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dimanche 6 octobre 2024

L’agression djihadiste du 7 octobre 2023, la guerre israélienne « Glaives de Fer » et la France

Le samedi 7 octobre 2023 au matin, lors de Sim’ha Torah (Souccot), environ 6 000 Gazaouis lourdement armés - 3 800 terroristes islamistes, notamment du Hamas, et 2 200 civils -, ont envahi, le sud de l’Etat d’Israël pour commettre le djihad en criant « Allah Akbar ». Hausse immédiate et dramatique du nombre d’actes antisémites, refus du Président Emmanuel Macron de participer à une marche contre l’antisémitisme, instrumentalisations politiques des Français juifs, carences du leadership communautaire… Un bilan inquiétant près d’un an après cette agression djihadiste et la réponse militaire existentielle israélienne « Glaives de Fer » (Swords of Iron). Article publié en une version plus concise dans le numéro 12 (octobre 2024) de Torah Times Magazine.
 
« Le monde d’Albert Kahn. Moyen-Orient : la naissance des nations » de David Okuefuna
« La fin des Ottomans », par Mathilde Damoisel
« Cent ans de guerre au Moyen-Orient. L'accord secret Sykes-Picot et ses fatales conséquences  » par Alexander Stenzel
Daniel Greenfield quoted in American English part of my article in FrontPage Magazine
« Made in France - Au service de la guerre » de Sophie Nivelle-Cardinale et Alice Odiot

« Offensive de grande envergure », « pogrom », « méga-pogrom d’intention génocidaire » (Pierre-André Taguieff, philosophe, historien des idées),  « attaque terroriste », « le plus grand massacre de juifs depuis la Shoah », « attentat terroriste », voire selon des islamogauchistes « acte de résistance »… La terminologie n’est pas fixée dans les discours français, et occulte généralement l’implication des civils gazaouis et le caractère islamique de l’agression par terre, air et mer du 7 octobre 2023.

Conformisme au « politiquement correct » ? Ignorance ? Nul ne qualifie pertinemment d’agression djihadiste les actes - invasion, viols, assassinats, razzias, rapts… - commis par des milliers de Gazaouis : civils, dont des employés de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), et membres de cinq mouvements islamistes : Hamas, Djihad islamique, Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et Brigades des martyrs d'Al Aqsa. Et pourtant, les signes ne manquent pas : cris "Allah Ouakbar" des djihadistes gazaouis lors de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa" - la mosquée al-Aqsa est un thème central, fédérateur, dans la rhétorique des Frères musulmans -, opération « Khaybar » du Hezbollah lancée début octobre 2024 contre l'Etat d'Israël - lors d'une bataille dans l'oasis Khaybar (dans l'actuelle Arabie saoudite), Mahomet, prophète de l'islam, et ses compagnons avaient attaqué et vaincu la tribu juive, prospère et érudite des Banu Nadir qui y vivait -, etc.

Pour des raisons diplomatiques et économiques, les soutiens des djihadistes – Iran et ses proxys (Hamas dans la bande de Gaza, Hezbollah au Liban, Houthis au Yémen), Qatar – ou leur complice – Egypte – ne sont pas toujours nommés.

La classe politique a généralement condamné, sous des modalités sémantiques différentes, ces actes, en évitant quasi-systématiquement de caractériser ce terrorisme d’« islamiste ». Et La France Insoumise (LFI) a refusé de qualifier le Hamas de « terroriste ».

Est vite arrivé le temps de la justification – « l’occupation » ou « la colonisation de la Cisjordanie » - puis le déni et la revendication d’une « Palestine de la mer au Jourdain » par des islamo-gauchistes.

Antisémitisme islamique tabou
Sur les 1676 actes antisémites recensés en 2023 par le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), « plus de 1200 actes antisémites ont été signalés du 7 octobre au 31 décembre 2023 ». Presque le quadruple du nombre en 2022 (436). Ces actes « se sont produits sur presque tout le territoire national... Près de 60% visent des personnes ».

Au premier semestre 2024, « 887 faits » antisémites ont été recensés, contre 304 au cours de la même période en 2023. « Les deux tiers des actes antireligieux  sont contre les juifs », a déclaré Gérald Darmanin, ministère démissionnaire de l’Intérieur, le 25 août 2024. Les Français juifs représentent environ 0,6% de la population française.

« Importation du conflit israélo-palestinien », « antisémitisme d’atmosphère », « antisémitisme sous couvert d’antisionisme », « composante de l’islamo-gauchisme »… Telles sont les « explications » avancées prudemment… pour éviter d’évoquer un antisémitisme et un antijudaïsme islamiques que seul, Eric Zemmour, Président de Reconquête !, désigne en les liant à l’immigration « de culture arabo-musulmane ».

« L'honnêteté intellectuelle consisterait à reconnaître l'importance des préjugés [antisémites chez les musulmans] pour mieux les combattre, et non à les mettre sous le tapis comme le fait le recteur [de la Grande mosquée de Paris Hafiz Chems-eddine]… sous le regard perplexe du [Grand Rabbin de France ou GRF Haïm Korsia] qui s'abstient de le tacler par amitié », a écrit Ferghane Azihari, chroniqueur au Point, sur X, le 28 octobre 2024.

Publiée en mai 2024 par l’Institut français d'opinion publique (IFOP) pour l’American Jewish Committee (AJC) Paris, en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), « la radiographie de l’antisémitisme en France » a souligné l’« augmentation des préjugés antisémites chez la population musulmane ».

Le principal carburant de cet antisémitisme demeure le « palestinisme » (Sammy Ghozlan).

Par deux circulaires - 10 octobre 2023 et 29 avril 2024 -, le Garde des Sceaux et ministre de la justice Eric Dupond-Moretti a demandé aux procureurs une « réponse pénale ferme et rapide » face à l’antisémitisme et à « l’apologie du terrorisme ». Présidente de l’Organisation Juive Européenne (OJE), Me Muriel Ouaknine-Melki a déploré le 24 août 2024 sur CNews la non-application des circulaires, et a exhorté à des « sanctions plus rapides, plus fermes ».

Manifestations et rassemblements haineux, blocages et occupations d’établissements prestigieux, tels la Sorbonne et l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris par des individus pro-Hamas portant masques et keffiehs, brandissant des drapeaux palestiniens aux cris de « Free Palestine »... Des actions aux mots d’ordre mensongers - « massacre », « génocide », « famine » à Gaza – qui ont réactivé le stéréotype antisémite du juif cruel, meurtrier.

Une propagande anti-israélienne reprise par des politiciens et des médias partiaux diffusant des images de Pallywood comme reflétant la réalité.

Derrière cette agitation islamo-gauchiste : essentiellement le Comité Palestine et Urgence Palestine, surprise de l’absence de répression gouvernementale de ses actes. Leur dissolution n’a pas été initiée, malgré les troubles à l’ordre de public commis.

Réalisées par l’IFOP pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), quatre enquêtes (2023-2024) sur « le regard des Français sur le conflit israélo-palestinien et ses conséquences sur la France » ont révélé leur soutien durable à Israël : en juin 2024, « 72 % éprouvent un peu ou beaucoup de sympathie pour les Israéliens, et 56 % considèrent que l'objectif d'Israël d'éliminer le Hamas est justifié ».

Instrumentalisations politiques
« Les services de renseignements français avaient repéré des indices d'une attaque terroriste. Ils ignoraient la date. Jusqu’au 7 octobre, en vertu d'un accord entre le Président Jacques Chirac et Yasser Arafat, le renseignement n’était pas partagé avec Israël. Le Président Emmanuel Macron a-t-il été informé ? Ce n'est pas impossible », avait révélé le journaliste Georges Malbrunot le 30 août 2024 sur RTL.

Le 7 octobre 2023, le Président Emmanuel Macron avait condamné « les attaques terroristes », et demandé la libération des otages ainsi qu’un cessez-le-feu. 

Après son échec à constituer une coalition internationale pour lutter contre le Hamas et après le vote de la France Pour la résolution onusienne du 27 octobre 2023 ne condamnant pas le Hamas, le Chef de l’Etat a, les 10-12 novembre 2023, multiplié les actes graves hostiles aux juifs et à Israël. Sur la BBC, il accusé Israël de tuer des bébés (blood libel) - accusation fausse, diffamatoire, portée contre les juifs accusés de tuer des enfants non-juifs (crime rituel), et dont on sait la portée létale pour les Juifs dès le Moyen-âge. Puis, dans un hommage au Soldat inconnu, il a rétrogradé les juifs en dernière position, après les musulmans et les catholiques. Last, not least, il a refusé de participer à la « marche contre l’antisémitisme et pour la république » : il estimait que sa fonction présidentielle excluait de manifester, et voulait « préserver l’unité de notre pays. » Une décision influencée par Yassine Belattar qui avait alerté les conseillers élyséens « à ne pas commettre l’erreur irréparable qui donnera aux quartiers des raisons de s’enflammer ».

Après la déclaration du Président de Gaulle en novembre 1967 (« peuple sûr de lui et dominateur »), le GRF Jacob Kaplan avait exprimé . Et c’était de Gaulle ! Après la photo montrant le Président Giscard d’Estaing regardant Israël avec des jumelles, lettre. 

Initiative des Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat – respectivement Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher -, cette marche a réuni en France 182 000 personnes, dont des élus du Rassemblement national (RN), et à Strasbourg quelques élus de LFI. Une marche silencieuse et sans drapeaux israéliens !?

On reste perplexe devant les contradictions françaises : intervention militaire aux côtés d’Israël lors de l’attaque de l’Iran (13-14 avril 2024) et interdiction gouvernementale des stands d’Israël à Eurosatory, Salon international consacré à la défense et à la sécurité terrestres et aéroterrestres (17-20 juin 2024) à Villepinte. Un boycott étatique illégal.

Selon la « radiographie de l’antisémitisme » réalisée par IFOP Opinion, LFI, qui avait placé l’activiste anti-israélienne Rima Hassan au centre de sa campagne pour les élections européennes 2024 afin de capter le « vote halal », est perçue par 92% des Français juifs comme contribuant à la montée de l’antisémitisme. Si 31% des Français considèrent que Renaissance, parti macronien, participe à cette montée, leurs concitoyens juifs sont 19% à partager cet avis.

L’accusation d’antisémitisme doit être crédibilisée par la « caution » de dirigeants communautaires qui s’avèrent perdants dans leur immixtion dans la vie politique. Brandie par la Macronie, elle a permis d’écarter de « l’arc républicain », de disqualifier un adversaire politique diabolisé, le RN qui, comme LFI, n’a jamais été dissous. 

Aux élections législatives anticipées 2024, malgré les accusations d’antisémitisme visant LFI, la gauche, dont le Parti socialiste réclamant « un embargo sur les armes et munitions à Israël », a rallié LFI dans le Nouveau Front populaire (NFP). Quant à la Macronie, elle a appelé à voter pour le NFP contre le RN. Puis, elle a accordé des postes-clés à l’Assemblée nationale aux députés LFI vers qui se sont portés aussi les votes du… RN. Celui-ci justifiant ses votes par le respect de la démocratie. Comprenne qui pourra.

Une communauté fragilisée
Près d’un quart de siècle depuis le déclenchement de l’Intifada II par Arafat en 2000, des dirigeants d’organisations juives françaises (Consistoires, CRIF, Union des étudiants juifs de France ou UEJF…) n’ont aucune stratégie d’actions, du court au long termes.

Incapables du moindre mea culpa, figés dans des « postures morales » anachroniques, laissant perdurer la seule image préjudiciable de coreligionnaires apeurés (film « Retrouvons notre fraternité » de la LICRA/Maurice Lévy/animateur Arthur), ils réagissent par de la communication, des rassemblements, la multiplication de Collectifs souvent ancrés à gauche…

Commis par des Algériens – l’un visé par une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) depuis 2022, l’autre connu défavorablement des services de police -, les incendies des synagogues de Rouen (17 mai) et de La Grande Motte (24 août) sont liés à une immigration massive non contrôlée, majoritairement musulmane, surreprésentée dans la délinquance, servant de vivier et de « bouclier humain » aux djihadistes. Une réalité tue par des dirigeants communautaires « politiquement corrects ».

Ces dirigeants se sont mobilisés publiquement pour de brillants élèves juifs du prestigieux lycée Yavné ayant eu des notes anormalement basses dans une épreuve du Bac, mais pas pour des lycéens juifs inadmissibles, malgré leurs excellents dossiers scolaires, à l’épreuve orale pour l’admission au Bachelor de Sciences Po !? Si de grandes écoles et des campus universitaires sont interdits de facto aux juifs, où la jeunesse juive pourra-t-elle étudier ? Combien d’établissements scolaires juifs devront être ouverts pour accueillir l’afflux enregistré à la rentrée 2024 d’élèves dont la sécurité n’est plus assurée dans « l’école publique » ? Et, est-ce la seule solution ?

Par manque de lucidité, ce leadership ne s’est pas indigné quand a été introduite et généralisée, dans l’enseignement et les entreprises, la « discrimination positive » favorisant la « diversité », notamment une « beurgeoisie » pas très judéophile, et antithèse de la méritocratie républicaine qui avait permis l’émergence d’une bourgeoisie juive française généreuse donatrice pour la Tsedaka.

N’ayant pas combattu pour la vérité dans l’affaire al-Dura et pour l’intégration des juifs et du Judaïsme dans le « récit national », ces dirigeants ne savent pas contrer la désinformation, comme l’a montré l’interview sur BFM du GRF Haïm Korsia, pour le moins maladroit. Ce sont des militants ou lanceurs d’alertes, tels le Collectif des vigilants ou SwordOfSalomon, qui, sur les réseaux sociaux, repèrent les antisémites ainsi que les fake news, et réinforment.

Bénéfique électoralement à l’« extrême-centre », la ligne politique « ni extrême-gauche ni extrême-droite » d’un leadership refusant de hiérarchiser les menaces pour nouer des alliances tactiques, a été remise en question par Serge Klarsfeld, Richard Prasquier, Président d’honneur du CRIF, et des dirigeants communautaires franciliens. Ceux-ci, « à l’écoute de la voix juive des quartiers » (Albert Myara, président de communauté, 94), ont contesté la « représentativité politique » de ce leadership. Entre les deux tours des élections législatives anticipées, ils ont rencontré Marine Le Pen, Présidente à l'Assemblée nationale du groupe RN, pour l’interroger notamment sur la she’hita (abattage rituel juif). Une action contrant la stratégie mitterrandienne brandissant la menace d’une « extrême-droite fasciste » qui n’était « que du théâtre » (Lionel Jospin).

Ce leadership communautaire n’a pas réagi adéquatement après le blood libel du Président Emmanuel Macron. Pire, ce Chef d’Etat a reçu à l’Elysée, le 7 décembre 2023, le Prix Rabbi Lord Jakobovits de la Conférence des rabbins européens (CER) dont le premier vice-président est le GRF Haïm Korsia. Lors de la cérémonie de remise, ce thuriféraire de la laïcité a allumé… une bougie de Hanoucca, ce qui a suscité une polémique. Une réelle « amicale complicité » existe-t-elle entre le Président Emmanuel Macron et le GRF Haïm Korsia dont les intérêts sont parfois divergents, et sert-elle la communauté juive française ?

En outre, « les mois qui ont suivi le massacre du 7 octobre ont révélé l’échec de l’éducation occidentale sur la Shoah, qui n’a jamais visé à éclairer les séquelles de l’idéologie nazie dans le monde musulman », a observé l’essayiste Matthias Küntzel. Effectivement, ce leadership communautaire a présenté depuis des décennies une Shoah « islamiquement correcte ». Et, il ne rappelle pas le souvenir de l’exil contraint de près d’un million de juifs du monde arabo-musulman, essentiellement des années 1940 aux années 1970.

Ces dirigeants communautaires restent isolés. Ils soutiennent la « solution à deux Etats »… alors que la Knesset a majoritairement adopté en juillet 2024 une résolution contre la création d’un Etat palestinien. Si les relations institutionnelles judéo-catholiques se sont révélées solides, celles avec des instances musulmanes se sont profondément délitées. Signe de l’échec du « dialogue judéo-musulman ». 

Dans ce contacte alarmant, « les demandes d’ouverture de dossiers d’aliyah (6 440) auprès de l’Agence juive ont augmenté, depuis le 7 octobre, de plus de 510 % par rapport à la même période de l’an passé. » Et le gouvernement israélien envisage une aliyah d’urgence de France.

La parenthèse historique ouverte après 1944 et bénéfique pour les Français juifs s’est-elle progressivement fermée depuis 1967 ?


8 octobre 2024 à 19 h à Paris : soirée de soutien, de la loge Ben Gourion @BnaiBrithFrance, au kibboutz agricole Messiloth à portée de missiles du Hezbollah, à 7 km de la frontière 🇯🇴, sans barrière de sécurité anti-terroriste. 
En présence de Me Gilles-William Goldnadel. 


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Cet article a été publié dans le numéro 12 (octobre 2024) de Torah Times Magazine.

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