La Bibliothèque nationale de France (BnF) I François-Mitterrand présente l’exposition « Noir & blanc : une esthétique de la photographie ». « La photographie en noir et blanc demeure moins onéreuse et plus simple mais sa persistance jusqu’à aujourd’hui s’explique surtout par le fait qu’elle a fini par incarner l’essence même de la photographie. Elle apparaît comme porteuse d’une dimension universelle, intemporelle voire mémorielle, là où la couleur serait la traduction du seul monde contemporain. »
Lors de la saison photographique à la BnF 2023-2024, cette institution propose plusieurs « temps forts » sur ce thème : « Épreuves de la matière. La photographie contemporaine et ses métamorphoses » (10 octobre 2023 - 4 février 2024, Galerie 1), « Photographie à tout prix. Une année de prix photographiques à la BnF » (12 décembre 2023 - 10 mars 2024, Allée Julien-Cain) et « Noir & Blanc. Une esthétique de la photographie » (17 octobre 2023 - 21 janvier 2024).
Ont été en particulier « présentées sur l’ensemble du territoire les premières valorisations de la Grande commande photographique destinée aux photojournalistes, Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire, pilotée par la Bibliothèque pour le ministère de la Culture. Les travaux des 200 photojournalistes sélectionnés feront par ailleurs l’objet d’une grande exposition au printemps 2024 sur le site François-Mitterrand. L’exposition Degas en noir et blanc du 31 mai au 3 septembre 2023 a mis notamment en avant les expérimentations photographiques de l’artiste, aux côtés d’estampes et dessins, à travers lesquelles Degas exprime son intérêt constant pour le noir et blanc. »
Exposition coorganisée avec la RMN-GP Cette exposition devait initialement être présentée au Grand Palais au printemps 2020. Décalée à l’hiver 2020, elle avait dû finalement être annulée en raison de la crise sanitaire.
L’exposition « Noir & Blanc. Une esthétique de la photographie » réunit « des chefs-d'œuvre en noir et blanc issus des collections photographiques de la Bibliothèque nationale de France. Nadar, Man Ray, Ansel Adams, Willy Ronis, Helmut Newton, Diane Arbus, Mario Giacomelli, Robert Frank, William Klein, Daido Moriyama, Valérie Belin… : les grands noms de la photographie française et internationale sont réunis dans un parcours qui présente environ 300 tirages et embrasse 150 ans d’histoire de la photographie en noir et blanc, depuis ses origines au XIXe siècle jusqu’à la création contemporaine. »
« Le noir et blanc est indissociable de l’histoire de la photographie : ses évolutions, de la fin du XlXe siècle à aujourd’hui, en ont révélé la force plastique. Alors que le recours à la couleur s’intensifie à partir des années 1970, le noir et blanc se réinvente comme un moyen d’expression esthétique affirmé mettant l’accent sur le graphisme et la matière. La photographie en noir et blanc demeure moins onéreuse et plus simple mais sa persistance jusqu’à aujourd’hui s’explique surtout par le fait qu’elle a fini par incarner l’essence même de la photographie. Elle apparaît comme porteuse d’une dimension universelle, intemporelle voire mémorielle, là où la couleur serait la traduction du seul monde contemporain. »
« L’exposition aborde la question du noir et blanc sous un angle esthétique, formel et sensible en insistant sur les modes de création de l’image : effets plastiques et graphiques de contrastes, jeux d’ombres et de lumières, rendu des matières dans toute la palette des valeurs du noir au blanc. L’accent a été mis sur les photographes qui ont concentré et systématisé leur création artistique en noir et blanc, en ont expérimenté les possibilités et les limites ou en ont fait le sujet même de leur photographie tels Man Ray, Ansel Adams, Ralph Gibson, Mario Giacomelli ou Valérie Belin. Une attention particulière a été portée à la qualité des tirages, à la variété des techniques et des papiers photographiques, mais aussi à l’impression du noir et blanc, les livres et revues ayant été longtemps le principal relais auprès du public de la création photographique. »
« L’exposition donne ainsi à voir la richesse et l’étendue des collections photographiques de la BnF. Parmi les plus riches au monde avec quelque six millions de tirages, celles-ci sont particulièrement représentatives de cette foisonnante histoire de la photographie en noir et blanc. »
Le commissariat est assuré par Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie, BnF, Héloïse Conésa, chefe du service de la photographie, chargée de la photographie contemporaine au département des Estampes et de la photographie, BnFn Flora Triebel, conservatrice en charge de la photographie du XIXe siècle au département des Estampes et de la photographie, BnF, et Dominique Versavel, conservatrice en charge de la photographie moderne au département des Estampes et de la photographie, BnF.
PROLOGUE : AUX ORIGINES DU NOIR ET BLANC
« On pourrait croire qu’avant l’invention de la photographie en couleurs par les frères Lumière en 1903, toute la photographie était en noir et blanc. La réalité est plus complexe : les premiers temps furent davantage ceux d’une gamme de bichromies où les noir et blanc purs sont l’exception et où les teintes dites sépia les plus fréquentes. Le procédé négatif/positif breveté par l’anglais Fox Talbot en 1841 permet de multiplier les épreuves sur papier et donc d’en varier les teintes. Le photographe artiste peut choisir les couleurs de ses épreuves en jouant sur la chimie des bains de fixage ou sur la nature des papiers. Le virage à l’or connu dès les années 1850 donne des noirs profonds mais est très coûteux. Les papiers baryté ou au platine apparaissent à la fin du siècle et permettent d’accentuer encore les contrastes. Certains sujets jouent sur les oppositions : les vues de montagne des frères Bisson, la Grande vague de Gustave Le Gray, les portraits du prolixe amateur Blancard. La force des noirs et des blancs, les variations de couleurs influent sur notre perception de l’image : plus elle est contrastée, plus elle est lisible pour notre œil saturé de noirs et blancs absolus, plus elle est nuancée et plus la distance du temps se fait sensible. »
PARTIE I : OBJECTIF CONTRASTE
« De la fin du XIXe et au long du XXe siècle, le noir profond des grains d’argent densifiés par le développement chimique ainsi que le blanc presque pur du papier industriel baryté dominent dans les pratiques : ils s’imposent alors comme LES couleurs de la photographie. Les avant-gardes des années 1920 -1930 inventent avec ces outils des variations formelles jouant sur la franche juxtaposition du clair et du sombre. À partir des années 1950, en réaction à l’essor des procédés couleur et à leur dispersion chromatique, le choix d’une opposition marquée du noir et du blanc s’assume toujours davantage. Cette esthétique du contraste se voit poussée à l’extrême dans les années 1970 - 1980. En exploitant le simple antagonisme des valeurs, les photographes font apparaître nettement les contours de leur sujet. Ce graphisme épuré, percutant, exacerbe la perception du réel : placées sur un fond contrasté, les formes surgissent et s’imposent, noires sur blanc, blanches sur noir. C’est aussi la rencontre fortuite de motifs aux tonalités opposées qui suscite la prise de vue : les photographes guettent et captent les contrastes du monde, à même d’être sublimés par le noir et blanc. »
Focus : Page blanche
« Page saturée de blanc offerte à l’empreinte, à la trace, au dessin contrasté des formes et des silhouettes, la neige est un décor de prédilection des photographes. La photographie de neige traverse tous les courants, approche humaniste, formelle ou encore documentaire. Sous son apparente simplicité cependant, c’est un motif extrême qui exige une solide technicité. La grande étendue de blanc modifie la balance habituelle des contrastes. Une luminosité excessive, jusqu’à l’éventuelle surexposition, efface les détails, la matière même de la neige, les aspérités qu’elle recouvre. La brume étouffe les couleurs naturelles, avec l’écueil d’une image grise manquant de contraste et passant à côté des effets lumineux. Les photographes doivent adapter leur savoir-faire pour restituer la poésie des instantanés d’hiver ou la majesté des espaces enneigés. »
Focus : Noir dessin
« En poussant les contrastes du noir et du blanc, les photographes révèlent les lignes de force et les stricts volumes qui structurent le réel et, tout particulièrement, les architectures de la modernité urbaine et industrielle. Certains vont jusqu’à les restituer sous la forme de tirages au trait, composés de pures formes sombres sur un fond clair dénué de toute demi-teinte. Accentuée par les nettes oppositions de valeurs, la géométrie latente du monde s’agence et se livre à l’œil en aplats francs, lignes appuyées et stylisées. Ce faisant, la photographie en noir et blanc joint les préoccupations de la sculpture aux influences de la peinture abstraite. Par la suggestion des traces, des empreintes du réel, et par leur rendu tremblé, la photographie monochrome peut aussi faire émerger une graphie subtile, tirée des formes naturelles. Isolés de tout contexte, les minces contours photographiés rappellent un tracé de crayon ou de pointe sèche sur une page blanche. En traduisant le dessin du monde et le monde en dessin, la photographie s’affirme héritière des arts graphiques ».
PARTIE II : OMBRE ET LUMIÈRE
« La lumière est la condition nécessaire de la photographie. Au moment de la prise de vue, le flux lumineux inscrit les formes sur la surface sensible du négatif. Pour contrôler cette luminosité fugitive et changeante, moduler ses effets, il faut au photographe tout un équipement technique : réflecteurs, obturateurs, flashs, négatifs plus ou moins sensibles... Si la lumière atteint en excès la couche sensible, le négatif, surexposé, sera trop noir. Le tirage ne pourra rendre les détails ni les demi-teintes. Selon la position de l’appareil par rapport à la source lumineuse, contrejours, ombres portées ou éblouissements peuvent se produire, autant d’anomalies que le photographe, parfois, provoque. La lumière forme aussi des motifs qui structurent l’image. Rayons, faisceaux, halos, résilles, nimbes contribuent à la dramaturgie des compositions et créent des instants de grâce. Certains photographes adoptent même la lumière comme seul sujet, exacerbé jusqu’à l’abstraction. Ils reviennent à l’étymologie même de leur art : écriture de la lumière. Le noir et blanc excelle à éprouver les possibilités offertes par l’ombre et la lumière. Si la couleur distrait l’œil, la monochromie le recentre. »
Focus : Nuit noire / nuit blanche
« Après avoir été impossible jusqu’à la fin du XIXe siècle, photographier la nuit demeure complexe : le photographe peut choisir d’utiliser le flash mais également de monter la sensibilité du capteur, d’augmenter le temps de pose ou d’ouvrir le diaphragme au maximum. Il peut aussi prendre le parti d’exploiter les défauts optiques - flou, halos lumineux… – afin de sublimer les ténèbres. Nimbée des halos urbains ou laissée à son obscurité naturelle, la nuit offre un espace de liberté où hiérarchies et frontières diurnes s’estompent. La Ville lumière, où l’éclairage artificiel domine, est traversée par le flâneur nocturne ou le reporter en quête de désordre, tandis que, dans la nuit des espaces sauvages, les photographes guettent la poésie ancestrale du monde. En tous les cas, la photographie nocturne répond à une tentation d’inversion des valeurs. Les formes blanches, lunes, éclairs, réverbères, qui se dessinent sur un fond d’ombre, font écho à l’esthétique du négatif photographique. »
Focus : Magie noire
« Jusqu’en 1950-1960, les artistes sont contraints au noir et blanc pour des raisons techniques puis, pour certains, économiques. En outre, si les négatifs couleur lancés en 1935 impliquent d’être tirés par des laboratoires, les techniques monochromes permettent aux photographes de réaliser, travailler voire manipuler leurs épreuves en toute autonomie, dans l’obscurité de leur atelier. C’est ainsi qu’à compter des années 1920, les avant-gardes créent à partir de ce procédé binaire une esthétique nouvelle renversant les codes académiques : tirages positifs inversés inspirés de l’esthétique du négatif ; empreintes blanches d’objets posés à même le papier sensible (photogrammes) ; brouillage des valeurs noires et blanches par insolation de l’image en cours de développement (solarisation) ou graphisme à base de traces lumineuses sont autant d’inventions qui poussent l’acte photographique à sa quintessence d’écriture de lumière. »
« Aujourd’hui, l’envahissement de la couleur dans la production des images n’a pas tari l’attrait des praticiens pour ces expérimentations lumineuses en noir et blanc, qui les renvoient aux sources mêmes de leur art. »
PARTIE III : NUANCIER DE MATIÈRES
« En sur-exposant ou sous-exposant leur pellicule, en faisant « monter » les blancs ou en « creusant » les ombres au tirage, certains artistes donnent corps à un désir de noir ou de blanc absolu. Leurs monochromes noirs ou blancs tirent respectivement vers le trop-plein ou la dilution de toute matière : éblouissement ou opacité y dissolvent les contours du monde jusqu’à l’abstraction. »
« Entre blancs purs et noirs saturés s’égrène une gamme de niveaux de gris correspondant à l’ensemble des ondes du spectre. L’expression de noir et blanc fait en effet oublier que ces deux valeurs ne sont que les extrêmes d’un large éventail de demi-teintes. La qualité exceptionnelle des papiers argentiques dans les années 1970 - 1980 a contribué à révéler l’infinité des possibilités graphiques et plastiques offertes par ces nuances de tons. Cette riche palette chromatique allant du noir au blanc forme un nuancier, qui, par ses finesses de variations, excelle à restituer les surfaces et les matières. Au photographe de composer avec les sels d’argent comme avec un matériau à modeler. »
ÉPILOGUE : LE NOIR ET BLANC EN COULEUR
« Ultime avatar d’une esthétique en noir et blanc : certains photographes contemporains traitent avec des techniques couleur des scènes en noir et blanc. Pourquoi utiliser un procédé couleur pour représenter un sujet en noir et blanc quand une technique monochrome semblerait plus appropriée ? À une époque où le numérique a facilité l’accès à une grande variété chromatique, quel est l’apport d’un traitement couleur au noir et blanc ? Cette atténuation de la gamme colorée permet d’abstraire le motif et apporte aux artistes une distance réflexive. Ils soulignent alors les qualités intrinsèques du médium photographique, jouant parfois de ses affinités et de ses différences avec la peinture, l’architecture ou la sculpture ».
« Ces photographes contemporains sont parvenus à sublimer par le recours au tirage chromogène ou à l’impression numérique ce qui n’était qu’une contrainte perceptive liée à l’usage de la photographie noir et blanc classique. Loin de rendre leurs images atonales, ils ont établi, à leur façon, une théorie des contrastes colorés pleine de nuances. »
Glossaire de la photographie
« Ambrotype (à partir de 1854)
Procédé dans lequel un négatif, sur plaque de verre recouverte de collodion, est plongé dans un bain de développement puis fixé. Cette image résultante négative avec une teinte crème caractéristique est posée sur un fond noir qui la fait apparaître en positif. A l’instar du daguerréotype, l’ambrotype est une image unique, un positif direct.
un exemple présenté dans la partie Nuancier de matières :
Laurent Millet (France, né en 1968), Polyèdres, 2009, 2 ambrotypes, 2009
Calotype (à partir de 1840)
Procédé photographique de « négatif sur papier ». Une feuille de papier dont la surface est sensibilisée, est placée dans une chambre noire, exposée à la lumière directe pendant une à plusieurs minutes. L’image en négatif, encore latente, apparaît grâce à un bain de « gallo-nitrate d’argent », avant d’être lavée puis fixée. L’image positive s’obtient par la mise en contact du négatif et d’un papier salé qui sont exposés au soleil, avec le négatif au-dessus. L’image positive ainsi révélée est finalement fixée.
Deux exemples présentés dans la partie Aux origines du noir et blanc :
- Benjamin Brecknell Turner (Royaume-Uni, 1815-1894), Arbre le long d’une clôture (Angleterre), 1852-1854
négatif sur papier, don d’André et Marie-Thérèse Jammes, 1960
- Louis-Désiré Blanquart-Evrard (France, 1802-1872), La Porte rouge. Façade septentrionale de l’Eglise de Notre-Dame, 1852
tirage sur papier salé d’après un négatif sur papier, dépôt légal, 1852
Cibachrome (à partir de 1963)
Appartient à la famille des tirages dits à destruction de colorants, procédé photographique couleur développé par les groupes CIBA et Ilford. Lors de la phase de développement, les colorants jaune, magenta et cyan contenus dans la couche photographique sont altérés par la lumière qu’ils reçoivent, laissant une image positive constituée des colorants qui n’ont pas été détruit par la lumière reçue.
Un exemple présenté dans la partie Le noir et blanc en couleur :
Joan Fontcuberta (Espagne, né en 1955), Semiopolis Micromégas d’après Voltaire, 1999, cibachrome, 1999
Cyanotype (à partir de 1842)
Procédé de tirage positif impliquant une feuille de papier enduite d’une solution à base de fer. Après exposition de l’épreuve à la lumière, au travers d’un négatif, les zones de l’image insolées apparaissent en teintes bleues.
Un exemple présenté dans la partie Aux origines du noir et blanc :
Émile Zola (1840-1902), Denise et Jacques, les enfants d’Emile Zola, 1898 ou 1899, cyanotype, achat en vente publique, 2017
Héliogravure
Procédé photomécanique utilisé pour la reproduction des photographies. Une plaque, enduite d’une émulsion (généralement de la gélatine bichromatée) est insolée au travers de la photographie sur positif transparent. Puis, par l’action de morsures d’acides, l’image apparaît en creux sur le support, qui est ensuite encré et pressé contre une feuille pour être imprimé. On parle d’héliogravure plane ou rotative selon que le support utilisé est une plaque ou un cylindre.
Un exemple présenté dans la partie Objectif contraste :
Izis Bidermanas (Lituanie, 1911- France, 1980), Paris des rêves, Lausanne, la Guilde du Livre, 1950, ouvrage imprimé en héliogravure rotative, don de l’auteur, 1952
Photogramme
Épreuve photographique positive directe et donc unique, obtenue sans appareillage, par dépôts d’objets à même le papier photosensible. Après insolation, les objets laissent une empreinte négative, blanche, sur le fond du papier assombri par la réaction des sels à la lumière dans les zones non protégées.
Un exemple présenté dans la partie Ombre et lumière :
Man Ray (États-Unis, 1890-1976), Électricité, Paris, Compagnie parisienne de distribution d’électricité, 1931, Jacquette, texte et 10 planches en héliogravure, exemplaire personnel de Man Ray, acquis auprès de l’auteur, 1958
Similigravure
Procédé photomécanique en relief destiné à la reproduction des photographies et utilisant des trames de points ou de lignes pour restituer les images en demi-teinte.
Un exemple présenté dans la partie Objectif contraste :
Emmanuel Sougez (France, 1889-1972), La Photographie, son univers, Paris, Éditions de l’Illustration, 1969 ouvrage imprimé en similigravure, dépôt légal, 1969
Solarisation
Appelée aussi « effet Sabbatier », la solarisation advient quand le développement du négatif ou du papier est brusquement interrompu par l’interférence momentanée d’une source lumineuse. Ce phénomène, intentionnel ou accidentel, se traduit par une inversion des valeurs lumineuses sur le tirage final.
Un exemple présenté dans la partie Ombre et lumière :
Ann Mandelbaum (États-Unis, née en 1945), Composition solarisée, 1991-1994, tirage argentique solarisé19
Tirage à développement chromogène
(à partir des années 1930)
Procédé photographique couleur, reproductible à partir de négatifs ou d’inversibles (diapositives), est lancé au milieu des années 1930. Il est constitué de trois couches, au moins, superposées et colorées respectivement en jaune, magenta et cyan. Son principe repose sur la synthèse chimique des colorants à l’intérieur de la couche-émulsion pendant le traitement. Les photographies en polaroïd sont des tirages couleur instantanés recourant à ce type de papier à développement chromogène.
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Noir et blanc en couleur :
Ellen Carey (Etats-Unis, née en 1952), Monochromes blanc et noir, de la série Photography Zero Degree, tirages polaroïd, 1996, don de l’auteur, 2019
Tirage à la gomme bichromatée (1858-1920)
Procédé pigmentaire impliquant une feuille de papier recouverte de gomme arabique (mélange de pigment, colloïde et bichromate). Mise en contact avec un négatif, elle est exposée à la lumière naturelle puis développée à l’eau tiède. Les parties les moins exposées, insolubles, retiennent davantage le pigment et restent foncées. Permettant de nombreuses manipulations, cette technique a été particulièrement prisée des Pictorialistes.
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Ombre et Lumière :
Nancy Wilson-Pajic (Etats-Unis, née en 1941), Image Tropicale n°7, 1984, tirage d’époque à la gomme bichromatée, achat auprès de l’auteur, 1984
Tirage au platine ou platinotype (à partir de 1873)
Feuille sensibilisée avec une préparation aux sels de platine est mise en contact avec un négatif et exposée à la lumière. Ce procédé a longtemps été plébiscité pour ses tonalités neutres, son rendu des détails et sa stabilité. La montée du cours du platine durant la Grande Guerre en a largement réduit l’usage.
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Aux origines du noir et blanc :
Hippolyte Blancard (France, 1843-1924), Mademoiselle Berthe Jacquinet, le jour de sa première communion, figure sérieuse, 1888
tirage au platine d’après un négatif sur verre au gélatino-bromure d’argent, don du marchand d’estampes Maurice Rousseau, 1944
Tirage gélatino-argentique ou gélatino-bromure d’argent (à partir des années 1870)
Procédé dans lequel la gélatine est utilisée comme liant essentiel des couches photographiques. Le gélatinobromure d’argent est constitué d’une suspension de cristaux de sels d’argent dans la gélatine coulée sur le support, qu’il s’agisse de plaques de verre, supports souples ou papiers. Plus simple d’utilisation que les techniques antérieures, elle permet également une sensibilité accrue.
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Objectif Constraste :
Ansel Adams (Etats-Unis, 1902-1984), Lone Pine Peak, Sierra Nevada, California, vers 1960, tirage argentique, 1972, achat auprès des éditions Parsaol, New York, 1972
Tirage pigmentaire
Procédé photographique non argentique où l’image sur l’épreuve photographique est constituée de gélatine et de pigments. Ces pigments peuvent être de nature et de teinte diverses. Parmi eux, le noir de fumée, qui donne le tirage dit au charbon, est l’un des plus anciens, des plus stables et des plus répandus.
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Objectif contraste :
Laure Albin-Guillot (France, 1879-1962), Songe, 1942, tirage pigmentaire d’époque au charbon Fresson, dépôt légal, 1943
Virage
Traitement chimique qui permet de changer l’aspect visuel (en particulier la tonalité) d’un tirage, ou d’en améliorer la stabilité, c’est-à-dire la durabilité. Dans ce but, l’argent est combiné à un autre composé : platine, soufre, or, sélénium…
Un exemple présenté dans l’exposition, dans la partie Objectif contraste :
Denis Brihat (France, né en 1928), Tulipe noire, 1977, tirage argentique, virage au sélénium, 1977, don de l’auteur, 2019
Définitions élaborées d’après Le Vocabulaire technique de la photographie sous la direction d’Anne Cartier-Bresson, Le Petit lexique de la photographie de Gilles Mora, (Re)connaître et conserver les photographies anciennes de Bertrand Lavédrine et le site réalisé par L’Atelier de Restauration et de conservation des Photographies de la Ville de Paris (ARCP) ».
Les photographes exposés
« Michael Ackerman (1967)
Ansel Adams (1902 -1984)
Antoine d’Agata (1961)
Laure Albin Guillot (1879-1962)
Manuel Alvarez-Bravo (1902-2002)
Kazuo Amemiya
Rogi André (Rosa Klein, dit / 1900 -1970)
Diane Arbus (1923-- 1971)
Israël Ariño (1974)
Eugène Atget (1857-1927)
Jane Evelyn Atwood (1947)
Jehsong Baak (1967)
Daniel Barraco (1956)
John Batho (1939)
Jean-François Bauret (1932-2014)
Cecil Beaton (1904-1980)
Jean-Christophe Béchet (1964)
Jean-Claude Bélégou (1952)
Valérie Belin (1964)
Rossella Bellusci (1947)
Robert Besanko (1951)
Ilse Bing (1899 - 1998)
Werner Bischof (1916-1954)
Frères Bisson (Auguste Rosalie, 1826 -1900 et Louis Auguste,1814-1876)
Hippolyte Blancard (1843-1924)
Marc Blanchet (1968)
Edouard Boubat (1923-1999)
Pierre Boucher (1908 -2000)
Daniel Boudinet (1945 -1990)
Guy Bourdin (1928 -1991)
Bill Brandt (1904-1983)
Piergiorgio Branzi (1928 -2022)
Brassaï (Gyula Halász, dit / 1899 -1984)
Denis Brihat (1928)
Wynn Bullock (1902-1975)
René Burri (1933-2014)
Harry Morey Callahan (1912 -1999)
Sébastien Camboulive (1972)
Laurent Cammal (1983)
Paul Caponigro (1932)
Ellen Carey (1952)
Henri Cartier-Bresson (1908 -2004)
Toni Catany (1942-2013)
Lita Cerqueira (1952)
Désiré Charnay (1828 -1915)
Florence Chevallier (1955)
Arnaud Claass (1949)
Larry Clark (1943)
Lynne Cohen (1944-2014)
Mariana Cook (1955)
John Coplans (1920 -2003)
Barbara Crane (1928 -2019)
Imogen Cunningham (1883 -1976)
Adalbert Cuvelier (1812-1871)
Renato d’Agostin (1983)
Xavier Dauny (1961)
Bernard Descamps (1947)
Thérèse Descheemaeker (1955)
Marie-Jésus Diaz (1944)
Jean Dieuzaide (1921 -2003)
Pepe Diniz (1945)
František Drtikol (1883 - 1961)
Stéphane Duroy (1948)
Saion Edo (1949)
Sandrine Elberg (1978)
Laurent Elie Badessi (1964)
Elliott Erwitt (1928)
Patrick Faigenbaum (1954)
Gilbert Fastenaekens (1955)
Jean-Michel Fauquet (1950)
Louis Faurer (1916-2001)
Émeric Feher (1904-1966)
Pierre de Fenoÿl (1945 -1987)
José Ferrero Villares (1959)
Caroline Feyt (1965)
Gerard Petrus Fieret (1924 -2009)
Joan Fontcuberta (1955)
Martine Franck (1938 -2012)
Robert Frank (1924 -2019)
Ferran Freixa (1950)
Hiroto Fujimoto (1966)
Marina Gadonneix (1977)
Flor Garduño (1957)
Jean Gaumy (1948)
Jean-Claude Gautrand (1932-2019)
Mario Giacomelli (1925 -2000)
Ralph Gibson (1939)
Bruce Gilden (1946)
Albert Giordan (1943 -2019)
Frank Gohlke (1942)
David Goldblatt (1930 -2018)
Aubie Golombek (1956)
Goplo (1845-1901)
Emmet Gowin (1941)
Philippe Goy (1941)
Ken Graves (1942-2016)
Henriette Grindat (1923 -1986)
Philippe Gronon (1964)
John Gruen (1926 -2016)
Stěpán Grygar (1955)
Yves Guillot (1951)
Charles Harbutt (1935 -2015)
Raoul Hausmann (1886-1971)
Yannig Hedel (1948)
Florence Henri (1893-1982)21
Hergo (Henri Godineau, dit /1951-2020)
Lucien Hervé (1910-2007)
Frank Horvat (1928-2020)
Eikoh Hosoe (1933)
Graciela Iturbide (1942)
Izis (Israëlis Bidermanas, dit /(1911 -1980)
Gottfried Jäger (1937)
Per Bak Jensen (1949)
Kenneth Josephson (1932)
Yousuf Karsh (1908-2002)
Michael Kenna (1953)
André Kertész (1894 -1985)
Algimantas Kezys (1928-2015)
William Klein (1928 -2022)
Bogdan Konopka (1953 - 2019)
Josef Koudelka (1938)
Vilem Kriz (1921 -1994)
Germaine Krull (1897-1985)
Algimantas Kunčius (1939)
Koichiro Kurita (1943)
Gustave Le Gray (1820 -1884)
Isabelle Le Minh (1965)
Laurence Leblanc (1967)
Maurice Lemaître (1926-2018)
Nathan Lerner (1913-1997)
Aleksandras Macijauskas (1938)
Man Ray (Emmanuel Radnitzky, dit /1890 -1976)
Ann Mandelbaum (1945)
Mary Ellen Mark (1940 - 2015)
Charles Marville (1813-1879)
Keikichi Matsuoka (1952)
Ralph Eugen Meatyard (1925 -1972)
Ray Metzker (1931-2014)
Bertrand Meunier (1963)
Yōichi Midorikawa (1915 -2001)
Laurent Millet (1968)
Pierre Minot (1948) / Gilbert Gormezano (1945 -2015)
Daidō Moriyama (1938)
Jean-Claude Mougin (1943)
Andreas Müller-Pohle (1951)
Félix Nadar (1820 -1910)
André Naggar (1922-2014)
Ikkō Narahara (1931-2020)
Floris Neusüss (1937)
Helmut Newton (1920 -2004)
Paulo Nozolino (1955)
Yuki Onodera (1962)
Detlef Orlopp (1937)
Martin Parr (1952)
Payram (1959-2021)
Rasi (1938-2013)
René-Jacques (René Giton, dit/1908 -2003)
Marc Riboud (1923-2016)
Denis Roche (1937-2015)
Alexandre Rodtchenko (1891-1956)
Willy Ronis (1910-2009)
Gilles Roudière (1976)
Albert Rudomine (1892 -1975)
Ken Ruth (1940)
Helen Sa ger (1939)
François Sagnes (1952)
Pentti Sammallahti (1950)
Jules (1872-1932), Louis (1874 -1946) et Henri (1876 -1956) Séeberger
Michel Séméniako (1944)
Jun Shiraoka (1944 -2016)
Georges Shiras (1859-1942)
Hans Silvester (1938)
Aaron Siskind (1903 -1991)
Rosalind Fox Solomon (1930)
Emmanuel Sougez (1889 -1972)
Jean-François Spricigo (1979)
Edward Steichen (1879 -1973)
Otto Steinert (1915 -1978)
Louis Stettner (1922 -2016)
Chantal Stoman (1968)
Paul Strand (1890 -1976)
Issei Suda (Kazumasa Suda, dit /1940-2019)
Josef Sudek (1896 -1976)
Keiichi Tahara (1951-2017)
Jean-Luc Tartarin (1951)
Joyce Tenneson-Cohen (1945)
Yves Trémorin (1959)
Patrick Tosani (1954)
Arthur Tress (1940)
Benjamin Brecknell Turner (1815 -1894)
Raoul Ubac (1910-1985)
Kyoko Uchida (1976)
Burk Uzzle (1938)
Alexandre Vitkine (1910-2014)
Weegee (Arthur Fellig, dit / 1899 -1968)
Etienne Bertrand Weill (1919-2001)
Edward Weston (1886 -1958)
Minor White (1908 -1976)
Nancy Wilson-Pajic (1941)
Garry Winogrand (1928 -1984)
Nicolas Yantchevsky (1924 -1972)
Émile Zola (1840 -1902) »
Galerie 2
Quai François-Mauriac, Paris 13e
Entrée Est
Tél. : 33(0)1 53 79 59 59
Du mardi au samedi 10h > 19h, dimanche 13h > 19h
Fermeture lundi et jours fériés
Visuels :
Willy Ronis, Venise, 1959
BnF, Estampes et photographie
© Ministère de la Culture -
Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
Dist. RMN-Grand Palais / Willy Ronis
André Kertész, 1er janvier 1972 à la Martinique, 1972
BnF, Estampes et photographie
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat
Ray K. Metzker
Kayak, Frankfurt, 1961
BnF, Estampes et photographie
© Estate Ray K. Metzker
Alexandre Rodtchenko, Jeune fille au Leica, 1934
BnF, Estampes et photographie
© ADAGP, Paris 2023
Emile Zola.
Denise et Jacques, les enfants d’Emile Zola, 1898 ou 1899
BnF, Estampes et photographie
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