Citations

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jeudi 17 août 2023

Sarah Bernhardt (1844-1923)

Sarah Bernhardt (1844-1923) était une 
comédienne - L'Aiglon d'Edmond Rostand, La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, Lorenzaccio d'Alfred de Musset, Phèdre de Racine -, directrice de théâtre, dramaturge, peintre, sculptrice et romancière juive française. Surnommée « la Divin », dreyfusarde, patriote, célèbre dans le monde entier, elle a été l'amie d'artistes : Gustave Doré, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alphonse Mucha, Victor Hugo, Victorien Sardou, Sacha Guitry et Reynaldo Hahn. Le Petit Palais présente l’exposition « Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star ».

Le théâtre juif 
Chagall, Lissitzky, Malévitch, l'avant-garde russe à Vitebsk (1918-1922)
Théâtres romantiques à Paris. Collections du musée Carnavalet 
Henry Bernstein (1876-1953)

« Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent, mais ne jamais oublier. Le pardon ne peut entrainer l'oubli ; pour moi, du moins », a écrit Sarah Bernhardt (1844-1923) dans Ma double vie.

Tosca de Victorien Sardou, L'Aiglon d'Edmond Rostand, La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, Lorenzaccio d'Alfred de Musset, Phèdre de Racine, Hamlet de Shakespeare, Ruy Blas de Victor Hugo... Sarah Bernhardt a interprété les plus grands rôles, notamment à la Comédie française, dont elle a été sociétaire.

Surnommée
 « la Divin », dreyfusarde, patriote durant la guerre de 1870 et la Première Guerre mondiale, célèbre dans le monde entier par ses tournées théâtrales et les films, elle a été l'amie d'artistes : Gustave Doré, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alphonse Mucha, Victor Hugo, Victorien Sardou, Sacha Guitry, Reynaldo Hahn...

Ce « monstre sacré » (Jean Cocteau) a été loué par des auteurs pour son talent exceptionnel et a forgé très tôt sa légende.

Avec Rachel (Elisabeth Rachel Félix, 1821-1858), Sarah Bernhardt (1844-1923) a été l'une des deux comédiennes juives françaises célèbres au XIXe siècle. Les deux comédiennes ont plusieurs points communs. Même formation au Conservatoire d'art dramatique. Recrutement à la Comédie-Française où elle soulèvent l'enthousiasme de la critique et du public le plus divers, des monarques au peuple. Même répertoire classique (Racine). Accession jeunes au statut de star. Contribution au renouveau du jeu des tragédiennes. Femmes libres.

Et toutes deux demeurées juives. "Deuxième des six enfants de Jacob et Esther Hayyah Félix, couple de colporteurs juifs alsaciens, citoyenne par l’émancipation civique, Rachel incarne à plus d’un titre l’expérience collective de la deuxième génération née après l’Émancipation et participant de plein droit à la vie sociale, économique, politique et culturelle française de la première moitié du XIXe siècle. Acharnée à se modeler et à se cultiver, Rachel, une des figures les plus admirées de son siècle, incarne un type nouveau d'actrice et de femme, dont l'image fut magnifiée par les artistes ainsi que par l'essor des techniques de reproduction (presse, lithographie, sculpture en série, photographie). Première star moderne, femme libre ne vivant que pour son art, elle " n'existe que par le théâtre, que pour le théâtre ; il lui faut pour vivre le feu de la rampe, un souffleur, de beaux vers à réciter, de violentes passions à exprimer, un ministre à séduire, un directeur de théâtre à dominer, à inquiéter ; il lui faut surtout le bruit et l'ivresse des applaudissements " Femme d’esprit, elle fut acharnée à se modeler et à se cultiver. Animée par un fort esprit d’indépendance, très soucieuse de son image – tout en affichant ses origines juives et modestes – elle s’obstina, sans toujours y réussir, à séparer sa vie privée de sa vie publique. Immensément populaire, elle connut la consécration en personnifiant aux yeux de nombreux Français de grandes figures symboliques ou mythiques telles que La Muse de la Tragédie et Marianne."

Place du Châtelet (Paris), le Théâtre dessiné par l'architecte Gabriel Davioud a pris le nom de théâtre Sarah-Bernhardt de 1899 à 1940. Sous l'Occupation nazie, il est renommé de la Cité. Dirigé par Charles Dullin, ce théâtre a présenté en 1943, Les Mouches, première pièce de Jean-Paul Sartre. De 1947 à 1957, il est de nouveau dénommé théâtre Sarah-Bernhardt, et connu actuellement sous le nom de théâtre de la Ville.

« Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star »
« Figure emblématique du tournant des XIXe et XXe siècles, la « Divine » Sarah Bernhardt (1844-1923), actrice tout autant qu’artiste, fait l’objet d’une exposition exceptionnelle au Petit Palais à l’occasion du centenaire de sa mort. Le musée détient l’un de ses plus beaux portraits peint par son ami Georges Clairin et offert au musée par son fils Maurice à la mort de sa mère ainsi que plusieurs sculptures qu’elle a elle-même réalisées. »

« Le parcours de l’exposition retrace grâce à près de 400 oeuvres la vie et la carrière de ce « monstre sacré », terme inventé pour elle par Jean Cocteau. Il présente également des aspects de sa vie moins connus comme son activité de peintre et d’écrivaine mais surtout de sculptrice. »

« Interprète mythique des plus grands dramaturges comme Racine, Shakespeare..., Sarah Bernhardt ne cesse de triompher sur les scènes du monde entier. L’exposition évoque ses plus grands rôles grâce à la présentation de ses costumes de scène, de photographies, de tableaux, d’affiches… Sa « voix d’or » et sa silhouette longiligne, atypique à l’époque, fascinent autant le public que le monde artistique et littéraire qui lui voue un véritable culte. Elle est l’amie des artistes comme Gustave Doré, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alfons Mucha mais aussi des écrivains comme Victor Hugo, Edmond Rostand, Victorien Sardou ou Sacha Guitry et des musiciens tels Reynaldo Hahn. »

« Artiste elle-même, une section entière de l’exposition revient sur cet aspect moins connu de sa vie. Des photographies comme des tableaux la montrent « au travail » et de nombreuses sculptures témoignent de son talent. »

« De multiples objets lui ayant appartenu illustrent également la « Sarah intime », son intérieur, sa garde-robe, et rappellent son goût pour les excentricités et les bizarreries, comme cette photographie qui la représente faisant la sieste dans un cercueil. »

« D’un caractère indomptable, Sarah Bernhardt peut être considérée comme l'une des premières grandes star. Un chapitre de l’exposition est d’ailleurs dédié à ses tournées dans le monde entier. Véritable influenceuse avant l'heure, elle a utilisé son image pour promouvoir ses spectacles ou faire de la publicité pour des marques aussi diverses que Saupiquet, LU ou encore La Diaphane, une poudre de riz. En clin d'oeil à cet aspect de sa personnalité, le Petit Palais a créé un compte Instagram qui lui est dédié, l’occasion pour la Divine de se raconter à la première personne et de présenter son cercle d’amis, son Paris, les lieux qu’elle aime et qu’elle fréquente... »

« À sa mort en 1923, à l’âge de 79 ans, elle est devenue depuis longtemps une véritable icône et l’engouement dont elle fait l’objet préfigure le culte dont bénéficièrent les grandes étoiles du cinéma du XXe siècle. »

« L'exposition du Petit Palais rend hommage à cette femme hors norme - libre, engagée et passionnée - entrée dès son vivant dans la légende. »

Le commissariat est assuré par Annick Lemoine, commissaire générale, directrice du Petit Palais, Stéphanie Cantarutti, conservatrice en chef, responsable des peintures du XIXe au Petit Palais, et Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef, directrice du musée Zadkine.

"À la sortie de l’exposition Sarah Bernhardt, les visiteurs ont la possibilité de se photographier en souvenir de leur visite. Grâce à la technologie innovante du morphing, les visiteurs pourront incarner Sarah Bernhardt au moyen de photographies d’époque qui mettent en lumière la personnalité singulière et la carrière de l'actrice. Ce principe de filtre permet d’enfiler le temps d’une photo l’un des plus beaux costumes de l’actrice : le visage des visiteurs est inséré dans les photographies d’époque et remplace celui de Sarah Bernhardt. Les photographies peuvent être imprimées au tarif de 3 € ou reçues par email gratuitement".


Parcours de l’exposition

« Sarah Bernhardt, la « grande Sarah », la Divine, ne cesse de fasciner aujourd’hui encore. Disparue il y a tout juste cent ans, le 26 mars 1923, elle reste la plus célèbre actrice du théâtre français de son époque. « Et quelle façon elle a d’être légendaire et moderne ! » s’exclamait, admiratif, son ami l’écrivain Edmond Rostand. Rassemblant près de 400 œuvres, l’exposition retrace la vie et la carrière de Sarah Bernhardt, depuis ses années de jeunesse dans le Paris du Second Empire jusqu’à sa gloire internationale dans les années 1920. Le parcours invite le visiteur à suivre les pas de celle qui fut une femme libre, excentrique, une citoyenne engagée et une actrice au talent hors pair, célébrée par tous ses contemporains, de Victor Hugo à Marcel Proust. Jean Cocteau inventa pour elle le terme de « monstre sacré ». L’exposition évoque les rôles emblématiques de son large répertoire (Phèdre, La Tosca, La Dame aux camélias…) mais elle met également en lumière certains aspects moins connus de la personnalité d’une artiste aux multiples talents, à la fois peintre, sculptrice, écrivaine et metteuse en scène. Par-delà le mythe Sarah Bernhardt, édifié par Nadar, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alfons Mucha et tant autres, il s’agit donc de redécouvrir une femme hors du commun, au caractère bien trempé, qui semble avoir ignoré, sa vie durant, les frontières et les limites et parvint à s’imposer comme la première star de l’Histoire.

« Un cab s’arrête devant une porte ; une femme, dans de grosses fourrures, descend vite ; traverse la foule, qu’amassa le seul grelot de son attelage, en lui laissant un sourire ; monte légèrement un escalier en colimaçon ; envahit une loge fleurie et surchauffée ; lance d’un côté son petit sac enrubanné dans lequel il y a de tout, et de l’autre son chapeau d’ailes d’oiseau ; mincit brusquement de la disparition de ses zibelines ; n’est plus qu’un fourreau de soie blanche ; se précipite sur une scène obscure ; anime de son arrivée tout un peuple pâle qui bâillait, là, dans l’ombre ; va, vient, enfièvre tout ce qu’elle frôle ; prend place au guignol, met en scène, indique des gestes, des intonations ; se dresse, veut qu’on reprenne, rugit de rage, se rassied, sourit, boit du thé ; commence à répéter elle-même ; fait pleurer, en répétant, les vieux comédiens dont les têtes charmées sortent de derrière les portants ; revient à sa loge où l’attendent des décorateurs ; démolit à coups de ciseaux leurs maquettes, pour les reconstruire ; n’en peut plus, s’essuie le front d’une dentelle, va s’évanouir ; s’élance tout d’un coup au cinquième étage du théâtre, apparaît au costumier effaré, fouille dans les coffres d’étoffes, compose des costumes, drape, chiffonne ; redescend dans sa loge pour apprendre aux femmes de la figuration comment il faut se coiffer ; donne une audition en faisant des bouquets ; se fait lire cent lettres, s’attendrit à des demandes… ouvre souvent le petit sac tintant où il y a de tout ; confère avec un perruquier anglais ; retourne sur la scène pour régler l’éclairage d’un décor, injurie les appareils, met l’électricien sur les dents ; se souvient, en voyant passer un accessoiriste, d’une faute qu’il commit la veille, et le foudroie de son indignation ; rentre dans sa loge pour dîner ; s’attable, magnifiquement blême de fatigue, en faisant des projets ; mange, avec des rires bohémiens ; n’a pas le temps de finir ; s’habille pour la représentation du soir, pendant qu’à travers un rideau le régisseur lui raconte des choses ; joue éperdument (sic) ; traite mille affaires pendant les entr’actes ; reste au théâtre, le spectacle terminé, pour prendre  des décisions jusqu’à trois heures du matin ; ne se résigne à partir qu’en voyant tout le personnel dormir respectueusement debout ; remonte dans son cab ; s’étire dans ses fourrures en pensant à la volupté de s’étendre, de se reposer enfin ; pouffe de rire en se rappelant qu’on l’attend chez elle pour lui lire une pièce en cinq actes ; rentre, écoule la pièce, s’emballe, pleure, la reçoit, ne peut plus dormir, en profite pour étudier un rôle…
Et voilà, mon ami, ce qui me paraît plus extraordinaire que tout. Voilà la Sarah que j’ai connue. Je n’ai pas connu l’autre, celle des cercueils et des alligators. Je n’ai pas connu d’autre Sarah que celle-là. C’est la Sarah qui travaille. C’est la plus grande. »
Edmond Rostand, préface de l’ouvrage de Jules Huret, Sarah Bernhardt, 1899

Section 1 – Du demi-monde à la scène
« Après une enfance délaissée passée en province, Sarah Bernhardt rejoint à la fin des années 1850 sa famille maternelle installée à Paris. Sa mère et sa tante sont des courtisanes qui connaissent alors le succès dans la capitale. Sarah Bernhardt ne tarde pas à devenir à son tour une demi-mondaine. Parmi les relations importantes de cette « séductrice famille Sarah Bernhardt », selon le mot rapporté par Edmond de Goncourt, on peut citer le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III. C’est lui qui a l’idée de faire entrer la jeune fille au tempérament déjà bien trempé, au Conservatoire. Sarah Bernhardt enchaîne ensuite divers petits rôles allant du répertoire classique à des productions plus légères. Elle est enfin révélée en 1869 au Théâtre de l’Odéon dans Le Passant de François Coppée, où elle joue un travesti. Elle triomphe en 1872 dans ce même théâtre, dans le rôle de la Reine dans Ruy Blas de Victor Hugo. Sa carrière d’actrice est lancée. »

Section 2 – Mademoiselle Révolte à la Comédie-Française
« Le succès remporté en 1872 par Sarah Bernhardt dans la pièce Ruy Blas de Victor Hugo est tel que l’administrateur de la Comédie-Française lui propose de la réengager. Sarah Bernhardt accepte de réintégrer la prestigieuse maison de Molière. Surnommée « Mademoiselle Révolte », elle se fait connaître autant pour son talent de comédienne que pour ses frasques dont toute la presse parle. »
« Sarah Bernhardt est nommée sociétaire en 1875 : sa célébrité ne fait que croître mais l’actrice n’est pourtant pas satisfaite des rôles qui lui sont attribués. Elle se juge sous-employée et s’ennuie. En 1880, au retour d’une tournée triomphale de la troupe à Londres, Sarah Bernhardt subit un cuisant échec dans L’Aventurière d’Émile Augier, une pièce médiocre qu’elle ne voulait pas interpréter. Elle décide alors de démissionner avec éclat et envoie une copie à la presse de sa lettre de démission. »
« C’est mon premier échec à la Comédie-Française. Ce sera le dernier », écrit-elle.

Section 3 – Une artiste parmi les artistes
« Dans le courant des années 1870, Sarah Bernhardt vit entourée d’artistes, tels les peintres Alfred Stevens, Gustave Doré ou Jules Bastien-Lepage. Rencontrés au début des années 1870, Georges Clarin et Louise Abbéma occupent une place à part dans ce cercle d’artistes. »
« Tous deux, épris et fascinés par Sarah Bernhardt, s’attachent à représenter l’actrice aussi bien sur scène que dans son intimité. Au Salon de 1876, ils exposent chacun un portrait de Sarah : Abbéma la représente en tenue de ville tandis que Clairin la montre chez elle, dans un somptueux déshabillé blanc qui met en valeur sa silhouette souple et sinueuse. »
« Très remarqué au Salon, ce grand portrait, l’un des fleurons de la collection du Petit Palais, est l’un des plus célèbres de l’actrice. »
« Influencée par ses amis, Sarah Bernhardt se met elle-même à peindre et à sculpter. Elle fait preuve de réels talents de sculptrice et expose régulièrement au Salon. Elle réalise aussi de nombreux portraits. »
« L’actrice aime mettre en scène ses sculptures et n’hésite pas à se faire construire un spectaculaire atelier-salon où le Tout-Paris mondain et artistique peut venir admirer ses créations. »

Section 4.1 – Sarah Bernhardt intime
« Tout au long de sa carrière, Sarah Bernhardt accorde un soin particulier au décor de ses demeures. Après avoir déménagé plusieurs fois dans Paris, elle se fait construire en 1875 un hôtel particulier rue Fortuny, dans le quartier à la mode de la plaine Monceau ». 
« En 1886, l’actrice, criblée de dettes doit vendre cet hôtel pour s’installer à quelques pas, boulevard Pereire, dans un autre hôtel où elle reconstitue en partie le décor de la rue de Fortuny. Ce décor est à l’image de sa personnalité : spectaculaire, bizarre et foisonnant. Sarah Bernhardt y rassemble aussi bien des œuvres de ses amis artistes que des objets extra-occidentaux, récoltés lors de ses tournées en Amérique et en Australie. Ce décor fascine. Tout au long de sa carrière, écrivains, journalistes, et photographes en ont laissé de multiples descriptions. Afin d’en évoquer l’atmosphère, sont rassemblées dans cette section des œuvres mais aussi des costumes et des objets personnels de l’actrice, qui permettent d’évoquer l’éclectisme de son goût, très caractéristique du XIXe siècle. »

Section 4.2 – Le goût pour l’étrange
« Les excentricités de Sarah Bernhardt, sa passion pour le macabre, ont largement contribué à sa célébrité. Ce goût pour le morbide lui vient sans doute de sa santé fragile : enfant et adolescente, elle a frôlé la mort à plusieurs reprises. Comme pour conjurer sa peur de mourir, l’actrice se fait photographier dans un cercueil et s’entoure de memento mori. L’écrivain Pierre Loti, qui entretint avec elle une brève liaison, se souvient avoir vu dans sa chambre le squelette d’un jeune homme mort d’amour surnommé Lazare… » 
« La passion de Sarah Bernhardt pour l’étrange s’étend aux animaux effrayants et fantastiques, comme les fauves et les chauves-souris, qui lui composent une singulière ménagerie. L’actrice partage ce goût avec les esthètes et les poètes du symbolisme, notamment Robert de Montesquiou, l’auteur du recueil Les Chauves-Souris et fervent admirateur de l’actrice. »

Section 5.1 – Les grands rôles
« Sarah Bernhardt a interprété, tout au long de sa carrière, des centaines de rôles, mais certains ont particulièrement marqué les esprits. Le répertoire de l’actrice comprend aussi bien Racine, Shakespeare que des auteurs du XIXe siècle, comme Victor Hugo et Alexandre Dumas fils, l’auteur de La Dame aux Camélias, l’un des plus grands rôles de la Divine. Le dramaturge Victorien Sardou est l’un de ses auteurs préférés. Il lui écrit des pièces sur mesure, qui pour certaines, comme Théodora et Tosca, furent de véritables triomphes, associant à des reconstitutions historiques dignes des peplums du cinéma hollywoodien une intrigue à rebondissements et une fin souvent tragique ; La Divine était particulièrement célèbre pour ses « scènes d'agonie ».

Section 5.2 – Les rôles en travesti
« Le travestissement est très fréquent au théâtre au XIXe siècle. On le retrouve dans tous les registres et le public en est friand. » 
« Sarah Bernhardt n’est pas la première ni la seule à incarner des rôles masculins, Virginie Déjazet ayant été auparavant une grande spécialiste du genre à Paris. Pour Sarah Bernhardt, ces rôles comptent parmi ses prestations les plus célèbres. Elles jalonnent toute sa carrière, au théâtre mais aussi plus tard au cinéma où elle est la première femme à jouer le rôle d’Hamlet. Dans son ouvrage L’Art du théâtre, la voix, le geste, la prononciation, l’actrice explique que ce choix lui permettait d’incarner davantage de personnages intéressant que ceux traditionnellement dévolus aux actrices. »

Section 6 – La Divine
« À la fin du XIXe siècle, l’image de Sarah Bernhardt est partout présente. Immensément célèbre, Sarah Bernhardt devient plus qu’une artiste : un « monstre sacré » pour reprendre le mot forgé pour elle par Cocteau. Elle s’impose comme la première star de l’Histoire, habituée des séances d’autographes. »
« Les artistes sont nombreux à la représenter, depuis Jules Bastien-Lepage qui en 1879, nous la montre contemplant une statuette jusqu’à Alfons Mucha qui l’immortalisent dans ses grands rôles des années 1890-1900. La silhouette « en s » de Sarah Bernhardt, son profil aigu et sa chevelure mousseuse et rousse correspondent parfaitement à l’esthétique recherchée par les symbolistes et les artistes de l’Art nouveau. »
« L’image de Sarah Bernhardt est déclinée sur de multiples supports, de la carte postale à l’affiche publicitaire. L’actrice, qui n’a pas peur de la « réclame », n’hésite pas à associer son nom à des produits de consommation courante : ainsi l’affiche réalisée par Mucha pour les biscuits LU ou de celle réalisée par Jules Chéret pour de la poudre de riz.
« Les innombrables caricatures, tantôt drôles, tantôt cruelles et injurieuses, voire antisémites, dont l’actrice fut la cible, témoignent à leur façon de la gloire sans précédent qui entourait Sarah Bernhardt vers 1900. »

Section 7 – La « muse ferroviaire » : les tournées de Sarah Bernhardt
« Sarah Bernhardt s’engage dès la fin des années 1870 dans une série de tournées internationales qui l’emmènent sur les cinq continents. Outre la volonté de faire rayonner la culture et le luxe français, ces tournées lui permettent à la fois d’échapper à un monde théâtral parisien parfois hostile, d’assurer son indépendance financière et d’assouvir un perpétuel besoin de découverte, à bord de son mythique train Pullman spécialement aménagé pour elle. » 

« Sa grande tournée américaine de 1880-1881 la conduit à donner 156 représentations dans 50 villes. Elle se produit en français devant un public qui ne parle que très peu cette langue et choisit alors des extraits de ses pièces les plus connues ou les plus spectaculaires comme La Dame aux camélias ou La Tosca. Si elle est loin d’être la seule vedette à entreprendre de vastes tournées – la comédienne Rachel l’avait précédée et elle rivalise à l’époque avec la vedette italienne Eleonora Duse - elle est partout accueillie comme une star. »

« Un espace multimédia proposé dans cette salle permet de suivre Sarah Bernhardt dans ses tournées internationales. »

Section 8 – Le Théâtre Sarah-Bernhardt
« J’ai fait de ce théâtre l’un des plus beaux, un des premiers théâtres de Paris, sa célébrité est mondiale »
« Sarah Bernhardt fut une énergique femme d’affaires. Après avoir dirigé le théâtre de la Renaissance de 1893 à 1899, elle prend la direction du vaste Théâtre des Nations (ancien Théâtre Lyrique, construit par l’architecte Davioud en 1862) situé place du Châtelet à Paris. Dès son arrivée, Sarah Bernhardt lui donne son nom et le hisse au rang des grandes scènes parisiennes. Elle repeint la belle salle à l’italienne d’un jaune « bouton d’or » inhabituel. Elle commande à Georges Clairin, Louise Abbéma, Louis Besnard et Alfons Mucha un nouveau décor pour le foyer. Infatigable, elle est tout à la fois meneuse de troupe, décoratrice, metteuse en scène, programmatrice. Ses spectacles grandioses sont largement financés par les recettes de ses tournées internationales. De 1899, elle joue elle-même dans près d’une quarantaine de rôles et présente vingt-cinq pièces nouvelles. »
« Le lieu, entièrement repensé en 1967-1968, devient le Théâtre de la Ville sous la direction de Jean Mercure. »

Section 9.1 – Le triomphe de L'Aiglon : Sarah Bernhardt et Edmond Rostand
« Sarah Bernhardt et Edmond Rostand se rencontrent en 1894. » 
« Sincèrement conquise par le talent du jeune auteur, elle joue l’année suivante l’une de ses pièces, La Princesse lointaine, un drame qui lui veut un beau succès au Théâtre de la Renaissance, puis La Samaritaine créée pour elle en 1897, la même année que Cyrano de Bergerac. Sarah Bernhardt figure parmi les intimes de l’écrivain, invités à séjourner à la Villa Arnaga de Cambo-les-Bains. Celle qu’il surnomme « la reine de l’attitude et la princesse des gestes » lui demande d’écrire un nouveau texte pour son tout nouveau théâtre. Ce sera L’Aiglon, le triomphe de 1900 au Théâtre Sarah-Bernhardt. Elle y joue à cinquante-six ans le rôle tragique du fils de Napoléon que l’on surnomme « l’Aiglon ». Celui-ci émigrant en Autriche avec sa mère après la chute de l’Empire, perd son titre de roi de Rome pour devenir le duc de Reichstadt, ou pour ses partisans, un Napoléon II qui ne régna jamais. Le nombre de représentations dépasse le millier, suscitant pour l’occasion un engouement pour de très nombreux produits dérivés. »

Section 9.2 – « La Voix d’Or »
« C’est Victor Hugo qui surnomma Sarah Bernhardt « La Voix d’Or » pour souligner le magnétisme de sa voix. Celle-ci nous est parvenu grâce à des enregistrements d’époque. Sarah Bernhardt, qui se passionnait pour toutes les nouveautés, s’était rendue aux Etats-Unis, chez Thomas Edison, l’inventeur du phonographe (1877), pour faire capturer sa voix sur des cylindres de cire gravés qui pouvaient ensuite être lus par l’appareil. Si aujourd’hui, l’écoute de la voix de Sarah Bernhardt peut nous paraître étonnante, voire difficile, c’est en raison de sa diction particulière qui ne nous est plus familière et de la qualité de l’enregistrement. Sarah Bernhardt n’est d’ailleurs pas enregistrée directement pendant une représentation, mais dans un studio, penchée au-dessus de l’appareil, ce qui contribue à rendre sa diction presque artificielle. »

Section 10 – La femme engagée
« Toute sa vie, Sarah Bernhardt fut une citoyenne engagée dans les combats de son temps ». 
« En 1870 durant la guerre franco-prussienne, elle organise une ambulance au Théâtre de l’Odéon. »
« Au moment de l’affaire Dreyfus, elle se range aux côtés d’Emile Zola lorsqu’il fait paraître J’accuse. « Durant le Première Guerre mondiale, amputée de la jambe droite depuis 1915, elle rejoint le Théâtre aux Armées, avec d’autres vedettes théâtrales de l’époque qui se produisent sur le Front pour soutenir le moral des soldats, alors dénommés les poilus. En 1916, elle s’embarque pour dix-huit mois de tournées aux Etats-Unis où elle cherche à sensibiliser l’opinion publique au sort de l’Europe. Au théâtre, elle joue des pièces patriotiques comme Les Cathédrales d’Eugène Morand ou sa propre pièce Du théâtre au champ d’honneur. »
« Au cinéma, ses films reflètent aussi son engagement, comme dans Jeanne Doré (de Louis Mercanton d’après la pièce de Tristan Bernardt, 1915) où elle joue le rôle de la mère d’un condamné à mort ou encore dans Mères françaises (Louis Mercanton, 1917) qui a pour toile de fond la Grande Guerre. »

Section 11 – De la scène à l’écran
« Sarah Bernhardt commence sa carrière au cinéma à cinquante ans révolus, en participant au Phono-Cinéma Théâtre de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Elle tourne ensuite de manière discontinue durant près d’un quart de siècle jusqu’à son dernier film, La Voyante (aujourd’hui disparu), filmé à la veille de sa mort. »
« Ses films sont projetés aux Etats-Unis, dans les Balkans, en Grèce, en Turquie, en Egypte, et dans bien d’autres pays. À l’époque, le cinéma muet ne peut rendre compte de la mythique « voix d’or » de l’actrice. Néanmoins, sa gestuelle très expressive héritée du théâtre, reste l’une des caractéristiques de son jeu, proche d’un théâtre filmé. D’ailleurs, bon nombre de ses rôles au cinéma - où elle tient toujours le rôle principal - (Hamlet, La Tosca, La Dame aux camélias, Adrienne Lecouvreur, Daniel), furent d’abord créés au théâtre. Louis Mercanton (1879-1932), son réalisateur fétiche, la dirige dans son plus grand succès, La Reine Elisabeth (1912) qui sort d’abord sur les écrans américains, sous l’influence d’Adolph Zukor, l’un des cofondateurs de la Paramount. Le triomphe du film permet de dégager d’énormes bénéfices qui lancent le règne des grands studios américains. »
« Jouant à être elle-même, Sarah Bernhardt, apparaît aussi dans le documentaire tourné chez elle à Belle-Ile-en-Mer par Mercanton (1912), présenté dans la salle suivante, ainsi que dans le film de Sacha Guitry Ceux de chez nous (1915). »
« Les actualités filmées de l’époque enregistreront ses funérailles, suivies par une foule immense d’admirateurs. »

Section 12 – Belle-Île-en-art
« Sarah Bernhardt découvre la Bretagne dès les années 1870 où elle effectue alors un voyage avec le peintre Gustave Doré. »
« Mais ce n’est qu’en 1893 qu’elle découvre Belle-Île, cette île rocheuse située au Sud de la Bretagne dans le Morbihan. L’actrice est enthousiasmée par la beauté du lieu, avec ses paysages sauvages et ses côtes escarpées. En 1894, elle fait l’acquisition d’un ancien fortin militaire désaffecté. Elle y entreprend d’importants travaux pour y édifier plusieurs pavillons, destinés à sa famille et à ses amis. Sarah Bernhardt se rend l’été à Belle-Île, pour des « vacances » en compagnie de son fils et de ses petites-filles, et d’invités triés sur le volet, tel le musicien Reynaldo Hahn ou les peintres Louise Abbéma et Georges Clairin. »
« À Belle-Île, Sarah, toujours active, pratique de multiples activités : la chasse, la pêche mais également la lecture et surtout la sculpture. Inspirée par la faune et la flore marine, elle réalise d’étranges bronzes aux patines raffinées, moulés sur des algues et des poissons, qui sont présentés avec succès à l’Exposition universelle de 1900. »


« Sarah Bernhardt - Pionnière du show business »
« Sarah Bernhardt - Pionnière du show business » est un documentaire réalisé par Aurine Crémieu.

« Pour le centenaire de la disparition de Sarah Bernhardt, retour sur la vie fantasque et mouvementée de “la Divine”, qui défia les traditions théâtrales et connut une popularité incommensurable. » 

« En 1866, Sarah Bernhardt, alors jeune pensionnaire de la Comédie-Française, y invite sa petite sœur lors d’une soirée de gala. Mais la gamine marche sur la traîne d’une honorable sociétaire qui la repousse si violemment que l’enfant s’ouvre la lèvre en tombant. Sarah Bernhardt se jette sur la comédienne et la gifle. Scandale. Refusant de s’excuser, elle est exclue du Français... où elle reviendra, quelques années plus tard, par la grande porte. Impétuosité, sens de l’honneur et dédain pour le qu’en-dira-t-on, une vie tourbillonnante s’est amorcée ce soir-là. Sur sa lancée, Sarah Bernhardt prend en main une carrière que son tempérament et son goût pour la flamboyance vont amener aux sommets, d’où elle bouleversera les codes du théâtre, notamment en jouant des rôles masculins comme, Hamlet ou l'Aiglon. Libre, d'une farouche excentricité, qui suscite les fantasmes et les jalousies du Tout-Paris, “la Divine”, “la Voix d’or” (surnom donné par Victor Hugo, un de ses mentors), “le Monstre sacré” (Cocteau), connaît un tel succès qu’il l’affranchit de toute contrainte. En 1880, elle démissionne avec fracas du Français et part pour une tournée en Amérique, qui la consacre première star internationale. »

« D’une enfance chaotique parmi les courtisanes à sa mort lors du tournage de La voyante, un film de Louis Mercanton, ce documentaire déroule les hauts faits d’une existence menée comme une épopée, à mille lieues des places alors réservées aux femmes. Mourant mille fois sur scène et inventant chaque jour comme une résurrection, Sarah Bernhardt multiplia les dimensions d’une identité irréductible à son métier de tragédienne. Elle fut aussi peintre, sculptrice, directrice de théâtre, résistante, patriote, cheffe de tribu... et inspiratrice des plus grands auteurs, comme Hugo, Rostand ou Dumas. Une riche imagerie, des citations extraites de ses mémoires, de rares séquences filmées ou des enregistrements sonores complètent un portrait aussi raffiné que les affiches Art nouveau d’Alphonse Mucha, qui sut rendre l’aura de cette pasionaria. » 


Du 14 avril au 27 août 2023
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00 
Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturnes les vendredis et samedis

France, 2022, 53 min
Sur Arte anche 16 avril à 17:45
Disponible du 09/04/2023 au 15/05/2023


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