Arte diffusera le 23 avril 2024 à 20 h 55 « Le temps des paysans », série documentaire en quatre volets de Stan Neumann. « Les paysans d’Europe – un peuple immense, une histoire plus que millénaire. Depuis la chute de Rome, les paysans européens ont presque toujours subi les pouvoirs en place. Après Le temps des ouvriers, Stan Neumann retrace l’histoire longue des paysans, une catégorie méprisée et exploitée, l’épopée paysanne, les siècles d’oppression et de luttes, de solidarités et de rêves. »
« Les paysans d’Europe – un peuple immense, une histoire plus que millénaire. Des ruines de l’empire romain à l’agriculture industrielle en passant par l’oppression féodale, le paysan, au bas de l’échelle sociale, semble avoir presque toujours subi les pouvoirs en place. »
« Stan Neumann parcourt les champs des possibles, sème des questionnements et retrace l’histoire des agriculteurs européens. Alors que le modèle productiviste est en crise, le secteur agricole espèrerait-il un retour du modèle paysan ? »
« Privés de récits, les paysans européens, écrasés, déconsidérés, ont longtemps vécu dans le silence et l’obscurité, ne laissant, durant des siècles, aucun témoignage direct ».
« Alors, pour raconter leur histoire depuis la chute de Rome, cette série documentaire fleuve « Le temps des paysans » convoque une myriade d’illustrations : iconographie religieuse, si féroce envers eux, gravures, toiles, cartes postales, fables ancestrales, affiches politiques, chansons populaires, perles du cinéma en noir et blanc… »
« Après Le temps des ouvriers, Stan Neumann poursuit son exploration des mécanismes historiques de l’oppression et de l’émancipation. Il « retrace l’épopée paysanne, les siècles d’oppression et de luttes, de solidarités et de rêves, l’histoire longue d’une catégorie méprisée et exploitée ».
« Jouant avec les codes narratifs, il opère, tout au long de ces quatre volets, des allers-retours réguliers entre la grande histoire de la paysannerie et des interviews d’agriculteurs en activité, qu’ils soient bretons, italiens, roumains… Mêlant archives et séquences d’animation, ce voyage dans le temps et sur l’ensemble du continent, narré par Catherine Ringer, nous offre aussi une plongée dans l’histoire politique, économique et coloniale de l’Europe. »
Avant leur aliyah, de jeunes juifs citadins sionistes vivant en Europe, s'étaient préparés dans les années 1930 au travail en kibboutz. C'est le cas de Max Windmüller (1920-1945). Né à Emden (Basse Saxe), ce jeune juif allemand se réfugie, avec sa famille, aux Pays-Bas en 1933. A Groningen (Frise occidentale), cet adolescent fait partie d’un mouvement Juif sioniste préparant de jeunes Juifs à leur future vie de pionniers en Palestine mandataire, les formant à des métiers utiles en Eretz Israël : travaux agricoles dans une ferme près d’Assen.
De 1933 à 1935, à Jugeals-Nazareth (Corrèze), « Machar » (demain, en hébreu), seul kibboutz créé en France, a accueilli des centaines de jeunes réfugiés juifs ayant fui les persécutions antisémites en Europe, notamment en Allemagne nazie. A la fermeture de cette « ferme-école », ses élèves sionistes ont rejoint Eretz Israël, alors Palestine sous mandat britannique, et ont contribué à fonder un kibboutz en Galilée.
Les paysans ont non seulement nourri la population, mais aussi modelé et entretenu les paysages. Ils sont actuellement divisés - les intérêts des viticulteurs divergent de ceux des éleveurs ou agriculteurs spécialisés -, et affrontent la concurrence déloyale interne à l'Union européenne (UE) et induite par les traités internationaux conclus avec des pays d'Amérique du nord ou du sud, la réglementation de l'UE et celle encore plus stricte de la bureaucratie française, le rôle parfois problématique des SAFER (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural), le coût de l'achat d'une exploitation agricole, la crise de l'agriculture biologique - encouragés par "l'écologiquement correct" et la perspective de marchés de niches (clientèle de bobos), de nombreux agriculteurs retournent à une agriculture traditionnelle -, l'abandon de leurs décideurs politiques, etc.
1ère partie : « Âge d'or, âge de fer »
« L’histoire de la paysannerie européenne débute dans les ruines de Rome. Avec la disparition de l’empire et des grandes villes, la majorité de la population se retrouve paysanne. Libérés de l’impôt, ces nouveaux paysans, plus autonomes qu'ils ne le seront jamais, ne produisent qu’à la mesure de leurs besoins. »
« Mais à partir du IXe siècle, les élites guerrières imposent le retour de la domination, des taxes et des corvées, tandis que l’Église traque les anciens cultes ruraux. Voici venu le temps de la féodalité et de l’oppression. »
2e partie : « Désastres et révoltes »
« Vers l’an mille, la croissance reprend en Europe grâce au travail paysan, seule source de richesse. L’agriculture commerciale, surtout céréalière, prend son essor. Pour conquérir de nouvelles terres à blé, on détruit forêts et zones humides. »
« Mais l’arrêt de la croissance au XIVe siècle et une longue succession de famines, d’épidémies et de guerres déciment l’Europe paysanne et provoquent de grandes révoltes. De la Jacquerie française de 1358 à la Guerre des paysans allemands de 1525, toutes sont noyées dans le sang. »
3e partie : « Vers l'émancipation »
« Au XVIIe siècle, les paysans commencent à savoir lire et écrire, au grand déplaisir des maîtres, les mêmes qui criminalisent les superstitions rurales et font la chasse aux sorcières de village. »
« En Angleterre, l’aristocratie s’empare des terres communales au nom du progrès et de la rentabilité. Pour survivre, les paysans se font ouvriers agricoles ou vagabonds. »
« La France suit un autre chemin. Sa paysannerie se maintient et joue un rôle majeur dans la Révolution de 1789, qui met fin à mille ans de régime féodal. »
4e partie : « Paysans envers et contre tout »
« Au XIXe siècle, la révolution industrielle bouleverse le monde paysan. Les anciennes solidarités villageoises sont démantelées, la population agricole chute. L’heure est à l’exode rural. »
« Mais lorsque les nationalismes explosent, le paysan, opposé à l’ouvrier, est promu premier défenseur de la patrie. Après les deux guerres mondiales, le modèle productiviste s’impose partout. Le champ devient usine ; le cultivateur, technicien spécialisé. »
« Aujourd’hui ce modèle est en crise. Le retour des paysans est-il le recours ? »
« Assujettis à des pouvoirs qui n’ont cessé de s’approprier leurs terres et leur force de travail, les paysans ont attendu des siècles avant de se révolter. Retour sur trois exemples symboliques de ces soulèvements agraires. Par Raphaël Badache ».
En France, la Grande Jacquerie
Mai 1358. La guerre de Cent Ans fait rage. Les paysans savent qu’ils en sont les principales victimes. Les nobles, eux, y voient l’occasion de prouver leur vaillance. Rompant le pacte féodal, ils dépensent en signes extérieurs de richesse l’argent qu’ils ont extorqué aux paysans pour assurer, en principe, leur protection. Certains de ces derniers se révoltent et quatre seigneurs sont massacrés. Durant trois semaines, une vague antiféodale se répand en Île-de-France et dans les provinces environnantes, dont les châteaux sont pillés, et leurs occupants, chassés. C’est la première jacquerie de l'histoire de France, terme dérivé d’un sobriquet méprisant – “les Jacques Bonhomme” – donné par les nobles aux travailleurs de la terre. Les chroniqueurs de l’époque insistent sur la sauvagerie des paysans, dont la colère leur apparaît contre nature. La répression voit les révoltés torturés et tués par milliers.
En Angleterre, la guerre aux enclosures
À partir du XVIe siècle, l’Angleterre devient la première nation à entreprendre la destruction systématique des communs. Des champs utilisés collectivement par les communautés paysannes sont accaparés par les grands propriétaires terriens, qui érigent des clôtures et réservent ces terres à leurs troupeaux de moutons. L’objectif : favoriser le commerce de la laine, en pleine expansion, et recruter des bras pour les fabriques. On parle de “mouvement des enclosures”.
Cette révolution agricole affame nombre de paysans, expulsés du jour au lendemain et privés de moyens de survie. Durant deux siècles, des centaines d’émeutes locales vont éclater. Aucune n’obtient gain de cause. Dans les pays voisins, les pouvoirs en place admirent ce nouveau modèle et cherchent à l’imiter.
En Italie, l’occupation des terres
Après la Première Guerre mondiale, les paysans, qui ont été mobilisés dans une plus large proportion que les ouvriers des usines, estiment que les États ont une dette envers eux – particulièrement en Italie, où le gouvernement a promis une grande réforme agraire une fois la paix revenue. Or, celle-ci semble oubliée.
En 1919, les ouvriers agricoles et les paysans pauvres lancent alors un mouvement général d’occupation des terres. L’échec est total. Les grands propriétaires terriens du nord du pays font appel à des milices d'extrême droite qui parviennent à mater le mouvement. Leur victoire contre le “bolchevisme rural” propulse sur le devant de la scène les Chemises noires de Mussolini. Assujettie et instrumentalisée, l’agriculture devient le fer de lance d'une propagande fasciste obsédée par l’idée de la nation nourricière, qui gagne du terrain dans toute l'Europe. »
France, 2023
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici
Conseiller historique : Gérard Béaur
Commentaire dit par Catherine Ringer
Sur Arte
1ère partie (56 min) : 23 avril 2024 à 20 h 55
2e partie (55 min) : 23 avril 2024 à 21 h 55 :
3e partie (55 min) : 23 avril 2024 à 22 h 45
4e partie (55mn) : 23 avril 2024 à 23 h 40
Disponible du 22/03/2024 au 21/11/2024
Visuels :
Pieter Bruegel l’Ancien, “La Chute d’Icare”, Huile sur toile marouflée sur bois .H. 0,74 ; L 1,12. Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts.
© AKG- images
Hans Sebald Beham (1500-1550), " Les Noces de villages. Deux autres couples ou Septembre et Octobre" . Burin (1550).
© Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.
Campagne de collectivisation en Tchécoslovaquie (années 1950)
© Collection of the National Museum of Agriculture, Czech Republic
Dessin représentant les travaux aux champs, encre, sepia, 17ème siècle, Université d' Utrecht
© Les Films D' Ici
Art roman. France. Retjons (Landes). Chapelle Notre-Dame de Lugaut. - Détail : musicien jouant du rebec et danseuse. Vers 1220-1230. Fresque.
© Jean-Paul Dumontier / LA COLL
Paysans français du XVIIIème siècle, gravure
© Les Films d' Ici
" La Jacquerie" ou le " Soulèvement des paysans en 1358", page issue du manuscrit des " Chroniques de Froissart" , XVème siècle
© AKG-images / Album / Oronoz
Mouton en Irlande
© Les Films d' Ici
Village abandonné en Irlande
© Les Films d' Ici
Tenuta Colombara, ferme crée au XVème siècle et dédiée à la culture du riz, Vercelli, Italie
© Les Films D' Ici
Ouvriers agricoles à Ferrare, Emilie-Romagne, Italie, vers 1954 : ces ouvriers agricoles célèbrent la victoire de leurs grèves en brandissant leurs faux
© Ando Gilardi / Fototeca Gilar
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