Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 17 février 2023

Un 37e Dîner du CRIF entre scandales et inactions

Occultation des morts non accidentelles, dont deux meurtres, de Français Juifs en France en 2022, discours convenu, hormis le souhait de présentation par l’Education nationale du « fait juif » dans l’Histoire de France, exprimé par Yonathan Arfi, Président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) -, fin de non recevoir opposée par la Première ministre Elisabeth Borne qui s’est confiée avec pudeur sur la déportation de son père juif… Cet affligeant 37e dîner du CRIF, qui s’est déroulé le 13 février 2023 au Carrousel du Louvre (Paris), en présence d’environ un millier de convives, dont des responsables d'institutions nationales, a souligné paradoxalement la faiblesse de la condition juive en France.

Entre vérités et faux semblants, un diner du CRIF « islamiquement correct »
Graves incompréhensions et hiatus au dîner du CRIF du 9 février 2011
Comme en 2022, c’est le chef du gouvernement, en l’occurrence Elisabeth Borne, qui a remplacé le Président Emmanuel Macron.

Et en cette édition, c’était une première fois pour la Première ministre et pour Yonathan Arfi élu le 26 juin 2022 Président du Crif qui fédère 70 organisations « actives dans l’action sociale, l’éducation, la culture, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la mémoire de la Shoah, la vie juive ». 

Discours de Yonathan Arfi
« C’est en leur nom » qu’il s ’est exprimé  en saluant « la force et la vitalité de la démocratie, de la France et du judaïsme français » et réitérant le soutien aux Ukrainiens : « Je connais les débats légitimes autour du traitement de la Mémoire de la Shoah en Ukraine. Il s’agira bien-sûr d’en discuter, la paix revenue. Mais en attendant, le Crif, comme l’immense majorité des Français, est aux côtés des Ukrainiens ». Yonathan Arfi a célébré une «France universaliste, laïque, fraternelle » bénéficiant de l’Etat de droit, et a justifié les dissolutions de « groupes d’extrême-droite, islamiste ou d’extrême-gauche ». Une « légitime défense républicaine ».
« Paris, capitale juive de l’Europe » constitue « la plus cinglante des réponses aux antisémites de tous bords... Hélas, l’antisémitisme persiste. Et certains concitoyens juifs se sont même posé la question de leur avenir en France ». Puis, Yonathan Arfi a rappelé l’assassinat d’Ilan Halimi un 13 février. Je fais partie de la génération d’Ilan. Celle qui a grandi dans la France des années 80 et 90 où l’on croyait l’antisémitisme en voie de disparition dans notre pays. Cette génération qui a pris comme un coup de poing au visage sa résurgence violente au début des années 2000… En 2022, le Ministère de l’Intérieur a recensé 436 actes antisémites, 436 de trop ».
Le Président du Crif a assuré à la Première ministre : « Les Français juifs seront à toujours à vos côtés dans le combat contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations... Mais l’universalisme n’empêche pas de voir les particularités des haines qui visent les Français. Je me réjouis que la violence contre les Tsiganes et les gens du voyage soit spécifiquement évoquée dans ce plan ».
Et « Face au racisme et à l’antisémitisme, nous n’avons pas seulement une obligation de moyens mais bien une obligation de résultats !... Si les Juifs font moins l’objet de discriminations, ils courent davantage de risque d’agressions : pour moins de 1 % de la population, ils concentrent en 2022 61 % des agressions physiques antireligieuses dans notre pays ».
Yonathan Arfi a listé les « nouveaux visages » de l’antisémitisme : islamisme, complotistes, haine d’Israël, négationnisme ou relativisme historique. « Si l’antisémitisme commence avec les Juifs, il ne s’arrête jamais aux Juifs… Quand nous plaidons contre l’antisémitisme, nous plaidons pour la France. Chacun a un rôle à jouer : l’éducation contre les faux savoirs et les vraies rumeurs, la justice contre les récidivistes de la haine, les forces de police contre les passages à l’acte... Mais, au-delà des pouvoirs publics, nous savons que nous ne vaincrons l’antisémitisme et la haine qu’avec l’engagement des Français ».
Le Président du Crif « a fustigé le populisme, dans lequel il a classé le Rassemblement national qui « cherche à faire oublier son histoire et à adoucir l’image de son programme, toujours fondé sur l’exclusion… La France Insoumise promet le grand soir tous les matins à ses sympathisants et vise le leadership à gauche. L’agitation y est érigée en stratégie politique. La France Insoumise, c’est l’alliance de Pascal Boniface et de Jérémy Corbyn, la complaisance clientéliste avec l’islamisme (souvenez-vous de la manifestation de 2019 avec le CCIF), le soutien à l’indigénisme, l’obsession antisioniste… Face aux populismes, les partis républicains ne doivent tolérer aucune compromission… Il ne m’appartient pas de déterminer si l’alliance électorale avec LFI au sein de la NUPES est une bonne carte électorale pour le PS. Mais je suis convaincu que c’est mauvais pour la République… » 
Et Yonathan Arfi de poursuivre : « Pour chacun de ces populismes, le rapport aux Juifs et aux minorités doit être analysé. Pour le Rassemblement National, la stratégie consiste à feindre d’être le défenseur des Juifs face à l’antisémitisme islamiste pour mieux passer sous silence la présence dans ses rangs de militants et candidats identitaires, ses positions sur l’abattage rituel ou le port de la kippa. Pour toutes ses raisons, nous nous sommes opposés avec force à la perspective que le RN puisse présider le groupe d’études sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale. De l’autre côté de l’échiquier politique, l’engagement de façade de LFI sur les questions d’antisémitisme ou de Mémoire de la Shoah, n’a qu’un objectif : contrebalancer l’antisionisme et l’hostilité affichée au seul Etat juif…J’invite ces partis à balayer d’abord devant leur porte ».
Concernant l’Etat d’Israël, Yonathan Arfi a salué « la vitalité démocratique de la société israélienne… Israël n’est pas un État d’apartheid… Le terrorisme est le premier obstacle à la paix et je veux ce soir avoir une pensée pour les victimes des derniers attentats, dont Acher 8 ans et Yaakov 6 ans, assassinés vendredi dernier... Le tremblement de terre qui a tué plus de 30 000 personnes la semaine dernière nous rappelle la futilité des frontières entre les Hommes… Le monde change vite. Au Proche-Orient, les Accords d’Abraham, en Iran la contestation populaire, démontrent que, même en diplomatie internationale, l’espoir n’est pas interdit… Il est temps que le Quai d’Orsay révise son logiciel diplomatique ».
Yonathan Arfi a salué la déclaration du Président de la République Emmanuel Macron désignant Jérusalem, comme « capitale éternelle du peuple juif » comme nous saluons le rôle joué par la France pour permettre l’accord entre Israël et le Liban sur leur frontière maritime ».
Rappelant l’œuvre de René Samuel Sirat, grand Rabbin de France entre 1981 et 1988, disparu il y a quelques jours et qui avait toujours mis l’éducation et la transmission au cœur de son judaïsme », le Président du CRIF a déclaré : « L’école doit redevenir le sanctuaire contre la haine, qu’elle a longtemps été. C’est à cette condition que les enfants juifs qui ont dû quitter les écoles publiques de certains quartiers, pourront un jour nous l’espérons y retourner. Je veux saluer aussi la décision de rendre obligatoire dans tout parcours scolaire la visite d’un lieu de Mémoire…Permettez-moi enfin de partager avec vous une réflexion : les programmes scolaires n’évoquent aujourd’hui les Juifs qu’à travers les Hébreux et une présentation sommaire du judaïsme, puis l’Affaire Dreyfus et la Shoah. C’est-à-dire exclusivement sous l’angle religieux ou victimaire. Le fait juif, bien heureusement, ne se réduit pas à cela. Pourquoi ne pas évoquer la présence juive médiévale ? L’importance de la contribution des Juifs à la vie républicaine dès le 19ème siècle ? Mais aussi la vie juive d’aujourd’hui ? La connaissance du fait juif comme fait culturel positif désamorcerait, j’en suis certain, bien des préjugés et des représentations. »
Puis il a cité des amitiés exemplaires des « liens de la fraternité tissés au quotidien par les Juifs ».

Discours d’Elisabeth Borne
La Première ministre a débuté son discours par un souvenir familial douloureux : l’arrestation par la gestapo, le 25 décembre 1943, de son père, de son grand-père et de ses oncles juifs, puis leur déportation au camp nazi d’Auschwitz via Drancy. « Ils étaient 1250 au départ. 6 sont revenus. Ce qui s’est passé là-bas, mon père l’a écrit dans deux lettres – qui sont le seul témoignage que je conserve de lui… Celles et ceux qui ont pris ces trains vers l’Est ont vu en face les abîmes auxquels pouvait conduire la haine et les frontières de l’Humanité. Pour toutes celles et ceux qui sont revenus, une vie différente commençait. Certains ont réussi à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie. D’autres non. Je ne le sais que trop bien… Vous le comprenez, prendre la parole devant vous, ce soir, a un écho particulier pour moi. Et notre devoir, c’est de faire en sorte que jamais l’Histoire ne se répète. C’est combattre, de toutes nos forces l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache ».
Elle a évoqué le « travail constructif » initié avec Yonathan Arfi, le travail de mémoire depuis plusieurs décennies, la loi de restitution de quinze œuvres d’art votée en 2022, la « bataille des préjugés à l’école, au collège, au lycée. »
Après une « pensée à la famille d’Ilan Halimi », la Première ministre a reconnu que les statistiques officielles concernant les actes antisémites « ne représentent qu’une petite partie de la réalité, car 80% des faits ne donnent pas lieu à des dépôts de plainte. Aujourd’hui encore, les juifs de France sont parmi les premières cibles de l’Islam radical, qui vous menace et s’en prend ainsi à la République toute entière. Ces dernières années, nous avons pris des mesures sans précédent. Et les résultats obtenus ne sont certainement pas le signe qu’il faut arrêter. Ils signifient, au contraire, que nous allons dans la bonne direction – et qu’il faut continuer. A l’initiative du Président de la République, nous avons engagé, totalement, résolument, le combat contre le séparatisme islamiste, en nous dotant des outils dont nous avions besoin… Je veux insister là-dessus : beaucoup de faits restent impunis, faute de plaintes. Je sais que l’acte de porter plainte est difficile. Qu’il provoque des inquiétudes et ravive des douleurs… Mais je sais également que la sécurité et la confiance viendront d’une réponse pénale ferme. Il faut que les faits commis soient sanctionnés. Chacun garde ici à l’esprit le souvenir douloureux de la mort de Sarah HALIMI. La consommation de drogue ne peut pas, ne doit pas tout expliquer, tout excuser. C’est pourquoi, dans une loi promulguée l’année dernière, nous avons fait évoluer notre droit pour mieux encadrer l’irresponsabilité pénale en cas de consommation de stupéfiants. Je souhaite également que toutes les peines soient exécutées. Certains ont tenu des propos odieux, ont été condamnés, se sont parfois prêtés à d’étranges excuses, mais n’ont jamais purgé de peine. C’est pourquoi je souhaite, que des mandats d’arrêts puissent être émis pour les personnes condamnées à des peines de prison, après avoir dévoyé la liberté d’expression, par l’incitation à la haine, la contestation de crime contre l’Humanité ou la diffamation à caractère raciste ou antisémite… [La plate-forme] PHAROS doit être couplé avec un dispositif de retrait des contenus [sur Internet]. Je veux ainsi que nous créions un dispositif unique, capable d’assurer à la fois le retrait des contenus illicites puis leur traitement judiciaire. Mais ce combat pour la régulation du numérique et d’internet, doit être mené plus largement encore, au niveau européen. La présidence française du Conseil de l’Union européenne a permis des avancées majeures, notamment avec l’adoption du règlement sur les services numériques, qui met au premier rang la question de la responsabilité des plateformes ».
Elisabeth Borne a ajouté : « Je sais l’émotion parmi vous, provoquée par une proposition de résolution à l’Assemblée nationale, l’été dernier. C’était une proposition outrancière et choquante. Je l’avais personnellement dénoncée dans l’hémicycle. Et je regrette que certains, par calcul ou électoralisme, choisissent la provocation et la division. De notre côté, notre conviction est claire : il n’y a aucune justification à l’antisémitisme. Il n’y a pas d’antisémitisme modéré, acceptable ou comique. Il n’y a que de la haine, sous différents visages. Pour combattre au mieux l’antisémitisme, nous devions donc le définir et le nommer, au plus près de sa réalité. C’est pourquoi, comme le Président de la République s’y était engagé devant vous en 2019, nous avons adopté la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah. La critique d’Israël en tant qu’État, l’antisionisme, ne doivent jamais être les paravents de la haine ».
Le Première ministre a rappelé la présence juive ancienne en France : « C’est à Rouen, sous la cour du Palais de Justice, que l’on trouve la Maison sublime, sans doute le plus ancien monument juif d’Europe. Quand on creuse la terre de France, on retrouve les traces du judaïsme. Citoyens à part entière depuis la Révolution, les juifs de France ont écrit certaines des grandes pages de notre République. Au cours des années, des Français de confession juive, ont pris pleinement part à notre vie démocratique. Leurs noms sont devenus synonymes de progrès sociaux et de droits nouveaux, qui, aujourd’hui encore, marquent notre pays. Depuis des siècles, ils contribuent aux réflexions philosophiques, à notre culture, à nos grandes découvertes scientifiques et à l’identité même de notre Nation. Une part de ce qui nous rassemble, et fait de nous des Français, a aussi été construit, enrichi, façonné, par les juifs de France. Vous avez, Monsieur le Président ARFI, cité quelques figures. Et montré le dialogue et les liens entre les Français de confession juive et les Français d’autres religions ou athées. Ce dialogue, nous pourrions le prolonger encore longtemps. Car aujourd’hui, toujours, aux côtés de Français de tous les cultes, les juifs de France participent pleinement, et sans distinction, à la vie de la Nation. Alors, devant vous, à nouveau, je l’affirme avec force : Vous prendre pour cible, Vous attaquer, C’est tourner le dos à la République. C’est tourner le dos à notre Histoire. C’est tourner le dos à ce qui fait notre pays. En combattant la haine, c’est notre jeunesse que nous protégeons. Car nous voulons construire pour elle, un pays de laïcité, d’universalisme, de liberté. Oui, ce dîner est aussi un hymne à la liberté, bien au-delà des religions ».

Elisabeth Borne a conclu  : « Que la France vive heureuse et prospère. Qu’elle soit forte et grande par l’union et la concorde. » Ces mots, certains les reconnaissent sans doute. Ils sont ceux de la prière à la République, lue dans les synagogues. Ce soir, avec vous, je veux participer à bâtir cette union et cette concorde. Je veux participer, avec vous, à défendre la République et ses valeurs ».

Analyses
Le discours du Président quadragénaire, qui siège dans des instances communautaires depuis sa jeunesse - il a été président de l'UEJF (Union des étudiants juifs de France) de 2003 à 2005 -, a été souvent applaudi et bien accueilli par ses homologues et des médias communautaires. Pourtant, il a lu un discours dont la quasi-totalité aurait pu être dite, au mot près, voici cinq, dix, quinze ans, voire plus. Comme si le contexte ne s’était pas dégradé. Comme si le Crif était incapable de « réviser son logiciel ».

Que reste-t-il de ce repas et de ces deux discours ? Des articles de presse focalisés sur les souvenirs familiaux douloureux de la Première ministre.

Yonathan Arfi s’est hasardé très souvent sur le domaine politique en distribuant les bons et les mauvais « points républicains », sans définir et sans justifier les expressions utilisées, comme « populistes ». Est-ce là sa fonction ? Dans l’affirmative, sa position est déconnectée de ses coreligionnaires lambda qui ont majoritairement sur-voté pour Eric Zemmour, honni du Crif.

Les deux orateurs se sont réjouis des statistiques officielles montrant une baisse du nombre d’actes antisémites. Mais elles n’ont pas recensé l’antisémitisme ayant visé durant les campagnes électorales présidentielle puis législatives en 2022 Eric Zemmour, ses colleurs d’affiche et certains de ses candidats, dont Jacques Clostermann.

Yonathan Arfi n’est pas parvenu à surmonter le paradoxe : il affirme représenter la soixantaine d’associations membres du Crif, mais en vitupérant contre des « extrêmes » jugés non exempts d’antisémitisme qu’il affirme combattre, il prend parti au nom de ses coreligionnaires.

Il semble stupéfiant de louer « la vitalité du judaïsme français » alors que le nombre d’écoles juives témoigne de l’insécurité des élèves juifs français dans des établissements publics - certains doivent se rendre dans leur établissement scolaire munis d’un couteau pour se défendre - et que la population juive française s’est contractée en vingt ans à environ 450 000 âmes. Quid de la fermeture de la bibliothèque numérique juive Sifriaténou faute de soutien financier, notamment d'institutions juives françaises ?

Yonathan Arfi a réitéré le soutien du Crif aux Ukrainiens, alors qu'Arno Klarsfeld s'oppose à ce soutien indéfectible en rappelant le soutien officiel de l'Ukraine du Président Volodymyr Zelensky à des massacreurs ukrainiens, tel le nationaliste antisémite Stepan Bandera, de Juifs durant la Shoah. Le 11 février 2023, Arno Klarsfeld twittait : "En réhabilitant les nationalistes ukrainiens génocidaires qui ont combattu les soviétiques l’Union européenne se dirigera vers une réhabilitation de Hitler parce qu’il aurait eu la clairvoyance de voir en la Russie l’ennemi à abattre et la Shoah sera vue comme un dégât collatéral".

Yonathan Arfi se soucie aussi des Tsiganes et des gens du voyage.

Mais celui qui fait "partie de la génération d’Ilan" - et pas de celle de Sébastien Selam, disc-jockey juif français assassiné en 2003 - n'a pas eu un mot pour ses trois coreligionnaires décédés dans des conditions particulièrement choquantes en 2022 : Jérémie Cohen, René Hadjadj et Liyahou Haddad !? Est-ce conforme aux valeurs juives dont se prévaut Yonathan Arfi et aux missions du Crif ? Est-ce compatible avec son combat contre l’antisémitisme ? Doit-on rappeler que le Crif a occulté durant des semaines le décès de Jérémie Cohen, et qu’il a exprimé sa confiance en la justice alors que la famille de Jérémie Cohen a, seule, trouvé la vidéo de l’agression du jeune homme avant qu’il soit percuté par une rame de tramway, que des Internautes ont découvert et rendu publics les posts antisémites sur les réseaux sociaux des meurtriers de René Hadjadj et Liyahou Haddad, et que la justice n’a pas retenu la circonstance aggravante d’antisémitisme en ouvrant l’instruction sur ces trois morts. Ce silence du Président du Crif augurerait-il d'autres silences envers des victimes juives assassinées par des musulmans ? Que la cheffe du gouvernement omette ces trois morts juifs, c’est un signe inquiétant, mais que dire quand c’est le Président d’une organisation juive française dont l'une des missions consiste à lutter contre l’antisémitisme ? 

Le 12 mars 2023, Le Monde a publié l'article "Trois Palestiniens, membres du groupe armé la Fosse aux lions, tués par l’armée israélienne en Cisjordanie" avec le chapô (sous-titre) : "Selon l’armée israélienne, les trois hommes avaient ouvert le feu sur un poste militaire situé à l’ouest de Naplouse". Cet article est signé par "Le Monde avec AFP" et allègue : "Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 81 Palestiniens et un policier israélien, ainsi qu’une Ukrainienne, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse".

Le 13 mars 2023, le Crif a commenté ce passage ainsi : "Omettre les 12 victimes civiles israéliennes, oublier de préciser que bon nombre des victimes palestiniennes étaient des terroristes armés, c'est adopter le narratif des terroristes, et c'est œuvrer contre l'apaisement des tensions". Et omettre les trois victimes juives aux morts non naturelles en 2022, c'est... ?

Père de Jérémie Cohen, Gérald Cohen sollicite des dons à l'Association Jérémie Cohen afin de payer les honoraires d'avocats :
"Nous avons contacté plusieurs grands cabinets pour qu'ils engagent les démarches pénales contre les responsables de son meurtre, malheureusement les devis demandés ne nous permettent pas d'engager les procédures judiciaires.
Une des conséquences de cette situation est que plusieurs des complices des meurtriers sont toujours en liberté".
Ce phénomène de désintérêt, voire d'abandon de juifs par des organisations juives s'observe en France et aux Etats-Unis.

Parmi les invités du diner du Crif : des représentants de l'ADL dont Marina Rosenberg, vice-président des Relations internationales de l'ADL (Anti-Defamation League), une association juive américaine ancienne enthousiaste par un partenariat avec le Crif et contestée, notamment par le Jewish Leadership Project (JMP), un mouvement exigeant que les "leaders juives privilégient la sécurité et le bien-être de la communauté juive avant tout autre thème" ("Jewish leaders prioritize the safety and welfare of the Jewish community over all other concerns").

Le JLP reproche aux dirigeants d'associations juives américains, en particulier le Jewish Community Relations Council (JCRC) de défendre les Noirs, les Hispaniques, les homosexuels, les migrants... en oubliant leur mission : combattre l'antisémitisme, surtout provenant de minorités. Résultats : l'insécurité des étudiants juifs et la propagande anti-israélienne sur des campus américains, entre autres problèmes graves. 

Le JLP s'est aussi indigné que la "Task Force", groupe inter-agences américaines, mise en place par l'administration Biden, si, elle était présentée par le service de presse de la Maison Blanche comme destinée à combattre l'antisémitisme, visait aussi à combattre d'autres haines et l'islamophobie. Ce qui réduisait l'importance de l'antisémitisme aux Etats-Unis.  Mais cela a été accepté par les organisations juives américaines les plus importantes...

« Jérusalem, capitale du peuple Juif ». Une déclaration du Président Emmanuel Macron louée par Yonathan Arfi. C’est, d’une part, nier le statut de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, et, d’autre part, considérer le peuple Juif comme sans ancrage en France, les dénaturaliser.

Le Président du Crif a évoqué la "futilité des frontières entre les Hommes" et salué l'aide de délégations françaises et israéliennes aux victimes du séisme en Turquie. Curieusement, la photographie officielle de la Turquie, rendant hommage aux sauveteurs en indiquant sur le casque d'un sauveteur les drapeaux des pays ayant envoyé une aide matérielle et humaine dans les zones sinistrées, n'indique pas le drapeau israélien. A croire que "des frontières entre des Hommes" ne sont pas si "futiles" et perdurent. 

Quant à la Première ministre Elisabeth Borne, une technocrate venant de la gauche socialiste, elle a semblé avoir cherché dans les archives de différents ministères matière à nourrir son discours pour démontrer que son gouvernement lutte activement contre l’antisémitisme. Son Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine (2023-2026), rendu public le 30 janvier 2023 et rappelé au Dîner du Crif ? Aucun bilan n’a été tiré du précédent Plan. Et le nouveau Plan dilue le combat contre l’antisémitisme dans un ensemble de mesures dont certaines sont liberticides et semblent inadéquates.

Soulignons que le combat contre l'antisémitisme s'avère si important aux yeux du parti macronien Renaissance, que ses députés n'avaient sollicité la présidence du Groupe d'études sur l'antisémitisme qu'après la tragi-comédie suscitée par la candidature d'un élu du Rassemblement national (RN) à ce poste. Et que le "front républicain" contre le RN s'est fissuré quand Serge Klarsfeld, décoré par Louis Alliot, maire RN de Perpignan, a salué publiquement les actions d’hommage aux victimes de la Shoah par cet édile ainsi que ses bonnes relations avec le représentant des Fils et Filles des déportés juifs de France (FFDJF), et insisté pour encourager l’évolution similaire d’élus du RN. Un discours repris par son fils, Arno Klarsfeld. 

L’accueil positif de ces deux discours par la communauté juive institutionnalisée et par des journalistes de médias, notamment communautaires, révèle que, pour eux, le combat contre l’antisémitisme s’est désincarné, déshumanisé. Il s’est réduit à des incantations, à des mots et à une immixtion « morale » et partiale dans la politique politicienne. Ce qui explique l’absence de soutien du Crif au Dr Lionel Krief et à David Amzallag - même pas une réponse à son mail à Yonathan Arfi !? -, spoliés par le « gouvernement des juges ». Ajoutons que cette immixtion dans la sphère politique a mené ces institutions et médias dans une impasse, et un isolement dramatique pour les Français juifs.

Le 8 février 2023, donc une semaine avant ce Dîner du Crif, la Première ministre et le Président du Crif avaient « échangé  » à Matignon. Elisabeth Borne a twitté : « Heureuse d'échanger avec @Yonathan_Arfi, président du CRIF. Son dynamisme et l’engagement du Gouvernement permettent d’entretenir un dialogue riche entre l’État et nos compatriotes juifs de France, dans tous nos territoires. » La photographie illustrant ce twitt montre la cheffe du gouvernement souriante, mais bras croisés. Un signe corporel de fermeture.

Yonathan Arfi a retwitté ce message en écrivant : "Plaider contre l'antisémitisme, c'est plaider pour la France. Un échange constructif aujourd'hui avec Madame la Première ministre @Elisabeth_Borne sur la société française, l'antisémitisme, la Mémoire de la Shoah et le combat pour l'universalisme républicain." 

Tous deux ont « échangé » sur quoi ? Ou, en d’autres termes, qu’ont-ils « échangé » et en « échange » de quoi ? En outre, l’expression « juifs de France » dénaturalise les Français juifs. Grave. 

Si Yonathan Arfi avait alors évoqué son souhait que soit intégré l’apport des Juifs dans l’Histoire de France enseignée, il l'aurait twitté et aurait annoncé lors du dîner avoir eu de premiers contacts au ministère de l’Education nationale, Pap Ndiaye, ou avec les organismes publics chargés d'élaborer les programmes scolaires. Or, il ne l’a pas fait. Ce qui révèle son inaction, son absence d’une stratégie et son manque de volonté d’agir. Enfin, dans une actualité gouvernementale surchargée, quasi-monopolisée par la défense du projet de réforme des retraites, quels étaient l’intérêt et surtout l'opportunité de cette rencontre d'"échanges" ? 

Si Yonathan Arfi formulait cette demande relative à l'intégration des Juifs et du Judaïsme dans le récit national à Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale, quelle serait la réponse du membre du gouvernement Borne ? Pour connaitre la réponse à cette question, il convient de se souvenir que ce ministre et historien a été, jusqu'au 20 mai 2022, directeur général du Musée de l'histoire de l'immigration. Un établissement public culturel parisien qui a présenté « Juifs et musulmans, de la France coloniale à nos jours » (5 avril-17 juillet 2022), une exposition partiale qui avait omis les noms, prénoms et visages des victimes juives françaises des "Allah Akbar boys" depuis 2000, etc. Et ce, sans aucune indignation des institutions juives françaises ou des médias, communautaires ou non communautaires.

Ne nous leurrons pas. La Première ministre a opposé une fin de non recevoir aux demandes du Président du Crif. En effet, comme ses prédécesseurs, ce dernier avait communiqué son discours avant la tenue du Dîner. Et Elisabeth Borne n’a approuvé ou repris aucune des mesures proposées par Yonathan Arfi.

Tous deux ont prôné « l’universalisme », mais dans des registres différents : une « République universaliste » (Yonathan Arfi) et un « pays universaliste » (Elisabeth Borne). Or, cet « universalisme » est absent du texte de la Constitution de la Ve République (1958) et des missions du Crif. Que recouvre ce vocable dans une France ne croyant qu'en la "souveraineté européenne", donc dans un destin au sein de l'Union européenne (UE), un espace destiné à toujours s'élargir en délitant les nations, multipliant les actes de repentance, enseignant une Histoire ignorant la contribution des Juifs à la France, et au travers d’un prisme moral droitsdelhommiste ? Quels valeurs ou principes cet universalisme revendique-t-il et adresse-t-il au monde ? L’acceptation d’une immigration de masse, essentiellement musulmane, et dont une partie a du mal à s'intégrer, voire à s'assimiler en France ? Selon un sondage IFOP pour le Comité Laïcité République fin 2020, "57% des jeunes musulmans considèrent que la Charia est plus importante que la loi de la République (+10 points depuis 2016), sachant que cette proportion est largement supérieure chez l’ensemble des musulmans (38%) à ce que l’on peut voir chez les catholiques (15%)"

Quelle serait la place des juifs et des chrétiens dans cette France ? Des dhimmis ?

Et cette France a-t-elle un avenir ?

Epilogue
"La manipulation clientéliste de ces passions antisémites ou bien d’exclusions ciblées contre d’autres groupes minoritaires de la société française est un défi auquel la République doit faire face", a dit Richard Prasquier, président d'honneur du Crif, dans sa chronique hebdomadaire sur Radio J le 16 février 2023. Il a aussi salué la "qualité" et la "pugnacité" du discours du Président du Crif, "mais celui de la Première Ministre, dont les médias parlent évidemment beaucoup plus, fut remarquable par la clarté de ses engagements contre l’antisémitisme. Nous en verrons les suites…."

"Fils de migrants, je me lève pour les réfugiés". Tel est le titre de la tribune de Marc Knobel, historien, directeur des Etudes au Crif, dans Actualité juive hebdo (n° 1679, 2 mars 2023). Le reste est à l'avenant, l'auteur citant la Bible à l'appui de sa prise de position et évoquant ses "grands-parents, juifs d'Ukraine et de Pologne", mais curieusement pas ceux de Tunisie. Anachronisme - le terme "migrant" est récent ; les juifs d'Europe de l'est étaient des étrangers ou des immigrés -, et posture morale caractérisent ce texte.

Le 7 mars 2023, sur RCJ, après avoir fustigé Eric Zemmour pour avoir allégué que le régime dit de Vichy avait sauvé les Français juifs, François Heilbronn, vice-Président du Mémorial de la Shoah, a évoqué douze juifs tués en France, alors que le nombre exact serait d'au moins 16, voire 18

Le 13 mars 2023, donc un mois après ce dîner, Yonathan Arfi signait l'éditorial "Un regard juif de France sur la crise en Israël", publié en anglais par The Jerusalem Post le 16 mars 2023 sous le titre "Solidarity of French Jews with Israel must not weaken". Extraits :
"C’est précisément ce sens du compromis et le désir d’un avenir partagé qui paraissent s’effacer dans la crise actuelle, marquée par une dramaturgie inédite.
Pour beaucoup de Juifs de Diaspora, dont je suis, la première réaction fut d’abord une volonté d’observation : non pas un regard d’indifférence mais, comme je l’ai dit lors du Dîner du Crif, celui de l’observateur attentif et initialement confiant dans la capacité d’Israël à trouver rapidement son point d’équilibre, dans le respect de ses valeurs à la fois juives et démocratiques.
Quelques semaines plus tard, force est de constater que la division persiste et que la question n’est plus de déterminer les modalités techniques de telle ou telle proposition politique, – qu’il ne m’appartiendrait pas de commenter – mais devient un débat fondamental concernant la définition-même de l'État d'Israël comme État juif et démocratique. [...]
C’est en Diaspora que le rêve sioniste a été élaboré d’abord en utopie puis en projet. La Diaspora doit se tenir loin de la vie politique israélienne au sens partisan du terme, mais elle porte en elle quelques messages intemporels pour le peuple juif, à même d’éclairer la crise actuelle en Israël.
Depuis quelques semaines, des voix juives françaises livrent des analyses divergentes de la crise en Israël. La responsabilité du Crif est de faire vivre un débat honnête, constructif et apaisé au sein du judaïsme français.
Pour la Diaspora, être Juif, c’est notamment la conscience de ce que nous devons à la démocratie libérale et à l’État de droit. La condition juive à travers l’histoire ne peut s’épanouir sereinement que dans des démocraties (Israël, États-Unis, Europe occidentale…), vers lesquelles ont peu à peu migré l’immense majorité des Juifs au XXème siècle. Et l’honneur d’Israël est d’être l’un des seuls États au Monde à s’être directement constitué en démocratie.
La démocratie, on le sait, c’est bien-sûr des élections mais c’est aussi une presse libre, un tissu associatif vivant, des contrepouvoirs effectifs. Aujourd’hui comme hier, sa vitalité démocratique fait la force d’Israël.
Mais comme toutes les démocraties, elle peut faillir. Elle s’affaiblit lorsque l’État de droit est débordé par une minorité lors des inacceptables violences à Hawara en vengeance de l’attentat commis quelques heures plus tôt. Quels que soient le deuil et la colère, ces émeutes ont été une atteinte insupportable à la fois aux principes démocratiques et aux valeurs juives. Elle s’affaiblit aussi lorsque surgissent des discours populistes, stigmatisants et haineux dans le débat public israélien et ce jusque dans les propos de certains ministres en poste. Ils ne sont acceptables dans aucune démocratie. Ce n’est pas un jugement politique que de le dire. C’est une position morale que nous tenons en France, en Israël comme partout ailleurs.
Mais c’est aussi ma responsabilité de rappeler à tous le très large mouvement de condamnation de ces émeutes, depuis les plus hautes autorités de l’État en Israël (Premier ministre, Président de l’État…) jusqu’à la majorité des citoyens. Aucune démocratie au monde ne peut savoir ce qu’elle ferait, confrontée comme l’est Israël au terrorisme permanent et à la volonté de ses ennemis de la détruire. Israël est de ce point de vue devenu aujourd’hui le laboratoire des démocraties.
Parce que la haine d’Israël, qui n’a pas attendu la composition de tel ou tel gouvernement israélien, est par essence antisémite, je m’opposerai avec force à tous ceux qui instrumentaliseront la crise actuelle pour délégitimer Israël dans le débat en France. C’est là aussi une question de principes sur lesquels on ne transige pas.
Mais Israël doit surtout retrouver le sens du dialogue et du compromis qui lui a toujours permis de dépasser ses divisions. Israël n'échappera pas à cette règle de (sur)vie. Et je veux ici exprimer nos vœux de succès à la démarche du Président Herzog de réunir majorité et opposition pour parvenir, au-delà des clivages politiques, à une solution de consensus.
Alors que le pays fait face à une nouvelle vague de terrorisme et que l’Iran est au seuil de l’arme nucléaire, la solidarité des Français juifs avec Israël ne doit pas faiblir dans ces heures de crise : au contraire, elle s’accroît avec la conviction que c’est dans leur héritage à la fois juif et démocratique que les Israéliens retrouveront un modus vivendi."
Un texte mêlant fourmillant de contradictions, d'allégations infondées : par exemple, quel texte statutaire indique que la "responsabilité du Crif est de faire vivre un débat honnête, constructif et apaisé au sein du judaïsme français" ? 

Qu'avait dit Yonathan Arfi concernant le précédent gouvernement israélien Bennett-Lapid qui comportait dans ses rangs Mansour  Abbas, Ministre délégué au cabinet du Premier ministre chargé des Affaires arabes et membre islamiste de la Liste arabe unie (Ra'am) ?

Des opinions différentes sur des sujets politiques, "la division" ou "la crise", ne constituent-elles pas l'essence de la démocratie ? Qu'un gouvernement issu d'élections libres dans une démocratie délitée par le "gouvernement des juges" et une Cour suprême qui s'est arrogée, dès la Présidence d'Aharon Barak, des pouvoirs sans aucun fondement juridique et soutenu par une majorité de députés à la Knesset, applique le programme qui lui a valu tant de suffrages, n'est-ce pas caractéristique de la démocratie ? Pourquoi ce silence du Président du Crif sur les propos violents, menaçants envers des ministres et émis par la Gôche israélienne ?

Pourquoi distinguer, voire opposer, "juif" et "démocratique" ? En outre, Yonathan Arfi a-t-il organisé une réunion avec ceux qui souhaitent un recentrage du Crif sur ses missions statutaires afin de "parvenir à une solution de consensus" ?

Quid de l'action menée depuis la mi-février 2023 par le Président du Crif afin que le Récit national enseigné évoque "le fait juif comme fait culturel positif" ?

Le 6 mars 2023, l'association américaine CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America) a publié "The Antisemitic Social Media Divas of France 24 Arabic" ("Antisémitisme sur les réseaux sociaux : France 24 suspend quatre journalistes arabophones"). Une enquête, reprise par le Centre Simon Wiesenthal (CSW),  sur des posts antisémites sur les réseaux sociaux de quatre journalistes - la correspondante libanaise Joelle Maroun à Beyrouth, et Laila Odeh, correspondante à Jérusalem, la libanaise Dina Abi-Saab correspondante à Genève et Sharif Bibi -, de la chaine arabophone France 24 : « Ils ont demandé à Hitler : ‘Qu’avez-vous fait des Juifs ?’ Il a répondu ‘rien d’extraordinaire, [juste] un barbecue avec les gars’ », « Nous t’éradiquerons, Israël ». Me Gilles-William Goldnadel s'est indigné sur Twitter et CNews.  

Le 12 mars 2023, France 24 a rappelé dans un communiqué "l'attachement de toutes ses antennes à lutter contre toute forme de discrimination" et a annoncé ouvrir "après la mise en cause de quatre journalistes de sa rédaction arabophone", un "audit interne... sur ces faits présumés, comme elle l’a fait savoir en interne dès le 10 mars. Par mesure conservatoire, et comme le prévoit ce type de procédure, les quatre journalistes concernés ont été dispensés d’activité dans l’attente des résultats de l’audit".

Le 15 mars 2023,  après cet l'audit qui a été annoncé "en interne dès le 10 mars" et "qui a permis d'authentifier les publications", France 24 a informé la société de production employant Joëlle Maroun au Liban que la chaîne met fin "à toute collaboration avec cette journaliste" en raison des "messages intolérables postés sur ses comptes personnels, aux antipodes des valeurs défendues par les antennes de la chaîne internationale et pénalement répréhensibles". Elle "déposera également plainte" contre la journaliste, "pour le préjudice porté à sa réputation et au professionnalisme de la rédaction".

Quant aux trois autres correspondantes arabophones, ils ont reçu un "rappel à l'ordre" : "certains de leurs messages postés sur les réseaux sociaux apparaissent comme des prises de position incompatibles avec le devoir d'impartialité figurant dans la charte de déontologie du groupe et notamment dans les principes encadrant les comptes personnels. L’usage personnel des réseaux sociaux doit respecter rigoureusement ce cadre déontologique et il est attendu de ces journalistes qu’ils y adhèrent clairement. Leurs collaborations avec France 24 pourront se poursuivre dans ce cadre".

"L'usage personnel des réseaux sociaux doit respecter rigoureusement ce cadre déontologique et il est attendu de ces journalistes qu'ils y adhèrent clairement. Leurs collaborations avec France 24 pourront se poursuivre dans ce cadre". Un "travail commun sera entrepris par la direction et les sociétés de journalistes" de France Médias Monde, "pour approfondir les principes de la charte qui encadrent l'usage des comptes personnels des collaborateurs sur les réseaux sociaux".

"En outre, un travail commun sera entrepris par la direction et les sociétés de journalistes, au sein de la commission de déontologie de France Médias Monde, pour approfondir les principes de la charte qui encadrent l’usage des comptes personnels des collaborateurs sur les réseaux sociaux. Le périmètre de la veille portant sur la "e-réputation" de la chaîne sera également élargi dès les prochains jours".

La rédaction arabophone de France 24, a des "contenus éditoriaux, tant à l’antenne que sur les environnements numériques, en font une chaîne d’équilibre, non partisane, vérifiant les faits et cultivant les débats constructifs grâce au professionnalisme de ses journalistes. Comme dans l’ensemble des langues de France 24, chaîne multilingue et multiculturelle, la chaîne arabophone s’illustre chaque jour par son engagement dans la lutte contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations et le respect de la laïcité".

Comme le CRIF, Yonathan Arfi a éludé ces faits graves dans son éditorial, et sur les réseaux sociaux. Un silence identique caractérise l'Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) et la ministre de la Communication Rima Abdul-Malak, franco-libanaise.

Le 16 mars 2023, le grand rabbin de France Haïm Korsia s'est exprimé en introduction du colloque des vingt ans du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme) à l'Assemblée nationale (Paris). Il a souligné l'importance de la notion de réparation, son action afin que l'AFP (Agence France Presse) cesse de qualifier des bambins israéliens de "bébés colons", et a évoqué l'affaire Sarah Halimi, sa tribune et la position du Président Emmanuel Macron. Mais il a éludé ces trois victimes juives en 2022.

Le 15 mars 2023 "s’est tenue la première réunion de la Commission Éducation du Crif, en présence de plusieurs acteurs du monde scolaire et éducatif. Présidée par Deborah Elalouf, experte de l’EdTech et coordinatrice du Safer Internet France, cette nouvelle commission a vocation à créer un espace de réflexion et de dialogue entre le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et la communauté éducative, en s’inscrivant dans une démarche d’ouverture sur la société civile."

"Yonathan Arfi, Président du Crif, a ainsi rappelé que l’éducation représentait un enjeu prioritaire du Crif pour faire avancer le combat contre l’antisémitisme. Au-delà de la lutte contre l’antisémitisme, les discussions ont porté sur une grande diversité de thématiques, telles que la mémoire, la laïcité, l’importation politique du conflit israélo-palestinien dans la cour d’école, l’influence des réseaux sociaux, la perception régionale ou la présentation de l’histoire des Français juifs à l’intérieur des programmes scolaires."

Bref, discutons entre nous. L'essentiel a été dilué dans une multitude de thématiques.

"J'ai été élu il y a deux ans avec une volonté de mettre en avant l'inscription des Juifs dans le champ républicain, dans l'histoire et la géographie françaises parce que je considère ces sujets fondamentaux dans notre idée juive française. Mais l'on ne choisit pas son contexte et mon mandat a effectivement été violemment percuté par le 7 octobre et ses répliques en France", a dit Yonathan Arfi, Président du CRIF, à Actualité Juive (n°1759, 21 novembre 2024)


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