dimanche 23 septembre 2018

« War Story, 1995-1996 » de Mikael Levin


Le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté War Story, 1995-1996 du photographe américain Mikael Levin, dans le cadre de l'exposition collective La collection contemporaine du MAHJ : un parcours. Plus de 60 tirages photographiques sur des textes du père du photographe, le correspondant de guerre et écrivain américain Meyer Levin (1905-1981), ainsi que des reproductions de photographies d’Eric Schwab (1910-1977). Une exposition inscrite dans le programme des Journées européennes de la culture et du patrimoine JuifsLe 23 septembre 2018, de 15 h 30 à 19 h 30, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ) propose une rencontre avec Tereska Torrès-Levin, écrivaine, résistante, aventurière.


« En 1944-1945, mon père, le correspondant de guerre américain Meyer Levin, fit un voyage à bord d’une jeep à travers l’Europe, en compagnie du photographe français Éric Schwab. Pour rendre compte de la guerre, ils partirent de Paris, se dirigèrent vers l’Est et furent témoins de la bataille des Ardennes, de la progression des Alliés en Allemagne, de l’ouverture des camps de concentration et des premiers soubresauts de la Guerre froide. En suivant le récit que fit mon père de ce voyage tel qu’il apparaît dans son autobiographie In Search, j’ai retracé en 1995 son itinéraire et celui d’Éric Schwab, en photographiant les lieux qu’il décrivit dans leur état actuel. Je présente ici ces photographies en les confrontant à des extraits d’In Search et à un choix de photographies d’Éric Schwab datant de 1945 », écrit Mikael Levin en présentant War Story.


Meyer Levin
Meyer Levin naît en 1905 dans une famille Juive pauvre de Chicago et originaire de Lituanie.

Son talent de « raconteur », selon le mot d’Hemingway, est décelé par ses professeurs.

A 24 ans, Meyer Levin écrit sa première nouvelle, Reporter, qui est publiée.

Las ! Le grand krach financier de 1929 survient. Influencé par l’auteur de romans naturalistes Theodore Dreiser (1871-1945), Meyer Levin écrit des romans sociaux, en évoquant dans un style sobre la vie d’immigrants Juifs de Chicago - Frankie et Johnnie (1930), The New Bridge (1933), The Old Bunch (1939) et Citizens (1940) – et la vie dans un kibboutz (Yehuda, 1931).

Pendant la guerre d’Espagne (1936-1939), ce correspondant de guerre aux côtés des Républicains rencontre Hemingway avec lequel il noue une amitié.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Meyer Levin participe aux films de propagande de l’Armée américaine à Hollywood, puis à Londres.

Après le débarquement allié en Normandie, il parvient à se faire accréditer comme correspondant de guerre. Envoyé au Luxembourg, il est l’un des rares journalistes à assister à l’offensive allemande surprenante dans les Ardennes. Son reportage, un scoop documenté, intéresse vivement notamment des commandants alliés.

« Mon père écrivait pour deux petites agences de presse : la Jewish Telegraphic Agency (JTA) et l’Oversees News Agency (ONA). Alors que JTA était intéressée par les seules histoires “juives”, c’est-à-dire des soldats Juifs, l’ONA couvrait une thématique plus large. En fait, l’ONA était une sorte d’organisation paravent à JTA ; elle avait été créée par les mêmes personnes dans les années 1930 pour faciliter l’accès des correspondants Juifs aux événements interdits d’accès aux Juifs. Dès 1940, [Meyer Levin] avait pressenti que l’expérience de la guerre serait l’événement central de son époque. Comme romancier, il sentait que pour écrire sur son époque, il devait faire l’expérience la plus proche de la guerre. Il était trop âgé pour être muté dans une unité de combat, mais comme correspondant de guerre il pouvait témoigner de ce que traversaient les soldats. C’est la raison de sa venue en Europe. Au fur et à mesure où l’ampleur de la tragédie des communautés Juives d’Europe était connue, il a pris conscience qu’il devait écrire sur leur histoire, et s’y dévouer entièrement », précise Mikael Levin.

Et d’ajouter : « Dès [que Meyer Levin] entendait parler de la libération d’un camp de concentration, il s’y précipitait. Il écrivait sur la situation dans les camps et dressait la liste des survivants et faisait circulait ses listes dans les camps car, au début, quand il arrivait dans les camps, les survivants griffonnaient leurs noms sur sa Jeep qui rapidement en était entièrement recouverte. Les survivants des camps s’agglutinaient autour de sa Jeep quand il arrivait dans un camp à la recherche des noms de ceux qu’ils connaissaient. A Theresienstadt, une femme a découvert le nom de son mari écrit sur sa Jeep. Les parents de mon père étaient des immigrants lithuaniens. Aussi, mon père s’est beaucoup identifié aux Juifs européens. Il a dit : « Ces personnes sont les enfants des mêmes parents que les miens ». Il parlait le yiddish, et s’était rendu à plusieurs reprises en Europe avant la guerre. Il était allé en Palestine ; il avait écrit des articles pour JTA dans les années 1920, sur les premières émeutes des [Arabes] palestiniens contre les habitants Juifs… Le premier camp découvert était Ohrdruf, c’était une date charnière et mon père a dit : « Rien n’a plus jamais été pareil ».

Comme Meyer Levin ne voulait pas parler de la guerre, il invitait son fils à lire In Search. « Dans ses premiers écrits, on voit un conflit entre son identité comme Juif et son désir de s’identifier comme Américain. Ce genre de conflit est fréquent parmi les immigrants de la première génération. Durant la guerre et avant la bataille des Ardennes, mon père a signé « Meyer Levin » ses articles, et lors de cette bataille « Mike Levin ». Il a américanisé son nom, et tous ses articles, au lieu de parler de GIs prénommés Saul et Adam, ont évoqué des types dénommés Jo et Sam. Il a continué à signer « Mike Levin » jusqu’à son arrivée à Buchenwald. Alors « Meyer » est réapparu. C’est comme s’il réalisait alors : « Mon identité est Juive. Peut-être un Américain Juif, mais un Juif ». Et presque tous ses articles postérieurs ont traité de la situation des survivants des camps de concentration. Il a continué de s’y impliquer après la fin de la guerre ; le D.P.'s. One project était un film sur un orphelin de guerre qui va en Palestine pour chercher ses parents car ceux-ci lui avaient dit qu’après la guerre ils s’y rencontreraient ».

Au printemps 1945, Meyer Levin est traumatisé par la découverte des camps de concentration. Comment le peuple allemand si cultivé a-t-il pu commettre la Shoah ? Cette question parcourt son autobiographie In Search (1950).

En 1946-1947, Meyer Levin filme dans le documentaire The Illegals le périple des survivants Juifs des camps au travers de l’Europe occupée pour embarquer clandestinement vers la Palestine mandataire (Eretz Israël). Les jeunes protagonistes polonais de My Father’s House (1947) et Eva (1959) partagent cet espoir sioniste.

En 1948, Meyer Levin épouse Tereska Torres, résistante au sein des « Volontaires françaises » et femme de lettres. Le couple a deux fils, Gabriel, poète israélien né en 1948, et Mikael né en 1954.

En 1950, Meyer Levin découvre Le Journal d’Anne Frank grâce à son épouse. Il convainc Otto Frank, le père de l’adolescente Juive, de l’intérêt d’une adaptation théâtrale du livre. « La voix d’Anne Frank est devenue la voix des six  millions d’âmes Juives disparues », écrit Meyer Levin dans The New York Times (1952). Evincé de l’adaptation théâtrale du Journal d’Anne Frank - Frances Goodrich et Albert Hackett lui sont préférés – il souhaitait insister sur « la lutte pour une identité juive lors de l’extermination de la population Juive européenne » -, Meyer Levin se brouille avec Otto Frank. Dans The Obsession (1973), il relate les problèmes, notamment juridictionnels, liés à son adaptation théâtrale du Journal.

Tereska Torrès évoque cette obsession dans Les maisons hantées de Meyer Levin (1974, rééd. en 2005).

En 1996, dans sa thèse universitaire An Obsession with Anne Frank: Meyer Levin and the Diary, Lawrence Graver retrace ce combat de Meyer Levin : « L’histoire de Levin atteste de l’incommensurable difficulté, voire de l’impossibilité, de trouver un chemin authentique pour témoigner de la Shoah dans une société gouvernée par l’argent, la culture de masse, l’omnipotence des médias, l’optimisme démocratique et une certaine prédisposition au réconfort facile » indiquait un dossier de presse en 2003.

La perpétration du mal interpelle Meyer Levin. Publié en 1956, Compulsion (Crime) est inspiré d’un fait divers : en 1924, Richard Loeb et Nathan Leopold, deux jeunes Juifs bourgeois, intelligents et condisciples de Meyer Levin, ont assassiné un adolescent âgé de 14 ans, Bobby Franks, dans le but de commettre « un crime parfait ». Journaliste au Chicago Tribune, Meyer Levin couvre le procès des deux assassins. Son livre est adapté à Broadway et au cinéma par Richard Fleischer (Le génie du mal avec Orson Welles).

Meyer Levin consacre nouvelles et romans à l’Etat d’Israël : Gore and Igore (1968), The Settlers (1972) et The Harvest (1978).

Il se rend en Ethiopie avec son épouse pour tourner à Ambover The Fellashas (1963). Il combat pour que cet Etat accueille les Juifs d’Ethiopie.

Meyer Levin meurt et est enterré à Jérusalem en 1981.

Architect (1982), son dernier livre publié à titre posthume, est une biographie romancée de l’architecte Frank Lloyd Wright dont le cadre est le Chicago du début du XXe siècle.

Eric Schwab

 En 1945, dans l’Armée américaine, l’écrivain Meyer Levin est chargé de retrouver les vestiges des communautés juives européennes. Il s’y lie d’amitié avec Eric Schwab (1910-1977), correspondant de guerre pour l’AFP.

Né à Hambourg d’un père français, Eric Schwab grandit entre l’Allemagne, la France, la Suisse et les Etats-Unis. Il débute comme assistant-monteur en France sur des plateaux de cinéma (1928-1930). Après son service militaire au Maroc, il travaille comme photographe-reporter pour des agences et journaux : Vu, Life, Vogue.

Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier à Dunkerque le 4 juin 1940, s’évade dès le lendemain, retourne à Paris en juillet 1940 et vit dans la clandestinité sous l’Occupation. En juin 1945, ses photos des crimes nazis sont exposées au Grand Palais.

Il est correspondant pour l’AFP (1945-1948), puis pour diverses organisations onusiennes : OMS, UNESCO. Il cherche sa mère allemande déportée en 1943. Il la retrouve au camp de Theresienstadt.


Les paysages de Mikael Levin
Petit-fils du sculpteur Mark Szwarc, Mikael Levin grandit entre Israël, les Etats-Unis et la France.

Il est diplômé en cinéma et photographie. En 1977, la Photographer’s Gallery à Londres organise sa première exposition individuelle : des clichés de casbah de villes marocaines.

En 1980, il présente Sodome et Gomorrhe, douze photographies de la mer Morte et du désert de Judée légendées d’extraits correspondants de la Bible.

Installé à New York en 1980, il photographie notamment en 1983 la forêt suédoise accompagnée d’un poème de Thomas Tranströmer (The Clearing), en 1983-1987 le lac Ericbergssjön à Södermanland (Suède), le territoire de Belfort (1987-1990), Nantes (2000), Chateaubleau (2001), La Bassée (2002)...

The Border Project l’amène à étudier la notion de frontière entre la France, la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne lors de la négociation des accords de Schengen (1993).

Common Places (1996-1998) concerne quatre villes européennes : Cambrai, Erfurt, Katrhinholm, Thessalonique.

En 2003, la Bibliothèque nationale de France, en son site Richelieu, réunit Border Crossingsréflexion mélancolique sur ce qui reste des frontières dans une Europe qui veut les abolir -, Common Places (1996-1998) – quatre villes européennes accueillant des populations d’origines variées -, Elsewhere et Chambres d’amis (2000) sur Nantes.


La Fondation Pro-Mahj a attribué à Mikael Levin le prix Maratier 2009 pour Cristina’s History, « récit en images qui retrace, à travers l’histoire européenne moderne, faite d’espoirs sans cesse anéantis et refondés, l’itinéraire, sur quatre générations, d’une famille juive, celle de Mikael Levin, depuis Zgierz en Pologne jusqu’à la Guinée-Bissau, en passant par Lisbonne ». En 2010, le MAHJ a présenté Cristina’s History.


War Story
L’idée de War Story surgit chez Mikael Levin alors qu’il photographie les restes des frontières en Alsace. Alors qu’il observe un pont, il songe à une vue similaire dans The Illegals.


En 1995, Mikael Levin suit le parcours de son père en prenant des photographies des lieux où s’était rendu son père 50 ans plus tôt avec Eric Schwab. Meyer Levin et Eric Schwab ont vu la chute de Cologne et de Francfort, ainsi que la libération des camps : Ohrdruf...


War Story n’est pas un « projet documentaire… Je voulais faire un voyage personnel et enquêter sur ce qu’est la mémoire sur un niveau personnel. Je voulais photographier les lieux importants dans l’expérience de mon père… Je me suis rendu à Ohrdruf, un camp de concentration, partie de Buchenwald et qui a été le premier camp libéré par l’armée américaine, donc une presse nombreuse l’a photographié. Auschwitz avait été libéré plus tôt par les Russes, mais c’était à l’Est et les histoires semblaient trop incroyables pour être crédibles. Ohrdruf était alors aussi connu que Buchenwald et Auschwitz. Mais maintenant, il est complètement oublié car après la guerre il se trouvait en Allemagne de l’Est, dans une zone militaire fermée, une partie d’une immense base militaire russe. Même aujourd’hui il est fermé. Mon père a été parmi les premiers à entrer dans ce camp. Quand j’y suis allé, il m’a semblé que toute la zone était imprégnée par cette peine immense. Dans ce lieu, 5 000 hommes sont morts de maladies et de faim, ou ont été tués… et il n’y avait pas de trace à voir ! Quand [l’officier de l’armée russe qui m’a accompagné] m’a désigné la colline où sont localisées les fosses communes, j’ai éprouvé une grande tristesse pour ces gens oubliés dont la tombe n’est jamais visitée… Pour moi, la photographie devient une expression du texte de mon père. Ce n’est plus le lieu lui-même qui est significatif, mais son image. Quand vous faites une photographie, vous créez un souvenir. Les photographies sont des souvenirs en eux-mêmes », explique Mikael Levin.


War Story a été présenté au Kunstfest de Weimar ; en 1997 à l’International Center of Photography de New York, au Deutches Filmmuseum de Frankfurt, à la Kunsthalle II d’Innsbruck ; en 1998, à la Haus am Kliestpark de Berlin avec Burden of Identity – portraits de Juifs berlinois -, au Rathaus de Düren ; en 1999 au Lippisches Landesmuseum de Detmold, à la Handelshof de Leipzig et en 2003, au Centre historique des Archives nationales à Paris.


En 2003, dans le cadre du cycle de ses « Grands documents », le Musée de l’Histoire de France à l’hôtel de Soubise a présenté deux expositions de récits et de photographies d’époque et contemporains, souvent inédits, montrant l’horreur des camps deconcentration. Leur titre : 1945, Regards et Écrits sur la guerre. War Story : Mikael Levin Allemagne, avril-mai 1945 : Buchenwald, Leipzig, Dachau, Itter : Eric Schwab (AFP).


Un lieu contigu au Musée de l’Histoire de France a été dédié à la confrontation des photos de Mikael Levin et d’extraits d’In Search (1950), l’autobiographie de Meyer Levin, qui découvre la Shoah dans le « cœur noir de l’Allemagne ».


Un espace a été consacré au reportage d’Eric Schwab dans l’Allemagne (Buchenwald, Leipzig, Dachau et Itter) d’avril-mai 1945. Ces clichés révèlent à la fois son regard humaniste et celui empreint d’une humanité douloureuse, grave et digne des déportés.


En trame de cette exposition : les relations entre mots et photos pour représenter et exprimer une réalité tragique, la confrontation du passé et du présent, ainsi que l’affection entre ces trois hommes...


Ce Musée de l’Histoire de France analysait ainsi la particularité de l’œuvre de Mikael Levin : « Après s’être longtemps consacré au paysage, un paysage le plus souvent marqué par sa vastitude inanimée, son mystère et sa poésie silencieuse, Mikael Levin a fixé les traces ténues, lorsqu’elles ne sont pas absentes ou en passe de disparaître, de notre mémoire et de notre identité contemporaines. Mémoire des camps et de la Shoah (War Story), mémoire des limites géo-politiques (BorderCrossings) qui ont autrefois fait l’Europe, mémoire d’un grand port déchu spécialisé dans la traite des noirs et le commerce triangulaire (Nantes, avec Elsewhere et Chambres d’amis) ».

En 2004-2005, le musée de la Résistance nationale a présenté des photographies qu'Eric Schwab avait prises des camps de concentration en avril et mai 1945 en Allemagne.


En 2011, sur les cimaises du MAHJ, des numéros indiquaient l’ordre chronologique du récit de War Story dans les foyers de l'auditorium.

A l’occasion de la parution de l’ouvrage 1945. La découverte des camps d’Annette Wieviorka (Seuil, 2015), le MAHJ organisa le 5 février 2015 à 19 h 30, la rencontre, modérée par Emmanuel Laurentin, producteur de La Fabrique de l’Histoire à France Culture, 1945, la découverte des camps. "En présence de l’auteur, avec la participation de Mikael Levin, artiste, fils de Meyer Levin, et de Dominique Torrès, journaliste, fille de Tereska Torres et de Georges Torres adoptée par Meyer Levin, son beau-père. "Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen... La découverte des camps de concentration nazis par les Alliés, en avril et mai 1945, se fit au fur et à mesure de la progression des troupes. Correspondants de guerre, deux hommes sont parmi les premiers à entrer dans cet enfer. Le premier s’appelle Meyer Levin. Il est américain, écrivain et journaliste. Le second est un Français – Éric Schwab – photographe à l’AFP. Tous deux circulent à bord d’une jeep de l’armée américaine. Tous deux sont juifs. Tous deux sont animés par une quête obsédante : le premier recherche ce qui reste du monde juif, le second recherche sa mère déportée. Annette Wieviorka retrace leur itinéraire dans les premiers moments de cet événement dont l’onde de choc n’a cessé d’ébranler la conscience mondiale".

Tereska Torrès-Levin
Le 23 septembre 2018, de 15 h 30 à 19 h 30, le musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ) propose une "rencontre" avec Tereska Torrès-Levin (1920-2012), écrivaine, résistante, aventurière avec la participation de Sébastien Albertelli, historien, Nathalie Hazan-Brunet, conservatrice au mahJ jusqu'en 2016, Dominique Missika, historienne et éditrice, et en présence de Dominique Torrès et de Gabriel Levin, enfants de Tereska Torrès-Levin. L'hommage sera présenté par John Lichfield,  journaliste au quotidien The Independent.

"À l’occasion de l’exposition « Hommage aux donateurs », portrait de Tereska Torres Levin (1920-2012), femme charismatique, tour à tour intrépide et aventurière et de son père l’artiste Marek Szwarc (1892-1958). Née à Paris en 1920 de parents juifs polonais convertis au christianisme, Tereska rejoint, à 20 ans De Gaulle à Londres en 1940. Son roman, Jeunes femmes en uniforme (Phébus, 2011), adaptation française de son best-seller Women’s Barracks, son Journal 1939-1945, puis le documentaire de sa fille Dominique Torrès, Elles ont suivi de Gaulle (1999) témoignent de cette expérience. À 27 ans, elle partage l’errance des survivants de la Shoah à travers l’Europe jusqu’à leur embarquement pour la Palestine dans le cadre du tournage du film Les Illégaux réalisé par Meyer Levin dans lequel elle tient le rôle principal. À 60 ans, elle part seule sauver des enfants juifs en Éthiopie et organise au risque de sa vie leur départ clandestin vers Israel. Entre temps, elle écrit 14 livres, élève trois enfants et s’attache à préserver et faire connaître l’œuvre de son père, le peintre et sculpteur Marek Szwarc."

Programme de l’après midi
"15 h 30
En ouverture
Projection d’un extrait du documentaire Elles ont suivi De Gaulle, de Dominique Torrès. France, 1999, 52 min. Dans ce documentaire, Tereska Torrès Levin nous raconte son engagement auprès du Général de Gaulle.
Présentation des invités par John Lichfield
Marek Szwarc. Un artiste à l’ombre de Dieupar Nathalie Hazan
Lecture par Gabriel Levin d’un de ses poèmes consacré à Marek Szwarc, Unveiled in Jerusalem, traduit par le poète Emmanuel Moses
Tereska Torres, une française libre et engagée auprès de De Gaulle en 40, par Sébastien Albertelli
Le sauvetage des enfants juifs en Ethiopie, par Dominique Missika
Lectures d’extraits de romans de Tereska Torres Levin par ses enfants Dominique Torrès et Gabriel Levin".

"Rencontre suivie par la projection de 18 h à 19 h 20 de Les Illégaux de Meyer Levin (Israël, fiction-documentaire, 1947, 77min, version anglaise). Présenté par Ariel Schweitzer, critique et historien du cinéma. Les Illégaux suit l’errance des survivants de la Shoah en Europe jusqu’à leur embarquement pour la Palestine" mandataire. "L’histoire d’un jeune couple, Sara et Mika Wilner (interprété par Tereska Torres Levin et Yankel Mikalwich) permet de suivre ces milliers d’anonymes qui entreprirent ce périple, guidés par l’espoir." 


« War story », de Meyer et Mikael Levin et « Allemagne, avril-mai 1945 » de Eric Schwab. Ed. CHAN

Jusqu'au 11 septembre 2011
Au MAHJ
Hôtel de Saint-Aignan
Foyers de l'auditorium
71, rue du Temple, 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 53
Lundi, mardi, jeudi et vendredi de 11 h à 18 h, mercredi de 11 h à 19 h 30, dimanche de 10 h à 18 h. Fermé le samedi.

Le 4 septembre 2011, à 15 h, dans le cadre des Journées européennes de la culture et du patrimoine Juifs : visite guidée de l’exposition La collection contemporaine du MAHJ : un parcours avec Nathalie Hazan-Brunet, commissaire de cette exposition. Entrée libre au musée. Renseignements et réservations : 01 53 01 86 62 – individuels@mahj.org

Visuels :
Le magazine de France, n° spécial "Crimes nazis", 2e trimestre 1945, (coll. MRN)
En couverture. Buchenwald. Un déporté "dysentrique mourant", allongé sur sa paillasse.
Photographie d'Eric Schwab, [vers le 12 avril 1945]. AFP, n° 118433

A lire sur ce blog :
Les citations sont principalement extraites du site Internet de Mikael Levin.
Cet article a été publié en une version concise dans Actualité juive et sur ce blog les 26 août 2011, 3 septembre 2011, 27 janvier 2015, 8 mai 2017.

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