Le scrutin est le suffrage universel direct à un tour. Les eurodéputés sont élus pour cinq ans à la représentation proportionnelle à scrutin de liste - 37 listes étaient acceptées et 81 sièges étaient à pourvoir. Une trentaine de listes étaient présentes. Chaque parti a présenté une liste pour l'élection du 9 juin 2024, sauf le parti socialiste allié au mouvement Place publique (même tête de liste : Raphaël Glucksmann). Les sondages avaient prédit que le RN arriverait en première position, et qu'il serait talonné par le parti présidentiel. Les débats télévisés étaient souvent difficiles à suivre en raison d'une manque de maîtrise des journalistes chargés de les modérer. Ont été abordés l'insécurité, l'immigration, la guerre en Ukraine, le futur de l'Union européenne - fédérale ou respectueuse des Etats-nations ?, élargissement en intégrant l'Ukraine problématique (corruption, agriculture aux normes moins rigoureuses que celles de l'UE) -...
Cette campagne s'est déroulée alors que l'armée israélienne poursuivait sa guerre "Epée de fer" après l'agression djihadiste - viols, incendies, razzias, assassinats, prise d'otages, etc. - du 7 octobre 2023 commise par des mouvements terroristes islamistes, dont le Hamas et le Djihad islamique, ainsi que par des civils gazaouis dans le sud du territoire israélien. Sur un fond de manifestations pro- et anti-israéliennes.
"Selon une étude Ifop pour
La Croix, les musulmans
ont voté à 62 % pour la liste de La France insoumise aux élections européennes, dimanche 9 juin. Des résultats dans la continuité de l’élection présidentielle de 2022, au cours de laquelle 69 % des musulmans avaient choisi Jean-Luc Mélenchon". Ce "score aux européennes est toutefois à relativiser au regard d’une forte abstention, qui s’élève à 59 % dans l’électorat musulman, soit 10 % de plus que parmi l’ensemble des inscrits." "Raphaël Glucksmann
remporte 8 % des suffrages des Français musulmans, suivi de Renaissance et du Rassemblement National qui rassemblent chacun 6 % des voix. Un score en baisse pour la majorité présidentielle par rapport à 2022, où cet électorat avait voté à 14 % pour Emmanuel Macron, au premier tour de la présidentielle".
Résultats de la 8e circonscription des Français de l'étranger qui inclut notamment Israël en % des suffrages exprimés : Reconquête ! 24,86 %, LR 22,13%, PS-Place publique 12,72%, Besoin d'Europe (Macronie) 11,48% (2% en Israël), RN 10,09 %, LFI 6,61%, et EELV 6,19%. Le survote pour Reconquête ! se confirme.
Les élections législatives
Au soir du dimanche 9 juin 2024, alors que les résultats étaient connus, le Président de la République Emmanuel Macron, entièrement vêtu de noir, a annoncé, sur un ton dramatique, dans une vidéo enregistrée à l'Elysée la dissolution de l'Assemblée nationale où il bénéficiait d'une majorité relative.
Une décision mûrement réfléchie - il en avait informé son père deux mois auparavant -, brutale, sans respect pour les Français, notamment les élus de la Macronie, lucide sur l'état lamentable de l'économie française après sept ans de macronie, et qui aurait pu attendre quelques mois, la rentrée. Il y a pénurie de papier pour imprimer les professions de foi et bulletins de vote !
Les buts ? Hâter la décomposition de partis politiques, en particulier LR et le PS, afin de récupérer les membres "Macron-compatibles". Espérer que la majorité relative ne puisse pas gouverner et tombe après le vote d'une motion de censure. Miser sur une majorité absolue du RN attaquée dans les rues par des gauchistes "antifas". Effrayer les Français en soulignant le chaos si les "extrêmes" parvenaient au pouvoir - une gestion macronienne traditionnelle par la peur. Se présenter à terme comme le "seul rempart" contre le "chaos", contre les "extrêmes", en ayant la possibilité de recourir à l'état d'urgence, voire à l'article 16 de la Constitution de la Ve République conférence des pouvoirs exceptionnels au Chef de l'Etat. Autre hypothèse : le Président Emmanuel Macron démissionne peu avant la fin de son deuxième mandat, et se représente à l'élection présidentielle, dissout l'Assemblée nationale et espère être réélu après le "chaos". A noter que les constitutionnalistes sont divisés sur l'interprétation de l'article 6 de la Constitution de 1958 ("Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs") : certains avancent qu'un mandat inachevé ne peut pas compter comme un "mandat" intégral au sens de la Constitution, d'autres défendent une interprétation littérale de la Constitution.
Cynique ou irresponsable - il impute la responsabilité des scrutins sur les seuls électeurs -, indifférent à son impopularité - son visage n'apparait pas dans les affiches de candidats de la Macronie qui privilégient celui du Premier ministre -, Emmanuel Macron est européiste, et restera au pouvoir le plus longtemps possible pour être sûr de tout détruire pour reconstruire la France de son souhait et voir l'avènement d'une UE fédérale dont il serait le Chef.
Il a aussi manifesté une indifférence envers les députés de la majorité présidentielle, et procédé à l'éviction de députés loyaux. Ainsi, dans une circonscription parisienne, Ensemble a refusé d'investir Gilles Le Gendre, député sortant, fidèle d'Emmanuel Macron depuis 2016 au profit de Jean Laussucq soutenu par Rachida Dati, ancienne ministre (LR) de la Justice sous la présidence de Nicolas Sarkozy, ministre de la Culture et de la Communication sous le gouvernement Attal, et aspirant au statut de Maire de Paris. Une personnalité politique particulièrement proche de l'Azerbaidjan.
Une dissolution incomprise par de nombreux Français. Et que le Chef de l'Etat s'est échiné à expliquer à de nombreuses reprises : lettre aux Français, invité d'un podcast de Matthieu Stefani, "Génération do it yourself" (Génération faites-le vous-même), etc. Le Président de la République confiait à des politiciens européens et entrepreneurs, avoir réfléchi pendant des semaines avant d'agir et d'avoir "balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent". Ce qu'il observait "ravi".
Marion Maréchal se rendait au QG du RN pour nouer une "alliance des droites". Moins de 48 heures plus tard, elle annonçait le refus du RN en raison des attaques violentes d'Eric Zemmour envers la direction du RN. Le 12 juin, elle appelait à voter pour les candidats du RN. "Éric Zemmour a décidé, malgré notre opposition, de présenter le maximum de candidats contre cette coalition des droites dans toute la France, prenant ainsi le risque de faire perdre cette inédite espérance", a déclaré Marion Maréchal. "Je suis et je serai toujours pour le rassemblement. J'affirme que Reconquête et moi-même sommes prêts à retirer des candidats en cas d'accord avec le RN, les LR et tous les autres partis de bonne volonté", a twitté Eric Zemmour, "écœuré et blessé". Il excluait Marion Maréchal, et les trois eurodéputés Reconquête qui la soutenait : Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête, et Laurence Trochu. Le 19 juin 2024, Le Canard enchainé publiait l'article "Marion Maréchal a dilapidé l'argent d'Eric Zemmour", sous-titré "Avant de rejoindre sa tante au RN, l'ex-tête de liste de Reconquête ! a grassement rémunéré collaborateurs et sociétés amies". Ce qui laissait planer un doute sur l'acceptation des comptes de campagne du parti et l'éventuel non-remboursement des dépenses de campagne par l'Etat. L'hebdomadaire satirique épinglait un séjour de deux jours auprès de "nos compatriotes qui vivent sous le seuil de pauvreté" à La Réunion. Le coût du séjour de la tête de liste et de son équipe : 21 710 euros. Résultats à La Réunion : 9727 voix, soit 5,68% des suffrages exprimés. Le RN avait recueilli 54 317 voix, soit 31,71% des suffrages exprimés. En 2022, la NUPES (alliance d'extrême gauche) y avait obtenu six députés.
La déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur l'antisémitisme qui serait, selon lui, "résiduel", alors que les statistiques prouvent une multiplication par dix des agressions antisémites depuis le 7 octobre 2023, a suscité la réprobation générale.
"Face à la menace de l'extrême-droite", l'alliance de partis de gauche et d'extrême gauche sous l'étiquette Nouveau Front Populaire (NFP) a surpris car elle s'est nouée rapidement, sans réticence des partenaires qui auparavant déploraient l'antisémitisme de LFI qui refusait de qualifier le Hamas de "terroriste", sous domination de LFI - Jean-Luc Mélenchon cachait mal sa volonté d'être le futur Premier ministre -, avant l'élaboration d'un programme commun accordant une place grande et partiale au "conflit israélo-palestinien" (une page sur vingt-deux). Un programme immigrationniste, qui affiche son intention de lutter contre "toutes les formes de racisme, d'antisémitisme et d'islamophobie". La tribune « L’antisémitisme de gauche connaît une résurgence incontestable et il est instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire » d'Arié Alimi et de Vincent Lemire publiée par Le Monde du 20 juin 2024 excusait "l'antisémitisme contextuel" de la gauche et de LFI, opposé à l'antisémitisme de l'extrême-droite : "Il n’y a pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, affirment l’avocat et l’historien ». Si Raphaël Glucksmann et François Hollande ont accepté cette alliance, Jérôme Guedj l'a refusée.
Le 15 février 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre du Président François Hollande - tous deux membres du PS -, avait distingué, en visant Jean-Luc Mélenchon, deux camps "irréconciliables" au sein de la gauche : "A gauche, il faut qu'on se dépasse. Le problème n'est pas d'organiser une primaire qui irait de Mélenchon à Macron. Parfois, il y a des positions irréconciliables à gauche et il faut l'assumer. Moi, je ne peux pas gouverner avec ceux qui considèrent que François Hollande, c'est pire que Nicolas Sarkozy, ou que Manuel Valls, c'est pire que Jean-Marie Le Pen. Je ne peux pas gouverner avec ceux qui vont à des meetings avec (l'islamologue suisse) Tariq Ramadan, c'est à dire aux antipodes de ce que nous sommes. Donc ce débat nous devons aussi l'assumer à gauche. Tout ne se confond pas". Le 22 juin 2021, Manuel Valls avait twitté : "Pas une voix pour cette alliance avec la France Insoumise. Il y a des gauches irréconciliables et l’alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon est une faute politique et morale." Il y a donc des gauches réconciliables. Une réalité patente lors de chaque campagne électorale déterminante.
LFI a aussi procédé à une "purge" en éliminant de la liste des candidats certains députés sortants critiques de Jean-Luc Mélenchon. Sur la liste du NFP, plusieurs candidats posent problème. Citons notamment Raphaël Arnault, un assistant d’éducation Antifa lyonnais, ex-NPA (Nouveau Parti anticapitaliste). Une manière de donner un débouché politique à un militant usant de violences contre ceux accusés de "fascisme" et les forces de l'ordre. Et d'effrayer les électeurs.
LR est tombé souvent dans le piège tendu par la Macronie : ainsi, le gouvernement Attal a accepté, à des fins de communication, des amendements de parlementaires LR sur sa loi sur l'immigration, et, une fois acquis les votes LR, la loi votée a été soumise au Conseil constitutionnel qui a estimé non constitutionnels ces amendements ; l'image des Républicains était brouillée. En outre, LR n'a pas utilisé les deux années depuis la réélection d'Emmanuel Macron pour élaborer un programme politique fédérant ses dirigeants ; ce parti politique a aussi été affaibli par les querelles d'égos, quelques personnalités s'estimant seules capables de postuler à la magistrature suprême. Or, sans plate-forme de mesures correspondant aux attentes des électeurs, un parti n'existe plus. LR n'apparait ainsi non plus comme un parti d'alternance, mais comme un mouvement politique d'appoint. Président des Républicains, Eric Ciotti a noué une alliance avec le RN, sans consulter les adhérents ni les instances dirigeantes du parti. Trois procédures judiciaires confirmaient l'illégalité de la procédure interne visant à s'opposer à son choix. Des candidats se présentent donc comme adoubés par LR, soit par Eric Ciotti-RN, soit par le parti seul. Ce qui affaiblit LR. Il est vraisemblable que LR se divisera entre deux mouvements : un mouvement gaulliste et un mouvement du centre.
De plus, l'étiquette politique des partis ne provient plus de ces derniers, et s'avère partisane, voire peu claire pour les électeurs. Ainsi, le Conseil d'Etat a été saisi sur la régularité du "nuancier politique, établi pour les élections sénatoriales de 2023 et pour les besoins de traitements automatisés de données à caractère personnel", et fixé dans la circulaire du 16 août 2023. Le RN considérait que ce nuancier politique le classait illégalement comme "d'extrême-droite". Le 11 mars 2024, le juge administratif suprême a considéré que ce nuancier politique était dénué d'une erreur manifeste d'appréciation car il classait les partis politiques en fonction, non pas "d’un spectre idéologique" mais "les uns par rapport aux autres". Il n'a donc pas annulé cette circulaire. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a classé l'alliance LR-RN comme « union de l’extrême droite » (UXD). Ce que dénonçait Eric Ciotti le 20 juin 2024. Or, à bien des égards, le programme sur l'immigration ou l'économie du RN présente des similarités avec un parti de droite des années 1990, même si Marine Le Pen refuse de classer le RN à droite. En janvier 1981, Georges Marchais, alors secrétaire général du Parti communiste prononçait la phrase suivante lors d'un discours : « Il faut stopper l'immigration officielle et clandestine. » Pour Pascal Perrineau, politologue interviewé par Camille Dauxert pour l'INA, il s'agit là d'une « stratégie de défense de la classe ouvrière française. C’est d’une fermeté redoutable, il dit, il faut arrêter l’immigration clandestine et l’immigration légale, et il se place essentiellement sur le terrain de l’économie parce qu’il fait le lien avec le chômage. »
Le 12 juin 2024, après avoir « pris acte d'un blocage » à l'Assemblée nationale, le Président Emmanuel Macron a estimé que la situation « imposait une dissolution qui permet seule la clarification des choses. C'est un acte de confiance dans notre peuple, dans la démocratie ».
Le 12 juin, 2024, Libération a publié la tribune « A quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ? » d'Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil, metteuse en scène et réalisatrice. "Sa peur de l’arrivée au pouvoir du parti à la flamme date de 2002, « quand, pour la première fois, le FN est arrivé au second tour de l’élection présidentielle». La potentielle victoire du Rassemblement national aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet serait sa «hantise». "Le cri d’avertissement de l’artiste de 85 ans s’adresse notamment aux artistes de l’Hexagone. « Oui, nous allons nous trouver très vite, immédiatement peut-être, devant un dilemme moral : que ferons-nous lorsque nous aurons un ministère de la Culture RN, un ministère de l'Éducation nationale RN, un ministère de la Santé RN ? Un ministère de l'Intérieur RN ? Je ne parle pas de l'incompétence probable, que je mets à part. Je parle du moment où nous risquons de devenir des collaborateurs... Quand décide-t-on de fermer le (Théâtre du) Soleil ? Au contraire, va-t-on se raconter qu’on résiste de l’intérieur ?» Elle qualifie ces futures institutions ministérielles de «loups» qui joueront les «renards», qui chercheront à gâter, flatter ou financer les mondes de l’art. «Je ne veux pas être un personnage de la pièce que nous avons joué en 1979, Mephisto, d'après Klaus Mann... Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds". D’après elle, même si les artistes se mobilisaient aujourd’hui contre le parti de Jordan Bardella, il serait trop tard. «Je ne suis pas certaine qu'une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive», analyse-t-elle encore. En effet, Ariane Mnouchkine considère que ses «concitoyens en ont marre» des gens de culture, de leur «impuissance», de leurs «peurs», de leur «narcissisme», de leur «sectarisme» et de leurs «dénis». Une réflexion «sombre» que l’auteure de la tribune assume avant de faire appel à la bienveillance du «public» et de sa «troupe».
Le 18 juin 2024, le recteur de la grande mosquée de Paris "a eu le plaisir d’
échanger avec le grand-rabbin de Metz et de la Moselle,
Bruno Fiszon, et un groupe d’aumôniers, venus visiter la Grande Mosquée de Paris." L'occasion peut-être de savoir si perdure l'alliance entre dirigeants juifs et musulmans pour le maintien de l'abattage rituel. Un sujet sensible confié à Bruno Fiszon, vétérinaire, rabbin, par les Consistoires afin d'expliquer aux interlocuteurs publics, nationaux et européens ce qu'est la
che'hita.
Serge Klarsfeld expliquait voter pour des partis du centre, et, si au second tour, restaient deux candidats du RN et du NFP, il votera pour le candidat du RN, non considéré comme antisémite, en distinguant un ennemi d'un adversaire. Quant au grand rabbin de France Haïm Korsia, il a annoncé son refus de voter pour des candidats NFP ou RN, et songeait à un vote blanc dans l'isoloir. Le CRIF réitérait sa position "Ni RN ni NFP".
RCJ ouvre son antenne à 11 h, aux sons d'une
Marseillaise, par l'espoir d'un "réveil" républicain, démocratique. Le 27 juin 2024, Anne Sinclair lisant un texte assimilant le RN aux nazis. Le 28 juin 2024, cette radio a diffusé l'interview de
Ginette Kolinka, rescapée de la Shoah, hospitalisée, qui refuse de donner des consignes de vote, mais refuse les "extrêmes". Dans un contexte de djihad mondial, RCJ multiplie les diffusions de la chanson "Anne, ma soeur Anne" de Louis Chedid !?
Le 22 juin 2024,
Le Figaro publiait la tribune «
Combien de temps allons-nous tolérer les abjections de l'extrême-gauche sur l’antisémitisme ? » de Marine Le Pen : « En France, les actes antisémites ont progressé de 300% au premier trimestre 2024, soit quatre actes antisémites par jour. Cette hausse s'est clairement matérialisée à la suite du 7 octobre, avec 1200 actes recensés, ils représentent aujourd'hui 60% des actes antireligieux alors que nos compatriotes juifs ne représentent que 0,69% de la population... La situation est grave » et la « responsabilité à se mobiliser doit être à la hauteur de la menace... En ce qui nous concerne, nous réfutons absolument les accusations diffamatoires ou fantaisistes à notre encontre venant de personnalités qui ont beaucoup à se faire pardonner pour leurs engagements dans des partis ou des organisations qui se sont compromis avec des régimes totalitaires et criminels, passés ou présents ». Elle a assuré n’avoir « jamais toléré » d’idées antisémites ou négationnistes au RN.
Placer les juifs français et leur inquiétude d'une victoire du RN ou du NFP au centre de discours peut se retourner contre eux : ras-le-bol des non-juifs ? Juifs réduits à des "mineurs" devant être protégés comme une espèce faible, rare, en voie de disparition. Il serait préférable d'éviter d'être figés dans la position de victimes et montrer davantage sa force morale, psychologique, sa détermination, et surtout demander le rétablissement de l'ordre public pour tous. Car en montrant les juifs comme seules victimes du programme économiquement destructeur du NFP et cibles des djihadistes, des dirigeants politiques déforment la réalité : le djihad mondial cible juifs, chrétiens, hindous, athées, musulmans modérés, etc. Mais ce tableau, ces dirigeants refusent de le brosser pour ne pas "stigmatiser", pour éviter d'effrayer leurs concitoyens. Et c'est psychologiquement malsain. Le devoir d'un politicien est de tenir un discours de vérité, et pas un verbiage d'adulte à enfant.
Les instances dirigeantes juives françaises ont révélé combien elles étaient alignées sur la ligne du pouvoir politique, et éloignées d'une majorité de leurs coreligionnaires. Elles se sont drapées dans des postures morales, ne pouvant ou ne voulant pas voir la spécificité de leur époque, tenant à égale distance les deux "extrêmes". Ce qui les a menées, elles et leurs coreligionnaires, vers une impasse.
Elles ont préféré l'action discrète pour le maintien de la
che'hita à une stratégie d'information auprès du grand public travaillé par des courants végétaliens ignorant souvent combien l'abattage rituel respecte l'animal et minimise la souffrance animale, alors que l'abattage conventionnel a un taux élevé d'échec et augmente cette souffrance. Elles n'ont jamais rencontré de dirigeants de partis dont des élus sont favorables à l'interdiction de l'abattage rituel, afin de dialoguer, de lister leurs arguments en faveur de la
che'hita. Sur ce sujet, leurs homologues musulmanes ont su habilement nouer un dialogue avec des édile favorables à cette interdiction.
La responsabilité des agressions antisémites, dont le rapt et les viols antisémites d'une collégienne française juive de 12 ans par des agresseurs anti-israéliens, évoquant la guerre dans la bande de Gaza, était unanimement rejetée sur LFI dont le discours était jugé responsable d'avoir favorisé le passage à l'acte antisémite. Une manière souvent d'occulter et d'éviter de désigner l'antisémitisme islamique et de mettre en cause l'immigration de masse, essentiellement musulmane, depuis près d'un demi-siècle en France.
Des artistes et journalistes (Anne Sinclair) alertaient sur l'antisémitisme ou le nazisme de proches (Frédéric Chatillon) de Marine Le Pen, sur un FN-RN qui "n'a pas changé". Des mouvements d'extrême-gauche particulièrement violents ont annoncé leur refus d'accepter une victoire électorale du RN. Des pétitions catégorielles - fonctionnaires de l'Education nationale, etc. - prévenaient de leur volonté de "résistance", de "désobéissance civile". Ce qui révèle une confusion mentale, un refus de la volonté du peuple exprimé dans le cadre d'une démocratie ayant organisé des élections libres. Inquiétant.
« Le Conseil français du culte musulman (CFCM) entend l’immense inquiétude de nos concitoyens, en particulier de confession musulmane, face aux récents événements politiques majeurs », assure le CFCM dans un communiqué du 14 juin 2024.
"Si les
appels au vote des représentants musulmans se multiplient, une frange de la population musulmane exprime quand même une opposition au principe même du vote républicain: pour les croyants, voter dans un pays « de mécréants » serait « haram », voire « un acte annulatif de l’islam ». Si cette position paraît minoritaire et susciter des avis très divergents –licite pour les uns, illicite pour les autres, voire recommandé –, elle semble prendre de plus en plus d’importance, notamment auprès des jeunes, faisant craindre un fort taux d’abstention."
Le 26 juin 2024,
Le Figaro publiait l'article « La gauche ne dit pas qu’on se fait traiter de mécréante quand on met un décolleté »: ces
Français d'origine maghrébine qui votent RN" signé par Steve Tenré. "«Nous ne sommes pas des “Arabes de service”, mais des Français qui veulent que la France reste la France.» Auprès du Figaro, ils sont nombreux à pousser ce cri du cœur. Les Français d’origine maghrébine, qui sont des millions de citoyens, sont devenus une cible électorale de haute importance pour les partis. Minorités d’une minorité, les votants RN dans la sphère musulmane, et plus largement dans la sphère d’origine maghrébine, n’en demeurent pas moins convaincus de leur choix. Et rejettent d’un revers de main les avances «intéressées» de la gauche."
La stratégie du RN - pas de courant dans le parti, difficulté pour les exclus de percer sur la scène politique, refus de toute alliance avec Reconquête ! dans le cadre d'une "stratégie de dédiabolisation" - a pour conséquence qu'au deuxième tour, face à l'alliance NFP et Renaissance, le RN a peu de réserves de voix. Une raison aussi justifiant le discours "Votez utile dès le premier tour" de dirigeants du RN.
L'hypothèse d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale du RN, qui la demande pour éviter le risque d'une majorité relative à la merci d'une motion de censure, se précise au fil de sondages. Il est vraisemblable que le RN reportera la mise en oeuvre de l'interdiction de l'abattage rituel, en privilégiant des mesures urgentes relatives à l'immigration, à la réduction des déficits publics, au redressement du niveau scolaire. Si des résultats positifs surviennent tardivement, ou avec parcimonie, nul doute que la déception des électeurs du RN sera grande.
La violence gauchiste redoutée se traduisait par la protection de vitrines de magasins, notamment à Paris, au soir du 30 juin 2024.
Le 30 juin 2024, le premier tour de scrutin montrait une
forte participation des 49 332 761 inscrits : 32 910 888 votants (66,71% des inscrits), dont 32 060 277 exprimés (64,99% des inscrits, 97,42% des votants). Les
résultats confirmaient la première place du RN : 9 377 297 de voix (29,25% des suffrages exprimés et 37 sièges). Suivaient l'UG (Union de la gauche) avec 8 974 566 voix (27,99% des s.e. et 32 sièges), puis ENS Ensemble ! (Majorité présidentielle)
avec 6 425 217 voix (20,04% des s.e. et 2 sièges), LR (Les Républicains) avec 2 104 918 voix (6,57% des s.e. et 1 siège). Reconquête ! recueillait 240 006
voix (0,75% des s.e.). Le succès du RN tenait au rejet du Président Emmanuel Macron, à l'adhésion à un discours articulé autour du pouvoir d'achat, de l'immigration, de la sécurité, et du refus du programme du NFP.
Avant le 1er tour, le Président de la République Emmanuel Macron prônait le "Ni NFP ni RN" et fustigeait notamment LFI. Dès le 30 juin 2024, dans un Touquet estival, il déambulait, casquette vissée sur la tête, vêtu d'un blouson en cuir, une écharpée nouée autour du cour. Un signal cabotin et cynique adressé aux "jeunes des cités" pour séduire le "vote halal" au second tour ?
Le 2 juillet 2024, l'Elysée rendait public l'entretien téléphonique du Président Emmanuel Macron avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Le Chef de l'Etat a « marqué son opposition à toute nouvelle opération israélienne près de Khan Younès et de Rafah », et a insisté sur « l’absolue nécessité de prévenir un embrasement » entre Israël et le mouvement islamiste Hezbollah au Liban. « Il
a redit son extrême préoccupation quant à l’accroissement des tensions entre le Hezbollah et Israël le long de la Ligne bleue et souligné l’absolue nécessité de prévenir un embrasement qui nuirait tant aux intérêts du Liban que d’Israël, et constituerait un développement particulièrement dangereux pour la stabilité régionale », a indiqué l’Élysée dans un communiqué. « Les deux dirigeants ont évoqué les efforts diplomatiques en cours en ce sens »,
a ajouté la présidence française.
Le 30 juin 2024, dans les heures suivant la publication des résultats, la Macronie délivrait, en vue du second tour, des messages variés, dominés par "Tout sauf le RN", parfois par "Pas de soutien à un candidat LFI". Elle négociait secrètement pour favoriser, en cas de triangulaires Majorité présidentielle/RN/NFP, les candidats NFP mieux placés pour gagner au second tour. Le Président Emmanuel Macron, d'ordinaire si disert, très présent dans les médias - interview, etc. -, notamment avant le premier tour de scrutin, demeurait absent des médias, silencieux, laissant dire... pendant que les magouilles électorales se poursuivaient entre la majorité présidentielle et le NFP.
Ce qui décrédibilisait le discours macronien, et révélait combien l'"extrême-centre" demeure fidèle à la gauche socialiste originelle du Président, proche de Jacques Attali, et de ses principaux ministres (MM. Attal et Séjourné anciens soutiens du socialiste Dominique Strauss-Kahn).
Si des candidats proches de Jean-Luc Mélenchon étaient élus dès le 1er tour de scrutin, car pourvus de circonscriptions aisément gagnables, d'autres, dont François Ruffin, étaient en ballotage fragile. François Ruffin, candidat NFP, vitupérait contre la ligne Mélenchon, considéré comme un "boulet", et annonçait que, s'il était élu, il refuserait l'étiquette LFI. Sa décision s'explique par sa circonscription distincte de celles, situées dans des quartiers de grandes villes ou certaines banlieues, votant LFI.
En effet, la carte électorale de la France montre une division : une France rurale-périphérique, abandonnée souvent par l'Etat, votant résolument RN, et une France de grandes villes et de certaines banlieues votant pour la Macronie, si auparavant elle votait à droite, ou pour LFI-EELV - LR et le PS conservent des implantations locales, mais pour combien de temps encore ?
Les lois votées à l'initiative de la gauche ont contraint les villes à respecter un seuil minimal de logements sociaux. Ceux-ci excluent majoritairement les "Français de souche" et une grande partie des classes moyennes. Faute d'avoir les moyens de payer un loyer élevé, les pauvres Français doivent quitter les grandes villes pour la "France périphérique" où l'on doit avoir une voiture pour circuler, même pour aller acheter une baguette de pain fautes de commerces de proximité.
Le vote RN s'avère plus un vote d'adhésion, d'espoir, qu'un vote de colère. Le vote pour le NFP ou la NUPES résulte de ce bouleversement démographique, et provient de bobos, de privilégiés, du "vote halal" et d'électeurs acquis aux enseignements prodigués par l'Education nationale gérée par des syndicats de gauche et aux programmes politisés à gauche avec l'aval des gouvernements successifs. Dans ces conditions, une droite désunie, affaiblie par la disparition de classes moyennes appauvries, ne peut gagner de grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux) ou des agglomérations moyennes (Nantes).
Le 3 juillet 2024, lors d'une conférence de presse, le recteur de la grande mosquée de Paris Hafiz Chems-eddine
déclarait : « Nous ne pouvons pas laisser la peur, la division et l'intolérance déterminer notre avenir. Face aux idées de l’extrême droite, nous appelons à l’union nationale. Protéger notre pays est un devoir. Voter est un devoir. Voter est une espérance. Nous, citoyens, unis dans notre diversité, ferons entendre nos voix grâce aux urnes, le dimanche 7 juillet 2024. » Depuis plus d'un mois, ce recteur n'a pas ménagé ses efforts en faveur du NFP.
Le 24 juin 2024, une dame âgée de 88 ans, portant une étoile de David autour du cou, a été agressée - rouée de coups, traitée de « sale juive » - à Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d’Oise) par des individus d'origine maghrébine et subsaharienne. Cette agression a été rendue publique par le Collectif des Vigilants, puis par Valeurs actuelles, Le Figaro. Le CRIF l'a condamnée. "Une enquête a été ouverte par le parquet de Pontoise et des investigations sont en cours, rapportait Le Figaro".
"Il est temps que les institutions juives françaises se fassent respecter et fassent respecter la population juive française. Il est temps d’exiger l’arrêt de la propagande anti-israélienne d’État – l’Agence France Presse et les médias publics français en tête – qui a nourri cet antisémitisme croissant. L’acte antisémite qui a frappé ma grand-mère a été dissimulé pour éviter de faire monter le Rassemblement national au moment des élections et faire le jeu du gouvernement actuel qui s’allie maintenant avec les pires antisémites de la LFI. Ce silence sur ces actes antisémites doit cesser", a écrit Sharren Haskel, membre de la Knesset, dans sa tribune "
La France doit affronter son antisémitisme croissant" (
Causeur, 3 juillet 2024) Elle a déclaré sur
i24News que sa grand-mère est "blessée, elle a perdu des dents et elle se sent terriblement humiliée."
Le 4 juillet 2024,
Libération publiait la tribune "
D’anciens déportés appellent à faire barrage au RN : « Nous savons où mènent le racisme, l’antisémitisme, la restriction des libertés ». "Dix derniers survivants des camps nazis, qui savent mieux que quiconque à quoi conduit l’idéologie de l’extrême droite, appellent les citoyens à se mobiliser contre le Rassemblement national". Le texte était signé par Evelyn Askolovitch, Francine Christophe, Andrée Dupont-Thiersault, Bernard Duval, Ginette Kolinka, Jean Lafaurie, Jean-Claude Passerat, Léon Placek, Guy Poirot, Esther Sénot.
Le 4 juillet 2024,
Le Figaro a publié la tribune «
Le Nouveau Front populaire constitue la première menace pour les Français juifs », "et, plus largement, pour la France". "Une centaine de personnalités, dont l’historien Georges Bensoussan, le philosophe Pierre-André Taguieff et l’universitaire Pascal Perrineau, appellent à faire « barrage » à l’union des gauches formée à l’occasion des élections législatives. LFI a fait de la haine antijuive une stratégie électorale, argumentent-ils". Ces intellectuels visaient le NFP, et non seulement LFI.
"En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal",
a écrit Nicolas Machiavel. Et Raymond Aron
observait : "Le choix en politique n'est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable".
Pour beaucoup d'électeurs français, le programme du NFP entrainera la faillite de la France. Celui du Président vénézuélien Chavez, admiré par Jean-Luc Mélenchon, a ruiné cet Etat sudaméricain si riche. Et la majorité des vénézuéliens juifs ont du quitter cet Etat gouverné par des dirigeants antisémites et à la diplomatie anti-israélienne.
Aussi, à court terme, des électeurs français privilégient le RN, et excluent de leur vote le NFP ou la Macronie aux bilans désastreux.
Le 2 juillet 2024, le ministre des Affaires de la Diaspora, Amichaï Chikli (Likud), a apporté son soutien à Marine Le Pen. « Ce serait une excellente chose pour Israël qu’elle soit présidente de la France, avec dix points d’exclamation », avait-il déclaré.
Interrogé sur le fait de savoir si le chef de son parti, Netanyahu, est d’accord avec lui, Amichaï Chikli avait répondu : « Je pense que Netanyahu et moi sommes du même avis. » S’exprimant sur la chaîne publique Kann, Amichaï Chikli, dont le ministère est censé lutter contre l’antisémitisme, a souligné le soutien de Marine Le Pen à Israël et sa récente participation à une marche contre l’antisémitisme, à laquelle Emmanuel Macron n’avait pas assisté".
Le 3 juillet 2024, lors d'un appel téléphonique, le Président français Emmanuel Macron "a fait part de son mécontentement au Premier ministre Benjamin Netanyahu qui lui a dit qu’il avait donné l’ordre à ses ministres de ne pas faire de déclarations publiques concernant les élections parlementaires françaises".
Des médias ont relayé l'indignation élyséenne devant cette "ingérence".
Flash back. Yaïr Lapid "
a pris la rare décision de soutenir Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, et le Président Emmanuel Macron a semblé lui rendre la pareille en l’accueillant à l’Élysée quatre jours seulement avant les élections d’avril 2019 en Israël."
Le 5 juillet 2024, était rendu public, notamment sur les réseaux sociaux et sur le site Internet du CRIF, le communiqué "
Dimanche, restons fidèles aux valeurs de la République" signé par Yonathan Arfi, Président du Crif, Ariel Goldmann, Président du FSJU, Elie Korchia, Président du Consistoire Central,
Haïm Korsia, Grand Rabbin de France :
"Ce dimanche 7 juillet, la France décidera de son avenir à l'occasion du 2ème tour des élections législatives. Dans les urnes, nous tous, citoyens, écrirons son destin.
Fidèles à l'histoire de nos institutions et à l'esprit du judaïsme, nous n'acceptons pas de nous associer à ceux qui tendent à exclure ou stigmatiser notre prochain, comme à ceux qui embrasent notre société en propageant la haine et l’antisémitisme, sous couvert d'antisionisme.
Non, le populisme ou le nationalisme n'ont jamais été dans l'Histoire un rempart contre l’antisémitisme ni amené la paix et la sérénité.
Non, l’antisémitisme n’est ni « résiduel » ni « contextuel » comme certains ont osé l'affirmer.
Pour redonner au pays la possibilité de l’action publique et retrouver l’espérance de perspectives salvatrices, nous faisons le choix des valeurs universelles et humanistes qui sont au cœur du judaïsme, comme de notre pacte républicain. En conscience, nous estimons que cela ne peut se faire aujourd’hui ni avec le RN ni avec LFI.
Quelle que soit l’issue du scrutin, la recrudescence des actes violents contre les Juifs, en particulier depuis le 7 octobre, devra être prise en compte et les politiques publiques renforcées pour obtenir des résultats plus concrets dans la lutte contre l'antisémitisme et faire en sorte que les Juifs retrouvent la sérénité à laquelle ils ont pleinement droit. La sécurité des Juifs et de manière générale de tous les citoyens, comme la pleine préservation de la liberté de culte telle qu'offerte par la laïcité, doivent être des combats essentiels de la République.
Pour que la France, terre des Lumières et berceau des droits de l’Homme, reste fidèle à sa noble tradition et puisse toujours défendre le droit et la liberté,
Pour que la France puisse vivre heureuse et prospère,
Pour que nous tous, puissions continuer de vivre en fraternité et en solidarité,
Dimanche, faisons notre choix en conscience et en responsabilité, pour éclairer notre avenir."
Sur Radio J, le grand rabbin de France Haïm Korsia a expliqué : "C'est un communiqué pour l'Histoire. Une forme d'engagement. Nous allons célébré en 2025 les 60 ans de Nostra Aetate... Le Front national a une histoire... Les dirigeants du RN ont agi pour enlevé le verrou des juifs. Il faut voir l'historicité des choses. Toute haine pour quiconque est dangereuse pour tous. Dans quel cadre a eu lieu cette rencontre de dirigeants communautaires avec le RN. Je n'ai pas le mental d'un bourgeois de Calais... Nous défendrons le bien commun. Vous croyez qu'en parlant avec des méchants, ils deviendront moins méchants ? Un parti qui programme le départ de l'étranger ? Comment le concilier avec "Tu aimeras l'étranger" ? J'ai demandé à Alain Duhamel comment la gauche a pu s'associer avec des antisémites ? Il m'a répondu : "C'est un réflexe de gauche". Il faut qu'un bloc central puisse gérer les affaires de la France, les Jeux olympiques... Il faut voir, aller vers la réalité que vivent les Français. Sinon, les gens se diront "Allons vers ceux qui s'intéressent à nous". Il a loué l'effort mené par le parti travailliste britannique concernant l'antisémitisme. Il a dénoncé "l'atmosphère malsaine depuis huit mois. Il y a trop de violence dans le pays". Il y a aussi des gens ayant des positions justes par rapport à Israël. Il faut sortir de cette alliance contre nature de la gauche avec LFI. Je comprends cette tribune, la position de Serge Klarsfeld. Le RN n'est pas pro-juif. Il faut regarder les électeurs. Il faut retisser du lien, vibrer ensemble. Comme durant les Jeux olympiques".
Peu auparavant, interrogé sur l'action du CRIF en cas de victoire du RN, Yonathan Arfi avait répondu : "On verra". L'aveu que le CRIF n'avait pas de "plan B", et se trouve toujours sur la défensive, incapable d'initiatives autres que "Macron-compatibles". Militant pour accabler le RN, le CRIF diffusait une hoax, alléguant à tort qu'un candidat du RN était négationniste.
Seule voix dissonante parmi les principaux dirigeants communautaires juifs français : celle de Richard Prasquier, Président d'honneur du CRIF qui écrit dans une tribune intitulée "
Chocs et désistements" (
Causeur, 4 juillet 2024) : "L’arrivée de LFI au pouvoir impliquerait que ceux-ci fassent leurs valises, sauf à devenir des dhimmis, interdits d’expression sous l’effet de cette
cancel culture que des esprits dérangés prennent pour le summum de la démocratie. C’est pourquoi la mise en équivalence des deux extrémismes de droite et de gauche m’a paru dépassée : entre un candidat LFI et un candidat RN, je choisirais aujourd’hui le RN et je ne voterais pas blanc car c’est voter pour le futur vainqueur et rien d’autre... Je sais aujourd’hui que je serais peut-être naïf. L’enquête du journaliste Pierre Stéphane Fort sur la face cachée de Jordan Bardella et sur l’influence déterminante de Frédéric Chatillon sur son parcours politique, enquête qu’a présentée Caroline Fourest dans Franc-Tireur, suggère que les fondamentaux n’ont malheureusement pas changé... S’il vient au pouvoir, nous observerons ses actions et nous ne l’estimerons pas à l’aune de nos préjugés."
Pour avoir failli à fixer une stratégie pertinente, pour avoir ignoré "la base juive", pour s'être arrimés à la Macronie qui pactise avec LFI si hostile à l'Etat Juif et si réticent à qualifier le Hamas de mouvement terroriste, pour n'avoir pas su négocier leur soutien aux pouvoirs politiques successifs, le CRIF, les Consistoires & Cie se retrouvent les grands perdants sur la scène politique où ils se sont aventurés sans aucune expertise. Et ce, d'autant qu'une trentaine de présidents d'organisations juives françaises, certes de moindre importance, réunies dans le cadre de la Confédération des juifs de France et Amis d’Israël (
CJFAI), ont rencontré Marine Le Pen et des dirigeants du RN le 1er juillet 2024. Invités à participer à cette réunion, le CRIF et le Consistoire avaient décliné la proposition. Interrogée sur l'abattage rituel, la circoncision, le port de la kippa, la date d'examens souvent fixée lors de chabbat ou de fêtes juives, Marine Le Pen a tenu des propos rassurants. Sur Israël, elle a souhaité "l'éradication totale du Hamas" et une "paix totale entre Israéliens et Palestiniens". Ces dirigeants communautaires semblent reporter l'heure de l'aggiornamento de leur stratégie au plus tard possible... Donc en limitant leur marge d'actions.
Cet ancien rédacteur en chef de Valeurs actuelles comparait le "Ni RN ni LFI" de dirigeants communautaires français à l'alerte d'intellectuels sur le NFP comme "première menace pour les Français juifs" :
"Il y a fort à parier que la plupart des Juifs français seront plus enclins à écouter les 100 intellectuels que le Grand Rabbin et les leaders laïcs de la communauté. La plupart des Juifs français savent parfaitement que l'appel du Grand rabbin de France Haïm Korsia a été "inspiré" par les conseillers de M. Macron et qu'il n'était pas en position de refuser...
Enfin, ils ne peuvent plus se résoudre à considérer M. Macron comme un ami. Le mois dernier, le président a pris la décision personnelle d'interdire à 74 entreprises israéliennes l'accès au salon mondial de l'armement EuroSatory, accordant ainsi au mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions son plus grand succès à ce jour dans une démocratie occidentale.
De nombreux responsables de communautés juives comprennent qu'ils ne peuvent pas simplement ignorer que le plus grand parti de France, le Rassemblement national, est populaire, ni sous-estimer son engagement croissant en faveur d'Israël et d'autres intérêts juifs. Une délégation de 20 dirigeants du Grand Paris a rencontré Mme Le Pen en début de semaine "pour clarifier certains points.
Le second tour de l'élection peut se résumer en une phrase : il s'agit d'un passage du duel à la compétition à trois. Sur 577 circonscriptions, il y en a environ 300 où le Rassemblement national a remporté la majorité des voix au premier tour, le 30 juin, mais peut être battu le 7 juillet, si le nouveau Front populaire et les macronistes s'unissent.
Ce qui est vrai pour les Juifs de France en particulier l'est aussi pour les Français en général : ils pourraient ne pas vouloir suivre les directives de leur centrale le 7 juillet, mais plutôt insister pour juger par eux-mêmes. Selon un sondage Ifop, les électeurs pourraient être également divisés lors d'un duel entre le Rassemblement national et la France insoumise, même dans les endroits où le vote de centre-gauche combiné a été plus fort que le vote du Rassemblement national au premier tour."
La violence politique avait ciblé Eric Zemmour en Corse en début de campagne électorale. Sans grande indignation médiatique ou des principaux partis.
Dans l'entre-deux tours, un candidat RN avait été menacé. Était posté sur les réseaux sociaux un rap conspirationniste, antisémite et homophobe. Et des candidats ou leurs suppléants étaient agressés. Ainsi, à Meudon, le 3 juillet 2024 vers 20 h, Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement macronien et candidate à sa réélection dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine, sa suppléante Virgine Lanlo et un militant de Renaissance
ont été agressés physiquement : un individu a crié "Sur Allah ! Appelle tout le monde !", puis une vingtaine d'individus sont arrivés. Quatre agresseurs, trois Français et un Ivoirien, ont été arrêtés par la police ; trois sont mineurs. Certains étaient connus des services de la police. "Le parquet de Nanterre
a ouvert une enquête en flagrance confiée à la Direction territoriale de la sécurité de proximité des Hauts-de-Seine (DTSP 92) pour des faits qualifiés de violences commises en réunion avec arme, et de violences sur un élu public en réunion et avec arme". Interviewée le 4 juillet 2024, Prisca Thévenot éludait le profil des agresseurs.
Le 5 juillet 2024, Amaury Brelet, rédacteur en chef de
Valeurs actuelles,
a twitté :
"Les quatre individus interpellés et placés en garde à vue après l’agression de Prisca Thévenot et son équipe à Meudon dans les Hauts de Seine sont :
1) Jugurtha B., 20 ans, né à Meudon (92), Français, "type nord africain", préparateur de commandes intérimaire, habite à Meudon (92), "très défavorablement connu des services", indique une source policière à @Valeurs
2) Un mineur de 17 ans, né à Sèvres (92), Français, "type nord africain", habite à Meudon (92)
3) Un mineur de 16 ans, né à Colombes (92), Français, "type nord africain", habite Meudon (92)
4) Un mineur de 15 ans, né en Cote d’Ivoire, Ivoirien, "type africain", habite à Meudon (92) #Legislatives".
Le lien entre immigration et délinquance, souvent nié par la Macronie s'avère fondé dans ce cas.
D'autres candidats, notamment du RN, ont été agressés par des individus se revendiquant de LFI.
De nombreuses professions, dont un millier d'historiens, appelaient à "vaincre le Rassemblement national" (
Le Monde, 1er juillet 2024).
Eric Zemmour appelait à voter pour un candidat de droite, quelle que soit sa formation politique.
Des hypothèses étaient formulées pour l'après-second tour : gouvernement d'union nationale, "majorité plurielle", majorité absolue du RN grâce à des députés LR, etc.
La macronie et LFI serinaient : "LFI n'aura pas la majorité, mais le RN risque d'avoir une majorité". Ce qui favorisait des alliances entre le parti présidentiel et le NFP et banalisait le vote pour des partis de gauche et gauchistes acceptant un programme dangereux pour la France et un candidat fiché S ! Après les désistements et négociations/alliances tactiques entre Ensemble !, les partis composant le NFP et LR, restait au 3 juillet 2024 une centaine de duels impliquant le RN.
"Très marginales lors des législatives de 2022, les
triangulaires concernaient la majorité des circonscriptions en 2024. À l'issue du premier tour des élections ce dimanche 30 juin, où la participation a été en forte hausse, plus de 300 circonscriptions se trouvaient dans cette situation de potentielle triangulaire, voire de quadrangulaire. Et le Rassemblement national (RN) et ses alliés sont arrivés en tête dans plus de la moitié des territoires. Mais le nombre de triangulaires pourrait être réduit drastiquement afin de faire barrage au RN en raison de nombreux désistements à gauche et dans le camp macroniste. En effet, le Nouveau Front populaire (NFP) a annoncé que les candidats arrivés en troisième position se retireront dans le cas où le RN est en tête. Dans la configuration où c'est le NFP qui est sur la deuxième marche du podium, devant le camp macroniste, la tendance est à un désistement des candidats Ensemble et Horizons. Cette ligne n'est néanmoins pas encore clairement définie, prônant plutôt du « cas par cas ». Selon un décompte réalisé par l'Agence France-Presse au moins 200 candidats s'étaient désistés mardi 2 juillet 2024 après-midi. À ce stade, 118 membres du Nouveau Front populaire de gauche ont choisi de se désister, ainsi que 78 de la coalition centriste Ensemble pour la République, trois rattachés au parti de droite Les Républicains et une ultramarine sans étiquette. Mais ce nombre est encore susceptible d'évoluer, la date limite du dépôt des candidatures étant fixé à 18 heures ce mardi en préfecture. Parmi les centaines de désistements, la candidate Insoumise dissidente Raquel Garrido a annoncé lundi soir qu'elle retirait sa candidature. Elle était arrivée en troisième position dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis, devancée par Aly Diouara, candidat officiel du Nouveau Front populaire, et Aude Lagarde (UDI). Dans le Nord, la candidate NFP s'est aussi désistée au profit de Gérald Darmanin afin de faire barrage au RN. Un candidat Insoumis s'est également retiré au profit de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne, deuxième derrière le RN dans le Calvados.""
"Vous avez voté pour le RN ? Vous aurez un gouvernement LFI ! ", résumait Pascal Praud sur CNews le 2 juillet 2024.
Nombreux sont les politologues, essayistes ou éditorialistes soulignant l'échec du macronisme, le désastreux pari ou jet de dés du Chef de l'Etat, voire la fermeture de la parenthèse macronienne aboutissant à un clivage entre l'extrême-gauche et "l'extrême-droite". Une analyse correspondant au court terme, à une crise politique et institutionnelle grave qu'il convient d'interpréter à l'aune d'une
déclaration du Président Emmanuel Macron lors d'une visite du Centre hospitalier de Vendôme le 30 avril 2023 : «
C’est plus dur de réinventer [un modèle] quand tout n’a pas été détruit. » Cette crise durable offrirait l'opportunité pour un Président à la psychologie problématique d'achever la destruction de la France. Comme il n'a rien construit hormis sa carrière professionnelle, et a aggravé les déclins de la France sous ses mandats, il ne semble pas en mesure de reconstruire un pays dont il nie la culture et combat l'Etat-nation.
Les hypothèses pour le 8 juillet 2024 :
- Le RN obtient une majorité absolue (289 sièges). La violence se déchainera dans les rues à l'initiative des gauchistes, des fonctionnaires refuseront d'obéir à des ordres, la Commission européenne entravera l'action du nouveau gouvernement, les Jeux olympiques risquent d'être annulés à Paris et reportés à une date inconnue, etc.
- Le RN obtient une majorité relative, et devra obtenir le soutien de députés LR ou indépendants ;
- Aucun parti n'obtient de majorité absolue. Un gouvernement d'union nationale technocrate est formé avec des députés Macron-compatibles LR, PS ou EELV, qui, sitôt élus, auraient repris leur autonomie par rapport au NFP comme ils l'avaient fait peu ou prou envers la NUPES en 2022. Quels projets de loi pourraient être votés par des députés macroniens, socialistes, écolos, avec éventuellement d'anciens LFI ? Des "majorités de circonstances" se formeront en fonction des projets de loi ou seront votés par l'article 49-3, comme sous les gouvernements d'Elisabeth Borne.
La crise institutionnelle risquerait de durer jusqu'en 2025, année où le Président Emmanuel Macron pourra dissoudre l'Assemblée nationale. Et on recommencera ?
Le 6 juillet 2024, des commerçants de grandes villes faisaient protéger les vitrines de leurs boutiques afin d'éviter les vandales. Dès le 7 juillet 2024 en fin d'après-midi, la place de la République à Paris était occupée par des individus brandissant des drapeaux palestiniens. Et cette place parisienne était vandalisée par des actes de violence : abribus cassés, poubelles déversées sur le sol, etc.
D'ici au 7 juillet 2024, les Français sont dans l'expectative, et souvent anxieux.
Le dimanche 7 juillet 2024, de 14h à 20h, à l’ECUJE de Paris , LIMOUD a proposé 20 conférences sur le thème "
Agir, dialoguer, informer après le 7 octobre", sur l'Histoire, la géopolitique, la désinformation, la politique et la Shoah, 8 ateliers dont l'un de fabrication d'un parfum animé brillamment par Emmanuelle Grin, fondatrice et dirigeante de
Martine & Colette, parfums sur-mesure, un cocktail de clôture en musique. "Les juifs et l'extrême-droite" étaient évoqués lors d'une conférence.