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lundi 22 novembre 2021

Misha Defonseca et les loups. Deux enquêtes

Publié aux États-Unis en 1997, signé par 
Misha Defonseca, Misha: A Memoir of the Holocaust Years relate la survie d'une fillette juive grâce aux loups dans l'Europe sous domination nazie, durant la Deuxième Guerre mondiale. Un best-seller. En 2008, l'auteure reconnait avoir inventé cette histoire. Arte diffusera le 23 novembre 2021 « Misha et les loups » (Misha und die Wölfe), documentaire de Sam Hobkinson. 


Née en Belgique dans une famille de résistants arrêtés en 1941 par les Nazis, convertie au judaïsme, Misha Defonseca épouse un juif d'origine turque, Maurice Levy, et se remarie avec Maurice Defonseca, cadre chez Honeywell. Le  couple s'installe aux États-Unis en 1985. Sur les conseils de son époux, qui affirme ne rien savoir de son passé familial, la persuade de raconter son histoire de rescapée de la Shoah. Maurice Defonseca traduit en anglais son récit et Misha Defonseca donne des conférences aux Etats-Unis, tout en étudiant des livres sur le contexte historique.

« Misha et les loups »
Arte diffusera le 23 novembre 2021 « Misha et les loups » (Misha und die Wölfe), documentaire de Sam Hobkinson. 

« Dans un récit qui a fait sensation, Misha Defonseca disait avoir, enfant, traversé les forêts d’Europe pour retrouver ses parents déportés, survivant grâce à une meute de loups. Une enquête d’investigation historique, menée à la manière d’un thriller sur une histoire trop belle pour être vraie. » 

« C’est une histoire incroyable : lorsque, à la fin des années 1990, l’éditrice Jane Daniel entend Misha Defonseca la raconter sur les ondes d’une radio locale du Massachusetts, elle se souvient en avoir pleuré ». 

« Pétulante sexagénaire, Misha a attendu plus d’un demi-siècle avant de narrer l’épopée qu’elle dit avoir vécue pendant la Seconde Guerre mondiale ». 

Se présentant comme juive, « originaire de Bruxelles, elle a 7 ans lorsque ses parents sont arrêtés et déportés. Pour les retrouver, elle affirme avoir parcouru, seule et à pied, quelque 3 000 kilomètres vers l’Est à travers les forêts dans l’Europe occupée par les nazis, grâce à la protection d’une meute de loups ». 

« Au-delà de son émotion, Jane Daniel, propriétaire d’une petite maison d’édition, entrevoit aussi la possibilité d’un futur best-seller ». 

Elle convainc Misha Defonseca d'écrire, avec la francophone Vera Lee, ses mémoires. 

Avant la publication, l’historienne Deborah Dwork, historienne de la Shoah  Children With A Star: Jewish Youth in Nazi Europe (1991), The Terezin Album of Marianka Zadikow (2008), A Boy in Terezin: The Private Diary of Pavel Weiner April 1944 – April 1945 (2012) -, « Rose Professor » à l'Université Clark, et Lawrence L. Langer, universitaire spécialiste de la Shoah - The Holocaust and the Literary Imagination (1975), Holocaust Testimonies: The Ruins of Memory (1991) -, ont exprimé leurs doutes. 

Le livre bénéficie d'une jaquette avec les notes laudatives de l'universitaire, écrivain et Prix Nobel de la paix en 1986, Elie Wiesel, et de la présidente de la North American Wolf Foundation (Fondation nord-américaine pour le loup). Bien des années après, Elie Wiesel reconnaitra n'avoir pas lu ce livre et exprimera ses regrets pour cela.

« Sorti aux États-Unis en 1997, Misha: A Memoir of the Holocaust Years ne connaît pas d’abord l’engouement espéré, et s’écoule à moins de 6 000 exemplaires ». 

« En revanche, une vingtaine d’éditeurs européens", dont Robert Laffont (1997),  "en achètent la traduction ; et quand les studios Disney se déclarent intéressés pour porter le livre à l’écran, la machine médiatique commence à s’emballer ». Des professeurs recommandent la lecture du livre à leurs élèves. Mais le journaliste allemand Henryk Marcin Broder, après avoir rencontré Misha Defonseca, exprime dès 1996 dans Der Spiegel ses doutes quant à la véracité de son récit. 

« La vedette du talk-show américain Oprah Winfrey prépare une émission en direct avec Misha Defonseca. Mais, coup de théâtre, cette dernière décline l’invitation au dernier moment ». 

« Mécontente du montant de ses royalties, elle dénonce son contrat éditorial et porte l’affaire en justice ». Vera Lee se joint à cette procédure judiciaire.

«  Condamnée en 2001 à lui verser 22 millions de dollars, Jane Daniel est ruinée : "J’étais la méchante qui exploitait une pauvre rescapée de la Shoah", se souvient-elle ». Sous le choc, l’éditrice entreprend alors de faire vérifier le récit qu'elle a publié comme une autobiographie ».

« Peu de temps après la sortie du film, en 2007 (Survivre avec les loups, de la Française Véra Belmont" avec Mathilde Goffart, Yaël Abecassis, Guy Bedos, Michèle Bernier et Benno Fürmann), "elle rend publique une autre version de l’histoire... » 

Dès août 2007, Jane Daniel rend publics sur son blog des documents : "certificat de baptême, extrait d’acte de naissance, inscription à l’école, retrouvé par une généalogiste belge, Evelyne Haendel, dévoilant le faux". 

Le scandale éclate, relayé "par Serge Aroles, qui relève les invraisemblances du comportement prêté aux loups, et par Marc Metdepenningen, journaliste du quotidien belge Le Soir. Consulté par la personne de contact en Europe de Misha Defonseca, Maxime Steinberg, historien spécialiste de la Shoah, dénonce « le caractère entièrement fallacieux d'une entreprise de manipulation littéraire exploitant tous les fantasmes de la mémoire et de la crédulité. »

Le 28 février 2008,  Misha Defonseca avoue avoir menti : « Je demande pardon à tous ceux qui se sentent trahis, mais je les supplie de se mettre à la place d’une petite fille de quatre ans qui a tout perdu, qui doit survivre, qui plonge dans un abîme de solitude et de comprendre que je n’ai jamais rien voulu d’autre que de conjurer ma souffrance. » 

Dans sa tribune "Misha Defonseca et ses loups" publiée par Le Monde (15 mars 2008) et sous-titrée "Faire passer la fiction d'une enfance juive pendant la Shoah pour une histoire vraie a des conséquences. Certaines sont alarmantes", Karin Bernfeld, écrivain et actrice, docteure en sémiologie des textes et des images, a écrit :
"Cette jolie fable avait bénéficié d'une immense campagne publicitaire, et, reprenant avec succès le mythe de la louve nourricière qui séduit depuis Romulus et Rémus jusqu'à Kipling, avait attiré les foules... 
L'auteur, Misha, se défend : "Il m'est difficile de faire la différence entre ce qui a été la réalité et ce qu'a été mon univers intérieur." Mais des lecteurs se révoltent et lui en veulent d'avoir tant été touchés par cette histoire, alors que "tout était bidon". D'autres rétorquent que raconter c'est toujours inventer, qu'il y a toujours de l'imaginaire dans tout récit, que toute écriture est une réinvention. Chaque écrivain fait l'expérience de faits réels qu'il a transposés fidèlement, racontés avec précision dans un roman, des faits qui ne semblent alors "pas crédibles" au lecteur, Maupassant l'ayant dit bien avant : "Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable."
Cette affaire rappelle celle de Benjamin Wilkomirski, qui avait écrit des souvenirs fictifs de déportation. Dans ces deux cas, parce que cela touche à l'identité juive et à la Shoah, les colères sont décuplées. L'état civil, la véritable identité de naissance de Mischa, c'est Monique Dewael, un nom qu'elle semble abhorrer et ne veut tellement pas assumer qu'elle en a changé. Elle déclare : "Je m'appelle Monique Dewael, mais depuis que j'ai 4 ans je veux l'oublier." Elle s'invente donc une vie, et se dit juive ; on apprend qu'elle ne l'est pas, qu'elle a été baptisée. Ses parents auraient bien été déportés, mais en tant que résistants.
Tout se passe alors comme si, aujourd'hui, il n'y avait qu'une légitimité dans l'identité juive pour parler de la déportation, comme si seul un juif pouvait écrire sur le sujet pour toucher le plus grand nombre. Pourtant, L'Espèce humaine (Gallimard, 1979), de Robert Antelme, résistant, est un témoignage implacable. Mais sans doute il n'est pas le plus lu par le grand public.
La repentie Misha ajoute : "Depuis toujours, je me suis sentie juive", et elle écorche encore certains lecteurs, ceux qui le sont sans jamais l'avoir voulu et qui ne se "sentent" pas juifs, qui auraient peut-être bien souhaité se débarrasser de cette identité-là qu'on ne choisit pas la plupart du temps. Elle repose la véritable question de ce que c'est qu'être juif, et qui décide si on fait partie ou non d'une communauté, si le juif n'est défini que par le tiers, l'autre. Et si "la petite fille juive" c'est le symbole de la victime par excellence, peut-être était-ce une projection, une identification idéale ?
Déjà certains s'alarment des conséquences directes de ce mensonge qui servirait le négationnisme, puisque si celle-ci a pu inventer et faire croire à des millions de personnes que son récit était réel, on pourrait prétendre que tout est faux dans ce qui est écrit. Des enseignants, soucieux de ce devoir de mémoire au coeur des querelles actuelles dans l'éducation, avaient emmené leurs élèves voir le film adapté du livre de Misha, le cinéma et l'image trahissant encore davantage la véritable Histoire qu'il faudrait réhabiliter.
Et les débats d'être bientôt relancés sur "oui ou non peut-on écrire de la fiction sur la Shoah ?", Lanzmann contre Spielberg et Benigni, Anne Frank, Primo Levi contre la fausse histoire de Martin Gray... D'autres s'indignent de l'aspect commercial des témoignages, affirment que c'est justement le label histoire vraie qui a fait vendre ce livre et ce film. Peut-être. Mais on peut vendre le vrai à condition que l'histoire soit... très romanesque."
En 2010, la Cour du Massachusetts infirme le jugement ayant condamné l'éditrice. Si Misha Defonseca est déboutée de ses demandes, Vera Lee reçoit les 10 millions de dollars stipulés dans le contrat - le tribunal a considéré que la co-auteure ignorait tout des affabulations de Misha Defonseca.

Le 29 avril 2014, "le juge Marc Kantrowitz a définitivement coupé court aux procédures, rapporte l'Associated Press. Le dernier chapitre de cette grande affabulation s'arrête. Pour lui, ce sera « le troisième et j'espère le dernier » avis sur la question. Et il condamne l'auteure à rembourser les sommes qu'elle a perçues. Un remboursement qui intervient 17 années plus tard".

« Comment est-on passé de l’aventure exceptionnelle d’une enfant juive prise dans la tourmente de la Shoah, racontée à l’écrit, puis au cinéma, à la stupéfiante révélation d’une supercherie commise par une femme meurtrie par son histoire familiale ? » Dans sa jeunesse, elle avait été surnommée la "fille du traître".

« Décortiquant les étapes de l’affaire, de sa genèse à la publication de preuves infirmant les allégations de Misha Defonseca, née Monique De Wael en 1937 dans une famille catholique, ce documentaire réunit l'essentiel de ses protagonistes, à l’exception de la principale intéressée ». 

« Amie proche, généalogiste, spécialiste des loups, enseignante psychologue, journaliste, historiens... : ceux qui ont voulu croire comme ceux qui ont douté éclairent de leurs témoignages cette passionnante enquête d’investigation historique, menée à la manière d’un thriller, qui interroge à la fois les résonances des traumas de l’enfance et notre crédulité face à la manipulation. »



« Survivre avec les loups – la véritable histoire de Misha Defonseca »
En 2011, XO Editions publie « Survivre avec les loups – la véritable histoire de Misha Defonseca » de Lionel Duroy, ancien journaliste à Libération. « Les lecteurs se sont passionnés pour l’histoire de Misha Defonseca, cette petite fille qui traverse l’Europe en guerre à la recherche de ses parents.  Après le succès, l’opprobre, quand les faits relatés se sont révélés faux… Pas de survie grâce aux loups, pas de voyage… Et pourtant…Que se passe-t-il dans l’esprit d’un enfant que le réel traumatise ?  Pourquoi cette femme devenue adulte va-t-elle finalement choisir la mythomanie ? Au terme d’une enquête étonnante, c’est la véritable enfance de Misha que raconte Lionel Duroy et cette fois, la réalité va dépasser la fiction… »

 INTERVIEW DE LIONEL DUROY

« Comment est née l’idée de ce livre ?
Je me trouvais par hasard dans le bureau de Bernard Fixot quand il a appris que Survivre avec les loups était un récit mensonger. J’ai aussitôt pensé que si Misha Defonseca avait inventé cette fable c’était pour cacher un secret inavouable, en tout cas trop lourd à porter. On n’invente pas un récit mettant en scène la disparition de ses parents en 1941 pour le seul plaisir, comme l’ont écrit certains commentateurs, de faire un coup et de gagner de l’argent. Le Soir de Bruxelles laissait d’ailleurs entendre que le père de Misha (Monique de Wael de son vrai nom) aurait travaillé pour les Allemands après avoir été arrêté comme résistant. « Si tu es d’accord, ai-je proposé à Bernard Fixot, je veux bien mener cette enquête et écrire le livre qui révélera la véritable histoire de cette femme. » Depuis mon premier roman, Priez pour nous, en 1990, jusqu’à l’écriture du Chagrin en 2010, je n’ai jamais cessé de traiter ce thème de l’héritage idéologique et de m’interroger sur la façon dont les enfants se construisent dans l’opposition à des idées, ou des comportements insupportables de leurs parents. Bernard Fixot m’a donné son accord et, trois jours plus tard, je me suis envolé pour les Etats-Unis rencontrer Misha Defonseca que je ne connaissais pas.
À partir de là, comment s’est déroulée votre enquête ?
J’ai découvert une femme complètement perdue – elle avait songé à se suicider dans la nuit qui avait suivi l’annonce par Le Soir que son récit était mensonger – mais soucieuse de m’aider. Elle m’avait indiqué au téléphone avoir des lettres de son père qu’elle n’avait jamais lues, m’avait-elle dit, et qu’elle espérait retrouver parmi les affaires accumulées dans le sous-sol de sa maison. Ce sont ces lettres qu’elle m’a déposées sous les yeux à mon arrivée chez elle.
Une trentaine de lettres, écrites depuis sa prison par son père, Robert De Wael, entre septembre 1941 et janvier 1942. Il nous a fallu plusieurs jours pour déchiffrer à la loupe ces mots rédigés parfois sur l’envers d’un paquet de cigarettes avec un reste de crayon. Officier de réserve engagé dans la Résistance, et bientôt arrêté, Robert de Wael y exprime son désespoir d’être responsable de l’arrestation de sa femme et du chagrin dans lequel, par sa faute, leur petite fille, Monique, alors âgée de 4 ans, se trouve précipitée.
Puis Misha-Monique m’a raconté comment, recueillie par ses grands-parents après la « disparition » de ses parents, elle s’était inventée un monde réconfortant de peluches et d’animaux domestiques. Quand ses grands-parents sont morts, la laissant seule au monde à 16 ans, personne n’avait encore osé lui dire qu’elle ne reverrait jamais ses parents, de sorte qu’elle a continué à espérer leur retour pendant des années. C’est moi qui lui ai appris, à la fin de mon enquête, que sa mère était morte à Ravensbrück, gazée, le 4 mars 1945, et son père à Sonnenburg, en mars 1944.
Comment l’avez-vous découvert ?
Après les Etats-Unis, je me suis installé à Bruxelles où j’ai pu accéder aux archives militaires et reconstituer le destin effrayant de ses parents. C’est au fil de ce long travail que me sont apparus les premiers indices de la trahison de Robert De Wael. Toutes les pièces que je découvrais renvoyaient à un dossier à charge ouvert par la justice militaire belge dès 1944 et conservé depuis à l’Auditorat militaire. Après de multiples démarches, il m’a été indiqué que seuls les ayants droits de Robert De Wael pouvaient accéder à ce dossier. Je suis donc retourné aux Etats-Unis demander à Misha si elle voulait bien me donner une procuration pour consulter ces pièces fondamentales en son nom. Elle a accepté, ne me cachant pas qu’elle espérait que je découvrirais dans ce dossier les preuves de l’innocence de son père. J’ai malheureusement trouvé tout le contraire : des témoignages accablants que je publie dans mon livre et qui auraient sûrement valu à Robert De Wael d’être condamné à mort s’il était rentré de captivité.
Comment Misha a-t-elle reçu ces informations ?
Très douloureusement. Avant de retourner aux Etats-Unis lui montrer toutes les pièces, j’avais pris soin de consulter Boris Cyrulnik pour lui demander conseil et trouver les mots justes. Il n’empêche que j’ai vu cette femme se décomposer et qu’il était impossible de ne pas être touché par sa souffrance.
Selon vous, pourquoi a-t-elle éprouvé le besoin de se faire passer pour juive et d’inventer cette traversée de l’Europe en compagnie des loups ?
C’est Boris Cyrulnik qui m’a aidé à le comprendre. Je reprends ses mots : « Quand le réel est fou, qu’il n’y a plus ni papa ni maman, ni le bien ni le mal, que le père qu’on admirait devient soudain un objet de honte, un enfant se réfugie dans la mythomanie, dans la fable. Ca a sans doute été la sauvegarde de Misha, car elle a eu, grâce à ce récit, un peu de beauté dans sa vie ». Mon sentiment, et Misha ne le nie pas, est qu’elle a entendu, enfant, certaines accusations terribles contre son père qui, plus tard, l’ont amenée à vouloir fuir son nom et son pays pour tenter de se faire admettre parmi les victimes « honorables » de cette guerre épouvantable : les juifs. La communauté juive a été son refuge, sa famille d’adoption, le lieu où elle a enfin pu trouver un peu d’amour et de compassion.
Comment va-t-elle aujourd’hui ?
Je viens de passer une semaine avec elle et Maurice, son mari. Je n’avancerais pas qu’elle a surmonté l’épreuve, mais en l’espace de trois ans elle a fait un travail considérable. Je l’ai trouvée apaisée, évoquant ce drame avec des mots douloureux, mais réconciliée avec son histoire. Un signe qui ne trompe pas : elle a accroché dans son bureau les photos de ses deux parents avec un chapelet suspendu aux cadres. »


« Misha et les loups » de Sam Hobkinson
Royaume-Uni, 2020, 1 h 27
Coproduction : ZDF/ARTE, Arts Alliance Productions, MetFilm, Bright Yellow Films, BBC Storyville, Vpro, Las Belgas, Take Five, APT Films 
Sur Arte le 23 novembre 2021 à 22 h 15
Sur arte.tv du 22/11/2021 au 20/02/2022
Visuels : © Misha‘s Story Ltd 2021

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