Robert Siodmak (1900-1973) était un réalisateur, scénariste, acteur et producteur allemand juif. Célèbre par son premier film muet « Les Hommes le dimanche » (1929), il fuit le nazisme, tourne quelques films à Paris, puis s’installe à Hollywood. Il s’impose comme un pionnier du film noir (Les Tueurs, 1946). En 1951, il revient en Allemagne. Arte diffusera le 23 mars 2020 « Les SS frappent la nuit » (Nachts, wenn der Teufel kam) de Robert Siodmak.
« West Side Story » par Robert Wise
Robert Siodmak (1900-1973) est né dans une famille juive à Dresde (Allemagne).
Il gagne sa vie comme metteur en scène et banquier, puis devient scénariste de films pour Curtis Bernhardt en 1925.
L’année suivante, il est recruté par son cousin producteur, Seymour Nebenzal, pour monter des films à partir d’anciennes œuvres.
En 1929, Robert Siodmak co-réalise avec Edgar G. Ullmer son premier film « Menschen am Sonntag » (Les Hommes le dimanche, People on Sunday) (1929), sur un scénario de son frère Curt, Billy Wilder et Fred Zinnemann, produit par Seymour Nebenzal et joué par Brigitte Borchert, Christl Ehlers, Annie Schreyer, Wolfgang von Walthershausen, Erwin Splettstosser et Heinrich Gretler. Directeur de la photographie : Eugen Schufftan. Un film caractéristique de la Nouvelle Objectivité par son réalisme sur la vie quotidienne de jeunes Berlinois durant la République de Weimar. Et qui contient des séquences documentaires sur la ville de Berlin, autre personnage de l'oeuvre cinématographique, et les loisirs offerts à ses habitants.
En 1933, après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, son film « Das brennende Geheimnis » (Fin de saison), d’après la nouvelle Brûlant Secret de Stefan Zweig et interprété par Willi Forst, Hilde Wagener et Alfred Abel, est critiqué par Joseph Goebbels, ministre de la propagande, via la presse, puis interdit. Son producteur Alfred Sternau de Tonal-Film est contraint de fuir l'Allemagne nazie en suivant un périple menant son épouse Ruth Sternau, décoratrice du film, et lui en Espagne, Italie et France. Américaine riche, Ottilie Moor accueille dans sa maison à Villefranche-sur-mer la famille qui s'agrandit avec la naissance d'un fils, Pierre. Les parents confient leur nouveau-né âgé de quelques semaines à une organisation de sauvetage et sont arrêtés par la Gestapo à Nice, puis déportés au camp nazi d'Auschwitz où ils sont assassinés. Leur bébé est sauvé par le réseau Marcel puis par l’OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants). Le médecin de l'OSE, le Dr Alfred Lellouch, et son épouse Sonia née Chenkmann, adoptent Pierre qui, adulte, effectue des recherches sur ses parents biologiques et témoignent dans des établissements scolaires.
Fuyant le nazisme, Robert Siodmak tourne à Paris plusieurs films à succès : La crise est finie (1934) avec Danielle Darrieux et Albert Préjean, La Vie parisienne (1936) avec Max Dearly, Conchita Montenegro et Georges Rigaud, Le Chemin de Rio (1937), enquête de deux journalistes sur la traite des Blanches avec Käthe von Nagy, Jules Berry, Suzy Prim, Jean-Pierre Aumont, Charles Granval et Marcel Dalio, Mollenard (1938) - un trafiquant d'armes en Extrême-Orient sur un scénario signé par Charles Spaak et Oscar-Paul Gilbert, avec Harry Baur, Gabrielle Dorziat et Pierre Renoir, Pièges (1939) - enquête policière sur la disparition de jeunes danseuses et entraîneuses - sur un scénario de Jacques Companéez et Ernst Neubach, avec Maurice Chevalier, Erich Von Stroheim et Marie Déa.
Robert Siodmak s’installe à Hollywood en 1939 où il débute en réalisant West Point Widow. Pour les studios Universal, il réalise dès 1943 des films dont l’esthétique est marquée par l’expressionnisme allemand, puis par Orson Welles : Fly by Night (1942) avec Richard Carlson et Nancy Kelly, Someone to Remember (1943), Les Mains qui tuent (Phantom Lady) en 1944, The Strange Affair of Uncle Harry et Deux mains, la nuit (The Spiral Staircase) en 1945.
Il s’impose comme un pionnier du film noir (Les Tueurs, 1946) avec Ava Gardner et Burt Lancaster qu’il retrouve dans Le Corsaire rouge (The Crimson Pirate) en 1952.
Il collabore avec Budd Schulberg au scénario du film Sur les quais, sans en être crédité, mais en étant indemnisé financièrement.
En 1951, il revient en Allemagne pour y réaliser notamment Nachts, wenn der Teufel kam (La Nuit quand le diable venait) et Die Ratten avec Maria Schell et Curd Jurgens distingué par l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1955. Il réalise aussi un remake du Grand jeu, réalisé par Jacques Feyder avant-guerre, avec Gina Lollobrigida et Arletty.
Au cours de la décennie suivante, il réalise des films dans des genres comme le western - Les Mercenaires du Rio Grande (Der Schatz der Azteken) en 1965 -, le peplum - Pour la conquête de Rome I (Kampf um Rom I) en 1968 - et la comédie dramatique.
« Les SS frappent la nuit »
Arte diffusera le 23 mars 2020 « Les SS frappent la nuit » (Nachts, wenn der Teufel kam) réalisé par Robert Siodmak. « Dans une Allemagne nazie aux abois, un commissaire de police enquête sur une série de crimes... Grand succès lors de sa sortie en 1957, ce film de Robert Siodmak dépeint avec mordant le jusqu'au-boutisme criminel d'un régime nazi au bord de l'effondrement. »
« Hambourg, été 1944. De retour blessé du front, Axel Kersten retrouve son poste de commissaire à la brigade criminelle. Venu aider Helga, dont il vient de faire la connaissance, à tapisser son salon, Axel tombe sur une vieille coupure de journal relatant le meurtre d'une femme, des années auparavant. Faisant le parallèle avec l'assassinat d'une serveuse sur lequel il enquête, il met au jour plusieurs autres meurtres de femmes non élucidés. Soupçonnant que ces affaires ont un seul et même auteur, Kersten oriente son enquête vers Bruno Lüdke, un simple d'esprit doté d'une force herculéenne. Pour le SS-Grüppenführer Rossdorf, il est inenvisageable que la justice du Reich ait pu laisser courir si longtemps un criminel de cet ordre. Ses services ont d'ailleurs déjà arrêté Willi Keun, suspecté du plus récent des meurtres… »
« Contraint à l'exil – en France puis aux États-Unis – dès l'arrivée au pouvoir des nazis, Robert Siodmak a repris le chemin des studios allemands au début des années 1950. Il dépeint avec mordant le jusqu'au-boutisme criminel d'un régime nazi au bord de l'effondrement. Grand succès à sa sortie outre-Rhin, salué par dix récompenses au Prix du film allemand et une nomination aux Oscars, Les SS frappent la nuit s'inspire de faits réels, retracés après-guerre dans une série d'articles par le journaliste-romancier Will Berthold et parus sous le titre La nuit quand le diable venait, sous lequel le film est aussi parfois diffusé. Teinté d'ironie, le noir portrait d'un régime totalitaire à la veille de sa chute ».
« De tous mes films réalisés à mon retour de Hollywood, il n’y a que deux œuvres dont je suis fier : Les Rats et Les S.S. frappent la nuit » déclarait Robert Siodmak. Il est vrai que l’ultime partie de la carrière de Robert Siodmak, à partir de 1953 où il est l’un des premiers cinéastes exilés à rentrer en Europe, est décevante. Celui qui était devenu au sein du studio Universal un des maîtres du film noir ne parvient pas à retrouver des projets à la hauteur de son talent et de son ambition. Les deux films cités font figures d’exception. Les Rats est l’adaptation réussie d’une pièce de Hauptmann, modernisée dans l’Allemagne de l’immédiate après-guerre. Le troisième film entretient un parallèle troublant avec le titre le plus important du cinéma allemand des années 30 : M le maudit de Fritz Lang. Dans les deux cas, un tueur en série est le révélateur de la violence nazie, naissante dans le film de Lang, déclinante dans celui de Siodmak – le film se déroule peu de temps avant la chute du IIIème Reich. Une autre comparaison s’effectue au cœur du film de Siodmak, pour mieux en dévoiler les différences : celle entre la violence individuelle, incontrôlable et pulsionnelle, et la violence d’état, froide, cynique et machinale. De ces deux folies, la moins effrayante n’est pas celles des autorités hitlériennes. Siodmak s’inspire d’un fait-divers réel, qui avait défrayé la chronique : les meurtres de plus de quatre-vingts femmes sur une dizaine d’années, dans l’Allemagne nazie. Finalement arrêté, le coupable était un débile mental à la force herculéenne. Siodmak ne construit pas son film autour d’un suspense haletant, mais s’intéresse aux méandres d’une enquête policière perturbée par les manipulations politiques de la gestapo et des S.S. « Les S.S. frappent la nuit est le premier film allemand à parler du passé nazi autrement que dans une perspective déculpabilisante – ce qui n’est pas peu » affirme Hervé Dumont dans son essai biographique sur Robert Siodmak (L’Age d’homme, 1981). Le film, immense succès à sa sortie, récolta un nombre impressionnant de récompenses un peu partout dans le monde. Il révéla l’acteur suisse Mario Adorf dans le rôle du tueur psychopathe Bruno Luedke. Avec son physique massif, cet ancien élève de la Kamerspiele de Munich impose un corps et un visage qui vont durablement hanter le cinéma européen. Mario Adorf apparait dans de nombreux films commerciaux allemands, mais est régulièrement employé par la nouvelle génération des auteurs germaniques, chez Schlöndorff et Fassbinder notamment. Figure familière du cinéma italien, il a trimballé sa large carrure aussi bien chez Comencini, Risi et d’autres grands cinéastes que dans de nombreux polars et westerns de série", a analysé Olivier Père.
« Les SS frappent la nuit » de Robert Siodmak
Allemagne, 1957
Auteur : Will Berthold
Scénario : Werner Jörg Lüddecke
Production : Divina-Film
Producteur/-trice : Robert Siodmak
Image : Georg Krause
Montage : Walter Boos
Musique : Siegfried Franz
Avec Claus Holm, Mario Adorf, Hannes Messemer, Peter Carsten, Karl Lange, Werner Peters, Annemarie Düringer, Monika John, Wilmut Borell, Walter Janssen
Sur Arte le 23 mars 2020 à 23 h
Disponible du 23/03/2020 au 21/04/2020
Robert Siodmak (1900-1973) est né dans une famille juive à Dresde (Allemagne).
Il gagne sa vie comme metteur en scène et banquier, puis devient scénariste de films pour Curtis Bernhardt en 1925.
L’année suivante, il est recruté par son cousin producteur, Seymour Nebenzal, pour monter des films à partir d’anciennes œuvres.
En 1929, Robert Siodmak co-réalise avec Edgar G. Ullmer son premier film « Menschen am Sonntag » (Les Hommes le dimanche, People on Sunday) (1929), sur un scénario de son frère Curt, Billy Wilder et Fred Zinnemann, produit par Seymour Nebenzal et joué par Brigitte Borchert, Christl Ehlers, Annie Schreyer, Wolfgang von Walthershausen, Erwin Splettstosser et Heinrich Gretler. Directeur de la photographie : Eugen Schufftan. Un film caractéristique de la Nouvelle Objectivité par son réalisme sur la vie quotidienne de jeunes Berlinois durant la République de Weimar. Et qui contient des séquences documentaires sur la ville de Berlin, autre personnage de l'oeuvre cinématographique, et les loisirs offerts à ses habitants.
En 1933, après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, son film « Das brennende Geheimnis » (Fin de saison), d’après la nouvelle Brûlant Secret de Stefan Zweig et interprété par Willi Forst, Hilde Wagener et Alfred Abel, est critiqué par Joseph Goebbels, ministre de la propagande, via la presse, puis interdit. Son producteur Alfred Sternau de Tonal-Film est contraint de fuir l'Allemagne nazie en suivant un périple menant son épouse Ruth Sternau, décoratrice du film, et lui en Espagne, Italie et France. Américaine riche, Ottilie Moor accueille dans sa maison à Villefranche-sur-mer la famille qui s'agrandit avec la naissance d'un fils, Pierre. Les parents confient leur nouveau-né âgé de quelques semaines à une organisation de sauvetage et sont arrêtés par la Gestapo à Nice, puis déportés au camp nazi d'Auschwitz où ils sont assassinés. Leur bébé est sauvé par le réseau Marcel puis par l’OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants). Le médecin de l'OSE, le Dr Alfred Lellouch, et son épouse Sonia née Chenkmann, adoptent Pierre qui, adulte, effectue des recherches sur ses parents biologiques et témoignent dans des établissements scolaires.
Fuyant le nazisme, Robert Siodmak tourne à Paris plusieurs films à succès : La crise est finie (1934) avec Danielle Darrieux et Albert Préjean, La Vie parisienne (1936) avec Max Dearly, Conchita Montenegro et Georges Rigaud, Le Chemin de Rio (1937), enquête de deux journalistes sur la traite des Blanches avec Käthe von Nagy, Jules Berry, Suzy Prim, Jean-Pierre Aumont, Charles Granval et Marcel Dalio, Mollenard (1938) - un trafiquant d'armes en Extrême-Orient sur un scénario signé par Charles Spaak et Oscar-Paul Gilbert, avec Harry Baur, Gabrielle Dorziat et Pierre Renoir, Pièges (1939) - enquête policière sur la disparition de jeunes danseuses et entraîneuses - sur un scénario de Jacques Companéez et Ernst Neubach, avec Maurice Chevalier, Erich Von Stroheim et Marie Déa.
Robert Siodmak s’installe à Hollywood en 1939 où il débute en réalisant West Point Widow. Pour les studios Universal, il réalise dès 1943 des films dont l’esthétique est marquée par l’expressionnisme allemand, puis par Orson Welles : Fly by Night (1942) avec Richard Carlson et Nancy Kelly, Someone to Remember (1943), Les Mains qui tuent (Phantom Lady) en 1944, The Strange Affair of Uncle Harry et Deux mains, la nuit (The Spiral Staircase) en 1945.
Il s’impose comme un pionnier du film noir (Les Tueurs, 1946) avec Ava Gardner et Burt Lancaster qu’il retrouve dans Le Corsaire rouge (The Crimson Pirate) en 1952.
Il collabore avec Budd Schulberg au scénario du film Sur les quais, sans en être crédité, mais en étant indemnisé financièrement.
En 1951, il revient en Allemagne pour y réaliser notamment Nachts, wenn der Teufel kam (La Nuit quand le diable venait) et Die Ratten avec Maria Schell et Curd Jurgens distingué par l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1955. Il réalise aussi un remake du Grand jeu, réalisé par Jacques Feyder avant-guerre, avec Gina Lollobrigida et Arletty.
Au cours de la décennie suivante, il réalise des films dans des genres comme le western - Les Mercenaires du Rio Grande (Der Schatz der Azteken) en 1965 -, le peplum - Pour la conquête de Rome I (Kampf um Rom I) en 1968 - et la comédie dramatique.
« Les SS frappent la nuit »
Arte diffusera le 23 mars 2020 « Les SS frappent la nuit » (Nachts, wenn der Teufel kam) réalisé par Robert Siodmak. « Dans une Allemagne nazie aux abois, un commissaire de police enquête sur une série de crimes... Grand succès lors de sa sortie en 1957, ce film de Robert Siodmak dépeint avec mordant le jusqu'au-boutisme criminel d'un régime nazi au bord de l'effondrement. »
« Hambourg, été 1944. De retour blessé du front, Axel Kersten retrouve son poste de commissaire à la brigade criminelle. Venu aider Helga, dont il vient de faire la connaissance, à tapisser son salon, Axel tombe sur une vieille coupure de journal relatant le meurtre d'une femme, des années auparavant. Faisant le parallèle avec l'assassinat d'une serveuse sur lequel il enquête, il met au jour plusieurs autres meurtres de femmes non élucidés. Soupçonnant que ces affaires ont un seul et même auteur, Kersten oriente son enquête vers Bruno Lüdke, un simple d'esprit doté d'une force herculéenne. Pour le SS-Grüppenführer Rossdorf, il est inenvisageable que la justice du Reich ait pu laisser courir si longtemps un criminel de cet ordre. Ses services ont d'ailleurs déjà arrêté Willi Keun, suspecté du plus récent des meurtres… »
« Contraint à l'exil – en France puis aux États-Unis – dès l'arrivée au pouvoir des nazis, Robert Siodmak a repris le chemin des studios allemands au début des années 1950. Il dépeint avec mordant le jusqu'au-boutisme criminel d'un régime nazi au bord de l'effondrement. Grand succès à sa sortie outre-Rhin, salué par dix récompenses au Prix du film allemand et une nomination aux Oscars, Les SS frappent la nuit s'inspire de faits réels, retracés après-guerre dans une série d'articles par le journaliste-romancier Will Berthold et parus sous le titre La nuit quand le diable venait, sous lequel le film est aussi parfois diffusé. Teinté d'ironie, le noir portrait d'un régime totalitaire à la veille de sa chute ».
« De tous mes films réalisés à mon retour de Hollywood, il n’y a que deux œuvres dont je suis fier : Les Rats et Les S.S. frappent la nuit » déclarait Robert Siodmak. Il est vrai que l’ultime partie de la carrière de Robert Siodmak, à partir de 1953 où il est l’un des premiers cinéastes exilés à rentrer en Europe, est décevante. Celui qui était devenu au sein du studio Universal un des maîtres du film noir ne parvient pas à retrouver des projets à la hauteur de son talent et de son ambition. Les deux films cités font figures d’exception. Les Rats est l’adaptation réussie d’une pièce de Hauptmann, modernisée dans l’Allemagne de l’immédiate après-guerre. Le troisième film entretient un parallèle troublant avec le titre le plus important du cinéma allemand des années 30 : M le maudit de Fritz Lang. Dans les deux cas, un tueur en série est le révélateur de la violence nazie, naissante dans le film de Lang, déclinante dans celui de Siodmak – le film se déroule peu de temps avant la chute du IIIème Reich. Une autre comparaison s’effectue au cœur du film de Siodmak, pour mieux en dévoiler les différences : celle entre la violence individuelle, incontrôlable et pulsionnelle, et la violence d’état, froide, cynique et machinale. De ces deux folies, la moins effrayante n’est pas celles des autorités hitlériennes. Siodmak s’inspire d’un fait-divers réel, qui avait défrayé la chronique : les meurtres de plus de quatre-vingts femmes sur une dizaine d’années, dans l’Allemagne nazie. Finalement arrêté, le coupable était un débile mental à la force herculéenne. Siodmak ne construit pas son film autour d’un suspense haletant, mais s’intéresse aux méandres d’une enquête policière perturbée par les manipulations politiques de la gestapo et des S.S. « Les S.S. frappent la nuit est le premier film allemand à parler du passé nazi autrement que dans une perspective déculpabilisante – ce qui n’est pas peu » affirme Hervé Dumont dans son essai biographique sur Robert Siodmak (L’Age d’homme, 1981). Le film, immense succès à sa sortie, récolta un nombre impressionnant de récompenses un peu partout dans le monde. Il révéla l’acteur suisse Mario Adorf dans le rôle du tueur psychopathe Bruno Luedke. Avec son physique massif, cet ancien élève de la Kamerspiele de Munich impose un corps et un visage qui vont durablement hanter le cinéma européen. Mario Adorf apparait dans de nombreux films commerciaux allemands, mais est régulièrement employé par la nouvelle génération des auteurs germaniques, chez Schlöndorff et Fassbinder notamment. Figure familière du cinéma italien, il a trimballé sa large carrure aussi bien chez Comencini, Risi et d’autres grands cinéastes que dans de nombreux polars et westerns de série", a analysé Olivier Père.
« Les SS frappent la nuit » de Robert Siodmak
Allemagne, 1957
Auteur : Will Berthold
Scénario : Werner Jörg Lüddecke
Production : Divina-Film
Producteur/-trice : Robert Siodmak
Image : Georg Krause
Montage : Walter Boos
Musique : Siegfried Franz
Avec Claus Holm, Mario Adorf, Hannes Messemer, Peter Carsten, Karl Lange, Werner Peters, Annemarie Düringer, Monika John, Wilmut Borell, Walter Janssen
Sur Arte le 23 mars 2020 à 23 h
Disponible du 23/03/2020 au 21/04/2020
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