreposé par la suite dans des réserves à Orly, le Salon ne ressortira qu’en 1999 pour restauration, avant d’être présenté dans l’exposition « Pompidou et la modernité », au Jeu de Paume. Le tapis notamment, largement abîmé par les va-et-vient des visiteurs, subit alors une restauration en profondeur (un autre exemplaire du tapis, lui aussi tissé par les ateliers du Mobilier national, se trouve actuellement dans le Salon des ambassadeurs, à l'Elysée - voir compte Instagram d'Emmanuel Macron ci-dessous). En 2000, pour la réouverture du Centre Pompidou après de grands travaux de rénovation, la majestueux Salon Agam rejoint son écrin définitif, au niveau 4.

Entre-temps, Agam est devenu l’une des figures les plus marquantes de l’art cinétique mondial. Ces œuvres gigantesques essaiment de par le monde, de Tel-Aviv (où il a réalisé une irréelle fontaine mélangeant eau et feu sur la Place Dizengoff) à La Défense (en 1977, il crée une fontaine en mosaïque sur le parvis) en passant par Cleveland ou Leverkusen. Féru de musique, Agam est aussi un artiste qui s’est depuis longtemps emparé du médium vidéo et des ordinateurs. Toujours attaché à la transmission du langage des formes, il crée une méthode d’apprentissage et d’éveil pour les jeunes enfants, largement pratiquée en Israël, et pour laquelle il gagne en 1996 la médaille Comenius, décernée par l’UNESCO. Dialogue avec un vieux sage qui, d’André Breton à Yves Klein, a connu toutes les avant-gardes.

Pour décrire vos œuvres, vous évoquez souvent la « quatrième dimension », pouvez-vous nous en dire plus ?
Yaacov Agam — Depuis l'origine des temps, et dans toutes les cultures, nous sommes habitués à présenter la réalité en image figée. Ce que j’appelle la « quatrième dimension », c’est le temps, le mouvement, le changement. Le temps évolue, il est imprévu. Qui sait ce qui se passera demain ? Le changement, c’est l’ordre de la vie. Les enfants changent tous les jours imperceptiblement… Découvrir une extension de notre expérience et de notre connaissance, voilà la magie de la quatrième dimension. Mes œuvres sont des fenêtres vers une nouvelle réalité, des orchestrations visuelles, des compositions qui sont non statiques. Nous sommes comme tous les êtres dont la vie est en constante transformation, changement, évolution, et il n’y a pas un instant qui soit figé, détaché du mécanisme céleste du mouvement. Prendre conscience de cette force de vie et de transformation pour pouvoir y apporter notre contribution, voilà ce qu’est la création. Quand j’étais petit, je n’allais pas à l’école, j’étais toujours dans la rue. Je suis né à Rishon LeZion au sud de Tel Aviv. Mon père, qui était rabbin, m’avait inscrit dans une école religieuse, car il ne voulait pas que j’aille à l’école laïque. Souvent lorsque je me promenais, je regardais les fleurs, le vent qui faisait lever la poussière du sol… j’habitais près d’un désert. Cela m’a marqué. La seule langue que je parle c’est le visuel. La parole trahit, car les mots viennent de la bouche, et la bouche vient de l’estomac… Les yeux font partie de l’âme. Si vous regardez avec les yeux vous regardez avec l’âme. D’ailleurs dans la Bible, il est écrit « Dieu a vu », et non « Dieu a compris ». Voir c’est important, et encore plus apprendre à voir. Nous voyons avec les mots, mais il faut voir, rentrer dans l’intimité de la forme, sa raison d’être, son expression. La couleur aussi est impossible à définir avec les mots, elle a une expression spirituelle. Matisse, par exemple, a voulu échapper à la matérialité de la couleur…

Vous êtes venu à Paris dans les années 1950, vous avez bien connu l’avant-garde artistique de cette époque, racontez-nous…
YA — Je suis arrivé à Paris en 1951. C’était une période effervescente après une guerre meurtrière, la ville était pleine d’artistes du monde entier venus apporter leur contribution au renouvellement du dialogue artistique. J’habitais alors un petit hôtel à Montparnasse et passais mes soirées à rencontrer des artistes à la Coupole, au Select, ou au Dôme, et je fréquentais l’atelier de l’art abstrait rue de la Grande Chaumière. À Montparnasse, j’ai visité l’atelier de Brancusi, et j’ai eu l’honneur d’avoir de longues conversations avec lui. Brancusi a cherché la communication universelle, à éliminer tout élément superflu. J’ai rencontré de grands artistes comme Fernand Léger, Marc Chagall ou André Breton, qui m’a soutenu, et qui a trouvé dans ma démarche une autre réalité... Il a même donné des titres à mes tableaux. Yves Klein, devenu mon ami, je l’ai rencontré un jour au café du Dôme. Il s’est assis à côté de moi, un jour, c’était encore un jeune homme… Il disait qu’il en avait marre de tout, de ses parents, et qu’il voulait partir loin, en Chine ou au Japon… Il a fini par partir au Japon, il était passionné de judo. Nous sommes restés très proches. Le sculpteur César était mon voisin, et les gens nous confondaient souvent à cause de nos barbes. Il avait un accent de Marseille très prononcé… Nous étions amis, même si nous n’avions pas du tout la même vision de l’art, et qu’il ne comprenait pas mon œuvre. Il s’attachait au solide, et moi à ce qui est mobile. Ma première exposition à la Galerie Graven en octobre 1953 a été un succès, beaucoup d'artistes surréalistes ont acquis mes œuvres et j'ai été soutenu par les amateurs d'art américain. Mon œuvre a inspiré beaucoup d'artistes sud-américains qui habitaient Paris. Max Ernst ou la mécène Marie-Laure de Noailles ont acquis mes œuvres. À cette époque j'allais manger à l'armée du Salut, mais c'était la période la plus créatrice de ma vie .

Quels souvenirs gardez-vous de Georges Pompidou ?
YA — C’était un homme extraordinaire, très simple. Lors de notre première rencontre, il m’a dit : « vous savez Agam, le problème c’est que nous sommes visuellement illettrés ». Il voulait donner aux Français cette culture de l’image qui leur manquait, et développer leur créativité. C’est pour cela qu’il a voulu le Centre Pompidou. En 1968, je faisais partie de l’exposition des nouvelles acquisitions du Centre national d’art contemporain (CNAC), rue de Berri. Pompidou était alors Premier ministre. J’y présentais Double Métamorphose III (aujourd’hui dans la collection du Centre Pompidou, NDLR). Une semaine après la visite de Pompidou, on m’a appelé, j’étais alors aux États-Unis, pour me dire qu’il avait adoré mon travail, et qu’il était passionné par mes œuvres cinématiques. Ensuite, grâce à Bernard Anthonioz, qui était Inspecteur général de la création artistique, l’État a acquis une de mes sculptures, que Pompidou a placé dans son bureau à L’Élysée sur un socle. Mais ça ne lui convenait pas, parce que le socle n’était pas moderne, mais de style Louis XIV. Je lui ai alors proposé de créer un immense espace autour de cette œuvre, comme je venais de le faire en Allemagne, à Leverkusen. Puis Madame Pompidou m’a invité à déjeuner dans les appartements privés de l’Élysée, et ils m’ont, assez timidement, dit qu’ils aimeraient beaucoup que je leur réalise un salon privé. La force et l’intelligence du président Pompidou c’est qu’il savait faire confiance à ceux qu’il croyait capables, c’était un homme qui savait déléguer le pouvoir. Par exemple, quand je lui ai apporté la maquette de mon projet, il n’a même pas voulu la voir, pour éviter de m’influencer. Il avait totalement confiance en ma vision, mais hélas, il n’a jamais vu le Salon terminé.

Comment le public a-t-il reçu votre œuvre ?
YA — L’inauguration a eu lieu le 15 février 1972. À l’époque, c’était très nouveau, et certaines personnes étaient choquées… Mais la Reine d’Angleterre, qui a visité le Salon lors de sa venue à l’Élysée en mai 1972, a beaucoup aimé, elle y est même restée un moment… Aujourd’hui le Salon est au Centre Pompidou, mais on ne peut plus y entrer, ils ont peur que l’on abîme le tapis, c’est vraiment dommage. 

Pourquoi Valéry Giscard d'Estaing a-t-il fait démonter le Salon à son arrivée à l’Élysée ?
YA — Je vais vous raconter un secret d’État… Giscard a toujours aimé la noblesse. Il voulait faire du comte d’Ornano, qui était alors maire de Deauville, le maire de Paris. C’était pour lui une manière de garder le contrôle de la capitale. Mais en 1977 Chirac s’est présenté à la dernière minute. Ça a rendu Giscard furieux ! Chirac était très ami avec Madame Claude Pompidou, c’était même son favori, il lui faisait de petites courses de temps en temps… Chirac voulait que le Salon reste à l’Élysée, car il souhaitait respecter les volontés de Pompidou, même si lui ne comprenait rien à l’art moderne, il aimait plutôt les arts premiers. Mais Giscard a voulu punir Chirac, et en 1979 il a fait enlever le Salon pour le mettre au musée… C’est ainsi qu’il s’est retrouvé au Centre Pompidou.

Votre œuvre reste toujours novatrice, qu’avez-vous envie de dire aux jeunes générations ?
YA — Donnez un crayon à un jeune enfant. Que va-t-il dessiner ? Un point. La première expression picturale de l’homme, c’est le point, regardez les grottes préhistoriques… La ligne est arrivée plus tard. Mais qu’est-ce qu’une ligne, sinon un point qui bouge ? La très grande évolution de l’homme, c’est la ligne. Il est très important de développer le dialogue avec les jeunes. Les enfants jouent avec les œuvres quand les adultes se demandent si cela va leur servir ou pas. Pourtant, l’homme est né pour jouer, j’aime dire homo ludens

Travaillez-vous encore ?
YA — Je travaille comme je respire."


Du 26 septembre 2020 au 16 août 2021
A la Galerie des enfants, niveau 1
Au Musée national d’art moderne, niveau 4
Place Georges-Pompidou. 75004 Paris
Tél. : 00 33 (0)1 44 78 12 33
Tous les jours sauf mardis de 11 h à 19 h
Visuel :
Agam, « Aménagement de l'antichambre des appartements privés du Palais de l'Elysée pour le président Georges Pompidou », 1972-1974 © Centre Pompidou / Hérvé Véronèse


Du 20 mars au 23 mai 2015
A la galerie Denise René Espace Marais
22, rue Charlot. 75003 Paris
Tél. : 01 48 87 73 94 

Du 9 au 12 octobre 2014
Art Silicon Valley/San Francisco (Art SV/SF)
Stand SV44 de l'Espace Meyer Zafra 
San Mateo County Event Center
Expo Hall
1346 Saratoga Drive
San Mateo, CA 94403
Le 10 octobre de 11 h à 21 h, le 11 octobre de 11 h à 20 h et le 12 octobre de 11 h ) 18 h. Vernissage le 9 octobre 2014 dès 18 h. 

Du 27 mars au 13 mai 2014
A la galerie Denise André Rive Gauche
196, bd Saint-Germain. 75007 Paris
Tél. : + 33 1 42 22 77 57

Du 27 au 30 mars 2014
Art Paris Art Fair
Espace Meyer Zafra. Stand D19
Au Grand Palais
Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Téléphone : 01 56 26 52 00
De 11 h 30 à 20 h. Vendredi nocturne jusqu'à 22 h

Du 3 au 8 décembre 2013
Art Miami
The Art Miami Pavilion Midtown
Wynwood Arts District 3101 NE 1st Avenue Miami, FL 33137
Vernissage le 3 décembre de 17 h 30 à 22 h. Les 4, 5 et 7décembre de 11 h à 19 h, le 6 décembre de 11 h à 20 h, le 8 décembre de 11 h à 18 h

Du 14 au 17 novembre 2013
Pinta-New York
82 MERCER.  New York, NY 10012.  USA
Tel: 917.639.5850
Le 14 novembre de 18 h à 21 h sur invitation. Les 15 et 16 novembre de 12 h à 20 h,. Le 17 novembre de 12 h à 19 h

Du 24 au 28 octobre 2013
A la 4e édition de Design Elysées  
Pavillon sur l’avenue des Champs-Élysées, le long du Grand Palais 75008 Paris
De 11 h à 20 h. Vendredi 25 octobre de 20 h à 22 h

Du 5 au 7 juin 2013
A L'Espace Meyer Zafra à Pinta-London, salon d’art moderne et contemporain d’Amérique latine. Booth A-01, de 14 h à 21 h les 5 et 6 juin, de 14 h à 19 h le 7 juin
Du 15 au 18 novembre 2012. La galerie Meyer Zafra à Pinta, salon d’art moderne et contemporain d’Amérique latine. Vernissage le 15 novembre 2012 de 18 h à 21 h.
Du 25 avril au 20 juin 2013
Du 10 mai au 30 juin 2012
22, rue Charlot, 75003 Paris
Tél. : + 33 1 48 87 73 94
Vernissage le 25 avril 2013 de 19 h à 21 h

Du 15 au 18 novembre 2012
7 West 34th Street, at 5th Avenue, New York, NY 10001
Vernissage le 15 novembre 2012 de 18 h à 21 h.

Jusqu'au 15 avril 2012
Jusqu’au 11 septembre 2011
A la galerie Meyer Zafra
4, rue Mahler. 75004 Paris
Tél. : + 33 (1) 42 77 05 34
Du lundi au samedi de 11 h à 19 h
Dimanche de 15 h à 19 h
Vernissage le jeudi 8 mars 2012 à partir de 18 h 30
Jusqu’au 2 octobre 2011
Au château de Lagarde
84480 Lagarde
Tél. : 04 90 75 93 12
Du mardi au dimanche de 10 h à 13 h et de 15 h à 19 h
  
Visuels de haut en bas :
Espace Double
2010
109 x 53 x 45 cm
oeuvre originale.
Courtesy Espace Meyer Zafra, photographe Karim Borjas
Message de paix
1980
Timbre
De la 2e à la 4e dimension (3 vues)
1975
64 x 90 cm
Sérigraphie sur plastique en relief rehaussée à la main
© Atelier Agam
Ten/Carpa
1970
Acier inoxydable
174 x 174 x 153 cm
Atelier Agam

Fontaine
Courtesy Ministère des Affaires étrangères d'Israël

Articles sur ce blog concernant :
France
Cet article a été publié pour la première fois le 25 août 2012, republié les 10 mai et 12 novembre 2012, 24 avril, 4 juin, 24 octobre, 14 novembre et 2 décembre 2013, 26 mars et 7 octobre 2014, 17 février et 20 mars 2015. Il a été modifié le 13 août 2021.

2 commentaires:

  1. Bonjour, je voudrais savoir le nom de l'oeuvre se trouvant juste en dessous du titre (une roue sur un miroir si je ne me trompe...) Merci d'avance de votre réponse. Bien à vous

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    1. Bonjour.
      En fin d'article, j'ai indiqué les titres des œuvres illustrant l'article.
      J'avais nommé le visuel "Agam 4 Cercle Vision Cosmique Karim Borjas".
      Cordialement,
      Véronique Chemla

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