Arte diffusera le 19 juin 2021, dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie (18-20 juin 2021), « Narbonne, la seconde Rome » (Narbonne. Das zweite Rom) d’Alain Tixier. « Narbonne fut l’une des plus grandes métropoles de l’Empire romain en Gaule. Les récentes découvertes et avancées scientifiques renseignent sur le rôle crucial de cette cité florissante qu’on surnomma justement "la seconde Rome".
« Colonisée au Ier siècle avant J.-C., la gallo-romaine Narbo Martius, dans l’Aude, était la capitale d'une vaste province d’Occitanie, la Narbonnaise ».
« Sa proximité avec la Méditerranée, via le canal de la Robine, en a fait l’une des plus importantes plaques tournantes du commerce maritime entre Rome et ses colonies, au point qu’elle fut surnommée "la seconde Rome".
« À la différence d’Arles et de Nîmes, pourtant de moindre importance, cette présence a laissé peu de traces en surface ».
« Mais depuis une vingtaine d'années, des fouilles entreprises dans le sous-sol et les environs de la cité ont permis d’exhumer les vestiges d'un capitole aux dimensions monumentales, d'un amphithéâtre et d'entrepôts souterrains ».
« En 2019, la découverte à sa périphérie d'une immense nécropole romaine mobilise l’équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national des recherches archéologiques préventives) que dirige Valérie Bel. »
« L'étude des 1 500 tombes qu’elle renferme permet de documenter l'histoire des habitants, leur origine, mais aussi leurs coutumes et leurs activités. »
« Dans le même temps, d'autres chantiers ont révélé les vestiges de quartiers d'habitation, d’exploitations viticoles, de vastes installations portuaires sur le site de Port-la-Nautique, ainsi que d’une luxueuse villa impériale. »
« À quoi ressemblait Narbonne au temps de la colonisation romaine ? »
« Suivant sur le terrain des équipes de l’Inrap, ce documentaire, étayé d’éclairages d’historiens et de reconstitutions en images de synthèse, fait resurgir l’histoire méconnue d’une métropole antique florissante qui a rayonné pendant plus de trois siècles sur le monde méditerranéen. »
« Narbonne n'en finit pas de livrer les vestiges de son fastueux passé romain, telle cette immense nécropole découverte en 2019. Entretien avec l'archéologue Valérie Bel*, responsable de la fouille, fil rouge d'un documentaire éclairant. Par Raphaël Badache ».
« Pouvez-vous contextualiser l'histoire de ce site, localisé sur un terrain vague dans la périphérie sud de Narbonne ?
Valérie Bel : Il s'agit d'une nécropole située au carrefour de deux voies qui conduisaient au port de Narbonne, l'un des plus importants de la Méditerranée sous l'Empire romain. Par sa position géographique, la ville, centrale dans le trafic maritime, fut la première colonie romaine en Gaule, devenant ainsi une métropole florissante, avec une population principalement italienne, et marquée aussi par un brassage important. On en trouve la trace dans la nécropole, avec ses vestiges d'amphores venant d'Espagne, de Méditerranée orientale, de Grèce, d'Italie…
Ce site est présenté comme la plus importante nécropole antique fouillée en France...
Avec 2 000 mètres carrés, il déploie une ampleur hors norme. C'est un véritable quartier funéraire que nous avons pu étudier jusqu'en novembre [un rapport sera rendu en 2022, NDLR]. Près de cinquante personnes y ont travaillé, durant quatorze mois, ce qui est très rare pour une fouille préventive. Nous avons fouillé 1 650 structures funéraires, datées du Ier au IIIe siècle de notre ère, dans un état de conservation exceptionnel, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui considéré comme un site de référence pour l'étude des pratiques funéraires antiques.
Avez-vous déjà pu en tirer des enseignements ?
Le site a fourni une quantité phénoménale d'informations, que seules des générations de chercheurs pourront digérer. Sa remarquable conservation permet d'observer comme rarement les structures funéraires, par exemple ces conduits à libation, des dispositifs destinés à garder le contact avec les morts, notamment en versant du vin à l'intérieur de la tombe depuis la surface. Nombre de traces de gestes funéraires et de pratiques se rapportant à la mémoire ont été mis au jour : des coquillages, des salles à manger où la famille se réunissait en l'honneur du défunt, des puits dédiés aux rites alimentaires, des objets personnels, notamment dans les tombes d'enfants… Nous avons réalisé également la complexité et la précision de l'organisation d'un espace funéraire romain, car ces nécropoles constituaient alors de véritables lieux de vie et d’activité. Les Narbonnais de l’époque ne cessaient de construire, de réaménager, de partager des repas... Par ailleurs, ce site témoigne des évolutions de la nécropole dans le temps. Et cela aussi, c'est fabuleux.
* Valérie Bel dirige sur cette fouille une équipe de l'INRAP, l'Institut national de recherche d'archéologie préventive. »
« Narbonne, la seconde Rome » d’Alain Tixier
France, 2021
Sur Arte le 19 juin 2021 à 20 h 50
Disponible du 12/06/2021 au 17/08/2021
Visuels:
Vestiges provenant des fouilles archéologiques entreprises par l' INRAP
Vestiges de peinture murale, Narbonne
Fouilles archéologiques à Narbonne
Restitution en 3D de la ville de Narbonne
Restitution du port de Narbonne
© MC4
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