Citations

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mardi 1 juin 2021

Marc Ferro (1924-2021)

Marc Ferro (1924-2021) est un résistant du maquis du Vercors et un historien français, pionnier dans l'analyse de films, dont la mère était juive. Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, (EHESS), codirecteur de la célèbre revue Les Annales. Histoire, Sciences sociales, il était un expert de la Russie, de l'URSS et de l'histoire du cinéma. Arte diffuse sur son site Internet « Marc Ferro, la passion de l'histoire » (Marc Ferro - Die Geschichte seines Lebens) de Michel Vuillermet.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Marc Roger Ferro est né en 1924 à Paris. Né à Corfou (Grèce), son père, Jacques Ferro (1887-1929) est un agent de change italo-grec. Née en 1897 à Novohrad-Volynskyï, alors en Russie, aujourd'hui en Ukraine, sa mère, Netty Firman ou Oudia Fridmann, est première modéliste dans la maison de haute couture Worth. 

Veuve en 1930, la mère de Marc Ferro se remarie.

Elève au lycée Carnot (Paris), Marc Ferro est visé par le statut des Juifs émis par le régime de Vichy. Son professeur de philosophie, Maurice Merleau-Ponty, conseille à ses élèves juifs, dont Marc Ferro, de rejoindre rapidement la zone libre. Marc Ferro se rend à Grenoble. Internée à la caserne des Tourelles à Paris, puis déportée, par le convoi n° 55 du 23 juin 1943, de Drancy vers le camp nazi d'Auschwitz (Pologne), sa mère est tuée le 28 juin 1943. "Je ne l'ai jamais revue, bien entendu, racontait-il sur France Culture. Mais il ne me venait pas à l'idée, et il ne venait à l'idée de personne, qu'elle ne reviendrait pas. En ce sens qu'on n'avait jamais vu ce que l'on a appris après. La preuve, c'est qu'à la Libération, j'ai été l'attendre à l'hôtel Lutétia, comme tous ceux qui avaient perdu leurs parents. Je regardais sur les listes ceux qui allaient arriver, ceux qui n'étaient pas là", a-t-il confié.

A la faculté de Grenoble, Marc Ferro se concentre sur la préparation du certificat d'histoire-géographie. 

En 1944, ce vingtenaire risque d'être réquisitionné par le Service du travail obligatoire (STO). Une amie juive communiste, Annie Kriegel dirige un réseau de résistants grenoblois. Elle engage ce germanophone dont la mission consiste à identifier d'éventuelles cibles au sein des soldats allemands postés aux portes de la ville. Après l'arrestation d'une partie du réseau, Marc Ferro, dès juillet 1944, rejoint les résistants dans le maquis du Vercors. 

Sachant lire les cartes d'état-major, il pointe "sur les cartes les mouvements des forces en présence". Il transmet aussi les ordres du lieutenant-colonel François Huet, alias Hervieux, commandant la défense du Vercors. Peu après, l'armée allemande prend d’assaut le massif du Vercors pour détruire ce maquis. Marc Ferro assure les ravitaillements. Le réseau se disperse. Marc Ferro revient à Grenoble. Il contribue à la libération de Lyon le 3 septembre 1944.

Il reprend ses études et devient professeur d'histoire.

En 1948, il se marie avec Yvonne France Blondel (1920-2021) à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime).

Expert de la Russie devenue Union soviétique, « spécialiste de l’histoire du XXe siècle, Marc Ferro a été à la fois témoin et historien de son époque », notamment quand il enseigne en Algérie. 

« Passionné de cinéma, il était convaincu de l’importance des images comme source historique ». "J'ai vu qu'il y avait deux histoires : une que les images révélaient, une autre que les textes indiquaient, et qu'il fallait les confronter, les croiser. Alors à partir de ce moment-là, ça a démarré en flèche et je ne me suis plus intéressé qu'aux images pour les comparer aux textes. (...) Après avoir étudié les images d'actualité, documentaires... j'ai regardé des films de fiction, ils m'apprenaient beaucoup sur la société. C'est-à-dire qu'ils m'apprenaient autre chose. Un peu comme les romans au XIXe siècle apprenaient sur la société française, les films apprennent sur la société du XXe siècle", a expliqué Marc Ferro

"L'historien doit être autonome des idéologies et des pouvoirs, tout en les connaissant, tout en ayant ses propres opinions, pour alerter le public, c'est son rôle, sur la réalité des faits face au trucage des hommes qui nous dirigent", a déclaré Marc Ferro en 2006 sur France Culture. 

« Marc Ferro s’est éteint le 21 avril 2021 ».

« À la naissance d’ARTE, Marc Ferro a accompagné, avec une constante pertinence, l’ambition de la chaîne à revisiter l’histoire ». 

« Créée en 1989 et diffusée jusqu’en 2001, d’abord sur La Sept, puis sur ARTE, l’émission hebdomadaire Histoire parallèle, réalisée par Didier Deleskiewicz, animée par Marc Ferro et conçue par Louisette Neil, est ainsi restée fidèle à son principe : diffuser les actualités hebdomadaires projetées dans les salles de cinéma cinquante ans plus tôt, en confrontant les regards de différents pays ». 

« De 1989 à 1995, Histoire parallèle a suivi les événements de la guerre de 1939-1945 à travers les actualités des deux camps opposés ». 

« Délaissant ensuite ce fil conducteur, l’humaniste passionné et lucide qu’était Marc Ferro et ses invités ont analysé et commenté l’actualité entourant les grands événements de l’après-guerre, la guerre froide et la décolonisation ». 

« Chaque semaine, celui qui fut le premier à considérer les images animées comme des documents historiques, s’entretenait avec des invités – historiens, témoins, personnalités politiques, journalistes –, afin de croiser les regards et de décrypter l’histoire pour, aussi, la mettre en miroir avec l’actualité récente. »

« Rendre hommage à Marc Ferro est une évidence. Figure majeure de la pensée, cet esprit exigeant et iconoclaste a proposé, de 1989 à 2001 Histoire parallèle sur la Sept puis sur ARTE. Cette émission emblématique, pionnière dans l’analyse et le traitement des archives à la télévision, était porteuse des valeurs communes qui liaient l’historien à la chaîne : l’esprit critique et la nécessité d’ébranler les certitudes », a déclaré Bruno Patino, président d'ARTE.

« ARTE a rendu hommage à l’un de ses premiers visages, à celui qui a fait partie de l’histoire de la chaîne, avec une nuit spéciale jeudi 27 mai à partir de 0.40 » composée d'émissions visibles sur le site de la chaîne franco-allemande.

« ARTE propose une sélection des "Carnets d'Histoire Parallèle". À partir de l’émission phare Histoire parallèle, ces “Carnets” proposent de retrouver les moments forts des entretiens entre Marc Ferro et ses invités ». Parmi ces numéros : 

"1946-1948, la Palestine déchirée" (26 min). "En 1948, l’ONU vote la création de l’État d’Israël. En 1996, Marc Ferro s’entretenait de cette période décisive avec Claude Cheysson, ancien ministre des Affaires étrangères" et anti-israélien, "l’éditorialiste Jacques Derogy et l’historien Maurice Kriegel".

"Le procès de Nuremberg" réalisé par Didier Deleskiewicz (27 min). "Marc Ferro évoque le procès de Nuremberg avec l’historien Klaus Wenger et l’ex-ministre français de la Justice, Robert Badinter. En 1946, les alliés vainqueurs entendent juger les criminels de guerre allemands. C’est à Nuremberg, berceau du nazisme, que siège le tribunal qui devra se prononcer sur la culpabilité de vingt-quatre d’entre eux. C’est aussi là qu’apparaît pour la première fois la notion de crime contre l’humanité."

Autres sujets : 
Héros de la Résistance (26 min)
Paris et Varsovie, les insurrections de 1944 (26 min)
La bombe atomique (27 min)
Pétain : l'histoire a-t-elle jugé ? (26 min)
La guerre d'Indochine a commencé (26 min)
Les années Gorbatchev (26 min)
Gerhard Schröder et la social-démocratie (26 min)


"Le procès de Nuremberg" de Didier Deleskiewicz
France, 2003

« Marc Ferro, la passion de l'histoire » de Michel Vuillermet 
France, 1999, 43 min
Auteur : Ilios Yannakakis
Sur Arte le 28 mai 2021 à 00 h 40
Disponible du 27/04/2021 au 21/05/2022

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