Des séries judiciaires/juridiques télévisuelles (TV legal dramas) américaines ont familiarisé les téléspectateurs français avec le fonctionnement de cabinets d'avocats et le système juridique outre-Atlantique. La série française "Dix pour cent" montre, avec des vedettes jouant sur l'auto-dérision, l'activité d'une célèbre agence artistique de comédiens.
Voici l'ère de séries sur le cabinet d'un psychanalyste accueillant des personnes issus de milieux divers. Ce qui offre des angles divers pour aborder des sujets variés.
« Portée par des interprètes au sommet, “En Thérapie” est l’adaptation par Éric Toledano et Olivier Nakache de la série israélienne “BeTipul” ( « En thérapie », en hébreu).La série israélienne a été créée par Hagai Levi, Nir Bergman et Ori Sivan. Elle a été diffusée du 28 août 2005 au 6 mars 2008 sur la chaîne Hot 3.
"Le succès est retentissant. En Israël, le tarif élevé de 100 $ la séance appliqué par le personnage principal incite tous les psys du pays à augmenter leurs prix. Les patients eux, réclament à leur thérapeute de se montrer aussi compréhensif que celui de la série. Dès la deuxième ou troisième semaine de diffusion, en saison 1, Hagai Levi commence à recevoir des coups de fil de l'étranger pour lui faire part d'envies de remakes."
La série israélienne a connu un succès mondial en étant adaptée en Argentine, aux États-Unis - "In Treatment" a reçu deux Emmy Awards et un Golden Globe pour les acteurs Diane West et Gabriel Byrne -, en France, en Italie, en République tchèque, en Pologne, au Canada, au Japon, au Portugal, en Russie, au Brésil, etc.
Arte diffusa du 4 février au 25 mars 2021 à 20 h 55 « En Thérapie » d'Éric Toledano et d'Olivier Nakache.
« Paris, automne 2015. Philippe Dayan (Frédéric Pierrot) reçoit chaque semaine dans son cabinet à deux pas de la place de la République, une chirurgienne en plein désarroi amoureux (Mélanie Thierry), un couple en crise (Clémence Poésy et Pio Marmaï), une ado aux tendances suicidaires (Céleste Brunnquell) et un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan (Reda Kateb). »
« Sept personnages en quête d'eux-mêmes »
Comment a émergé l’idée d’une adaptation française de la série israélienne Betipul ?
Olivier Nakache : C’est la productrice Yaël Fogiel qui nous l’a suggérée. On s’est rencontrés il y a plusieurs années et dans une de nos conversations, on a évoqué cette série, Betipul, qu’on avait vue quelque temps auparavant et qu’on trouvait puissante et intelligente. Nous pensions qu’une adaptation de cette série si originale aurait sa place en France, grande terre de psychanalyse.
Éric Toledano : Nous n’étions pas très attirés par le format de la série. Nous avions la chance de nous exprimer pleinement avec chacun de nos films. Mais l’idée a pris une autre forme après le traumatisme des attentats de 2015. Nous avions tous un besoin partagé de dialogue et d’écoute. Dans ce contexte, le projet prenait un tout autre sens, il devenait presque une nécessité.
Les contraintes du dispositif ne vous faisaient pas peur ?
O. N. : Bien sûr que si, mais ce sont précisément elles qui nous motivaient. On avait besoin de ce moteur pour essayer d’apporter quelque chose à la série originale. Chaque épisode est un tour de force ! Il faut parvenir à maintenir la tension et donner du relief avec des ingrédients simples : un décor, deux ou trois acteurs.
É. T. : La contrainte était passionnante. La forme de la série est en fait très adaptée à la psychanalyse. Chaque épisode est un champ-contrechamp, un face-à-face qui prend le temps entre deux points de vue. Une autre temporalité s’installe, la parole acquiert une nouvelle valeur. Les personnages évoquent parfois des choses qu’il est impossible de montrer… Quand Adel (Reda Kateb) raconte son entrée dans le Bataclan, c’est par les mots qu’il nous fait vivre la scène. C’est comme un cinéma intérieur que le spectateur est amené à explorer.
Comment la fabrication de la série s’est-elle élaborée ?
É. T. : Nous avons d’abord discuté des grandes lignes, mais la majeure partie du travail d’adaptation a été assurée par Vincent Poymiro et David Elkaïm, épaulés par différents scénaristes selon les personnages. Ensuite, nous nous sommes concentrés sur le travail de casting. Il est évident que sur une telle série le choix des acteurs est fondamental…
O. N. : Nous aimons le travail en équipe, on a déjà l’habitude de travailler à deux. Là, c’était l’occasion d’aller encore plus loin dans notre sens du collectif, avec les productrices des Films du Poisson, les différents scénaristes et réalisateurs. Mathieu Vadepied, Pierre Salvadori, Nicolas Pariser n’avaient encore jamais tourné de série. Ils avaient toute liberté dans la manière de se fondre dans le cadre, et chacun a pu y apporter sa touche personnelle.
Qui aviez-vous en tête pour incarner le psychanalyste ?
O. N. : On a tâtonné quelque temps, mais très vite nous avons pensé à Frédéric Pierrot. Nous venions de le rencontrer sur le tournage d’Hors normes. C’est un acteur qui a une voix profonde, une bienveillance naturelle, un vrai charisme et une qualité d’écoute hors du commun. Le défi était immense car les quatre mois de tournage demandaient une puissante concentration de tous les instants.
É. T. : Nous sommes particulièrement fiers de "la photo de classe" qui s’est composée autour de lui ! On a tourné chaque histoire dans l’ordre de la narration. Les comédiens pouvaient ainsi vivre un parcours, comme les patients qu’ils interprétaient. Il fallait qu’ils puissent aussi se laisser emporter, se sentir libres afin de dépasser le texte. C’est la première fois que nous tournions des prises aussi longues ! L’essentiel de notre travail a consisté à accompagner les acteurs dans leurs émotions et à tenter de faire surgir des moments de vérité.
Vouliez-vous faire une série qui donne envie de parler, d’écouter ?
É. T. : On vit dans une époque qui valorise principalement l’instant, perpétuellement renouvelé, sans place pour s’arrêter, analyser. Nous éprouvons le besoin de détendre le temps.
O. N. : De ce point de vue, le minimalisme d’En thérapie est à contre-courant. La série transmet sûrement cette idée, il faut savoir s’écouter et verbaliser.
É. T. : En thérapie montre aussi que la psychanalyse s’adresse à tout le monde. Elle démonte certains mécanismes, pour mieux les faire comprendre. Je crois sincèrement qu’aller à la rencontre de ces personnages peut nous éclairer sur nous-mêmes. Mais nous ne faisons pas une ode aux psychanalystes ! Au contraire, en tentant de dénouer les nœuds de ses patients, on voit le docteur Dayan traverser une crise profonde. Il n’y a aucune certitude : c’est ce que raconte En thérapie en dévoilant les êtres sous des angles divers, loin de tout manichéisme. »
« Une adaptation Par David Elkaïm et Vincent Poymiro »
(Ainsi soient-ils)
« Notre travail doit énormément à la forme inventée par Hagai Levi, qui est un chef d’oeuvre de conceptualisation narrative.
Hagai est un des très rares auteurs qui a inventé une forme sérielle originale. Chez lui, l’unité de base du récit, c’est l’épisode, mais c’est aussi la semaine, c’est-à-dire le « cycle » de cinq épisodes suivant cinq patients en séance du lundi au vendredi. Ainsi, dans notre « réinvention », on peut dire qu’il y a 35 épisodes ou plutôt 7x5 épisodes !
Cette façon de raconter l’histoire était pour nous au cœur du projet. Mais le respect de cette forme impliquait aussi l’usage pour laquelle Hagai l’avait inventée : un outil pour « attraper » des morceaux de la réalité psychique, émotionnelle, charnelle vécue dans la société israélienne au moment où il écrivait. Pour respecter l’esprit du travail de Hagai il nous fallait donc réinventer ce que raconte la série originale.
Lorsque, courant 2016, Eric Toledano, Olivier Nakache, Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez nous ont parlé d’une adaptation éventuelle de Betipul, nous sommes tous tombés d’accord que cela ne valait la peine que si nous abordions les événements que la société française vivait à ce moment-là.
Donc, entre autres, le trauma collectif que nous avions vécus en novembre de l’année précédente. L’idée s’est finalement présentée à notre esprit, toute armée : le cabinet du psy se trouverait à deux pas du Bataclan, et la série commencerait quelques jours après les attentats.
À la table d’un café près de la République, nous avons affirmé abruptement à nos futures productrices que nous ne voyions pas qui d’autre que nous pouvait écrire cette série.
Yaël et Laetitia ont dû nous trouver très présomptueux. Mais le sens de cette affirmation était que nous ne pouvions nous permettre de refuser ce rendez-vous entre la série de Hagai et la blessure encore à vif qu’avaient provoquée en nous les attentats. Nous avions besoin, intimement, d’en parler et l’invention prodigieusement accueillante de Hagai rendait cela soudainement possible. Se raconter l’histoire pour tenter de guérir tous ensemble.
À partir de là, nous avons passé du temps à polir la forme, à penser les personnages pour qu’ils soient totalement subjectifs et singuliers, et en même temps qu’ils puissent être le canal affectif par où nos émotions à tous puissent passer, couler, se libérer. Nous avons eu de longs échanges avec Eric et Olivier, puis avec l’Unité Fiction d’ARTE France.
Avec Hagai aussi, qui nous a encouragé à être le plus singuliers possible et à nous éloigner autant que nécessaire de son travail. Mais nous ne voulions surtout pas risquer de bouger ce qui n’avait pas besoin de l’être dans la série originale. Seulement ce qui devait l’être pour que la dimension spécifique de notre histoire passe.
Le personnage le plus emblématique de cette nouvelle réalité était évidemment Adel Chibane, le policier de la BRI entré au Bataclan. Il lui est revenu de porter beaucoup, et plus que son histoire singulière – une portion de l’histoire de son pays d’origine, l’Algérie, et de notre pays, la France, qui n’a pas encore été assez racontée, et reste en souffrance.
Esther, la psy contrôleuse, devait aussi trouver son style lié notamment à l’histoire spécifique de la psychanalyse en France. C’est enfin Dayan, le psy, qu’il fallait réinventer, pas seulement pour des raisons de pratique analytique, mais parce que c’est lui qui porte au maximum le conflit dans la série. C’est à travers sa subjectivité que le spectateur vit la crise d’identité provoquée par les attentats. C’est lui qui se demande si le monde n’a pas basculé, du jour au lendemain, dans la guerre de tous contre tous, et qui tente d’échapper à ce cauchemar. Il est la grande caisse de résonnance émotionnelle du récit. Il fallait donc un personnage à la mesure de ce défi…
Après une longue période de maturation, tout est allé très vite : la faisabilité du projet, une fois le feu vert donné, passait par un tournage rapide. Nous avons donc réuni une équipe d’écriture extrêmement motivée et engagée, pour se pencher sur certains des patients : Alexandre Manneville (Ariane), Pauline Guéna (Chibane) et Nacim Methar (Camille). Tous trois nous ont aidé à prendre soin de ces protagonistes en crise, et à les accompagner jusqu’au bout de leur parcours. Alexandre a, de plus, assumé la tâche délicate d’assurer l’interface entre la salle d’écriture et le plateau de tournage.
Car, une fois que nous avons eu fini ce voyage dans le récit et les personnages, nous avons passé le relais à d’autres, à qui était impartie la tâche essentielle de poursuivre la course, au plateau, derrière la caméra, en salle de montage… jusqu’aux spectateurs vers qui tous nos efforts sont collectivement tendus. »
« Aux côtés d’ Eric Toledano et Olivier Nakache qui ont réalisé la majeure partie des épisodes centrés sur Ariane et Adel, les réalisateurs Mathieu Vadepied, Pierre Salvadori et Nicolas Pariser se partagent la mise en scène d’En Thérapie. »
Mathieu Vadepied (La vie en grand), directeur artistique de la série et notamment réalisateur des épisodes « Esther »
Un réalisme stylisé « Pour définir la direction artistique d’En Thérapie, j’ai commencé par en interroger le sens. Que voulions-nous apporter à cette série déjà multi adaptée ? Il m’est rapidement apparu que, en même temps que les traumas des attentats de 2015, la série devait parler de l’emballement du monde, de la violence sociale et de la solitude qu’elle engendre. A contrario, le cabinet du psy devait proposer un cadre où on assiste à l’émergence de la pensée, des émotions, et où chaque être peut retrouver sa valeur. Au réalisme de situations, nous avons allié une discrète stylisation, susceptible de faire entrer la fiction dans le cabinet du docteur Dayan. Cela passe notamment par le choix d’un décor réel mais maîtrisé à la manière d’un studio. L’ambiance lumineuse varie d’un personnage à l’autre, en fonction de l’horaire des séances et de leur intensité dramatique. Un tel dispositif vous pousse à penser de façon très précise la figure du champ contrechamp. Le découpage devait laisser le temps à la parole de se déployer et donc de travailler des plages de jeu dans l’idée du plan séquence. »
La place des pères « Un des thèmes majeurs qui traverse la série est, je crois, le questionnement de la place du père, et plus généralement la crise de la figure masculine. La plupart des personnages féminins s’y confrontent, mais aussi Philippe Dayan et surtout Adel Chibane. Comment on se libère du joug de cette « domination masculine », comment on vit avec la mémoire d’un passé lié à elle, comment le féminin en chacun peut venir nuancer nos affects ? Ces questions reflètent la crise de notre monde contemporain, et permettent l’avènement de figures féminines très fortes comme Ariane, Camille, Esther. »
Dayan sur le divan « Dans le cabinet d’Esther, Dayan est de l’autre côté du miroir. Il dévoile sa fragilité et déverse sa colère. Il se met à nu, non sans mauvaise foi parfois, jusqu’à entrevoir la possibilité de renaître à lui-même. J’ai voulu accompagner Frédéric Pierrot dans ce lâcher prise, en partageant le point de vue de cet homme qui croit savoir, perd pied, et découvre à la fin ce qu’il est vraiment venu chercher. En cela, il ouvre aussi une fenêtre vers un homme moderne, qui parvient à se débarrasser de son habit trop lourd et désuet de dominateur. »
Pierre Salvadori (Les apprentis, Hors de prix, En liberté !), réalisateur des épisodes « Camille »
Les vertus de la commande « Pour la première fois, j’étais amené à filmer des scènes dont je n’étais pas l’auteur et c’est ce travail de pure mise en scène qui m’intéressait. Deux personnages assis, face à face dans un décor unique : à partir de ce dispositif très circonscrit, comment trouver un style ? Éviter la monotonie du champ contre champ, dynamiser la narration, en utilisant des gros plans ou des objets, en créant des ellipses ou en distillant un peu d’humour dans les séquences. C’était très stimulant, d’autant que ce travail doit rester invisible, presque souterrain. Il fallait trouver un ton personnel sans rompre avec celui de la série. J’ai appris beaucoup de choses grâce à cette expérience et j’en suis sorti plus confiant. »
Avec les comédiens « Céleste Brunnquell a une présence unique, mystérieuse, stylisée et physique à la fois. Il y a quelque chose de rohmérien dans sa diction, de presque désuet, mêlé à l’engagement d’une actrice américaine. J’adorais ce mélange étonnant, sa façon de jouer avec son corps, la mobilité de son visage. Elle intrigue à l’intérieur du plan, en proposant une diversité d’émotions et d’expressions qui ouvre littéralement le champ. J’ai essayé de lui apporter plus de technique et de lisibilité. On a travaillé sur les ruptures de ton, cherché différentes couleurs, pour éclairer le texte et garder le spectateur attentif. Je veux aussi rendre hommage à Frédéric Pierrot. C’était vraiment le comédien idéal pour ce rôle. J’ai découvert un acteur fin, patient. Il a tenu sur toute la longueur avec la même concentration, la même modestie et le même engagement... Un samouraï ! »
Nicolas Pariser (Le grand jeu, Alice et le maire), réalisateur des épisodes « Léonora et Damien »
Un début, un milieu, une fin « C’était la première fois qu’on me proposait un sujet qui n’était pas politique : pas de ministres, pas de réunions de crise, pas d’intrigues sous le manteau… J’avais l’occasion de me fondre dans quelque chose de nouveau. Sur le plan formel, en revanche, j’étais en terrain familier car j’avais affaire à des scènes longues et très dialoguées. Je ne suis pas friand des ellipses au cinéma. Je n’aime pas arriver trop tard dans une scène, ou pire, la quitter trop tôt. Ça peut être une forme d’évitement. L’idée de continuité m’intéresse davantage. Là j’étais servi ! À peu de choses près, chaque épisode est une scène unique de 25 minutes, avec un début, un milieu et une fin. »
Un jeu à trois bandes « Dans mes films, les relations entre les personnages sont souvent policées, même s’il peut y avoir une violence sous-jacente. Je devais cette fois filmer des situations très tendues. Damien et Léonora sont tous les deux assez dingues, ils ont de gros défauts. Avec Pio Marmaï et Clémence Poésy, on a veillé au bon dosage de cette tension, en nous demandant constamment jusqu’où les personnages devaient aller dans l’agressivité, la manipulation. Un autre enjeu était la manière dont Philippe Dayan intervenait dans leur duo. Dans ces épisodes, on n’est pas dans la frontalité entre un thérapeute et son patient, mais dans un jeu à trois bandes. Cela impliquait une autre dramaturgie de la parole. »
« Une série de rencontres »
« Une 1ère rencontre. Nous rencontrons Hagai Levi autour d’un projet de long métrage. En discutant avec lui de sa série phare Betipul, que nous aimons énormément et qui a été adaptée partout à travers le monde, nous découvrons que les droits restent libres dans les deux pays européens berceaux de la psychanalyse : la France et l’Allemagne. Quelques tentatives ont vu le jour, mais n’ont jamais abouti.
Une 2ème rencontre - Lors d’un festival où l’on présente nos films respectifs, nous rencontrons Eric Toledano et Olivier Nakache et au fil de nos échanges, Betipul est évoquée. Tous les deux sont aussi surpris que nous qu’une série aussi géniale n’ait pas encore été adaptée en France.
Une 3ème rencontre - Le lendemain, nous provoquons une rencontre avec Hagai, Eric, Olivier, et nous pour partager notre envie commune de tenter l’aventure. La décision est vite prise, et Federation, aussi enthousiaste que nous, nous rejoint dès le développement.
Très vite, deux gros enjeux se sont posés : le format initial de 45 x 26’ n’existe pas en France, et peu de diffuseurs peuvent se permettre cette liberté. Après plus d’une quinzaine d’adaptations sur plusieurs continents, comment renouveler cette série et la moderniser pour attirer une audience française ? L’idée originale lancée par Olivier Nakache et Eric Toledano et très appréciée par Hagai Levi de placer la série au lendemain des attentats de 2015 séduit totalement ARTE, qui se positionne très vite malgré la complexité et l’aspect totalement inédit du format.
La dernière rencontre, avec Vincent Poymiro et David Elkaïm a aussi été toute naturelle - leur amour de la série originale, leur connaissance de la psychanalyse et la finesse de leur écriture a participé à donner un second souffle au concept brillant de Hagai Levi.
En dehors de sa puissance narrative et de son universalité, En Thérapie présentait un grand intérêt pour nous tous dans son aspect choral. Son adaptation française a permis le rapprochement de plusieurs mondes et de différentes manières de travailler, une collaboration inhabituelle entre des partenaires qui ne se rencontrent pas forcément. Mais nous avions tous en commun le désir de surprendre et d’aller là où l’on ne nous attend pas forcément, ce qui sans aucun doute a participé au bel élan de cette série… »
Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez, Les Films du Poisson
« Un psychanalyste, Philippe Dayan… »
« Philippe Dayan est psychanalyste. Dans son cabinet parisien, il reçoit des patients sur le divan ou en face à face. Sa pratique respecte les traditions mais elle n’est pas rigide pour autant. Philippe est marié à Charlotte, professeure d’université, avec qui il a trois enfants. L’appartement familial communique avec son cabinet, où, ces derniers temps, il s’isole de plus en plus. Entretien avec le comédien Frédéric Pierrot (Polisse, Fiertés, Hors Normes) »
« Interpréter un psychanalyste : comment avez-vous accueilli cette proposition ?
Le travail analytique est quelque chose qui, dans la vie, m’intéresse. C’était donc une perspective passionnante, mais aussi un challenge. Être en position assise durant 35 épisodes, la plupart du temps en réaction face à « mes patients », cela exigeait un engagement particulier. Mais nous nous sommes bien préparés, et le fait de changer régulièrement de partenaire, d’être dirigé par différents réalisateurs, m’a aidé à garder intacte l’excitation initiale.Progressivement, j’ai pris conscience que l’essentiel pour moi était de parvenir à être le plus possible dans l’instant, pour me laisser guider par mes partenaires. J’ai essayé d’éprouver cette attitude d’«écoute flottante » dont on parle parfois à propos du travail des psychanalystes : une manière particulière d’être attentif à la parole de l’autre.
Que vous inspirait le personnage de Dayan ?
Je l’ai abordé de manière très intuitive. Le travail de composition ne m’intéresse pas vraiment. Je savais que j’allais passer beaucoup de temps avec cet homme-là, il m’a donc semblé naturel de le rapprocher de moi. Philippe Dayan est un psychanalyste qui ne craint pas de s’impliquer dans ses séances, parfois personnellement. À la lecture du scénario, j’ai été surpris par certaines de ses réactions, mais peu à peu j’ai accepté cette idée. Cela ouvre une porte sur ses fragilités, et justifie qu’il puisse déraper. C’est aussi ce qui l’oppose à Esther, sa contrôleuse...
Comprendriez-vous qu’on vous dise que vous êtes le psy qu’on rêverait d’avoir ?
Non, je ne crois pas ! Ce n’est quand même pas du tout mon métier... Et puis Dayan est loin d’être un modèle. Cela dit, je pense que la raison profonde qui m’a poussé à me lancer dans ce projet, c’était d’essayer de toucher certains proches, des gens qu’il m’est arrivé d’encourager à se lancer dans un travail sur eux-mêmes. Je pense qu’En Thérapie peut susciter la curiosité, rendre vivante une pratique qui effraie parfois. C’est une série sur la puissance de la parole. »
« En Thérapie », série réalisée par Éric Toledano et Olivier Nakache
France, Films du Poisson, 2020, 35 x 26 min
Réalisateurs : Eric Toledano, Olivier Nakache, Pierre Salvadori, Nicolas Pariser, Mathieu Vadepied.
Une série écrite par David Elkaïm et Vincent Poymiro avec Pauline Guéna, Alexandre Manneville, Nacim Mehtar et Eric Toledano & Olivier Nakache.
D'après la série Be’Tipul, de Hagai Levi, Nir Bergman et Ori Sivan.
Musique originale : Yusek.
En co-production avec ARTE France, Federation Entertainment et Ten Cinéma. Avec le soutien de la Région Ile-de-France et de la PROCIREP - Société des Producteurs et l'ANGOA.
Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée. En association avec CINEMAGE 14, CINEVENTURE 5, COFINOVA 16, SG IMAGE 2018.
Avec Frédéric Pierrot, Carole Bouquet, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Clémence Poésy, Pio Marmaï, Céleste Brunnquell et Elsa Lepoivre.
En intégralité le 28 janvier 2021
En Thérapie, l'intégrale
Saison 1
> à l'antenne du lundi au vendredi à 12.30, à partir du 04/03/2022
> sur arte.tv à partir du 31/03/2022
Saison 2
> à l'antenne le jeudi à 20.55 du 07/03/2022 au 19/05/2022
> sur arte.tv à partir du 31/03/2022
Visuels :
Frédéric Pierrot est Philippe Dayan et Carole Bouquet est Esther dans la série d' Eric Toledano et Olivier Nakache " En Thérapie"
Frédéric Pierrot est Philippe Dayan et Mélanie Thierry est Ariane dans la série " En Thérapie" de Olivier Nakache et Eric Toledano
Reda Kateb est Adel Chibane dans la série " En Thérapie" d' Eric Toledano et Olivier Nakache
Mélanie Thierry est Ariane
Reda Kateb est Adel Chibane dans la série " En Thérapie" d' Eric Toledano et Olivier Nakache
Céleste Brunnquell est Camille dans " En Thérapie" d' Eric Toledano et Olivier Nakache
Clémence Poésy est Léonora et Pio Marmaï est Damien dans " En Thérapie" d' Olivier Nakache et Eric Toledano
Carole Bouquet est Esther dans la série " En Thérapie" d' Olivier Nakache et Eric Toledano
Frédéric Pierrot est Philippe Dayan et Carole Bouquet est Esther dans la série " En Thérapie" d' Eric Toledano et Olivier Nakache
© Carole Bethuel, Les Films du Poisson
Les citations proviennent d'Arte. Cet article a été publié le 2 février 2021.
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