La Mairie Paris Centre présentera, dans le cadre du Festival des Cultures juives, dès le 15 juin 2022, l’exposition « La diaspora juive portugaise. Nouveaux-chrétiens, crypto-juifs, marranes, les gens de la « Nation » (XVe-XXIe siècle) » : contraints au baptême en 1497, persécutés par l'Inquisition, les juifs portugais sont devenus des "marranes", crypto-juifs ou "nouveaux chrétiens", et ont choisi l'exil en Afrique, dans d'autres Etats européens (Italie), dans les Amériques... Commerce, philosophie, politique, gastronomie, piraterie... Ces Juifs portugais et leurs descendants ont contribué à la modernité, et ont excellé tout en maintenant A Nação (La Nation). Dans le cadre de la saison culturelle France-Portugal, cette exposition itinérante a été conçue par Livia Parnes pour les éditions Chandeigne qui ont publié sur les Juifs du Portugal, royaume indépendant depuis le XIIe siècle, notamment « Antonio Enríquez Gómez, un écrivain marrane » d'Israël Salvador Révah, « Le juif » de Camilo Castelo Branco, « La Découverte des Marranes » de Samuel Schwarz et « Histoire des Juifs portugais » de Carsten L. Wilke. Vernissage le 15 juin 2022 à 19 h.
Heureuse coïncidence. Le Festival des Cultures juives et la saison culturelle France-Portugal offrent l’opportunité de voir l’exposition « La diaspora juive portugaise. Nouveaux-chrétiens, crypto-juifs, marranes, les gens de la « Nation » (XVe-XXIe siècle) » itinérante proposée par les éditions Chandeigne et élaborée par Livia Parnes.
Après la Mezzanine du Théâtre Antoine Watteau de Nogent-sur-Marne et la bibliothèque Marguerite Audoux, avant la Maison du Portugal-André de Gouveia, la Mairie de Paris Centre propose, à l'occasion de la saison culturelle France-Portugal, cette exposition sur un sujet méconnu. Vernissage le 15 juin 2022 à 19 h. Présentation de l’exposition par Livia Parnes, suivie d’une visite et d’un cocktail.
L’exposition itinérante décrit « en 20 panneaux richement illustrés, la spécificité de cette histoire – moins connue que celle des juifs espagnols – depuis ses origines au XVe siècle jusqu’aux résurgences contemporaines des « mémoires marranes ».
Libéré du joug islamique, le Portugal est un royaume indépendant depuis le règne d'Afonso Henriques, fils du comte Henri de Bourgogne et premier roi (1109-1185). Pour le compte du souverain qui l'a désigné comme grand rabbin, Yahia ben Yahia perçoit les impôts. Une tâche impopulaire. Fuyant les persécutions antisémites, de nombreux juifs espagnols se réfugient au Portugal dès 1391. Cartographes, les Juifs du Portugal contribuent à l'exploration du monde par ce royaume.
"Vers 1279, le pays comptait trente et une judarias. Deux siècles plus tard, il y en a 135."
Cependant, la réussite économique et sociale de bourgeois Juifs suscitent la jalousie de bourgeois chrétiens.
"Sous le règne de Jean Ier (1385-1443) sont promulguées des lois qui imposent un signe distinctif sur les vêtements et le couvre-feu de nuit dans les judarias. De loin en loin, de violentes crises explosent, comme l’attaque de la judaria de Lisbonne en 1445, qui fait beaucoup de victimes. De nombreuses conversions s’ensuivent. En 1492, avec l’édit d’expulsion des Rois Catholiques, le Portugal connaît un afflux assez important de population. Le roi Jean II autorise les juifs à pénétrer au Portugal contre le paiement de huit cruzados par tête et un séjour limité à huit mois. À une population juive estimée à 30 000 personnes viennent ainsi s’ajouter 30000 à 60000 juifs espagnols, ce qui porte leur proportion de 6 à 10 % de la population totale".
"Jusqu’en 1496, le pouvoir conserve une attitude ambiguë vis-à-vis de cette minorité, tiraillé entre la nécessité de ménager son puissant voisin et le souci de conserver, sur son territoire, une communauté toujours utile. Après des mesures très dures, comme la séparation des enfants des parents pour les élever dans la foi chrétienne et des pressions pour la conversion des adultes, le décret de décembre 1496 promulgue l’expulsion. Le roi, devant la difficulté de trouver des navires en nombre pour assurer le départ des juifs, prend le parti de les convertir tous au catholicisme, en une cérémonie unique."
A la différence des Juifs d'Espagne expulsés en 1492, leurs coreligionnaires du Portugal sont baptisés « de force en 1497 ».
En 1499, le roi "ferme les frontières pour leur en interdire le franchissement. Il crée ainsi une société de christaos novos (nouveaux chrétiens), qui auront un destin assez différent des conversos espagnols". Concernant les Juifs, et "malgré l’union apparente des deux royaumes, les deux pays choisissent des approches très différentes. Ces « nouveaux chrétiens » constituent un groupe homogène qui occupe des places importantes dans la société portugaise, tout en conservant ses traditions culturelles. Ce groupe en arrive à former une nation à part, d’où leur nom d’« hommes de la nation », qui deviendra « la Nation portugaise » lorsqu’ils s’installeront entre Bayonne et Bordeaux ».
Pour ces « nouveaux chrétiens » commence alors une longue période d’émigration, rythmée par les persécutions et les conjonctures locales, et qui ne fera que s’intensifier avec l’instauration de l’Inquisition portugaise en 1536. Ces vicissitudes donnent naissance à la diaspora judéo-portugaise ».
« Cette exposition propose de suivre le destin de cette diaspora juive portugaise et de montrer comment, par-delà les multiples voies qu’elle a empruntées, elle a su conserver une étonnante cohésion. »
« Traqués par l’Inquisition dès 1536, les « nouveaux chrétiens » partent pour pratiquer plus ou moins librement le judaïsme. Les plus aisés partent pratiquer plus ou moins librement le judaïsme et se lancent sur les nouvelles routes commerciales en pleine expansion. Du XVIe au XVIIIe siècle, ils participent aux profonds bouleversements socio-économiques, religieux et intellectuels qui font entrer l’Occident dans la modernité. Tantôt solides, tantôt précaires, leurs réseaux familiaux, commerciaux et financiers se déploient à l’échelle planétaire. »
« La diaspora judéoportugaise se compose de convertis devenus sincèrement chrétiens, de juifs, de marranes ou cryptojuifs. Les situations individuelles de cette diaspora sont complexes, si bien que, dans une même famille, des chrétiens sincères côtoient ceux qui reviennent ouvertement à la foi ancestrale et des crypto-juifs, ou marranes, qui pratiquent secrètement le judaïsme. La complexité religieuse de ses membres et la précarité de leurs conditions de vie expliquent chez certains des aspirations messianiques ou chez d’autres l’émergence d’un esprit critique et d’un désir de tolérance et de liberté de conscience. » Ainsi qu'une aspiration messianique.
« Malgré sa grande dispersion géographique et religieuse, cette diaspora a su conserver une certaine cohésion qui se manifeste à travers la langue, la littérature, la liturgie, l’architecture, les patronymes ou encore l’art funéraire. Bien que composite, elle partage une communauté de destin et fera naître une forme inédite d’appartenance collective, désignée par le terme A Nação (La Nation). »
« L'île de Sao Tomé, Ferrare et Livourne en Italie, Tunis, Bayonne dans le pays Basque français où les Juifs portugais développèrent la fabrication du chocolat, Amsterdam et les Pays-bas d'où rayonne la pensée de Spinoza, jusqu'aux Caraïbes où s'illustrent des Juifs pirates, au Pérou où au Brésil, cette exposition et ses prolongements numériques font voyager le spectateur dans le monde entier ».
Livia Parnes, « historienne et spécialiste de l'histoire du judaïsme portugais et du marranisme, a été coordinatrice et programmatrice d'événements culturels à l'auditorium du Mémorial de la Shoah. Elle s'est aussi investie dans le milieu de l'édition comme porteuse de projets et chargée de missions éditoriales. Elle collabore régulièrement avec les Éditions Chandeigne, pour lesquelles elle traduit, introduit et prépare l'appareil critique d'ouvrages, dont La Découverte des marranes de Samuel Schwarz et O Judeo de Camilo Castelo Branco. Elle participe également à l'organisation des projets d'adaptation des livres (pièces de théâtre, lectures musicales, expositions) ».
Les éditions Chandeigne ont publié sur les Juifs portugais notamment « Antonio Enríquez Gómez, un écrivain marrane » d'Israël Salvador Révah, « Le juif » de Camilo Castelo Branco, « La Découverte des Marranes » de Samuel Schwarz et « Histoire des Juifs portugais » de Carsten L. Wilke.
« Antonio Enríquez Gómez, un écrivain marrane »
En 2003, les éditions Chandeigne ont publié « Antonio Enríquez Gómez, un écrivain marrane » d'Israël Salvador Révah, traduit par Béatrice Pérez et Michèle Escamilla Colin. Avec la collaboration de Gérard Nahon et Carsten L. Wilke. « Aucun écrivain juif d'expression espagnole n'a été autant célébré par l'histoire littéraire que le mystérieux poète baroque Antonio Enríquez Gómez. La légende le disait né au Portugal et mort dans la communauté séfarade d'Amsterdam. Il y a un demi-siècle, des découvertes exceptionnelles dans les archives de l'Inquisition permirent à I.S Révah de saisir au vif l'existence historique "marrane" de cet auteur emblématique qui se cachait sous l'identité du dramaturge catholique populaire don Fernando de Zárate, vivant entre Madrid, Bordeaux et Rouen, et qui mourut entre les mains de l'Inquisition en 1663. Ce poète migrant, auteur de vers saisissants sur la douleur de l'exil, côtoyait Calderón aussi bien que Corneille au cours d'une activité littéraire dont les deux textes clandestins ont été révélés par Révah: un vigoureux pamphlet contre l'intolérance religieuse et une martyrologie juive à tonalité rationaliste et apocalyptique. Interrogeant tour à tour les poésies et les pièces d'archives, Révah a déchiffré l'attitude religieuse singulière qui se dissimule derrière une duplicité portée ici jusqu'à ses dernières limites.
« La reconstruction biographique d'Antonio Enríquez Gómez compte parmi les plus brillantes contributions d'I.S. Révah à la connaissance des crypto-juifs hispano-portugais. C'est la réapparition d'un ensemble de manuscrits qui a rendu possible la présente publication de l'étude intégrale, actualisée par une annotation soignée et accompagnée d'une édition des sources originales.
« La Découverte des Marranes »
En 2015, les éditions Chandeigne ont publié « La Découverte des Marranes » de Samuel Schwarz, avec la collaboration de Nathan Wachtel et Livia Parnes. « En 1917, plus que quatre cents ans après la conversion forcée des juifs au Portugal (1497), et près de cent ans après l'abolition de l'Inquisition (1821), Samuel Schwarz (1880-1953), juif polonais, fait au cour d'une mission en tant qu'ingénieur des mines dans la région nord de la Beira, une découverte sensationnelle : la communauté de marranes de Belmonte, juifs ayant vécu extérieurement comme chrétiens et maintenu leur judaïsme secrètement depuis l'époque des persécutions ».
« Au terme de huit ans d'études et d'observation, il publie un livre qui fait date : Os Cristãos-Novos em Portugal no século XX, où il décrit le mode de vie, les pratiques et les rites de groupes de marranes vivant dans une trentaine de villages dans les régions de Beira et de Trás-os-Montes, au nord du Portugal ; il y transcrit aussi leurs prières qui, pour la plupart, n'avaient été transmises qu'oralement. Il pose ainsi les jalons de la recherche moderne sur le marranisme ».
« Au-delà de l'approche ethnographique, cet ouvrage, que nous publions ici pour la première fois en français, est aussi un témoignage émouvant de la construction narrative sur le phénomène crypto-juif : pour Schwarz, juif ashkénaze acquis aux idées sionistes, la survie d une conscience juive chez les marranes représente avant tout une preuve de la renaissance du peuple juif historique et renforce l'idéal national juif. C'est aussi la publication de ce livre en 1925 qui va attirer l'attention du monde occidental sur les marranes portugais, bien avant sa redécouverte dans les années 80 à travers le film de F. Brenner Marranes. Elle donnera le coup d envoi d'un mouvement, l'« Oeuvre du Rachat », qui aura pour but de ramener ces communautés au sein du judaïsme. Ces découvertes des marranes et de ce mouvement insolite ne cessent depuis de susciter curiosité, polémiques et interrogations ».
« Le juif »
En 2022, les éditions Chandeigne ont publié « Le juif » de Camilo Castelo Branco, dans une traduction de Bernard Tissier. « Le roman Le Juif publié 40 ans après l’abolition de l’Inquisition revisite le passé et voit dans l’Inquisition l’une des causes principales de la décadence du Portugal. Cette œuvre est à la fois un roman historique, une intrigue amoureuse et un récit d’aventure. Elle narre la vie du dramaturge António José da Silva (1705-1739), connu sous le nom de « Le juif », qui fut poursuivi et condamné par l’Inquisition, ainsi que de sa femme Leonor Maria de Carvalho. »
« Ouvrage très riche, foisonnant, étonnamment bien documenté pour l’époque sur l’histoire des juifs et des marranes, ce roman fleuve enchantera les lecteurs par son intrigue historique, ses rebondissements, sa belle langue fluide et la plongée dans l’histoire obscure du Portugal. Nous avons déjà publié un ouvrage du grand auteur portugais du XIXe siècle, Camilo Castelo Branco (1825-1890) : Récits de la prison de Porto. Son grand chef d’œuvre, Amour de perdition, est disponible chez Actes Sud. Nous souhaitons faire connaître au public français d’autres œuvres de ce maître de la langue portugaise, le « Balzac Portugais », qui a inspiré bien des films de Manoel de Oliveira ou de Raul Ruiz. »
« Avec Le juif, publié en 1866, nous souhaitons donner à lire un roman historique où Camilo maîtrise magnifiquement la fiction et les faits : un ouvrage entre le Candide de Voltaire et Le Dieu manchot de José Saramago. « Le moment est venu, pour le romancier, d’imposer silence à son imagination et de s’en tenir aux quelques données dont il dispose afin de ne pas glisser sur la pente des hypothèses hardies mais sans fondement. Le dossier du procès engagé contre António José da Silva se trouvait dans les archives nationales de Torre do Tombo... »
« Histoire des Juifs portugais »
En 2007, puis 2015, les éditions Chandeigne ont publié « Histoire des Juifs portugais » de Carsten L. Wilke. « L’histoire des juifs portugais a fait l’objet de nombreuses études en portugais, mais nulle synthèse n’avait été offerte au grand public. Pourtant cette histoire est singulière et passionnante. D’abord, parce qu’elle est très différente de celle de leurs voisins espagnols; ensuite parce qu’elle est marquée par une diaspora aussi éclatée qu’homogène, nostalgique d’une patrie où ils avaient été tolérés, voire favorisés, dans un passé mythique. Même s’il y eut toujours au Portugal des discriminations anti-juives, il est vrai que nul autre pays n’offrit, dans l’Europe médiévale, plus de protection à leur communauté. »
« Un basculement brutal se produisit en 1497. Pour des raisons complexes que le livre expose, le roi dom Manuel décréta un avis d’expulsion, mais s’arrangea pour que peu de juifs puissent quitter le pays. Tous furent contraints, souvent par la violence, de se convertir en masse. Le roi tenta ainsi d’éliminer la religion juive, sans éliminer les juifs. Ce faisant, une nouvelle catégorie de citoyens était née, les nouveaux-chrétiens, qui bénéficièrent au début de la protection royale, mais furent bientôt suspectés et traqués, durant presque trois siècles, par l’Inquisition. Cette situation poussa certains à se replier dans la clandestinité (les marranes), et d’autres à s’exiler sur les cinq continents. L’histoire des juifs portugais dans le monde ne faisait que commencer. Après moult péripéties, elle se conclut par le retour timide de ses ressortissants au XIXe siècle, et, au XXe siècle, par la réapparition des marranes dans les montagnes du nord du Portugal. »
« Écrite directement en français par son auteur, cette Histoire des juifs portugais, d’une lecture aisée et riche en illustrations, donne un panorama complet du judaïsme portugais. Elle rend à l’histoire des juifs portugais ses contours, qui dépassent donc les grilles religieuses ou géographiques classiques : par la force du baptême collectif de 1497, l’histoire judéo-portugaise va au-delà de l’histoire du judaïsme stricto sensu, de même qu’elle a outrepassé les frontières de sa patrie d’origine. »
Israël Salvador Révah, « Antonio Enríquez Gómez, un écrivain marrane ». Traduit par Béatrice Pérez et Michèle Escamilla Colin. Avec la collaboration de Gérard Nahon et Carsten L. Wilke. Les éditions Chandeigne, Péninsules, 2003. 688 pages. 10 €. ISBN : 978-2-906462-80-9
Camilo Castelo Branco, « Le juif ». Traduction de Bernard Tissier. Les éditions Chandeigne, Bibliothèque Lusitane, 2022. 504 pages. 22 €. ISBN : 978-2-36732-219-3
Samuel Schwarz, « La Découverte des Marranes ». Les éditions Chandeigne, Péninsules, 2015. 376 pages. 25,00 €. ISBN : 978-2-367321-19-6
Carsten L. Wilke, « Histoire des Juifs portugais ». Les éditions Chandeigne, Péninsules, 2007, nouvelle édition 2015. 272 pages. 20 €. ISBN : 978-2-915540-10-9
Affiche
Vue de l’intérieur du temple de la nation israélite de la ville de Livourne, lithographie en couleurs, 1863.
© Archivio della communità ebraica di Livorno
Du 10 septembre 2022 au 5 octobre 2022
A la Maison du Portugal-André de Gouveia
Cité universitaire, Paris 75014
Du 15 juin 2022 au 4 juillet 2022
2, rue Eugène Spuller. 75003 PARIS
Tél. : 01.87.02.61.00
Entrée libre du lundi au mercredi et le vendredi de 8h30 à 17h00, le jeudi de 8h30 à 19h30. Samedi de 9h00 à 12h30
10 rue Portefoin, Paris 3e
Du 27 mars au 24 avril 2022
Place du Théâtre, 94130 Nogent-sur-Marne
Entrée libre. Du mardi au samedi, de 14 h à 18 h
Exposition accueillie en collaboration avec la Maison de la Culture Juive de Nogent-sur-Marne et les éditions Chandeigne, Paris
Du 1er avril au 29 avril 202
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