Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

samedi 22 octobre 2022

« Black Far West - Une contre-histoire de l'Ouest » de Cécile Denjean

Arte diffusera le 23 octobre 2022 à 09 h 35 « Black Far West - Une contre-histoire de l'Ouest » (Black Far West - Nicht alle Cowboys waren weiß) de Cécile Denjean. « Qui sait aujourd'hui que les premiers cow-boys étaient des Noirs ? À l'aide d'archives magnifiques et de témoignages d'historiens, Cécile Denjean rend leur place originelle aux Afro-Américains dans le récit de la conquête de l'Ouest. »


« J’ai grandi en regardant les cowboys et les Indiens et soit je devais être Indien, soit je devais être un cow-boy, qui était un homme blanc. Je n’avais aucune image de qui j’étais. Si vous n’enseignez pas aux gens [...] ce qui est arrivé à leur peuple, ils pensent qu’ils n’ont pas d’histoire. Lorsque les autres ignorent que vous avez une histoire, ils n’ont pas d’estime pour vous. »
Art Burton 
(historien, South Holland, Illinois)

« Biberonné à la réécriture blanche et politique de Hollywood, notre inconscient collectif a adopté une version largement faussée de la conquête de l’Ouest, qui n'accorde qu'une place infime aux Afro-Américains ». 

« Pourtant, en 1875, un cow-boy sur quatre était noir, et plus de 250 000 Noirs ont combattu durant la guerre de Sécession ». 

« Le Far West aura, pour beaucoup d'anciens esclaves, permis une plus grande liberté que les Afro-Américains n'en connaîtront durant le siècle suivant ». 

Le Kansas ne correspond pas au rêve de ces affranchis qui y découvrent et apprennent un nouveau métier d'avenir car les médecins préconisent de manger de la viande : cow-boy. "Beaucoup de bétail s'était échappé de leurs enclos pendant la Guerre de Sécession, il suffisait de marquer ce bétail pour qu'il deviennent votre". 

Ces soldats noirs (Buffalo Soldiers) reçoivent le même salaire que les soldats blancs pour un travail stable, et collaborent à l'expropriation des Indiens de leurs terres. Dans leurs motivations : la haine des Indiens. "Peaux Noires contre Peaux Rouges sous les ordres de Peaux Blanches".

« Mais comment deviner que le personnage du Lone Ranger, héros de fiction cher aux histoires populaires américaines, était sans doute inspiré de Bass Reeves, premier shérif noir et pistolero incorruptible, quand les acteurs l'ayant popularisé, en feuilleton ou sur grand écran, étaient blancs ? L'histoire de Reeves mérite pourtant d'être contée, tout comme celle de Britton Johnson. Cet ancien captif, parti à la recherche de sa famille enlevée par les Indiens, inspira à John Ford le rôle confié à… John Wayne, dans La prisonnière du désert, un film pourtant loin du manichéisme des westerns de l'âge d'or de Hollywood. »

« Comment revenir sur plus d'un siècle de falsification politique de nos imaginaires ? » 

« Cécile Denjean s'appuie sur les travaux d'historiens et de nombreuses archives – le daguerréotype arriva aux États-Unis dès les années 1840, la conquête du Far West comme la guerre de Sécession figurant parmi les premiers événements historiques largement documentés – pour rétablir une vérité effacée des mémoires collectives. »

« La lumière que jette le travail de la documentariste sur cette période passionnante éclaire d’un jour nouveau et surprenant les zones d’ombre de l’histoire américaine ». 

« Ce dessillement bienvenu ne fait pas pour autant l'impasse sur les premiers grands protagonistes de cette période sanglante de la domination blanche : les Amérindiens, dont l'histoire s'intrique étroitement avec celle des Afro-Américains. »

Les personnes interviewées parlent de "Noirs". Pourquoi le communiqué les désigne-t-il comme "Afro-Américains" ?

Leurs vocables "Exoduster" ou "Moïse noir" révèlent leur imprégnation de la Bible hébraïque. 



« L’histoire des États-Unis fourmille de figures afro-américaines au destin aussi spectaculaire que méconnu. Illustration en trois exemples puisés dans le documentaire Black Far West. Par François Pieretti. »

« Bass Reeves et le Lone Ranger
Oublié des westerns hollywoodiens, adeptes des pistoleros au teint pâle, l’un des justiciers les plus célèbres était noir. Né esclave en Arkansas, Bass Reeves échappa à son maître qui l'avait entraîné dans l'armée confédérée lors de la guerre de Sécession. Il s'exila au cœur des territoires indiens où il vécut plusieurs années parmi les Cherokees, les Creeks et les Séminoles (on estime que plusieurs centaines d'Afro-Américains se fondirent au sein de tribus indiennes). Fort de son expérience du territoire et de sa connaissance des langues natives, Reeves fut parmi les premiers hommes noirs à obtenir le titre d'US Marshall, en 1875. Son habilité à la gâchette, son incorruptibilité et sa science du déguisement lui valurent un impressionnant tableau de chasse (plus de 3 000 arrestations et 14 criminels abattus) qui bâtit sa légende. Il aurait inspiré la création du justicier de fiction Lone Ranger, blanc affublé d’un masque... noir.

Les "exodusters" ou la conquête noire de l'Ouest
À l’appel de leaders communautaires et de grandes voix du nationalisme noir, de nombreuses familles afro-américaines tentèrent elles aussi de coloniser l'Ouest, quinze ans après la guerre civile. Certains "Exodusters" – jeu de mots entre l'Exode biblique et la poussière (dust) des routes – bénéficiaient du Homestead Act, une loi signée par Abraham Lincoln qui permettait à chaque famille pouvant justifier de l’occupation d’un terrain depuis cinq ans d'en revendiquer la propriété. Autour des années 1880, quelque 40 000 Afro-Américains quittèrent ainsi les États du Sud, où le Ku Klux Klan donnait libre cours à sa rage meurtrière, pour s'établir dans l’Oklahoma, le Colorado et le Kansas, sur les terres dédaignées par les colons. Si nombre de vies se brisèrent sur ce rêve de terre promise, une cinquantaine de villes fondées par des familles noires émergèrent, dont certaines existent toujours.

Beckwourth, l'autre Davy Crockett
Mulâtre né esclave et explorateur chevronné, James Beckwourth est considéré comme l’une des grandes figures de la conquête de l'Ouest. Le trappeur balisa les territoires des actuels Montana, Wyoming, Utah et Colorado, vécut parmi les Crow, une tribu indienne dont il deviendra chef de guerre, qu'il quittera quelques années plus tard, mais auprès de laquelle il mourut, dans des circonstances mystérieuses, en 1866. Beckwourth aurait participé à plusieurs événements clefs, de la ruée vers l'or en Californie à la guerre américano-mexicaine, jusqu'au massacre indien de Sandcreek, alors qu’il travaillait comme éclaireur pour l'armée des États-Unis. Si, de nos jours, Davy Crockett incarne la figure du trappeur dans l'imaginaire collectif, ce ne fut pas toujours le cas. Au crépuscule de sa vie, Beckwourth conta ses aventures à un juge itinérant qui en fit un livre, publié en 1856 : un best-seller immédiat. »



« Black Far West - Une contre-histoire de l'Ouest  » de Cécile Denjean
France, 2022, 97 min
Coproduction : ARTE France, Capa
Sur Arte le 23 octobre 2022 à 09 h 35
Disponible du 08/10/2022 au 13/12/2022
Visuels : © CAPA Presse

A lire sur ce blog :
Publié par le
Libellés : , , , , , ,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Inscription à : Publier les commentaires (Atom)