La Chapelle du couvent Sainte-Cécile propose l’exposition « Napoléon, autour de la route des Alpes ». Inquiet pour son épouse et son fils, craignant un exil plus éloigné de la France, l’Empereur Napoléon Bonaparte quitte le 26 février 1815 l'ile d'Elbe avec une troupe de fidèles et arrive le 1er mars 1815 à Golfe-Juan. Direction : Paris. Prudent, il écarte la voie du Rhône - les troupes royalistes se trouvent en Basse-Provence -, et poursuit un périple - « Vol de l’Aigle » - via la Provence et les Alpes - il est accueilli chaleureusement le 7 mars à Grenoble - et parvient dans la capitale le 20 mars 1815. Ce seront les Cent-Jours avant l'abdication et l'exil définitif à l'île Sainte-Hélène. Inaugurée en 1932, la route Napoléon s'étire de Golfe-Juan à Grenoble.
« Du général de Gaulle à Berlioz, en passant par Fantin-Latour ou Stendhal, beaucoup de noms célèbres ont laissé leur trace à Grenoble. Napoléon en fait partie, alors qu’il n’y a dormi qu’une nuit, le 7 mars 1815. Mais sa chevauchée de 317 kilomètres après son débarquement à Golfe-Juan, sur la route alpine qui porte désormais son nom, est restée dans toutes les mémoires. En 2021, pour le bicentenaire de sa mort, les Grenoblois accueillent à nouveau l’Empereur mais aussi le créateur du Code civil français, à travers une exposition rassemblant de nombreuses pièces de collection, dont son masque mortuaire. Une exposition du fonds Glénat à découvrir au couvent Sainte-Cécile du 16 septembre au 31 décembre 2021 », a écrit Jacques Glénat, fondateur des éditions Glénat.
Pourquoi une exposition à la chapelle du couvent Sainte-Cécile à Grenoble ? Car elle est le siège social des éditions Glénat, domicile du fonds et de la fondation Glénat ».
« Si, deux cents ans après sa mort, Napoléon continue de fasciner, d’intriguer, de susciter des réactions contrastées chez ses admirateurs ou ses détracteurs, sans doute son destin exceptionnel y contribue-t-il grandement. »
« Cette exposition se veut non seulement un hommage rendu au général devenu consul puis Empereur, né à Ajaccio le 15 août 1769 et mort à Sainte-Hélène le 5 mai 1821, mais elle cherche surtout à rappeler les principales étapes d’une incroyable épopée, et notamment le moment clé de la route des Alpes et le passage à Grenoble le 7 mars 1815. »
« Brienne, Arcole, les Pyramides, Marengo, Austerlitz, Eylau, Friedland, Wagram, La Moskowa : qui peut s’enorgueillir d’une telle série de batailles, toutes plus épiques les unes que les autres ? Et quel chef d’État a su, en quinze ans à peine, réformer, créer, fonder, dans tant de domaines – à la fois politiques, économiques, sociaux ou culturels –, au bénéfice d’une République puis d’un Empire qui se voulaient rassembleurs et universels ? », a écrit David Chanteranne, commissaire de l’exposition, historien et historien de l’art, journaliste et éditeur.
Et David Chanteranne, d’observer : « Pourtant, comme il le rappellera lui-même lors de son dernier exil, les désillusions et les échecs auront été nombreux. Il confie notamment, au crépuscule de sa vie : « Quarante batailles seront effacées par Waterloo. » Mais il ajoute, lucide et sûr de sa postérité : « Ce qui restera éternellement, c’est le Code civil. « Aujourd’hui encore, deux cents de ses réformes demeurent et sont, pour une large part, à la base de notre société, véritables « masses de granit » sur lesquelles repose toute l’organisation de notre pays.
« La découverte des tableaux, dessins, objets, documents et chefs-d’œuvre ici réunis, provenant des collections les plus prestigieuses, et notamment de musées partenaires ou de particuliers passionnés, offrent un panorama complet des multiples facettes d’une personnalité hors du commun, qui n’a, depuis, jamais trouvé d’égal, du moins à la mesure de son travail, de son abnégation et de son incroyable destinée. « Napoléon ne disait-il pas, pour mieux s’en convaincre lui-même : « Quel roman que ma vie » ? », a conclu David Chanteranne.
La route Napoléon
« Après avoir été battu par une coalition formée d’armées russes, autrichiennes, prussiennes et anglaises, Napoléon est contraint à l’abdication à Fontainebleau, en avril 1814. »
« À partir du 4 mai suivant, exilé sur l’île d’Elbe, au large de la Corse et à proximité des côtes italiennes, il se contente de régner sur un petit territoire et profite de ces neuf mois pour engager de profondes réformes pour un royaume aux modestes dimensions. Mais des tentatives d’assassinat sur sa personne, le non-paiement de sa pension par Louis XVIII et surtout des risques d’éloignement envisagé par le congrès de Vienne (vers les Açores ou Sainte-Hélène), l’incitent à rentrer précipitamment en France le 26 février 1815. »
« Le retour est triomphal. Napoléon atteint les côtes par Golfe-Juan le 1er mars, gagne Grasse puis remonte l’ancienne route romaine qui le conduit à Castellane, Digne, Sisteron, Gap. Comme il l’a annoncé, « l’aigle volera de clocher en clocher, jusqu’aux tours de Notre-Dame ». Les étapes suivantes, notamment à Corps et La Mure, forment autant d’exploits pour une petite troupe d’un millier de soldats, progressivement accompagnée par des centaines de partisans enthousiastes. »
« Mais devant Laffrey, un régiment royaliste lui fait face. L’instant est décisif. Ceux qui l’ont servi et ont été ses anciens soldats oseront-ils tirer ? Se présentant à eux, Napoléon ouvre sa redingote et leur lance : « S’il en est un qui veuille tuer son Empereur, me voici ! » Après quelques secondes – une éternité –, les premiers mots résonnent : « Vive l’Empereur ! » Ce cri retentit et gagne vite les rangs. »
« C’est un soulagement ! Le passage devant Vizille et l’arrivée à Grenoble, le 7 mars 1815, ne sont plus qu’une formalité. La reprise du pouvoir est désormais possible. Napoléon proclame alors, confiant, aux habitants de la ville : « Jusqu’à Grenoble, j’étais aventurier ; à Grenoble, je suis redevenu prince ! »
« Mais trois mois seulement après avoir repris son trône des Tuileries, l’Empereur est défait à Waterloo. Ses derniers espoirs s’envolent… »
Napoléon au quotidien
« L’homme au bicorne, et à la mèche sur le front, vit de la même manière, qu’il soit en représentation ou en bivouac. Tel qu’il l’a toujours fait, en garnison et dans ses palais, et où qu’il se trouve en Europe – des Tuileries au Kremlin –, un immuable ordonnancement rythme son quotidien. À l’exemple de ses appartements, dont la succession des salons est toujours identique, il retrouve à chaque fois, où qu’il s’installe, vêtements, livres ou mobilier. »
« Entre 1799 et 1814, dès sa prise de pouvoir, Napoléon organise en effet autour de lui un ballet réglé au millimètre, et dont la domesticité connaît parfaitement les règles. À son bureau, les journées de travail épuisent ses conseillers et secrétaires. »
« Seule entorse et rare moment de pause, la cérémonie du couronnement consacre le retour aux anciennes formes esthétiques, alliance subtile où l’Antiquité et l’Ancien Régime retrouvent leurs accents d’antan. Vêtu d’un grand manteau de velours doublé d’hermine, couronné de lauriers d’or, Napoléon devient ce 2 décembre 1804 le successeur assumé de Charlemagne. »
« En souverain moderne aux goûts classiques, l’Empereur reprend alors les codes édictés par ses augustes prédécesseurs pour sa table et sa vie personnelle. Même si sa formation militaire ne l’a pas habitué à s’entourer de porcelaines fines et d’objets dorés, il favorise, une fois parvenu au pouvoir, la production des meilleures manufactures et transforme un artisanat qui redevient florissant après avoir été l’une des victimes des temps révolutionnaires. Assiettes de Sèvres, couverts en vermeil mais aussi théières à motifs floraux agrémentent ainsi sa vie dans des châteaux et demeures dont il a réactivé l’usage. Le style Empire, qui s’impose alors, constitue une période faste des arts décoratifs.
De la gloire à l’exil
« À partir de 1793, la Révolution se cherche un héros. Elle le trouve en la personne d’un jeune Corse élevé dans les meilleures écoles royales militaires. »
« Ayant gravi tous les échelons depuis 1779, de son école de Brienne à sa garnison de Valence, Bonaparte contribue à maintenir l’indépendance du territoire face aux monarchies absolues. »
« Lui-même proche du frère de Robespierre et s’affichant jacobin poursuit son engagement pour le compte du Directoire. Il parvient d’abord à reprendre en décembre 1793 la ville de Toulon, tombée aux mains des Anglais, puis à mettre un terme à une tentative de coup d’État monarchiste à Paris, en octobre 1795 (vendémiaire an IV, selon le calendrier républicain). »
« Il frappe surtout les esprits dans les plaines italiennes, d’Arcole à Rivoli, imposant un armistice aux Sardes puis aux Autrichiens, puis coupant la route des Indes aux Britanniques lors de l’expédition d’Égypte. Il étonne le monde par ses campagnes éclair et ses incroyables victoires, et parvient à s’emparer du pouvoir après le coup d’État de brumaire (novembre 1799). Cette fois, le général flamboyant est devenu Consul. »
« En 1800, il fait traverser les Alpes à ses troupes pour mieux surprendre les Autrichiens à Marengo. »
« Et tentant, en vain, de pacifier l’Europe, il s’engage dès 1805, couronné Empereur, dans de nombreuses campagnes, d’Austerlitz à Waterloo en passant par Iéna, Eylau, Friedland et Wagram, où le tacticien fait des miracles. »
« Mais à la différence des anciens rois, lui partage le quotidien de ses grognards. Il vit au milieu de ses hommes et se contente d’une simple tente, partageant même l’ordinaire des repas. Il y gagne une popularité jamais démentie depuis. »
« Travailleur acharné, il ne cesse, jusqu’en Espagne ou Russie, de s’informer des mouvements adverses, ses aides de camp devant suivre le rythme infernal qu’il s’impose mais son état-major ne parvenant pas toujours à prendre à la dictée ses fulgurantes volontés. »
« En quinze ans, il s’affirme comme le plus grand stratège des temps modernes, même si les troupes coalisées et son ambition dévorante auront raison de son art de la guerre. »
Les derniers jours de l’Empereur
« Une seconde abdication est inéluctable. Quatre jours après sa défaite dans la « morne plaine » de Belgique, Napoléon rend le pouvoir en faveur de son fi ls l’Aiglon le 22 juin 1815, dans le salon d’Argent du palais de l’Élysée. Il gagne ensuite Malmaison, puis Rochefort, avant de s’installer quelques jours à l’île d’Aix. »
« Contraint à l’exil par les Anglais, il monte à bord du navire le Bellérophon qui ne l’emporte finalement pas, avec quelques rares compagnons, vers les côtes britanniques mais, contre toute attente et après avoir été transbordé sur le Northumberland, à Sainte-Hélène. »
« Le lieu n’a pas été choisi au hasard. À 3 500 km des côtes africaines et à quelque 2 500 km du Brésil, l’île dépend, non de la Couronne, mais de la Compagnie des Indes, avec ses règles et ses propres lois. Comme le confirme donc un décret signé du 2 août 1815, Napoléon est cette fois prisonnier à part entière, surveillé par les commissaires des monarques européens qui l’ont battu. »
« Les premiers jours passés dans la modeste ville de Jamestown, puis dans le domaine luxuriant des Briars, lui font augurer un séjour heureux. Mais à partir de la fin décembre, on l’installe à Longwood. »
« La maison, qui peut accueillir une petite domesticité, a été construite sur un plateau balayé par les alizés. Les rats pullulent et l’humidité fait souffrir l’auguste locataire. Il se complaît désormais dans la lecture, sort de moins en moins et, placé sous une surveillance accrue, est désormais atteint par la mélancolie. »
« D’autant que les vexations que lui fait subir le gouverneur Hudson Lowe s’ajoutent à une grande solitude, peu compensée par le rare entourage où se signalent cependant le grand-maréchal Bertrand, les généraux Gourgaud et Montholon, ainsi que Las Cases, auxquels il dicte ses souvenirs. La bataille de la légende est engagée. »
« Mais les défections, les départs et la mort de quelques-uns de ses ultimes fidèles lui font comprendre que la fin est proche. Atteint par un mal inéluctable, souffrant atrocement et ayant juste le temps de dicter son testament, il s’éteint, dans son lit de campagne, le 5 mai 1821, à l’âge de cinquante et un ans, loin des siens et de son pays. »
« Son corps est inhumé sur l’île, dans la vallée du Géranium. Il faut attendre dix-neuf ans pour que la France soit enfin autorisée à venir rechercher sa dépouille, pour la ramener à Paris. Depuis le 15 décembre 1840, Napoléon repose donc, selon ses voeux, dans l’église du Dôme, aux Invalides, « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français [qu’il avait] tant aimé ».
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