Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 6 juin 2025

Thomas Mann (1875-1955)

Thomas Mann (1875-1955) était un écrivain allemand - Les Buddenbrook (1901) dans le genre Bildungsroman (roman d’apprentissage européen), La Montagne magique (1924), Tonio Kröger, Mario et le Magicien, la tétralogie Joseph et ses frères, Le Docteur Faustus  Tristan, La Mort à Venise – distingué par le Prix Nobel de littérature en 1929. Figure majeure de la littérature européenne du XXe siècle, il a dépeint la décadence bourgeoise. Il a défendu la démocratie, notamment de la République de Weimar. Il a fui les Nazis en se réfugiant en 1933 en Suisse, puis en 1938 aux Etats-Unis (il devint citoyen américain en 1944). En 1952, il est retourné en Suisse où il est décédé. Arte diffuse « Thomas Mann et les Buddenbrook » d’ André Schäfer.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

« Thomas Mann : 150 ans. « Thomas Mann compte encore aujourd'hui parmi les plus importants romanciers de langue allemande du XXe siècle (Les Buddenbrook, La montagne magique, Joseph et ses frères…) et une figure éminente de la littérature européenne. Lauréat du Prix Nobel de littérature 1929, il a laissé un héritage littéraire durable. À l'occasion de son 150e anniversaire de la naissance, ARTE se penche sur sa vie et son œuvre. »

« Thomas Mann et les Buddenbrook »
Arte diffuse « Thomas Mann et les Buddenbrook » d’ André Schäfer.

« Dans son premier roman, l’écrivain allemand Thomas Mann dépeint la déchéance d’une famille bourgeoise, les Buddenbrook, dans la ville hanséatique de Lübeck. À son tour, le spécialiste André Schäfer propose une fascinante excursion littéraire qui remonte aux origines de ce classique. »

« Publié en 1901, Les Buddenbrook, premier roman de Thomas Mann sous-titré "Le déclin d’une famille", conte l’effondrement sur trois générations d’une riche dynastie de négociants établie à Lübeck, dans le nord de l’Allemagne. Dépeignant avec une ironie latente les bouleversements socio-économiques du XIXe siècle, le capitalisme familial et le délitement des valeurs de la haute bourgeoisie, le livre suscite le scandale à sa parution, notamment à Lübeck, où a grandi l’auteur, alors âgé de 26 ans, et où son père exerce la fonction de sénateur. Dès lors, quelle place tient la ville dans la naissance de ce grand classique de la littérature allemande, qui a largement contribué à l’obtention du Nobel par Thomas Mann en 1929 ? »

« Filmé par l’un des grands connaisseurs de Thomas Mann, le réalisateur André Schäfer ("La montagne magique" – Thomas Mann et son roman emblématique), ce documentaire retrace la genèse du roman et met en lumière les parallèles qui se dessinent entre certains personnages du livre (les trois frères et sœur Thomas, Christian et Antonie) et des membres de la famille de l’auteur. »

« Les explications de spécialistes comme Caren Heuer, directrice de la Buddenbrookhaus (musée installé dans la maison natale de l’écrivain), le critique littéraire Volker Weidermann ou le dramaturge John von Düffel, accompagnent une déambulation à travers les rues de Lübeck, ponctuée d’illustrations en noir et blanc représentant les différents personnages du roman. »

« Les Buddenbrook » de Heinrich Breloer
Arte diffuse le 6 juin 2025 « Les Buddenbrook. Le déclin d'une famille », série en deux volets de Heinrich Breloer.

 « Grandeur et déclin d'une famille de négociants au XIXe siècle, d'après l'oeuvre de Thomas Mann : une formidable et poignante saga, acclamée en Allemagne, avec Armin Mueller-Stahl. »

« Les Buddenbrook, publié en 1901 par Thomas Mann, est le premier grand roman de société allemand qui ait connu un succès mondial ». 

« Pour cette nouvelle et formidable adaptation (la première version cinématographique date de 1923 !), Heinrich Breloer, auteur de Thomas Mann et les siens, a réuni dans sa distribution la fine fleur du cinéma allemand – dont Armin Mueller-Stahl, qui incarnait l'écrivain dans cette précédente saga. »

1ère partie 
: « À Lübeck, prospère cité hanséatique, la famille Buddenbrook a fait fortune dans le négoce du grain. En 1835, son installation dans un bel hôtel particulier est l’occasion d’une fête où se réunissent les trois générations : l’aïeul Johann et son épouse Antoinette, leur fils Jean et sa femme Elisabeth, et leurs petits-enfants, Thomas, Christian et Antonie. Le destin de ces derniers semble tout tracé : Thomas, l’aîné, dirigera l’entreprise, Christian le secondera et "Toni" épousera à son tour un négociant. Sauf que ce monde apparemment immuable est sur le point de voler en éclats ».

2e partie
: « Après la disparition brutale du patriarche Jean Buddenbrook, Thomas, son fils aîné, prend la direction de l’entreprise familiale, qui affronte la concurrence du clan Hagenström ».
« De retour d’Amérique du Sud, Christian, son cadet, l’y rejoint, mais se révèle être davantage un fardeau qu’un soutien. D’autant plus que sa liaison avec la chanteuse Aline Puvogel suscite l'indignation de la haute société hanséatique. Après avoir divorcé de Grünlich, Antonie, leur sœur, voit son remariage avec le commerçant munichois Alois Permaneder se solder encore par une amère déception. Malgré les déconvenues, Thomas parvient à préserver un temps la réputation de la famille. Élu sénateur de Lübeck, il a mis un terme à sa liaison avec Anna, la fleuriste, et demande la main de Gerda Arnoldsen, une jeune violoniste de bonne famille qui va lui donner un fils… »

"La montagne magique" - Thomas Mann et son roman emblématique »
Arte diffuse "La montagne magique" - Thomas Mann et son roman emblématique » de André Schäfer et Tabea Sperl.

« En novembre 1924 paraissait "La montagne magique" de Thomas Mann, l’un des monuments de la littérature du XXe siècle. Grand connaisseur de l’écrivain, André Schäfer propose une excursion littéraire singulière au coeur des Alpes suisses, soulignant l’étonnante modernité de cette satire de la bourgeoisie. »

« Publié en 1924 après dix ans d’écriture, La montagne magique (Der Zauberberg) suit le périple de Hans Castorp, ingénieur tout juste diplômé, qui rend visite à son cousin en cure dans les Alpes suisses. Grisé par l’air de la montagne, le jeune homme est fasciné par l’atmosphère du sanatorium et le quotidien languissant des pensionnaires, appartenant pour la plupart à l’élite européenne. Dans cet espace clos où tout semble figé, le roman explore les grandes thématiques existentielles (l’amour, le temps, la mort...) et pose un regard d’une vibrante acuité sur les mentalités à la veille de la Première Guerre mondiale. »

« Réalisé par André Schäfer (Bruno Ganz – Les révolutions d'un comédien, Tout sur Martin Suter. Tout sauf la vérité), ce documentaire rend un bel hommage au roman de Thomas Mann, véritable monument de la littérature germanophone traduit en vingt-sept langues et largement passé à la postérité. »

« Désireux de revenir aux sources de l’œuvre, le documentariste se rend au cœur des somptueuses Alpes suisses, où l’écrivain a puisé sa source d’inspiration lors d’une visite à sa femme Katia, elle-même pensionnaire d’un sanatorium pour soigner une maladie pulmonaire mal identifiée. »

« Revisitant avec intelligence cette satire de la bourgeoise européenne d’avant-guerre, des historiens, des chercheurs et la traductrice de l’œuvre en français témoignent de son indéniable modernité. »


« Thomas Mann et les Buddenbrook » d’André Schäfer
Allemagne, 2025, 55 min
Production : Florianfilm
Sur arte.tv du 26/05/2025 au 23/11/2025


« Les Buddenbrook » de Heinrich Breloer
Allemagne, 2008
Auteur : Thomas Mann
Scénario : Heinrich Breloer, Horst Königstein
Production : Bavaria Film, Colonia Media, ARTE, BR, ARD Degeto, NDR, SWR, WDR, ORF
Producteurs : Matthias Esche, Michael Hild, Jan S. Kaiser, Uschi Reich, Winka Wulff
Image : Gernot Roll
Montage : Barbara von Weitershausen
Musique : Hans P. Ströer
Costumes : Barbara Baum
Décors de film : Götz Weidner
Avec Armin Mueller-Stahl (Johann "Jean" Buddenbrook), Iris Berben (Elisabeth "Bethsy" Buddenbrook), Jessica Schwarz (Antonie "Tony" Buddenbrook), August Diehl (Christian Buddenbrook), Mark Waschke (Thomas Buddenbrook), Raban Bieling (Hanno Buddenbrook), Léa Bosco (Gerda Arnoldsen), Martin Feifel (Alois Permaneder), Nina Proll (Aline Puvogel), Fedja van Huêt (Hermann Hagenström)
1ère partie : les 26 mai 2025 à 20h55, 06 juin 2025 à 13h35, 24 juin 2025 à 13h35
2e partie : les 26 mai 2025 à 22 h 25, 06 juin 2025 à 15 h 05, 24 juin 2025 à 15h05
Sur arte.tv du 26/05/2025 au 24/06/2025


"La montagne magique" - Thomas Mann et son roman emblématique » de André Schäfer et Tabea Sperl 
Suisse, 2024, 53 min
Coproduction : ARTE GEIE/SSR, Florianfilm, Filmgerberei
Sur arte.tv du 11/03/2025 au 10/01/2026


« Apocalypse. Hier et demain »

La Bibliothèque nationale de France (BnF) François-Mitterrand « Apocalypse. Hier et demain ». 
« L’étymologie de ce mot d’origine grecque signifie révélation, dévoilement, une signification reprise par les chrétiens. Du Moyen Âge à notre époque - angoisse climatique -, l’exposition traverse cet imaginaire en montrant certains des plus prestigieux manuscrits de l’Apocalypse de Jean, des fragments rarement présentés de la célèbre tenture d’Angers, et la fameuse suite de gravures de Dürer consacrées au texte, mais aussi de nombreux chefs-d'œuvre, peintures, sculptures, photographies, installations, livres rares, extraits de films... » 
 
La fabrique des saintes images. Rome-Paris, 1580-1660
Cranach et son temps 

La Bibliothèque nationale de France (BnF) « propose la première grande exposition consacrée à l’apocalypse. L’apocalypse ? Un mot obscur, qui fait peur, un mot qui parle de la fin du monde. Il n’en finit pas de résonner depuis deux mille ans dans notre culture et nos sociétés occidentales quand survient une catastrophe majeure, et aujourd’hui encore, en fond de nos angoisses climatiques. Et pourtant… L’étymologie de ce mot d’origine grecque signifie révélation, dévoilement, une signification reprise par les chrétiens. Dans le livre de l’Apocalypse qui clôt le Nouveau Testament, saint Jean parle d’un voile se levant sur le royaume intemporel qui réunira les croyants dans la Jérusalem céleste. Un mot porteur d’espoir, fait pour déjouer nos peurs profondes ? » L'angoisse climatique a succédé à l'angoisse nucléaire. 

« Du Moyen Âge à notre époque, l’exposition traverse cet imaginaire en montrant certains des plus prestigieux manuscrits de l’Apocalypse de Jean, des fragments rarement présentés de la célèbre tenture d’Angers, et la fameuse suite de gravures de Dürer consacrées au texte, mais aussi de nombreux chefs-d'œuvre, peintures, sculptures, photographies, installations, livres rares, extraits de films, venant des collections de la Bibliothèque comme des plus grandes collections françaises et européennes, publiques et privées (Centre Pompidou, musée d’Orsay, British Museum, Victoria and Albert Museum, etc.). Parmi ces quelque 300 pièces, des œuvres de William Blake, Odilon Redon, Vassily Kandinsky, Ludwig Meidner, Natalia Gontcharova, Otto Dix, Antonin Artaud, Unica Zürn, jusqu’à Kiki Smith, Tacita Dean, Miriam Cahn et Anne Imhof. » 

« Ouvrant le parcours de l’exposition sur les deux galeries du site François- Mitterrand, la section « Le Livre de la Révélation » plonge le spectateur dans l’Apocalypse, le texte apocalyptique le plus célèbre de l’Occident. Elle offre des clés d’interprétation des représentations liées aux différents épisodes qui le composent, des sept sceaux au Jugement dernier, en mettant en lumière le sens originel du récit : le sens positif d’une révélation plutôt que d’une fin tragique. En explorant ce texte complexe et infiniment riche, et en exposant ses visions ainsi que les récits multiples qui s’y entremêlent, l’exposition cherche à renouer avec la compréhension de ce message chrétien et de cette mise en garde vieille de 2000 ans. Manuscrits enluminés flamboyants et oeuvres majeures — peintures, sculptures, dessins, vitraux et tapisseries — témoignent de l’importance et de la diffusion de ce texte et de son iconographie au Moyen Âge, tout en montrant comment cet imaginaire s’est consolidé et continue d’influencer notre époque. »

« La seconde partie de l’exposition, intitulée « Le Temps des catastrophes », est consacrée à la fortune de l’Apocalypse dans les arts, de Dürer à Brassaï, en passant par le sublime apocalyptique anglais et l’expressionnisme allemand. Elle rappelle que le texte a donné naissance à des oeuvres qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, illustrant ainsi la fascination tenace et persistante des artistes — et à travers eux, de l’humanité — pour ce récit qui mêle les fléaux et la fin des temps à l’espoir et à l’attente d’un monde nouveau. »

« Loin de se limiter à une vision catastrophiste de l’apocalypse, véhiculée par le genre post-apocalyptique dans la littérature, le cinéma et la bande dessinée, et revenant à son sens originel, l’exposition accorde une large place au « Jour d’après ». Cette section présente un ensemble d’oeuvres contemporaines, dont certaines de format monumental (Otobong Nkanga, Abdelkader Benchamma, etc.), qui esquissent ce jour d’après, marqué par la « colère » divine ou celle des éléments. C’est autour de ce jour d’après que se construisent les fictions et représentations les plus inventives, qui, d’une certaine manière, restent fidèles à l’Apocalypse, en concevant la catastrophe comme le prélude à un nouvel ordre du monde. » 

En plus de visites guidées, la BnF a organisé :
VENDREDI 7 FÉVRIER 2025 I 14 h – 18 h 
« La fin du monde vue par les religions » 
« Deux tables rondes avec des spécialistes d’histoire des religions, de théologie et d’archéologie consacrée à la fin du monde vue par les religions, afin d’examiner convergences et divergences eschatologiques. La première sera consacrée au judaïsme, au christianisme et à l’islam ; la seconde aux racines du mythe (Grèce, Mésopotamie...) et aux civilisations mayas. » 
« Avec Lucie Mailland, cheffe du service Philosophie, religion, département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, BnF, commissaire de l’exposition « Apocalypse. Hier et demain » 
Modération : Fanny Cohen-Moreau, journaliste et productrice de podcasts » 

JEUDI 13 FÉVRIER 2025 I 18 h – 20 h 
"Nos fins du monde" 
« Les catastrophes apocalyptiques des XXe et XXIe siècle ont engendré de nouvelles blessures psychiques : cauchemars, angoisses, repli sur soi sont quelques-uns des maux récurrents dont peuvent souffrir civils et militaires après une expérience traumatisante. Une table ronde réunit psychologues et psychanalystes autour des postures à adopter face à ces nouvelles victimes. » 

JEUDI 6 MARS 2025 I 18 h 30 – 20 h 
"Regards croisés sur les représentations de l’apocalypse dans les arts" 
« Plusieurs artistes (musiciens, metteurs en scène, auteurs de BD ou plasticiens) échangent sur la place qu’occupe dans leur travail l’apocalypse – en tant que révélation mais aussi fin du monde ou d’un monde – à la fois comme possible et comme source de création. »

Rétrospective « L’Apocalypse en 25 films indispensables » du 12 février au 2 mars 2025, à la Cinémathèque française, en partenariat avec la BnF Plus d’informations sur : www.cinematheque.fr 

Rétrospective Apocalypse et Cinéma du 12 février au 2 mars 2025 
Cinémathèque française 
« La rétrospective « L’Apocalypse en 25 films indispensables » se tiendra du 12 février au 2 mars 2025, à la Cinémathèque française, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France. » 
« Le cinéma n’a pas attendu les récentes crises climatiques pour raconter la fin du monde : voilà plus de 60 ans que l’apocalypse est prétexte à débauche d’effets spéciaux (Le Choc des mondes, la saga Mad Max), retentissantes dystopies (La Planète des singes, Les Fils de l’homme), projections post-apo (Le Monde, la Chair et le Diable) ou autres méditations philosophiques (Stalker, Take Shelter, Melancholia). » 
« Inventaire avant la fin des temps, en 25 films en écho à l’exposition « Apocalypse. Hier et demain » 
« Deux temps forts sont à découvrir : 
SAMEDI 22 FÉVRIER 2025,14h30 
Projection suivie d’un dialogue avec François Angelier, commissaire de l’exposition « Apocalypse. Hier et demain » à l’issue de la projection du film. 
Le Monde, la chair et le diable 
(The World, the Flesh and the Devil) 
Ranald MacDougall 
États-Unis. 1958. 94’. 35mm. VOSTF 
Avec Harry Belafonte, Inger Stevens, Mel Ferrer 
Huis clos apocalyptique, réalisé en plein mouvement des droits civiques et des luttes afro-américaines, le film pose frontalement la question : et si les deux dernières personnes sur Terre étaient un homme noir et une femme blanche ? Dans un Manhattan déserté, vertigineux, une production SF atypique des années 50, qui, derrière la réflexion sur le péril nucléaire, s’interroge sur le racisme, la violence et les rapports humains, à l’aube d’une société à reconstruire. 
VENDREDI 28 FÉVRIER,19h00 
Projection suivie d’un dialogue avec François Angelier, commissaire de l’exposition « Apocalypse. Hier et demain » à l’issue de la projection du film. 
Take Shelter 
Jeff Nichols 
États-Unis. 2011. 116’. DCP. VOSTF 
Avec Michael Shannon, Jessica Chastain 
Après Shotgun Stories, Jeff Nichols installe une ambiance pré-apocalyptique suffocante, où les angoisses et autres visions d’un père de famille (Michael Shannon, exceptionnel d’ambivalence) matérialisent la peur du déclin et le besoin de protéger les siens. De la paranoïa à la prophétie, Take Shelter a l’allure d’une grande tragédie, qui entretient le suspense sans déroger au réalisme. »

LE JEU VIDÉO DE L’EXPOSITION 
Mission Apocalypse 
« Après le Royaume d’Isyald, la Bibliothèque nationale de France présente son nouveau jeu vidéo : Mission Apocalypse. En résolvant des énigmes, venez en aide au moine Beatus afin de permettre le bon déroulement de l’Apocalypse et l’avènement de la Jérusalem céleste. » 
« Ce jeu d’énigmes en point & click, accessible à tous, propose une immersion ludique au sein de l’un des plus remarquables manuscrits médiévaux de la Bibliothèque : le Beatus de Saint- Sever. Jouable sur n’importe quel ordinateur, porté par la musique envoûtante d’Adrian Gomar et les graphismes malicieux de Daniele Scali, il ouvre une porte sur l’Apocalypse de Jean, texte redouté et pourtant méconnu, et sur les impressionnantes représentations qui en ont été faites au Moyen Âge. » 
« Mission Apocalypse a été réalisé en collaboration avec la société La Belle Games, déjà unanimement saluée par la critique pour The Wanderer: Frankenstein’s Creature, une adaptation libre du classique gothique de Mary Shelley, coproduit et édité par Arte. Il sera également disponible au sein de l’exposition et dans la salle A de la BnF. » 

Le commissariat général est assuré par Jeanne Brun, directrice adjointe du Musée national d’Art moderne - Centre Pompidou en charge des collections, avec la collaboration de Pauline Créteur, chargée de recherche auprès de la directrice adjointe du Musée national d’Art moderne - Centre Pompidou.

Le Commissariat a été confié à François Angelier, journaliste et essayiste Charlotte Denoël, cheffe du service des Manuscrits médiévaux et de la Renaissance, département des Manuscrits, BnF, Lucie Mailland, cheffe du service Philosophie, religion, département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, BnF. 

Cette exposition est réalisée avec la participation exceptionnelle du Centre Pompidou.

En partenariat médias avec Télérama, Konbini, Connaissance des arts, ARTE, Le Monde, France Culture 


PARCOURS DE L’EXPOSITION 

INTRODUCTION

« Mais aux lieux du péril croît Aussi ce qui sauve » 
Friedrich Hölderlin, Patmos, 1807 

Qu’est-ce que l’Apocalypse ? 
« L’apocalypse est d’ordinaire associée à un imaginaire de la catastrophe. Apocalypse guerrière, nucléaire, écologique, nous nommons ainsi toute catastrophe qui nous semble s’apparenter à une fin du monde. » 
« Cette interprétation est surprenante quand on revient à la lettre et à l’esprit du récit biblique qui clot le nouveau testament : l’apocalypse, c’est littéralement, en grec, la « révélation », le « dévoilement » ; et le texte de Jean, s’il fait apparaître la menace de multiples fléaux, est surtout l’annonce du Royaume de Dieu, symbolisé par la Jérusalem céleste. Il faut comprendre de la même manière la dimension eschatologique du texte (du grec eschatos, « fin », mais aussi « seuil ») : l’Apocalypse décrit la fin d’un monde, pour mieux dessiner les contours de l’ordre nouveau qui doit lui succéder. » 
« C’est à ce titre que ce récit a connu et connaît dans l’histoire des arts, jusque dans nos sociétés laïcisées, une fortune remarquable. La puissance de ses images, mise au service d’un message à la fois menaçant et consolateur, a cristallisé les peurs mais aussi la soif de justice de différentes époques, et donné corps à l’idée d’une réparation du Mal, sinon dans le présent, du moins dans l’avenir. » 
« L’Apocalypse demeure ainsi, depuis deux mille ans l’un des plus grands récits symboliques de l’épreuve et de l’espérance ; il est un arrière-plan et un horizon, une invitation à « nous souvenir de l’avenir ». 

Jean, prophète et voyant
« L’identité de l’auteur de l’Apocalypse a fait l’objet de diverses théories. Dès les premiers temps du christianisme, il est ainsi confondu avec saint Jean l’évangéliste, son contemporain. Cette attribution - qu’on retrouve par exemple chez Gustave Moreau - est de nos jours discutée et considérée par certains comme erronée. L’auteur de l’Apocalypse est aujourd’hui souvent désigné simplement comme Jean de Patmos dit aussi le Visionnaire. Son importance réside en effet dans son rôle symbolique de témoin et prophète : à l’écart du monde, Jean est celui qui peut voir les vérités cachées et les révéler. D’Arthur Rimbaud à Antonin Artaud, d’Unica Zürn à Laurent Grasso, poètes et artistes ont souvent repris, au sein ou hors du contexte religieux, cette position de vigie ou de voyant, au-delà du monde voilé des apparences. Les œuvres ici rassemblées ont pour point commun leur faculté de faire voir ce qui est et ce qui advient. La qualification de l’auteur de l’Apocalypse comme saint Jean, retenue dans la première partie de l’exposition (consacrée au texte originel), renvoie à la façon dont il a été identifié dès les premiers temps du christianisme avec l’apôtre et évangéliste saint Jean ». 
« Si l’auteur du texte de l’Apocalypse reste sujet à des interrogations et à différentes hypothèses, les Eglises chrétiennes continuent d’attribuer ce texte à l’apôtre Jean et reconnaissent sa canonicité. Dans la Bible, l’Apocalypse fait partie du Nouveau Testament. » 

LE LIVRE DE LA RÉVÉLATION
« Viens et vois » 
(Apocalypse VI, 1) 
Le texte de saint Jean
« Dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse a été composée vers la fin du Ier siècle de notre ère par un auteur judéo-chrétien nommé Jean. Ce texte renferme une succession de prophéties annonçant la fin d’un monde corrompu par le Mal et l’avènement sur terre du Royaume de Dieu sous la forme de la Jérusalem céleste. Loin de toute linéarité, passé, présent et futur s’entremêlent dans ces prophéties traversées par un âpre et violent combat entre le Bien et le Mal, que structurent le chiffre 7 et diverses figures et objets symboliques. » 

« Le fort ancrage allégorique du récit, la dramaturgie spectaculaire des visions et le substrat eschatologique (relatif à la fin des temps) du message font de l’Apocalypse une sorte de cinquième Évangile du futur. La fascination qu’elle a suscitée est à la mesure de son étrangeté et de son hermétisme. Très tôt, les médiévaux, théologiens comme artistes, se sont emparés de ce texte et de ses tableaux visionnaires pour en faire le grand récit symbolique du destin de l’humanité. »

Fragment de la Tapisserie de l’Apocalypse Quatrième flacon versé sur le soleil 
« Mutilé, ce tableau a été découvert en 1849 sous la doublure de la tenture de l’Apocalypse d’Angers. Il représente le châtiment de la quatrième coupe administré sur l’ordre du temple par un ange. L’ange, invisible sur ce panneau, déverse le flacon sur le soleil, lequel se transforme en un amas de nuées en ébullition dont les rayons de feu brûlent les hommes. Leurs gestes désordonnés et leurs visages accablés traduisent la violence du châtiment qui leur est infligé. » 
« L’exposition « Apocalypse. Hier et demain » bénéficie du prêt exceptionnel de trois fragments de la tenture de l’Apocalypse qui ne font pas partie de sa présentation permanente au château d’Angers. »
« La tapisserie provient du trésor de la cathédrale Saint-Maurice d’Angers, classée au titre des monuments historiques par arrêté du 6 juin 1902 et inscrite au Registre international Mémoire du Monde de l’UNESCO depuis le 18 mai 2023. »

« La vision préparatoire et les sept sceaux » 
« L’Apocalypse s’ouvre avec la Révélation que Dieu transmet par l’intermédiaire d’un ange à saint Jean sous la forme d’un livre. La première vision, saisissante, est celle du Fils de l’Homme au milieu de sept chandeliers d’or : la chevelure blanche comme neige, les yeux flamboyants, la bouche transpercée d’une épée à deux tranchants. De lui, saint Jean reçoit le commandement d’écrire ce qu’il verra aux sept Églises d’Asie Mineure. Dans les spectaculaires visions suivantes, apparaissent les grandes figures qui traversent le récit : Dieu sur son trône, adoré par les vingt-quatre Vieillards, les quatre Vivants, le livre aux sept sceaux que seul l’Agneau parvient à briser. » 
« L’ouverture des quatre premiers sceaux libère successivement les Quatre Cavaliers, celle du cinquième révèle les martyrs, celle du sixième déclenche un violent tremblement de terre et une succession de calamités. L’ouverture du septième sceau initie un nouveau cycle, celui des sept trompettes. » 

Les sept trompettes 
« À la suite de l’ouverture du septième sceau, les anges reçoivent de Dieu sept trompettes dont le retentissement déclenche de nouveaux fléaux qui préfigurent la victoire du Bien sur le Mal. Les deux premières trompettes entraînent une pluie de grêle et de feu qui ravage la terre, puis changent le tiers de la mer en sang. La troisième précipite sur la terre l’étoile Absinthe, qui transforme les fleuves en eaux amères et mortelles. Avec la quatrième trompette, les ténèbres envahissent un tiers du jour, de la nuit et des astres, tandis qu’un aigle prophétise les malheurs encore à venir. La cinquième libère les locustes, sauterelles monstrueuses à queue de scorpion, qui, conduites par l’Ange de l’abîme, viennent tourmenter les habitants de la terre. Un tiers d’entre eux sont exterminés par les deux cents millions de cavaliers cuirassés de feu qui déferlent au son de la sixième trompette. »

Le combat contre le dragon
« Lorsqu’enfin retentit le son de la septième trompette, une grandiose apparition survient dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, la tête ceinte de douze étoiles, donne naissance à un enfant mâle. Aussitôt, celui-ci est attaqué par un énorme dragon écarlate à sept têtes et dix cornes, figure par excellence de l’Antéchrist. Tandis qu’un ange sauve l’enfant-né et le remet à Dieu, un terrible combat oppose Michel et ses anges au dragon et à ses cohortes infernales : ce combat, symbole de l’affrontement entre les puissances divines et le Mal, est l’un des épisodes de l’Apocalypse les plus repris dans l’art. Vaincu, le dragon se lance à la poursuite de la femme qui lui échappe. »

Les deux bêtes 
« Furieux d’être vaincu, le dragon transmet à la bête de la mer sa puissance et ses pouvoirs maléfiques. Semblable à une panthère, un ours et un lion, dotée de sept têtes, dix cornes et dix diadèmes, la bête commet d’épouvantables blasphèmes et convainc les habitants de la terre entière de l’adorer. Rapidement, elle est secondée par une deuxième bête qui surgit de la terre, le faux prophète. Cette bête à deux cornes parle comme un dragon, accomplit toutes sortes de prodiges et somme les peuples de rejoindre la bête de la mer, sous peine de mort. Ceux-ci sont alors marqués du nom de la bête ou de son « nombre d’homme », 666 : chiffre qui a suscité, et continue encore de susciter, toutes sortes d’interprétations. » 

Les sept coupes et la chute de Babylone 
« Le processus de purification du monde souillé par le péché débute lorsque sept anges reçoivent du temple sept coupes remplies de la colère divine. Les trois premières coupes de sang sont versées sur la terre, la mer et les sources, la quatrième sur le soleil qui s’embrase, la cinquième sur le trône de la bête dont le royaume est alors plongé dans les ténèbres. La sixième coupe répandue sur le fleuve Euphrate fait, quant à elle, surgir des gueules du dragon, de la bête et du faux prophète trois esprits impurs, à l’aspect repoussant de grenouilles, qui rassemblent les rois de la terre pour partir en guerre. À la bataille d’Armageddon succède la septième coupe qui provoque la destruction de la cité de Babylone, demeure des démons, et le jugement de la grande prostituée, mère de toutes les abominations, montée sur la bête écarlate à sept cornes et dix têtes. » 

Le Jugement dernier
« Après la mise à mort de la grande prostituée et l’apparition du Christ sur son cheval blanc, le dragon est enfermé dans l’abîme d’abord pour mille ans – échéance qui donnera lieu aux plus vives spéculations sur la date du retour de Satan – puis pour l’éternité, dans l’étang rougeoyant des Enfers où il rejoint la bête et le faux prophète. C’est alors que survient le Jugement dernier, grand jour de colère, qui inaugure l’instauration d’un nouvel ordre divin. Le juge suprême répartit entre le camp des élus et celui des damnés les morts de tous les temps, selon leurs œuvres. La sobriété avec laquelle saint Jean évoque ce thème contraste avec l’iconographie foisonnante qu’il a suscitée à partir du Moyen Âge central, les artistes se plaisant à figurer la terrifique vision de la gueule de l’Enfer, lieu des supplices éternels des pécheurs. » 

La Jérusalem nouvelle 
« Au Jugement dernier succède la vision, lumineuse et apaisante, de la Jérusalem nouvelle, symbole de rédemption, dont la description minutieuse occupe l’ensemble de l’avant-dernier chapitre de l’Apocalypse. Faite d’or pur, transparente comme le cristal, la cité céleste resplendit des mille feux des douze pierres précieuses qui ornent ses remparts. Un ange mesure ses proportions carrées parfaites, douze anges en gardent les douze portes, et ses douze fondations portent les noms des douze apôtres. La qualité d’image mentale, visionnaire, de cette cité hors du temps, a donné lieu à une iconographie riche et complexe qui se rejoint autour d’un même défi : représenter avec des moyens sensibles l’incorporel, l’immatériel de la cité éternelle. Encore aujourd’hui, elle demeure un lieu de projection fantasmatique où se rejoue à l’infini l’avenir de notre monde. » 

Le Beatus de Saint-Sever
« L’une des plus riches et somptueuses Apocalypses qu’a légué le Moyen Âge est un manuscrit réalisé au XIe siècle dans l’abbaye de Saint-Sever en Gascogne. Commandé par l’abbé Grégoire de Montaner (1028-1072), cet imposant manuscrit renferme un ensemble de textes en latin et d’images organisé autour du récit de saint Jean. » 
« De la centaine d’enluminures qu’il renferme, l’une des plus spectaculaires est cette représentation de l’ouverture des quatre premiers sceaux. Réunissant sur une même double page les cavaliers de l’Apocalypse sur fond de couleurs vives et tranchées, elle oppose le Christ victorieux sur son cheval blanc à trois cavaliers, dont le dernier, de couleur verdâtre, symbolise la mort. La fascination que ces images exercent est encore immense : nombreux sont les artistes et les écrivains qui s’en sont nourris. » 

L’Apocalypse selon Dürer
« L’Apocalypse d’Albrecht Dürer (1471-1528), qui comprend 15 grandes xylographies (gravures sur bois), est éditée par l’artiste lui-même, en dehors de toute commande. Composée autour de 1498, c’est une oeuvre de jeunesse, dont la virtuosité technique et l’inventivité formelle en ont fait le succès immédiat, apportant à son auteur richesse et notoriété. Faire-valoir de son art, l’ouvrage privilégie pour la première fois l’image, à laquelle la place noble est réservée, par rapport au texte, renvoyé au verso. Dürer en a édité une version en allemand et une autre en latin, dans une visée internationale. Le sens du détail et le foisonnement iconographique des planches, leur diffusion très large, ont fait de cette oeuvre une source d’inspiration pour de très nombreux artistes jusqu’à nos jours. » 

L’Apocalypse au cinéma
« De Éruption volcanique à la Martinique, court métrage d’une minute de Georges Méliès (1902) à Melancholia (Lars von Trier, 2011), en passant par les films catastrophes ou les récits de fin du monde, le cinéma s’est constamment nourri du récit et de l’imaginaire apocalyptiques : jouant sur la puissance incantatoire du terme (Apocalypse now, Francis Ford Coppola, 1979), évoquant la lecture pieuse du texte (Le Septième Sceau, Ingmar Bergman, 1957), ou figurant les plus populaires de ses figures tels les quatre cavaliers (Ingram, 1921 ; Murnau, 1926 ; Minnelli, 1962), la grande prostituée (Métropolis, Fritz Lang, 1927) ou le dragon (Godzilla, Ishirô Honda, 1954). À ces films citant clairement le texte biblique sont venus se joindre des films d’esprit catastrophiste, de La Fin du monde d’Abel Gance (1931) aux blockbusters p o s t - a p o c a l y p t i q u e s contemporains. » 

LE TEMPS DES CATASTROPHES

« Malheur, malheur, malheur » 
(Apocalypse VIII, 13) 

La Révélation à l’épreuve de la raison
« À l’exception de certains motifs dont le succès perdure, tel le Jugement dernier, la représentation du récit de l’Apocalypse semble céder du terrain à l’époque moderne. Certaines luttes, religieuses et sociales (guerres confessionnelles, révoltes millénaristes), en usent pour nourrir l’espoir d’un proche horizon révolutionnaire. Mais au-delà de ces contextes particuliers, la période est moins propice aux angoisses eschatologiques : la stabilisation des pouvoirs de l’Église et des États et l’avènement d’une forme de rationalisme contribuent à apaiser les angoisses et éloigner les visions hallucinées de Jean. » 

« Pourtant, lorsque la réalité des événements apparaît incommensurable (malheurs de la guerre, catastrophes naturelles, phénomènes cosmiques), les images de l’Apocalypse réapparaissent, comme en filigrane, pour leur donner sens. »

« Les fléaux, hécatombes, atrocités apparus en vision à Jean se retrouvent ainsi dans les « tristes pressentiments » des Désastres de Goya. D’une lecture stricte de l’Apocalypse émerge alors une compréhension apocalyptique de la catastrophe. » 

Retrait des dieux et sublime apocalyptique
« Le rationalisme et le triomphe de nouveaux grands récits éclairant le futur, en premier lieu celui du progrès scientifique et de l’évolution humaine, auraient dû sonner le glas de l’Apocalypse. À rebours de ce constat, le XIXe siècle s’affirme comme une période profondément apocalyptique, dans le sillage notamment de la sensibilité romantique. De nouveaux cycles iconographiques complets (Redon), des motifs spécifiques (cavaliers, grande prostituée, anges aux trompettes), et plus généralement une atmosphère de sublime à la fois fascinante et terrifiante (nuées, déchaînement des éléments), en témoignent. 
Alors que triomphent la mécanisation, l’industrialisation, l’urbanisation, et un matérialisme effréné, le récit biblique rappelle que tout n’est pas à la mesure du genre humain. Il fait apparaître la menace – ou l’espérance – de l’effondrement d’un monde corrompu et le retour à une harmonie rêvée. » 

Apocalypse sans Royaume
« Le XXe siècle est celui des grandes catastrophes : les guerres, dans leur technicité nouvelle, sans cesse plus destructrices jusqu’à l’absolu de l’arme nucléaire ; les génocides et en premier lieu la Shoah (littéralement « catastrophe ») anéantissant toute valeur morale ou humaine ; l’effondrement écologique qui offre la perspective concrète d’une disparition prochaine de l’humanité. » 
« Malgré le recul de la culture religieuse, l’Apocalypse semble conserver sa place de grand récit symbolique susceptible de répondre au besoin de comprendre les épreuves du temps présent. De nombreux artistes puisent dans le texte et ses images un matériau pour témoigner de la vie sur Terre devenue enfer. D’autres se souviennent que l’Apocalypse, originellement, promet un « à-venir ». Dans leurs compositions, où le monde se disloque, perd sa forme, ils cherchent la possibilité d’un après, fût-ce une Révélation sans Royaume. » 

« Les images mytiques de la guerre » 
Natalia Gontcharova
« Natalia Gontcharova réalise ses premières lithographies au début de la Première Guerre mondiale. Elle y mêle icônes religieuses et éléments de la guerre moderne, art folklorique russe et motifs apocalyptiques. Depuis 1910 environ, l’Apocalypse occupe une certaine place dans le travail de l’artiste qui considère, dans un esprit proche de celui de Kandinsky, que la société matérialiste doit laisser place à une plus grande spiritualité. Ainsi, dans ses planches, des anges aident les Russes en combattant des avions ennemis, tandis que l’archange Michel, figure du Bien, combat le Mal représenté par la femme sur la bête. » 

« Le Chant du monde : La Fin de tout » 
Jean Lurçat
« À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Jean Lurçat découvre à Angers la tenture de l’Apocalypse qui lui fait l’effet d’une révélation. Presque vingt ans après, en pleine guerre froide, il en réalise une version contemporaine : Le Chant du monde, un cycle composé de dix tapisseries. La Fin de tout, représentant une rose brisée sous une pluie de cendres comme autant de « germes de mort », vient clore la première partie du cycle qui dénonce les conflits armés et le risque atomique. Avec la seconde section du Chant du monde, Lurçat fait renaître l’espérance quant au sort de l’humanité. »  

LE JOUR D’APRÈS

« Un ciel nouveau et une terre nouvelle » 
(Apocalypse XXI, 1) 

« Tout le récit de l’Apocalypse de Jean avait pour point de mire l’instauration du Royaume divin. Aujourd’hui, derrière les catastrophes que nous traversons peine à se dessiner une quelconque Révélation. C’est pourtant sur ce jour d’après que se forgent encore les plus inventives fictions et représentations. » 
« Hantée par les erreurs de l’humanité (course à l’armement nucléaire, délire technologique, destruction des mondes naturels) intensifiées depuis la Seconde Guerre mondiale, la vision de cet « à-venir » se décline souvent en images sombres, véhiculées par le genre post-apocalyptique dans la littérature, au cinéma et dans la bande dessinée, ou aboutissant, chez de nombreux artistes, à la vision d’un monde renaissant sans nous. D’autres auteurs et artistes commencent à imaginer les possibilités d’une « nouvelle alliance » dans un monde où la place de l’humain serait radicalement repensée. Le temps apocalyptique que nous vivons constituerait alors bien un kairos, un moment de saisie de l’histoire, nous invitant, dans un monde en ruine, à ajuster les conditions de notre existence. »

Atombombe [Bombe atomique
Miriam Cahn
« Militante antinucléaire, Miriam Cahn réalise la série des Atombombe dans un paysage international marqué par la fin de la guerre froide, la guerre Iran-Irak et les prémices de la première guerre du Golfe. Les couleurs vives employées pour ces aquarelles matérialisent l’ambivalence des émotions suscitées par la bombe atomique, entre fascination et terreur, dualité au cœur même du concept de sublime. Cette dichotomie du sublime, intensifiée par la présentation de l’oeuvre à hauteur du regard, participe d’une suspension du temps, de ce moment juste avant la révélation de la dévastation. » 

Infinito [L’Infini
Luciano Fabro
« D’une apparente simplicité, cette sculpture renferme une complexe dualité. Faite de marbre – matériau naturel, ancien et lumineux – et d’acier – alliage industriel, moderne et sombre – Infinito est aussi élémentaire que monumental. D’une grande fragilité, elle n’en est pas moins ancrée au sol. Les morceaux de marbre, susceptibles de troubler la course perpétuelle du symbole infini dessiné par le câble, permettent aussi de le maintenir en place. Infinito incarne la permanence des cycles du vivant qui demeureront, avec ou sans l’humanité. » 

Earth [Terre
Kiki Smith
« Dans une version personnelle du jardin d’Éden, Kiki Smith figure une Eve qui n’a plus honte de sa nudité et entretient une relation apaisée avec le serpent. Cette scène paisible invite à une nouvelle concorde, une union renouvelée de l’humanité avec le monde vivant dont elle fait partie. Chez Kiki Smith, cet Éden retrouvé, devenu nouvelle Jérusalem, n’a pas de hautes murailles, elle est ouverte et continue, elle n’accueille pas que les élus mais aussi le serpent, elle ne vient pas du ciel mais s’ancre dans la terre, elle est la Terre. » 


Du 4 février au 8 juin 2025
Galeries 1 & 2 
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Tél.: 01 53 79 59 59
Du mardi au samedi 10h > 19h I Le dimanche 13h > 19h
Fermeture lundi 
VISUELS :
Albrecht Dürer (1471-1528) 
L’Apocalypse 
Planche 5 : Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse 
Édition latine de 1511 
Gravure sur bois 
BnF, département des Estampes et de la photographie 

Francisco de Goya (1746-1828) 
Los Desastres de la guerra [Les Désastres de la guerre
Planche 1 : Tristes presentimientos de lo que ha acontece [Tristes pressentiments de ce qui doit arriver
Eau-forte, burin et brunissoir 
Date d’édition : entre 1862 et 1863 
BnF, département des Estampes et de la photographie44 I