samedi 31 août 2019

« La blonde province de Himmler Une expérimentation en Pologne » par Klaus Salge et Jacek Kubiak


Arte diffusera le 3 septembre 2019 « La blonde province de Himmler. Une expérimentation en Pologne » (Eine blonde Provinz Polen und der deutsche Rassenwahn), documentaire réalisé par Klaus Salge et Jacek Kubiak. « Comment Himmler a tenté d'imposer sa "race des seigneurs" aux provinces polonaises. Un saisissant retour en arrière dans les pas de trois hommes, qui n'étaient que des enfants lors de l'annexion de la Pologne : Zwi Steinitz, Henryk Jaszcz et Dieter Bielenstein. »

« 1er septembre 1939 : l’armée allemande envahit la Pologne ».

« L’occasion pour Himmler de mettre en marche son programme d’aryanisation ». 

« L'invasion de la Pologne marque le début immédiat d'opérations de purification ethnique à grande échelle ».

« En quelques semaines, des millions de Polonais, juifs ou chrétiens, sont expulsés, déportés et tués ». 

« Ils doivent laisser la place aux colonies de Volksdeutschen, les descendants de ces Allemands de souche installés entre la Baltique et la mer Noire depuis le Moyen Âge ». 

« Parmi les sept provinces polonaises annexées au Reich que les nazis ont redécoupées à leur convenance, Himmler en veut une qui soit "blonde", c'est-à-dire peuplée exclusivement de représentants de la "race des seigneurs". Il jette son dévolu sur la région centrale de la vallée de la Warta, en amont et en aval de Poznan, qui s'appellera désormais le Warthegau ».

« Ce documentaire s'attache au destin de trois hommes qui n'étaient que des enfants lors de l'annexion de la Pologne : Zwi Steinitz, de Tel Aviv, revient pour la première fois dans son pays natal pour voir l'endroit où ses parents ont été assassinés ; après l'offensive allemande, Henryk Jaszcz, a cherché en vain ses parents à Poznan puis a rejoint les rangs de la Résistance ; quant à Dieter Bielenstein, fils d'Allemands vivant alors en Lettonie, il est venu à l'âge de 12 ans à Poznan avec ses parents qui avaient répondu à l'appel du Führer ».


« La blonde province de Himmler Une expérimentation en Pologne » par Klaus Salge et Jacek Kubiak
Allemagne, 2009, 53 min
Sur Arte le 3 septembre 2019 à 22 h 25
Visuels :
Zwi Steinitz (à gauche) de Tel Aviv, revient pour la première fois en Pologne pour voir où ses parents ont été assassinés
Crédit :Maciej Kuszela

L' invasion de la Pologne marque le début immédiat d' opérations de purification ethnique et pour Himmler de mettre en marche son programme d' aryanisation
Crédit : Maciej Kuszela/Klaus Salge

L' invasion de la Pologne marque le début immédiat d' opérations de purification ethnique et pour Himmler de mettre en marche son programme d' aryanisation
Crédit : Maciej Kuszela

Zwi Steinitz (à gauche) de Tel Aviv, revient pour la première fois en Pologne pour voir où ses parents ont été assassinés
Crédit : Maciej Kuszela/Klaus Salge

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Les citations sont proviennent d'Arte.

vendredi 30 août 2019

« Les aventuriers de l’art moderne » d’Amélie Harrault, Pauline Gaillard et Valerie Loiseleux


Arte rediffusera dès le 1er septembre 2019 « Les aventuriers de l’art moderne » (Die Abenteurer Der Modernen Kunst), série  en six volets intéressante d’Amélie Harrault, Valerie Loiseleux et Pauline Gaillard. Un demi-siècle d’aventures artistiques - fauvisme, cubisme, dadaïsme, surréalisme -, d’engagements politiques et d’itinéraires personnels dans une Europe bouleversée par les conflits mondiaux, la crise économique de 1929, l’avènement du nazisme, les persécutions antisémites, la Shoah, etc. Des lacunes.


A la charnière des XIXe et XXe siècles, Paris s’impose comme « ville-lumière » à l’effervescence artistique. La Ruche abrite des artistes, notamment ceux de l’Ecole de Paris.

Tableaux vivants
Associant « documents d’archive et techniques d’animation traditionnelle (peinture sur verre, papiers découpés, encre, gouache...) », la série télévisuelle Les aventuriers de l’art moderne est adaptée de la trilogie du romancier Dan Franck "Bohèmes", "Libertad !", "Minuit". Elle relate « sur le mode du récit, la vie intime des artistes et des intellectuels de la première moitié du XXe siècle, des artistes fondateurs de l'art moderne, du Montmartre de 1900 jusqu'à la Libération. Un ballet passionnant de destins croisés, superbement ressuscités par la peinture, l'illustration et l'animation ».

« Par son approche audacieuse, novatrice et visuellement splendide », cette série en six volets d’Amélie Harrault, Valerie Loiseleux et Pauline Gaillard « révolutionne le documentaire d'art : les peintures en mouvement, les dessins, les archives animées servent le propos, ajoutant une émotion visuelle à celle de l'histoire. Scandales, célébrations, tragédies et triomphes : sous le pinceau, le documentaire se transforme en tableau vivant. À travers ces photos animées et ces peintures mouvantes, Picasso, Apollinaire, Soutine, Breton et les autres aventuriers de l'art moderne ressuscitent, d'une manière troublante et magnifique ».

Malgré ses qualités esthétiques, la série documentaire souffre de son angle : éclairer un demi-siècle d'art moderne par la vie intime des artistes et intellectuels. Ce qui l'amène à relater des faits connus et à consacrer trop de temps à des détails : en quoi la rencontre entre Cocteau et Jean Marais ou les relations entre André Gide et son compagnon devenu celui de la mère de sa fille apportent-elles des informations sur le thème de la série ? C'est d'autant plus dommage que la série élude les relations des artistes Juifs avec le judaïsme, ou certaines raisons de l'arrivée de jeunes artistes Juifs : les numerus clausus antisémites dans des écoles de beaux-arts, etc. Pourquoi occulter l'antisémitisme de Jean Genêt, écrivain homosexuel encensé par Cocteau et Sartre, et son admiration pour des Nazis ? Pourquoi avoir écarté Piet Mondrian (1872-1944), pionnier néerlandais de l'abstraction dont les séjours à Paris ont fortement influé sur ses expérimentations picturales ? Pourquoi ne pas évoquer Claude Lévi-Strauss, Paul Nizan (1905-1940) ou Joseph Kessel ? Pourquoi avoir omis le Bauhaus et l'Art Déco ? Pourquoi n'avoir pas nommé les artistes Juifs déportés et tués lors de la Shoah ? Paradoxalement, alors que le documentaire est réalisé et produit par des femmes, celles-ci se voient réduite à la portion congrue. Quid de Berthe Weill (1865-1951), première des marchands d'art à vendre à Paris des toiles de Pablo Picasso et d'Henri Matisse, organisatrice de la seule exposition individuelle du vivant d'Amedeo Modigliani, et galeriste ayant lancé des artistes tels Georges Braque, Raoul Dufy, André Derain, Kees van Dongen, Marie Laurencin, Diego Rivera, Maurice Utrillo, Suzanne Valadon et Maurice Vlaminck ? Quid de Sonia Delaunay (1885-1979) ?

Premier volet. Dans le Montmartre joyeux et populaire du début du siècle, un groupe d’artistes composée, en particulier de Max Jacob (1876-1944), Pablo Picasso (1906-1916), et du poète polyglotte et éditeur Guillaume Apollinaire (1880-1918), suit une vie de bohème, entre leur atelier - le Bateau-Lavoir -, leur travail, leurs muses et modèles - Fernande Olivier (1881-1966), compagne de Picasso de 1904 à 1909 -, les galeristes, marchands d'art et collectionneurs, et accumulent les nuits blanches.

Au Bateau-Lavoir, on "entre par le premier étage", puis  on descend l'escalier. Un immeuble en bois glacial l'hiver et torride l'été. Picasso se fixe au dernier niveau, "au rendez-vous des poètes".

Van Dongen. peint Montmartre, ses boutiquières, danseuses du Moulin de la Galette, ses prostituées. Autres artistes : André Derain, le sculpteur et graveur Georges Braque né à Argenteuil, Vlaminck...

Cabaret, le Lapin Agile leur offre un lieu de rendez-vous nocturne où ils côtoient les comédiens Harry Baur et Charles Dullin, les poètes Francis Carco et Pierre Mac Orlan, l'écrivain Roland Dorgelès.

Boulevard de Rochechouart, ces artistes fréquentent le cirque Médrano, source de poèmes et tableaux. Après la "période bleue", Picasso ouvre sa "période rose".

Fernande Olivier adopte une orpheline de dix ans. Picasso peint l'enfant. Puis le couple se lasse. Trois mois après, à la demande de Fernande Olivier, Max Jacob ramène la fillette à l'orphelinat.

Marie Laurencin (1883-1956), peintre et muse, et Apollinaire s'installent ensemble. Le poète s'avère aussi jaloux que Picasso.

Marchand d'art et éditeur né à La Réunion, Ambroise Vollard (1866-1939) achète pour 2 000 francs or de tableaux à Picasso.

Collectionneurs américains juifs, Gertrude et Léo Stein découvrent Picasso chez un marchand de tableaux ancien clown. Ils l'accueillent avec Matisse dans leur domicile parisien.

Au Salon d’automne de 1905, les toiles de Matisse, aux couleurs éclatantes, suscitent un scandale : le fauvisme est né. Le Président de la République refuse d'assister à l'inauguration de l’événement parisien vilipendé par la presse. L'année suivante, Matisse expose au Salon des indépendants Le bonheur de vivre. 1907. C'est le Nu bleu de Matisse, peint après un séjour en Algérie. Un tableau d'avant-garde incompris par la critique. Pour Kandinsky, Matisse est un admirable coloriste, mais fidèle à l'impressionnisme.

Picasso explore de nouvelles voies artistiques. Il peint son Autoportrait en 1906, puis le décline et sculpte des bustes de femmes. 

Deuxième volet. La bande de Picasso. En 1907, avec le tableau « Les demoiselles d’Avignon » de Picasso, le cubisme a son oeuvre étendard et offusque... Il représente cinq femmes, dont quatre debout nues. Deux visages rappellent les statuettes ibériques montrées au Louvre, et trois faces sont influencées par les masques nègres. Les amis du peintre peinent à comprendre cette oeuvre si originale aux corps disloqués, aux arêtes géométriques.

Né dans une famille bourgeoise Juive à Mannheim (empire allemand), Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979) est familiarisé avec l’art par son grand-oncle Joseph Goldscheider à Stuttgart. Dans les musées, il apprécie Boucher, Charin, Rembrandt  et Cranach. En 1902, il s’installe à Paris et découvre la peinture impressionniste, notamment Cézanne. Il décide de devenir marchand d’art, à l’instar de ses « maîtres » : Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel. En 1907, Daniel-Henry Kahnweiler ouvre sa première galerie d’art rue Vignon, à Paris. Fasciné, ce jeune marchand d'art allemand comprend le caractère révolutionnaire des demoiselles d’Avignon. Picasso lui vend les dessins préparatoires de cette oeuvre révolutionnaire
 .
Daniel-Henry Kahnweiler se fait éditeur pour publier les poèmes d'Apollinaire réunis dans L'Enchanteur pourrissant illustrés par des gravures signées par Derain.

Les "Bernheim sont les marchands de Matisse, Durand-Ruel celui des impressionnistes; Ambroise Vollard celui de Cézanne, de Gauguin et des Nabis". Pour rejoindre ce cénacle, Daniel-Henry Kahnweiler parie sur Picasso, 

Avec les débuts de la reconnaissance artistique, c'est l'ère des ruptures : Picasso  emménage à Montparnasse, sur la rive gauche, dans un appartement bourgeois. En 1911, il quitte ce quartier d'artisans, de fondeurs pour un village catalan. Il reçoit et se rapproche de Braque. Tous deux peignent un tableau ensemble, dans lequel Picasso insère un collage de toile cirée, mais sans le signer.

Apollinaire est arrêté pour recel de statues ibériques. Interpellé, Picasso nie tout. Tous sont interrogés par un magistrat. Ils paniquent. Picasso est libéré. Puis Apollinaire retrouve la liberté, consterné par le comportement de son ami. Tous deux se réconcilient. Apollinaire publie Alcools (1913).

A New York, l'Armory Show présente les œuvres de Marcel Duchamp.

La fortune ne sourit pas à Max Jacob. Les couples se séparent. Picasso vit avec Eva, qui souffre de tuberculose.

Le 2 mars 1914, à l'Hôtel des Ventes de Drouot, 150 œuvres d'art moderne sont proposées. Pour la première fois, des œuvres d'art cubiste "affrontent le marché national". L'Aquarium de Bonnard part à 720 francs. Écluse à Bougival de Vlalminck "est martelé à 170 francs". Le violoncelliste de Gauguin et Fleurs dans un verre de van Gogh sont vendues chacune à 4 000 francs. Compotiers de pommes et oranges de Matisse atteint 5 000 francs.  Femmes et enfants de Picasso est adjugé à 1 100 francs. La famille de saltimbanques, de Picasso est acquis 11 500 francs or.

La Première Guerre mondiale survient. Blaise Cendrars lance un appel aux étrangers vivant en France les exhortant à s'engager pour leur pays d'accueil. Un grand nombre rejoint les rangs de la Légion étrangère.

Eva Gouel, compagne de Picasso (1911-1915), décède de tuberculose en 1915.

Le peintre Picasso et l'écrivain Max Jacob, Juif breton qui se convertira en 1915 au christianisme, réformé, restent à Paris. Braque, Derain et Apollinaire luttent sur le front. Braque est blessé, trépané, puis démobilisé en 1916. Né d'une mère polonaise dans la partie polonaise de l'Empire russe, Apollinaire attend son incorporation à Nice.

Troisième volet. En 1916, Apollinaire est blessé : des éclats d'obus ont perforé sa tempe. Il est opéré, et guérit. Le documentaire montre des images émouvantes de jeunes blessés.

Paris a changé. La guerre, la misère, le couvre-feu...

De nombreux artistes, tel Chagall, vivent et travaillent à La Ruche, pour un loyer faible. Dans une impasse, la sculptrice Marie Wassilieff tient une cantine les rescapés de la conscription et du Bateau-Lavoir, ainsi que les artistes de la Ruche.

Carrefour Vavin, au  Dôme et à la Rotonde, les artistes peuvent y rester des heures à débattre, à observer les passants, s'y laver dans les lavabos.

Né dans une famille Juive pauvre d'un village de Lituanie, ayant vécu dans un ghetto, le peintre Chaïm Soutine (1893-1943) y prend des cours de français avec une répétitrice. Il a représenté un rabbin dans un dessin. La sanction est dure et influera ses œuvres représentant des chairs à vif. Il peint sur des croûtes achetées au marché aux Puces de la porte de Clignancourt. Insatisfait, il déchire ses œuvres, quitte à les recoudre ensuite... Souffrant d'un ver solitaire, Soutine excellent dans l'expressionnisme violent.

Kikoïne, Chana Orloff, Zadkine... Tous appartiennent à l'Ecole de Paris, une école informelle.

1916. À Montparnasse, des artistes, français et  étrangers peinent à gagner leur vie. Chaïm Soutine (1893-1943) devient l'ami d'Amedeo Modigliani (1884-1920), peintre et sculpteur italien né dans une famille juive livournaise. Souriant, affable, beau, Modigliani dessine rapidement. L'opposé de Soutine, peu soigné, sale. La poussière encombre les poumons de Modigliani lors de son travail de sculpteur.

En 1917, Croix de guerre, naturalisé français, devenu irritable et inquiet, Guillaume Apollinaire retrouve Max Jacob.

Ambulancier pendant la guerre, démobilisé, Jean Cocteau recherche l'affection de Picasso. Au théâtre du Chatelet, est créé en 1917 Parade, ballet aux costumes et décors de Pablo Picasso, et une musique d'Erik Satie, et un poème de Cocteau. Huées du public. Cette œuvre inspire Guillaume Apollinaire qui forge le néologisme "surréalisme," adopté ensuite par André Breton et Philippe Soupault.

Apollinaire monte sa pièce Les mamelles de Tirésias, sous-titrée « drame surréaliste ». Il est affecté au bureau de presse du ministère de la Guerre, ou censure. Il partage la vie de Jacqueline.

En juillet 1918, Picasso épouse Olga Khokhlova, ballerine des Ballets russes de Diaghilev.

Souffrant de tuberculose, Modigliani s'éprend de Jeanne Hébuterne (1898-1920), fille de catholiques pratiquants hostile à leur union. Il travaille souvent chez Tadeusz Borowski, marchand d'art. Les artistes et modèles fréquentent cet appartement.

Né dans une famille juive de Cracovie (Pologne), combattant dans les tranchées, Moïse Kisling (1891-1953) a reçu la nationalité française.

A la fin de la Première Guerre mondiale, le poète Apollinaire meurt de la grippe espagnole. Une maladie qui décime 21 millions de personnes dans le monde en quelques années. Son enterrement marque la fin de la bohème.

Les touristes, surtout américains, reviennent à Paris.

En janvier 1920, Modigliani malade, est hospitalisé. Il décède d'une méningite tuberculeuse. Sa veuve enceinte de leur second enfant se suicide. Kisling a payé les frais de l'enterrement. Une foule silencieuse assiste à l'enterrement au cimetière du Père Lachaise, près de la tombe d'Apollinaire.

Quatrième volet. "En réponse à l’absurdité de la guerre, la révolution dadaïste et surréaliste est en marche".

Les poètes André Breton et Philippe Soupault se rencontrent à l'initiative d'Apollinaire. Ils prisent l'écriture automatique et publient en 1920 Champs magnétiques. Tristan Tzara les rejoint.

Au café La Source, Louis Aragon (1897-1982) les retrouve. Etudiant en médecine, il sert au service des Aliénés et vit avec Nancy Cunard, égérie britannique généreuse. Sa culture impressionne Breton. 

À la tête des mouvements dadaïste et surréalistes, influencé par les théories de Freud, André Breton et Louis Aragon, entourés du photographe Man Ray (1890-1976), du poète Robert Desnos (1900-1945), appelé le "dormeur éveillé", et tant d’autres. 

Né Emmanuel Radinsky dans une famille d'immigrés Juifs russes à Philadelphie, Man Ray vit pendant six ans avec son modèle Kiki de Montparnasse (1901-1953) peinte par Foujita et Kisling. Dans son atelier, ce peintre explore la photographie et saisit Picasso en toréador, Tzara et son monocle, Antonin Artaud, Marcel Duchamp, qui joue aux échecs, Picabia, "Je ne suis pas ton violon d'Ingres", lui lance Kiki.

Tous passent la nuit au Jockey, boite de nuit.

Grâce aux achats de ses œuvres par le Dr Barnes, Soutine se métamorphose, découvre la mer. Peint des carcasses, souvenir de la sanction infligée alors qu'il était enfant pour avoir peint des images iconoclastes. Puanteur et décomposition des carcasses induisent l'intervention du service d'hygiène.

Aragon emménage dans un immeuble rue du Château où vit le poète Jacques Prévert. Ils jouent aux petits papiers... Lors d'une fête en hommage à Maïakovski, Aragon rencontre Elsa Triolet (1896-1970), née Ella Kagan et belle-sœur du poète russe. Elsa Triolet s'éprend d'Aragon, toujours lié par une passion à Nancy Cunard. 

En 1929, Man Ray est abordé par la jeune Lee Miller qui souhaite devenir son élève. A la Coupole, Kiki attend Man Ray. Elle est devenue peintre et est élue reine de Montparnasse.

Picasso "vit entre deux femmes", son épouse Olga et Marie-Thérèse Walter (1909-1977).

Salvador Dalí le rencontre avant de visiter le Louvre, et "rebat les cartes". Il se lie avec le poète Paul Eluard marié à Gala qu'il avait partagé avec Max Ernst. En 1929, Dalí invente une nouvelle manière de peindre, laissant s’exprimer son inconscient. Il "succombe au charme froid de Gala". Il s'est lié au poète Garcia Lorca et au réalisateur Luis Buñuel. En 1929, celui-ci tourne Un chien andalou,  court métrage surréaliste, sur un scénario de Dalí. Breton souhaite exclure Dalí du groupe surréaliste.

Cinquième volet : au début des années 1930, la montée du fascisme conduit les artistes à s’engager. 

Dès 1936, la guerre d’Espagne mobilise : l'écrivain André Malraux, les photoreporters Robert Capa, né dans une famille juive de Budapest, et Gerda Taro (1910-1937), né dans une famille juive à Stuttgart, David Seymour dit Chim  et Fred Stein  soutiennent les Républicains. 

André Malraux est membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, et contribue à la création de la Ligue mondiale contre l'antisémitisme (LICA, future LICRA). En 1936, cet auteur distingué par le Prix Goncourt en  1933 crée l'escadrille internationale España en réunissant une vingtaine de Potez 540, qu'il dirige avec le grade de colonel jusqu'en 1937. En 1938, il co-réalise avec Édouard Corniglion-Molinier le film Espoir, sierra de Teruel (1938). 

Le 26 avril 1937, en appui du coup d'État nationaliste contre le gouvernement de la Seconde République espagnole, les avions de la Légion Condor allemande nazie et de l'Aviation Légionnaire italienne fasciste, bombardent - bombes incendiaires et explosives - Guernica, village basque. Cette tragédie bouleverse et inspire à Picasso sa célèbre toile. Une oeuvre picturale monumentale commandée par le gouvernement espagnol pour l'Exposition universelle à Paris en 1937.

Dernier épisode : la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939.

Nombre d’artistes et d’intellectuels, essentiellement juifs, fuient l’Europe et surtout le IIIe Reich conquérant. 

Ceux qui demeurent en France s'efforcent de survivre sous le régime de Vichy, de peindre, de composer et d’écrire pour combattre l’Occupant nazi ou pour continuer d’exister. Certains collaborent, d'autres résistent, beaucoup s’accommodent, sont attentistes.
    

« Les aventuriers de l’art moderne  », par Amélie Harrault, Pauline Gaillard
Adaptation et scénario de Dan Franck
Narratrice : Amira Casar
Musique de Pierre Adenot
Silex Films, Financière Pinault, Arte, CNC, 2015
Bohème (1900-1906),  Die Zeit der Bohème (1900-1906) : les 16 décembre 2015 à 20 h 55, 1er septembre 2019 à 14 h 15 (49 min)
La bande de Picasso (1906-1916), Picasso und Co (1906-1916) : les 16 décembre à 21 h 45, 1er septembre 2019 à 15 h 05 (51 min)
Libertad ! (1930-1939), Libertad! (1930-1939) : le 18 décembre à 22 h 25 (53 min)
Minuit à Paris (1939-1945), Mitternacht in Paris (1939-1945) : le 18 décembre 2015 à 23 h 20 (53 min)

Visuels : © Silex Films/Financière Pinau

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur la série sont d'Arte. Cet article a été publié le 16 décembre 2015, puis le 30 août 2019.

« Isrealités – Sept voyages photographiques »


Le Jüdische Museum Der Schweiz / Galerie (musée Juif de Suisse) présente l’exposition « Isrealities - Sieben Fotografische Reisen » (« Isréalités - Sept voyages photographiques »). Des œuvres de photographes de l'agence Magnum - Philippe Halsman, David Seymour, connu sous le nom de CHIM, Erich Hartmann, Micha Bar-Am, Patrick Zachmann, Thomas Dworzak et Oded Balilty - prises en Eretz Israël, depuis la période de la Palestine mandataire administrée par la Grande-Bretagne jusqu’à aujourd’hui, via la refondation de l’Etat Juif.


« Si je devais résumer le Congrès de Bâle en une seule phrase - que je me garderai de prononcer publiquement - : à Bâle, j’ai fondé l’Etat juif. Si je disais cela aujourd’hui publiquement, tout le monde se moquerait de moi. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante ans sûrement, tout le monde en aura pris conscience », a résumé Theodor Herzl, le 3 Septembre 1897, après le Premier congrès sioniste (29 août-31 août 1897) à Bâle (Suisse).

Conséquences de ce Congrès : adoption de la plate-forme sioniste (le programme de Bâle), fondation de l'Organisation sioniste mondiale, adoption de l'Hatikvah pour hymne, etc.

Au Jüdische Museum Der Schweiz / Galerie (musée juif de Suisse) à Bâle, l’exposition trilingue « Isrealities - Sieben Fotografische Reisen » réunit « sept périples photographiques en Eretz Israël ».

Philippe Halsman  (1906-1979), David Seymour  (1911-1956) surnommé CHIM, Erich Hartmann (1922-1999), Micha Bar-Am (* 1930), Patrick Zachmann (* 1955), Thomas Dworzak (* 1972), et le lauréat du prix Pulitzer, Oded Balilty (* 1979) ont saisi, sous des angles varies, différentes étapes de la concrétisation du rêve de Herzl sur près de 80 ans.

Ces photographes de l’agence Magnum nous offrent un voyage en photographies en Eretz Israël, de la Palestine mandataire, à la refondation de l’Etat juif jusqu’à l’Israël d’aujourd’hui. Nous participons à la vie en kibboutz et aux festivités du Jour de l’Indépendance. Nous sommes les témoins de la guerre des Six-jours de 1967 et des manifestations pacifiques au tournant de ce millénaire. Nous voyons ce que les artistes ont vu et comment ils l’ont vu.

L'exposition présente une sélection d'estampes vintage provenant des archives de David Seymour dit CHIM, Erich Hartmann et Micha Bar-Am.

L’exposition bénéficie du soutien de la Society for the Jewish Museum of Switzerland. « Isrealities - Sieben Fotografische Reisen » est une exposition du Jewish Museum of Switzerland et de CLAIRbyKahn d’après une idée d’Anna-Patricia Kahn. Tous les artistes sont représentés par CLAIRbyKahn.

On peut regretter le manque de rigueur parfois dans la terminologie du dossier de presse.

La « terre d'Israël et ses voisins existaient déjà avant la fondation de l'État en 1948. Un sujet populaire pour les photographes ».

La sélection de soixante estampes n'est pas chronologique.

L’exposition s’ouvre « par les images du voyage de Philippe Halsman en 1936 dans la Palestine mandataire sous administration britannique. Qu'il s'agisse des photos d'un danseur sur la plage, de pionniers de l'agriculture ou de nouveaux bâtiments de style Bauhaus, les photographies de Halsman transmettent un esprit d'optimisme joyeux et suscitent la curiosité et l'étonnement envers cet endroit en évolutions rapides ».

De « la refondation d'Israël jusqu'à sa mort en 1956, David Seymour a surnommé CHIM a suivi avec émotion le combat des rescapés juifs de la Shoah dans leur nouvelle patrie » environnée de pays ennemis visant sa destruction. Seymour, dont la famille a été assassinée en Pologne occupée par les nazis, éprouve de l’empathie pour les jeunes habitants courageux des kibboutzim ».

Né en Bavière, Erich Hartmann a « fui l'Allemagne nazie pour s'installer aux États-Unis. Quand il a photographié Israël au début des années 1960, l’excitation euphorique des premières années suivant la refondation de l'État s’était réduite. Hartmann saisit une jeune femme lors de la Fête de l’Indépendance et l’arrivée d’immigrants juifs (olim) roumains en Israël ».

Né en 1930 à Berlin, Micha Bar-Am grandit à Haïfa et co-fonde un kibboutz. C’est le « chroniqueur photographique d’Israël par excellence ». Il a photographié la guerre de Suez (1956) et acheta son premier appareil photographique Leica. De 1957 à 1966, il collabore à « Bahmahane », magazine de l'armée israélienne (Tsahal ou IDF). En 1961, dans le cadre d’une commande du gouvernement israélien, il photographe le procès d'Adolf Eichmann , à Jérusalem. Dès 1966, il travailla comme photographe indépendant (free lance). L’année suivante, il fait la connaissance de Cornell Capa, frère de Robert Capa, et tous deux ont photographié la guerre des Si-Jours pour la presse internationale. « Ses instantanés impressionnants montrent comment la vie et la mort s'entremêlent ».

Né en 1955 à Choisy-le-Roi, Patrick Zachmann  est un photojournaliste et réalisateur de films. En 1987, il publie Enquête d'identité (aux éditions Contrejour), qui résulte d'un projet de sept ans sur l'identité juive. Zachmann s’intéresse aux « rencontres entre orthodoxes et laïques et capture la beauté des lieux ».

« Quand on demande à Thomas Dworzak , né en Bavière et récipiendaire du World Press Photo award in 2001, quels domaines l’ont le plus influencé, il cite juste après Tbilissi, Téhéran ou Cham, le village de son enfance en Bavière, Israël et la Palestine », pays qui n’existe pas. Une tension imprègne ses photographies.

L’exposition s’achève avec Oded Balilty, né à Jérusalem. Ce photojournaliste a débuté sa carrière durant son service militaire en collaborant à.« Bahmahane » Il été distingué par le Pulitzer Prize for Breaking News Photography en 2007 pour un cliché d'une Juive israélienne vivant dans les territoires disputés et s'opposant seules aux forces de sécurité israéliennes lors de l'évacuation de l'avant-poste Amona, à l'est de Ramallah, à la suite de la décision de la Cour suprême israélienne concernant la destruction de neuf maisons dans ce site. Oded Balilty est le premier et seul photographe israélien avoir reçu ce Prix prestigieux. Une métaphore pour évoquer ses concitoyens... Oded Balilty a mis en scène un Superman prêt à se battre dans un paysage désolé, boisé et rocailleux, sans âme qui vive. Il montre des « paysages abandonnés : il photographie le Sabra Cactus, dont le nom est encore utilisé aujourd'hui pour désigner les juifs israéliens nés en Israël ».


Du 29 mars au 1er septembre 2019
Au Jüdische Museum Der Schweiz / Galerie 
Petersgraben 31. CH-4051 Basel
Tél. : +41 (0)61 261 95 14
Du lundi au vendredi de 13 h à 16 h. Dimanche de 11 h à 17 h
Visuels :
Affiche
Philippe Halsman, Reise in den Nahen Osten, Britisches Mandat für Palästina (Voyage au Moyen-Orient, mandat britannique pour la Palestine), 1936
Posthumer Abzug
© Philippe Halsman / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

David Seymour CHIM, Kind (Miriam Trito) geboren in der Siedlung Alma (Enfant (Miriam Trito) née dans la ville Alma)
1951
Original silvergelatiner Abzug
© David Seymour CHIM / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Micha Bar-Am, In den Gängen der Krankenkassenklinik, Orna wartet auf den Termin ihres Arztes
24. (Dans les couloirs de la clinique d’assurance maladie, Orna attend la nomination de son médecin, 24 ans) Februar 1967
Original silvergelatiner Abzug
© Micha Bar-Am / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Erich Hartmann, Migranten aus Rumänien, die in Israel ankommen (Migrants de Roumanie arrivant en Israël)
1961
Original silvergelatiner Abzug
© Erich Hartmann / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Philippe Halsman, Reise in den Nahen Osten, Britisches Mandat für Palästina
1936
Posthumer Abzug
© Philippe Halsman / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

David Seymour CHIM, Jemenitischer Schweisser und Rohrleitung (Soudeur yéménite et pipeline)
1954
Original silvergelatiner Abzug
© David Seymour CHIM / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Erich Hartmann, Unabhängigkeitstag (Jour de l'Indépendance), Tel Aviv
1961
Original silvergelatiner Abzug
© Erich Hartmann / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Micha Bar-Am, Zufällige Begegnung in der Geula Strasse zwischen einem Soldaten und seiner Mutter, Jerusalem (Rencontre aléatoire dans la rue Geula entre un soldat et sa mère)
Juni 1967
Original silvergelatiner Abzug
© Micha Bar-Am / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Patrick Zachmann, Eröffnung des Internationalen Filmfestivals (Ouverture du Festival international du film), Jerusalem
1997
Archival Pigment Print
© Patrick Zachmann / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Thomas Dworzak, «Peace Now»–Demonstration (Manifestation Peace Now), Jerusalem
Februar 2001
Archival Pigment Print
© Thomas Dworzak / Magnum Photos / Courtesy CLAIRbyKahn

Oded Balilty, Sabra Spuren, aus der Serie Sabra Traces (Sabra traces, de la série Sabra Traces)
2015
Archival Pigment Print
© Oded Balilty / Courtesy CLAIRbyKahn

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