« SHTTL » est un film franco-ukrainien émouvant réalisé par Ady Walter, avec Mosche Lobel, Antoine Millet et Anisia Stasevich. Interprété en yiddish, il relate les ultimes 24 heures d’un village juif ukrainien - histoires d'amour, d'amitié et d'inimité - avant l’irruption des criminels nazis de la Wehrmacht lors de l’Opération Barbarossa (22 juin 1941-5 décembre 1941). Sortie le 13 décembre 2023.
« SHTTL » est un film singulier : entièrement interprété en yiddish et en ukrainien. Franco-ukrainien, il alterne des scènes en noir et blanc, et d’autres en couleurs, distinctes du sépia.
Esthétiquement ? Beau.
La mise en scène : fluide par des plans séquences, des travellings qui enveloppent les personnages. Parfois théâtrale - respect des trois unités : temps, lieu, action - avec des adultes juifs s'apostrophant dans une place centrale constituant comme une agora du shtetl. Tout en mouvements comme le personnage principal, Mendele, qui revient dans son shtetl, une petite ville plutôt qu’un village, qu'il veut fuir. Au grand dam de son père. Mendele a évolué parmi les Soviétiques. Et il est empli de rêves qu’il partage notamment avec son amoureuse Yuna… qui va prochainement épouser un futur rabbin de la communauté et haïssant Mendele.
En cet été 1941, à la « veille de l’invasion de l’Ukraine soviétique par les nazis » (Opération Barbarossa), Mendele observe et arpente ce monde pieux dans lequel il a grandi, en critique certains principes, et aspire à le fuir pour un autre ou nouveau monde où il deviendrait réalisateur de fictions, conteur d'histoires. Ce rêve de cinéma, il le partage avec sa fiancée de cœur.
En voyant les Nazis, juchés sur leurs véhicules, envahir le shtetl pour assassiner ces juifs paisibles un jour de chabbat, se surimpriment dans notre esprit les images du djihad commis le chabbat du 7 octobre 2023 en Israël essentiellement par le mouvement terroriste islamiste Hamas. Une violence létale visant l'extermination d'une civilisation. Et nous sommes bouleversés à ces deux titres.
« SHTTL » a glané le Prix du Public de nombreux festivals cinématographiques, juifs ou non, à Rome (2022), New York, Berlin, Shanghai, Odessa, Taormine, Toronto…
Note d’intention d’Ady Walter
De 2016 à 2021, Ady a écrit et réalisé des documentaires pour les groupes France Télévisions et Canal + (Ciné+). Réalisé par Tessa Louise-Salomé, MR X, qu'il a écrit pour Arte, a été présenté en compétition officielle au Festival du film de Sundance, au Festival International du film de Rotterdam, puis à la Semaine du film français de Berlin (2021). Produit par l'INA et TV5, son premier documentaire Shalom Amigos a été distingué par un IFTA Award au British Film Institute. Il est également lauréat de la « Sélection » de la Fondation GAN & du Groupe Ouest pour le long en développement Anna's song co-écrit avec Michale Boganim.
« La vision de ce plan-séquence me hante depuis dix ans. Il s’agit d’un rail circulaire en forme de huit qui passe autour et à l’intérieur d’un village – le SHTTL - rail sur lequel, une fois que la caméra s’y lance pour suivre nos personnages, il n’y a plus de sortie possible. La fin est inscrite dans le dispositif lui-même: l’effacement, la mort sont au bout du chemin, à la fin de ce film qui dure le temps d’une journée. Pourtant c’est une tranche de vie doublée d’une histoire d’amour : simple, universelle comme un Roméo et Juliette ou un West Side Story.
Je voulais que le dispositif filmique et de mise en scène permette l’immersion complète dans le quotidien d’un shtetl à un moment où les bouleversements idéologiques, religieux, politiques et historiques sont nombreux. Car le village juif ukrainien, en cet été 1941 qui lui sera fatal, est loin d’être ce monde immuable où la vie est la même depuis toujours : la superstition, le poids de la religion, les élans mystiques sont encore puissants, tout comme la misère d’ailleurs, mais la modernité souffle par tous les interstices, les fracas du siècle frappent à la porte.
C’est cela que j’ai souhaité saisir : un monde peuplé de villageois rustres et complexes à la fois, de prédicateurs et de fous, mais aussi de travailleurs, de militants, de rêveurs, heureux ou malheureux. Pourtant quelque chose cloche dans ce petit village tapi au creux d’un bois et bordé d’une rivière trop enchanteresse pour ne pas camoufler le danger qui arrive de tous les côtés : nos personnages le sentent et l’histoire de cette journée est traversée de vents contraires, de visions éprouvées par nos personnages qui annoncent la catastrophe à venir. Un univers en soi qui sera fauché en pleine mutation.
Un village en yiddish s’écrit shtetl. Alors pourquoi le titre SHTTL ?
En 1969, un écrivain, Georges Perec, dont la mère mourra à Auschwitz, publie La Disparition, un roman écrit en français où la lettre E n’apparaît jamais, une prouesse a priori impossible dans cette langue. Cette absence est une béance, un vide, un vertige, un gouffre. Avec SHTTL je voulais lui rendre hommage en effaçant une lettre, symbole de la disparition de mes personnages.
La question qui me hante depuis toujours est celle-ci: que se passe-t-il 24 h avant la fin du monde ? Sommes-nous saisis par l’angoisse, par des prémonitions apocalyptiques ? Est-ce que comme Mendele, nous sommes soudainement et absolument conscients de l’infinie poésie, là- aussi saisis par la beauté des êtres imparfaits qui nous entourent ? Et finalement, que peut mon cinéma face au désastre ? »
La bande originale
« La bande originale a été composée par David Federmann, musicien de jazz et compositeur.
Les musiques se baladent entre sonorités klezmer traditionnelles, inspirations classiques romantiques, musique répétitive américaine et va même jusqu'à installer un climat impressionniste onirique aux accents jazz.
Cette rencontre entre le jazz, le classique et le klezmer prend vie grâce de quelques grands solistes comme Aurore Voilqué (violon), William Brunard (Contrebasse), Pia Salvia (Harpe), Juliette Serrad (Violoncelle), ainsi que du prestigieux Quatuor Elmire. Plus de 20 musiciens, ainsi qu'une chorale, enregistrés entre Paris, Kiev, Bruxelles et Montréal.
À noter enfin la présence dans le film de 4 séquences chantées qui, à la manière d'une comédie musicale, trouvent leurs échos dans la musique. »
L’opération Barbarossa
« Le 22 juin 1941, sous le nom de code Opération Barbarossa, l'armée d'Hitler pénètre en URSS par le territoire défini par Himmler comme le maillon faible : l'Ukraine.
C'est la plus grande invasion de l’histoire militaire. Au total, ce sont près de 4 millions de soldats de l’Axe qui pénètrent en Union soviétique, mobilisant 600 000 véhicules et 600 000 chevaux.
En 200 jours, des combats particulièrement sanglants provoquent la mort de 5 millions de personnes.
Très vite, alors qu’un antisémitisme virulent sévit au sein des unités allemandes et de leurs alliées engagées à l’Est, l’opération Barbarossa marque une nouvelle étape dans l’élimination des Juifs d’Europe.
En seulement quelques mois, plus de 500 000 Juifs seront massacrés. »
« SHTTL » d’Ady Walter
Ukraine, France, 2022, 1 h 52
Société de production : Forecast pictures, en association avec UpHub et Wild Tribe
Avec le soutien de Ukrainian State Film Agency, La Fondation pour la Mémoire de la Shoah, La Fondation Gazin
Producteurs : Jean-Charles Lévy, Olias Barco, Yuriy Artemenko, Ryta Grebenchikova
Langue : Yiddish
Scénario : Ady Walter et Samuel Fischler
Image : Volodymyr Ivanov
Décors : Ivan Levcchenko et Juliia Antykova
Musique originale : David Federmann
1er assistant mise en scène : Denis Shvets
Montage : Jérémie Bole du Chaumont
Casting : Tatyana Vladzimirskaya & Ady Walter
Directeur de production : Jean-Luc Olivier
Ingénieur du son : Aleksandr Titarenko
Mixage : Steven Ghouti
Costumes : Alyona Gres
Direction de post-production : Aurore de Souza
Distribution France : Urban Distribution
Distribution Internationale : UpGrade Intl
Avec Mosche Lobel, Antoine Millet, Anisia Stasevich, Pietro Ninovskiy, Daniel Kenigsbreg, Emily Karpel, Saul Rubinek
Visuels : © Forcast
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Les citations proviennent du dossier de presse.
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