Arte diffusera le 15 juillet 2020 « La graine et le mulet » (Couscous mit Fisch), film réalisé par Abdellatif Kechiche. « À Sète, un ouvrier en fin de course monte en famille un restaurant de couscous sur un vieux rafiot... Par Abdellatif Kechiche ("La vie d'Adèle"), un drame social puissant, porté par le verbe, autour de deux générations d’immigrés. »
L'enfance d'Alexandre Arcady
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« L’ami Fritz » par Jacques de Baroncelli
Léon Barsacq (1906-1969) : « Maquettes de décors de films »
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Zabou Breitman, comédienne, scénariste et réalisatrice
Les Enfants du Paradis, l’exposition
Sami Frey
« 1940 - Main basse sur le cinéma français » de Pierre-Henri Gibert
Serge Gainsbourg (1928-1991)
« La graine et le mulet » d'Abdellatif Kechiche
Diane Kurys
Jean-Pierre Mocky (1929-2019)
Bernard Natan (1886-1942)
« Charles Pathé et Léon Gaumont. Premiers géants du cinéma » par Emmanuelle Nobecourt
Des studios Pathé-Albatros à l’Espace Albatros
Les Studios Éclair de 1907 à 2007
Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939
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« La journée de la jupe » par Jean-Paul Lilienfeld
Rudolph Maté (1898-1964)
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Les Studios Éclair de 1907 à 2007
Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939
L'acteur Roschdy Zem, un « coeur qui bat pour la paix » selon SaphirNews
« À plus de 60 ans, Slimane Beiji travaille sur un chantier naval de Sète. Ce père de famille, séparé de sa femme, vit dans une chambre de l’Hôtel de l’Orient, un refuge pour immigrés désargentés, tenu par Latifa, sa nouvelle compagne, et Rym, la fille de cette dernière ».
« Slimane, qui s’est tué à la tâche pour subvenir aux besoins des siens, peine désormais à suivre les cadences imposées par son contremaître ».
« Poussé vers la sortie, il décide de racheter, avec l’argent de ses indemnités, un vieux chalutier pour le transformer en un restaurant de couscous de poisson ».
« Une aventure pour laquelle il mobilise femme et enfants, maîtresse et fille adoptive ».
« Mais obtenir les autorisations pour s’arrimer au très convoité quai de la République n’est pas une mince affaire ».
« Entre banque et paperasse, Slimane doit aussi composer avec les dissensions au sein de ses deux familles. »
« Multiprimé dans plusieurs festivals, La graine et le mulet rend un vibrant hommage à la première génération d’immigrés maghrébins arrivés en France au travers d’un héros aussi fourbu que digne ».
« Dans ce portrait d'une famille cimentée par la solidarité comme par l’hypocrisie, Abdellatif Kechiche s’emploie avec un réalisme quasi documentaire à magnifier l’ordinaire du quotidien, avec ses mots et ses gestes : un couscous dégusté avec les doigts, une crise de nerfs, une danse du ventre sacrificielle et hypnotique ».
« Porté avec force par des acteurs professionnels et amateurs – avec en tête la fougueuse Hafsia Herzi, révélation du film –, un puissant drame social sur le déracinement et la transmission entre générations ».
« Ce film exprime fort bien l'un des aspects de l'immigration maghrébine: quand l'immaturité de certains jeunes "tue" les vieux, les parents, qui justement sont pour beaucoup dans cette immaturité[Nous appelons maghrébin, des gens ayant une culture maghrébine (qu'elle s'ajoute ou non à leur culture européenne, quelle que soit leur nationalité, Nda]. Ici, Sliman, le héros est un ouvrier marocain de la soixantaine flanqué de ses filles, ses deux fils dont l'un est assez terne et l'autre immature qui délaisse femme et enfant pour courir les jupons… Le vieux aussi a laissé sa femme et "paie" son loyer dans un hôtel en couchant avec la patronne qui vit seule et a une fille charmante, "ado" sensible et spontanée. Le vieux vient d'être licencié du chantier naval et il veut se donner une nouvelle chance en retapant un vieux bateau pour en faire un restaurant où il y aurait du couscous-poisson. Les démarches administratives révèlent de petits responsables français assez honnêtes, pas si racistes que ça, plutôt ouverts. A la soirée d'inauguration, très festive, on les invite ainsi que les amis; l'ex-femme fait son grand couscous-poisson, mais au moment de servir, on s'aperçoit que la semoule n'est pas là, elle est restée dans le coffre de la voiture avec laquelle le fils aîné a fui (il a vu parmi les invités une de ses maîtresses). Entre-temps, Sliman part en moto vers son ex-femme lui demander de refaire un couscous, il tombe sur sa belle-fille désespérée (qui nous offre une longue scène de femme trompée); puis il se fait voler la moto par trois jeunes de la Cité. Il court derrière eux jusqu'à épuisement. Cependant la soirée est sauvée de justesse par l'hôtelière: elle refait un couscous (que l'on sait d'avance médiocre) et par jolie fille fait la danse du ventre jusqu'à presque l'épuisement pour faire patienter les invités furieux. Le film est assez cruel pour le milieu immigré maghrébin, car si le héros Sliman n'est pas un raté, sans être une réussite (il a trimé trente-cinq ans et se fait virer avec pas grand-chose, comme beaucoup d'ouvriers français "de souche"), c'est son petit monde qui respire la ratage, celui du fils aîné étant le comble. Il y a toujours quelque chose qui ne marche pas; comme si le mode de présence des personnes, surtout des mâles (les filles et les femmes semblent mieux plantées) flottait, bancal, symboliquement invalide, et pas toujours en raison du "racisme". Du coup, les dialogues sont ternes, médiocres, aussi longs et fastidieux qu'un bonjour entre bédouins dans le désert (dix minutes au lieu d'une ou deux pour gens ordinaires. Le film aussi, aurait beaucoup gagné s'il avait une heure de moins; peut-être se veut-il à l'image de cet univers? Alors c'est gagné: il n'est pas très réussi. Pourtant le thème traité est assez universel: le retour des ratages du fils sur le père; impasse qu'on retrouve dans des familles européennes classiques, lorsqu'un enfant se révèle immature, caractériel, hors des moules qu'on lui a préparés, et que son état mortifie les parents et casse leur mode d'être jusque-là "harmonieux"… Mais l'idée était bonne, de mettre en scène le Maghreb qui invite les Français en France, à manger "notre plat". De quoi les culpabiliser (on ne rejette pas des gens qui vous nourrissent!...), de quoi faire taire les élans agressifs. Mais voilà, le repas est raté, tendu, pénible, trop greffé sur la névrose familiale, nourrie peut-être par toute une tradition… » a observé Daniel Sibony, psychanalyste, en 2008.
Loué par Les Cahiers du cinéma, ce film a été récompensé : César 2008 du Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur espoir féminin (Hafsia Herzi) et Meilleur scénario original, Prix spécial du jury et Prix Marcello-Mastroianni (Hafzia Herzi), Prix de la critique internationale à la Mostra de Venise 2007.
"La Graine et le Mulet" d'Abdellatif Kechiche - Un regard, une minute" le recommande ainsi : « Après son licenciement du chantier naval, Slimane, la soixantaine fatiguée, décide de transformer une épave en restaurant. Avec la complicité de sa famille et de ses amis, il met toute son énergie à la réalisation de ce rêve, pour laisser quelque chose à ceux qu’il aime. Héritier de Renoir et de Pagnol, Kechiche alterne les rires et les larmes, et réussit un grand film à la fois sensuel et cruel. »
« Dans le port de Sète, Slimane, la soixantaine fatiguée, est ouvrier sur un chantier naval. Père de famille divorcé, il est le compagnon discret de la propriétaire d’un petit hôtel qui l’héberge. Après son licenciement, il décide de transformer une épave de bateau en restaurant, dont la spécialité sera le couscous de poisson. Avec la complicité de sa famille et de ses amis, il met toute son énergie à la réalisation de ce rêve, pour laisser quelque chose à ceux qu’il aime. Une soirée organisée pour lever des fonds permettant le financement du commerce ne se passera pas comme prévu. La Graine et le Mulet est un projet longuement mûri par Abdellatif Kechiche, auquel il pense avant même de signer son premier long métrage, La Faute à Voltaire en 2000. Le cinéaste entend rendre hommage à la génération de son père, celle des travailleurs immigrés d’origine maghrébine qui se sont sacrifiés pour leurs enfants. Célèbre pour son amour des comédiens non professionnels, Kechiche révèle dans La Graine et le Mulet la jeune Hafsia Herzi, adolescente native de Manosque au bagout naturel qui deviendra une actrice et une réalisatrice de talent – elle prépare actuellement son deuxième long métrage. Le film dépasse la simple chronique pour atteindre les dimensions d’une épopée, et d’une tragédie. Il étire la durée des scènes qui prennent la forme de performances physiques. Kechiche fait l’éloge de la musique, de la parole, de la nourriture comme liens capables de souder une communauté humaine métissée et chaleureuse. Héritier de Renoir et de Pagnol, cinéaste du verbe et des corps désirants, Kechiche alterne dans La Graine et le Mulet les rires et les larmes, et réussit un grand film à la fois sensuel et cruel », a analysé Olivier Père.
Politique
Abdellatif Kechiche avait été décoré à deux reprises par le régime Ben Ali, en 2005 puis en 2008.
Il a été enthousiasmé par le « Printemps arabe » : « Qu'elle est belle cette révolution. Comme beaucoup de gens, elle me grise. Parfois, j'ai le sentiment qu'elle vient de moi, qu’elle est l’expression de ma révolte face à l'injustice, qu'elle sort de mes propres tripes. C'est d'ailleurs plus une révolte des tripes que du jasmin, des roses ou de je ne sais quoi. C'est un véritable cri. Des hommes luttent, sacrifiant leur vie pour la dignité. Lorsque les événements ont commencé, je me suis senti totalement solidaire, bien sûr, des émeutiers, mais je n’osais pas y croire et j’avais peur pour eux. J’assistais en témoin impuissant, sidéré, à ce courage populaire, spontané, exemplaire. Un peuple qui parvient à déstabiliser puis à renverser une dictature aussi redoutable que celle qui était en place depuis trop longtemps en Tunisie, ce n’est pas rien. Tout devient possible. C'est une belle leçon à la planète entière. En même temps qu'une véritable claque aux intellectuels, politiques, et artistes, dont je suis, qui n'ont rien su ou pu faire pour changer les choses. Je souhaite de tout mon être une longue vie à cette révolte populaire, qu’elle continue à faire des petits à travers le monde arabe, bien sûr, mais pas seulement. Je rêve de la voir se propager à toutes les dictatures, mais aussi à toutes les démocraties corrompues, partout où sévissent l'injustice sociale, le mépris et l’humiliation des hommes. Je rêve d’un soulèvement de nos banlieues. » (Les Inrockuptibles, 12 février 2011).
Si en février 2014, s’il ne vote pas, il soutient la candidature de Christian Estrosi à sa réélection comme maire sortant à Nice, ville où ce Franco-Tunisien a grandi, afin de faire barrage au Front national, mais il opère un revirement en 2015 : il exprime alors sa préférence pour Marine Le Pen du Front National en s’opposant à Nicolas Sarkozy (Les Républicains) et au socialiste Manuel Valls. Revirement en 2017 : le réalisateur indique à Nice-Matin sa volonté de voter pour Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA) lors de l’élection présidentielle.
« Slimane, qui s’est tué à la tâche pour subvenir aux besoins des siens, peine désormais à suivre les cadences imposées par son contremaître ».
« Poussé vers la sortie, il décide de racheter, avec l’argent de ses indemnités, un vieux chalutier pour le transformer en un restaurant de couscous de poisson ».
« Une aventure pour laquelle il mobilise femme et enfants, maîtresse et fille adoptive ».
« Mais obtenir les autorisations pour s’arrimer au très convoité quai de la République n’est pas une mince affaire ».
« Entre banque et paperasse, Slimane doit aussi composer avec les dissensions au sein de ses deux familles. »
« Multiprimé dans plusieurs festivals, La graine et le mulet rend un vibrant hommage à la première génération d’immigrés maghrébins arrivés en France au travers d’un héros aussi fourbu que digne ».
« Dans ce portrait d'une famille cimentée par la solidarité comme par l’hypocrisie, Abdellatif Kechiche s’emploie avec un réalisme quasi documentaire à magnifier l’ordinaire du quotidien, avec ses mots et ses gestes : un couscous dégusté avec les doigts, une crise de nerfs, une danse du ventre sacrificielle et hypnotique ».
« Porté avec force par des acteurs professionnels et amateurs – avec en tête la fougueuse Hafsia Herzi, révélation du film –, un puissant drame social sur le déracinement et la transmission entre générations ».
« Ce film exprime fort bien l'un des aspects de l'immigration maghrébine: quand l'immaturité de certains jeunes "tue" les vieux, les parents, qui justement sont pour beaucoup dans cette immaturité[Nous appelons maghrébin, des gens ayant une culture maghrébine (qu'elle s'ajoute ou non à leur culture européenne, quelle que soit leur nationalité, Nda]. Ici, Sliman, le héros est un ouvrier marocain de la soixantaine flanqué de ses filles, ses deux fils dont l'un est assez terne et l'autre immature qui délaisse femme et enfant pour courir les jupons… Le vieux aussi a laissé sa femme et "paie" son loyer dans un hôtel en couchant avec la patronne qui vit seule et a une fille charmante, "ado" sensible et spontanée. Le vieux vient d'être licencié du chantier naval et il veut se donner une nouvelle chance en retapant un vieux bateau pour en faire un restaurant où il y aurait du couscous-poisson. Les démarches administratives révèlent de petits responsables français assez honnêtes, pas si racistes que ça, plutôt ouverts. A la soirée d'inauguration, très festive, on les invite ainsi que les amis; l'ex-femme fait son grand couscous-poisson, mais au moment de servir, on s'aperçoit que la semoule n'est pas là, elle est restée dans le coffre de la voiture avec laquelle le fils aîné a fui (il a vu parmi les invités une de ses maîtresses). Entre-temps, Sliman part en moto vers son ex-femme lui demander de refaire un couscous, il tombe sur sa belle-fille désespérée (qui nous offre une longue scène de femme trompée); puis il se fait voler la moto par trois jeunes de la Cité. Il court derrière eux jusqu'à épuisement. Cependant la soirée est sauvée de justesse par l'hôtelière: elle refait un couscous (que l'on sait d'avance médiocre) et par jolie fille fait la danse du ventre jusqu'à presque l'épuisement pour faire patienter les invités furieux. Le film est assez cruel pour le milieu immigré maghrébin, car si le héros Sliman n'est pas un raté, sans être une réussite (il a trimé trente-cinq ans et se fait virer avec pas grand-chose, comme beaucoup d'ouvriers français "de souche"), c'est son petit monde qui respire la ratage, celui du fils aîné étant le comble. Il y a toujours quelque chose qui ne marche pas; comme si le mode de présence des personnes, surtout des mâles (les filles et les femmes semblent mieux plantées) flottait, bancal, symboliquement invalide, et pas toujours en raison du "racisme". Du coup, les dialogues sont ternes, médiocres, aussi longs et fastidieux qu'un bonjour entre bédouins dans le désert (dix minutes au lieu d'une ou deux pour gens ordinaires. Le film aussi, aurait beaucoup gagné s'il avait une heure de moins; peut-être se veut-il à l'image de cet univers? Alors c'est gagné: il n'est pas très réussi. Pourtant le thème traité est assez universel: le retour des ratages du fils sur le père; impasse qu'on retrouve dans des familles européennes classiques, lorsqu'un enfant se révèle immature, caractériel, hors des moules qu'on lui a préparés, et que son état mortifie les parents et casse leur mode d'être jusque-là "harmonieux"… Mais l'idée était bonne, de mettre en scène le Maghreb qui invite les Français en France, à manger "notre plat". De quoi les culpabiliser (on ne rejette pas des gens qui vous nourrissent!...), de quoi faire taire les élans agressifs. Mais voilà, le repas est raté, tendu, pénible, trop greffé sur la névrose familiale, nourrie peut-être par toute une tradition… » a observé Daniel Sibony, psychanalyste, en 2008.
Loué par Les Cahiers du cinéma, ce film a été récompensé : César 2008 du Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur espoir féminin (Hafsia Herzi) et Meilleur scénario original, Prix spécial du jury et Prix Marcello-Mastroianni (Hafzia Herzi), Prix de la critique internationale à la Mostra de Venise 2007.
"La Graine et le Mulet" d'Abdellatif Kechiche - Un regard, une minute" le recommande ainsi : « Après son licenciement du chantier naval, Slimane, la soixantaine fatiguée, décide de transformer une épave en restaurant. Avec la complicité de sa famille et de ses amis, il met toute son énergie à la réalisation de ce rêve, pour laisser quelque chose à ceux qu’il aime. Héritier de Renoir et de Pagnol, Kechiche alterne les rires et les larmes, et réussit un grand film à la fois sensuel et cruel. »
« Dans le port de Sète, Slimane, la soixantaine fatiguée, est ouvrier sur un chantier naval. Père de famille divorcé, il est le compagnon discret de la propriétaire d’un petit hôtel qui l’héberge. Après son licenciement, il décide de transformer une épave de bateau en restaurant, dont la spécialité sera le couscous de poisson. Avec la complicité de sa famille et de ses amis, il met toute son énergie à la réalisation de ce rêve, pour laisser quelque chose à ceux qu’il aime. Une soirée organisée pour lever des fonds permettant le financement du commerce ne se passera pas comme prévu. La Graine et le Mulet est un projet longuement mûri par Abdellatif Kechiche, auquel il pense avant même de signer son premier long métrage, La Faute à Voltaire en 2000. Le cinéaste entend rendre hommage à la génération de son père, celle des travailleurs immigrés d’origine maghrébine qui se sont sacrifiés pour leurs enfants. Célèbre pour son amour des comédiens non professionnels, Kechiche révèle dans La Graine et le Mulet la jeune Hafsia Herzi, adolescente native de Manosque au bagout naturel qui deviendra une actrice et une réalisatrice de talent – elle prépare actuellement son deuxième long métrage. Le film dépasse la simple chronique pour atteindre les dimensions d’une épopée, et d’une tragédie. Il étire la durée des scènes qui prennent la forme de performances physiques. Kechiche fait l’éloge de la musique, de la parole, de la nourriture comme liens capables de souder une communauté humaine métissée et chaleureuse. Héritier de Renoir et de Pagnol, cinéaste du verbe et des corps désirants, Kechiche alterne dans La Graine et le Mulet les rires et les larmes, et réussit un grand film à la fois sensuel et cruel », a analysé Olivier Père.
Politique
Abdellatif Kechiche avait été décoré à deux reprises par le régime Ben Ali, en 2005 puis en 2008.
Il a été enthousiasmé par le « Printemps arabe » : « Qu'elle est belle cette révolution. Comme beaucoup de gens, elle me grise. Parfois, j'ai le sentiment qu'elle vient de moi, qu’elle est l’expression de ma révolte face à l'injustice, qu'elle sort de mes propres tripes. C'est d'ailleurs plus une révolte des tripes que du jasmin, des roses ou de je ne sais quoi. C'est un véritable cri. Des hommes luttent, sacrifiant leur vie pour la dignité. Lorsque les événements ont commencé, je me suis senti totalement solidaire, bien sûr, des émeutiers, mais je n’osais pas y croire et j’avais peur pour eux. J’assistais en témoin impuissant, sidéré, à ce courage populaire, spontané, exemplaire. Un peuple qui parvient à déstabiliser puis à renverser une dictature aussi redoutable que celle qui était en place depuis trop longtemps en Tunisie, ce n’est pas rien. Tout devient possible. C'est une belle leçon à la planète entière. En même temps qu'une véritable claque aux intellectuels, politiques, et artistes, dont je suis, qui n'ont rien su ou pu faire pour changer les choses. Je souhaite de tout mon être une longue vie à cette révolte populaire, qu’elle continue à faire des petits à travers le monde arabe, bien sûr, mais pas seulement. Je rêve de la voir se propager à toutes les dictatures, mais aussi à toutes les démocraties corrompues, partout où sévissent l'injustice sociale, le mépris et l’humiliation des hommes. Je rêve d’un soulèvement de nos banlieues. » (Les Inrockuptibles, 12 février 2011).
Si en février 2014, s’il ne vote pas, il soutient la candidature de Christian Estrosi à sa réélection comme maire sortant à Nice, ville où ce Franco-Tunisien a grandi, afin de faire barrage au Front national, mais il opère un revirement en 2015 : il exprime alors sa préférence pour Marine Le Pen du Front National en s’opposant à Nicolas Sarkozy (Les Républicains) et au socialiste Manuel Valls. Revirement en 2017 : le réalisateur indique à Nice-Matin sa volonté de voter pour Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA) lors de l’élection présidentielle.
« La graine et le mulet » d'Abdellatif Kechiche
France, 2005, 151 minutes
Scénario : Abdellatif Kechiche, Ghalya Lacroix
Production : Hirsch, Pathé Renn Productions
Producteur : Claude Berri
Image : Lubomir Bakchev
Montage : Ghalya Lacroix, Camille Toubkis
Musique : Christian Chevalier
Avec Habib Boufares (Slimane), Hafsia Herzi (Rym), Faridah Benkhetache (Karima), Abdelhamid Aktouche (Hamid), Alice Houri (Julia), Mohamed Benabdeslem (Riadh), Leïla D’Issernio (Lilia), Abdelkader Djeloulli (Kader)
Sur Arte les 15 juillet 2020 à 20 h 55 et 8 août 2020 à 2 h
Visuels :
Trois générations dans le film " La graine et le mulet" d' Abdellatif Kechiche
Scène de repas en famille dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Hafsia Herzi dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Extrait du film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Disucssion animée dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
© 2007 - PATHE FILMS / FRANCE 2
Visuels :
Trois générations dans le film " La graine et le mulet" d' Abdellatif Kechiche
Scène de repas en famille dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Hafsia Herzi dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Extrait du film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
Disucssion animée dans le film d' Abdellatif Kechiche " La graine et le mulet"
© 2007 - PATHE FILMS / FRANCE 2
"La Graine et le Mulet" d'Abdellatif Kechiche - Un regard, une minute »
France, 2020, 2 min
Disponible du 27/06/2020 au 31/07/2020
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