Créée par les Ottomans en 1461, Sarajevo est la capitale de la Bosnie-Herzégovine et compte environ 405 000 habitants. Elle a été surnommée la « Jérusalem de l'Europe » en raison de la coexistence entre judaïsme, christianisme et islam et du rayonnement du judaïsme dans cette cité. Arte diffuse dans le cadre de « Voyages et découvertes », la série documentaire « Flâneries dans les Balkans, de Bucarest à Sarajevo » (Metropolen des Balkans).
Arte diffuse dans le cadre de « Voyages et découvertes », la série documentaire « Flâneries dans les Balkans, de Bucarest à Sarajevo » (Metropolen des Balkans). Autrefois surnommée "la poudrière de l'Europe", la région des Balkans a connu bien des maux. »
« Aujourd'hui les métropoles renaissent et se transforment, façonnées par leurs histoires et leurs cultures diverses mais ô combien entrelacées. Témoins d'un temps révolu, Sofia, Bucarest, Ljubljana, Belgrade et Sarajevo se tournent désormais vers la modernité. Un voyage à travers cinq capitales des Balkans, entre histoire, culture et perspectives d’avenir ».
A Sarajevo, a été assassiné l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche par Gavrilo Princip. Ce qui déclencha la Première Guerre mondiale.
Dans les années 1990, la ville a été assiégée durant plus de trois ans.
En 2019, Sarajevo a été admise dans le Réseau des villes créatives de l'UNESCO. « Ce réseau rassemble des villes qui fondent leur développement sur la créativité, qu’il s’agisse de musique, d’artisanat et des arts populaires, de design, de cinéma, littérature, d’arts numériques ou encore de gastronomie ».
« Dans aucune autre ville européenne, les religions n’ont aussi fortement coexisté : mosquées, synagogues et églises font partie intégrante de l’identité de Sarajevo, métropole des Balkans historiquement multiculturelle. »
La présence de Juifs en Bosnie-Herzégovine remonterait à l'Antiquité romaine, à Sarajevo à 1541, et dans toute la contrée en 1565. Dans ce territoire de l'empire ottoman, ces Juifs Sépharades parlant le judéo-espagnol sont des commerçants.
Œuvre remontant au XIVe siècle et provenant d'Espagne, la Haggada de Sarajevo est un manuscrit très richement enluminé en hébreu contenant le texte lu lors du Seder de Pessa'h. Protégée durant la guerre dans les Balkans dans les années 1990, elle est inscrite sur la liste des monuments nationaux de Bosnie-Herzégovine et est conservée au musée national de Sarajevo.
En 1581 est édifiée à Sarajevo la synagogue Il Kal Grande où se trouve l'actuel musée juif. Autres synagogues : le Vieux Temple (Il Kal Vijezu) et le Nouveau Temple (Il Kal Muevu) qui remonte XVIIIe siècle.
En octobre 1819, eut lieu le "Pourim de Sarajevo". Ruzdi-pacha, gouverneur ottoman de la Bosnie, avait emprisonné l’élite de la communauté juive de Sarajevo, soit 11 personnes dont le rabbin Mose Danon, et menaçait de la tuer si une rançon au montant élevé ne lui était pas versée. « Des musulmans de Sarajevo se sont soulevés, ils sont allés devant la prison et ont menacé de tout détruire et incendier si Rav Mose Danon et les autres n’étaient pas libérés », a raconté Jakob Finci, président de la communauté juive. La fête juive de Pourim "rappelle la délivrance de la communauté juive exilée en Perse (vers - 520), grâce au courage d'Esther et de son cousin Mardochée pour contrecarrer le décret d'extermination d'Aman."
En raison de la croissance urbaine (1879-1910), plus de 93 % des Juifs vivent dans des villes, et près de 6 % dans des villages. Dès 1879, des Juifs ashkénazes rejoignent leurs coreligionnaires sépharades. La population Juive vit alors "dans 30 villes, en 1885 dans 50 villes, en 1895 dans 58 villes et en 1910 dans 62 villes de Bosnie-Herzégovine".
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, "en 1940, environ 14 000 Juifs vivent en Bosnie-Herzégovine, dont 10 000 à Sarajevo."
Les forces de l'Axe envahissent la Yougoslavie. Le 10 avril 1941, est créé l'État indépendant de Croatie qui comprend la Bosnie-Herzégovine et a, à sa tête, le gouvernement pronazi des oustachis d'Ante Pavelić.
Débutent alors les persécutions antisémites. Le 16 avril 1941, les nazis détruisent les quatre synagogues de Sarajevo. D'août à novembre 1941, l’État croate interne la quasi-totalité des Juifs de Bosnie dans des camps de concentration. "Les prisonniers (femmes et enfants compris) juifs ainsi que serbes chrétiens orthodoxes, Tziganes, résistants aux nazis et aux oustachis sont déportés, notamment dans le camp de Jasenovac créé entre août 1941 et février 1942 par les autorités de l'État indépendant de Croatie, le plus grand en Croatie, le plus sadique et cruel, dirigé par le général oustachi Vjekoslav Luburić. Ce camp ne possédant pas de chambres à gaz, les victimes y sont tuées de « 57 façons différentes », par épuisement au travail, par maladies, en les affamant, avec des armes à feu et des armes blanches (marteaux, couteaux) ou des pierres. Elles sont enterrées alors que d'autres sont brûlées dans des fours crématoires. Gideon Greif, historien israélien spécialisé dans l'histoire de l'Holocauste, déclare en octobre 2017 « que le camp de Jasenovac était le camp de concentration le plus monstrueux de la Seconde Guerre mondiale, bien pire qu'Auschwitz ou les autres camps, et cela en raison du fait que le camp n'était pas tenu par des Allemands, mais par des Croates qui jouissaient de la souffrance de leurs victimes. Il a ajouté que le révisionnisme à ce sujet est une autre façon de tuer les victimes." Des Bosniaques sauvent des Juifs persécutés.
Sur les 12 000 Juifs de Bosnie, 10 000 Juifs sont tués.
Le grand mufti de Jérusalem Haj Mohammad Amin al-Husseini (1897-1974) « participe à la création de la division SS Handschar, appelée ainsi en référence à une épée orientale. A cette occasion, les nazis inventent le néologisme de "musulgermain". L’unité comptera jusqu’à 20 000 hommes ». Al-Husseini est chargé de la formation culturelle et philosophique de ces soldats qui jurent d’obéir jusqu’à la mort à Hitler et de « rapprocher le monde germain et le monde arabe. Himmler lui accorde mollahs et imams pour encadrer les troupes ». Le grand mufti al-Husseini les choisit et les forme dans une école particulière.
Son antisémitisme imprègne le pamphlet Islam i židovstvo (Islam et Judaïsme) destiné aux musulmans bosniaques engagés dans les SS. En 2015, Boris Havel a traduit ce texte en anglais pour le Middle East Quaterly.
Son antisémitisme imprègne le pamphlet Islam i židovstvo (Islam et Judaïsme) destiné aux musulmans bosniaques engagés dans les SS. En 2015, Boris Havel a traduit ce texte en anglais pour le Middle East Quaterly.
Dans "La croix gammée et le turban, La tentation nazie du grand mufti" (Turban und Hakenkreuz, Der Großmufti und die Nazis), documentaire intéressant de Heinrich Billstein, Nasr ad-Din an-Nashashibi, écrivain, déplorait ce « triste jour », la défaite du maréchal Rommel. Fuad Mujakić, imam de la division Handschar, rappelle : « Pour tenter de rassurer mes camarades, je leur expliquais que… tout musulman qui perdait la vie au combat pour l’islam serait un shahid, un martyr. Ils savaient ce que cela signifiait ».
Alors que la Bosnie faisait partie de l'Etat indépendant de Croatie - un Etat dans l'orbite des Forces de l'Axe - proclamé en 1941 par les Oustachis (Insurgés), fascistes et antisémites croates, Alija Izetbegović (1925-2003), futur président de la république de Bosnie-Herzégovine, a rejoint les rangs du mouvement panislamiste Les Jeunes musulmans (Mladi Muslimani). Quand cette organisation se divise sur la question de soutenir les partisans communistes yougoslaves ou la Division Waffen-SS Handschar, Izetbegović décida de soutenir cette Division SS. Brièvement détenu vers la mi-1944 en prison par les Serbes royalistes Chetniks, Izetbegović est libéré en signe de reconnaissance à l'égard du rôle de son grand-père en 1914 à l'égard de la libération d'otages Serbes. Il est condamné par la justice yougoslave à trois années d'emprisonnement.
En 1969, il publie en 1969 la Déclaration islamique, "un manifeste totalitaire dans lequel il affirme que « tout est religion » et revendique la « fusion entre État et religion ». Il souhaite « l'introduction de l'Islam dans tous les domaines de la vie des individus, dans la famille et dans la société », et assène que « le musulman n'existe pas en tant qu'individu indépendant ». "Si Izetbegović proclame l'impossibilité d'instaurer un « État islamique » dans un pays qui n'est pas à majorité musulmane, il y prétend aussi « l'impossible coexistence pacifique entre religion islamique et institutions non-islamiques », d'où la glorification du djihad contre les Infidèles".
En 1990, Izetbegovic fonde le Parti d'Action démocratique (SDA). Il bénéficie alors de soutiens en Europe et aux États-Unis, où il est présenté comme un « islamiste modéré ». Pendant la guerre civile, les nationalistes islamistes bosniaques vont accueillir plusieurs milliers de moudjahidin albanais, afghans, algériens financés par de, l'argent saoudien et des Émirats. Ils forment le noyau de la sinistre 7e Brigade musulmane qui brilla par ses atrocités. Izetbegović va même recréer la division Handjar, un hommage à la fameuse division de la SS à laquelle il a participé pendant la Seconde Guerre mondial". La couverture ci-contre du numéro d'octobre 1991 du magazine de Sarajevo Novi Vox montrait un officier bosniaque musulman nazi posant son pied droit sur la tête décapité et sanglante du leader Serbe bosniaque Radovan Karadzic. Le ttire : “La Division Handzar Division est prête.”
Quand la guerre éclate en Yougoslavie en 1992, la communauté juive transporte les personnes âgées en Croatie et Serbie et envoie des enfants en Israël. Elle se constitue des réserves alimentaires et en médicaments.
À Sarajevo, elle aide les Bosniaques de toute religion. Elle bénéficie du soutien d'organisations juives européennes, de l’American Jewish Joint Distribution Committee (JDC) et du World Jewish Relief. La "Benevolencijia, société culturelle et éducative juive en activité de 1892 à 1941 et depuis la fin de la Guerre froide, aide tous les citoyens de Sarajevo et, plus largement, de Bosnie-Herzégovine, sans distinction de croyance, procédant notamment à l’évacuation de 3 000 réfugiés musulmans, serbes et croates en dehors de la capitale bosniaque. Elle s’est ainsi imposée comme l’unique organisation humanitaire bosniaque partenaire du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Le club de femmes de l’association Bohoreta – du nom de Laura Papo-Bohoreta, écrivain féministe sépharade de Sarajevo du début du XXe siècle –, s’est particulièrement distingué durant la guerre, entre 1992 et 1995 en portant assistance aux personnes âgées et malades et aux enfants, distribuant des repas et des vêtements et servant de centre de distribution du courrier à tous les citoyens de Sarajevo quand les services postaux n’étaient pas opérationnels pendant le conflit."
En 2018, sur les 1000 Juifs de Bosnie, 700 à 800 vivent à Sarajevo dont la synagogue est toujours en activité. Les trois quarts des Juifs de la capitale bosniaque sont sépharades ; le ladino est parlé par les plus âgés. La vie juive culturelle et sociale est dense.
« Flâneries dans les Balkans. Sarajevo » de Caroline Haertel et Mirjana Momirovic
Allemagne, 2018
Sur Arte les 24 février 2022 à 18 h 55 et 10 mars 2022 à 7 h 50
Sur arte.tv du 23/02/2022 au 25/03/2022
Visuels :
© DR
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