Itzhak Perlman est un violoniste virtuose – classique, jazz, klezmer –, chef d’orchestre et pédagogue juif israélien d’origine polonaise. Honoré par des distinctions prestigieuses, ce septuagénaire a surmonté son handicap – paralysie des deux jambes – qui a entravé le début de sa carrière, et suscité l'admiration pour ses talents, lors de concerts, dans sa discographie et ses collaborations à la télévision ou au cinéma. Arte diffusera le 28 juin 2020 « Itzhak Perlman - Une vie pour la musique » (Itzhak Perlman - Ein Leben für die Musik ; Itzhak), documentaire réalisé par Alison Chernick. Le « portrait intime d’un virtuose ».
Saleem Ashkar
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Itzhak Perlman
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Né en 1945 à Tel Aviv, « le violoniste israélien Itzhak Perlman a démontré tout au long de sa carrière que son handicap n’était pas un frein à ses ambitions ».
« À l’âge de 4 ans, ce fils de juifs polonais, atteint de poliomyélite, perd l’usage de ses jambes ». Ce qui le contraint à marcher avec des béquilles ou en fauteuil roulant.
« La première fois que j'ai entendu un violon, c'était à la radio. Personne n'était musicien dans ma famille, et mon premier professeur fut un violoniste que mes parents avaient entendu jouer dans un café, en passant dans la rue », se souvenait Itzhak Perlman, « l'homme aux quinze Grammy Awards, recordman des ventes de disques de musique classique » interviewé par Le Monde (16 novembre 2007).
« Cloué dans un fauteuil, il se consacre alors à l’apprentissage du violon ».
« Je suis un violoniste qui joue assis… On m'a dit, tu vas voir, les avions, les voyages, les répétitions, ça ne va pas être facile. Et alors ! J'ai volé, voyagé, répété ! », a déclaré au Monde Itzhak Perlman, du même ton péremptoire qu'il affirme, en réponse aux questions sur ses convictions politiques : "Je suis un juif né en Israël qui vit à New York. Je sais qui je suis et je sais d'où je viens et que tout n'est pas blanc ou noir." Mais de ces origines, de cette mère venue d'une famille russe, de ce père barbier polonais, tous deux immigrés dans les années 1930 à Tel-Aviv, où ils se sont rencontrés, Itzhak Perlman refuse de parler. "Vous n'avez pas besoin de moi pour cela", élude-t-il ».
« À 13 ans, il quitte l’académie de musique de Tel-Aviv » où il suivait l’enseignement de Rivkah Goldgart, « pour poursuivre ses études à la Juilliard School de New York » où il a pour professeurs Ivan Galamian et Dorothy DeLay.
Itzhak Perlman « a joué le concerto de Mendelssohn deux fois plus vite que le tempo. Je n’avais jamais vu un tel phénomène", confie son ancienne professeure, la violoniste américaine Dorothy Delay », émue et attendrie.
« De ses années d’apprentissage à Tel-Aviv et plus tard à New York, où il va s’établir et fonder sa famille, il se souviendra de la tyrannie de ses maîtres (et de celle de sa mère, méfiante, autoritaire), leur obsession du rythme, mais aussi, et surtout, l’importance d’avoir un esprit critique, de cultiver sa curiosité, héritage inestimable de Dorothy DeLay à la Juilliard School. Bien qu’il ait détesté cette approche, c’est ainsi qu’il enseigne aujourd’hui à des étudiants visiblement ravis de profiter d’un mentor aussi généreux que débonnaire…Qu’il interprète l’hymne national avant un match de baseball, qu’il accompagne le piano man Billy Joel au Madison Square Garden, ou qu’il cuisine une soupe pour son ami Alan Alda, Perlman reste égal à lui-même, brandissant son violon comme l’élément le plus probant de sa victoire contre l’adversité. À ses côtés depuis près de 50 ans, Toby Perlman, son épouse, illumine son existence d’une manière exceptionnelle, affichant une culture à la fois fine et sans élitisme, première admiratrice de son conjoint, et parfois sa plus sévère critique. Entre les échanges à bâtons rompus sur leur quotidien, ils s’expriment aussi avec une grande éloquence sur la forte influence que la musique exerce sur eux, de même que les différences de leurs origines qui ont forgé leur tempérament ; elle, Américaine d’origine juive dont les parents ont souffert de l’antisémitisme, mais jamais de façon aussi atroce que ceux d’Itzhak Perlman, qui ont connu l’enfer des ghettos en Pologne. Comme le raconte un ami du musicien, les Juifs affectionnent le violon depuis toujours puisque c’est l’instrument le plus facile à prendre au moment de s’enfuir. Et par la suite, tout fin prêt pour enchanter le monde ».
En 1958, l’adolescent Itzhak Perlman est invité par le Ed Sullivan Show et y interprète Mendelssohn.
« En 1963, il se produit pour la première fois au Carnegie Hall ».
En 1964, il remporte le prestigieux Prix Leventritt. Ce qui accélère sa carrière artistique.
« Dès lors, Itzhak Perlman collabore avec les plus grands, du chef d’orchestre Daniel Barenboim à la pianiste Martha Argerich en passant par le ténor Plácido Domingo », et avec les orchestres célèbres : New York Philharmonic, Chicago Symphony, Philadelphia Orchestra, Boston Symphony, National Symphony, Los Angeles Philharmonic, St. Paul Chamber Orchestra, orchestres symphoniques de San Francisco, Dallas, Houston, Pittsburgh, Seattle, Montreal et Toronto, les orchestres philharmoniques de Berlin, de Londres et d’Israël.
En décembre 1994, Itzhak Perlman a accompagné l’orchestre philharmonique d’Israël pour ses premières visites en Chine et en Inde. Avec l'Orchestre philharmonique d'Israël, avant la chute du Mur, « en novembre 1987, nous sommes allés jouer à Varsovie et à Budapest. Deux ans et demi plus tard, nous avons donné notre premier concert à Moscou et à Leningrad ». Des concerts filmés présentés dans le documentaire Perlman in Russia.
« Nous avons fait beaucoup de musique de chambre ensemble, notamment dans les années 1970, où j'étais directeur du Festival d'Israël. Je me rappelle Perlman descendant de sa chambre en peignoir de bain, enlevant son appareillage au bord de la piscine et se mettant à quatre pattes sans la moindre gêne apparente pour rejoindre le bassin et nager », a confié le pianiste et chef d'orchestre Daniel Barenboim au Monde.
Dans les années 1980 et 1990, Itzhak Perlman a participé à des émissions télévisées populaires américaines : The Tonight Show et Sesame Street.
Avec l'Orchestre philharmonique de Los Angeles, il a assuré des concerts estivaux à l’amphithéâtre le HollywoodBowl.
Itzhak Perlman a aussi été conseiller musical au St. Louis Symphony (2002-2004).
Depuis 1995, Itzhak Perlman se plaît aussi à interpréter des airs de musique klezmer, tradition musicale instrumentale des Juifs ashkénazes, d'Europe centrale et orientale. Le clarinettiste new-yorkais David Krakauer, alors membre du groupe des Klezmatics, évoque un voyage commun en 1992 à Cracovie, berceau de cette musique : "Perlman était là avec son père, originaire de la région. C'était un retour aux sources émouvant. Dans la vie, c'est un homme chaleureux, un bon vivant qui aime manger et un merveilleux conteur qui adore les blagues juives. Avec nous, il a été humble dans le travail, malgré sa notoriété." David Krakauer s'enorgueillit d'avoir réussi à pousser le jeu quelque peu compassé du musicien classique dans ses retranchements, "pour lui faire sortir ses tripes".
« Son aura dépasse les frontières de la musique classique lorsqu’il participe à la partition du film de Steven Spielberg , "La liste de Schindler", Oscar de la meilleure musique en 1994 ».
En 1986, le Président Ronald Reagan a honoré Itzhak Perlman par la « Médaille de la Liberté » et en décembre 2000 le Président Bill Clinton lui a remis la « National Medal of Arts ».
Itzhak Perlman a été distingué par quatre Emmy Awards, notamment pour le documentaire Fiddling For The Future,
En 2008, Itzhak Perlman a reçu le Grammy Lifetime Achievement Award pour l’excellence de ses enregistrements.
Il a reçu des diplômes honoraires de Harvard, Yale, Brandeis, Roosevelt, Yeshiva et universités hébraïques.
En décembre 2003, le John F. Kennedy Center for the Performing Arts a décerné à Itzhak Perlman un Prix louant ses réalisations distinguées et ses contributions à la vie culturelle et éducative de la nation.
En 2007, Itzhak Perlman a donné un concert au diner d’Etat pour Sa Majesté la Reine et son Altesse Royale le Duc d’Edinburgh, accueillis par le Président George W. Bush et son épouse à la Maison Blanche.
En janvier 2009, Itzhak Perlman a été invité à l’investiture du Président Barack Hussein Obama, en présentant en première une œuvre composée pour l’événement par John Williams et interprétée par le clarinettiste Anthony McGill, la pianiste Gabriela et le violoncelliste Yo-Yo Ma. Par une anecdote, le Président Barack Hussein Obama avait révélé un artiste bon vivant, aimant les plaisirs d'une gastronomie simple.
« En dehors de ses tournées, le violoniste se dédie à l’enseignement au travers, notamment, du Perlman Music Program, un séminaire d’été pour jeunes musiciens, créé avec sa femme Toby, avec qui il partage son amour de la musique depuis plus de cinquante ans. » Volubile, Toby Perlman apparaît une épouse sage, comblée, ayant construit avec son mari un foyer juif pratiquant et chaleureux. Elle évoque avec tact et sensibilité la mère de son mari, toujours inquiète car marquée par la Shoah.
Et comme professeur à la chaire de la Dorothy Richard Starling Foundation de la Juilliard School, « où il a succédé à Dorothy Delay ».
Et comme professeur à la chaire de la Dorothy Richard Starling Foundation de la Juilliard School, « où il a succédé à Dorothy Delay ».
Sur les réseaux sociaux, Itzhak Perlman diffuse des vidéos commentées, notamment durant la pandémie de coronavirus (covid-19).
Dans le documentaire d’Alison Chernick, on le voit « accompagnant Billy Joel en concert, avec Martha Argerich, à Paris, lors d'un enregistrement, ou évoquant son interprétation de la musique du film La liste de Schindler qui a rendu célèbre cet artiste à la fois profond et simple qui considère que le violon est la réplique de l'âme ».
« Le thème déchirant signé John Williams pour Schindler’s List, de Steven Spielberg, a été immortalisé par ce célèbre violoniste. Ce n’est donc pas étonnant d’apprendre de la bouche du musicien qu’on lui réclame cette pièce partout où il se produit en concert ».
« À 74 ans, Itzhak Perlman a voué la majeure partie de son existence au violon. Ce film retrace l’ascension hors norme d’Itzhak Perlman et suit le violoniste dans son quotidien entre les multiples répétitions, les diners de famille ou encore les séquences souvenirs au côté de sa compagne ».
« Nourri d’archives, d’extraits musicaux mais aussi de réflexions sur l’identité juive chère à ce fils d’immigrants polonais établis en Israël au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le portrait intime d’un des plus grands violonistes du XXIe siècle ».
« Itzhak Perlman - Une vie pour la musique » par Alison Chernick
Etats-Unis, 2018
Sur Arte le 28 juin 2020 à 23 h 40
Disponible du 27/06/2020 au 27/07/2020
Visuels :
Itzhak Perlman
© Master Fiddler/LLC
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