Le Musée d’Art Moderne de Paris présente l’exposition politique partiale, choquante, peu artistique « Présences arabes. Art moderne et décolonisation. Paris 1908 – 1988 ». Cette exposition et son catalogue évoquent les "massacre du 17 octobre 1961", "crimes racistes" et "violences policières" en France, la "colonisation" après la guerre des Six-Jours (1967) "de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie". Bref, la vision "arabe" ou "islamique" de l'Histoire. L'exposition souligne le rôle crucial de la France, surtout de Paris, de ses politiciens, de ses intellectuels dans la "cause Arabe".
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Pour connaître l'ampleur de la désinformation sur Israël, il convient de s'intéresser à la programmation des musées subventionnés par la Mairie de Paris ou/et l'Etat, et bénéficiant du public scolaire captif.
Financé par l'argent public, des expositions véhiculent des messages antisémites, délégitiment ou diabolisent Israël. Le prestige de l'institution qui les accueille, de l'éditeur publiant leur catalogue leur confèrent un label culturel, de véracité qu'elles ne méritent pas. La partialité, le cynisme, l'engagement politique ou la stratégie de carrière de dirigeants muséaux ne sauraient justifier certaines programmations.
Quand on sait combien le "palestinisme" s'avère un carburant pour l'antisémitisme, la responsabilité de l'Etat, représenté par le ministère de la Culture dirigé maintenant par Rachida Dati, de collectivités locales, en l'occurrence la Mairie de Paris dont l'édile est Anne Hidalgo, et la Cour des Comptes demeure engagée. L'argent des contribuables doit-il servir à payer ces évènements sans lien avec la mission du service public de musées d'art ?
J'ai consacré de nombreux articles sur ce thème grave qui indiffère des dirigeants communautaires inactifs : "Ici", "Jérusalem plomb durci" et "J'ai soif", "Les inquiets. Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari. 5 artistes sous la pression de la guerre", « Gaza 2010 » de Kai Wiedenhöfer, "Murs", etc.
Au premier semestre 2024, le Palais de Tokyo a présenté « Passé Inquiet : Musées, Exil et Solidarité », exposition "documentaire qui retrace des histoires d’engagement d’artistes ainsi que quatre cas de musées solidaires au mouvement international anti-impérialiste des années 1960-1980. Fruit d’une recherche démarrée en 2008 par les chercheuses et curatrices Kristine Khouri et Rasha Salti". Outrée par le caractère politique, anti-israélien, et non artistique de l'exposition, Sandra Hegedüs, collectionneuse d'art contemporain et mécène née dans une famille juive d'origine hongroise au Brésil, avait démissionné de l'association Amis du Palais de Tokyo. Un acte médiatisé critiqué par ceux vivant de ces dérives politiques grâce à la manne publique.
« Le Musée d’Art Moderne de Paris propose de redécouvrir la diversité des modernités arabes au XXe siècle et de renouveler le regard historique sur des scènes artistiques encore peu connues en Europe. À travers une sélection de plus de 200 œuvres, pour la plupart jamais exposées en France, l’exposition Présences arabes – Art moderne et décolonisation, Paris 1908-1988 met en lumière la relation des artistes arabes avec Paris, tout au long du XXe siècle. C'est un paradoxe éludé par l'exposition : c'est dans des pays colonisés, dont l'Egypte, qu'est apparue la "Nahda" ("renaissance culturelle arabe").
Avec une acception élargie du mot "Arabe", « l’exposition explore une autre histoire de l’art moderne, éclairée par de nombreuses archives sonores et audiovisuelles historiques présentes dans le parcours." Elle explore de manière partiale l'histoire du XXe siècle : par exemple, elle occulte le djihad contre l'Etat Juif, la France durant la guerre d'Algérie, elle couvre du même vocable "colonisation" le statut de l'Algérie constituée de départements français et la Judée, la Samarie ou Jérusalem.
Aucun cartel n'analyse les affiches exposées : un Jésus "palestinien" crucifié sur une croix en forme d'Etat d'Israël ! Un homme "palestinien" tenant dans ses mains un enfant mort, donc un blood libel ! Un hommage choquant à Mahmoud Salah, ,"martyr de la révolution palestinienne et de la révolution arabe" : les deux mains d'un homme tendent un fusil empoigné par la main d'un autre homme, avec en fond un cadavre allongé et l'Etat d'Israël coloré en rouge sang. Qui était Mahmoud Salah ? Un membre du mouvement terroriste islamique des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, repéré et arrêté par la police israélienne à Jérusalem le 8 mars 2002, dans une des années les plus meurtrières de l'Intifada II. Constatant que Salah essayait d'actionner l'engin explosif fixé autour sa taille, la police israélienne l'a tué, et, par prudence, a eu recours à un robot de déminage pour neutraliser la bombe de cet islamique. L'agence de presse AFP a publié onze clichés d'un photographe non-professionnel sur ces faits.
"Structurée de manière chronologique, elle débute en 1908, année de l’arrivée du poète et artiste libanais Gibran Khalil Gibran à Paris et de l’ouverture de l’école des beaux-arts du Caire. Elle se termine en 1988, avec la première exposition consacrée à des artistes contemporains arabes à l’Institut du Monde Arabe (inauguré quelques mois plus tôt) à Paris et avec l’exposition Singuliers : bruts ou naïfs, avec entre autres l’artiste marocaine Chaïbia Tallal et l’artiste tunisien Jaber Al-Mahjoub, présentée au musée des enfants du Musée d’Art Moderne de Paris. »
« Ainsi que l’écrit Silvia Naef, historienne d’art et l’une des autrices du catalogue de l’exposition Présences arabes au MAM : « Comment faire un art moderne et arabe ? Un vrai projet esthétique se met en place au cours du XXe siècle : pensé à la fois en rupture avec l’art académique, en écho avec les avant-gardes occidentales, dans le cadre d’une identité nationale propre, sans retour pour autant à un art islamique. » Non. Constitué en 1936 en Tunisie, le "groupe des Quatre" était constitué des peintres, Moses Levy, Pierre Boucherle, Jules Lellouche et Antonio Corpora, et formait une première "école de Tunis" d'artistes ne se référant pas à l'art islamique. Né en 1937 dans une famille bourgeoise Juive de Bagdad (Irak), Abraham Hadad a subi les persécutions antisémites et fait son aliyah. Ce peintre a découvert, durant son séjour à Paris, avec ravissement, « le sujet », les miniatures à Bagdad au XIIe siècle, les icônes orthodoxes, des arts « dont il ne soupçonnait pas l’existence ».
L’exposition remet ainsi en lumière plus de 130 artistes dont les œuvres constituent une contribution essentielle aux avant-gardes arabes et à l’histoire de l’art moderne du XXe siècle. Elle met également en évidence le rôle essentiel joué par Paris. Qualifiée de « capitale du tiers monde » par l’historien Michael Goebel, la ville est considérée dès les années 1920 comme un vivier des réseaux anticoloniaux et le foyer des nouvelles modernités cosmopolites. »
« Le parcours de l’exposition est construit autour de différentes trajectoires d’artistes ayant étudié dans les écoles des beaux-arts de leurs pays avant de venir étudier et s’installer à Paris pour continuer leur formation. Tout au long du XXe siècle, Paris est le lieu de l'accès à la modernité, de la critique du colonialisme et le centre de nombreuses rencontres. Le Musée d’Art Moderne y a lui-même joué un rôle important dans la période d’après-guerre grâce à ses expositions (Salon des réalités nouvelles, Salon de la jeune peinture, Biennale des jeunes artistes de Paris…) et aux acquisitions initiées à partir des années 1960. »
En édulcorant ou en occultant le contexte historique, cette exposition et son catalogue évoquent les "massacre du 17 octobre 1961", "crimes racistes" et "violences policières" en France, la "colonisation" après la guerre des Six-Jours (1967) "de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est..." Bref, la vision "arabe" ou "islamique" de l'Histoire. L'exposition souligne le rôle crucial de la France, surtout de Paris, de ses politiciens, de ses intellectuels, de ses institutions dans la "cause Arabe" et ses dérivés, dont la cause "palestinienne" génocidaire. Mais sans analyser ce fait qui peut s'expliquer en particulier par Eurabia, l'alliance entre anciens collaborateurs sous le régime de Vichy et anciens nazis, tous antisémites. Et cela, les commissaires de l'exposition omettent de l'indiquer.
Les affiches politiques, dont les auteurs sont inconnus, ne cachent pas leur but : la destruction de l'Etat d'Israël, donc l'assassinat de ses habitants, et l'avènement d'une "Palestine libre et démocratique" à sa place.
Les commissaires de l'exposition sont au Musée d’Art Moderne Odile Burluraux. Zamân Books & Curating : Morad Montazami Madeleine de Colnet et zamanbc.com
« Le parcours chronologique de l’exposition se déroule en quatre chapitres :
1 - Nahda : Entre renaissance culturelle arabe et influence occidentale, 1908-1937 :
Face à l’influence occidentale, la Nahda (renaissance culturelle arabe) se développe ; plus particulièrement en Égypte, au Liban et en Algérie grâce notamment aux écoles d’art, à la presse... En parallèle, à Paris, les grandes expositions dites universelles, dont la plus importante, L’Exposition coloniale de 1931, incluent des artistes issus des pays colonisés.
2 - Adieu à l’orientalisme : Les avant-gardes contre-attaquent.
À l’épreuve des premières indépendances (Liban, Syrie, Égypte, Irak), 1937-1956 :
Certains artistes renoncent à des références importées et imposées pour se saisir d’une expression artistique enracinée dans l’histoire locale (Égypte, Tunisie) mais aussi se connecter directement aux avant-gardes européennes. À Paris, les salons modernistes mettent en avant l’abstraction et accueillent les artistes arabes. C’est le temps des premières indépendances (Liban, Syrie, Égypte, Irak).
3 - Décolonisations : L’art moderne entre local et global.
À l’épreuve des deuxièmes indépendances (Tunisie, Maroc, Algérie), 1956-1967 :
Dans une période marquée par la violence et l’enthousiasme des indépendances nationales, notamment nord-africaines (Tunisie, Maroc, Algérie), l’Art moderne arabe se mondialise. Les expositions à Paris, comme la Biennale des jeunes artistes reflètent largement cette nouvelle dynamique.
Le « Salon de la jeune peinture », à Paris, est dominé par les questions politiques et les luttes anti-impérialistes internationales, de la guerre du Vietnam à la cause palestinienne.
L’artiste libanaise Etel Adnan fait paraître, en 1980 à Paris, son grand texte poétique « l'Apocalypse arabe ». L’exposition se termine par le sujet de l’immigration arabe en France traité par les musées parisiens (années 1980). »
Les œuvres :
« Issue de grandes collections internationales (Mathaf, Doha, (Qatar); Barjeel Art Foundation, Sharjah, (Émirats Arabes Unis) ; Ibrahimi Collection, Amman, (Jordanie) et de collections privées et publiques françaises (MNAM, CNAP, Fonds d’art contemporain-Paris collections, Musée d’Art Moderne de Paris, Institut du monde arabe, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac…), la sélection de plus de 200 œuvres, pour la plupart jamais exposées en France (incluant peintures, sculptures, photographies, …) s’accompagne d’archives sonores et audiovisuelles historiques. »
Les visuels libres de droits pour la presse ne reproduisent aucune oeuvre d'un artiste juif.
« Le catalogue de l’exposition réunit une documentation et une iconographie largement inédites, couvrant les grands chapitres de l’art moderne arabe à Paris, à travers de nombreux essais, notices thématiques et chronologies transnationales ; ainsi que des auteurs et autrices de premier plan (Michael Goebel, Emilie Goudal, Morad Montazami, Silvia Naef…) »
Les artistes présentés dans l’exposition :
Shafic ABBOUD, ABOU NADDARA, Hamed ABDALLA, Youssef ABDELKÉ, Amal ABDENOUR, Boubaker ADJALI, Etel ADNAN, Maliheh AFNAN, Mohamed AKSOUH, Hala ALABDALLA, Farid AOUAD, Fatma ARARGI, Mohamed ATAALLAH, Jean-Michel ATLAN, Amine EL-BACHA, Simone BALTAXÉ, Michel BASBOUS, Ala BASHIR, Fatma Haddad-Mahieddine (dite BAYA), Souhila BEL BAHAR, Farid BELKAHIA, Nejib BELKHODJA, Fouad BELLAMINE, Mahjoub BEN BELLA, Aly BEN SALEM, Abdallah BENANTEUR, Djamila BENT MOHAMED, Samta BENYAHIA, Maurice BISMOUTH, Étienne BOUCHAUD, Pierre BOUCHERLE, Kamal BOULLATA, Huguette CALAND, Nasser CHAURA, Ahmed CHERKAOUI, Saloua Raouda CHOUCAIR, Chaouki CHOUKINI, collectif CINÉMÉTÈQUE, Inji EFFLATOUN, André ELBAZ, Fouad ELKOURY, Errò, Ammar FARHAT, Safia FARHAT, Djamel FARÈS, Moustapha FARROUK, Dias FERHAT, André FOUGERON, Émile GAUDISSARD, Abdel Hadi EL-GAZZAR, Jilali GHARBAOUI, Gibran Khalil GIBRAN, Abdelaziz GORGI, Abdelkader GUERMAZ, Abraham HADAD, Marie HADAD, Khadim HAIDER, Ahmed HAJERI, Jamil HAMOUDI, Francis HARBURGER, Faik HASSAN, Mona HATOUM, Adam HENEIN, Georges HENEIN, Mohamed ISSIAKHEM, Marwan KASSAB BACHI (dit MARWAN), Mahjoub AL-JABER (dit JABER), Abdul Kader EL-JANABI, Henri Gustave JOSSOT, Fouad KAMEL, Fêla KÉFI-LEROUX, Mohammed KHADDA, Rachid KHIMOUNE, Rachid KORAÏCHI, Georges KOSKAS, Mohamed KOUACI, Claude LAZAR, Ahmed LOUARDIRI, Nja MAHDAOUI, Jean de MAISONSEUL, Azouaou MAMMERI, Maria MANTON, Denis MARTINEZ, Antoine MALLIARAKIS dit MAYO, Hassan MASSOUDY, Hatem EL-MEKKI, Mohamed MELEHI, Rabah MELLAL, Choukri MESLI, Mireille MIAILHE, Mahmoud MOKHTAR, Fateh MOUDARRES, Philippe MOURANI, Mehdi MOUTASHAR, Laila MURAYWID, Nazir NABAA, Edgar NACCACHE, Effat NAGHI, Mohammed Bey NAGHI, Marguerite NAKHLA, Rafa NASIRI, Ahmad NAWACH, Amy NIMR, Leila NSEIR, Mohammed RACIM, Omar RACIM, Samir RAFI, Aref EL-RAYESS, Jocelyne SAAB, Georges Hanna SABBAGH, Valentine de SAINTPOINT, Shakir Hassan AL-SAID, Mahmoud SAÏD, Nadia SAIKALI, Samir SALAMEH, Mona SAUDI, Jewad SELIM, Jean SÉNAC, Juliana SERAPHIM, Ibrahim SHAHDA, Gazbia SIRRY, Chaïbia TALLAL, Gouider TRIKI, Yahia TURKI, Madiha UMAR, Seif WANLY, Nil YALTER, Ramsès YOUNAN, Salah YOUSRY, Fahrelnissa ZEID, Bibi ZOGBÉ
Introduction
Parcours de l'exposition
« L’exposition « Présences arabes – Art moderne et décolonisation, Paris 1908-1988 » participe d’une réhabilitation historique mais aussi d’une réconciliation de la France avec l’histoire de l’art (post)coloniale, sa propre histoire. Elle étudie le rôle de Paris dans le développement de l’art moderne arabe, en cartographiant les divers lieux de formation, d’exposition ou de rencontres. »
« L’exposition débute en 1908, année de l’arrivée du poète et artiste libanais Gibran Khalil Gibran à Paris et se termine fin des années 1980 avec le sujet de l’immigration arabe en France traitée par les musées parisiens. »
« Le parcours chronologique et transnational, réunissant l’Afrique du Nord et l’Asie de l’Ouest (anciennement appelée Moyen-Orient) traverse les décennies par écoles artistiques, événements marquants, revues politiques ou poétiques, manifestes anticoloniaux... »
« Tous les artistes de l’exposition ont au moins exposé, étudié, vécu ou milité à Paris, brièvement ou de manière prolongée. On y croise autant de grands noms (certains sont ici présentés par le biais d’une exposition individuelle historique) que d’artistes marginalisés, que ce soit par choix ou contrainte. »
« Le visiteur est invité à retracer une histoire partagée entre la France et les pays arabes, une histoire fondamentalement cosmopolite, mais souvent laissée en sommeil dans les réserves de musées français. »
« La présentation d’œuvres provenant de collections privées et publiques françaises est complétée ici par des œuvres issues de fondations et musées majeurs du monde arabe. »
« L’exposition se compose de plus de deux cents œuvres créées par plus de cent trente artistes qui révèlent un Paris à la fois colonial et anticolonial, refuge solidaire et point de contact stratégique, plateforme d’accueil et d’exclusion. »
I. Nahda : Entre renaissance culturelle arabe et influence occidentale, 1908-1937
« Au début du XXe siècle, Paris passe pour une ville-monde : étape privilégiée pour tout artiste qui veut se former, exposer et vivre de son art. C’est à Paris que Mahmoud Mokhtar, sculpteur égyptien, fer de lance du nouveau modernisme arabe, conçoit le projet du futur monument national égyptien érigé au Caire : la Nahda (« Renaissance » ou « Réveil de l’Égypte »), représentant une femme qui retire son voile aux côtés d’un sphinx. Un double symbole : souffle de liberté et d’ouverture à l’autre, émergence de l’idée de nation et d’identité arabe. »
« L’édification de musées et d’écoles d’art en Égypte, Algérie, Maroc, etc. sur le modèle des Beaux-Arts à la française inaugure l’émergence de « l’artiste indigène » (euphémisme pour « artiste colonisé »), cantonné à l’orientalisme (la vision fétichisée de l’Orient par l’Occident) et aux arts décoratifs. Il s’illustre sur les pavillons des grandes Expositions parisiennes (1931, 1937) qui réaffirment les frontières de l’Empire colonial français. Cependant des artistes comme Philippe Mourani (Liban), Mohammed Racim (Algérie) en 1931 ou Mahmoud Saïd (Égypte) en 1937 traduisent la diversité de l’Orient rêvé par lui-même – au-delà de l’Orient rêvé par l’Occident. On assiste à l’essor d’une culture intellectuelle anticoloniale (les surréalistes, Valentine de Saint-Point, Henri-Gustave Jossot…) à travers le développement des revues critiques, du dessin de caricature, des galeries privées, etc. »
II. Adieu à l’orientalisme : Les avant-gardes contre-attaquent, 1937-1956
À L’ÉPREUVE DES PREMIÈRES INDÉPENDANCES
(Liban, Syrie, Égypte, Irak)
« Avec les premières indépendances (Liban 1943, Syrie 1946, Égypte 1953, Irak 1958), les artistes des pays arabes ripostent aux références importées, comme l’orientalisme, pour aller vers l’expérimentation et l’avant-garde internationale. Le groupe des surréalistes égyptiens Art et Liberté, qui s’est constitué en réaction à la montée du nazisme et du fascisme, expose à la galerie Maeght à Paris la même année que la jeune artiste autodidacte algérienne Fatma Mahieddine, dite Baya (1947). Récupérée par un André Breton au regard orientaliste, Baya représente néanmoins un puissant symbole de liberté dans une Algérie totalement contrôlée et organisée par le système colonial français. Derrière ces liaisons entre les surréalistes et les tenants d’une Algérie libre, on voit se dessiner des convergences entre réseaux communistes français et réseaux anticoloniaux arabes, comme l’Étoile nord-africaine. »
« Les ateliers de formation d’André Lhote ou Fernand Léger, de même que l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, sont autant de carrefours cosmopolites facilitant le parcours parisien des étudiants arabes : Edgar Naccache, Tunisien, Jamil Hamoudi, Irakien, Salah Yousry et Samir Rafi, Égyptiens, pour n’en citer que quelques-uns. Une nouvelle génération de l’abstraction arabe émerge à Paris avec des artistes issus de ces ateliers (Saloua Raouda Choucair, Libanaise, Georges Koskas, Tunisien, Farhelnissa Zeid, Turquo-jordanienne…), notamment grâce au Salon des réalités nouvelles qui se tient chaque année au musée d’Art moderne de la Ville de Paris à partir de 1947. »
III. Décolonisations : L’art moderne entre local et global, 1956-1967
À L’ÉPREUVE DES DEUXIÈMES INDÉPENDANCES
(Tunisie, Maroc, Algérie)
« Suite à l’indépendance du Maroc et de la Tunisie (1956), les tensions liées à la révolution algérienne sont de plus en plus explosives. Elles suscitent la mobilisation d’artistes français en soutien au peuple algérien à travers leurs oeuvres et actions militantes (André Fougeron, Mireille Glodek Miailhe, Francis Harburger…). L’indépendance de l’Algérie (1962) représente l’apogée de mouvements de décolonisation toujours plus fédérateurs. Parmi les réseaux artistiques des pays d’Afrique du Nord, comme l’école de Casablanca, l’école de Tunis, le groupe Aouchem…, certains n’hésitent pas à dénoncer la violence coloniale dans leurs oeuvres (Farid Belkahia, Hatem el-Mekki, Denis Martinez…). »
« L’art moderne devient un outil diplomatique accompagnant les intérêts de la France dans le monde nouvellement décolonisé ; y compris par l’inclusion des artistes arabes dans les musées français et la diffusion du puissant modèle de l’école de Paris. À partir de 1959, la Biennale internationale des jeunes artistes de Paris accueille les pavillons libanais, marocain, tunisien… Si des figures comme Ahmed Cherkaoui ou Shafic Abboud rencontrent le succès, les trajectoires artistiques et intellectuelles en exil – écartelées entre la colonie et la métropole – se multiplient. Par un mauvais concours de circonstances, la deuxième Biennale de Paris a lieu au même moment que la répression meurtrière des manifestants algériens du 17 octobre 1961. »
IV. L’Art en lutte : De la cause Palestinienne à « l’Apocalypse arabe », 1967-1988
« La guerre de juin 1967 « dite des six jours » et la victoire d’Israël contre l’Égypte et ses alliés marquent durablement une génération d’artistes et intellectuels arabes. En France, dans la continuité de Mai 68, les solidarités propalestiniennes s’inscrivent dans l’internationalisation des luttes sociales et politiques, pour l’ « émancipation des peuples opprimés ». Le Salon de la jeune peinture à Paris devient la caisse de résonance de ces luttes, à travers le Collectif des peintres des pays arabes, le Collectif des peintres antifascistes et l’action du plasticien Claude Lazar. Le collectif et la revue néosurréalistes Désir libertaire, menés par Abdul Kader el-Janabi, témoignent de la vivacité de la contre-culture arabe à Paris ; en opposition à la force de la censure qui peut s’abattre sur les artistes dans des pays comme l’Irak, la Syrie, le Maroc… »
« L’Apocalypse arabe » de l’artiste et poétesse Etel Adnan, paru en 1980 à Paris, se veut un poème-réquisitoire contre l’accumulation des conflits : la guerre du Liban, la guerre Iran-Irak... Il préfigure aussi les massacres - qui condensent les traumatismes de toute la région - comme celui perpétré contre les réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila (Liban), du 16 au 18 septembre 1982. » Parmi les victimes, se trouvaient des individus armés de plus de dix nationalités différentes. Qui les a tués ? Et dans quel contexte ? Quid des massacres de chrétiens au Liban ?
« La prise de conscience « postcoloniale » émerge dès la fin des années 1970, avec la dénonciation par une partie de la société civile des conditions de vie dans les banlieues françaises, des violences policières et des crimes racistes (la grande marche pour l’Égalité allant de Marseille à Paris en décembre 1983 en est la plus grande manifestation). » Il est choquant qu'un musée public utilise l'expression fausse "violences policières" pour décrire une France haïe par ceux qui attaquent les policiers, les diffament...
« L’Algérie des enfants » en 1976 ou « Écoute mes images » en 1982 - expositions du musée des enfants, (inauguré au sein du musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1970), représentent une des premières tentatives en France d’accueillir et de valoriser les populations immigrées au sein de l’institution muséale. »
Hala Alabdalla
MON EXIL, TON EXIL, NOTRE EXIL, 2024
« Avec Mon exil, ton exil, notre exil, l’artiste-cinéaste syrienne Hala Alabdalla (née à Hama en Syrie en 1956, installée en France depuis 1981) présente, en deux actes, une installation multimédia inédite. »
« Premier acte, la série de portraits-vidéo Récits sur toile, conçue et réalisée par Hala Alabdalla en 2021 pour l’association La Rue. Dix personnalités syriennes ayant refait leur vie à Paris racontent leur chemin existentiel, les défis et déboires de l’exil menant à leur deuxième vie franco-syrienne. Chaque témoignage est mis en perspective à partir d’un tableau ou d’un dessin qui les a accompagnés et habite leur mémoire. L’ensemble constitue une narration alternative du déracinement et de la reconstruction du peuple syrien, le plus souvent en dehors de Syrie. »
« Deuxième acte, un « remontage » par Hala Alabdalla de son film phare, Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe (2006, noir et blanc, 105 min), primé à la Mostra de Venise. Dans une fragmentation anatomique du film original (une fresque épique et polyphonique sur l’exil), le récit se recentre sur l’histoire d’amour intime entre Hala Alabdalla et l’artiste peintre et opposant syrien Youssef Abdelké (né à Kamechli en Syrie en 1951, vivant et travaillant entre la Syrie et la France). »
« L’un et l’autre ont décidé de quitter leur terre natale au début de l’année 1981, après avoir été persécutés et emprisonnés par le pouvoir en place, pour continuer leurs études à Paris. Chacun a dû se reconstruire en continuant la résistance, à travers la peinture pour Abdelké, le cinéma pour Alabdalla. »
« L’installation se compose de deux extraits du film : l’un montrant Abdelké à Paris et dans son atelier, l’autre voyant Alabdalla se remémorer ses souvenirs de la prison à Damas. »
« Sont également présentés divers objets, dessins et lettres réalisés et échangés pendant leur détention commune, tels des reliques manifestant leur amour mutuel face au dénuement le plus total. Youssef utilisait de la mie de pain pour fabriquer des petits objets, où il glissait ses lettres sur papier à cigarette pour Hala, qui trouvait dans ces messages microscopiques une lueur d’espoir. À travers ces fragments amoureux arrachés à l’enfer de l’univers carcéral, le spectateur reconstruit son propre film. »
AVANT-PROPOS DU CATALOGUE
FABRICE HERGOTT, Directeur du Musée d'Art Moderne de Paris
« Par la longue histoire de ses expositions et de ses acquisitions, le musée d’Art moderne de Paris (MAM) a joué un rôle important en faveur de la visibilité des artistes originaires des pays arabes lors de leurs passages dans la capitale. Dans ses murs, des années 1940 à la fin des années 1970, se sont tenus de nombreux salons et biennales internationales (Salon des réalités nouvelles, Salon de la jeune peinture, Biennale internationale des jeunes artistes de Paris…) ouverts sur la création de l’Afrique du Nord et de l’Asie de l’Ouest. Dans cette lignée et plus récemment, le MAM a su porter une attention particulière aux scènes artistiques oubliées ou insuffisamment explorées: l’exposition « Resisting the Present. Mexico, 2000-2012 », en 2012, était consacrée à des artistes actifs au Mexique ; « Unedited History. Iran, 1960-2014 », en 2014, relatait une histoire de l’art moderne et contemporain de l’Iran, ou encore, en 2020, « The Power of My Hands. Afrique(s): artistes femmes » montrait les oeuvres d’une quinzaine d’artistes issues de plusieurs pays africains. »
« La réflexion sur l’histoire des modernités du Sud, notamment dans les pays arabes, s’inscrit dans un paysage muséal français en transformation, les institutions lui ayant redonné une place depuis une dizaine d’années. Ainsi, en 2015, le musée national d’Art moderne – Centre Georges Pompidou renouvelait la présentation de ses collections avec « Modernités plurielles, 1905-1970 », en 2017, programmait «Art et Liberté. Rupture, guerre et surréalisme en Égypte (1938-1948) » et, en 2021, « Sismographie des luttes », sous la direction de Zahia Rahmani. De même, l’Institut du Monde arabe-Tourcoing présentait «Maroc. Une identité moderne» en 2020 ou «Picasso et les avant-gardes arabes» en 2022, tandis que l’Institut du Monde arabe à Paris rendait hommage à «Baya, icône de la peinture algérienne» en 2022, pour ne citer que quelques exemples. »
« L’exposition « Présences arabes. Art moderne et décolonisation. Paris, 1908-1988 » qui s’inscrit dans cette dynamique porte une ambition plus forte sur le plan de l’histoire de l’art par le nombre des oeuvres et des artistes qu’elle rassemble. Elle révèle près d’un siècle d’interactions entre l’art moderne arabe et la capitale française. Elle fait également se croiser des noms illustres comme ceux d’Ahmed Cherkaoui, Jewad Selim ou Fahrelnissa Zeid, déjà présente dans les collections du MAM, et ceux d’artistes restés dans l’ombre. Ce parcours transnational et chronologique correspond à la volonté du musée de mieux faire connaître l’histoire de l’art moderne arabe, insuffisamment enseignée dans les universités et les écoles mais pourtant intrinsèquement liée à l’histoire de l’art moderne française. »
L’exposition réunit les oeuvres de cent trente artistes.
« Elle présente un Paris lieu de formation, de monstration et de valorisation, mais aussi et paradoxalement d’invisibilité. Une attention particulière est ainsi portée à la sélection des artistes femmes, sous-exposées. L’ensemble constitue un chapitre important de l’histoire de l’art qui reste à écrire et auquel cette exposition espère apporter des éléments mal connus et parfois inédits. »
« Lorsqu’il y a presque quatre ans Morad Montazami est venu nous proposer une exposition consacrée aux artistes arabes et à leurs liens avec Paris au XX e siècle, il nous a semblé qu’un tel projet s’inscrivait parfaitement dans la programmation du MAM. Les équipes du musée avaient déjà eu le plaisir de travailler avec lui il y a dix ans à l’occasion de la passionnante exposition sur l’art en Iran déjà mentionnée, organisée à l’ARC. »
« Un grand merci aux collections internationales et à leurs directeurs: le Mathaf à Doha (Qatar), et en particulier sa directrice, Zeina Arida, ainsi que Son Excellence Cheikha Al Mayassa bint Hamad Al Thani, la Barjeel Art Foundation à Sharjah (Émirats arabes unis) et son fondateur, Sultan Sooud Al Qassemi, la Ibrahimi Collection à Amman (Jordanie) et son fondateur, Hasanian Al-Ibrahimy, et les collectionneurs Moncef Msakni et Saleh Barakat. Un grand merci aussi à May Moein Zeid. Fait remarquable, presque la moitié des oeuvres exposées provient des collections publiques françaises (CNAP, Fonds d’art contemporain – Paris Collections, MAC VAL, musée d’Art moderne de Paris, Institut du Monde arabe, musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Centre Georges Pompidou, musée national de l’Histoire de l’immigration) – artisans historiques de ce dialogue franco-arabe –, sans oublier les collections des familles d’artistes et leurs archives qui nous ont grandement aidés pour documenter et proposer cette histoire partagée. Je tiens également à remercier les chercheurs associés Arthur Debsi, Amina Diab, Émilie Goudal, et Mathilde Ayoub pour la table numérique, ainsi que les stagiaires qui ont participé à la préparation de l’exposition: Anaël Daoud Benattouche, Judith Lignières, Anaïs Trevisan et Lou Seillier. »
« Enfin, j’adresse mes vifs remerciements à Morad Montazami et Madeleine de Colnet de Zamân Books & Curating, ainsi qu’à Odile Burluraux, conservatrice au MAM. Ce projet n’aurait pas été si ambitieux sans eux, sans leur engagement et sans le travail considérable qu’ils ont accompli avec les équipes du Musée d’Art Moderne et de Paris Musées. »
11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Tél. 01 53 67 40 00
Mardi au dimanche de 10h à 18h
(fermeture des caisses à 17h15)
Fermeture le lundi et certains jours fériés
Ouverture prolongée : les jeudis jusqu'à 21h30 et les samedis jusqu'à 20h
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