Citations

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mercredi 1 mars 2023

Michaël Bar-Zvi (1950-2018)

Michaël Bar-Zvi (1950-2018) était un 
philosophe franco-israélien. Il "s'intéressait aux liens entre la pensée juive et la philosophie politique et a notamment travaillé sur l'histoire du sionisme, sur les rapports entre la France et Israël, et sur l'antisémitisme". Le 2 mars 2023 à 19 h, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et le KKL France organisent au musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ) une soirée d’hommage à cet intellectuel. 

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

« Transmettre c’est donner du sens, mais comment fait-on pour donner du sens à ce qui n’en a pas ? Comment déceler ou reconnaître ce qui est à transmettre et ce qui ne l’est pas, car même si le sens est caché ou absent, l’acte du passage possède en lui une force. Il ne s’agit pas seulement d’être des passeurs, mais d’avoir la puissance de bâtir un pont sur de solides pilotis. Sans ce pouvoir, les passerelles s’effondrent avec ceux qui les empruntent. »

Michaël Bar-Zvi est né Michaël Herszlikowicz à Paris en 1950 dans une famille juive d’origine polonaise décimée par la Shoah. Son père bottier a été déporté de France. Sa mère a été une enfant cachée durant la Deuxième Guerre mondiale.

En mai 1968, élève au lycée Turgot, Michaël Herszlikowicz a pour professeur le philosophe Pierre Boutang. Autre professeur dont il reconnut l’influence : Emmanuel Levinas.

En 1975, après la soutenance de sa thèse sur L’idée de nation dans la pensée juive à l’époque moderne (mention très bien) sous la direction de Charles Touati, il devient docteur en philosophie à l'Université Paris-Sorbonne.

La même année, il fait son aliyah. En Israël, il devient Professeur de Philosophie à l’Institut Levinsky à Tel Aviv. 

Il a dirigé le Département de l’Éducation juive en Europe de l’Agence juive.

Détaché de l’Université, Michaël Bar-Zvi a été Délégué général du Keren Kayemeth LeIsraël (KKL) à Paris (2002-2010).

Membre de l'Union libérale israélite de France, il a été rédacteur de sa revue Hamevasser (2003-2016).

Michaël Bar-Zvi a publié chez des éditeurs français de nombreux ouvrages dont Le sionisme (QSJ, PUF, 1978), Philosophie de l’antisémitisme (PUF, 1985), Être et Exil, philosophie de la nation juive (Les Provinciales, 2006) et Pour une politique de la transmission. Réflexions sur la question sioniste (Les Provinciales, 2016). 

Avec Michel Gad Wolkowicz, il a co-dirigé les actes du colloque Si c'était Jérusalem (In Press, 2018).

Dans le cadre de l'Université Populaire du Judaïsme, il a donné six conférences sur les "penseurs du sionisme".

Il a participé aux travaux de la commission Culture juive de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah de 2010 à 2016 et a prolongé son engagement aux côtés de la Fondation par le biais d'expertises régulières jusqu'à sa disparition en 2018.

« Pour une politique de la transmission. Réflexions sur la question sioniste  »
En 2016, les éditions Les Provinciales ont publié Pour une politique de la transmission. Réflexions sur la question sioniste

« Le sionisme est devenu la question centrale de la pensée politique contemporaine, sa pierre de touche ou d’achoppement. Son rejet a pour prétexte et pour effet une critique en profondeur de la transmission. Impliquée dans un combat idéologique sans merci, l’Europe se démunit de son héritage et refuse d’assumer son origine spirituelle, laquelle démontre précisément un lien «  gênant  » avec Israël. Face aux chantages et aux charges d’irrationalité et d’ignorance, elle se déchristianise, se déjudaïse et nomme cette normalisation «  laïcité  », «  modernité  », voire «  humanisme  ».

« Le sionisme à l’inverse n’a cessé de puiser dans le passé d’un peuple singulier la force de reprendre sa place dans l’histoire. Revenir, exister et même progresser, ce n’est pas échapper au danger en se renonçant, c’est transmettre, parfois au prix de la vie  ; ce n’est pas rompre avec un héritage obsédant, ni en être le gardien résigné ou craintif – mais se montrer capable de le métamorphoser en pulsion de vie. »

« Retourner dans l’histoire fera toujours courir le risque de se faire broyer par elle, mais ce qui rend si puissamment entraînante et dérangeante la rédemption nationale d’Israël aujourd’hui, c’est savoir que je ne suis pas le premier et peut-être pas le dernier. Ce «  profond exister  » (Pinsker) a permis de concilier l’idée de sacrifice avec le précepte fondamental du judaïsme  : «  Tu choisiras la vie  ». Le judaïsme n’est pas une identité ou un carcan, mais la liberté de répondre à l’injonction de transmettre  : «  le monde est suspendu au souffle des enfants à l’écoute de leur maître  », dit le Talmud, et le sionisme a maintenu cette transmission par des moyens nouveaux – la politique, la guerre – tandis que l’Europe s’exilait avec effroi d’elle-même. Levinas avait bien vu pourtant ce qui devrait apparaître plus clairement désormais  : «  Nous sommes tous des Juifs israéliens  »… appelés à transfigurer le feu dévorant et vengeur en muraille protectrice. Car comment rester une nation sans souveraineté  ? Et sans peuple ni langue ni mémoire commune, comment avoir un horizon  ? Une culture n’est pas un ministère pour les loisirs mais notre ressort vital, et l’éducation à l’histoire et à la vérité connue n’est pas une option mais un axe de défense stratégique. Le sionisme concentre aujourd’hui toutes les attaques contre l’idée de transmission. Au carrefour de toutes les détestations démocratiques ou totalitaires il proclame seul que la politique pourrait encore sauver… »

« Michaël Bar-Zvi, l’ami, le Mensch »
« Je milite avec Serge et Beate Klarsfeld depuis l’âge de 17ans. Être militant, cela donne plus d’ampleur et de grandeur à sa vie. Ce qui m’intéresse en tant que réalisatrice, c’est de faire le portrait de précurseurs qui ont changé le monde en œuvrant pour la dignité humaine… Le jour de sa mort, devant son cercueil, j’ai ressenti la nécessité fulgurante d’immortaliser la pensée, l’œuvre et la personnalité originale de Michaël Bar Zvi. Car ainsi qu’il le dit dans le film « le judaïsme c’est une altérité et son secret c’est sa transmissibilité », a déclaré Elisabeth Lenchener, réalisatrice du documentaire « Michaël Bar-Zvi, l’ami, le Mensch ».

« Le 14 mai 1948, David Ben Gourion lit la Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël et proclame ainsi la naissance du pays. Le récit national israélien s’est écrit à partir de ce jour-là. »

« Parce que « le monde ne nous a pas pardonné le mal qu’il nous a fait et qu’Israël dérange », le philosophe franco-israélien Michaël Bar Zvi a toute sa vie été un militant inlassable de la cause et de la pensée sioniste. Avec les armes – il a été officier de Tsahal – et surtout avec les mots - il aimait provoquer pour défendre la terre d’Israël, « sa demeure ». »

« Cet hommage propose un nouvel éclairage sur le sionisme, ce courant politique et philosophique encore trop largement méconnu, et la seule utopie du XIXe siècle qui se soit incarnée dans la réalité ».

En 2022, « Toute L’Histoire a diffusé en exclusivité ce film qui dresse un portrait personnel et profond de son ami de 30 ans et à travers lui du sionisme. Réalisé à partir de nombreuses archives, complété d'interviews de proches dont certains contradicteurs - Delphine Horvilleur, Serge et Beate Klarsfeld, René Frydman, Bernard Kouchner -, le film est un hommage intimiste à l’homme pudique au regard bleu perçant disparu en 2018 qui interroge le sionisme sur lequel « on ne peut pas rester neutre ».

Soirée d’hommage
« Sans un certain cérémonial il n'y a pas de liberté »
Vladimir Zeev Jabotinsky

« Le 2 mars 2023 à 19 h, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et le KKL France organisent une soirée d’hommage au philosophe franco-israélien Michaël Bar-Zvi. » 

« Délégué général en France du KKL de 2001 à 2009, Michaël Bar-Zvi a été membre de la commission Culture juive de la Fondation de 2010 à 2016. » 

« La soirée débutera avec la projection du film Michaël Bar-Zvi, l’ami, le Mensch, en présence de sa réalisatrice, Élisabeth Lenchener. Elle se poursuivra avec un moment de témoignages et d’échanges avec les invités et se terminera par un cocktail. »


Le 2 mars 2023 à 19h
Au MahJ, musée d’art et d’histoire du Judaïsme
71, rue du Temple – 75003 Paris
S’inscrire en écrivant à communication@fondationshoah.org

« Michaël Bar-Zvi, l’ami, le Mensch » d’Elisabeth Lenchener
France, 2022, 52 mn
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Distributeur : Di-Zahav Production

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