Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 24 avril 2024

« 1874, la naissance de l'impressionnisme » de Hugues Nancy et Julien Johan

Arte diffusera le 27 avril 2024 à 20 h 50 « 1874, la naissance de l'impressionnisme », documentaire-fiction de Hugues Nancy et Julien Johan. 
« En 1874, Monet, Renoir, Degas et leurs camarades organisent leur première exposition collective en toute indépendance. Redonnant vie à ces jeunes peintres dressés contre l’académisme de leur époque, ce documentaire-fiction retrace l’avènement de la révolution impressionniste, en marge d’une exposition au musée d’Orsay. » 

Le monde d'Albert Kahn. La fin d'une époque
Picasso, Léger, Masson : Daniel-Henry Kahnweiler et ses peintres
« Une élite parisienne. Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939) » par Cyril Grange


« En 1862, Claude Monet, jeune caricaturiste converti à la peinture de paysage par Eugène Boudin, débarque à Paris pour parfaire sa formation. Dans l’atelier de Charles Gleyre, l’indocile se lie d’amitié avec Alfred Sisley, Auguste Renoir et Frédéric Bazille. »

« À une époque où le Salon officiel – qui n’expose que les œuvres adoubées par l’Académie des beaux-arts – constitue la principale voie de réussite, l’organisation du Salon des refusés, en 1863, éveille l’espoir du quatuor. Une œuvre au goût de scandale, en particulier, suscite leur admiration : Le bain (Le déjeuner sur l’herbe) d’Édouard Manet. »

« Comme eux, Camille Pissarro, Edgar Degas, Berthe Morisot ou encore Paul Cézanne tentent de tracer leur sillon entre paysages croqués en plein air et scènes réalistes de la vie moderne. »

« Tous vont être tour à tour refusés par le Salon, à l’image du provocateur Cézanne, systématiquement recalé des cimaises officielles. »

« En 1869, ils se rassemblent derrière Manet dans le groupe dit "des Batignolles", fructueux choc de tempéraments et de styles, et envisagent de monter une exposition indépendante. »

« Mais la guerre franco-prussienne, qui emporte Bazille en novembre 1870, puis la Commune de Paris stoppent leur élan. »

« Il faudra attendre le 15 avril 1874 pour que le projet voie enfin le jour. Dans les anciens studios du photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines, une trentaine d’artistes présentent leurs réalisations, dont un grand nombre sont aujourd’hui considérées comme des chefs-d’œuvre. Détourné par un critique dédaigneux, le titre de l’un de ces tableaux, Impression, soleil levant, de Monet, donnera finalement son nom à une révolution picturale majeure. » 

« Cent cinquante ans après cette exposition fondatrice, dont on découvre ici une fascinante reconstitution inédite en 3D, Julien Johan et Hugues Nancy remontent aux prémices de cette incroyable aventure artistique et humaine, née dans une période de grandes mutations. »

« Mêlées à de riches archives documentaires qui éclairent ce contexte historique, des scènes de fiction formidablement vivantes et élégantes, fondées sur leurs écrits, permettent d’approcher au plus près la vie et l’œuvre des "inventeurs" de l’impressionnisme. »

« De leurs ateliers aux paysages qu’ils ont si splendidement transcrits sur la toile, ces séquences les croquent dans leur jeunesse assoiffée d’indépendance, en faisant la part belle à la personnalité et aux expérimentations de chacun. »

« Une immersion dans l’une des pages les plus éblouissantes de l’histoire de l’art. »

Le documentaire s'achève sur le parcours, après 1874, des peintres impressionnistes artisans de cette exposition. Mais sans évoquer l'affaire Dreyfus qui a divisé ces peintres entre dreyfusards (Pissarro) et antidreyfusards (Degas, Cézanne, Renoir).



« Il n’existe aucune photographie ni description précise de l’accrochage de 1874. En croisant le catalogue de l’exposition, des articles de presse et la correspondance des artistes, les équipes de Gedeon Experiences et Excurio ont pu reconstituer l’événement, sous la direction scientifique des commissaires Anne Robbins et Sylvie Patry. "Ce sont des hypothèses, fondées sur le dernier état des recherches", précise la première. Celles-ci ont donné lieu à une expérience immersive novatrice, "Un soir avec les impressionnistes – Paris 1874", proposée au musée d’Orsay en parallèle de l’exposition "physique". Équipés d’un casque de réalité virtuelle, les visiteurs pourront plonger dans l’effervescence des Grands Boulevards, avant de rejoindre la soirée d’inauguration de la première exposition impressionniste. Un parcours ponctué d’échappées sur les lieux qui ont marqué les débuts du mouvement, de Paris à sa banlieue et jusqu'en Normandie. »


« Co-commissaire, avec Sylvie Patry, de "Paris 1874. Inventer l’impressionnisme" au musée d’Orsay, Anne Robbins nous guide dans ce qui fut la première exposition impressionniste, reconstituée en 3D dans le documentaire et en réalité virtuelle dans une salle de l’institution parisienne. Propos recueillis par Manon Dampierre.
 
La frénésie des Grands Boulevards
"L’exposition se tient au 35, boulevard des Capucines, dans le quartier de l’Opéra, sorti de terre dans les vingt années précédentes, avec la politique d’urbanisation du baron Haussmann sous Napoléon III. Aux travaux de modernisation, qui ne sont pas terminés, se superposent ceux de la reconstruction, Paris ayant été fortement endommagé par la guerre de 1870. On vient ici pour se divertir et acheter : le quartier abrite des salles de spectacle, mais aussi des commerces haut de gamme. Enfin, c’est le secteur des banques, donc de l’argent. Les futurs impressionnistes vont ajuster les horaires en conséquence : l’exposition ouvre également ses portes en nocturne pour capter cette clientèle potentielle, occupée à ses affaires durant la journée."

Une aura de modernité
"Le lieu choisi pour l’exposition reflète sa modernité puisqu’il a toujours été associé à la photographie, un médium encore assez neuf, et en vogue à l’époque : il s’agit de l’ancien atelier de Nadar, loué pour 2 020 francs. Monet, qui aime à enjoliver la légende, dira que Nadar leur a prêté gracieusement le local parce qu’ils étaient sans le sou. Mais le bilan financier de la société anonyme organisatrice prouve le contraire ! L’espace, auquel on accède par un ascenseur, se situe aux deuxième et troisième étages du bâtiment, et répond parfaitement aux exigences des initiateurs du projet, qui veulent que leurs œuvres puissent être contemplées de la manière la plus favorable qui soit."

Un accrochage novateur
"Ils visent un confort de visite, ce que n’offrent pas le Salon – l’exposition officielle de l’époque – et ses salles gigantesques, où les tableaux sont accrochés bord à bord jusqu’au plafond, sans souci de mise en valeur. Les artistes innovent en exposant leurs productions sur deux rangs seulement, dans un cadre feutré et bourgeois, constitué notamment de salons aux murs tendus de laine brun-rouge. La facture de tapisserie représente d’ailleurs la ligne budgétaire la plus élevée du bilan financier. Dans l'accrochage, les peintures sont mêlées aux dessins, ce qui n’était pas le cas au Salon. Cela peut paraître insignifiant, mais c’est une manière différente de montrer le travail d’un artiste, en donnant à voir l’ensemble de son processus créatif."

Une succession de chefs-d’œuvre
"Les participants forment un groupe disparate, comprenant aussi quelques profils plus académiques. Sur les trente et un artistes réunis, seuls sept sont aujourd’hui considérés comme impressionnistes. D’après nos recherches, leurs œuvres étaient présentées au niveau inférieur. La première salle abrite plutôt des figures, avec des peintures de ballet de Degas et des scènes de la vie moderne de Renoir, dont Danseuse, Parisienne et La loge. Puis viennent des chefs-d’œuvre de Monet, comme Impression, soleil levant et Boulevard des Capucines, et des paysages de Sisley et Pissarro. Enfin, dans la reconstitution virtuelle que nous proposons, la troisième salle réunit les productions de Berthe Morisot et Cézanne. Le berceau, paisible instantané de la vie domestique bourgeoise capturé par la première, y côtoie Une moderne Olympia du second, une scène de maison close inspirée de Manet. Ce dont s’offusque Louis Guichard, l’ancien professeur de dessin de Berthe Morisot !
Dans cette exposition virtuelle, au niveau supérieur de l'immeuble, les sculptures d’Auguste Ottin – artiste académique, qui s'est engagé dans la Commune – ont été installées sous la verrière de l’atelier. On peut également voir des marines d’Eugène Boudin, qui joua un rôle essentiel dans la formation de Monet, et des paysages industriels d’Armand Guillaumin, peintre le plus rattachable au groupe impressionniste, qui n’a pas connu la même postérité. D’autres noms plus ou moins oubliés occupent l’étage."

Un accueil mitigé
"Cinq tableaux se sont vendus sur les près de deux cents œuvres rassemblées – quatre pendant l'exposition, un autre peu de temps après. À côté des journalistes et des soutiens des artistes, l’exposition a attiré environ 3 500 visiteurs payants en un mois, quand le Salon en accueillait près de 400 000. Économiquement, cela reste un échec, au point que la société anonyme a été mise en liquidation. En revanche, l’événement a retenu l'attention de la critique. Même les journalistes les plus hostiles ont salué la démarche de ces artistes. D’un point de vue historique, l’exposition marque le moment où l’impressionnisme est baptisé. Les critiques vont identifier, parmi les trente et un exposants, un noyau d’artistes qui peint différemment. Le mouvement est donc aussi une construction médiatique. »



« 1874, la naissance de l'impressionnisme » de Hugues Nancy et Julien Johan
 
France, 2023, 96 min
Sur Arte le 27 avril 2024 à 20 h 50
Disponible du 26/03/2024 au 25/09/2024


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire