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« Drôle de guerre » par Cédric Gruat
1940 : Les Parisiens dans l’exode
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation
Pierre Mendès France (1907-1982)
Régine Stépha Skurnik, ancienne combattante volontaire de la Résistance
« L’administrateur provisoire » par Alexandre Seurat
Le Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin
Des galeries d’art sous l’Occupation, une histoire de l’histoire de l’art
Un Matisse rendu en 2008 à la MDA UK est retourné à Francfort
« Leeuwarden - Georges-Arthur Goldschmidt – Enquête sur un tableau »
« Tous les dancings sont fermés » : de mai 1940 à avril 1945, les bals sont interdits sur tout le territoire français. Nulle part, cependant, la jeunesse ne renonce à danser, malgré la répression. Cette exposition revient sur ces bals clandestins : comment l’interdit est-il transgressé ? Pourquoi la danse est-elle traquée ? Quelles musiques, quelles cultures du corps, mais aussi quelles valeurs et quels liens sociaux rendent donc irrésistible l’envie de danser ? »
Quid des auteurs - compositeurs ou paroliers - juifs dont les oeuvres ont été jouées dans ces bals ? Quid de leur rémunération sous forme de droits d'auteur durant l'Occupation et après la Libération ?« Après une première présentation à Grenoble en 2021, au musée
de la Résistance et de la « Déportation de l’Isère, puis à Bourges, au
musée de la Résistance et de la déportation du Cher, l’exposition « Vousn’irez plus danser ! Les bals clandestins 1939-1945 » vous invite à
la découverte de l’atmosphère des bals clandestins et de leur histoire au sein
du nouveau bâtiment Aimé Césaire du Musée de la Résistance nationale, à
Champigny-sur-Marne, du 16 septembre 2022 au 2 avril 2023. »
« Cette exposition a été réalisée à l’initiative du
groupe de travail « Bals clandestins » du Centre d’histoire sociale
des mondes contemporains (CHS), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / CNRS, en
collaboration avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère,
le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne et l’INA. Grâce au
prêt de documents et d’objets par des institutions locales et des particuliers,
elle s’ancre dans le territoire du Val-de-Marne. »
« L’ENTRE-DEUX-GUERRES. LA DANSOMANIE »« La danse est le principal loisir de masse pendant la période de l’entre-deux-guerres. Âge d’or du bal, on parle alors de « dansomanie ». Les lieux où l’on danse se multiplient et les dancings élargissent leurs horaires d’ouverture jusqu’au petit matin ; ce sont désormais des boîtes de nuit. Si la bourgeoisie se retrouve dans les salons privés des hôtels et les dancings de luxe, la classe ouvrière accompagne souvent les grèves de 1936 de quelques pas de danse au son de l’accordéon et se rue dans les bals musettes ou dans les guinguettes le dimanche. Ces loisirs deviennent accessibles à la majorité des Français grâce aux avancées du Front Populaire en 1936, notamment la semaine de 40 heures et les congés payés, ce qui a un impact direct sur les sorties au bal. »
DANSER, DANSER, DANSER« Des bals sont organisés en tout lieu et en toute occasion. Si des bals privés accompagnent des moments clés de la vie familiale tels que les noces, ils sont souvent simplement donnés le dimanche pour s’amuser entre amis. Ils accompagnent également de façon systématique les réjouissances publiques, et particulièrement le 14 juillet. Ceux organisés pour les fêtes populaires et votives sont également prisés. À la campagne, on rencontre de nombreux entrepreneurs de bals ambulants proposant les prestations d’un orchestre et l’installation de pistes de danse amovibles au cœur des villages. »« En ville, les cafés aménagent estrades et balcons intérieurs, devenant de véritables dancings. »« Preuve s’il en est de la popularité des guinguettes, la partition de l’air Ah le petit vin blanc interprété par Lina Margy et publiée en 1943, est vendue à plus d’un million d’exemplaires. Son refrain « Ah ! Le petit vin blanc, qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles, du côté de Nogent », évoque les guinguettes populaires des bords de Marne, comme le dancing Chez Convert à Nogent. »
LE CHANGEMENT DE RÉPERTOIRE« Le répertoire du début du XXe siècle est déjà composé de danses de couple comme la valse, la java, le one-step ou le paso doble. Mais de nouvelles danses, nées outre-Atlantique, telles que le tango, le fox-trot ou encore la rumba, vont déferler sur l’hexagone dans les années 1920 et 1930. Elles sont popularisées par les émissions musicales de la TSF, à travers les partitions qui s’échangent et grâce aux professeurs de danse formés à la capitale à ces nouveaux rythmes. Pour autant, les origines métissées de ces danses nouvelles ne font pas l’unanimité et sont vite condamnées par la morale, surtout chrétienne, qui dénonce aussi les corps qui se rapprochent et s’entrelacent. »
LE BAL DÉFENDU ET LA FIN DU BAL« La déclaration de guerre du 3 septembre 1939 a peu d’influence sur l’organisation et la tenue des bals. Quelques interdictions sont prises à l’échelle locale par les préfets, mais l’absence de combat pendant la période de la « drôle de guerre » conduit à leur relâchement provisoire. L’offensive allemande déclenchée le 10 mai 1940 amène Georges Mandel, alors ministre de l’Intérieur, à interdire les bals dix jours plus tard. Dans son discours du 20 juin 1940, le maréchal Pétain condamne « l’esprit de jouissance » qui aurait conduit à la défaite en corrompant la société et ses jeunes ; la répression des bals devient systématique. »
LES BALS, UNE AFFAIRE DE MORALE« L’interdiction des bals est ancrée dans une répression morale de la danse très ancienne, portée par les autorités religieuses et civiles. Les bals troubleraient la tranquillité publique, nuiraient aux bonnes moeurs et menaceraient la vertu des jeunes filles avant le mariage. Mais à partir du début du XXe siècle, les bals sont quasiment intouchables, notamment grâce au soutien de la presse. Alors qu’ils ne suscitent plus guère l’intérêt de la police et de la justice, ils font parfois l’objet de suspensions temporaires lors du premier conflit mondial. Avec le régime de Vichy, l’interdiction des bals relève d’une volonté de moraliser l’espace public. »
RÉPRIMER LES BALS« L’organisation de bals clandestins est un phénomène essentiellement rural, c’est alors aux gendarmes qu’incombe leur répression : faire cesser la fête et dresser un procès-verbal. À pied ou à vélo, ils détectent les bals, attirés par le son de l’accordéon ou par une masse de jeunes se dirigeant vers une grange. Parfois, ils reçoivent des lettres de dénonciation ou se fient à la rumeur locale. Le délit est ensuite jugé par le tribunal de simple police présidé par le juge de paix. Il peut prononcer des amendes et punir d’emprisonnement. L’exposition présente ainsi l’accordéon d’Ernest Roussel, qui a été saisi par la gendarmerie après avoir servi dans des bals clandestins. »« Les condamnations visent presque exclusivement les organisateurs, les musiciens ainsi que les propriétaires de café et d’hôtel. Pour ces derniers, une mesure de fermeture administrative peut être prise. Pour les récidivistes, un internement administratif peut être prononcé sur décision du préfet de région. »
LES BALS ET LES ALLEMANDS« À partir du 2 mai 1941, en zone occupée, les Allemands rendent aux autorités françaises la charge de l’autorisation et de la surveillance des fêtes populaires. La seule pression exercée par l’occupant concerne les cours de danse, qui exige qu’un examen professionnel de professeur de danse soit mis en place et obtient la fermeture des cours de ceux qui ne sont pas reçus. L’attitude des Allemands à l’égard des bals clandestins varie d’un lieu à l’autre, allant d’une relative indifférence à une intervention brutale selon que leurs intérêts sont menacés ou pas. »
LE BAL CLANDESTIN - NOUS IRONS DANSER !« Les participants aux bals clandestins sont majoritairement de jeunes gens issus de milieux populaires. Le bouche-à-oreille est le moyen le plus répandu pour annoncer un bal. On s’y rend à pied ou à vélo, en ayant revêtu sa « tenue du dimanche », ou ce qu’il en reste en période de pénurie. Les bals ont souvent lieu le dimanche après-midi ou le soir et peuvent se terminer au petit matin. Aller au bal n’a pas la même finalité que l’on soit un jeune homme ou une jeune femme : le premier cherche à faire des rencontres alors que la seconde prétend s’y rendre par amour de la danse. Mais pour les uns comme pour les autres, le bal est le lieu du flirt où naissent parfois des unions qui se concluent par des mariages ».
S’ORGANISER« Les bals clandestins ont lieu à l’abri des regards indiscrets : dans une grange, une maison inhabitée ou parfois des lieux insolites comme un cinéma, un tunnel, une école ou même une salle de boxe. Les organisateurs de bals sont assez souvent des femmes, notamment des patronnes de débit de boissons, lorsque ce n’est pas le musicien lui-même. L’organisation d’un bal dépend de plusieurs facteurs : trouver un accordéoniste, obtenir la permission d’utiliser une grange ou, à défaut s’installer en extérieur et arranger le lieu afin que les couples puissent évoluer en toute sécurité. »
LES COURS DE DANSE« Le régime de Vichy craint que les cours de danse se transforment en bals clandestins, mais souhaite les maintenir pour l’éducation des jeunes gens et encourage l’apprentissage de certains types de danses, notamment folkloriques. »« Dès janvier 1941, seuls les cours créés avant la guerre ont le droit de fonctionner sur abonnement et ne doivent pas accueillir plus de quinze couples. En 1942, une autorisation préfectorale est requise pour ouvrir ou continuer à diriger un cours de danse. En pratique, la plupart des cours de danse parisiens servent de couverture à des bals clandestins. La presse collaborationniste dénonce férocement la plupart de ces cours et certains groupes d’ « ultras » n’hésitent pas à les attaquer en saccageant leurs locaux. »
LE PATRIMOINE LOCAL« L’exposition s’attache à reconstruire l’atmosphère des bals clandestins en bord de Marne, notamment grâce aux prêts des Archives municipales de Champigny-sur-Marne et d’Ivry-sur-Seine, des archives départementales du Val-de-Marne, du Musée intercommunal de Nogent-sur-Marne et de collectionneurs privés. Elle présente de nombreux objets d’époque, comme des cartes postales, des partitions ou des instruments de musique, prêtés ou donnés par des particuliers. L’exposition évoque également le besoin de danser jusque dans les lieux d'internement en France à travers des dessins réalisés par des résistantes et des résistants détenus au camp des Tourelles, à la prison de la Santé à Paris ou encore à la centrale pénitentiaire d'Eysses à Villeneuve-sur-Lot. »
LES BALS CLANDESTINS ET LA RÉSISTANCE« La Résistance entretient un rapport ambivalent avec les bals clandestins, qui deviennent surtout un enjeu lorsqu’apparaissent les maquis dans les principaux massifs de la zone sud en 1943. »« Organisés en milieu rural, souvent dans des territoires proches des sites où se développent les maquis, les bals peuvent être utilisés comme des lieux de recrutement ou de passage d’informations, constituer une manne financière par le biais de collectes, ou encore attirer des maquisards qui souhaitent rencontrer des jeunes filles de leur âge. Les chefs de maquis s’y opposent, y voyant un risque de s’exposer à la répression. »
LES BALS DE LA LIBÉRATION« De l’arrivée des Alliés en juin et août 1944 à la capitulation allemande du 8 mai 1945, des scènes de joie ont lieu dans les villes et villages français, comme en témoignent les clichés pris par Tony Vaccaro, photographe et soldat américain. »« L’exposition présente également un groupe électrogène donné par des Américains à la patronne du restaurant Chez Charlot, place de Clichy à Paris, pour pouvoir continuer à danser pendant les coupures de courants. Le groupe est accompagné d’un gramophone ainsi que d’instruments de musique militaire pris sur les Allemands par des résistants de la Dordogne, qui ont été utilisés pour fêter la Libération. Mais les sons des cloches, des sirènes et les musiques militaires prennent le pas sur les rythmes entraînants qui invitent à danser. Dès son installation, le Gouvernement provisoire de la République maintient l’interdiction de danser. D’autres manifestations collectives, moins festives, caractérisent ces jours de libération : défilés d’hommes armés, de femmes tondues ou de collaborateurs et exécutions sommaires. »
LE RETOUR DU DROIT DE DANSER« La question des bals clandestins est centrale dès la Libération de Paris en août 1944. Une circulaire du ministre socialiste de l’Intérieur rappelle ainsi aux préfets le maintien de leur interdiction. Il ne peut être question de danser dans un pays qui après avoir tant souffert est toujours en guerre. Toutefois, l’application de la mesure étant chaque jour plus difficile, le gouvernement est contraint d’accorder de nombreuses exceptions sans abroger la règle de l’interdiction : bals organisés par des oeuvres de bienfaisance au profit des prisonniers, déportés, victimes civiles de la guerre et de leurs familles ; bals à l’occasion des fêtes traditionnelles locales ou nationales ; bals organisés par les groupements de la Résistance. Le 30 avril 1945, la « liberté de la danse » est finalement rétablie sur l’ensemble du territoire français. »
DANSER ENCORE ?« Si la liberté de danser est rétablie, elle est constamment questionnée et prend encore la forme d’un conflit de générations. La « nuit de la Nation » organisée le 22 juin 1963 rassemble 150 000 personnes et suscite une véritable panique morale. La jeunesse des « blousons noirs » est présentée comme hors de contrôle. Les festivals pop des années 1970 sont également craints comme des lieux de débordement et de contestation politique d’inspiration maoïste ou anarchiste. Dans les années 1990, l’avènement des rave-parties inquiète à nouveau. Nées en Grande-Bretagne, elles deviennent en France un phénomène de société dont le caractère clandestin les rapproche des bals d’hier. C’est bien l’année 2020, dans un contexte de crise sanitaire, qui marque le retour explicite des bals clandestins. Un arrêté du 15 mars au Journal officiel stipule ainsi la fermeture des salles de danse et l’interdiction des rassemblements de plus de cent personnes, souvent prolongées au cours de l’année par des dispositions préfectorales encore plus restrictives. L’expression « bals clandestins » resurgit et rappelle à nouveau le besoin irrépressible que nous avons de danser. »
Du 16 septembre 2022 au 2 avril 2023Site Aimé Césaire40, quai Victor Hugo. 94 500 Champigny-sur-MarneTél : 01 49 83 90 90Du mardi au vendredi : 14h-18h. Samedi et dimanche : 11h-19h
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Les citations sur le film proviennent du dossier de presse.
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« Cette exposition a été réalisée à l’initiative du groupe de travail « Bals clandestins » du Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / CNRS, en collaboration avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne et l’INA. Grâce au prêt de documents et d’objets par des institutions locales et des particuliers, elle s’ancre dans le territoire du Val-de-Marne. »
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