Citations

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mercredi 22 mars 2023

Les enjeux de l'alimentation à base d'insectes

Suscitant des réticences fondées, favorisée par des instances onusiennes et européennes, notamment par des politiques de réduction de cheptels, encouragée par des ONG, la consommation d'insectes par les êtres humains et les animaux représente un changement civilisationnel en Europe, en Amérique du nord, en Israël... ainsi que de multiples enjeux : historiques, économiques, financiers, scientifiques, sanitaires, sociaux, culturels, environnementaux... Arte diffusera 
le 29 mars 2023 à 7 h 15,  dans le cadre de « GEO Reportage », « Les insectes, nourriture de demain ? » (Insekten - Unser Speiseplan für morgen?) de Jean-Luc Nachbauer.

« Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » par Beate Thalberg

C’est un changement de civilisation qui est élaboré dans les arcanes de l’Union européenne (UE) et des Nations unies (ONU), et imposé peu à peu, sans fournir de vision d’ensemble aux citoyens, et en occultant à ces derniers les enjeux notamment financiers et culturels, voire sanitaires et gastronomiques, de ces bouleversements.

Le but : au nom de la lutte contre le « changement climatique » ou ses dénominations variées (« dérèglement climatique », « réchauffement climatique »), de la préservation de l’environnement, voire de la survie de la planète Terre et d’une alimentation plus sûre ainsi que plus protéinée, et au fond d’une hiérarchie aberrante - la planète avant l'homme -, ils s'agit d'abandonner l’alimentation animale, et tout ce que cela implique, au profit de celle à base d’insectes. Bref, changer l’homme de carnivore gourmet en…

Et bien sûr, c’est pour notre bien. Enfin, selon les promoteurs de ces mutations.

Comment se manifestent ces changements ? Par l’inflation de réglementations européenne et nationale compliquant inutilement le travail d’agriculteurs. Par la signature d’accords commerciaux avec des Etats ne respectant pas ces réglementations et permettant l’importation en UE de produits agricoles moins chers. Par la disparition des agriculteurs et du secteur agricole – pourtant un atout dans le commerce extérieur français -, ce qui libère des terrains pour installer des éoliennes polluantes. Par la fin de l’Histoire agricole d’Etats malgré la persistance – pour combien de temps ? - d’une filière agroindustrielle. Par le silence sur les questionnements concernant les effets « des parcs éoliens sur la dégradation de la santé d’animaux d’élevage ». Par l’utilisation de denrées agricoles non pour la nourriture, mais comme carburant bio ou textiles, etc.

Culpabilisant l’homme accusé de tous les maux, inspirée par une vision profondément pessimiste, erronée, anti-biblique et a-humaine – élimination du rapport entre l’homme et l’animal, de la relation entre l’éleveur et ses vaches ; animal perçu uniquement dans le  rapport de ses flatulences avec la « neutralité carbone » -, empêtrée dans ses contradictions – importation de denrées fabriquées sans respect de sa réglementation contraignante et bureaucratique -, l’Union européenne impose la réduction de troupeaux de bovins au motif que la vache, lors de sa rumination, émet des rots et des flatulences, et donc du « méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus dangereux pour le réchauffement climatique que le CO2, donc en partie responsable du réchauffement du climat ». En octobre 2022, la Nouvelle-Zélande a annoncé « son intention d'imposer les émissions de gaz à effet de serre des animaux d’élevage »…

Arnaud Gauffier, en charge des questions agricoles en France pour le Fonds mondial pour la nature (WWF), avait averti en 2015 : « Pour lutter contre le changement climatique, il faut aussi que le consommateur se résolve à "limiter" durablement sa consommation de viande ».

Dans ce contexte, se développent les recherches sur la viande artificielle – biotech très coûteuse - et sur la commercialisation d’insectes pour l’alimentation humaine et animale.

L’animal – volailles, bovins, ovins, porcs – est intimement lié aux religions, aux fêtes familiales, à la civilisation, à l’Histoire – poule au pot, plat emblématique espéré, car signe de prospérité après les guerres de religion, par Henri IV, roi de France et de Navarre (« Si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu'il n'y a pas de laboureur en mon royaume qui n'ait moyen d'avoir une poule dans son pot ») -, aux évolution sociologiques...

En se sédentarisant, l'homme est devenu agriculteur, a domestiqué des animaux sauvages, s'est fait paysagiste, a asséché des marécages, s'est adapté aux évolutions climatiques. 

Les mâchoires humaines sont dotées d'incisives, de canines et de molaires afin de lui permettre de manger une nourriture diverse, notamment de mâcher la viande animale. Des scientifiques ont constaté un lien entre le développement du cerveau et les modifications de la mâchoire. C'est un homme carnivore qui a élargi les limites de son environnement, s'est aventuré pour découvrir le monde, a créé des civilisations hautement évoluées, spirituelles. Que ferait un mangeur d'insectes ? Que penserait-il ? Ses facultés intellectuelles seraient-elles affectées, voire diminuées, par cette mutation dans sa nourriture ?

La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) étudie l'entomophagie, c’est-à-dire la consommation d'insectes et d’arachnides (araignées, les scorpions, les acariens) par les humains. « Les insectes complètent les régimes alimentaires d'environ 2 milliards de personnes, et ont toujours fait partie de l'alimentation humaine », indique la FAO.

Quant à l’Union européenne (UE), sa « Stratégie de la ferme à la table » « pour un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement » (« Farm to Fork strategy - For a fair, healthy and environmentally-friendly food system ») » est au cœur de son Pacte vert pour l’Europe (2019), qui vise à rendre « les systèmes alimentaires équitables, sains et respectueux de l’environnement. » Dans ce cadre, l’UE a autorisé dès 2021 la commercialisation d’insectes, riches en protéines et nutriments, comme aliments. Dans la plus grande transparence, alléguait-elle…

Or, en février 2023, le magazine 60 millions de consommateurs a publié ses essais comparatifs de 51 cafés. Résultat : « Pas d’alerte sanitaire dans les produits que nous avons passés au crible, mais un excès de corps étrangers dans le café moulu et en grains  ». Quels « corps étrangers » ? « Dans les cafés en grains et moulus, des fragments d’insectes parfois nombreux… jusqu’à 80 dans le café moulu Bellarom de Lidl et même 83 dans le café en grains Alter Eco ! C’est dire que le tri a été incomplet. Même si ces « intrus » ne représentent pas de danger pour le consommateur, leur présence est peu appétissante ». Il aurait été intéressant de savoir quels insectes se trouvaient dans ces cafés et s'il s'agissait d'insectes autorisés ou pas par l'UE. Cette enquête prouve l'insuffisance des contrôles nationaux et européens, en particulier sanitaire, et de l'étiquetage.

Rappelons que des mouvements propalestiniens militent pour l’étiquetage des produits israéliens fabriqués dans les territoires administrés par Israël et non pour un étiquetage suffisant sur la présence d’insectes dans nos tasses et assiettes. Chacun a ses urgences. Et on ne peut pas se battre sur tous les fronts… 

En mars 2023, selon le Journal officiel hongrois, un "décret du ministre hongrois de l'Agriculture entrera en vigueur en modifiant les règles d'étiquetage des denrées alimentaires. István Nagy avait indiqué qu'un avertissement devrait être donné si la nourriture contient des insectes ou des larves. Selon la nouvelle règle, il doit être clairement indiqué sur l'emballage si un produit approuvé comme nouvel aliment contient des insectes ou des larves. Cela s'applique aussi bien aux aliments disponibles en magasin qu'à ceux qui peuvent être achetés en ligne. L'inscription sera : "Attention! Cet aliment contient des protéines d'insectes !"

Pourtant le danger pour le consommateur est réel : outre les insectes non comestibles, les dangers sont nombreux : allergènes, virus, bactéries, toxines, parasites, chitine, allergène qui compose la carapace ou l'exosquelette des insectes, est apprécié des cellules cancéreuses et n'est pas assimilable par l'appareil digestif humain - aucun enzyme ne peut décomposer la chitine - et donc peut percer ce système digestif et rien ne prouve que la chitine est expulsable par les selles...

L'eurodéputé Hervé Juvin a alerté : la nourriture des insectes est en partie composée, au terme d'un brevet déposé par la Chine, d'oxyde de graphène. Celui-ci, déjà présent dans les vaccins à ARN Messager contre le coronavirus, présente des caractéristiques : c'est un oxydant puissant, une molécule qui, dans des conditions de températures similaires à celles de l'être humain, peut se regrouper en macromolécule avec des propriétés de sensibilité aux radiations particulières. Ce qui donne le scénario de l'Apocalypse suivant : les nanoparticules d'oxyde de graphène se regroupent dans le corps humain, notamment à proximité des centres nerveux : le cerveau, le cœur, les viscères. Et peut-être ces nanoparticules peuvent être sensibles à des radiations qui viennent par exemple d'un pacemaker, mais qui viennent aussi des ondes millimétriques qui correspondent à la 5G. Et le scénario de l'Apocalypse se dessine, attesté par un certain nombre de publications scientifiques. Si certains voulaient pouvoir créer des états de conscience, si certains pouvaient influer sur le métabolisme humain, mais aussi sur les représentations et sur les connexions nerveuses du corps humain, l'oxyde de graphène leur fournirait une voie royale... Nous ne savons rien du capitalisme cognitif et du capitalisme qui vise à contrôler les états de conscience d'une population ".

« Au-delà des enjeux d’expertise spécifiquement associés aux questions d’évaluation des risques sanitaires et des bénéfices nutritionnels relatifs à la consommation des insectes », l’Anses  (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, établissement public à caractère administratif sous la tutelle des ministères de la Santé, de l’Environnement, de l’Agriculture, du Travail et de la Consommation), soulignait en 2015 « les forts enjeux de connaissances portant sur l’acceptabilité sociétale de ces nouvelles consommations ou encore sur les enjeux de développement et d’impact environnementaux qui y sont associés. » Elle préconisait aussi « d’explorer la question du bien-être animal pour ces catégories d’invertébrés » - comment ? -, « de définir un encadrement spécifique des conditions d’élevage et de production des insectes et de leurs produits permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires ». Force est de constater avec ces tests l’insuffisance de contrôles.

Les cafards dans votre assiette ? Un mets de fin gourmet à n’en pas douter. Joke. Ces organisations supranationales font fi de la gastronomie des terroirs français et des interdits alimentaires de certaines religions, tel le judaïsme. Le 11 février 2023, le Beth Din (tribunal religieux) de Paris publiait le communiqué "Cacherout : Utilisation et consommation des poudres d'insectes". Un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux tant l'inquiétude et l'indignation étaient vives au sein de la communauté juive française : les insectes ne sont pas cacher, et sont donc interdits à la consommation.

Dans une lettre ouverte publiée par L'agri (14 mars 2023), Jean-Paul Pelras, rédacteur en chef du journal, ironise sur la contradiction à inciter les consommateurs à manger des insectes tout en alertant sur les menaces de disparition pesant sur eux, et le revirement opéré en quelques décennies : auparavant, le commerce où était découverte une blatte faisait l'objet de contrôle sanitaire et était déshonoré, alors que désormais l'opprobre vise le client commandant un steak.     

En 2029, Iomojo, start-up française fondée par Madeleine Morley et Paola Teulières, "a développé des croquettes à base d'insectes" pour chiens et chats. "Un moyen de lutter contre le réchauffement climatique: la fabrication de la nourriture carnée des seuls animaux de compagnie américains est responsable de l'émission de 64 millions de tonnes de CO2 par an. En France, la nourriture de nos 63 millions d'animaux de compagnie mobilise 363.000 tonnes de sous-produits de viande par an et des quantités astronomiques d'eau... Ces nouveaux mets sont constitués à 20% de farine d'insecte, de la mouche noire Hermetia Illucens, mélangée à de la spiruline et des légumes. A priori anodin, ce changement d'alimentation pour nos animaux de compagnie pourrait avoir un impact réel sur la planète. De fait, l'élevage de larves de mouches consomme 25 fois moins de CO2 par kg que l'élevage de bœuf, 1000 fois moins d'eau. Or, une étude de l'université de Californie calcule que chaque année, aux États-Unis, l'alimentation des 163 millions de chats et chiens produit jusqu'à 64 millions de tonnes d'équivalent CO2. C'est autant que 13,6 millions de voitures pendant un an… Les seuls animaux de compagnie américains seraient ainsi le 5e plus gros consommateur de viande au monde… En France, nous possédons la bagatelle de 20 millions de ces compagnons. En se basant sur l'étude américaine, l'alimentation de nos toutous et chats français produit 8 millions de tonnes de CO2 par an. Autre argument : les insectes sont de gros consommateurs de matières organiques en décomposition, comme du fumier, des déchets de cuisine, des aliments avariés, et tout ce qu'on peut trouver dans un compost. De plus, leurs déchets organiques sont utilisés comme fertilisants."

En 2020, Ÿnsect, "start-up française qui élève des scarabées pour nourrir poissons d'élevage, chats, chiens et plantes, a finalisé un troisième tour de table de 316 millions d'euros. Soit, en excluant une première partie déjà annoncée de 110 millions et un financement européen de 23 millions réalisé en 2019, encore la bagatelle de 190 millions d'euros. «  Au total, ce sont 360 millions d'euros levés depuis notre création en 2011, détaille Antoine Hubert, cofondateur et PDG d'Ÿnsect. Soit plus que tous les financements des sociétés insectes dans le monde. » Minoritaires depuis 2016, les trois cofondateurs ont pu compter sur Astanor Ventures, déjà investisseur principal en 2019, ainsi que sur le fonds américain Upfront Ventures, Happiness Capital, Supernova Invest et Armat Group. Sans oublier Footprint coalition, le fonds de l'acteur hollywoodien Robert Downey Jr. Un pool bancaire comprenant la Caisse des dépôts, le Crédit agricole Brie Picardie et la Caisse d'épargne Hauts-de-France complète le financement. Ces montants sont énormes pour une société presque vierge de chiffre d'affaires en 2019. Même si elle a déjà engrangé plus de 100 millions d'euros de contrats sur trois ans, sa production au stade industriel, et donc ses ventes et potentiels bénéfices, n'arriveront qu'en 2022. « Après ce tour, nous n'aurons plus besoin de financement, assure le PDG. Même si nous restons à l'écoute s'il s'agit d'accélérer aux États-Unis ou en Asie, des marchés prioritaires. »

"La start-up, qui veut mener la course sur un marché de la nutrition animale pour poissons, chats et chiens estimé à 150 milliards de dollars, a ainsi lancé en mars 2020 la construction d'un site à Poulainville près d'Amiens. Il y produira 100 000 tonnes de protéines faites à partir de son scarabée Tenebrio Molitor. Deux tiers de ces volumes iront vers des engrais pour les plantes, mais 90 % du potentiel de chiffre d'affaires réside dans la valorisation pour de la nourriture animale premium. Selon Ÿnsect, sa technologie protégée par 30 brevets limite ainsi de 40 % la mortalité des crevettes et de 25 % celle des bars. Utilisée comme engrais, elle dope de 25 % les rendements de colza. « Ce positionnement très premium nous différencie d'autres acteurs qui font des criquets et grillons pour l'alimentation humaine, ou des spécialistes des mouches soldats pour la nourriture animale », appuie Antoine Hubert. Comme son compatriote Innovafeed, positionné sur ce créneau. Depuis le feu vert en 2018 par Bruxelles de l'utilisation de larves d'insectes pour l'aquaculture, les appétits pour ce marché sont nombreux. Ÿnsect le sait et veut, avec cette levée, achever sa première usine en France (100 emplois directs). Celle-ci a déjà obtenu les autorisations pour doubler sa production d'ici à 2023. « Rien que sur nos marchés actuels, il y a de la place pour plusieurs dizaines de sites dans le monde. » La jeune entreprise compte bien être de la partie. Notamment aux États-Unis, au Canada et en Asie où elle vise au moins un nouveau site de production (probablement en coentreprise) annoncé d'ici un an. À moyen terme, ses scarabées pourraient aussi servir dans la nourriture pour poulets et volailles. Un marché 3,5 fois plus grand… mais qui attend encore le feu vert de Bruxelles « dans les prochains mois », espère le PDG. Et peut-être un jour dans l'alimentation humaine ? « Pourquoi pas, mais davantage pour des compléments alimentaires pour sportifs ou personnes âgées, que pour des aliments à consommer au quotidien. » Le goût des consommateurs pour les insectes a encore ses limites."

En 2021, "l'entreprise toulousaine Agronutris spécialisée dans l'élevage d'insectes pour l'alimentation, a annoncé une levée de fonds record de 100 M€ notamment souscrits par BPI France". Parmi les financeurs : "Mirova, affilée de Natixis Investment Managers, le groupe aveyronnais Nutergia (compléments alimentaires), le Crédit Agricole Nord-Est, le business angel Bertrand Jelensperger, plusieurs Caisses d'épargne dont celle de Midi-Pyrénées ainsi que le CIC.Et "10% sont apportés en subventions par l'État dans le cadre du plan France Relance et par la région Grand-Est". Cet argent servira à construire deux usines de production d'insectes comestibles dont la première sera implantée à Rethel dans les Ardennes d'ici fin 2022... Agronutris qui a beaucoup investi en R&D et en agro-industrie a désormais atteint le stade industriel. Agronutris est la seule entreprise en France à avoir élevé de manière systémique trois espèces : le grillon, le ver de farine et la mouche soldat noire. Elle est aussi la seule entreprise à avoir obtenu l’autorisation de commercialiser des insectes en alimentation humaine. Les premières productions du site industriel porteront sur l’élevage et la transformation de la mouche soldat noire, à destination des marchés de l’aquaculture et de la nourriture pour les animaux de compagnie. L’implantation de l'usine dans les Ardennes est surtout motivée par la présence de nombreux gisements d’intrants, sous-produits et co-produits de l’agro-industrie, qui servent à nourrir les insectes élevés dans l’usine. Par ailleurs, les résidus issus de la production sont transformés en engrais organique, qui va à son tour alimenter les cultures de la région". 

Il serait risible que des écologistes ou gauchistes soutiennent cette alimentation à base d’insectes. Car ils deviendraient des « idiots utiles » de multinationales qui domineraient un marché économique et de quelques pays producteurs. Un pactole aussi pour les entreprises de produits phytosanitaires. Quid de la souveraineté alimentaire ? Vers une économie dominée par quelques entreprises détentrices d’un pouvoir exorbitant ? Vers un monde où la viande animale ou les poissons raréfiés et chers seraient réservés à des happy few, tandis que le peuple, appauvri, serait affamé, réduit à se contenter d'une biotech chère à base d'insectes dont la quantité disponible sur le marché serait décidée par des pouvoirs politico-financiers ? Une famine concertée qui réduirait drastiquement le nombre d'habitants...

Pour obtenir un retour sur ces investissements très chers dans la biotech et l’alimentation à base d’insectes, pour leur acceptation par des consommateurs européens, il faudra des dépenses gigantesques en endoctrinement idéologique et réduire le choix des consommateurs : prix élevés d’une viande raréfiée destinée à une élite, étiquetage insuffisant, intégration obligatoire dans des menus de cantines, etc. Mais pour sauver la planète, que ne ferait-on pas ?
Ainsi, en mars 2023, une école en Utah (Etats-Unis) a donné des insectes, achetés sur un site commercial, à manger à des élèves âgés de 11-12 ans. Et ce, dans le cadre d'un devoir sur le "changement climatique". Les écoliers devaient écrire un essai argumentatif, sans être autorisés à émettre le moindre désaccord. La seule réponse acceptable était que les humains devraient manger des insectes pour leurs protéines au lieu de vaches, qui détruisent la couche d'ozone avec du gaz méthane. Certains élèves ont reçu un bonus supplémentaire pour les inciter à manger les insectes." Des parents d'élèves ont été indignés par ce devoir.

Des directives européennes environnementales suscitent une opposition parmi des agriculteurs. Ainsi, elles ont modifié la scène politique néerlandaise. Lors des élections provinciales du 15 mars 2023, le "Mouvement agriculteur-citoyen" ("BoerBurgerBeweging" ou "BBB"), qui n'avait qu'une seule élue, Caroline van der Plas, sa cheffe, élue députée en 2021, a suscité  la surprise en se classant premier. Parce que c'est à l'échelle des provinces que le gouvernement va mettre en place en juin son ambitieux plan de réduction des rejets d’azote, destiné à se mettre en conformité avec les recommandations européennes, mais qui suscite la colère des agriculteurs. Ce plan prévoit de réduire le nombre d'animaux d'au moins 30% au niveau national et d'expulser les fermiers dont les exploitations se situent trop près des zones Natura 2000 pour les protéger de la pollution. Il y a trente ans, les Pays-Bas ont fait le choix de l'élevage intensif, c'est comme ça qu'ils ont réussi à devenir le 1er exportateur de viande de l'Union européenne, malgré sa petite taille (environ 41 500 km2 pour 18 millions d'habitants). Sauf qu'aujourd'hui ce modèle est dans une impasse environnementale, économique et sociétale. Sa réforme est une nécessité. Pourtant le "Mouvement agriculteur-citoyen", soutenu par une partie de la population, continue de le défendre. Classé comme un parti de droite, populiste, plutôt anti-Union européenne et anti-immigration, BBB demande pourquoi le gouvernement ne s'attaque pas à d’autres secteurs comme l’industrie et les transports. La Haye veut débloquer 25 milliards d’euros d’ici à 2035 pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions d’azote. » Une politique décidée sans écoute des premiers concernés - les agriculteurs – et par une hiérarchie aberrante des priorités (environnement prévalant sur l’animal).

C’est donc une politique européenne lourde de menaces, créatrice de pénuries alimentaires et dispensatrice de subventions qui est contestée par des citoyens défendant leurs traditions et leur indépendance nationale.

L’exemple agricole est un parmi beaucoup d’autres de l’effondrement d’une civilisation en raison de politiques problématiques, génératrices de pénuries, voire de famines, menées par des élites contre des peuples attachés à leur identité. Et l’alimentation en est un élément constitutif important.

Il a fallu des siècles pour que la civilisation européenne élabore ses gastronomies, l’ordonnancement de ses repas, et qu’à l’initiative des êtres humains, les animaux contribuent à façonner des paysages, à les entretenir (transhumance, inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel français en 2020).

L’agriculture conventionnelle a été honnie depuis des décennies, et celle biologique ou durable louée, présentée comme l’avenir du secteur primaire. La crise actuelle – inflation notamment du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, perte de pouvoir d’achat, etc. – a induit le retour d’agriculteurs biologiques vers l’agriculture traditionnelle. Soutenir les agriculteurs ou paysans, quelle que soit leur dénomination, semble indispensable. 

Ce qui risque de se profiler, c’est une société présentant des similarités avec celle de « Soleil vert », dystopie réalisée par Richard Fleischer, avec Charlton Heston et Edward G. Robinson. 

On a tout à craindre d’organisations européennes ou internationales, dont les conflits d’intérêts, l’opacité dans la prise de décision - contrats de l'UE avec Big Pharma communiqués caviardés, refus de communication de textos échangés par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Albert Bourla, PDG de la firme pharmaceutique Pfizer -, la corruption (« Marocgate » « Qatargate ») et l'influence de lobbys ou d'Etats (Chine) ont été révélés lors de la gestion catastrophique de la pandémie de coronavirus.

FAO
Dans son document « La contribution des insectes à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à l'environnement » (The Contribution of Insects to Food Security, Livelihoods and the Environment), la FAO indique : « La croissance démographique, l'urbanisation et la montée des classes moyennes ont fait augmenter la demande mondiale en aliments, notamment en protéines d'origine animale. La production traditionnelle d’aliments pour animaux domestiques, comme le soja et les céréales de farine de poisson, doit s’intensifier encore plus en ce qui concerne l'utilisation efficace des ressources, et en même temps être étendue moyennant l'utilisation de sources de protéines alternatives. D’ici 2030, plus de 9 milliards de personnes devront être nourries, tout comme les milliards d'animaux élevés chaque année pour l'alimentation, les loisirs et comme animaux de compagnie. En outre, des facteurs externes tels que la pollution des sols et de l'eau dus à la production animale intensive et le surpâturage conduisant à la dégradation des forêts, contribuent au changement climatique et à d’autres effets néfastes sur l'environnement. De nouvelles solutions doivent être recherchées. » Or, si l’Afrique connait une croissance démographique, de nombreux  Etats européens refusent d’initier des politiques natalistes et leurs classes moyennes se contractent sous l’effet de la paupérisation. Le reste des assertions n’est pas étayé d’arguments.
Et la FAO de poursuivre « Une des nombreuses façons de répondre aux problèmes de la sécurité alimentaire humaine et animale est d’envisager l'élevage d'insectes. Les insectes sont partout et ils se reproduisent rapidement. Ils présentent, en outre, des taux de croissance et de conversion alimentaire élevés et ont un faible impact sur l'environnement pendant tout leur cycle de vie. Ils sont nutritifs, avec une teneur élevée en protéines, matières grasses et minéraux. » Tout pour plaire !

« Ils peuvent être élevés à partir des déchets organiques comme par exemple les déchets alimentaires. Par ailleurs, ils peuvent être consommés entiers ou réduit en poudre ou pâte et incorporés à d'autres aliments. L'utilisation d'insectes à grande échelle comme ingrédient alimentaire est techniquement faisable, et certaines entreprises établies dans diverses régions du monde montrent déjà la voie à suivre à cet égard. Le recours aux insectes, en tant qu’aliment pour l'aquaculture et l'élevage de volailles, se généralisera probablement au cours de la prochaine décennie », poursuit la FAO.

Et la FAO de préciser : « L'entomophagie est pratiquée dans de nombreux pays du monde entier, mais principalement dans certaines régions d'Asie, Afrique et Amérique latine. Les insectes complètent les régimes alimentaires d'environ 2 milliards de personnes et ont toujours fait partie de l'alimentation humaine. Cependant, c'est seulement récemment que l'entomophagie a capté l'attention des médias, instituts de recherche, chefs cuisiniers et autres membres de l'industrie alimentaire, législateurs et autres institutions s'occupant d'alimentation humaine et animale. Le Programme de la FAO sur les insectes comestibles examine également le potentiel des arachnides ». Non, sauf erreur involontaire, les Européens ne se sont pas nourris d’insectes.

Le « Pacte Vert » et la « Stratégie de la ferme à la table »
Le « Pacte vert pour l’Europe. Notre ambition : être le premier continent neutre pour le climat » (A European Green Deal . Striving to be the first climate-neutral continent) a été présenté le 11 décembre 2019. Un plan dont l’Union européenne (UE) espère croissance économique, planète sauvée, alimentation saine, etc. 

Le Pacte Vert est fondé sur des assertions non étayées d’arguments : « Le changement climatique et la dégradation de l’environnement constituent une menace existentielle pour l’Europe et le reste du monde. Pour relever ces défis, le pacte vert pour l’Europe transformera l’UE en une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive, garantissant la fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050, une croissance économique dissociée de l’utilisation des ressources, que personne n’est laissé de côté. »

Ce Pacte vert poursuit trois buts : Europe premier continent neutre pour le climat d’ici à 2050, réduction d’au moins 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990 et 3 milliards d’arbres supplémentaires plantés dans l’UE d’ici à 2030 ». 

« Le pacte vert pour l’Europe est également la ligne de conduite de l’Union européenne pour sortir de la pandémie de COVID-19. Un tiers des 1 800 milliards d’euros d’investissements du plan de relance NextGenerationEU et le budget septennal de l’UE financeront le pacte vert pour l’Europe. » Pourquoi ?

Le 11 décembre 2019, a été présenté le Pacte Vert européen, et le 14 janvier 2020 le plan d’investissement du Pacte vert pour l’Europe et du mécanisme pour une transition juste.

A suivi une abondance de textes européens dont, le 20 mai 2020, la Stratégie « De la ferme à la table » visant à rendre nos systèmes alimentaires plus durables ».

La « Stratégie de la ferme à la table  » « pour un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement » (« Farm to Fork strategy - For a fair, healthy and environmentally-friendly food system ») » est au cœur du Pacte vert pour l’Europe, qui vise à rendre les systèmes alimentaires équitables, sains et respectueux de l’environnement. »

« Les systèmes alimentaires ne peuvent pas résister à des crises telles que la pandémie de COVID-19 si elles ne sont pas durables. Nous devons repenser nos systèmes alimentaires qui représentent aujourd’hui près d’un tiers des émissions mondiales de GES, consomment de grandes quantités de ressources naturelles, entraînent une perte de biodiversité et des impacts négatifs sur la santé (en raison de la sous-nutrition et de la surnutrition) et ne permettent pas à tous les acteurs, en particulier aux producteurs primaires, de rendements économiques équitables et de moyens de subsistance équitables. »

« Mettre nos systèmes alimentaires sur une voie durable offre également de nouvelles opportunités pour les opérateurs de la chaîne de valeur alimentaire. Les nouvelles technologies et les découvertes scientifiques, combinées à une sensibilisation accrue du public et à la demande d’aliments durables, profiteront à toutes les parties prenantes. »

« La stratégie « De la ferme à la table » vise à accélérer notre transition vers un système alimentaire durable qui devrait :
avoir un impact environnemental neutre ou positif
aider à atténuer le changement climatique et à s’adapter à ses impacts
inverser la perte de biodiversité
assurer la sécurité alimentaire, la nutrition et la santé publique, en veillant à ce que chacun ait accès à des aliments suffisants, sûrs, nutritifs et durables
préserver le caractère abordable des denrées alimentaires tout en générant des rendements économiques plus équitables, en favorisant la compétitivité du secteur de l’approvisionnement de l’UE et en promouvant le commerce équitable ».

Dans ce cadre, la Commission de l’UE a autorisé la commercialisation comme aliments d’insectes : le criquet migrateur  en novembre » 2021, les larves séchées de Tenebrio molitor (ver de farine)  le 1er juin 2021 le grillon domestique (Acheta domesticus) le 10 février 2022. 

Le « grillon domestique sera disponible congelé, séché ou en poudre. L’autorisation a été approuvée par les États membres le 8 décembre 2021, à la suite d’une évaluation rigoureuse réalisée par l’Agence européenne de sécurité des aliments, qui a conclu que la consommation de cet insecte était sans danger dans le cadre des utilisations proposées. Les produits  contenant ce nouvel aliment seront étiquetés de manière adéquate pour signaler tout risque de réaction allergique. Ces dernières années, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a constaté que les insectes constituaient une source alimentaire saine et nutritive, à forte teneur en matières grasses, en protéines, en vitamines, en fibres et en minéraux. Les insectes sont un élément important de l’alimentation quotidienne de centaines de millions de personnes dans le monde. Dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table », ils sont considérés comme une source potentielle de protéines qui pourrait faciliter la transition vers un système alimentaire plus durable. » 

« Les insectes, nourriture de demain ? »
« 360° Reportage » est le magazine de la chaine de télévision franco-allemande Arte qui présente ainsi des « voyages et rencontres insolites » (Ungewöhnliche Geschichten und Begegnungen). « Des histoires passionnantes et des voyages de rêves pour découvrir le monde et rencontrer les petits et grands acteurs de la vie. »

Arte diffusera le 29 mars 2023 à 7 h 15, dans le cadre de « GEO Reportage », « Les insectes, nourriture de demain ? » (Insekten - Unser Speiseplan für morgen?) de Jean-Luc Nachbauer.

« Si deux milliards d’Africains et d’Asiatiques se nourrissent d'insectes, les Européens en sont rarement friands. Pour l'instant… »

« Des pâtes à base de vers de farine, une salade de sauterelles, des barres de muesli aux grillons... : ces mets raffinés pourraient se retrouver bientôt dans nos assiettes si cela ne dépendait que de Laetitia Giroud et de son ami Julien Foucher. Le couple a fondé dans le Sud de l’Espagne une des premières fermes d’insectes d’Europe. "GEO Reportage" s’est rendu là-bas. »

« Les ténébrions meuniers ont un léger goût de noisette, explique Laetitia Giroud, qui élève par milliers ces vers de farine, ainsi que plusieurs espèces de mouches et de sauterelles ».

«  D’après Laetitia, leur consommation ne présente aucun danger pour la santé. Mieux encore : ils offrent une solution au risque de pénurie alimentaire lié à l’explosion démographique. Avec deux kilos de végétaux, on peut produire un kilo de ténébrions, alors qu'il en faut treize pour produire un kilo de viande bovine ». 

« Les insectes comestibles seraient donc une formule gagnante sur toute la ligne, mais c’est sans compter sur la répulsion qu’éprouvent de nombreux Européens à l’idée d’en manger… »

« La nouvelle cuisine française »
« ARTE Regards - Des histoires d’Européens », c’est l’« Europe dans sa diversité en reportages quotidiens : une plongée dans des réalités inédites, du lundi au vendredi à 13 heures et à tout moment sur le Net. Dans ce cadre, et dans la série « Des insectes au menu », Arte diffuse sur son site Internet « La nouvelle cuisine française », reportage d’Aliénor Adrey.

« C’est une nouvelle tendance qui pourrait bien révolutionner nos habitudes alimentaires. Car la France propose aujourd’hui, elle aussi, des insectes au menu. On en vend déjà pour agrémenter les plats ou pour grignoter à l’apéro. Des chefs commencent même à ajouter aux menus de leur restaurant des petites bêtes toutes issues d’élevages ultramodernes. »

« Micronutris est depuis 2011 le leader européen de l’alimentation humaine à base d’insectes. Basée à Toulouse, l’entreprise qui a déjà conquis des professionnels de la restauration, se tourne aujourd’hui directement vers les consommateurs et vers la grande distribution pour proposer des produits de plus en plus variés. »

« À Paris, le bar-restaurant Le Festin Nu n’hésite pas à servir, criquets, scorpions, vers, grillons, punaises ou encore sauterelles en accompagnement d'endives ou de poivrons confits… Bon appétit ! »


« Les insectes, nourriture de demain ? » de Jean-Luc Nachbauer
Allemagne, 2015, 53 min
Sur Arte les 20 février 2023 à 09 h 25, 29 mars 2023 à 7 h 15, 04 avril 2023 à 7 h 15
Disponible du 13/02/2023 au 21/03/2023
Visuels© DR


« La nouvelle cuisine française  » d’Aliénor Adrey 
France, 2022, 33 min
Disponible du 09/12/2022 au 24/05/2026

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