Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 19 janvier 2025

« MADE IN FRANCE. Une histoire du textile »

Les Archives nationales présentent l’exposition « MADE IN FRANCE. Une histoire du textile ». L’Etat a favorisé, protégé l’industrie textile française dès le règne du roi Louis XIV. Innovations techniques, variété des étoffes et de leurs clientèles et réglementations ont rythmé cette histoire. Dès les années 1970, le dirigisme économique a laissé la place à une idéologie privilégiant une société de services en sacrifiant les industries et un monde ouvrier. La pandémie de coronavirus a révélé que l'industrie textile, soumise à une concurrence mondiale, ployant sous les charges, normes "environnementales" ou "éthiques", et taxes, s'avérait aussi un élément de la souveraineté nationale.

L’histoire sous les pieds. 3000 ans de chaussures 

« À l’heure où l’industrie textile est au cœur d’une prise de conscience environnementale et éthique, revenir sur son histoire en France est un moyen de saisir l’immense importance économique et sociale qu’elle a occupée dans notre pays, avant qu’elle ne s’effondre à la fin du XXe siècle. Made in France. Une histoire du textile souhaite montrer comment l’État a accompagné cette industrie, depuis les efforts de Jean-Baptiste Colbert sous Louis XIV jusqu’aux plans gouvernementaux des IVe et Ve Républiques pour tenter de la sauver des crises économiques. » Ou plutôt accompagner par des "plans sociaux" la suppressions des usines.

« Elle présente ainsi l’action des gouvernements sur plusieurs siècles pour contrôler, connaître et encourager la production du textile français, des fibres naturelles aux matières synthétiques. »

« L’exposition raconte une histoire du textile « Made in France » en s’appuyant essentiellement sur la riche collection d’échantillons conservés aux Archives nationales dans les fonds consacrés au commerce et à l’industrie, et pour la première fois montrés au public. Particulièrement bien documentés, ces échantillons sont représentatifs de la grande diversité d’une production disparue aujourd’hui, des étoffes les plus populaires aux plus luxueuses. »

« En dialogue avec des pièces provenant de diverses institutions, ces archives, mémoire des politiques commerciales menées dans le pays, témoignent de l’importance de cette industrie. Elles représentent une source indispensable pour comprendre l’histoire du textile en France du milieu du XVIIe siècle à nos jours et le rôle central qu’elle a occupé dans la vie de la multitude d’individus qui ont participé à son essor, de la production de matière première à la consommation finale. »

« Organisée en quatre temps, l’exposition parcourt plus de trois siècles de développement industriel en France qui dessinent en filigrane la doctrine de l’État pour cette filière : connaître, contrôler et soutenir. » Et depuis des décennies : saborder. 

Le Commissariat scientifique est assuré par Anne-Sophie Lienhard, conservatrice du patrimoine, Archives nationales, Esclarmonde Monteil, conservatrice en chef du patrimoine, ministère de la Culture, et Alexia Raimondo, chargée d’études documentaire, Archives nationales. Le Commissariat technique a été confié à Jérôme Séjourné et Régis Lapasin, service des expositions, département de l’Action culturelle et éducative, Archives nationales.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

6 000 MÈTRES DE LIENS
FOCUS SUR L’OEUVRE D’ANAÏS BEAULIEU
« En dialogue avec l’exposition, les Archives nationales accueillent Anaïs Beaulieu, plasticienne et brodeuse. La présentation de ses œuvres, pour la plupart réalisées à base de matériaux de récupération, prolonge la réflexion sur les enjeux environnementaux de l’industrie textile. Dès la cour d’honneur, le visiteur pourra découvrir une oeuvre collective qui se déroulera tout le long de la colonnade. Une cinquantaine de personnes de Seine-Saint-Denis participent depuis le mois de mars à des ateliers de broderie urbaine pour tisser et broder un motif retrouvé dans un numéro de Modes et travaux des années 60. Une façon de faire du lien entre les deux sites des Archives nationales. »

« Ce projet n’aurait pu voir le jour sans la Société Choletaise de fabrication qui, impliquée dans un une démarche RSE (responsabilité sociétale et environnementale), a fourni les 6 000 m de galon nécessaires à la réalisation de l’œuvre. »


« L’INVENTION DE LA QUALITÉ À LA FRANÇAISE »
« L’exposition s’ouvre sur la fabrique du « Made in France », en plein XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, alors que le mercantilisme devient la doctrine économique prédominante en Europe, et que Colbert la fait sienne pour transformer la filière textile française et la rendre compétitive. »

« Au début du règne personnel de Louis XIV, le textile est de loin la principale industrie française. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) juge cependant insuffisante la qualité des produits français par rapport à celle de leurs concurrents étrangers. Il met alors en place une politique consistant à éviter autant que possible les importations pour encourager au contraire l’exportation des produits français. »

« Des règlements généraux (pour la draperie, la teinture, etc.) viennent préciser la qualité des matières premières à employer, les dimensions des pièces, le nombre de fils ou encore les apprêts. Les pièces jugées conformes aux règlements doivent recevoir un plomb ou une marque garantissant leur qualité. »

« Si l’existence de règlements de fabrication n’est pas nouvelle, c’est la première fois qu’ils sont systématisés à l’échelle du royaume. La course à la qualité est lancée et se poursuit jusqu’à la Révolution. Pour veiller à l’application des règlements, Colbert décide d’envoyer des commis dans toutes les provinces du royaume. Ce sont les premiers inspecteurs des manufactures, chargés à la fois du contrôle et de l’encouragement de l’industrie textile. Ils sont les yeux et la main de l’État sur le terrain. Si les inspecteurs des manufactures n’ont jamais bénéficié d’une école, des élèves ont été nommés à partir de 1746. L’élève est placé auprès d’un inspecteur et effectue des stages chez des fabricants pour s’initier à la pratique, à côté de l’apprentissage des règlements. Il rédige des mémoires lui permettant de faire preuve de ses connaissances et de ses capacités rédactionnelles. Parmi ces élèves, on retrouve des fils d’inspecteurs. »

« Les deux premiers règlements publiés concernent la fabrication des étoffes de laine et de fil et leur teinture. Ils ont pour but d’obliger les fabricants à livrer des produits de qualité semblable. Ils édictent des règles (matières premières, processus, dimensions, etc.) qui doivent être respectées. Le consommateur est ainsi rassuré. Jusqu’à 1683, 44 règlements et instructions seront ainsi publiés. »

« L’inspecteur Briard envoie à l’administration des échantillons des textiles produits par une manufacture de toiles peintes installée à Amiens. Il rend compte à travers sa correspondance du nombre de salariés employés dans l’établissement (huit imprimeurs, trois graveurs, huit tireurs, vingt pinceauteurs – ouvriers appliquant de la couleur sur les étoffes –, deux teinturiers et quinze ouvriers) mais également du perfectionnement des outils de productions et de l’augmentation des rendements de la manufacture. »

Jean-Baptiste Colbert
« Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) devient contrôleur général des finances en 1665. Il se consacre tout particulièrement au développement des manufactures françaises de textile en édictant des règlements et en mettant en place les inspecteurs des manufactures. Sa politique économique est une forme du mercantilisme qui a pris le nom de « colbertisme ».

Les manufactures royales
« Avec Colbert, la « manufacture » en vient à désigner peu à peu un établissement unique de grande taille organisé pour optimiser la production. Certaines de ces manufactures sont les ancêtres d’entreprises qui ont perduré jusqu’à nos jours. Dans le cas des manufactures royales, la patente reçue du roi permet une exploitation grâce à des privilèges particulièrement protecteurs et favorables à la croissance des entreprises. »

Moire de soie made in France
« Le moirage est un effet optique produit lorsque le tissu est écrasé par calandrage. La moire de soie devient très à la mode vers 1750. Or, la France ne parvient pas à reproduire cette technique d’origine anglaise. »
« John Holker, Anglais passé au service de la France, est envoyé en Angleterre pour convaincre un calandreur londonien, John Badger, de s’installer à Lyon, sous la réserve exigée par ce dernier d’obtenir une protection de son savoir-faire innovant, ce qu’il obtient par un privilège exclusif qui lui impose en contrepartie, de former deux apprentis. Ces échantillons attestent la maîtrise de la technique. Avec l’appui de Daniel Charles Trudaine qui le recrute en 1755 comme inspecteur général des manufactures, John Holker (1719-1786) développe un complexe manufacturier à Rouen (tissage, calandrage, filature, teintureries et industrie chimique innovante, avec les chambres de plomb anglaises pour l’acide sulfurique). Par son intermédiaire, d’autres techniciens transitent en France. »

RUPTURES (1789-1815)
« La Révolution marque un tournant radical pour la filière textile. La libre concurrence, tant attendue mais qui tarde à se mettre en place, devient même un handicap pour les produits français dont la qualité n’est plus directement reconnue. Le brevet d’invention constitue alors un outil privilégié pour stimuler l’innovation. »

« Dès le milieu du XVIIIe siècle, le libéralisme s’oppose au mercantilisme. Un nombre croissant d’économistes et d’administrateurs pense qu’une « main invisible » pourrait réguler les marchés s’ils étaient laissés à la libre concurrence. Ils souhaitent donc la suppression des corporations et des règlements pour favoriser la liberté du commerce. L’interventionnisme d’État régresse. »

« Les lois d’Allarde, Le Chapelier et Goudard, adoptées par l’Assemblée nationale constituante en 1791, suppriment les corporations et toute la réglementation manufacturière. Chacun peut désormais choisir sa profession, à condition de payer la patente, un nouvel impôt direct. »

« Les manufactures textiles doivent s’adapter à cette nouvelle situation, que leurs dirigeants ne souhaitaient pas. Elles font face à l’impact des guerres qui provoquent la perte de main d’œuvre et la raréfaction des matières premières, à la suite du blocus continental décidé par Napoléon en 1806. »

« La soierie lyonnaise, en particulier, s’effondre et ne retrouve sa place majeure que grâce à l’action volontariste de l’Empire. Ce dernier rétablit les chambres de commerce, le protectionnisme douanier et tente de promouvoir le progrès technique à travers les brevets d’invention et les expositions des produits de l’industrie française. »

L’industrie textile ou la révolution de l’innovation

« L’innovation et l’invention ont toujours été au cœur des préoccupations de l’État qui cherche constamment à améliorer l’industrie et le commerce français. » 

« L’une des actions les plus efficaces pour favoriser la recherche est la mise en place d’encouragements financiers et d’une législation protectrice des inventions, avec le système des brevets. »

« Pour l’industrie textile, cette période, entre la Révolution et le Premier Empire, est particulièrement intense car elle se concentre sur la mécanisation de sa production, mais également sur l’innovation dans le but de remplacer et adapter des matières premières devenues introuvables ou trop onéreuses. »

« La période qui s’étend de la Révolution (1789) au premier Empire (1804-1815) est souvent perçue comme une rupture brutale qui aurait effacé l’action de l’Ancien Régime. »

« Pourtant, d’une certaine façon, l’interventionnisme de l’État, initié par Colbert, aurait continué à peser sur l’industrie française jusqu’à nos jours. »

Les expositions des produits de l’industrie
« La suppression de l’ancienne réglementation des étoffes, ainsi que les guerres de la Révolution et de l’Empire placent l’industrie française devant de nombreuses difficultés, sur fond de concurrence avec l’Angleterre qui dispose toujours d’une avance technique. Depuis la disparition des inspecteurs des manufactures en 1791, l’administration, quant à elle, n’a plus une connaissance aussi précise de la situation du secteur textile, faute d’exercer un contrôle direct. »

« L’intervention de l’État doit désormais prendre une nouvelle forme. En 1798, le ministre de l’Intérieur François de Neufchâteau fait venir à Paris des manufacturiers afin qu’ils présentent leurs produits. Cette première exposition se déroule pendant trois jours sur le Champ-de-Mars. 110 exposants y sont présents. En raison d’une organisation tardive, ils viennent majoritairement de Paris et de ses environs. L’inscription est nominative. Un jury de neuf personnalités est chargé de décerner des récompenses et de rédiger un rapport. Trois types de mérites sont définis : « les fruits de l’invention, les résultats du perfectionnement et les monuments de l’utilité publique ».

RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, RÉVOLUTION COMMERCIALE (1814-1914)

« Avec la chute du Ier Empire, les pouvoirs publics portent leur attention sur les conditions de travail et en particulier sur l’exploitation de la main d’œuvre juvénile. Concernant le commerce extérieur, la période est marquée par les « missions » d’intelligence économique, ou, plus prosaïquement, de renseignement sur fond d’expansion coloniale. »

« L’industrie textile est, avec la sidérurgie, l’une des productions au centre de la première industrialisation. Les métiers à tisser ou à filer mécaniques se développent, ce qui permet la concentration du travail dans de grandes usines. C’est au cours de cette période qu’apparaissent les textiles et colorants artificiels, parfois nuisibles pour la santé. »

« Les efforts de l’État, auparavant concentrés sur la fabrication, portent désormais sur les conditions de travail et les ouvriers. Le travail des enfants, particulièrement présents dans les usines textiles, commence à être réglementé et contrôlé. Si l’intervention directe de l’État reste faible, celui-ci continue cependant à agir grâce à la réglementation douanière, alternant entre protectionnisme et libéralisme. Le traité de libre-échange avec le Royaume-Uni de 1860 est ainsi très mal reçu par les industriels du textile français. »

« L’État intervient aussi en créant des institutions et en encourageant les produits français. Le XIXe siècle est la grande période des expositions universelles, conçues pour faire connaître la production nationale. L’administration du commerce organise des missions commerciales à l’étranger dans le but de récolter des nouvelles matières premières et de chercher de nouveaux débouchés. »

« Des expérimentations ont lieu dès le XVIIIe siècle pour essayer de trouver une matière pouvant remplacer le coton impossible à cultiver en France métropolitaine. En 1861, l’administration s’intéresse à un nouveau procédé provenant des États-Unis autour d’une matière nommée fibrilia, fabriquée à partir de fibres de lin, de chanvre, de juste et autres produits végétaux. Les essais menés par la maison Schlumberger concluent cependant que cette matière ne peut être filée avec les machines en usage à l’époque. »

« Le cadre contient neuf médailles d’expositions remportées entre 1848 et 1878 par le fabricant de textile pour ameublement Mazure-Mazure, installé à Roubaix. Les récompenses obtenues par les entreprises sont souvent intégrées dans les stratégies commerciales, utilisées sur leur papier à en-tête, sur l’emballage des produits ou même comme ici exposées dans un cadre. Elles représentent une fierté et un outil d’autocélébration, mais également un outil efficace de promotion. »

Les petites mains de l’industrie textile
« Si le travail des enfants existe déjà sous l’Ancien Régime, le développement de l’industrie textile au XIXe siècle, qui conduit au regroupement de la production dans de grandes manufactures équipées de métiers mécaniques, accentue le recours à cette main d’oeuvre juvénile. Employés très jeunes (à partir de 6 ans), les enfants constituent en effet un personnel docile et peu coûteux : ils gagnent le quart du salaire d’un adulte. En Alsace, en 1844, les enfants de moins de 16 ans représentent entre 20 % et 30 % de la main d’œuvre textile. Ils sont employés à des tâches qui exploitent leur petite taille, leur souplesse et leur adresse manuelle : rattacheurs, bobineurs ou balayeurs, on leur demande de se glisser sous les métiers à filer en marche pour rattacher les fils cassés, nettoyer les bobines et ramasser les déchets de coton. Dans les tissages, ils sont affectés à des fonctions qui imposent de rester debout de longues heures. Ils sont souvent maltraités, travaillent dans des conditions insalubres et les accidents de travail sont nombreux. Si les industriels y trouvent leur compte, les familles n’ont pas le choix : les salaires sont alors si bas que les parents doivent faire travailler leurs enfants pour compléter les revenus de la famille. Les industriels du textile exploitent également, avec l’accord des autorités, la main d’œuvre mise à disposition par les orphelinats. À l’époque, la durée de travail des enfants est la même que celle des adultes dont ils sont les auxiliaires, à savoir entre 13 et 16 heures par jour ; ils peuvent également travailler la nuit et le dimanche. »

LE TEXTILE FRANÇAIS FACE À LA MONDIALISATION

« Dans cette dernière partie du parcours, la période contemporaine devient la toile de fond de l’évolution de tout le secteur textile. Malgré des politiques publiques volontaristes (réemploi des matières naturelles, essor des matières synthétiques innovantes) les vagues de fermetures d’usines se succèdent, détruisant massivement les emplois. Cette période de crise agit également comme un révélateur pour un secteur qui doit s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs. »

« Durant les conflits armés (Première et Seconde Guerres mondiales), l’État reprend un rôle dirigiste mais il doit aussi faire face, dans la seconde moitié du XXe siècle, au libre-échange des marchandises et s’adapter à la mondialisation croissante. »

« L’ouverture au marché commun européen (1957) et l’accélération de la mondialisation obligent la France à signer des accords commerciaux internationaux. Ces accords sont conclus pour tenter de maîtriser le volume des importations de tissus étrangers, moins chers car fabriqués dans des pays où le coût de la main-d'œuvre est moindre, notamment la Chine, et essayer de favoriser les exportations de textiles français. Mais ils n’évitent pas à l’industrie nationale d’être frappée de plein fouet par les crises économiques entre les années 1970 et 2000, entrainant délocalisations, licenciements, conflits sociaux et dépôts de bilan, malgré les tentatives de soutien financier de la part de l’État. 

Le XXe siècle voit l’explosion des textiles synthétiques, fabriqués à partir de composés chimiques d’hydrocarbures. Cette révolution technologique et la mondialisation des échanges font de l’industrie textile l’une des plus polluantes de la planète à la fois par les matériaux, mais aussi par l’empreinte carbone des transports qu’elle génère, entrainant ces dernières années une prise de conscience et une volonté de changement. »

« Dans les dernières années du XIXe siècle, trois procédés de « soie artificielle » à base de cellulose apparaissent : la rayonne, brevetée en 1884 par le Français Hilaire de Chardonnet, la viscose des Anglais Cross, Bevan et Beadle en 1892 et la soie Bemberg ou cupro-textile, brevetée en 1897. Le tableau est consacré à la promotion de cette dernière technique dans le cadre de conférences organisées par le Comptoir des textiles artificiels. »

« Le procédé de la viscose finit par s’imposer dans les années 1920 et la loi du 8 juillet 1934 interdit par la suite la dénomination de « soie artificielle ».

« Depuis les années 1970, les effectifs du secteur textile et de l’habillement ont drastiquement diminué, passant de 764 000 en 1970, à 693 000 en 1974, puis de 300 000 en 1990 à moins de 200 000 en 2009. Depuis 1995, 50 % des entreprises actives dans l’habillement et 40 % des entreprises textiles ont disparu. Les régions historiques de la production textile sont lourdement touchées : la région Rhône-Alpes par exemple a perdu près de 50 % de ses effectifs entre 1995 et 2008 et seules quatre filatures de laine demeurent en activité dans le Nord. La prise de conscience environnementale actuelle permettra-t-elle un renouveau de l’industrie textile française ? » Non. Car cette "prise de conscience" se traduit par une augmentation des normes coûteuses, dans un contexte déprimé, où les consommateurs peinent à préserver leur pouvoir d'achat. Internet a modifié aussi les modalités d'achat des vêtements : essor du site chinois Shein, échanges ou ventes d'articles usagés, etc.

Soies artificielles
« Lors de l’exposition universelle de 1889 à Paris, le comte Hilaire de Chardonnet présente des premiers essais de « soie artificielle », issus de ses recherches sur la nitrocellulose (brevet daté de 1884). En cette fin du XIXe siècle, les inventions se succèdent pour mettre au point des textiles artificiels destinés à imiter, si ce n’est remplacer, la soie qui connaît une grave crise de production depuis la fin des années 1850. Ainsi, aux côtés de la « soie Chardonnet » produite en France, la rayonne*-viscose* est exploitée en Grande-Bretagne par Courtauld à partir de 1904, et la soie au cuivre est produite industriellement par Bemberg en Allemagne la même année. Ces étoffes nouvelles, qui appartiennent toutes à la famille des textiles artificiels, sont obtenues grâce à des opérations chimiques complexes réalisées sur une matière naturelle, la cellulose (pâte de bois, coton, etc.). »

REPÈRES

1661-1715
Règne personnel de Louis XIV.
1665
Le manufacturier de draps hollandais Josse van Robais s’installe en France.

1669
Jean-Baptiste Colbert fait édicter des règlements généraux sur la fabrication des draps et la teinture. Mise en place des futurs inspecteurs des manufactures.
1686
Le commerce, l’importation et la fabrication des tissus imprimés nommés indiennes sont interdits dans le royaume de France. 

1715-1774
Règne de Louis XV.
1733
John Kay invente la navette volante, qui permet d’accélérer le tissage des étoffes sur les métiers traditionnels.

1751
Le manufacturier anglais John Holker rencontre l’intendant des finances Daniel-Charles Trudaine et est chargé d’une mission d’espionnage en Angleterre.

1759
Fin de la prohibition des indiennes. 

1760
Christophe-Philippe Oberkampf fonde la manufacture royale de toiles imprimées à Jouy-en-Josas.

1774-1792
Règne de Louis XVI.

1791
Les lois Allarde, Goudard et Le Chapelier suppriment l’ancienne législation et les inspecteurs des manufactures. Elles instaurent la liberté d’entreprendre.
Mise en place des brevets d’invention.

1789-1799
Révolution française.

1798
Première Exposition des produits de l’industrie française.

1801
Joseph Charles Jacquard invente un procédé automatisant le tissage de tissus à motifs. La « mécanique Jacquard » est une innovation majeure pour le tissage de la soie.

1804-1815
Premier Empire

1806
Début du blocus continental, empêchant l’importation de certaines matières premières comme l’indigo.

1810
Importante commande de soie de Napoléon Ier pour remeubler le château de Versailles.

1830-1848
Monarchie de Juillet.

1840
Rapport de Louis René Villermé sur le travail des enfants, très présents dans l’industrie textile. Il est à l’origine de la première loi réglementant le travail des mineurs, en 1841, qui interdit le travail des moins de 8 ans.

1843-1846
Mission en Chine de Théodose de Lagrené.

1852-1870
Second Empire.
1855
Première exposition universelle française, à Paris (organisée après celle de Londres en 1851).

1856
Invention par William Perkin de la mauvéine, premier colorant industriel de synthèse.

1870-1940
Troisième République.

1884
Invention du Nylon par l’américain DuPont de Nemours, fibre synthétique dérivée du pétrole (polyamide).

1934
Interdiction de l’emploi du terme « soie artificielle » pour la viscose à la suite d’une demande des producteurs de soie naturelle.

1935
Invention de la « soie artificielle » par le comte Hilaire de Chardonnet, première fibre artificielle produite à partir de cellulose, aussi appelée viscose ou rayonne.

1941-1947
Rationnement des textiles.

1958-
Cinquième République.

Années 1960
Début de la crise du l’industrie textile en France, liée à la nécessité de moderniser les usines et à la concurrence des pays émergeants.

1963
Décret rendant obligatoire l’étiquetage des vêtements et l’indication des fibres qui les composent. 

1973
Premier choc pétrolier entraînant une crise industrielle généralisée. 
Signature de l’accord multifibres, chargé de protéger les industries textiles des pays dits « développés » de la concurrence des pays à la main d’oeuvre peu coûteuse, par le biais de quotas d’importations.

1995
Accords sur les textiles et les vêtements, destiné à lever progressivement les restrictions de l’accord multifibres.

2024
Mise en place de l’écobalyse, une étiquette mesurant l’impact écologique des vêtements neufs.



Du 16 octobre 2024 au 27 janvier 2025
Hôtel de Soubise
60, rue des Francs-Bourgeois. 75003 Paris
Tél. +33 1 75 47 20 02
Du lundi au vendredi : 10 h - 17 h 30
Samedi et dimanche : 14 h - 19 h
Fermeture le mardi
Visuels :
Crédit de l'affiche : Échantillons provenant de l’enquête sur la situation de la manufacture de toiles peintes d’Amiens (détail),1763/Archives nationales de France, F/12/563
© Archives nationales de France

Échantillons provenant de l’enquête sur la situation de la manufacture de toiles peintes d’Amiens, 1763.
Dimensions : 37 x 49 cm
© Archives nationales de France, F/12/563.

Nouveau tour à tirer la soie par le sieur Bruté, inspecteur des manufactures à Montauban, 1779.
Dessin. Dimensions : 38x58 cm
© Archives nationales de France, F/12/2201.

Prix du ministre de l’Intérieur Chaptal pour le perfectionnement des machines à ouvrir, peigner, carder et filer la laine : affiche annonçant le prix, dessin de l’invention et échantillons, par Jubert, 1801.
© Archives nationales de France, F/12/2204.

Médailles d’or et d’argent reçues par le fabricant Gensse-Duminy & Cie pour la fabrication de casimirs en l’an 10 [1802] et 1806.
© Archives nationales de France, F/12/2414 (1806).

Articles de soierie vendus sur le marché de Batavia en 1845
© Archives nationales de France, F/12/2589.

Robe de jour tissu Flesa, griffe « AU PRINTEMPS » (grand magasin), vers 1948-1958
Viscose imprimée, ceinture noire en plastique.
© Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, GAL1961.82.4 (1-2).

Albert Kahn (1860-1940)


Abraham, dit Albert, Kahn (1860-1940) était un Français Juif banquier, philanthrope et curieux du monde. De 1898 à 1931, il a œuvré à « l’établissement de la paix universelle » et constitué les « archives de la Planète » afin de conserver les traces visuelles – en autochromes  couleurs et en films noir et blanc – des vies quotidiennes des hommes sur tous les continents. "Dans le cadre de la programmation de l’année Strasbourg capitale mondiale du livre de l’UNESCO  « Lire notre monde », la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg propose l'exposition "De l'Alsace au monde. Voyage dans les Archives de la Planète d'Albert Kahn".

A la recherche d'Albert Kahn. Inventaire avant travaux 
Le monde d'Albert Kahn. La fin d'une époque

« J’ai beaucoup voyagé, nous dit-il, j’ai beaucoup lu et j’ai connu tous les grands hommes de mon époque… Ce que j’ai cherché, c’était le chemin de la vie et les principes de fonctionnement ; or, plus j’ai avancé dans la vie et plus j’ai vu la hardiesse et l’extrême difficulté de cette tâche… Essayer de tâcher d’y arriver, reste le plus noble devoir de l’homme », a écrit Albert Kahn (France Japon, n°32 du 15 Août 1938).

« Structurée en deux grands volets - Portraits d’un homme ; Portraits d’une œuvre -, l’exposition "A la recherche d'Albert Kahn. Inventaire avant travaux" présentée en 2014 au musée Albert-Kahn permettait « de faire un point sur l’état des connaissances accumulées au fil du temps « sur Abraham, dit Albert, Kahn  (1860-1940) et « de le présenter dans son contexte historique, social et politique ».

Une famille Juive alsacienne
Aîné de quatre enfants, Albert Kahn est né Abraham Kahn le 3 mars 1860 à Marmoutier (Bas-Rhin) dans une famille aisée. Son père Louis est marchand de bestiaux ; sa mère Babette Bloch est femme au foyer et meurt quand Albert est âgé de dix ans.


Après la guerre entre la France et l’empire allemand de 1870, le traité de Francfort (1871) attribue à l’Allemagne victorieuse l’Alsace et une partie de la Lorraine. Comme de nombreux Alsaciens fervents patriotes, une partie de la famille Kahn décide de demeurer, et fuit leur village en 1872, pour se fixer hors des « provinces perdues », à Saint-Mihiel (Meuse).

Abraham Kahn est scolarisé au collège de Saverne (1873-1876).

Banquier à Paris
À Paris, la famille Kahn emménage dans le quartier du Marais. Agé de seize ans, Abraham Kahn prend pour prénom d’usage Albert.

Il est engagé chez un confectionneur de la rue Montmartre, puis à la banque des frères Charles et Edmond Goudchaux. Parallèlement, il reprend ses études en bénéficiant de l’aide d’un jeune et brillant élève puis professeur à l’École normale supérieure, Henri Bergson (1859-1941), qui devient son précepteur et ami ainsi qu’en témoigne leur correspondance.

Albert Kahn obtient ses baccalauréats de lettres (1882) et de sciences (1883) et débute des études de droit. Il a sa licence en 1885.

À la banque Goudchaux, il est repéré dès l’âge de 21 ans par ses talents. De 1889 à 1893, il édifie une fortune en spéculant sur les mines d’or et de diamants d’Afrique du Sud.

Albert Kahn devient associé principal du banquier Edmond Goudchaux.

En 1893, il « loue une maison au 6 quai du 4-Septembre à Boulogne-sur-Seine. Devenu propriétaire de la maison, il débute la constitution de ses jardins, qu’il achète parcelle après parcelle ». Le paysagiste Achille Duchêne y élabore un jardin français. Albert Kahn y ajoute un « verger ornemental », un jardin anglais, un jardin japonais à l’instar de celui du château de son voisin Edmond de Rothschild, et au nord, trois « bois ornementaux ».

Des espaces arpentés par les invités d’Albert Kahn : le philosophe Henri Bergson, Rodin, Colette, Manuel de Falla, Anatole France, Marcel Dassault, André Michelin, Jean Perrin, Anna de Noaïlles…

En 1898, Albert Kahn fonde la « banque Kahn », banque d’affaires sise au 102 de la rue de Richelieu (Paris). La « banque prospère, collabore avec des établissements financiers bien établis et apparaît dans des syndicats de placement au bénéfice de projets industriels ou d’emprunts nationaux et internationaux, japonais notamment. La banque Kahn s’assure aussi des revenus générés par les transactions sur toutes sortes de valeurs spéculatives, cotées ou non en Bourse ». Albert Kahn effectue des investissements fructueux en Extrême-Orient.

« L’aptitude d’Albert Kahn à détecter les hausses de valeur des titres est exceptionnelle. Le patrimoine de la banque et celui de Kahn augmentent considérablement et le financier jouit d’une excellente réputation en France et à l’étranger ».

Pour la « paix universelle »
Dès le 10 février 1887, Albert Kahn écrit à Bergson : « Cela va assez bien en ce qui concerne les affaires mais, vous le savez, ce n’est pas mon idéal ».

« L’homme mûr, le banquier qui a réussi, va donc consacrer sa vie et sa fortune, entre 1898 et 1931, à l’établissement de la paix universelle ».

A cette fin, Albert Kahn « crée de nombreuses institutions destinées à favoriser la compréhension entre les peuples et la coopération internationale : ses « bourses Autour du Monde » offrent à de futurs enseignants l’opportunité de voyager et de découvrir les réalités du monde. Ces boursiers confrontent leur expérience avec des sommités intellectuelles de l’époque au sein de la « Société Autour du Monde ». Un « Comité National d’Études Sociales et Politiques » (C.N.E.S.P.) compare les solutions apportées aux maux de l’humanité dans divers pays, appuyé par deux centres de documentation sociale. Les « Archives de la Planète » recensent en photographies couleur et films noir et blanc les aspects de la vie dans les cultures humaines...

Albert Kahn crée aussi une chaire de géographie humaine à la Sorbonne, le Comité du Secours national pour aider les victimes civiles de la Grande Guerre, un laboratoire de Biologie pour perfectionner la microcinématographie, un centre de médecine préventive destiné aux étudiants.

Des « œuvres qui contribuent à éveiller la conscience et aiguiser le regard des élites de l’époque et qui tenteront d’être pérennisées dans la Centrale de Recoordination ».

Albert Kahn, discret
« Se tenant souvent en retrait, Albert Kahn refuse de parler de lui-même ».

Que sait-on de cet homme discret ? « Selon différents témoignages, il s’exprimait avec un accent alsacien très prononcé ». Il était végétarien. Il aimait la compagnie des chiens.

Ses vêtements ? Simples.

Son « ascétisme se manifestait dans de nombreux aspects de sa vie ». Ses journées débutaient à cinq heures du matin.

« S’il avait choisi de vivre seul, il lui arrivait de recevoir quelques amis comme Bergson ou Rodin, auquel il acheta quatre marbres ».

Pianiste - il consacrait son mercredi à prendre des leçons de piano -, il « assistait régulièrement à des concerts, notamment au festival de Bayreuth ».

Albert Kahn « alterne déplacements d’affaires et voyages d’agrément, mais le plus souvent paraît cumuler les deux. Entre 1886 et 1912, il voyage en Europe, au Venezuela, en Égypte, en Russie, au Japon, effectue un tour du monde entre novembre 1908 et mars 1909 et passe par les États-Unis et Hawaï, mais aussi la Chine, l’Asie du sud-est et l’Inde ». Il se rend également en Uruguay, en Argentine et au Brésil.

Le krach boursier de 1929
Le krach boursier de 1929 « porte un coup fatal à la fortune du banquier âgé alors de 69 ans. A l’instar d’autres banques françaises, la banque Kahn enregistre un premier déficit à la fin de 1930, nettement aggravé à la clôture de l’exercice suivant ».

En 1931, il ne reste que trois opérateurs aux Archives de la Planète ; la société Autour du Monde traverse une période financièrement délicate ; les bourses de voyages prennent fin, ainsi que les débats du CNESP.

Pour « réinjecter de l’argent, Albert Kahn hypothèque entre fin 1930 et 1932, les propriétés de Boulogne et du Cap Martin. Puis les fonds propres ne suffisent plus ; Albert Kahn nantit les titres auprès d’autres établissement financiers ; les valeurs continuent de s’effondrer ; il est acculé. Ces créanciers assignent Albert Kahn en justice. En 1932, la banque d’Albert Kahn est déclarée en faillite. Les biens d’Albert Kahn sont peu à peu saisis et vendus aux enchères en 1933 et 1934 ».


Une « partie de la propriété (comprenant les collections de photographies et de films) est achetée par le département de la Seine. Albert Kahn conserve l’usage de sa maison de Boulogne, bien qu’elle ne lui appartienne plus. En 1937, les jardins sont ouverts au public.


Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1940, Albert Kahn meurt dans sa maison de Boulogne, à l’âge de 80 ans ».


« De lui, il nous reste la propriété boulonnaise aux splendides jardins, les Archives de la Planète qui rassemblent la plus importante collection au monde de plaques autochromes- premier procédé de photographie en couleur -, mais aussi un esprit toujours vivace qui anime la Vallée de la Culture des Hauts-de-Seine ».

Les « archives de la Planète »
De 1898 à 1931, Abraham, dit Albert, Kahn œuvre à « l’établissement de la paix universelle » et constitue les « archives de la Planète » afin de conserver les traces visuelles – en autochromes  couleurs et en films noir et blanc – des vies quotidiennes des hommes sur tous les continents. Ces autochromes, qui constituent le premier procédé de films photographique en couleurs breveté par les frères Lumière en 1903.

Pour ce faire, il constitue une équipe d’une douzaine d’opérateurs - photographes ou/et cinéastes - qui arpentent des contrées lointaines.

Parmi ces opérateurs : Auguste Abraham Isaac Léon (1857-1942). Né à Bordeaux, il voyage pour constituer les « Archives de la planète ». Puis, à Boulogne, il gère le laboratoire de ces Archives, conseille les opérateurs et photographie les invités de ce visionnaire.


Constituées par Albert Kahn (1860-1940) à la fin du XIXe siècle et lors des trois premières décennies du XXe siècle, les « archives de la Planète » - 72 000 autochromes, 4 000 photographies, une centaine d’heures de films -, témoignages visuels exceptionnels, sont déposées au musée Albert-Kahn, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Elles font l’objet d’expositions et sont publiées dans de beaux livres.

Le krach boursier de 1929 ruine Albert Kahn, sexagénaire, et met un terme à cette collection.

Coproduite par la BBC et le musée Albert-Kahn en 2007, la série Le monde d’Albert Kahn présente par thèmes géographiques des montages d’images, fixes et animées, extraites des « archives de la Planète ».

Réalisée par David Okuefuna, elle est souvent diffusée par Histoire et par Arte. L’occasion de (re)découvrir ces images rares de mondes disparus.

Le monde d'Albert Kahn consacré au Moyen-Orient (The Wonderful World of Albert Kahn, Middle East) montre des images souvent inédites, passionnantes, accompagnées par un commentaire parfois biaisé et évoquant la déclaration de Lord Arthur Balfour (2 novembre 1917).

La fin d’une époque est centrée sur les Balkans. En 2003, le musée Albert-Kahn avait présenté l’exposition La Macédoine en 1913. Autochromes de la collection du musée Albert-Kahn.

Ces archives sont diffusées sur Internet.

"Albert Kahn - Reflets d'un monde disparu"
Arte diffusa le 5 mai 2019 "Albert Kahn - Reflets d'un monde disparu" (Citizen Kahn - Bankier und Kunstmäzen) d'Augustin Viatte. "Convaincu que le dialogue des cultures contribue à la paix universelle, le banquier philanthrope Albert Kahn (1860-1940) envoya des opérateurs dans plus de soixante pays pour enregistrer la mémoire d’un monde voué à disparaître, au travers des premières photographies couleur et de films en noir et blanc."

"D’origine juive alsacienne, Albert Kahn (1860-1940), d’abord simple commis à Paris, fait fortune en investissant dans des mines d'Afrique du Sud. Bientôt, le banquier millionnaire, idéaliste et secret, dont la propriété de Boulogne-Billancourt et les jardins enchanteurs accueillent le Tout-Paris, entreprend de documenter le monde dans un projet fou, "les archives de la planète".

"Fumeuses d’opium du Tonkin, cow-boys, nomades mongoles, maharadjahs… : le philanthrope constitue une collection unique d’images. Retraçant cette épopée, au fil de la correspondance de témoins de l’époque et d’éclairages d’historiens et de conservateurs, le film montre aussi combien l’homme, célibataire ascète, garde son mystère, s’effaçant derrière l’œuvre d’une vie."

Visite
Les 18 juillet 2020 et 22 août 2020, de 16 h 30 à 17 h 30, le Musée Albert-Kahn organisa une visite. "Suivez le guide dans l’espace d’exposition « Le monde d’Albert-Kahn » et dans les différentes scènes paysagères du jardin pour découvrir nos collections uniques en leur genre ! Vous finirez la visite par un bond dans l’avenir avec une présentation du futur musée qui ouvrira ses portes en 2021".
Sur réservation uniquement, du lundi au vendredi, par mail à accueilmak@hauts-de-seine.fr en précisant le nom de la visite, la date et l’horaire, ou par téléphone du mardi au vendredi de 10h à 12h au 01 55 19 28 00. Pour votre sécurité et votre confort de visite le port du masque est obligatoire et le groupe est limité à 10 personnes."

"De l'Alsace au monde. Voyage dans les Archives de la Planète d'Albert Kahn"
"Dans le cadre de la programmation de l’année Strasbourg capitale mondiale du livre de l’UNESCO  « Lire notre monde », la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg propose l'exposition "De l'Alsace au monde. Voyage dans les Archives de la Planète d'Albert Kahn". L'exposition est co-produite avec le Musée départemental Albert Kahn - Département des Hauts-de-Seine.

Elle "invite ses visiteurs à un voyage à travers les Archives de la Planète. Un projet de collecte photographique et filmographique initié par l'homme d’affaire et philanthrope Albert Kahn dans le but d'œuvrer à la compréhension mutuelle des sociétés humaines et à l’entente entre les peuples".

"Avec le slogan « Lire notre monde ! » la ville de Strasbourg, désignée capitale mondiale du livre par l’Unesco, a voulu clamer son attachement aux valeurs européennes et plus largement son ouverture au monde. Ces mots pourraient aussi être une invitation lancée par l’homme d’affaire et philanthrope Albert Kahn, tant il a cherché en imaginant les Archives de la Planète à œuvrer à la compréhension mutuelle des sociétés humaines et à l’entente entre les peuples".
.
"L’exposition De l’Alsace au monde propose un panorama – nécessairement partiel – de cette documentation riche de plus de 72 000 clichés et de centaines d’heures de films."

"Le parcours a été imaginé afin de rappeler d’une part les origines alsaciennes d’Albert Kahn et d’autre part, de souligner l’un des autres éléments moteurs des Archives de la Planète : la nécessité pour son instigateur de collecter, conserver et diffuser les traces de la diversité des coutumes et modes de vie à un moment, au début du XXe siècle, où la première mondialisation à l’œuvre tendait peu à peu vers une certaine uniformisation".
 
"Le parcours s’ouvre donc par l’évocation de l’Alsace, province perdue, recouvrée par la France en 1918 dont les missions photographiques mettent en avant à la fois les traits emblématiques, mais aussi la ruine comme pour rappeler cette nécessité omniprésente de capter l’éphémère. C’est ensuite l’ouverture au monde qui est soulignée, avec les reflets de quelques missions des Archives de la Planète et une sélection de films."

"L’exposition propose enfin une ouverture vers le Japon, l’un des pays qui a sans doute le plus fasciné Albert Kahn, une destination qui invite à réfléchir aux permanences et aux changements et à « garder les yeux grands ouverts » pour comprendre ce qu’à cent ans de distance, ces images disent du monde bouleversé qui est le nôtre."




Du 21 septembre 2024 au 26 janvier 2025
6, place de la République - STRASBOURG
Salle d'exposition - 1er étage
Du mardi au samedi de 10h à 19h
Dimanche de 13h à 19h
Visuels :
Masevaux, les bords de la Doller, Georges Chevalier, Mission : 1918 Alsace-Lorraine – Inv. A14268S , Département des Hauts-de-Seine-Musée départemental Albert Kahn – Collection des Archives de la Planète.

Tôkyô, Epiciers à l'entrée de leur boutique, devant laquelle sont exposés des fûts de bière, de «miso», de saké et du charbon de bois, Roger Dumas, Mission : 1926-1927 Japon – Inv. A68627X, Département des Hauts-de-Seine-Musée départemental Albert Kahn – Collection des Archives de la Planète.

Jaipur, une porte de la ville, Stéphane Passet, Mission : 1913-1914 Inde, Pakistan – Inv. A4191, Département des Hauts-de-Seine-Musée départemental Albert Kahn – Collection des Archives de la Planète.  

"Albert Kahn - Reflets d'un monde disparu" d'Augustin Viatte
France, 2016, 53 min
Sur Arte le  5 mai 2019 à 17 h 35
Visuels :
Conservation des autochromes : la famille Imafuku et leurs proches à la mission catholique, Asama, Japon, 1926, musée Albert Kahn, Boulogne-Billancourt
Autochrome, Ourga, Mongolie, femme mariée Khalkha à cheval, musée Albert Kahn, Boulogne-Billancourt
Credit : © Musée départemental Albert Kahn
Le jardin japonais d'Albert Kahn, musée Albert Kahn, Boulogne-Billancourt

Hommes du monde, premier numéro  de la série télévisée Le monde d’Albert Kahn
BBC, 55 minutes
Sur Histoire  les 10, 16 janvier, 22 et 28 janvier 2014.

Du 18 juin 2013 au 21 décembre 2014
10-14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt
Tel : 01 55 19 28 00
Hiver : du mardi au dimanche de 11 h à 18 h (Du 1er octobre au 30 avril)
Eté : du mardi au dimanche de 11 h à 19 h (Du 1er mai au 30 septembre)
Visuels :
Albert Kahn sur le balcon de sa banque, 102 rue de Richelieu, Paris.
Autochrome de Georges Chevalier, 1914, inv. I135
© Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine

La Mercedes Simplex 60 chevaux d’Albert Kahn près du lac de
Guéry en Auvergne. Auguste Léon, 20 juillet 1911, inv. A 6 251.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Autour de la fontaine Sainte-Geneviève, Paris (5e arrondissement).
Stéphane Passet, 25 juillet 1914, inv. A 13 652
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Le Pourquoi pas ? IV de Jean-Baptiste Charcot dans l’Antarctique.
opérateur non mentionné, sans lieu ni date.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine. DR

Le village japonais d'Albert Kahn.
Autochrome d'Auguste Léon, Boulogne, 20 avril 1915, inv. B 541.
© Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine

Aristide Briand avec des membres de la délégation française à la
conférence de Locarno. D’après film noir & blanc 35 mm de Camille Sauvageot, 3-17 octobre 1925, inv. AI 95 102.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Enfants jouant aux quilles dans les ruines de Reims (place d’Erlon).
Fernand Cuville, 6 mars 1917, inv. A 6 251.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Le verger-roseraie, dessiné par Achille Duchêne (1896-1900).
Auguste Léon, Boulogne, 6 juillet 1915, inv. B 587.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

La villa Kahn au cap Martin.
Camille Sauvageot, janvier-février 1927, inv. C 1 074.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Vasque de la basilique San Zeno à Vérone, Italie.
Fernand Cuville, 16 mai 1918, inv A 71 243 X.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

L’opérateur Paul Castelnau à Ismaïlia, Egypte.
Charles Winckelsen, 15 juin 1918, inv. A 15 907
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Chef de canton et autorités villageoises devant la maison communale
de Nam-giu, Tonkin, Indochine (auj. Vietnam), Léon Busy, mai 1915, inv. 13 652.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

Joueurs de tambours Yorouba à Sakété, Dahomey (aujourd’hui Bénin)
Frédéric Gadmer (mission R. P. Aupiais), 14 janvier 1930, inv. A 63 190 S.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Sein

Fayz Bey el Azm, un compagnon de l’émir Fayçal, Quweira,
Arabie (aujourd’hui Jordanie). Paul Castelnau, 2 mars 1918, inv. A 15 506.
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine

 A lire sur ce blog :

Les citations proviennent du dossier de presse.
Cet article a été publié le 19 décembre 2014 et 6 mai 2019, 17 juillet 2020.