Arte rediffusera le 29 juillet 2023 à 20 h 50 « Un opéra pour un empire » (Des Kaisers neue Oper), documentaire passionnant de Patrick Cabouat. « Le récit foisonnant de la construction de l’opéra Garnier, œuvre d’art total édifiée par le brillant architecte qui lui donna son nom, au cours d’un tumultueux chantier de quinze ans ».
Bertolt Brecht (1898-1956)
Saleem Ashkar
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Daniel Barenboim
« Le Maestro. Pour que vive la musique des camps » de Alexandre Valenti
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« Leonard Bernstein. The Making of "West Side Story », par Christopher Swann
« L’Empereur de l’Atlantide », de Viktor Ullmann et Peter Kien
« Plus jamais les camps ! L'autre message de l'opéra Brundibar » (Wiedersehen mit Brundibar) de Douglas Wolfsperger
Frédéric Chopin, la Note bleue
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« Un virtuose sans égal. Le violoniste Jascha Heifetz » par Peter Rosen
« Hello I am David. Un voyage avec David Helfgott » par Cosima Lange
Herbert von Karajan (1908-1989)
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Yehudi Menuhin (1916-1999), violoniste et chef d’orchestre
Ennio Morricone (1928-2020)
Jacques Offenbach (1819-1880)
Murray Perahia, pianiste et chef d’orchestre
Itzhak Perlman
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Jacques Offenbach (1819-1880)
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« Arthur Rubinstein » de Marie-Claire Margossian et « Arthur Rubinstein interprète Chopin, Concerto pour piano n° 2 »
« Sur la route de Jérusalem avec Jordi Savall. La ville des deux paix » par Michael Beyer
Arnold Schönberg. Peindre l'âme
Martial Solal, pianiste de jazz
« Requiem pour la vie », de Doug Schulz« Sur la route de Jérusalem avec Jordi Savall. La ville des deux paix » par Michael Beyer
Arnold Schönberg. Peindre l'âme
Martial Solal, pianiste de jazz
« Le Maestro. Pour que vive la musique des camps » de Alexandre Valenti
La salle de la rue Le Peletier fut l'opéra de Paris de 1821 à 1873. Là, étaient présentés de grands opéras. « Paris, 1858. Après avoir échappé à un attentat devant l'opéra Le Peletier, Napoléon III décide de doter sa capitale d’un écrin plus sûr et plus prestigieux ».
Voulant donner l'image d'un pays riche, il donne au préfet Haussmann, qui s'entoure d'architectes et de jardiniers, l'ordre de moderniser et assainir la capitale qui va être dotée de squares, d'un système d'égouts, d'équipements modernes, d'éclairage au gaz, et d'un mobilier urbain identique partout. De grands magasins et de grandes gares apparaissent. Autour de la gare Saint-Lazare, se bâtit un quartier d'affaires, d'habitations et de loisirs.
Sont présentés 171 projets lors d'un concours mené de manière objective. Issu d'un milieu modeste - père forgeron ayant créé une entreprises de véhicules, mère ouvrière dans la dentelle -, ayant consacré ses années de jeunesse à voyager, marié en 1858, Charles Garnier illustre une réussite sociale. « Contre toute attente, un jeune inconnu, l’architecte Charles Garnier, remporte le concours, damant le pion à des sommités comme Eugène Viollet-le-Duc. Ce lauréat du prix de Rome n’a pas construit grand-chose hormis un immeuble de rapport. Mais il est doué et sait s’entourer. Il recrute ses ex-camarades des Beaux-Arts et de la Villa Médicis ». Et, avec autorité, forme ainsi son agence d'architectes, en y adjoignant des peintres.
« Sous sa houlette, ils édifieront un bâtiment qui va révolutionner la conception de l’opéra. Charles Garnier envisage son théâtre comme une œuvre d’art total, convoquant peinture, sculpture et science des volumes. Contrastes des ors et des ombres, cascades d’ornements, ordonnancement des salles, palette solaire des couleurs : tout est fait pour plonger d’emblée le public dans une atmosphère féerique ». Tout, et notamment le grand escalier en marbre coloré et onyx, concourt à une mise en scène sociale et festive. Velours et mosaïque suscitent tous les sens. Spécificité : l'avant-foyer. Le Foyer de la danse devient un lieu de "séduction" entre danseuses et riches spectateurs.
« Novateur, l’architecte étaie ce gigantesque théâtre d’une armature de métal, matériau à l’époque peu utilisé. Il ménage des espaces de première classe aux abonnés et à l’empereur, qui se voit doté aussi d’un accès sécurisé ». Garnier lutte aussi contre la déprime nourrie par les difficultés surgies dès les débuts du chantier. Première difficulté surmontée : assainir le sous-sol. Solution pour renforcer les fondations : une cuve en sous-sol qui va alimenter l'imagination du romancier Gaston Leroux. Une métaphore pour l'inconscient de l'homme, et pour ce que veut cacher une société.
Pendant dix ans, un photographe documente l'évolution du chantier. « Entravé par une série d’obstacles, ce chantier pharaonique va durer quinze ans, entre escarmouches avec le baron Haussmann, sous-sol gorgé d’eau, naufrage du Second Empire et attaques du camp républicain qui juge l’opération dispendieuse ». La pierre de taille habille une infrastructure métallique qui couvre des grands espaces et évite la multiplication de murs. Pour Garnier, "le fer est un moyen, et non un principe".
« Après deux interruptions dues à la guerre de 1870 et à la Commune, la IIIe République décide de reprendre les travaux, afin de doter Paris d’un opéra et de se parer du faste impérial. » L'exilé Garnier retourne à Paris.
« Ce documentaire foisonnant nous happe dans un tourbillon d’images, d’airs lyriques et d’anecdotes. Soignant les reconstitutions et le choix des intervenants (historiens, architecte, conservateurs de musées), il entremêle la biographie de Charles Garnier, visionnaire fragile mais tenace, happé par un chantier dont l’esthétique méditerranéenne s’oppose à l’épure haussmannienne, et l’histoire de l’urbanisme parisien et du Second Empire ».
« Il dévoile aussi la psyché tourmentée de cet écrin bourgeois peuplé de démons refoulés, à l’image de l’encombrant fantôme imaginé par Gaston Leroux. »
Il aurait été intéressant d'analyser la partie de l'édifice consacrée aux bureaux. Quels choix Garnier a-t-il opérés ? Etaient-ils novateurs ?
14 janvier 1858 › Attentat sur l’empereur Napoléon III devant l’opéra Le Pelletier.
29 septembre 1860 › L’empereur ordonne la construction d’un nouvel opéra. Un concours est lancé.
6 juin 1861 › Charles Garnier gagne le concours, il s’entoure d’artistes et d’architectes pour la construction de l’opéra.
Eté 1861 › Garnier fait le tour d’Europe pour étudier les salles d’opéra.
Automne 1861 › Début des premiers terrassements. Mais les travaux sont rapidement interrompus pendant huit mois pour assainir le sous-sol gorgé d’eau.
21 juillet 1862 › Le comte Walewski, le ministre d’État en charge des Beaux-Arts, procède à la pose de la première pierre.
Été 1864 › Le bâtiment commence à sortir de terre.
15 août 1867 › À l’occasion de l’exposition universelle, Napoléon III inaugure, le jour de la Saint-Napoléon, la façade de l’Opéra. Les retours sont dithyrambiques, mais l’œuvre est loin d’être achevée.
19 juillet 1870 › Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, mais l’affrontement tourne au désastre.
2 septembre 1870 › Après la défaite française lors de la Bataille de Sedan, l’empereur est fait prisonnier par l’armée prussienne.
4 septembre 1870 › Proclamation de la IIIe République. Garnier est contraint de fermer le chantier de l’opéra.
À partir de 1872 › Il s’installe la moitié de l’année à Bordighera, un petit village de la côte italienne, près de la frontière française.
9 janvier 1873 › Décès de Napoléon III en exil en Angleterre. Charles Garnier commence à écrire ses mémoires sous le titre Le nouvel opéra.
La nuit du 28 au 29 octobre 1873 › La salle de la rue Le Peletier est entièrement détruite par un incendie. La IIIe République décide de reprendre les travaux de l’opéra Garnier. Charles Garnier revient à Paris et réembauche ses équipes d’artistes et d’ouvriers.
30 décembre 1874 › L’architecte remet les clefs de l’opéra à son directeur Henri Halanzier.
5 janvier 1875 › L’inauguration de l’opéra par le Président de la République, le général Mac Mahon. Associé au régime de Napoléon III, Charles Garnier ne fait pas partie des invités. Il a dû payer sa loge 120 francs. "La République a repris l'apparat du Second Empire".
"L'Opéra devient l'épicentre du quartier d'affaires".
"Impulsée par Napoléon III, la construction de l'opéra Garnier a nécessité quinze années de labeur. Entretien avec Xavier Mauduit *, historien et chroniqueur de l'émission 28 minutes, qui intervient dans un documentaire consacré à ce chantier hors norme. Propos recueillis par Guillemette Hervé".
Cette édification, avec ses multiples rebondissements, doit ravir l'historien enthousiaste que vous êtes...
Xavier Mauduit : Je regarde le palais Garnier en tant qu’historien, mais ce fut d’abord un lieu de fête assez magique, qui me sidère toujours. Le plaisir d’étudier cette aventure, dont le personnage principal est un bâtiment, reste intact. Sa construction a été très observée, car l’opéra représente alors un enjeu majeur pour de nombreux Français. Qui plus est, en 1860, il s’inscrit dans l’histoire particulière de la transformation de Paris. On peine à le concevoir mais, avant le Second Empire, Paris était encore une ville du Moyen Âge !
Quel objectif Napoléon III poursuit-il lorsqu’il imagine ce nouveau monument parisien ?
L’opéra constitue le point d’orgue des travaux haussmanniens. Durant la période de croissance économique qui caractérise le Second Empire, la volonté politique de faire de Paris une capitale rayonnante s’affirme. Construire un opéra aussi somptueux revient à montrer à tous que le pouvoir impérial est serein. Quant à la décision de confier ce projet si prestigieux à Charles Garnier, quelle audace ! D’ailleurs, l’histoire de la construction de l’opéra est aussi celle de la rivalité entre deux hommes, Garnier et Haussmann : le préfet de la Seine oblige le jeune architecte à contourner de nombreuses embûches.
Le choix de ce jeune architecte, méconnu et d’origine modeste, peut effectivement étonner...
Il reflète la volonté de mettre en avant les plus méritants : une politique d’ascension sociale voulue par le Second Empire, à condition d’être bien vu du régime. Le projet de Garnier est d’ailleurs choisi à l’unanimité à l’issue d’un concours, notamment parce qu’il fait la part belle à la sécurité de l’empereur, déjà visé par un attentat en 1858, alors qu’il se rendait justement à l’opéra, celui de la rue Le Peletier.
L’opéra est alors un lieu de sociabilité important. Garnier l’a-t-il conçu ainsi ?
Il érige un monument qui correspond aux attentes de l’empereur et des élites. L’opéra s’apparente à une réduction idéalisée de la bonne société du XIXe siècle, un lieu associé au pouvoir où il faut absolument se montrer. Le spectacle est sur scène, mais aussi et surtout dans la salle qui, à l’époque, demeure éclairée pendant la représentation. Les foyers et les loges constituent autant de lieux de rencontre pour discuter ou exhiber ses tenues. Dans le grand escalier d’honneur, les balcons suspendus offrent un point de vue idéal sur les spectateurs qui se dirigent vers la salle. Ce faste perdure sous la IIIe République, qui achève la construction de ce joyau architectural."
* Xavier Mauduit est l'auteur du livre De Mathusalem à Mao Zedong – Quelle histoire ! (2018, ARTE Éditions/Tallandier), disponible sur ARTE Boutique
France, Fulldawafilms, 2020, 90 min
Bel Air Media : François Duplat
L'Opéra de Paris
FullDawa Production : Boris Mendza et Gaël Cabouat
Sur Arte les 30 janvier 2021 à 20 h 50, 29 juillet 2023 à 20 h 50, 02 août 2023 à 9 h 25, 11 août 2023 à 15 h 20
Disponible du 23/01/2021 au 30/03/2021
Sur arte.tv du 22/07/2023 au 26/09/2023
Visuels :
Grand foyer, Opéra Garnier
Rotonde des abonnés, Opéra Garnier
Grand escalier, Opéra Garnier
Bassin de la Pythie, Opéra Garnier
© Jean-Pierre Delagarde - OnP
Opéra Garnier
© Patrick Tourneboeuf - Tendance Floue - OnP
Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur les émissions proviennent d'Arte. Cet article a été publié le 29 janvier 2021.
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