Bernhard Weiss (1880-1951) était un juriste juif allemand, vice-président de la préfecture de police de Berlin durant la république de Weimar menacée par les nazis et les communistes, ainsi que par les nostalgiques du IIe Reich. Membre du Deutsche Demokratische Partei, il a défendu la démocratie parlementaire contre les extrémismes de droite comme de gauche, et s'est opposé au nazisme qui l'a contraint à l'exil. Arte diffusera le 15 mars 2024 à 17 h 20, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « À Berlin, un antinazi oublié » de Fabrice Michelin.
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« Exil nazi : la promesse de l'Orient » par Géraldine Schwarz
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Bernhard Weiss (1880-1951) est né dans une famille juive bourgeoise allemande renommée. Il étudie le droit dans les universités de Berlin, de Munich, de Fribourg-en-Brisgau et de Wurtzbourg.
En 1904, les Juifs n'étant pas admis dans l'armée prussienne, il se porte volontaire dans l'armée bavaroise, où il est officier de réserve -.
Durant la Première Guerre mondiale, il est capitaine de cavalerie et il est distingué, pour son courage, par la croix de fer. Ses trois frères et un cousin ont aussi combattu.
Dévoué à la communauté juive de Berlin, il est membre du séminaire rabbinique réformé et du Centralverein deutscher Staatsbürger jüdischen Glaubens (Union générale des citoyens allemands de religion juive).
Bernhard Weiss devient un avocat, puis un juge de renom. Il est le premier Juif à intégrer la fonction publique dans l'Empire allemand.
En 1918, il est nommé chef adjoint de la police criminelle de Berlin, la Kripo, puis chef en 1925.
Durant la république de Weimer, il est nommé en 1920 chef de la police politique, et sept ans plus tard, vice-président de préfecture de police berlinoise.
Membre du parti libéral Deutsche Demokratische Partei (Parti démocrate allemand), Bernhard Weiss joue un rôle majeures en défendant la république démocratique contre les extrémistes de droite et de gauche, en érigeant la Kripo en instrument au service de la démocratie parlementaire. Sa mission consiste à communiquer des preuves des actions subversives de la délégation commerciale de l'Union soviétique à Berlin. Il "introduisit les dernières avancées de la science, microscope, analyses de sang, détecteurs de mensonges, etc. Et, en quelques années, il transforma la Kripo en un instrument aussi efficace que la très renommée Scotland Yard britannique".
En 1922, deux mois après la signature du traité de Rapallo, Walter Rathenau, industriel et politicien - ministre des Affaires étrangères - juif allemand est assassiné. Bernhard Weiss contribue à rechercher les assassins de Rathenau.
En 1926, le parti nazi s'implante à Berlin, en plus de son enracinement en Bavière. "Sociaux-démocrates et communistes n’y ont-ils pas obtenu plus de 52% des voix lors des élections municipales de 1925. Oubliant au passage que les deux formations sont à couteaux tirés… Quoi qu’il en soit, Goebbels arrive avec la volonté de semer la violence dans la capitale en lançant la milice nazie, les S.A. contre les communistes. Avantages : casser du Rouge, faire de la publicité à son parti et montrer la faiblesse du pouvoir." En 1927, Bernhard Weiss ordonne la fermeture de la branche berlinoise du parti nazi et, fait interpeler 500 de ses membres, à leur retour d'un rassemblement à Nuremberg, pour appartenance à une organisation illégale. Goebbels contourne la mesure en créant des organisations sportives et culturelles lui permettant de réunir ses sympathisants.
Le 12 mai 1932, à la demande de son président Paul Löbe, il fait rétablir l'ordre dans le bâtiment du Reichstag, après que des députés nazis y aient agressé le journaliste Helmuth Klotz lors du scandale Röhm. Les députés nazis adressent des insultes antisémites à Bernhard Weiss.
Dirigeant nazi, Joseph Goebbels, mène une campagne de diffamation contre Bernhard Weiss : il le surnomme « Isidore » et la République de Weimar « La République juive ».
Bernhard Weiss poursuit Joseph Goebbels pour diffamation et gagne son procès. Loin d'être intimidé, Joseph Goebbels s'acharne. Bernhard Weiss lui intente une quarantaine de procès et gagne des dizaines de procès pour diffamation contre lui et son journal Der Angriff. À plusieurs reprises, Il parvient à interdire à Goebbels de s'exprimer lors de réunions nazies.
En janvier 1933, avant la désignation d'Hitler comme chancelier, Bernhard Weiss échappe à son arrestation par la police - Hermann Göring propose de verser une récompense à quiconque aiderait à son arrestation -, et fuit via la Tchécoslovaquie au Royaume-Uni. Là, dénaturalisé, il ouvre une entreprise d'imprimerie et de papeterie.
En 1951, peu avant de récupérer sa nationalité allemande, il décède d'un cancer à Londres. Sa veuve, Lotte Weiss (née Buss), retourne vivre à Berlin où elle meurt en 1952.
Le nom de Bernhard Weiss a été donné au parvis de la gare de Berlin Friedrichstraße et à l'Alexanderplatzstrasse dans le centre de Berlin. Une plaque commémorative a été fixée sur l'immeuble où il habitait.
En 2007, la Fédération des soldats juifs allemands a créé une médaille lui rendant hommage, la Bernhard-Weiß-Medaille, pour récompenser les Allemands respectueux des valeurs de tolérance et de bienveillance.
« À Berlin, un antinazi oublié »
« Invitation au voyage » est « le magazine de l'évasion culturelle. Du lundi au vendredi à 17h20 Linda Lorin nous entraîne autour du monde à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel, de lieux qui ont inspiré des artistes, de cités et de cultures uniques et nous invite dans les cuisines et les restaurants du monde entier. Le samedi à 16h35, "Invitation au voyage spécial" propose une escapade à la découverte d'une ville, d'une région ou d'un pays. »
Arte diffusera le 15 mars 2024 à 17 h 20, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « À Berlin, un antinazi oublié » de Fabrice Michelin.
« Rendez-vous à l’Alex, soit l’Alexanderplatz à Berlin. Depuis la réunification, cette immense place a retrouvé sa vocation de point névralgique de la capitale allemande. Longtemps, l’ombre de la police flottait sur l’Alex, car c’est là que se trouvait son siège. Dans les années 1920, au sein de la police berlinoise, un homme nommé Bernhard Weiss est déterminé à combattre les ennemis de la démocratie avec une arme juridique… »
« À Berlin, un antinazi oublié » de Fabrice Michelin
France, 2024, 45 min
Coproduction : ARTE France, Éléphant Doc
Sur Arte les 15 mars 2024 à 17 h 20, 18 mars 2024 à 8 h 40
Disponible du 08/03/2024 au 12/06/2024
Visuels : © Elephant Doc
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Les citations proviennent d'Arte.
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