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mercredi 11 janvier 2023

Andrée Putman (1925-2013)

Fondatrice du Studio Andrée Putman, Andrée Putman (1925-2013) était une journaliste, styliste (designer) et architecte d’intérieur française. Arte diffusera le 15 janvier 2023 à 17 h 50 « Andrée Putman, la grande dame du design » (Die Grande Dame des Designs. Andrée Putman), documentaire de Saléha Gherdane.


« Les intérieurs les plus réussis sont ceux où l’on ne remarque pas l’originalité, mais où l’on a juste le sentiment de bien s’y sentir... J’aime le beau et l’utile, et plus encore le beau dans l’utile », résumait Andrée Putman. 

« Andrée Putman, la grande dame du design »
Arte réunit des documentaires sur le premier art dans le cadre d’« Architecture et design » (Architektur und Design), « petit tour d'horizon d'une architecture et d'un design audacieux et engagés, soucieux de cohésion sociale et d'écologie. »

Arte diffusera le 15 janvier 2023 à 17 h 50 « Andrée Putman, la grande dame du design » (Die Grande Dame des Designs. Andrée Putman), documentaire de Saléha Gherdane.

« Icône du goût français, libre et fantasque, Andrée Putman a imposé son style unique et entraîné dans son sillage une génération d’architectes stars. En archives et témoignages, un bel hommage à la papesse du design, disparue il y a tout juste dix ans. »

« Faut-il chercher dans l’abbaye de Fontenay, décor des étés de son enfance, et les touches de piano qu’elle a caressées avec assiduité la source de son goût pour le noir et blanc et pour les espaces épurés ? » 

« Née en 1925 dans une famille de la grande bourgeoisie, Andrée Aynard renonce à faire carrière dans la musique et devient journaliste. » 

« Ses articles lui valent d’être repérée par Denise Fayolle, qui la recrute chez Prisunic pour flairer les tendances du moment ». 

« Des vêtements aux objets de décoration en passant par les œuvres des peintres amis collectionnées par son mari Jacques Putman, Andrée Putman contribue à la démocratisation du beau ». 

« À la fin des années 1970, son divorce douloureux la pousse à se réinventer : désormais installée dans un loft – l’un des premiers en France – de Saint-Germain-des-Prés, elle se fait connaître en rééditant des pièces de grands designers oubliés des années 1930, avant de se lancer dans la création ».
 
« En rupture avec l’exubérance des années 1980, dont elle devient pourtant une égérie, Andrée Putman affirme son style intemporel, croisant formes géométriques, jeux de lumière et élégante sobriété ». 

« En 1984, elle accède à la renommée internationale en aménageant l’hôtel Morgans, à New York, pavant les salles de bains d’un carrelage en damier noir et blanc qui deviendra son emblème. »

« Entrelaçant archives, focus sur ses réalisations emblématiques et témoignages d’intimes et d’admirateurs (sa fille Olivia, qui a pris sa suite à la tête du Studio Putman, les designers Philippe Starck et Vincent Darré, le couturier Jean-Charles de Castelbajac, l’historienne du design Anne Bony…), Saléha Gherdane explore la vie et la carrière d’une femme éprise de modernité, disparue il y a dix ans. »



« À la tête du Studio Putman depuis 2013, Olivia Putman revient sur la fascinante trajectoire de sa mère, en marge du portrait qui lui est consacré. Propos recueillis par Manon Dampierre ».
 
« Bourgeoisie désargentée
"C’est une petite fille qui ne va pas à l’école, mais uniquement au conservatoire. Ses parents ont eu une sorte de coup de foudre alors qu’ils étaient tous les deux engagés. Le mari de ma grand-mère est tombé au front, mon grand-père a perdu sa femme en couches, et ils se sont retrouvés en 1919. Andrée est donc issue d’un foyer recomposé, qui sont un peu les parents pauvres d’une grande lignée bourgeoise. À l’abbaye de Fontenay, propriété de la famille, ils n’occupent qu’une petite maison dans le jardin. Son père, journaliste, n’a jamais vraiment travaillé. Neurasthénique, passant ses journées au lit, il est mort en 1946. Cette famille avait donc, je pense, un vrai besoin d’argent, qui a poussé ma mère à chercher un job."

Éclosion tardive
"Après un divorce douloureux, ma mère s’installe au fond de la cour de notre immeuble, dans une ancienne usine rachetée par mon père. Ce loft, qui ouvre la voie à un décloisonnement des habitats, devient sa carte de visite puisqu’il va faire la couverture de magazines à travers le monde. C’est à ce moment-là, à 53 ans et après plusieurs vies professionnelles, que ma mère ose monter sa boîte, avec deux axes : la réédition de meubles anciens et une agence d’architecture intérieure.
L’homme d’affaires Didier Grumbach – avec lequel elle a lancé des couturiers comme Jean-Charles de Castelbajac ou Issey Miyake, et ouvert le premier concept store de France en 1974 – lui confie alors l’aménagement de toutes les boutiques Saint Laurent des États-Unis. 

À New York, elle rencontre plein d’artistes (Keith Haring, Robert Mapplethorpe…) et passe ses nuits au Studio 54. Les fondateurs du club, qui sortent de prison et n’ont pas un rond, la sollicitent pour refaire un petit hôtel : le Morgans, dont elle recouvre les salles de bains d’un damier noir et blanc, devenu sa signature. 

Lorsqu’elle rentre en France, connue comme celle qui a inventé les boutiques-hôtels, c’est la période des grands travaux mitterrandiens. Elle décore le bureau de Jack Lang au ministère de la Culture, les nouveaux palais de région, et c’est l’effet boule de neige…"

Égérie fragile
"À plus de 50 ans, aristocratique et en même temps branchée, elle dansait comme une folle au Studio 54 ou au Palace, ce qui a fait d’elle une égérie des années 1980. Elle était grande (1 mètre 80 sur talons), athlétique (elle a sauté à la corde jusqu’à 83 ans !), avec une allure extrêmement travaillée, notamment grâce à sa proximité avec des couturiers comme Karl Lagerfeld ou Azzedine Alaïa. Sans oublier sa voix grave, accentuée par les paquets de Gitanes... Ma mère hypnotisait les gens. L’attention qu’elle portait aux autres était d’une intensité incroyable, ce qui explique qu’elle arrivait si bien à traduire leurs besoins. En même temps, c’était une femme fragile, workaholic, qui avait besoin que tout soit impeccable. L’activité était son remède."

Simplicité intemporelle
"Elle a, dans un certain effacement, imposé un nouveau regard. Elle avait la particularité d’aimer des choses à contre-courant, ce que plus personne ne regardait, comme le marbre ou les tables de bistrot. L’éclectisme irriguait son approche, à l’image de son loft. À une époque où le 'total look' était la norme, elle a osé la friction, le brassage des styles et des époques. Son goût des oppositions s’exprimait notamment dans le choix des matériaux : quand elle travaillait dans le luxe, elle n’hésitait pas à utiliser des matériaux pauvres. Et à l’inverse, cette femme engagée à gauche ne comprenait pas pourquoi les gens qui avaient moins de moyens devaient se satisfaire de choses moches, d’où ses meubles pour les 3 Suisses. Ses créations tenaient en des jeux de géométrie simples mais indémodables."

Échos contemporains
"Cette intemporalité, ce dénuement me semblent d’autant plus intéressants aujourd’hui qu’ils résonnent avec les enjeux écologiques actuels. J’espère donc que son travail va susciter un intérêt grandissant. À l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1925, j’aimerais organiser des expositions, comme celle qui avait attiré 250 000 visiteurs à la mairie de Paris en 2009. J’ai aussi commencé à écrire une fiction sur sa vie, car Andrée Putman, c’est un siècle d’histoire de France. »


« Andrée Putman, la grande dame du design » de Saléha Gherdane 
France, 2022, 52 mn
Coproduction : ARTE France, Eclectic Production
Sur Arte le 15 janvier 2023 à 17 h 50
Sur arte.tv du 08/01/2023 au 13/02/2023
Visuels :
©Archives Andrée Putman
© Eclectic
©Courtesy of Marcus Leatherdale
©Photo Hubert Fanthomme, Paris
© Eclectic
©Friedemann Hauss
© Eclectic

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