Au petit matin du 12 décembre 1941, la police française et la Gestapo arrêtent à Paris 743 Français juifs bourgeois célèbres chez eux. Les personnes interpellées sont amenées à l’École militaire, puis au camp de Compiègne-Royallieu (Oise). Elles sont rejointes par 300 juifs étrangers transférés du camp de Drancy. Le 27 mars 1942, 1 112 personnes sont déportées dans des wagons de troisième classe dans le premier convoi ferroviaire de déportation de Juifs de France vers le camp nazi d'Auschwitz (Pologne). Ce convoi de déportation est placé sous l’autorité de Theodor Dannecker, conseiller aux affaires juives en France (1940-1942). Parmi les déportés : la majorité des Juifs arrêtés le 12 décembre 1941. Adapté de « La rafle des notables » d’Anne Sinclair (Grasset, 2020), « La rafle des notables », documentaire de Gabriel Le Bomin sera diffusé le 23 mars 2022 à 22 h 40 sur France 2 dans le cadre de « La case du siècle » et le 27 mars à 22 h 20 sur France 5.
Rue des Rosiers. Le Marais juif, 1974-1975. Photographies d’Alécio de Andrade
En octobre et en novembre 1941, des attentats visent des Allemands en France occupée par le IIIe Reich.
Les autorités d’occupation réagissent en arrêtant les « fusillés de Châteaubriant », et en imputant la responsabilité aux Juifs et à des agents britanniques, et en persécutant Juifs et communistes.
Le 5 décembre 1941, un ordre d’arrestation de Français juifs est donné. Les noms des futures victimes ont été choisis dans le « fichier juif » recensant les Juifs français.
12 décembre 1941. Dès l’aube, la police française et la Gestapo arrêtent à Paris 743 Français juifs bourgeois célèbres chez eux : médecins - le dentiste Benjamin Schatzman -, dirigeants d’entreprises - Natan Darty -, ingénieurs, commerçants, universitaires – éminent géographe et géopolitologue Jacques Ancel -, écrivains - Jean-Jacques Bernard, Maurice Goudeket -, scientifiques - physiologue et futur historien de la Shoah Georges Wellers -, intellectuels - René Blum, frère de Léon Blum, journaliste, critique d'art et directeur artistique français -, avocats… C’est la rafle dite « des notables », la « première rafle d’envergure ciblant exclusivement des hommes juifs de nationalité française » précise le Mémorial de la Shoah. Un acte des Nazis signifiant notamment au régime de Vichy qu'il ne différenciait pas entre les Juifs, français ou étrangers.
Elle se distingue d’autres rafles. « Première arrestation massive de Juifs en France, la rafle du 14 mai 1941 dite du "billet vert" visait des Juifs étrangers principalement de nationalités polonaise et tchèque ou des apatrides. Lors de la grande rafle du 20-24 août 1941, plus de 4200 Juifs français et étrangers ont été arrêtés et conduits au camp de Drancy ».
Hebdomadaire du Parti populaire français de Jacques Doriot, L'Émancipation nationale a publié une photographie de cette rafle et l’a commentée.
Les 743 personnalités juives interpellées sont amenées au manège du commandant Louis Bossut de l’École militaire, puis au camp de Compiègne-Royallieu (Oise) où tous les internés sont juifs. Trente-deux internés meurent dans ce camp en raison des conditions de vie particulièrement dures. Trois cents juifs étrangers y sont transférés du camp de Drancy afin d’arriver au nombre de 1 000 internés exigé par les Nazis dans l’objectif d'une déportation.
Le 27 mars 1942, 1 112 personnes – 565 Juifs du camp de Drancy partis de la gare du Bourget vers Compiègne et 547 détenus de Compiègne - sont déportées dans des wagons de troisième classe dans le premier convoi ferroviaire de déportation de Juifs de France. Direction : le camp nazi d'Auschwitz (Pologne). Ce convoi de déportation est placé sous l’autorité de Theodor Dannecker, conseiller aux affaires juives en France (1940-1942). Parmi les déportés : la majorité des Juifs arrêtés le 12 décembre 1941, dont René Blum et Natan Darty. Benjamin Schatzman est déporté le 23 septembre 1942 par le convoi no 36, Georges Wellers par le convoi no 76 du 30 juin 1944.
Sur ce premier convoi du 27 mars 1942, Pierre Oscar Lévy a réalisé « Premier convoi » (1992, 102 minutes), documentaire bouleversant distingué par le Prix du documentaire de la LICRA. « Des 1 112 hommes du convoi, composé pour moitié de juifs français, des notables arrêtés à leur domicile parisien le 12 décembre 1941 et d'immigrés pour la plupart arrêtés à Paris dans la rafle du 20 août 1941, seuls 104 vivaient encore cinq mois après leur arrivée à Auschwitz-Birkenau. Ils ne seront qu'une vingtaine à revenir en 1945 après la libération du camp. Cinquante ans après, douze survivants du premier convoi ont refait l'intégralité de leur parcours. Ils sont retournés sur les lieux et ont accepté de raconter ce qu'ils avaient vu et ce qu'ils avaient vécu : leur arrestation par des policier français, leur internement dans les camps de Drancy et Compiègne, leur voyage vers Auschwitz et l'itinéraire de leur survie dans les camps de la mort. "Premier Convoi" n'est donc ni un film sur la shoah, ni un film sur l'histoire d'Auschwitz. C'est un témoignage à plusieurs voix où des individus confient, dans les limites de leur pudeur, une partie de leur mémoire ». Né dans une famille juive modeste, l'un des témoins, interné d'abord au gymnase Japy, est transféré dans un camp où il a la surprise de découvrir des notables français juifs dont le frère de Léon Blum.
Anne Sinclair
En 2020, Grasset publiait « La rafle des notables » d’Anne Sinclair.
« Cette histoire me hante depuis l’enfance… »
« S’interrogeant sur la manière dont son grand-père paternel, Léonce Schwartz, a échappé à la déportation, Anne Sinclair découvre un chapitre méconnu de la persécution sous l’Occupation : la « rafle des notables ».
« En décembre 1941, les Allemands arrêtent 743 Juifs français, chefs d’entreprise, avocats, écrivains, magistrats. Pour parvenir au quota de mille détenus exigé par Berlin, ils adjoignent à cette population privilégiée 300 Juifs étrangers déjà prisonniers à Drancy. »
« Tous sont enfermés au camp de Compiègne, sous administration allemande : un vrai camp de concentration nazi d’où partira, en mars 1942, le premier convoi de déportés de France vers Auschwitz (avant la Rafle du Vél’ d’Hiv de juillet 1942). »
« En reconstituant la coexistence dans ce camp de bourgeois assimilés depuis des générations et de Juifs étrangers familiers des persécutions, ce récit très personnel raconte avec émotion une descente aux enfers. »
« Essayer de redonner un peu de chair aux disparus est devenu pour moi une obsession », écrit l’auteur, dont le fardeau intime sert de fil rouge à une œuvre de mémoire collective. »
« De sorte que l’enquête familiale sur le destin énigmatique de Léonce se fait peu à peu enquête historique sur la tragédie de Compiègne, puis hommage à ceux qui n’en sont pas revenus. »
A l'Ecole militaire, une plaque rappelle le souvenir de ces Juifs français raflés, puis détenus à l'Ecole militaire.
Adapté de ce livre, « La rafle des notables », documentaire de Gabriel Le Bomin sera diffusé le 23 mars 2022 à 22h40 sur France 2 dans le cadre de « La case du siècle » et le 27 mars à 22 h 20 sur France 5.
"Le documentaire présente notamment plusieurs témoignages cruciaux comme ceux de Georges Kohn, Louis Engelmann, Jean-Jacques Bernard et Benjamin Schatzmann. Des séquences animées, des documents d'archives et l'éclairage d'historiens, comme Laurent Joly ou Annette Wieviorka, permettent de comprendre cet épisode tragique de l'Occupation et de la Shoah en France."
Anne Sinclair, « La rafle des notables ». Grasset, 2020. 128 pages. EAN : 9782246824138. EAN numérique: 9782246824145
« La rafle des notables » de Gabriel Le Bomin
France, 10.7 Production, 2022, 60 min.
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Sur France 2 le 23 mars 2022 à 22 h 40
Sur France 5 le 27 mars à 22 h 20
Visuels : © 10.7 Production
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Les citations sont extraites des communiqués de presse.
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