« Julia Pirotte, photographe et résistante »
Régine Stépha Skurnik, ancienne combattante volontaire de la Résistance
« Les œuvres qui ont bousculé leur époque » est une collection d’ARTE. « Choc culturel, renversement artistique, œuvres coup de poing, Avant/après, la nouvelle collection d’ARTE, « Les œuvres qui ont bousculé leur époque », revient sur les grandes œuvres littéraires et cinématographiques qui ont secoué, alerté nos sociétés pour parfois radicalement les faire bouger ».
Arte diffusera le 10 avril 2024 à 23 h 25, dans le cadre de « Les œuvres qui ont bousculé leur époque - Avant/Après » « Le chagrin et la pitié" - La France de Vichy dynamitée », documentaire de Joseph Beauregard.
« En 1971, la sortie du documentaire de Marcel Ophuls, "Le chagrin et la pitié", brise le mythe gaullien d’une France unie contre l’envahisseur nazi. Histoire d’une déflagration historique qui, entre tabous et polémiques, a bouleversé le regard hexagonal sur les années d’Occupation. »
« Pour Le chagrin et la pitié, Marcel Ophuls est parti enquêter à Clermont-Ferrand. Il dresse le portrait d’une ville de province située non loin de Vichy, et prise au quotidien, de 1940 à 1944, entre pétainisme et résistance, milices et collaboration. »
« Le fils du célèbre cinéaste Max Ophuls (La ronde, Le plaisir, Lola Montès…) y rencontre notables, commerçants, paysans et enseignants, et croise leurs témoignages avec la parole de nombreuses personnalités, de Pierre Mendès France, à Christian de La Mazière, engagé français de la Waffen-SS. »
« Éclairant un versant jusqu’ici occulté de la mémoire collective hexagonale, Le chagrin et la pitié brise le mythe gaullien d’une France unie dans la résistance contre l’ennemi nazi. »
« Plus de cinquante ans après sa sortie, Joseph Beauregard retrace l’épopée de ce film hors du commun, d’une durée de plus de quatre heures et interdit d’antenne par l’ORTF pendant dix-huit mois. »
« S’appuyant aussi sur les expertises d’autres historiens (dont Vincent Lowy, Henry Rousso ou Pascal Ory), du critique de cinéma Samuel Blumenfeld et de journalistes (Anne Sinclair, Antoine Spire), Joseph Beauregard fait œuvre salutaire : en soulignant l’exigence de justice du Chagrin et la pitié, il rappelle les tentations de falsification historique de tout pouvoir politique. »
« Le chagrin et la pitié" - La France de Vichy dynamitée » de Joseph Beauregard
Régine Stépha Skurnik, ancienne combattante volontaire de la Résistance
Vichy
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« Le 14 avril 1971 sort en catimini, dans une petite salle du quartier Latin, un documentaire qui va provoquer un séisme dans l’opinion française : pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un regard sans concession est porté sur l'Occupation. »
« Le fils du célèbre cinéaste Max Ophuls (La ronde, Le plaisir, Lola Montès…) y rencontre notables, commerçants, paysans et enseignants, et croise leurs témoignages avec la parole de nombreuses personnalités, de Pierre Mendès France, à Christian de La Mazière, engagé français de la Waffen-SS. » Ancien député, ancien ministre, ancien président du Conseil, Pierre Mendès France avait été arrêté en 1940 alors qu'il essayait de rejoindre l'Afrique du Nord par le Massilia, jugé, et condamné par le gouvernement de Vichy pour « désertion ». Dans le film, il relatait avec ironie son évasion en 1941 de la prison de Clermont-Ferrand. A Londres, il avait rejoint les Forces françaises libres (Groupe Lorraine).
Autres personnes interviewées : Georges Bidault, ancien ministre et ancien membre du Conseil national de la Résistance, Matthäus Bleibinger, ancien soldat allemand en poste à Clermont-Ferrand, blessé lors de la libération de la ville, Emmanuel d'Astier de La Vigerie, journaliste, membre du mouvement de résistance Libération-Sud et fondateur en 1941 du périodique clandestin Libération puis, dès 1958, représentant du « gaullisme de gauche », Anthony Eden, ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre du Royaume-Uni, Raphaël Géminiani, ancien champion cycliste et directeur sportif, Madame Solange (Solange Azan), coiffeuse, condamnée pour avoir dénoncé un résistant, acquittée judiciairement en 1947, Denis Rake, opérateur radio du Special Operations Executive, Elmar Michel, ancien général-conseiller économique auprès du commandement militaire allemand en France et PDG des chaussures Salamander.
« Éclairant un versant jusqu’ici occulté de la mémoire collective hexagonale, Le chagrin et la pitié brise le mythe gaullien d’une France unie dans la résistance contre l’ennemi nazi. »« Petit à petit, l’écho du film grandit, et les polémiques et scandales qu’il déclenche lui assurent un succès public retentissant, marquant d’un sceau indélébile l’histoire de la France au XXe siècle. »
Les Présidents de l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF, établissement public d'État), Jean-Jacques de Bresson puis Arthur Conte, ont avancé comme raisons la durée inhabituelle du film (près de quatre heures) et des protestations de familles de personnes, dont Pierre Laval, nommées dans ce long métrage.
Alors membre du Conseil d'administration de l'ORTF, Simone Veil était indignée par l'image négative de la France, notamment de Clermont-Ferrand, ville ayant compté de nombreux résistants, véhiculée par le documentaire. En 1992 sur France 3, elle a souligné que Le Chagrin et la Pitié « a été très injuste pour les résistants et les Français qui ont sauvé beaucoup d'enfants juifs - beaucoup plus que dans d'autres pays - des voisins qui ont pris un enfant qu'ils ne connaissaient pas, mais aussi les églises. » Elle avait indiqué que le prix demandé par le réalisateur avait été jugé trop élevé, et que, « lors de sa sortie en salles, Le Chagrin et la Pitié rencontra d’emblée un vif succès. Il est vrai qu’il bénéficia d’une large publicité parce que l’ORTF en avait refusé la diffusion ; preuve irréfutable, aux yeux de certains, que le pouvoir ne voulait pas que la vérité éclate. » Le film avait été diffusé dans des salles d'art et d'essai.
"Avec le succès, vient le temps de la rupture entre Marcel Ophuls d’un côté, André Harris et Alain de Sédouy de l’autre."
« Le chagrin et la pitié – La France de Vichy dynamitée restitue au plus près son impact sur un pays qui n’avait jusqu’ici jamais été confronté à son propre comportement pendant la guerre. »
« Il raconte comment, déjouant les tabous et la mauvaise conscience, Marcel Ophuls a mis au jour la fracture entre la génération post-68 et le pouvoir, dont l’intérêt était de laisser dans l’ombre "l’invraisemblable vérité" (Vichy n’a jamais aidé les juifs, par exemple), pour ne pas ternir l’image d’une nation en reconstruction. »
"C’était un film de combat, une machine de guerre contre le gaullisme et sa vision de l’histoire", confirme Sylvie Lindeperg, l’une des intervenantes, historienne, du documentaire. »
Dans Annie Hall de Woody Allen (1977), une scène se déroule dans une salle de cinéma new-yorkais projetant Le Chagrin et la Pitié (The Sorrow and the Pity), film admiré par le personnage incarné par le réalisateur.
France, 2024, 62 min
Coproduction : ARTE France, Les Films du Tambour de Soie
Sur Arte le 10 avril 2024 à 23 h 25
Disponible du 20/03/2024 au 24/10/2024
Visuels : © Les films du tambour de soie
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