La Bibliothèque nationale de France (BnF) propose l’exposition « Imprimer ! L’Europe de Gutenberg ». L'imprimerie est "une des innovations parmi les plus marquantes de l’humanité". Pédagogique, l'exposition retrace l’"histoire du développement de l’imprimerie en Europe et les clés de son succès." Mais elle omet l'imprimerie hébraïque à Amsterdam, Soncino, Constantinople, Salonique...
Enluminures en terre d’Islam, entre abstraction et figuration
« Trois villes à la conquête du monde : Amsterdam, Londres, New York » par Frédéric Wilner
« Luther, la Réforme et le Pape », par Thomas Furch
La fabrique des saintes images. Rome-Paris, 1580-1660
Cranach et son temps
« Un âge de fer - La Guerre de Trente Ans » par Philippe Bérenger et Henrike Sandner
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« Au milieu du XVe siècle, l’Europe entière découvre une technique de reproduction des livres qui va bouleverser leur diffusion et modifier l’accès au savoir : l’imprimerie. La BnF revient sur cette innovation parmi les plus marquantes de l’humanité, en retraçant l’histoire du développement de l’imprimerie en Europe et les clés de son succès. À cette occasion sont présentées, pour la première fois simultanément, des pièces exceptionnelles issues des collections de la BnF : le plus ancien bois gravé occidental connu, le Bois Protat (France ou Allemagne du Sud, vers 1400), le plus ancien ouvrage conservé au monde imprimé à partir de caractères typographiques métalliques, le Jikji (Corée, 1377), et le premier grand imprimé typographique européen : la Bible de Gutenberg (Allemagne, vers 1455). »
« L’invention de l’imprimerie est perçue comme une rupture historique fondamentale, marquant l’entrée dans la modernité. Cet événement est souvent réduit à un fait unique : l’impression à Mayence vers 1455, par l’allemand Johann Gutenberg d’une Bible à 42 lignes. L’exposition souhaite remettre l’invention élaborée par Gutenberg dans son contexte en précisant notamment que des méthodes d’impression ont préexisté. En Chine ou en Corée, la xylographie se pratique dès le VIIIe siècle et c’est de Corée, avec le Jikji, que provient le plus ancien ouvrage conservé imprimé avec des caractères mobiles métalliques, selon un procédé très proche de celui mis en oeuvre à Mayence plus de soixante-dix ans plus tard. Si Gutenberg n’a sans doute pas eu connaissance de cette invention coréenne, il peut s’appuyer sur des techniques et des pratiques qui existaient aussi en Europe, où l’on sait imprimer et reproduire l’image à partir de 1400 environ à l’aide d’une matrice gravée, d’abord sur bois, puis sur cuivre. Le besoin du multiple afin de permettre une large diffusion est aussi une problématique qui occupe les artisans du métal, que Gutenberg a côtoyés durant son séjour à Strasbourg. Son innovation a été non seulement de combiner trois techniques préexistantes dans les arts du métal et les arts graphiques - la frappe, la fonte et le transfert par impression -, mais aussi de l’appliquer à un ouvrage d’une ampleur textuelle inédite, se déployant sur près de 1300 pages, la Bible, avec l’objectif immédiat de mettre sur le marché un nombre important d’exemplaires, plus de cent cinquante d’après les témoignages de l’époque. »
« Dans le sillage de Gutenberg des imprimeurs, des humanistes et des artistes se sont emparés de son procédé occasionnant un foisonnement expérimental sans précédent. Le perfectionnement rapide de la presse typographique garantit aussi aux imprimeurs du XVe siècle une grande efficacité. »
« Avec près de 270 pièces, témoins de ces tâtonnements et expérimentations techniques, l’exposition veut montrer les prouesses et avancées permises par ce nouveau procédé en suivant le processus de fabrication du livre, de l’atelier de l’imprimeur à l’étal du libraire, de l’artisan au lecteur en mettant l’accent sur sa dimension collective. Les ateliers de typographie du XVe siècle ont été de véritables laboratoires d’expérimentation, permettant de triompher de certaines difficultés techniques et favorisant la diffusion des procédés d’impression à travers l’Europe. Ces techniques seront présentées et expliquées dans un espace dédié à l’atelier de l’imprimeur, organisé autour d’une exceptionnelle presse prêtée par le musée Gutenberg de Mayence. »
La Bible de Gutenberg, naissance d’un mythe
« La Bibliothèque nationale de France conserve deux exemplaires de la Bible de Gutenberg qui seront pour la première fois exposés en regard. L’un est imprimé sur parchemin, luxueusement peint et enluminé dans la région même de Mayence, dans un état de conservation exceptionnel. L’autre, imprimé sur papier, est plus modestement rubriqué et orné. Il est doté d’une mention manuscrite datée de 1456, qui en fait l’une des rares sources d’époque susceptible de définir la date de fabrication de l’ouvrage. Tous deux portent des indices précieux pour appréhender les débuts de la typographie occidentale et sont, pour cette raison, mondialement connus. Ces deux exemplaires sont entrés à la BnF par l’entremise plus ou moins directe d’un même homme, le bénédictin lorrain Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815), en 1787 puis en 1792. Maugérard était un bibliographe impliqué dans le commerce du livre au moment où se structurait le marché de la bibliophilie. Conscient de la valeur des premiers imprimés, il visitait les monastères de la région du Rhin en quête de raretés à acquérir pour les proposer ensuite à des collectionneurs fortunés. C’est probablement lui qui, le premier, a publié l’expression de « Bible de Gutenberg », dans une contribution scientifique de 1789, alors que le caractère anonyme de l’ouvrage en rendait l’identification encore difficile : un mythe était né, et ce mythe tend, encore aujourd’hui, à éclipser les autres imprimeurs qui, à la suite de Gutenberg, ont largement contribué au perfectionnement de la technique et à l’apparition du livre moderne. »
Les laboratoires de l’innovation
« Les imprimeurs se confrontent rapidement à des défis techniques d’ordres divers : perfectionnement de la presse et des caractères, mise en page, impression de la typographie non latine (le grec et l’hébreu notamment), de la musique, insertion des illustrations ou encore la mise en couleur aussi bien du texte que de l’image. L’exposition explore les réponses apportées à ces défis, certaines resteront éphémères, d’autres connaîtront une longue postérité. La part belle est donnée aux enjeux liés à l’illustration des imprimés. Celle-ci permet de rendre le livre plus attractif et plus compréhensible. Plusieurs voies furent explorées et rapidement des foyers spécialisés se dégagent comme Venise, Bâle ou Nuremberg. Des artistes s’emparent aussi de ce nouveau domaine de production tel Albrecht Dürer qui, dans les dernières années du XVe siècle, révolutionne l’art du livre illustré en publiant une Apocalypse où le primat est donné à l’image, présentée au recto, tandis que le texte se trouve relégué au verso. »
Imprimés et société
« Si les premiers imprimés restent très proches de la tradition manuscrite, l’innovation technique a peu à peu entrainé une innovation formelle et le nouveau médium a suscité de nouveaux marchés et de nouveaux produits dans un rapport inédit au temps présent. Au début du XVIe siècle, le livre perd ses caractéristiques médiévales et adopte peu à peu sa forme moderne : un livre de petit format, avec une page de titre, de plus en plus souvent en langue vernaculaire. Un nouveau marché du livre se met en place. Les libraires développent des stratégies commerciales, pour se faire connaitre afin de mieux diffuser leurs marchandises et écouler leur stock. Un lectorat plus large est peu à peu conquis. Enfin, les phénomènes socio-culturels que sont l’humanisme et la Réforme vont connaître une diffusion massive et rapide grâce à ce vecteur. »
Glossaire des techniques de l’imprimerie
« Bâtarde (française)
Lettre stylisée aux s et f longs, dérivée de l’écriture cursive ; en usage au XVe siècle dans la France du Nord, les Flandres et les États bourguignons.
Calligraphiée puis imprimée, notamment pour les textes français en langue vernaculaire.
Caractère mobile
Parallélépipède d’alliage typographique portant sur l’une de ses petites faces la forme en relief, inversée en miroir, du signe à imprimer. Les caractères typographiques sont assemblés pour constituer le texte à imprimer. On connaît aussi des caractères de bois ou d’argile, notamment en Asie.
Casse
Casier divisé en compartiments qui contiennent les différents caractères et espaces nécessaires à la composition typographique.
Colophon
Note ajoutée à la fin d’un ouvrage, manuscrit ou imprimé, pour fournir des indications variées (lieu et date d’impression, auteur, imprimeur…). Le colophon n’est pas systématique.
Codex
Codex est un mot latin qui désigne le livre formé de feuilles pliées et assemblées en cahiers, et couvert d’une reliure tel que nous le connaissons.
Enluminure
Décor peint à la main.
Épreuve
En typographie, document imprimé servant à la vérification de la composition et sur lequel sont indiquées les corrections à apporter. Dans le domaine de l’estampe, chaque impression d’une estampe est appelée épreuve.
Estampe
Procédé qui permet de reproduire à l’identique une image en plusieurs exemplaires. Le motif exécuté sur la matrice est encré, puis reporté sur une feuille par pression. L’estampe désigne aussi l’image sur papier obtenue par ce procédé. Le terme de gravure, au sens strict, désigne plus particulièrement les estampes produites par des techniques en relief ou en creux.
État
La matrice d’une gravure subit des modifications successives. Si l’on tire des épreuves à différents moments du travail de la matrice, cette impression correspond à un « état » ; elle rend compte d’un état de la matrice qui peut ne pas être son état définitif.
Exemplar
Manuscrit dont les cahiers, restés séparés, sont loués par un libraire à plusieurs copistes simultanément.
Forme (d’impression)
La forme typographique consiste en un châssis dans lequel sont serrés les éléments d’impression (caractères du texte, blancs, matrices d’illustration). Une fois encrée, elle permet de reporter la composition sur le support d’impression (papier ou parchemin).
Gothique
Lettre anguleuse, marquée par la brisure des traits ; en usage en Europe à partir du XIIe siècle. Il en existe plusieurs familles. Calligraphiée puis imprimée, elle est employée principalement pour les textes liturgiques, juridiques et scolaires.
Gravure sur bois (ou xylographie)
Impression au moyen d’une planche de bois gravée en relief ; technique employée pour l’impression d’images et/ou de textes.
Incunables
(du latin incunabula, langes, berceau). Employé pour la première fois au XVIe siècle, ce terme désigne les premiers imprimés issus de la technique typographique européenne, depuis sa mise au point vers 1450 à l’année 1500 incluse.
Italique
Petit caractère étroit, incliné, inspiré par une écriture de chancellerie italienne. Né à la fin du XVe siècle, ce type de caractère permettait de faire entrer plus de signes sur une page.
Manuscrit
Livre copié à la main. Au Moyen Âge, jusqu’à la mise au point de l’imprimerie à caractères mobiles, la copie manuscrite est le seul moyen de produire du texte.
Marque
Image distinctive à vocation commerciale destinée à identifier l’imprimeur ou le libraire responsable de la mise sur le marché d’un livre imprimé.
Matrice
En typographie, plaquette de métal doux estampée d’un signe typographique en creux et servant, lorsqu’elle est insérée dans un moule, à la fonte des caractères en relief. Dans le domaine de l’estampe, la matrice est l’élément sur lequel le motif est exécuté. À la fin du Moyen Âge, la matrice peut être une planche de bois, une plaque de cuivre ou une plaque de fer et elle est toujours gravée.
Parchemin
Peau d’animal servant de support d’écriture. Le parchemin est concurrencé en Europe par le papier à partir du XIIIe siècle. Il restera en usage après la mise au point de l’imprimerie à caractères mobiles.
Poinçon
À l’époque de la typographie au plomb, bloc d’acier à l’extrémité duquel est gravé un caractère. Cette gravure en relief est frappée dans un métal plus doux, créant une matrice à partir de laquelle est fondu le caractère.
Presse
Dispositif exerçant une forte pression, destiné à permettre le transfert de l’encre des caractères vers le papier. L’emploi de la presse est caractéristique de la typographie européenne.
Princeps (édition)
Se dit de la première édition typographique d’un texte dont l’auteur a vécu avant l’invention de l’imprimerie.
Privilège
Monopole d’impression et de diffusion d’un texte accordé par le pouvoir royal ou une autorité de justice à un auteur ou à un libraire pour une durée déterminée.
Romain
Caractère droit dérivé de l’écriture manuscrite humanistique, elle-même inspirée par la minuscule caroline (calligraphie de l’époque carolingienne). Inventée en Italie, la typographie romaine est utilisée dans la seconde moitié du XVe siècle, principalement pour les textes classiques. Elle a la faveur des humanistes et se généralise au XVIe siècle.
Réglure
Ensemble de lignes droites tracées manuellement pour guider l’écriture et la mise en page à l’époque du livre manuscrit.
Taille-douce
Dans la taille-douce, les traits du motif sont gravés en creux sur la plaque de métal. Le graveur utilise le plus souvent le burin ; il peut aussi recourir à une pointe appelée pointe sèche.
Typographie
du grec typos (« empreinte d’un coup » et, par extension, « caractère ») et graphein.
Impression au moyen de caractères mobiles portant en relief et inversée la forme du signe à imprimer. Dans la typographie occidentale, chaque caractère métallique est associé à une lettre de l’alphabet, un signe typographique ou un espace.
Vélin
Parchemin d’excellente qualité employé pour les livres de luxe.
Visorium
Planchette ou petit pupitre utilisé par les compositeurs typographes pour maintenir les feuilles du texte à composer et les garder commodément sous les yeux.
Xylographie
Voir Gravure sur bois. »
A la BnF I François-Mitterrand - Galerie 2
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Tél. : 33 (0)1 53 79 59 59
Du mardi au samedi 10 h > 19 h | Le dimanche 13 h > 19 h
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