Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 24 octobre 2022

Yves Montand (1921-1991)

Yves Montand (1921-1991) était un acteur - Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot (1953), Le Milliardaire (Let's Make Love) de George Cukor (1960), Z de Costa-Gavras (1969), La Folie des grandeurs de Gérard Oury (1971), Tout va bien de Jean-Luc Godard : (1971), César et Rosalie de Claude Sautet (1972) - et un chanteur - Dans les plaines du Far-West,  Luna Park , Les feuilles mortes, Mathilda, À Paris, Clémentine, Les routiers, Grands boulevards, La bicyclette, Casse-têtes - mondialement célèbre, engagé politiquement : compagnon de route du parti communiste, défenseur des boat-people et des refuzniks, soutien au Président Allende... Arte diffusera le 24 octobre 2022 à 20 h 50 « Le salaire de la peur » (Lohn der Angst) de Henri-Georges Clouzot, avec Yves Montand, Véra Clouzot et Charles Vanel, et à 23 h 20 « Ivo Livi dit Yves Montand » (Ivo Livi genannt Yves Montand) de Patrick Rotman.


Né dans un milieu italien très pauvre et anti-fasciste, Yves Montand (1921-1991) était un acteur et un chanteur mondialement célèbre, engagé politiquement : compagnon de route du parti communiste, défenseur des boat-people et des refuzniks, soutien au Président Allende..

Dans les plaines du Far-West,  Luna Park , Les feuilles mortes, Mathilda, À Paris, Clémentine, Les routiers, Grands boulevards, La bicyclette, Casse-têtes... Son répertoire a exprimé la vie des Français durant plusieurs décennies.

Dans sa filmographie :  Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot (1953), Le Milliardaire (Let's Make Love) de George Cukor (1960), Z de Costa-Gavras (1969), La Folie des grandeurs de Gérard Oury (1971), Tout va bien de Jean-Luc Godard : (1971), César et Rosalie de Claude Sautet (1972)...

« Ivo Livi dit Yves Montand »
Arte diffusera le 24 octobre 2022 à 23 h 20 « Ivo Livi dit Yves Montand » (Ivo Livi genannt Yves Montand), documentaire de Patrick Rotman.

« De sa Toscane natale à Broadway en passant par le Marseille de sa jeunesse, ce documentaire riche en images rares raconte par la voix de Denis Podalydès le destin d’un gamin pauvre devenu star internationale de la chanson et du cinéma : Ivo Livi dit Yves Montand. »

« Fils d’un paysan italien contraint à l’exil en raison de ses convictions communistes, Yves Montand, né Ivo Livi en 1921, grandit dans le quartier insalubre de la Cabucelle, à Marseille. Passé par l’usine et les salons de coiffure, cet admirateur de Fred Astaire fait ses armes de chanteur dans des salles miteuses de la cité phocéenne avant de conquérir l’Alcazar, puis la capitale ». 

« Dans le Paris occupé, sa route croise celle d’Édith Piaf, amante et mentor qui le quittera après l’avoir mis en orbite ». 

« Si ses débuts au cinéma, dans Les portes de la nuit (1946) de Marcel Carné, s’avèrent peu concluants, l’amitié nouée avec le poète Jacques Prévert, scénariste du film, lui offre deux présents éternels : la chanson "Les feuilles mortes" et sa rencontre, en 1949, avec Simone Signoret ». 

« Dans la décennie qui suit, le couple, acquis au communisme, profite de sa notoriété pour porter les combats qui lui tiennent à cœur ». 

« Après son triomphe à Broadway et sa parenthèse hollywoodienne marquée par le scandale de sa liaison avec Marilyn, Montand entame, au milieu des années 1960, sa mue cinématographique ».

« Sous la caméra de Costa-Gavras, de Sautet et de bien d’autres, il s’impose sur les écrans en star absolue du septième art hexagonal – tout en continuant, après avoir tourné le dos au communisme, à militer ardemment pour les droits humains. »

« Narré par Denis Podalydès, ce portrait au long cours retrace l’ascension exceptionnelle de l'acteur-chanteur, des collines toscanes au Metropolitan Opera de New York. Au fil de riches archives, qui font la part belle à son génie de la scène, ce passionnant voyage éclaire la trajectoire intime, artistique et politique d’Yves Montand, mais aussi les contradictions de cet homme aussi égocentrique que généreux, travailleur acharné au charisme inné. »

« Le salaire de la peur »
Arte diffusera le 24 octobre 2022 à 20 h 50 « Le salaire de la peur » (Lohn der Angst ; 
The Wages of Fear) de Henri-Georges Clouzot (1953), avec Yves Montand, Véra Clouzot et Charles Vanel.

« Quatre hommes s'engagent au péril de leur vie à conduire deux camions chargés de nitroglycérine afin de souffler l’incendie d’un puits situé à quelque cinq cents kilomètres... Un suspense inébranlable, quatre personnages au bord du gouffre pour un thriller à couper le souffle, mis en scène par un Henri-Georges Clouzot au sommet de son art. »

« À Las Piedras, sorte de ville frontière à la population hybride, le travail manque. Sous le soleil, chacun noie son ennui dans l’alcool. Non loin de là, la SOC, une compagnie pétrolière américaine, fait la pluie et le beau temps des embauches. Un jour, elle réclame quatre volontaires pour conduire deux camions chargés de nitroglycérine afin de souffler l’incendie d’un puits situé à 500 kilomètres. Pour 2 000 dollars, Mario, Jo, Luigi et Bimba s'engagent dans ce voyage au péril de leur vie… »

« Thriller à couper le souffle dont William Friedkin a fait un remake enthousiaste (Le convoi de la peur), Le salaire de la peur est, avec Le corbeau, le film le moins théâtral, le plus noir et le plus cruel d’Henri-Georges Clouzot ». 

« Considéré dans les années 1950 comme le Hitchcock français, le cinéaste s’offre ici le luxe d’une durée jugée à l'époque anticommerciale : plus de deux heures, avec un extraordinaire prélude à l’enfer du voyage ». 

« On baigne dans l’atmosphère de la ville de Las Piedras – inventée de toutes pièces, le film ayant été tourné en Camargue. Sans ostentation, la caméra capte la chaleur, la boue, les animaux errants, la population indigène pauvre, les migrants venus fuir leur passé. Las Piedras est une ville fantôme, une prison à ciel ouvert, un enfer que chacun rêve de quitter. Dans cette première partie, Clouzot brosse à froid la psychologie des personnages : érotisme féminin refoulé, camaraderie masculine avec ses débordements sensuels, ses heurts, ses calculs. » 

« Comme dans un drame de Samuel Beckett, il ne se passe rien hormis la vie dans ce qu’elle a de plus trivial, répétitif et absurde, et ce jusqu’au jour où les camions partent… »

Palme d'or, Cannes 1953 - Ours d'or, Berlinale 1953 - Meilleur film, Bafta Awards 1955

« Avec Le Salaire de la peur, énorme succès en son temps, Clouzot réalise un récit d’aventure et de suspense « à l’américaine » justement, comparable à certains films de John Huston comme Le Trésor de la Sierra Madre, auquel le cinéaste du Corbeau apporte sa noirceur et sa cruauté habituelles », a rappelé Olivier Père.

Et Olivier Père de poursuivre : « Quatre hommes acceptent de véhiculer, au péril de leur vie, un chargement de nitroglycérine sur cinq cents kilomètres de routes défoncées. L’énorme prime de ce « quitte ou double » périlleux est le seul moyen de quitter le village d’Amérique centrale dans lequel ils ont échoué ».

« Le Salaire de la peur bénéficia d’un très gros budget qui subit des dépassements considérables en raison des conditions météorologiques (les décors latino-américains furent entièrement reconstitués en Camargue). Le film suivant de Clouzot, Les Diaboliques, perpétuera ce désir du cinéaste de rivaliser avec le cinéma américain en adaptant un roman de Boileau-Narcejac Celle qui n’était plus d’abord convoité par Hitchcock, sous la forme d’un thriller psychologique et horrifique qui connaîtra lui aussi un grand retentissement à l’étranger. Dans Le Salaire de la peur Clouzot multiplie les morceaux de bravoure et les scènes spectaculaires avec une maestria toujours aussi impressionnante », a observé Olivier Père.

Et Olivier Père d’indiquer : « Lors d’un récent sondage nous avions demandé à des amis réalisateurs du monde entier, toutes générations confondues de citer leurs films français préférés. Le Salaire de la peur fut l’un des titres qui revint le plus souvent, au côté de longs métrages de Godard, Renoir ou Eustache. »

« Preuve que ce film connut à l’époque de sa distribution une carrière internationale exceptionnelle pour une production hexagonale, et qu’il est demeuré extrêmement populaire dans de nombreux pays – c’est certainement la notoriété du film aux Etats-Unis qui incita Friedkin à en préparer une nouvelle version. Le lancement du Salaire de la peur lors du Festival de Cannes avait été triomphal, le film remportant le Grand Prix (équivalent de la Palme d’or à l’époque) et le Prix de la meilleure interprétation masculine pour Charles Vanel (formidable dans un rôle d’abord proposé à Jean Gabin qui le refusa) », a souligné Olivier Père.

Olivier Père a conclu : « Le Salaire de la peur est également notable pour l’ambiguïté de la relation entre les deux aventuriers Charles Vanel et son cadet Yves Montand, au sommet de sa force physique. Le premier développe pour le second une amitié possessive teintée de jalousie qui permit d’évoquer un sous texte homosexuel. Il n’est pas certains que l’austère Clouzot ait consciemment mis en scène un film crypto gay mais la franche camaraderie n’avait pas sa place dans l’univers d’un cinéaste qui envisageait toutes les relations humaines sous l’angle du sadomasochisme et de la torture mentale, quel que soit le sexe de ses personnages, et il se devait de pimenter un peu la rencontre entre ses deux héros par une sorte d’amour vache, un contexte de sueur, de boue, de cambouis, de tensions et d’affrontements virils favorisant de manière presque naturelle l’imagerie homo érotique du film. »


« Yves Montand entre en scène »
Arte diffusa le 26 décembre 2021 « Yves Montand entre en scène. Chansonnier par excellence » (Yves Montand) d’Yves Riou.

« À l’occasion d’un double anniversaire, les 100 ans de sa naissance et les 30 ans de sa disparition, un délicieux portrait en forme de tour de chant de celui qui fut un incomparable artiste de music-hall. »

« Avant un concert, qu’il voyait comme "un 10 000 mètres" au cours duquel on perd "entre 1,8 et 2 kilogrammes", il s’entraînait comme un athlète ». 

« Issu d'une famille d'immigrés italiens, vivant dans les quartiers pauvres de Marseille, Yves Montand commence à travailler à l'usine à 11 ans. » 

« Il rêve de se produire sur la scène music-hall, alors foisonnante, de la cité phocéenne. Le jour où ce timide a l'audace de solliciter une répétitrice, celle-ci lui assène qu'il mange les mots, et ne chante ni juste, ni en mesure. Yves Montand va gommer ses défauts jusqu'à séduire les salles parisiennes par son physique, sa voix et son jeu de scène ». 

« À l'affût de nouveaux talents et amants, Édith Piaf le repère et lui apprend les ficelles du métier. Le jeune chanteur découvre à son contact de nouveaux auteurs comme Jacques Prévert, dont les textes l'émeuvent profondément. La rupture surviendra quand Piaf commencera à voir en lui un rival. »

« Orchestrant avec délice des archives d'interviews et surtout de concerts, à l'occasion des 100 ans de sa naissance et des 30 ans de sa disparition, cette "biographie musicale" de Montand revient sur les grandes étapes de sa vie de chanteur ».

« Retraçant la rencontre déterminante avec Simone Signoret, sa plus sagace groupie, la tournée en URSS, le triomphe américain ou la rupture avec le communisme, il rappelle aussi quel prince du music-hall il fut ». 

« Travailleur acharné à l'oreille affûtée, mimant, boxant, chorégraphiant les morceaux, il s'empare de la scène avec un étourdissant mélange de combativité, de fragilité et de charme ». 

« À mi-chemin entre documentaire et tour de chant, ce film permet de savourer les interprétations aux petits oignons des incontournables "Chansonnette" ou "À Paris", mais aussi de titres méconnus comme le vachard et douloureux "Mon frère", le corrosif "Chat de la voisine" ou le protestataire "Casse-têtes".

« Ivo et Jorge »
En 2021, Grasset a publié « Ivo et Jorge » de Patrick Rotman. « Presque tout oppose les deux hommes : Jorge Semprun, l’enfant de la grande bourgeoisie madrilène qui parle couramment trois langues, et Ivo Livi, dit Yves Montand, le fils d’immigré qui a quitté l’école à douze ans. Le chanteur, à la culture hétéroclite d’autodidacte est spontané, angoissé et extraverti, quand l’écrivain, pétri de littérature et de philosophie, est ténébreux et secret. Tous les deux souffrent d’une timidité pathologique. »

« Ivo et Jorge partagent la même foi rouge, celle de leur génération qui a eu vingt ans au moment de Stalingrad. Né dans une famille communiste, Montand, occupé à bâtir sa jeune carrière, ne se préoccupe pas, pendant les années noires, de politique alors que Semprun s’engage très jeune dans la résistance avant de connaître la déportation. Plus tard, il vit dix ans comme dirigeant communiste clandestin dans l’Espagne franquiste. Lorsqu’ils se rencontrent, au début des années 60, nait une profonde amitié nourrie de leurs histoires respectives, de la recherche d’un idéal perdu, d’affinités électives. »  

« Ce roman vrai entrelace, en de courts chapitres écrits comme des séquences cinématographiques, les parcours hors du commun de ces deux hommes engagés qui évoluent lentement de l’illusion lyrique à la désillusion. Acteurs de leur siècle, Ivo et Jorge, l’italien et l’espagnol, condensent dans leurs vies trépidantes et romanesques les tragédies de leur temps. Patrick Rotman s’y met aussi en scène, à la première personne, comme lors d’une visite à Moscou, qui sert de fil rouge au récit, au cours de laquelle Montand se livre à un émouvant «  aveu  ». Ou encore à Buchenwald et à Madrid avec Jorge Semprun, prodigue en confidences et anecdotes. »

« Ivo et Jorge, le roman de deux destins croisés, incroyablement vivant et très solidement documenté, mêle réalité et fiction. Le lecteur vibre avec Semprun libérant Buchenwald, partage sa vie clandestine en Espagne, ressent le trac fou de Montand lorsqu’il monte sur scène, assiste au diner où le chanteur s’explique avec Khrouchtchev. »

« Une magnifique traversée du XXe siècle, des années 1930 jusqu’à la Perestroïka, où l’on croise notamment Simone Signoret, John Kennedy, Édith Piaf, Hemingway, Costa-Gavras, Arthur Miller et Marylin Monroe… »

CITATIONS

« À L'Alcazar, le patron c'est M. Émile Audiffred. C'est à lui que je dois mes débuts. Il a été très chic pour moi. Il me disait : « Tu verras, petit, tu seras mondial à Marseille ! » Et on riait tous les deux. N'empêche que, le premier soir, j'avais un de ces tracs ».  (L'Express, 1969) 

« Je suis indigné de la façon qui consiste à traiter Sardou de fasciste et à se conduire soi-même comme des petits fachos... » (France Soir, 1976) 

« La vraie inégalité entre individus, elle est quasiment insoluble, c'est l'intelligence. »

« Les réponses vous rendent sage, mais les questions vous rendent humain ».

« La chanson fait chanter notre mémoire. »

« Les pacifistes sont comme des moutons qui croient que les loups sont des végétariens . »


« Le salaire de la peur  » de Henri-Georges Clouzot
France, Italie, 1953
Auteur : Georges Arnaud
Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi
Production : Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique, Filmsonor, Fono Roma, Vera Films
Producteurs : Raymond Borderie, Henri-Georges Clouzot
Image : Armand Thirard
Montage : Henri Rust, Madeleine Gug, Etiennette Muse
Musique : Georges Auric
Avec Yves Montand (Mario), Véra Clouzot (Linda), Folco Lulli (Luigi), William Tubbs (Bill O'Brien), Charles Vanel (M. Jo), Peter van Eyck (Bimba), Darling Légitimus (Miss Darling), Luis De Lima (Bernardo), Jo Dest (Smerloff), Darío Moreno (Hernandez)
Sur Arte les 24 octobre 2022 à 20 h 50, 11 novembre 2022 à 13 h 35
Visuels :
Yves Montand (Mario)
Charles Vanel (Jo) et Yves Montand (Mario)
Folco Lulli (Luigi) et Yves Montand (Mario)
Charles Vanel (Jo) et Yves Montand (Mario)
© TF Distribution

« Ivo Livi dit Yves Montand  » de Patrick Rotman
France, 2011, 114 min
Production : Kuiv, F comme Film, INA
Commentaire dit par Denis Podalydès, de la Comédie-Française
Sur Arte les 24 octobre 2022 à 23 h 20 et 27 novembre 2022 à 15 h 15
Disponible du 24/09/2022 au 21/04/2023
Visuels :
Yves Montand et Marilyn Monroe dirigé par George Cukor sur le plateau du film " Le milliardaire" (1960)
© John Bryson / Sygma / Corbis

Portrait d' Yves Montand
© Studio Roger Carlet

« Yves Montand entre en scène » d’Yves Riou
France, 2020, 43 min
Coproduction : ARTE France, INA
Commentaire dit par Émeline Bayart
Sur Arte les 26 décembre 2021 à 18 h 55 et 14 janvier 2022 à 5 h 00
Disponible du 19/12/2021 au 23/02/2022

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 22 décembre 2021.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire