Arte diffusera à partir du 19 novembre 2024 à 20 h 55 « Au cœur des ténèbres : l'opération Barbarossa », documentaire passionnant et émouvant, en deux parties, de Thomas Sipp. « En 1941, rompant le pacte germano-soviétique, Hitler lance avec l'opération Barbarossa l’invasion de l’Union soviétique. Au travers de films amateurs, de lettres et de journaux intimes, le récit poignant, par ceux qui l’ont subie, d’une effroyable boucherie aux six millions de morts. »
« En juin 1941, Hitler décide de rompre le pacte germano-soviétique et de mettre l’armée allemande en marche vers Moscou. De l’été à l’hiver et de Kiev à Leningrad, des images d’archives inédites, certaines recolorisées, retracent l’opération militaire la plus sanglante de la Seconde Guerre mondiale. Des témoignages de soldats et de civils relatent ces interminables mois de batailles et de sièges. »
« Au travers d’archives, de films amateurs, de lettres et de journaux intimes – entre autres ceux de Hans Roth, un soldat allemand, et de Gueorgui Efron, le fils de la poétesse russe Marina Tsvetaïeva –, ce documentaire poignant, dont les séquences d’animation graphique amplifient la force narrative des témoignages, nous plonge au cœur de l’enfer. »
« À l’envers des glaçants discours martiaux de Hitler et de Staline, les acteurs et victimes de l’opération "Barbarossa", femmes et hommes emportés dans la barbarie, racontent la violence inouïe, les vies broyées et le dégoût. »
« Des deux côtés, des soldats, certains à peine sortis de l’adolescence, et des civils, frères dans l’impuissance, consignent leur éprouvante expérience et dénoncent la folie meurtrière dans l’espoir que cette boucherie, la plus grande invasion militaire de l’histoire, ne soit pas oubliée par les générations futures. Au-delà de la sidération, l’humanité et la lucidité qui infusent leur plume éclairent alors les ténèbres de vacillantes lueurs. »
Les soldats russes se sont battus jusqu'à la mort car ils savaient notamment que, s'ils étaient faits prisonniers, ils auraient été présentés comme lâches ou déserteurs et toute leur famille risquaient d'être tuées par le pouvoir soviétique.
Sidérant. Un Russe ou un Ukrainien alerte son ami juif sur les massacres commis par l'Armée allemande. Incrédule, son ami juif ne peut pas le croire, convaincu que le pouvoir soviétique est expert en propagande et est connu pour avoir tué des millions de Russes : "Les Allemands feraient cela ? Impossible : c'est un peuple cultivé... "
La confusion est telle et la confiance en l'Armée Rouge si grande que les Russes voyant arriver les tanks allemands les prennent pour des tanks... russes.
« Librement inspiré du livre de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, "Barbarossa 1941. La guerre absolue", Passés Composés / Humensis, 2019 ». « L’opération Barbarossa, qui s’ouvre le 22 juin 1941, ne ressemble à aucune autre dans l’Histoire. Elle met aux prises les deux systèmes militaires les plus puissants et les deux régimes les plus brutaux. Les plans sont ineptes, les armées bien en dessous de leurs missions. Dans le combat comme dans l’occupation, la Wehrmacht conjugue la logique exterminatrice du nazisme avec celle de sa propre culture militaire, qui pousse la terreur à son paroxysme. L’Armée rouge se vide de son sang, prise entre les feux d’un ennemi affranchi de toutes les normes humaines et la répression sauvage du bolchevisme stalinien. Dix millions d’hommes s’affrontent lors de batailles aux proportions monstrueuses : les plus gros encerclements, les percées les plus spectaculaires, les retournements les plus improbables aussi. Le résultat de cette moisson de superlatifs est la création d’un brasier de proportions inouïes. Combats, exécutions, exactions, famines délibérées tuent en 200 jours plus de 5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, de soldats et de civils. Ce semestre d’une densité extrême, le plus létal de la Seconde Guerre mondiale, méritait sa fresque. C’est à la brosser que se sont attachés Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, passant du Kremlin au QG du Führer, des états-majors des Fronts à ceux des groupes d’armées, du NKVD aux Einsatzgruppen, des unités en marche aux usines et aux fosses d’exécution. Une somme unique et exceptionnelle. »
1ère partie : « L'été »
« En 1941, rompant le pacte germano-soviétique, Hitler lance avec l'opération "Barbarossa" l’invasion de l’Union soviétique. Au travers de films amateurs, de lettres et de journaux intimes, le récit poignant, par ceux qui l’ont subie, d’une effroyable boucherie aux six millions de morts. »
« Juin 1941. Galvanisés par leurs victoires en Norvège, aux Pays-Bas, en Belgique et en France, les Allemands se préparent à une opération secrète, l’invasion de l’Union soviétique. Nom de code : "Barbarossa". »
« Rompant le pacte germano-soviétique signé en 1939, Hitler, pressé d’étendre à l’est l’espace vital germanique – le Lebensraum –, envisage cette guerre comme un "combat d’extermination" des communistes. »
« Après un déluge de bombes de la Luftwaffe, quatre millions de soldats se déploient sur trois axes : au sud vers l’Ukraine, au centre vers Moscou et au nord vers Leningrad. »
« L’offensive surprend l’Armée rouge dont nombre d’officiers supérieurs ont été décimés par les grandes purges de 1937-1938. »
« Dans les pays baltes annexés par les Soviétiques deux ans plus tôt et dans l’ouest de l’Ukraine, les populations, opprimées par le stalinisme, accueillent d’abord les Allemands dans la liesse. »
« Alors que l’infanterie russe subit de terribles pertes, la Wehrmacht ne cesse de progresser, entraînant dans son sillage des centaines de milliers de prisonniers. »
« À l’arrière, les opposants au Reich sont persécutés, les pogroms contre les juifs, encouragés et les représailles collectives sur les civils, autorisées, l’amnistie des crimes de guerre étant même octroyée aux troupes allemandes. »
« Pourtant, bien que l’URSS accumule les défaites, elle résiste. Le 3 juillet à la radio, Staline, qui poursuit, avec le NKVD, son implacable politique de terreur, enjoint ses "frères et sœurs" à un sursaut patriotique, bientôt relayé par une intense propagande. »
« Mais en septembre, la jonction des armées allemandes du centre et du sud aux portes de Kiev constitue un désastre pour l’Armée rouge. Tombée sans combat, la ville s’embrase sous les explosions de mines à retardement. Accusant la population juive d’en être responsable, les Einsatzgruppen, aidés par des collaborateurs locaux, exécutent en deux jours 33 371 juifs dans le ravin de Babi Yar. Ce massacre marque un tournant dans la radicalisation de la politique d’extermination et le génocide en cours. »
"Nous vivons dans l’horreur que suscite en nous cet océan de sang que font couler tous les jours, toutes les heures et toutes les minutes des abrutis en manteau vert-de-gris portant des ceintures sur lesquelles est inscrit “Dieu est avec nous”, écrit la jeune bibliothécaire Irina Khorochounova. »
« Depuis début septembre 1941, la Wehrmacht avance à nouveau sur tous les fronts, d’autant qu’affaiblies par les combats de l’été, les troupes sont pressées d’en finir. Kiev est conquise, Leningrad, assiégée, et le verrou de Smolensk sur la route de Moscou a cédé. Face à une Armée rouge exsangue, Hitler veut lancer avant l'hiver une grande offensive contre la capitale russe. »
« Avec l'opération "Typhon", la "dernière bataille", un déluge de feu s’abat sur les forces soviétiques, quand les panzers percent ses lignes. La population, abreuvée par la propagande, ignore encore la progression fulgurante des Allemands, saluant les tankistes qu’elle prend pour des compatriotes. Les pertes de chaque côté sont énormes. Alors que des villes russes tombent, Moscou est sous le feu des bombes, tandis que les privilégiés du régime fuient la capitale. »
"On n’entrera pas dans les villes russes, tonne Hitler, leurs habitants doivent tous mourir. Nous n’avons pas à avoir de scrupules, nous ne sommes pas des bonnes d’enfants…"
« Mais les vivres s’épuisent et les troupes allemandes s’embourbent avec l’automne qui vient. »
« Dans un discours, Staline invoque les grandes figures de la Russie éternelle pour mobiliser les Soviétiques malgré les pénuries et la faim. Dans un ultime sursaut, la résistance s’intensifie. Sous la neige, Moscou, déjà érigé de barricades, se défend et tient, face à des envahisseurs éreintés par l’hiver. Régénérée par le rappel de réservistes, l’Armée rouge lance une puissante contre-offensive qui sauve la capitale. Avec près de six millions de morts, l’opération "Barbarossa" échoue dans un effroyable bain de sang. »
"Nous sommes devenus insensibles aux souffrances des autres"
Témoignages extraits du documentaire
"J’écris parce qu’il est indispensable que le monde sache qu’un crime horrible est en train d’être commis et qu’il faudra le venger. J’écris, et au même moment, on continue d’assassiner en masse des enfants innocents et sans défense, des femmes et des vieillards dont beaucoup sont enterrés vivants, parce que les Allemands sont économes et n’aiment pas gâcher des balles inutilement, et nous sommes totalement impuissants."
Irina Khorochounova, 28 ans, bibliothécaire à Kiev
"Ma vie et ma pensée ne parviennent plus à passer par-dessus la fatigue, l’envie de fuir, le besoin de sommeil, la faim… La torture des avancées à marche forcée nous a rendus aigris, au point que nous sommes devenus insensibles aux souffrances des autres. Nous exhibons nos gains mal acquis et jouissons de l’impression que nous faisons avec un pistolet sur une femme sans défense, qui a la malchance d’être russe…"
Willy Peter Reese, 20 ans, soldat de la Wehrmacht
« Au cœur des ténèbres : l'opération Barbarossa » de Thomas Sipp
France, 2024
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici, A_Bahn
Avec le soutien de la Région Ile-de-France
Auteur : Thomas Sipp, librement inspiré du livre de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri
Commentaire dit par Valérie Dreville
Avec les voix de Nicolas Bouchaud, Marina Hands et Jérôme Robart
1ère partie (55 min) : les 19 novembre 2024 à 20 h 55, 09 décembre 2024 à 9 h 25
2e partie (53 min) : les 19 novembre 2024 à 21 h 50, 09 décembre 2024 à 10 h 20
Sur arte.tv du 12/11/2024 au 23/06/2025
Disponible jusqu'au 25/05/2025
Visuels : © Les Films D' Ici
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