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mardi 12 novembre 2024

« Adoption internationale, un scandale planétaire » de Christine Tournadre et Sonia Gonzalez

Arte diffusera le 12 novembre 2024 à 20 h 55 « Adoption internationale, un scandale planétaire » de Christine Tournadre et Sonia Gonzalez. « Adoptés dans l’enfance à l’étranger, ils se démènent aujourd’hui pour retrouver leurs parents biologiques, dont ils ont été séparés dans l’illégalité. Une enquête glaçante sur les dérives criminelles d’un lucratif commerce et les failles dans la protection des droits des mineurs. »

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« Trentenaires ou quadragénaires, ils sont des milliers, adoptés dans l’enfance à l’étranger, à réclamer la vérité. »

« Certains ont été volés à leur mère au Chili sous la dictature de Pinochet ou en Corée du Sud, précurseur de l’adoption internationale dès les années 1950 – jusqu’à la décennie 1980, la moitié des enfants adoptés à l’étranger dans le monde en étaient originaires. » Préjugés, mensonges, complicité d'oeuvres catholiques... Tout se conjugue pour séparer brutalement les mères de leurs enfants.

« D’autres sont nés de femmes mises enceintes et séquestrées dans des "fermes à bébés" au Sri Lanka, avant d’être vendus. Parfois, leur visa a été falsifié, leur date de naissance ou leur nom, modifié, rendant leur quête pour retrouver la piste de leur filiation aussi douloureuse qu’éprouvante. Un peu partout, ils se heurtent au silence des administrations et à l’inertie de la justice lorsqu’ils se risquent à demander des comptes. »

« Si, dans l'imaginaire collectif, l'adoption internationale évoque des enfants abandonnés dans les orphelinats de pays pauvres, nombre d’entre eux ont en réalité été séparés de leurs parents biologiques de manière irrégulière, voire illégale, avec la complicité des autorités des pays d’origine. »

« Grâce aux actions menées par ces adoptés devenus adultes, le film met au jour les abus systémiques perpétrés depuis des décennies, et soulève la responsabilité des pays adoptants. »

« Afin de répondre au désir d’enfant de couples infertiles, l’adoption internationale, véritable marché depuis les années 1980, demeure un monde opaque dont profitent en toute impunité des criminels. »

« Malgré la convention de La Haye sur la protection des enfants – signée ou ratifiée par une centaine d’États depuis 1993 –, et la coopération en matière d’adoption censée l'encadrer, des investigations journalistiques ont révélé ces dernières années la survivance de pratiques sordides – bébés volés, faux orphelins, pressions sur les mères, documents falsifiés – qui favorisent le trafic d’enfants. »

« Nourrie de rappels historiques, d’éclairages apportés notamment par l’universitaire Yves Denéchère, coauteur d’un récent rapport*, et Emmanuelle Hébert, cofondatrice de l’association Réseau des adopté•es à l’international en France (RAIF), ainsi que de témoignages poignants, une enquête glaçante sur les dérives d’un lucratif commerce et les failles persistantes dans la protection des droits des mineurs. »

* Étude historique sur les pratiques illicites dans l'adoption internationale en France, coécrite avec Fábio Macedo, en accès libre sur https://univ-angers.hal.science/hal-03972497v1



« Coadministratrice et bénévole de l'association Réseau des adopté•es à l’international en France (RAIF), Johanna Lamboley, qui témoigne dans le documentaire, a été enlevée au Chili à l’âge de 5 ans. Elle revient sur son histoire et sur les obstacles qui entravent la quête de vérité des victimes d’adoptions illicites à l’étranger. Propos recueillis par Christine Guillemeau ».

« Dans quelles circonstances avez-vous découvert qu’avant d’être adoptée en France vous aviez été volée à votre mère sous la dictature de Pinochet ?
Johanna Lamboley : En 2020, j’ai retrouvé par hasard mon passeport chilien. J’ai alors commencé à effectuer des recherches sur Internet et, de fil en aiguille, je suis tombée sur un article de la presse chilienne intitulé “La route des enfants volés pour l'adoption internationale”. On y relatait que 374 enfants, arrachés à leurs parents, avaient transité à la même adresse que celle mentionnée sur mes papiers d’adoption – l’hôtel Montecarlo –, avant de quitter le pays pour l’étranger. Mon monde s’est écroulé : depuis l’enfance, je m’étais construite avec l’idée que ma mère n’avait pas pu ou voulu s’occuper de moi. Or ce n’était pas le cas : elle m’a cherchée pendant trente-cinq ans avant que je finisse par la retrouver.

Pourquoi l’omerta règne-t-elle encore sur les dérives criminelles qui ont permis de proposer de faux orphelins à l’adoption internationale ?
D’abord, en raison de la tentation très répandue d’éviter de “faire des vagues”. Beaucoup de personnes ont aussi facilité à un niveau ou un autre les sorties de territoire de ces bébés ou de ces jeunes enfants et n’ont pas intérêt à ce que leur participation soit révélée. Il peut s’agir de prêtres, de membres de congrégations religieuses, d’associations, de médecins et d’infirmiers, de personnels d’ambassade ou de compagnies aériennes. Certains ont été rétribués, tout comme les différents services administratifs des pays qui ont délivré les documents nécessaires aux adoptions. Fabriquer de faux orphelins pour les envoyer à l’étranger est un commerce qui requiert de multiples complicités !

Quelle est aujourd’hui la position du Chili quant à ces crimes passés ?
On estime qu’en trente ans 25 000 enfants chiliens ont été adoptés à l’étranger, et qu’un certain nombre d’entre eux ont été victimes d’adoptions illicites. En juin 2024, le président chilien Gabriel Boric a reconnu ces "irrégularités", comme l’avait déjà fait son prédécesseur. Mais le juge qui avait été désigné pour prendre en charge les plaintes vient d’être relevé de ses fonctions pour partialité. Nous espérons que le prochain permettra aux dossiers et à la justice d’avancer.

Quels sont les combats menés par l’association Réseau des adopté•es à l’international en France (RAIF), dont vous êtes coadministratrice ?
Elle mène depuis 2021 un plaidoyer en direction des politiques français et des instances internationales. Notre association soutient les personnes adoptées à l’étranger et assure la défense de leurs droits, notamment celui de l'accès à leurs origines personnelles. Nous souhaitons l'ouverture des archives diplomatiques et des dossiers d'adoption tant dans les pays de naissance qu’en France afin de faciliter leurs démarches de recherche. Nous demandons l’accès à des tests ADN gratuits et encadrés, afin d’éviter toute utilisation des données génétiques à des fins commerciales. Nous souhaitons aussi la mise en place d'un accompagnement psychologique pour les personnes adoptées, chez qui le taux de suicide est élevé. Nous militons enfin pour la levée de la prescription dans le cadre des adoptions illégales avérées. Aujourd’hui, si quelques jalons ont été posés, nous ne sommes qu'au début d’un combat qui s’annonce long et laborieux. »

« Adoption internationale, un scandale planétaire » de Christine Tournadre et Sonia Gonzalez
 
France, 2024, 92 min
Coproduction : ARTE France, Tangerine Productions
Sur Arte les 12 novembre 2024 à 20 h 55, 18 novembre 2024 à 9 h 25
Sur arte.tv du 05/11/2024 au 16/06/2025
Visuels :
© Migrar photo
© Tangerine Productions
© Dilani Butink

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