jeudi 31 mars 2011

Interview par Radio Shalom Nitsan ce 31 mars 2011


J'ai été interviewée par Radio Shalom Nitsan, radio Juive de la Côte d'Azur, ce jeudi 31 mars 2011 vers 13 h, sur l’audience du 8 février 2001, devant le Tribunal correctionnel de Paris, dans le cadre du procès pour diffamation intenté par Jamal al-Dura contre le Dr Yehuda David, Clément Weill-Raynal, journaliste à Actualité juive, et Serge Bénattar, directeur de cet hebdomadaire français incontournable.


J’évoquerai aussi le blood libel – accusation fausse et diffamatoire portée contre les Juifs d’avoir tué un enfant non-Juif pour consommer son sang lors de Pessah (Pâque juive) – thème favori de la propagande palestinienne, primé par le Mémorial de Caen le 30 janvier 2011l’ambassade d’Israël avait réagi avec fermeté en rétablissant la vérité le 13 février 2011 - et représenté le 12 mars 2011 à Bruxelles lors de la « Semaine de l’Apartheid israélien ».

Des blood libels, tel l'incident al-Dura, filmé par le caméraman palestinien Talal Abu Rahma, commenté par Charles Enderlin, correspondant à Jérusalem de France 2, diffusé par ce fleuron du service public audiovisuel lors de son JT du 30 septembre 2000 et devenu l'icône de l'Intifada II, qui cachent la réalité : ce sont des Palestiniens qui assassinent des enfants Juifs en Israël, ce sont des terroristes palestiniens qui ont commis des attentats islamistes causant des victimes en Israël, etc. Et qui visent à terme à détruire l'Etat d'Israël : en ternissant son image, en l'isolant, en divisant les Israéliens, en rompant les liens de cet Etat avec la diaspora Juive, etc.

Mon interview, notamment par José Gimenez lors de l'émission Israël d'hier et d'aujourd'hui de Radio Chalom Nitsan, pourra prochainement être écoutée en podcast sur le site de la radio pendant une semaine.


A lire sur ce site :
Mon interview par Radio Chalom Nitsan du 25 mars 2010
Mes interviews par Radio J et par Radio Chalom Nitsan (podcast) des 24 et 25 novembre 2010

(1) J'ai collaboré comme journaliste à cet hebdomadaire.

mardi 29 mars 2011

Les blessures de Jamal al-Dura étudiées par le tribunal correctionnel de Paris


Le 8 février 2011, le Dr Yehuda David et Clément Weill-Raynal, journaliste à Actualité juive (1), ont comparu et le directeur de cet hebdomadaire français était représenté devant la XVIIe chambre du Tribunal de Grande instance (TGI) de Paris. Ils étaient poursuivis pour diffamation par Jamal al-Dura. Au centre des débats, la question cruciale : les blessures de Jamal al-Dura (bras droit, pied gauche) proviennent-elles de coups d’armes blanches portées par des Palestiniens en 1992 ou de balles tirées par des soldats israéliens le 30 septembre 2000 ? Le jugement sera rendu le 29 avril 2011.

A shorter version of this article was published in English by Ami Magazine and can be read in this website.
Une version abrégée de cet article a été publiée en anglais par Ami Magazine et peut être lue sur ce site.
Le Dr Yehuda David, Clément Weill-Raynal et Actualité juive condamnés par le Tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffamé Jamal al-Dura
La Cour d’appel de Paris a évoqué les blessures de Jamal al-Dura


C’est un étrange et long procès – environ dix heures - qui s’est tenu ce 8 février 2011 devant la XVIIe chambre du TGI de Paris, spécialisée dans la diffamation par voie de presse.
En dépit de la grève des magistrats, le Tribunal a maintenu l’audience en invoquant la venue spéciale, d’Israël à Paris, d’un des trois prévenus, le Dr Yehuda David.

Une affaire judiciarisée
Le 30 septembre 2000, France 2 diffusait au JT de 20 heures un reportage d’environ 50 secondes de Charles Enderlin, son correspondant permanent à Jérusalem, déclarant en voix off sur des images signées par le cameraman palestinien Talal Abu Rahma :
« Près de l’implantation de Netzarim (bande de Gaza)… Jamal et son fils Mohamed (12 ans) sont la cible des tirs venus des positions israéliennes. Son père tente de le protéger... Une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé ».

L’image du « petit Mohamed » devient l’icône emblématique de l’Intifada II.

Ce reportage suscite des doutes, et des enquêtes dès fin 2000 de Nahum Shahaf, physicien israélien, de Stéphane Juffa, rédacteur en chef de l’agence de presse Mena (Metula News Agency). Nahum Shahaf et la Ména contestent l'authenticité des faits allégués dans ce reportage, et concluent à la mise en scène.

Au sein de la Ména, Gérard Huber, psychanalyste, et Luc Rosenzweig, journaliste confirmé, poursuivent leurs investigations. Gérard Huber publie un livre au titre significatif Contre-expertise d'une mise en scène.

Dans son documentaire Trois balles et un enfant mort. Qui a tué Mohamed al-Dura ? diffusé en 2002 par ARD, Esther Schapira, documentariste allemande, soutient que l'enfant serait mort vraisemblablement par des balles palestiniennes. 

C'est Richard Landes, historien américain, qui parvient à interviewer Charles Enderlin, et forge le néologisme Pallywood pour désigner l'industrie audiovisuelle palestinienne de propagande

La polémique sur ce reportage controversé est alimentée par le long refus de France 2 de rendre publics les rushes du reportage, et les versions successives et contradictoires de Talal Abu Rahma qui, le 3 octobre 2000, affirme sous serment, au Centre palestinien des droits de l’homme : « L’enfant a été tué intentionnellement et de sang-froid par l’armée israélienne », puis se rétracte le 30 septembre 2002, soit deux ans plus tard, dans un fax adressé à France 2 Jérusalem : « Je n’ai jamais dit à l’Organisation palestinienne des droits de l’homme à Gaza que les soldats israéliens avaient tué intentionnellement et en connaissance de cause Mohamed al-Dura et blessé son père ».
En octobre 2004, alors que la polémique enfle, Talal Abu Rahma filme les cicatrices de Jamal al-Dura, à son domicile gazaoui. France 2 diffuse ce film lors d’une conférence de presse peu après.

Plusieurs procédures judiciaires ont été lancées en France et en Israël dans l’affaire al-Dura par France Télévisions et Charles Enderlin.

L’une d’elles a été gagnée le 21 mai 2008 devant la Cour d’appel de Paris par le directeur de Media-Ratings, Philippe Karsenty, poursuivi pour diffamation par Charles Enderlin et France 2 pour avoir évoqué une « mise en scène » et relaxé par la Cour.

Le 2 juillet 2008, Richard Prasquier, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), a demandé à France 2 de collaborer à une commission indépendante d’experts chargée d’établir les faits. France 2 a donné son accord en septembre 2008, mais a fait « lanterner le CRIF » (Luc Rosenzweig).

Lors du dîner du CRIF du 9 février 2011, son président a réitéré sa requête en présence notamment du Président de la République Nicolas Sarkozy et des responsables de France Télévisions, groupe audiovisuel public français dont France 2 est le fleuron.

Une interview et un droit de réponse
A l’origine de la plainte de Jamal al-Dura, une interview du Dr Yehuda David, chirurgien à l’hôpital Tel ha Shomer à Tel-Aviv, par le journaliste Clément Weill-Raynal, sous le pseudonyme de Daniel Vavinsky, et une réponse de celui-ci à un droit de réponse de Charles Enderlin, publiés dans les numéros respectivement des 4 septembre et 25 septembre 2008 d’Actualité juive, hebdomadaire incontournable de la communauté juive française. Un texte que Clément Weill-Raynal a confié lors de l'audience judiciaire avoir rédigé, malgré ses réticences, à la demande de Serge Benattar, directeur de l'hebdomadaire.

Le Dr Yehuda David y affirmait qu’il avait opéré en 1994 Jamal al-Dura, victime en 1992, de blessures à l’arme blanche (hache, couteau) lors d’une rixe entre Palestiniens, donc bien avant le reportage controversé en 2000. Des blessures qui avaient induit une paralysie de la main droite causée par une section des nerfs médian et cubital.

Chroniqueur judiciaire dans cet hebdomadaire et depuis près de 25 ans sur la chaîne publique France 3, Clément Weill-Raynal s’est exprimé aisément, malgré son stress visible.

Il a évoqué les morts civils, nombreux lors des conflits au Proche-Orient, dans les camps d'Israël et de ses ennemis. A titre d'exemple, il a cité le massacre de Deir Yassin.

Il a retracé son enquête, son évolution, de l’incrédulité à l’égard des doutes exprimés par Nahum Shahaf ou la Ména vers le scepticisme concernant le commentaire de Charles Enderlin. Celui-ci a alors menacé Clément Weill-Raynal, lui promettant de graves problèmes s’il poursuivait son enquête. « Il avait raison. La preuve : je suis en train de vous parler », constate le prévenu en s’adressant aux magistrats.
Il a cité des exemples de « manipulations de l’information » par des Palestiniens : un soldat israélien présenté par des médias comme menaçant un Palestinien, alors qu’il protégeait un étudiant Juif américain, Tuvia Grossman, de la violence de Palestiniens ; un Palestinien présumé mort après un prétendu « massacre » par des soldats israéliens, tombant de sa civière, et y remontant prestement ; des sources médicales palestiniennes alléguant auprès de l’AFP (Agence France Presse) qu’un adolescent Gazaoui, Muhammad Zen Ismail Al-Farmawi,  a été tué par les Israéliens, alors que ce jeune avait fugué via un tunnel de contrebande palestinienne avant de revenir à son domicile, etc.

Et de rappeler quelques unes des invraisemblances et incohérences – absence de sang, durée inconnue de tirs nourris laissant moins de dix impacts sur le mur derrière les al-Dura, absence d’image de l’évacuation par ambulance, etc. - émaillant le reportage controversé ayant créé "l’icône médiatique de l’Intifada II", les "témoignages mensongers" de cameramen palestiniens présentés lors du procès contre Charles Gouze, webmaster du site Desinfos.com, ceux contradictoires des auteurs du reportage controversé, les « consignes de silence et dissimulation d’un général palestinien », le procès à rebondissements contre Philippe Karsenty conclu par un arrêt tançant sévèrement Charles Enderlin et France 2, la pétition de soutien à Charles Enderlin recueillant de nombreuses signatures, etc.
Clément Weill-Raynal a aussi souligné les précautions dont il a fait preuve pour recouper les déclarations du Dr Yehuda David. Il a tenté d’interviewer à deux reprises, en hébreu et par téléphone Jamal al-Dura. Celui-ci a refusé. Clément Weill-Raynal a aussi fait traduire en français les propos en arabe de Jamal al-Dura filmé par Talal Abu Rahma pour France 2 en 2004. Ce qui n’avait pas été fait auparavant.
Le professeur Raphaël Walden, spécialiste de chirurgie vasculaire à l'hôpital de Tal ha Shomer (2) ? « C’est l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours », a ironisé Clément Weill-Raynal : sans avoir examiné Jamal al-Dura, ce médecin a écrit une lettre du 9 septembre 2008 en reprenant la teneur d'un rapport médical jordanien sur ce patient. Et ce journaliste de soulever un « problème éthique » : Charles Enderlin avait alors sollicité l’opinion du professeur Walden… sujet de son long reportage élogieux de trois minutes diffusé alors au JT de France 2. « Il aurait mieux valu que cela n’arrive pas au même moment », a conclu Clément Weill-Raynal. Quant à son pseudonyme, il l’utilise pour signer des articles sur des sujets sensibles tout en évitant toute confusion avec son activité professionnelle principale pour France 3.
C’est le Dr Yehuda David qui avait opéré en 1994 Jamal al-Dura dont la main droite était paralysée. Pour restaurer la flexibilité des doigts de cette main, ce chirurgien avait prélevé des tendons du pied gauche, puis les avait réimplantés dans la main droite.
Habilement, Me Orly Rezlan, avocate de Jamal al-Dura absent de l’audience, a joué de sa solitude contre quatre avocats, et a mis sur la sellette le Dr Yehuda David qui s’est efforcé de rendre compréhensible, gestes à l’appui, par les trois magistrats composant cette formation juridictionnelle, l’opération dont a bénéficié Jamal al-Dura : un transfert de tendons.

Ces blessures, ou celle à l’artère fémorale, de Jamal al-Dura peuvent-elles avoir été causées par des balles à haute vélocité, de M 16 ? « Impossible, car l’artère aurait été sectionnée, le bras amputé, la paroi interne de vaisseaux décollée, des tissus auraient été aspirés… », a asséné ce médecin militaire émérite qui s’est défendu d’avoir violé le secret médical. Un grief absent des poursuites lancées par Jamal al-Dura.
Fort de l’autorisation de ses supérieurs hiérarchiques, le Dr Yehuda David a souligné avoir été précis dans son interview, sans sortir de son domaine de compétence.
Pour démonter ce médecin, Me Orly Rezlan a « produit de nombreux documents… Nombre de ces documents (rapports médicaux, radiographies, comptes-rendus d’interviews…) étaient traduits de l’arabe et rédigés sur papier libre le plus souvent sans indication de date ou de source. A noter en particulier, un curieux certificat médical jordanien, contredisant celui de la défense, mais dépourvu du tampon de l’hôpital duquel il était censé émaner. Poussée dans ses retranchements, maître Rezlan a fini par reconnaître qu’elle avait trouvé ce document sur… Internet, provoquant une certaine stupeur dans le prétoire ! » (Actualité juive, 17 février 2011)

Des joutes entre médecins
Après le visionnage du film de France 2 sur les cicatrices de Jamal al-Dura, le Tribunal a entendu les témoins.
Le journaliste Hervé Deguine a « mené une enquête en 2005 à la demande de Robert Ménard, alors président de Reporters sans frontières » (RSF), mais sans rencontrer Jamal al-Dura et Talal Abu Rahma. L’affaire al-Dura ? Elle « n’existe pas en Israël ». Et en France ? « Elle a eu un écho énorme : la communauté juive y est plus importante que dans d’autres pays ; le climat d’insécurité très fort en France explique la recherche de protection des pouvoirs publics ; France 2 a trahi cette attente [des Juifs] de soutien des institutions et a mis en cause le comportement de l’armée israélienne à laquelle les Juifs sont attachés ». Le documentaire d’Esther Schapira diffusé par ARD, la TSR et d’autres chaînes ? « Léger. Il s’appuie sur une information erronée ». Certes, « les Palestiniens mettent en scène les violences subies des Israéliens. Comme le font les Israéliens. Comme dans tous les conflits ». Mais, Mohamed al-Dura a été « tué dans un combat violent » par des tirs de l’armée israélienne. Et d’ajouter qu’il est « difficile aujourd’hui d’être journaliste non palestinien à Gaza en raison de la vague d’enlèvements et de séquestrations depuis deux à trois ans, et de réaliser un reportage sur le Hamas ».
Les images des al-Dura ont bouleversé Richard Prasquier, président du CRIF : « Si c’est vrai, si un soldat israélien tirait sur un enfant, c’est contraire à tout ce que j’ai cru toute ma vie. Il est impossible de soutenir quelque chose de pareil ». Richard Prasquier a rappelé son souhait de constituer une commission d’enquête composée d’experts afin d’établir les faits, et a regretté les réticences de Patrick de Carolis, président de France Télévisions, alléguant qu’il n’arrivait pas à obtenir l’autorisation des autorités israéliennes afin de permettre à Jamal al-Dura de se rendre à Paris via Israël. Or, les autorités israéliennes ont assuré n’avoir reçu aucune demande en ce sens. Une demande qui aurait reçu leur accord si elle leur avait été présentée. Le témoignage de Richard Prasquier revêt une signification double : par sa fonction dirigeante au CRIF, et sa volonté d’être présent au côté des prévenus la veille du prestigieux dîner du CRIF.
Quant au professeur Marcel-Francis Kahn, bien que non chirurgien, cet ancien chef du service de rhumatologie de l’hôpital Bichat (Paris) a effectué des expertises en « radiologie osseuse et chirurgie de guerre ». Nul doute pour lui que la cicatrice au niveau de la fesse de Jamal al-Dura résulte d’une blessure par balles israéliennes. Le fondement de sa certitude ? Les radios examinées. Mais ces radios ne mentionnent aucun nom, aucune date, aucun lieu pour les authentifier. « Ce sont des radios sans aucune source. Comment peut-on être sûr qu’il s’agit de radios de Jamal al-Dura ? Le rapport de radiographie n’a pas été communiqué », a raillé Me Alain Jacubowicz, qui listait les carences informatives constatées par le Dr Yehuda David. Ce qui a fait sourire les autres avocats des prévenus et la salle. Le professeur Marcel-Francis Kahn a peiné à répondre aux questions précises du Dr Yehuda David, dédaigneux à son égard.

Le Dr Yehuda David a contredit les allégations du prof. Kahn en rappelant que "le trajet intra-corporel d'une balle n'est pas rectiligne, mais qu'il suit un mouvement en spirale, en tous sens. Donc, une balle tirée en haut de la fesse droite peut parfaitement se retrouver en bas de la cuisse en passant par la fémorale".  Le Dr Yehuda David a aussi informé le Tribunal que des Palestiniens tirent une balle dans la fesse de ceux présumés avoir collaboré avec l’Etat d’Israël.

Tandis que Me Gilles-William Goldnadel, avocat de Clément Weill-Raynal, a relevé que le professeur Marcel-Francis Kahn est un témoin qui omettait de mentionner son militantisme pro-palestinien.
Journaliste retraité, Luc Rosenzweig avait visionné les rushes de France 2 le 22 octobre 2004 au siège de France 2, en compagnie de Denis Jeambar, alors directeur de L’Express, et de Daniel Leconte, journaliste-producteur. Il en a retiré « l’impression que la version donnée par les auteurs du reportage ne correspond pas à la réalité ». Il a « appuyé la proposition de constituer une commission d’enquête ». Mais « France 2 ne veut pas que la vérité soit faite » : si Charles Enderlin a écrit à de nombreuses reprises sur son blog que Jamal al-Dura est volontaire pour des expertises, Jamal al-Dura s’y est de facto soustrait.

Relaxe requise par le Parquet
Me Orly Rezlan, avocate de Jamal al-Dura, absent de l’audience, a plaidé contre ceux qui « ne débattent pas, mais affirment » à propos d’un reportage aux « images surinterprétées » et intégrées dans la thèse d’un complot.
Puis, Mme Dominique Lefebvre-Ligneul, représentant le Procureur de la République, a requis la relaxe des prévenus.


Me Aude Weill-Raynal, avocate de Serge Bénattar, directeur d’Actualité juive, a listé les éléments ayant amené nombre d’intellectuels, dont Elie Barnavi dans Marianne, Alain Finkielkraut et Pierre-André Taguieff à douter de la thèse de Charles Enderlin, sans que les médias reproduisant leurs questionnements n'aient été poursuivis par Jamal al-Dura.
« Cette affaire a commencé par le plus grave mensonge par imprudence de l’histoire de l’information. Elle est grosse de beaucoup de haine et de morts », a résumé Me Gilles-William Goldnadel qui a loué la rigueur de l’enquête de Clément Weill-Raynal. Il a aussi dénoncé « le conformisme intellectuel, l’esprit de corps et de caste, le copinage » de ceux qui voient un « crime de lèse-majesté » dans toute contestation de la version de Charles Enderlin.

Mes Isabelle Wekstein et Alain Jacubowicz, défenseurs du Dr Yehuda David, ont détaillé les blessures décrites de manière factuelle par leur client, les carences informatives des documents de la partie adverse et ont démontré l’absence de diffamation.

Le jugement devait être rendu le 29 mars 2011. La date a été reportée au 29 avril 2011.

Un élément majeur extérieur au reportage controversé
Lors de son discours initial devant le Tribunal, Clément Weill-Raynal a évoqué à tort le prétendu "massacre de Deir Yassin" comme si ce massacre était avéré.

Il a endossé une version erronée de l’attaque menée par l’Irgoun à Deir Yassin (9-10 avril 1948) : en fait, ce village n’était pas seulement habité par des civils, mais aussi par des combattants de plusieurs nationalités (60 d'entre eux sont morts lors des combats). Si ce groupe Juif avait souhaité massacrer des civils, pourquoi a-t-il pris le soin à plusieurs reprises, lors des combats, d’assurer l’évacuation de plus d’une centaine de femmes, d’enfants et de personnes âgées ? Il s'agissait d'une bataille rudevitale pour les indépendantistes, dans un lieu stratégique. Des dirigeants palestiniens ont démenti le « massacre de Deir Yassin », en réalité une bataille rude  - 60 morts Arabes palestiniens -  dans un village situé à un lieu stratégique que les indépendantistes Juifs voulaient gagner - la Hagana a préparé cette bataille avec l'Irgoun et le Lehi - pour alléger le blocus par les forces militaires arabes de Jérusalem et de ses environs et ravitailler les Juifs qui y crevaient de faim, etc. La propagande arabe a excellé dès 1948 : elle a occulté durablement l'attaque du convoi juif de l'hôpital Hadassah, au Mont Scopus, qui a tué plus de 70 infirmières et médecins. Le 13 avril 1948, "77 membres de la faculté et du personnel de l’université" hébraïque de Jérusalem et de cet hôpital "sont tués lors de l’attaque d’un convoi" médical - médecins, infirmières, blessés - par des terroristes arabes.

« J’aurais aimé continuer [d’enquêter]. Les poursuites judiciaires ont fait qu’il y a moins d’articles sur cette affaire dans Actualité juive. C’est peut-être le but recherché… », a déploré Clément Weill-Raynal lors de cette audience.

Une audience où le cocasse – Comment Jamal al-Dura a-t-il pu se sentir diffamé par deux articles en français, langue qu’il ne comprend pas ? - l’a disputé au surprenant, au dramatique, voire au tragique. Et ce, devant une salle quasi-pleine – parmi les spectateurs : Philippe Karsenty -, mais avec peu de journalistes.

Pourtant, ces blessures réelles de Jamal al-Dura constituent un élément majeur et extérieur au reportage controversé. Le débat dans l’affaire al-Dura s’est ainsi déplacé de l'analyse des images vers l'examen des blessures cicatrisées.

Loin de renforcer l’allégation du reportage controversé, cette audience a miné considérablement l’authenticité dudit reportage, déjà fortement ébranlée par les enquêtes de Nahum Shahaf, de la Ména, d'Esther Schapira, le procès contre Philippe Karsenty, etc.

En effet, si des cicatrices de Jamal al-Dura remontent à des blessures infligées en 1992, opérées en Israël en 1994, alors ce 30 septembre 2010, Jamal al-Dura n’a pas été blessé à ces parties de son corps et…

Que reste-t-il donc de réel dans ce reportage ? Qu’attendent France Télévisions, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), le ministère de la Culture et de la Communication et les plus hautes autorités de l’Etat pour mettre un terme à cette affaire al-Dura par la constitution d’une commission d’enquête composée d’experts indépendants chargés d’établir les faits ?

La scène du prétendu assassinat d’un enfant palestinien par des soldats israéliens, un blood libel - accusation diffamatoire portée contre les Juifs d’assassiner un enfant non-Juif pour en boire le sang lors de leur fête de Pessah (Pâque Juive) -, « marche » si bien qu’elle a été reprise lors de la semaine de l’Apartheid, dans les rues de Bruxelles, le 12 mars 2011. Dans un faux « check-point », un faux soldat israélien a « tiré » sur un enfant prénommé lui aussi Mohamed, sous les yeux de sa « mère ». Cette fois, l’actrice jouant le rôle de la mère éplorée a tendu sa main tachée du faux sang du gisant prétendument mort et promptement recouvert du linceul/drapeau palestinien.

Autre exemple : le 30 janvier 2011, la 22e édition du Concours international de plaidoiries du Mémorial de Caen-Normandie a remis son 1er prix à Maître Mahmoud Arqan, « avocat de Hébron en Palestine, pour sa plaidoirie intitulée « L’exécution du fœtus dans les entrailles de sa mère ». Le 13 février 2011, l'ambassade d'Israël a réagi avec fermeté au Mémorial de Caen à cette diffamation.

Par son témoignage devant le TGI de Paris, Richard Prasquier a montré l’un des buts majeurs de la propagande palestinienne, prisant notamment l'antisémite blood libel, si efficace : ébranler la confiance des Israéliens envers leur armée, chargée de défendre l’Etat Juif contre ses ennemis (Etats, mouvements terroristes, etc.), et celle de la diaspora Juive en l’Etat d’Israël. Déliter le lien entre les Juifs de diaspora et cet Etat, briser leur engagement envers cet Etat, les diviser. Et sans ce soutien vital de la diaspora, l’Etat d’Israël, affaibli par des dissensions internes, serait encore plus isolé, marginalisé, et plus facile à détruire.

Mais un Etat décidé à se défendre. C’est ainsi qu’il faut interpréter par exemple, après la lettre du 10 septembre 2007 de Tsahal demandant à France Télévisions les rushes de l'incident al-Dura et les déclarations réitérées de Daniel Seaman, alors directeur du GPO (Bureau de presse du gouvernement), l’autorisation accordée par les supérieurs hiérarchiques au Dr Yehuda David afin que celui-ci s’exprime publiquement sur une accusation diffamatoire qui a terni l’image de l’Etat Juif dans le monde, et qui est une réussite de Pallywood, cette industrie audiovisuelle palestinienne produisant des images incitant à la haine des Israéliens, des Juifs.


(1) J’ai collaboré comme journaliste à Actualité juive et à la Mena.

(2) Le professeur Raphael Walden milite au sein de l'association pro-palestinienne Doctors for Human Rights (Médecins pour les droits de l'homme). Il est aussi le gendre du président Shimon Peres.

Cet article a été publié le 29 mars 2011 et modifié le 26 juillet 2015. 

lundi 28 mars 2011

Patricia Attia, vitrailliste et créatrice de bijoux


Patricia Attia présente ses créations, essentiellement des bijoux, dans l’exposition-vente collective Histoire d’envie accueillie par l’Espace Kameleon. Cette artiste conçoit dans son atelier-boutique des vitraux, miroirs, bijoux, verres colorés teintés dans la masse, des coupelles, des verres de kiddouch peints à froid…


Une vitrailliste ! Comme c’est rare.

Passion : verre
Ancienne secrétaire-comptable, Patricia Attia a découvert le vitrail voici près de dix ans et a été formée par un maître-verrier.

« Je travaille à la manière Tiffany : je dessine, puis je découpe les calibres (formes) sur du papier calque avant de couper le verre. J’assemble pièces de verre généralement teintées dans la masse, serties de cuivre et soudé à l'étain. Enfin, je patine l’étain », explique-t-elle.

Raffinement : ces verres colorés sont parfois incrustés dans des miroirs biseautés.

Patricia Attia a évolué d’une gamme chromatique chaude, combinant essentiellement les nuances de bruns et verts, vers des couleurs plus variées et franches. Ces tons, alliés à des formes géométriques, abstraites, rappellent le style Art Déco des années 20 et 30.

Le judaïsme ? Il est présent par le jeu sur l’alphabet hébraïque, les objets rituels et les thèmes, tel le don de la Torah (« Chavouot ») en un miroir dual.

Patricia Attia fabrique aussi des pendants et des vitraux à insérer dans des portes ou décorer des fenêtres. Elle a songé à aborder le vitrail traditionnel, avec ses arêtes de plomb...

Elle vend ses créations, essentiellement des bijoux – pendentifs, colliers, bracelets, bagues, boucles d’oreilles, etc. – en métal, verre et pierres fines dans son atelier-boutique Verre Passion situé dans le quartier de la Bastille, dans Scènes et vernissages, autre boutique parisienne, ou lors de ventes privées.

« Métissée, [sa] collection de bijoux trouve son inspiration dans le mélange du métal, du verre, de la pierre volcanique et de la pierre fine ». Ses « créations sont placées sous le signe d’une esthétique sobre et épurée, et créées de façon artisanale » dans sa boutique-atelier. Des « pièces uniques et originales, entièrement réalisées à la main ».

Du 28 mars au 3 avril 2011
185, avenue du Maine. 75014 PARIS
Tél : 06 62 50 83 26
Entrée libre
16, rue des Taillandiers. 75011 Paris
Tél : 01 47 00 05 93

Visuels : © DR

A lire sur ce site :
« Poudre, gloire & beauté » d’Ann Carol Grossman et Arnie Reisman
Le peintre-verrier Marc Chagall : Hadassah, de l’esquisse au vitrail
 

mercredi 23 mars 2011

Un blood libel lors de la « Semaine de l’Apartheid israélien » à Bruxelles


Le 12 mars 2011, dans une rue de Bruxelles (Belgique), des comédiens ont interprété des saynètes de la propagande palestinienne diffamant les soldats israéliens. Indignée, l’eurodéputé belge Frédérique Ries a interpellé la ville de Bruxelles sur une mise en scène incitant à la haine antisémite.


Le samedi 12 mars 2011, lors de la « Semaine de l’Apartheid anti-israélien », des saynètes véhiculant la propagande haineuse anti-israélienne et antisémite stéréotypée ont été jouées par des acteurs à la rue Neuve, au centre de Bruxelles (Belgique) devant un public captivé, et composé de nombreuses musulmanes portant le foulard islamique. Tandis que des militants, arborant un T-shirt « Free Palestine » distribuaient du houmous et hurlaient leurs slogans anti-israéliens.

Une propagande éhontée
Le but : montrer l’attitude quotidienne des soldats israéliens aux check points (points de passage) israéliens « dans les territoires palestiniens occupés, empêchant les Palestiniens de passer, soit qu’ils sont malades, soit qu’ils veulent aller à l’école, soit qu’ils veulent aller au travail. Cela se passe tous les jours, à toute heure de la journée et de la nuit… Les femmes se voient obligées d’accoucher dans des conditions sanitaires terribles. Il n’y a là aucune exagération… Même les enfants ne sont pas épargnés par les humiliations et les coups ».

Un faux mur est surmonté d’une sorte de mirador. Sur ce faux mur, sont dessinés une échelle, un enfant volant accroché à des ballons multicolores, un panneau de signalisation avec le signe « Interdit »…

Dans un faux « check-point », de faux soldats israéliens vociféraient, injuriaient, menaçaient et humiliaient des Palestiniens au keffieh noué autour du cou. Vérifiaient leurs papiers. Cherchaient d’éventuelles bombes cachées par une Palestinienne surchargée de vêtements et la tête recouverte du foulard islamique qu’une soldate prétendument israélienne enlevait violemment. Se comportaient avec brutalité à l’égard d’une autre Palestinienne prétendument enceinte et portant un keffieh décoré semble-t-il de la mosquée al-Aqsa (Jérusalem).

Puis un faux soldat israélien a fait mine de « tirer » sur un enfant « palestinien » prénommé Mohamed, sous les yeux de sa « mère ». Celle-ci, éplorée, et regard caméra comme Jamal al-Dura, a montré sa main tachée du faux sang du gisant prétendument mort et promptement recouvert du linceul/drapeau palestinien.

Fiers de leur action, les promoteurs ont mis la vidéo de leurs mises en scènes sur Youtube et Facebook.

Une interpellation de Frédérique Ries
L’eurodéputé belge Frédérique Ries a exprimé son indignation devant ces « scènes affligeantes, violentes, choquantes, n'ayant pour effet, pour but, que d'inciter à la haine, au racisme et à l'antisémitisme ».

Elle a déposé une interpellation la semaine dernière pour le Conseil Communal de Bruxelles du 4 avril 2011. Le 16 mars 2011, elle a écrit au bourgmestre pour alerter sur cette mise en scène
« édifiante, choquante, violente et [qui] n'hésite pas à utiliser de jeunes enfants… La seule conséquence est en réalité d'importer chez nous le conflit du Proche-Orient [et de jeter] l'opprobre non sur un gouvernement, mais tout un peuple présenté comme un véritable exterminateur… La liberté d'expression a une limite morale et légale, [qui] est ici largement franchie. Il s'agit d’incitation à la haine et à la violence… Les organisateurs assument d'ailleurs, en « assassinant » les soldats israéliens avant de les recouvrir de la signature de leur méfait, le drapeau de leur organisation « pacifiste ». Sans parler du trouble à l'ordre public avec prise en otage des passants complètement sidérés par la violence du spectacle ».
Frédérique Ries a demandé
« si la Ville de Bruxelles a été informée de cette manifestation, et surtout de la manière dont les organisateurs allaient la mettre en scène, et si elle l’a autorisée… Ce type de « reconstitution » caricaturale étant loin d'être une première. Pourquoi ne l'avoir pas interrompue au vu de la tournure des événements ? Quelles mesures envisagez-vous le cas échéant pour que ce type d’événement ne soit plus orchestré sur le territoire de la Ville de Bruxelles ? »
La « théologie chrétienne de la libération de la Palestine »
A Bruxelles, des cabotins ont interprété avec un naturel stupéfiant des scènes clichés de la propagande palestinienne anti-israélienne : la Palestinienne enceinte arrêtée au check point – une variante a été primée par le Mémorial de Caen le 30 janvier 2011 et induit une réaction ferme de l'ambassade d'Israël en France -, et un blood libel - accusation diffamatoire portée à l’égard des Juifs accusés faussement d’avoir tué un enfant pour en consommer le sang -, associé à une image de Pietà, thème de l’iconographie artistique chrétienne illustrant la Vierge Marie, Mater dolorosa pleurant son fils, le Christ, gisant mort sur ses genoux. Dans le reportage de Charles Enderlin et de Talal Abu Rahma diffusé par France 2 le 30 septembre 2000, Jamal al-Dura se lamente en tenant sur ses genoux la tête d’un enfant présenté comme étant son fils Mohamed tué par des tirs israéliens.

Selon l’historien Pierre-André Taguieff, « la racialisation de l'accusation calomnieuse lui a peu à peu fait perdre sa dimension religieuse. On passa ainsi du thème « les Juifs saignent les enfants chrétiens dont ils consomment rituellement le sang » au thème « les Sionistes tuent les enfants palestiniens pour exterminer le peuple palestinien ». Dans cette dernière perspective, la cruauté sanguinaire attribuée aux Juifs (Israéliens, Sionistes) est moins un comportement prescrit par le Talmud qu'une caractéristique ethnoraciale du peuple Juif ».

A Bruxelles, la propagande palestinienne a offert aux badauds intéressés une illustration antisémite de la « théologie chrétienne de la libération de la Palestine » (Bat Ye’or), où l’enfant prétendument tué par les soldats israéliens, Juifs, porte un prénom non anodin : celui du prophète de l’islam.

Elle agit donc sur plusieurs registres – antisémitisme, références chrétiennes, musulmanes et artistiques, convivialité alimentaire, empathie émotionnelle, etc. - et substitue au Jésus Juif un Mahomet palestinien. Ce qui renoue avec la théologie de la substitution.

Il est inquiétant de constater que ces messages haineux continuent d’être diffusés en toute impunité, en Belgique, pays sans gouvernement depuis un an, et en France. Des messages qui cachent le terrorisme islamiste palestinien, et inversent les rôles : les victimes sont les Israéliens, comme en attestent l'assassinat de cinq membres de la famille Fogel à Itamar, le vendredi 11 mars 2011, ou l'attentat à Jérusalem qui a fait, ce mercredi 23 mars 2011, une morte et une trentaine de blessés.