Arte diffusera le 17 février 2022 « Alger confidentiel », série en quatre épisodes de Frédéric Jardin. « Autour d’un contrat de ventes d’armes entre l’Algérie et l’Allemagne, espions, membres du gouvernement, lobbyistes et militants intriguent et se déchirent. Frédéric Jardin ("Braquo", "Engrenages") orchestre un thriller haletant, noué dans l’ombre de la loi et de la morale ».
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama
« Alger confidentiel » de Frédéric Jardin
« Sur un scénario écrit par Abdel Raouf Dafri (Un prophète), d'après le roman Paix à leurs armes d’Oliver Bottini (Éditions Piranha), Alger confidentiel, initiée par les pôles français et allemand d’ARTE et la chaîne publique ZDF, mêle en quatre épisodes haletants le frisson du thriller, les coulisses du monde du renseignement et le cynisme froid de la realpolitik. »
« Chacun dans leur cadre – les hauts dirigeants et les vendeurs d’armes aux vies luxueuses, les agents secrets frayant dans les cafés bruyants de la Casbah algéroise et les opposants au régime à Berlin ou dans le maquis kabyle –, les protagonistes de la minisérie réalisée par Frédéric Jardin (Braquo, Engrenages) n’ont qu’un seul objectif, malgré leurs motivations différentes : les armes, qui font couler le sang avant même d'être employées et justifient qu’on piétine toute loi et tout sens moral ».
« À noter, au sein du convaincant casting international, mené par Ken Duken (Inglourious Basterds), la présence du rappeur français Sofiane en preneur d’otages dépassé par l’ampleur des événements.
Prix de la mise en scène – Marseille Series Stories 2021
« À Alger, Ralf, attaché à l’ambassade d’Allemagne, vit une liaison avec Amel Samraoui, une juge d’instruction algérienne. Clandestine, leur histoire est compromise lorsqu’ils sont amenés à travailler sur le même dossier : l'enlèvement d'un vendeur d’armes allemand. Le rapt intervient alors que les deux pays s’apprêtaient à conclure une vente. En Allemagne, le docteur Katharina Prinz enquête au ministère des Affaires étrangères sur le contrat d’armement ratifié par son prédécesseur. Tandis que la négociation vacille, des opposants au régime complotent... »
« Les preneurs d’otage exigent 50 millions de dollars contre la restitution du vendeur d’armes, ainsi que l’abandon de la vente auprès du gouvernement. »
« Aux Affaires étrangères allemandes, on s’interroge sur la conduite du général Soudani, prêt à négocier. À Alger, Ralf récupère des vidéos de surveillance de l’enlèvement grâce à son amante. Mais celle-ci est moins innocente qu’il n’y paraît. En Allemagne, les partisans de la révolution se disputent sur l’usage de la violence. Au cœur de la Casbah, Ralf, lui, en apprend un peu plus grâce à un entrepreneur, notamment qu'un intermédiaire français et trafiquant d’armes, Alexis Clérel, n’hésiterait pas à faire affaire avec les islamistes. »
« Ralf, reçu par le colonel Toumi, l’informe que son gouvernement ne livrera pas les armes tant que l’enquête n’aura pas progressée sur le kidnapping. »
« Au terme de l’entretien, le colonel lui annonce qu’il est au courant de sa liaison avec Amel Samraoui, et qu’il connaît le secret qu’elle lui cache. En Kabylie, les révolutionnaires font usage de la violence alors que leur otage tente de s’évader. À Alger, Ralf s’infiltre dans la chambre d’hôtel d’Alexis Clérel et découvre la date et l’heure d’une livraison de lance-roquettes. Il décide de suivre Clérel jusqu’au lieu du rendez-vous. »
« La CIA fait chanter le général Soudani avec un enregistrement. »
« En Allemagne, Katharina Prinz débusque une taupe au ministère des Affaires étrangères qui avoue travailler pour les fabricants d’armes. Dans la campagne kabyle, Ralf rejoint au cachot le vendeur d’armes kidnappé. Les opposants au régime cherchent à intercepter la livraison d’armes destinée à l’Algérie. À Berlin, le chef des terroristes, Djamel, rend visite à son grand-père et revisite son passé douloureux, qui réveille en lui un désir de vengeance. »
Entretien avec Frédéric Jardin
« Après des débuts comme assistant réalisateur, Frédéric Jardin réalise plusieurs comédies avec la complicité notamment d’Édouard Baer (La folie douce, Les frères Soeur, Cravate club). Dans Nuit blanche (2011) il s’oriente vers le polar, un genre qu’il explorera ensuite à la télévision dans les séries Braquo et Engrenages. Alger confidentiel est sa première série d’espionnage. Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène ».
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le projet d’Alger Confidentiel ?
Cette mini-série m’a été proposée par Abdel Raouf Dafri, qui travaillait depuis quelques temps déjà sur l’adaptation du roman d’Oliver Bottini « Paix à leurs armes », et par les producteurs Philippe Alessandri et Balthazar de Ganay. C’est une histoire d’espionnage ancrée dans le réel, avec pour toile de fond la communauté algérienne en Allemagne, mais également un thriller politique, avec une dimension très romanesque : l’histoire d’amour secrète entre une juge d’instruction algérienne et un inspecteur de police attaché à l’ambassade d’Allemagne à Alger. C’est aussi le portrait en mouvement d’une jeunesse utopiste, qui rêve de révolution dans un pays meurtri par la corruption, la guerre civile et le fondamentalisme religieux. Ce mélange m’a passionné.
Abdel Raouf Dafri a un formidable savoir-faire pour développer de la dramaturgie autour du choc des cultures : en l’occurrence, l’Algérie et l’Allemagne. Ce souffle narratif, enraciné dans un terrain géopolitique complexe, est particulièrement excitant à mettre en scène. Il donne lieu à une double dénonciation : celle de la corruption des élites du régime algérien mais aussi, derrière les apparences de la vertu, celle de l’Allemagne à travers le commerce des armes.
Quels défis se posaient pour vous ?
Ma recherche obsessionnelle du « réel à tout prix » dans la mise en scène a trouvé ici tout son sens. Il s’agissait de trouver le juste équilibre entre l’efficacité narrative (suspense, coups de théâtre…) et la description d’un climat politiquement tendu. Des flash-backs viennent ainsi évoquer la « décennie noire », ou guerre civile algérienne (1991-2002), à travers l’enfance tragique de Djamel et d’Amel : une manière de lier petite histoire et grande histoire, et de faire ressentir viscéralement aux spectateurs les pulsations de l’histoire de ce pays.
L’autre difficulté était de dresser le portrait de personnages multiples, de façon chirurgicale, tant dans leur univers professionnel à haut risque que dans leur vie privée, et de les rendre attachants, dans leurs contradictions, bien qu’ils soient pour certains détestables comme le Général Soudani, l’homme fort du régime.
Il fallait donc dérouler le fil de chacune de ces intrigues jusqu’au bout, avec un souci constant du détail, en insufflant le bon rythme : je voulais une enquête haletante qui dévoile le milieu corrompu de la vente des armes. Dans ce domaine, l’Allemagne reste le principal fournisseur de l’Algérie.
Comment définiriez-vous votre approche ?
J’avance de manière très instinctive. En même temps que les repérages, c’est d’abord le casting qui me permet de ressentir vraiment ce que j’ai envie d’imprimer. En l’occurrence ce fut un travail long, délicat, car il engageait quatre langues (arabe algérien, allemand, français, anglais) et de nombreux territoires. Il a débuté très en amont du tournage, d’abord en Allemagne où j’ai découvert des acteurs d’exception comme Anna Schudt, Ken Duken et Martin Brambach.
Pour nos personnages algériens, là encore je tenais à la véracité : je voulais qu’ils soient joués par des comédiennes ou des comédiens d’origine algérienne évidemment, mais qui aient aussi et surtout une vie en Algérie, afin qu’ils soient entièrement crédibles. Je pense à Sofiane Zermani, Dali Benssalah ou Raphael Acloque qui interprète Djamel, le plus politiquement engagé de nos utopistes, pour ne citer qu’eux. »
Note du scénariste Abdel Raouf Dafri
(également scénariste d’Un prophète et de Mesrine)
« J’ai eu la chance de découvrir Paix à leurs Armes, l’excellent livre d’Oliver Bottini, grâce à Lionel Amant, mon agent (qui nous a, hélas, quitté depuis). C’est d’ailleurs Lionel qui m’a fait parvenir l’ouvrage dont Philippe Alessandri (le producteur) avait acheté les droits.
J’étais curieux de savoir quelle intrigue un auteur allemand avait pu tricoter sur l’Algérie après la décennie des massacres de la population par les islamistes. Et je dois dire qu’Oliver a fait un travail incroyable. Voilà un livre qui décrit à merveille le mental algérien dans toutes ses contradictions. Oliver a réussi ce tour de force à travers des personnages brisés par la violence mais encore pleins d’espoir pour des lendemains meilleurs, tels Amel Samraoui ou Youcef Benmedi. Il y a les tordus comme Abderrahmane Toumi et Sadek Madjer, ainsi que d’autres trop fracassés au point de ne pouvoir trouver la paix des armes qu’en en faisant usage une dernière fois.
Et il y a les nobles d’âmes tels Ralf Eley et Katharina Prinz, décidés à agir pour que justice soit faite. Ceux-là mêmes dont l’attitude tout au long du livre clame le titre : « Paix à leurs armes ». Après cette première lecture, j’ai parlé avec Philippe Alessandri et je lui ai fait part de mon envie d’adapter ce livre, mais seulement après avoir rencontré l’auteur et proposé ma vision de cette histoire en mini-série. Si Oliver agréait à ma vision, j’étais prêt à m’engager dans l’écriture.
La rencontre eut lieu à Paris. À la fin de mon exposé, Oliver a compris mon point de vue et après cette excellente rencontre, je me suis attelé à l’écriture des scénarios sous la direction de mon producteur et celle d’Olivier Wotling et Adrienne Frejacques, deux interlocuteurs de grande qualité, comme ARTE la chaîne qu’ils servent.
Alger Confidentiel est une mini-série qui mêle le polar, l’étude socio-politique l’espionnage. Tout cela au coeur de cette Algérie que ses dirigeants osent appeler une démocratie au prétexte qu’une seule tribu gère le pays. Sans oublier d’évoquer la cupidité des Occidentaux qui ne trouvent rien d’autre que lui vendre des armes.
Outre le fait qu’Oliver Bottini balaie plusieurs figures iconiques de l’inconscient algérien et français, il y a surtout cette histoire d’amour entre un Allemand et une Algérienne ; un amour puissant bâti sur les forces et fractures de l’un et de l’autre. Et la prouesse de l’auteur a été d’éviter l’exotisme d’une love story entre deux archétypes.
À l’arrivée, je pense avoir préservé l’âme du livre tout en répondant aux contraintes de la narration cinématographique… Je n’ai pas le souvenir d’une telle fiction dans le paysage audiovisuel français et encore moins qu’une telle fiction se soit bâtie à partir du regard d’un auteur allemand et d’un scénariste français. Si j’en entendais parler et que je n’en étais pas partie prenante, je demanderais à voir… »
Allemagne, France, 2021
Scénario : Abdel Raouf Dafri, Oliver Bottini
Production : ARTE France, ZDF, ARTE, Watch Next Media, Eikon Media
Producteurs : Philippe Alessandri, Mario Krebs, Balthazar de Ganay
Image : Michel Amathieu, Thomas Caselli
Montage : Mike Fromentin, Christophe Pinel
Musique : Nicolas Errera
Auteur : Oliver Bottini
Costumes : Emmanuelle Bellocq, Sandra Jones-Irlenborn
Décors de film : Yan Arlaud, Ellen Latz, Halima Zniber
Chargés de programme : Adrienne Fréjacques, Olaf Grunert
Avec Ken Duken (Ralf Eley), Hania Amar (Amel Samraoui), Sofiane Zermani (Sadek Tadjer), Isaak Dentler (Peter Richter ), Dali Benssalah (Colonel Toumi), Hammou Graïa (Général Soudani ), Raphaël Acloque (Djamel Benmedi ), Idir Chender (Aziz Amrani ), Anna Schudt (Katharina Prinz ), Martin Brambach (Reinhold Wegner ), Olivier Chantreau (Alexis Clérel), Caroline Hanke (Wiebke Ebert ), Dominic Gould (Harry Lime )
Sur Arte :
1er épisode (48 mn) : le 17 février 2022 à 20 h 55
2e partie ('47 mn) : le 17 février 2022 à 21 h 45
3e partie (43 mn) : le 17 février 2022 à 22 h 35
4e partie (55 mn) : le 17 février 2022 à 23 h 20
Sur arte.tv du 16/02/2022 au 18/03/2022
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Les citations sont d'Arte.
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