Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) accueille l’exposition « Tu te souviendras de moi ». Paroles et dessins des enfants de la maison d’Izieu, 1943-1944 ». Photographies et dessins évoquent la vie des enfants juifs, originaires d'Europe et d'Algérie française, cachés dans une maison située dans un cadre bucolique de l'Ain et dirigée par Sabine et Miron Zlatin. Une vie rythmée par les cours, les jeux, les activités sportives et culturelles... jusqu'à la rafle du 6 avril 1944 ordonnée par le nazi Klaus Barbie.
Après la Shoah. Rescapés, réfugiés, survivants 1944-1947
« La Babel des enfants perdus » par Théo Ivanez
« Le port d’Espérance » de Magnus Gertten
Roman Vishniac Rediscovered
« Dirigée par Sabine et Miron Zlatin, respectivement juifs d’origine polonaise et russe arrivés en France dans les années 1920, la « Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault » est une des nombreuses maisons ayant participé au sauvetage des enfants juifs durant l’Occupation. »
« Installée, grâce au soutien de la préfecture de l’Hérault et du sous-préfet de Belley, dans l'Ain, dans le cadre isolé et champêtre de la villa Anne-Marie à Izieu , elle a abrité quelque 105 enfants de 3 à 16 ans, entre mai 1943 et la rafle du 6 avril 1944 ordonnée par Klaus Barbie. Les 44 pensionnaires et les 7 animateurs présents ont été déportés et assassinés, à l’exception d’une monitrice rescapée d’Auschwitz. Les autres enfants passés par Izieu semblent avoir tous survécu, sauf une fillette déportée en mai 1944. »
« Qu’ils soient nés en France, en Belgique, au Luxembourg ou en Autriche, ces enfants venaient de familles immigrées d’Europe orientale, à l’exception de quelques Allemands et d’une dizaine d’enfants nés en Algérie », à Alger, Constantine, Oran et Palikao.
« Nombre de ces enfants avaient auparavant connu l’internement dans les camps de la zone sud, puis l’accueil dans différentes maisons de l’Œuvre de secours aux enfants » (OSE).
« Consciente du danger qui planait sur les lieux depuis l’occupation de la zone italienne par la Wehrmacht en septembre 1943, la directrice de la colonie, Sabine Zlatin, était à Montpellier lors de la rafle, préparant la dispersion de la colonie. À son retour à Izieu, elle a préservé ce qu’elle pouvait des dessins, lettres, carnets ou petits mots abandonnés, autant de témoignages de vies enfantines brusquement interrompues. Le titre de l’exposition est tiré d’un de ces petits mots d’enfants. »
L’exposition « Tu te souviendras de moi ». Paroles et dessins des enfants de la maison d’Izieu, 1943-1944 » montre « la vie à la maison d'Izieu dans l'Ain où les enfants trouvèrent le réconfort physique et psychologique d’une vie rythmée par l’école, les tâches domestiques, les promenades, les jeux et divers moments festifs. L’éducation artistique est particulièrement importante, d’où l’organisation de nombreuses activités théâtrales, concours de chants, récitals de poésie, ateliers d’écriture et de dessin ».
L'exposition « rassemble près de 150 photographies, documents d'archives et dessins d'enfants, notamment des histoires crayonnées sur de longues bandes de papier projetées lors des veillées selon le principe de la lanterne magique, réalisés par les pensionnaires de cette colonie qui leur servit de refuge pendant la Seconde Guerre mondiale. »
Elle « est conçue par le mahJ en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France (BnF), dépositaire des archives de Sabine Zlatin, et la Maison d’Izieu – mémorial des enfants juifs exterminés, où une sélection de vingt-deux lettres et dessins originaux a été présentée d'avril à juillet 2022 (« Couleurs de l'insouciance, paroles et images des enfants de la maison d'Izieu, dans les collections de la Bibliothèque nationale de France »).
Elle bénéficie du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Fondation Rothschild.
Le commissariat est assuré par Stéphanie Boissard, responsable recherche, documentation et archives, Maison d'Izieu, Claire Decomps, conservateur en chef, mahJ, et Loïc Le Bail, conservateur en chef, département des Estampes et de la photographie, BnF.
Elle est accompagnée des ouvrages « On jouait, on s'amusait, on chantait ». Paroles et images des enfants d'Izieu, 1943-1944 (BnF/Maison d'Izieu, 2022) et Histoire d'Ivan Tsarawitch. La lanterne magique des enfants d'Izieu (BnF, 2022).
Les 44 enfants et les 7 adultes raflés à la colonie d'Izieu le 6 avril 1944
Sami Adelsheimer, 5 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 71
Hans Ament, 10 ans, né en Autriche, déporté par le convoi 75
Nina Aronowicz, 11 ans, née en Belgique, déportée par le convoi 71
Max-Marcel Balsam, 12 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Jean-Paul Balsam, 10 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Elie Benassayag, 10 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Esther Benassayag, 12 ans, née en Algérie, déportée par le convoi 71
Jacob Benassayag, 8 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Jacques Benguigui, 12 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Jean-Claude Benguigui, 5 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Richard Benguigui, 7 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Barouk-Raoul Bentitou, 12 ans, né en Algérie, déporté par le convoi 71
Majer Bulka, 13 ans, né en Pologne, déporté par le convoi 71
Albert Bulka, 4 ans, né en Belgique, déporté par le convoi 71
Léa (Laja) Feldblum, 25 ans, née en Pologne, déportée par le convoi 71, seule survivante Lucienne Friedler, 5 ans, née en Belgique, déportée par le convoi 76
Egon Gamiel, 9 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 71
Liliane Gerenstein, 11 ans, née en France, déportée par le convoi 71
Maurice Gerenstein, 13 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Henri-Chaïm Goldberg, 13 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Joseph Goldberg, 12 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Claudine Halaunbrenner, 5 ans, née en France, déportée par le convoi 76
Mina Halaunbrenner, 8 ans, née en France, déportée par le convoi 76
Georgy Halpern, 8 ans, né en Autriche, déporté par le convoi 71
Arnold Hirsch, 17 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 73
Isidore Kargeman, 10 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Liane Krochmal, 6 ans, née en Autriche, déportée par le convoi 71
Renate Krochmal, 8 ans, née en Autriche, déportée par le convoi 71
Max Leiner, 8 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 71
Claude Levan-Reifman, 10 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Fritz Loebmann, 15 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 71
Alice-Jacqueline Luzgart, 10 ans, née en France, déportée par le convoi 75
Marcel Mermelstein, 7 ans, né en Belgique, déporté par le convoi 74
Paula Mermelstein, 10 ans, née en Belgique, déportée par le convoi 74
Theodor Reis, 16 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 73
Gilles Sadowski, 8 ans, né en France, déporté par le convoi 71
Martha Spiegel, 10 ans, née en Autriche, déportée par le convoi 71
Senta Spiegel, 9 ans, née en Autriche, déportée par le convoi 71
Sigmund Springer, 8 ans, né en Autriche, déporté par le convoi 71
Sarah Szulklaper, 11 ans, née en France, déportée par le convoi 71
Herman Tetelbaum, 10 ans, né en Belgique, déporté par le convoi 71
Max Tetelbaum, 12 ans, né en Belgique, déporté par le convoi 71
Charles Weltner, 9 ans, né en France, déporté par le convoi 75
Otto Wertheimer, 12 ans, né en Allemagne, déporté par le convoi 71
Emile Zuckerberg, 5 ans, né en Belgique, déporté par le convoi 71
Lucie Feiger, 49 ans, née en France, déportée par le convoi 72
Mina Friedler, 32 ans, née en Pologne, déportée par le convoi 76
Sarah Levan-Reifman, 36 ans, née en Roumanie, déportée par le convoi 71
Eva Reifman, 61 ans, née en Roumanie, déportée par le convoi 71
Moïse Reifman, 62 ans, né en Roumanie, déporté par le convoi 71
Miron Zlatin, 39 ans, né en Russie, déporté par le convoi 7312
Repères chronologiques
« 1938 — 1939 Accueil en France d’enfants juifs allemands et autrichiens par l’Oeuvre de secours aux enfants (OSE) fondée en 1912 à Saint-Pétersbourg, active en France depuis 1933.
Novembre 1938 Décret instituant des « centres spéciaux » pour les « étrangers indésirables ».
Février 1939 Début de l’internement des républicains espagnols.
Septembre 1939 La France entre en guerre contre l’Allemagne. Les réfugiés allemands et autrichiens deviennent « ressortissants d’un pays ennemi ».
Mai 1940 L’Allemagne envahit les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, puis le nord de la France. Exode massif des populations vers le sud de la France. Sabine et Miron Zlatin quittent Landas (Nord) et se réfugient à Paris, Argentan, puis Montpellier où Sabine est infirmière de la Croix-Rouge.
Juin 1940 Armistice entre la France et l’Allemagne nazie. Division du territoire entre une zone occupée par les troupes allemandes au Nord et une zone dite « libre » au Sud administrée par le gouvernement français.
Juillet 1940 L’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Fin de la IIIe République et début de « l’État français », le régime autoritaire et xénophobe dit de Vichy.
Septembre 1940 Premières ordonnances allemandes contre les juifs de la zone occupée.
Octobre 1940 Série de mesures antijuives à l’initiative du gouvernement de Vichy : premier statut des juifs ; ceux d’Algérie perdent la nationalité française ; internement des juifs étrangers sur simple décision administrative. L'opération Wagner-Bürckel expulse du Reich 7 663 juifs du pays de Bade et de Sarre-Palatinat qui sont internés au camp de Gurs. Premières expulsions des 6 600 juifs du Luxembourg vers les camps du sud de la France.
Février 1941 Sabine Zlatin est congédiée de la Croix-Rouge en raison des lois anti-juives.
Mai 1941 Sabine Zlatin se met au service de l'OSE comme assistante sociale pour aider les familles internées à Agde et Rivesaltes et transférer les enfants vers le solarium marin de Palavas-les-Flots qu’elle dirige.
Novembre 1941 Création par Vichy sur injonction allemande de l'Union générale des israélites de France (UGIF) regroupant toutes les organisations juives dont l'OSE.
Janvier 1942 Conférence de Wannsee (Berlin) organisant la « solution finale ».
Mars 1942 Départ du 1er des 84 convois depuis le territoire français vers les camps de mise à mort. Sabine Zlatin prend la direction du solarium, qui est transféré au sanatorium Saint-Roch de Palavas-les-Flots, mis à disposition par l’abbé Prévost accueillant des enfants sortis des camps.
Juillet 1942 Laval propose aux nazis que les enfants juifs soient déportés avec leurs parents. Rafle dite « du Vel d’Hiv » au cours de laquelle plus de 12 884 juifs dont 4 115 enfants sont arrêtés à Paris par la police française.
Août 1942 Premières rafles en zone non occupée par la police française.
Septembre 1942 Le camp de Rivesaltes devient « Centre national de rassemblement des Israélites » de la zone sud, avant leur déportation via Drancy.
Novembre 1942 Les troupes allemandes envahissent la zone non occupée en réaction au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. L’Italie occupe 11 départements à l’est du Rhône, dont l’Ain où se trouve Izieu. Fermeture du sanatorium de Palavas et installation des derniers enfants au château de Campestre à Lodève.
Février 1943 300 soldats italiens à Belley, sous-péfecture de l'Ain.
Mai 1943 Arrivée avec Sabine Zlatin du groupe d’enfants de Lodève à la « Colonie des enfants réfugiés de l'Hérault » créée à Izieu (Ain) dans la zone italienne.
Été 1943 L’OSE bascule dans la clandestinité (réseau Garel) pour disperser les enfants de ses maisons.
Septembre 1943 L’Italie signe l’armistice avec les Alliés, les Allemands occupent la zone italienne. 1 500 soldats allemands s’installent à Belley.
Octobre 1943 Arrivée à la colonie de l'institutrice Gabrielle Perrier.
Février 1944 Rafle du siège central de l’OSE replié à Chambéry. Fermeture des dernières maisons de l’OSE.
Avril 1944 Rafle de la maison d’Izieu sur ordre de Klaus Barbie. Les 44 enfants et les 7 adultes encore présents sont internés à la prison Montluc à Lyon. Le groupe d’Izieu est enregistré à Drancy. Départ du convoi n71 à destination d’Auschwitz avec 1 500 personnes dont 34 enfants et 4 éducateurs d’Izieu. Le reste du groupe sera déporté dans les cinq convois suivants : 72, 73, 74, 75 et 76 vers Auschwitz-Birkenau.
Novembre 1945 — Octobre 1946 Procès à Nuremberg des principaux responsables nazis. Plus de 6 millions de juifs ont été exterminés en Europe dont 76 000 pour la France, parmi lesquels 11 000 enfants. En France, 75 % des juifs ont survécu (env. 88 % des Français / 58 % des étrangers) dont 85 % des enfants.
Février 1946 Citation lors du procès de Nuremberg d’un télégramme de Klaus Barbie prouvant sa responsabilité dans la rafle d’Izieu.
Avril 1946 Première commémoration officielle de la rafle d’Izieu à l’initiative de Sabine Zlatin.
1971-1983 Traque de Klaus Barbie par Beate et Serge Klarsfeld
Février 1983 Arrivée en France de Klaus Barbie, extradé de Bolivie. Sabine Zlatin porte plainte contre lui pour l’arrestation de la colonie d’Izieu.
Mai Début du procès à Lyon de Klaus Barbie.
Mai-Juin 1987 Audiences du procès Barbie consacrées à l’affaire d’Izieu.
Juillet 1987 Condamnation à la prison à perpétuité pour 17 crimes contre l’humanité, en particulier celui des enfants d’Izieu.
Mars 1988 Création de l’Association pour la gestion d’un musée-mémorial à Izieu.
Mai 1992 Le projet de création du musée-mémorial d’Izieu est inscrit aux Grands Travaux de la présidence de la République.
Février 1993 Institution d’un décret instituant une journée nationale de commémoration à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis avec la complicité de l’État français. L’État décide d’ériger une stèle nationale à Izieu.
Avril 1994 Inauguration du Musée-mémorial des enfants d’Izieu par le président de la République François Mitterrand.
Avril 2015 Le musée-mémorial s'agrandit. Inauguration par le président de la République François Hollande du nouveau bâtiment Sabine et Miron Zlatin et de la nouvelle exposition permanente. »
« On jouait, on s’amusait, on chantait ». Paroles et images des enfants d’Izieu, 1943-1944 ». Coédition BnF – Maison d’Izieu. 224 pages. 29 €.
« Histoire d’Ivan Tsarawitch. La lanterne magique des enfants d’Izieu ». BnF Éditions, 15 €
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Du mardi au vendredi : 11h-18h
Samedi et dimanche : 10h-18h
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