« Le pacte Hitler-Staline » (Der Hitler-Stalin-Pakt) est un documentaire réalisé par Cédric Tourbe. « Comment Hitler et Staline, autrefois ennemis jurés, ont-ils pu opérer, en août 1939, un rapprochement destructeur ? La chronique, captivante et détaillée, du fiasco diplomatique qui a conduit à la signature" le 23 août 1939 "du pacte germano-soviétique, aux conséquences funestes ».
« Le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, représentées par leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, Joachim von Ribbentrop et Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov, signent un pacte de non-agression, accompagné d’un protocole secret qui prévoit le partage des territoires conquis en Europe de l'Est » : Finlande, la Pologne, les pays baltes et la Bessarabie. Ce pacte stipulait la neutralité d'une partie si l'autre partie entrait en conflit avec les puissances occidentales.
Le 1er septembre 1939, « quelques jours plus tard, Hitler, ainsi libéré de la menace d’être pris en étau, envahit la Pologne et déclenche la Seconde Guerre mondiale ».
« Comment le Führer et Staline, autrefois ennemis jurés, ont-ils opéré ce rapprochement destructeur ? »
« Pendant cinq ans, Maxime Litvinov, commissaire du peuple aux Affaires étrangères, représentant de l’URSS à la SDN (Société des nations) et farouche antinazi, a cherché à nouer une alliance militaire avec la France et la Grande-Bretagne pour faire obstacle aux volontés expansionnistes du IIIe Reich. Ses appels à l'instauration d'une politique de sécurité collective sont restés lettre morte, ouvrant le champ à l'un des plus grands coups de théâtre du XXe siècle ».
« Peur de la contagion communiste, pusillanimité face au réarmement progressif de l'Allemagne, coups du sort – telle la mort, dans l'attentat contre le roi de Yougoslavie, en 1934, à Marseille, du ministre français Louis Barthou, favorable à un front antinazi –, décisions absurdes, climat de paranoïa généralisée... : à travers un abondant fonds d'archives, ce documentaire passionnant plonge dans le secret des chancelleries ».
Il « suit ainsi le fil d'une débâcle diplomatique que les esprits les plus lucides de leur temps (Litvinov, donc, mais aussi Ivan Maïski, ambassadeur russe à Londres, Churchill...) n'auront pas réussi à empêcher ».
Ce traité de non-agression germano-russe avait été précédé le 22 mai 1939, à Berlin, par la signature du Pacte d'acier (Stahlpakt ; Patto d'Acciaio) effectuée par les ministres des Affaires étrangères allemand et italien, respectivement Joachim von Ribbentrop et Galeazzo Ciano. Un pacte militaire offensif entre les forces de l'Axe qui perdure jusqu'à la chute de l'Italie fasciste en 1943.
Le 27 septembre 1940, l'Allemagne nazie, l'Italie et le Japon ont signé un pacte tripartite et constituaient désormais l'Axe Rome-Berlin-Tokyo.
Ce traité germano-soviétique induit une grave crise des relations internationales, et fragmente les partis communistes occidentaux : indignés, certains communistes, dont des parlementaires, quittent le parti aligné sur Moscou. En France, le Parti communiste français est interdit (décrets Daladier).
Le 22 juin 1941, le führer Hitler attaque l'URSS en initiant l'opération Barbarossa. Ce qui signifie la fin du pacte germano-soviétique.
En 1989, l'URSS a reconnu tout le Pacte et ses finalités.
Vladimir Poutine
En 2009, Vladimir Poutine, alors Premier ministre, "avait condamné ce pacte germano-soviétique. «Toutes les tentatives d'apaiser les nazis entre 1934 et 1939 par divers accords et pactes étaient moralement inacceptables et politiquement insensées, nuisibles et dangereux», avait-il déclaré le 1er septembre 2009 à Gdansk, en Pologne, lors du 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale".
A l'époque, "l'heure était à la condamnation, encore timide, des crimes du stalinisme, et aux tentatives de réconciliation avec la Pologne. Huit mois plus tard, le chef du gouvernement russe était venu dans la forêt de Katyn, s'incliner devant les tombes de 4.400 officiers polonais tués sur ordre du Kremlin, durant la Seconde Guerre mondiale. Pendant des décennies, Moscou s'est efforcé de faire endosser à la Wehrmacht la responsabilité de ces massacres. Au total, «la petite terreur» stalinienne des années 39-40, comme l'appelle l'historien américain, Timothy Snyder, aura coûté la vie à 21.892 citoyens polonais."
Le 11 mai 2015, le Président de la Russie, Vladimir Poutine, alors qu'il était en compagnie de la chancelière Angela Merkel, "a justifié la signature du pacte germano-soviétique, traité de non-agression entre les deux pays conclu en août 1939. « L'Union soviétique a fait un tas d'efforts pour créer les conditions favorables à une résistance collective au nazisme en Allemagne… mais tous ses efforts n'ont pas été couronnés de succès. lorsque l'URSS a réalisé qu'on l'avait laissée toute seule face à l'Allemagne d'Hitler, il a pris des mesures visant à éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé », a déploré le chef du Kremlin.
Le président russe a éludé le "protocole secret qui avait été attaché à ce « pacte Molotov-Ribentropp », dont l'existence n'a été dévoilée aux Russes qu'après la chute de l'URSS, et qui prévoyait un partage de la Pologne entre les deux puissances. Dans la foulée, Moscou avait annexé au début de la guerre les pays baltes, décision que Vladimir Poutine justifie tacitement, mais que la chancelière allemande a jugée, au contraire, « illégitime ».
En 2015, Vladimir Poutine "redevenu président, est à la tête d'un État engagé, selon ses contempteurs, dans un processus rampant de réhabilitation de Staline, comme l'a notamment montré la commémoration, en grande pompe, du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le ministre russe de la culture, Vladimir Medinski, auquel le chef du Kremlin a apporté son soutien, qualifie le pacte germano-soviétique de «succès éminent» de la diplomatie stalinienne."
Ce 8 mai 2015, "des militants communistes ont inauguré à Tver (ouest de Moscou) un buste du dictateur et général en chef de l'armée rouge. Surtout, à la faveur de la crise ukrainienne, les relations russo-polonaises se sont très fortement dégradées, expliquant le silence du président russe à l'égard des crimes staliniens commis contre la Pologne."
Mémoires collectives
"Le 23 août 1939 est scellé le fameux pacte Molotov-Ribbentrop, du nom des ministres des Affaires étrangères de l’Union soviétique et de l’Allemagne nazie. À cette époque les deux régimes totalitaires décident de respecter une neutralité mutuelle, bénéfique à leurs expansions respectives. Vu de Moscou, le fait de privilégier une relation pacifique avec le régime hitlérien permet de pointer l’impérialisme occidental comme ennemi principal. En homme fort du Kremlin, Staline compte réaliser ce que n’a pas entrepris Lénine: consolider l’ordre communiste à l’extérieur de l’URSS, en commençant par «l’étranger proche» situé aux marches de l’empire soviétique. Et vu de Berlin, le fait de s’assurer une connivence avec l’URSS libère le front oriental de toute menace militaire. En outre, Berlin sort de son isolement diplomatique en se consacrant à la révision des dernières frontières imposées par la France, l’Angleterre et les États-Unis à l’issue du Traité de Versailles. Pour Hitler, les puissances occidentales portent la responsabilité d’un Diktat inique infligé à l’Allemagne à Versailles. Gouvernées de surcroît par ce qu’il appelle le «grand capital juif», elles sont alors une cible idéologique de choix pour légitimer la politique du parti national-socialiste", a analysé Sylvie Lemasson, maître de conférences à Sciences Po Grenoble, dans "23 août 1939, le pacte Hitler-Staline: une date que la moitié de l’Europe n’oublie pas" (Le Figaro, 22 août 2019).
L'auteur d'«Une histoire de frontières - La république des deux nations », Lituanie et Pologne (L’Harmattan, 2016) a poursuivi : "Aussi la convergence d’intérêts entre Moscou et Berlin se traduit-elle par le partage de l’Europe en deux sphères d’influence. Le protocole secret du pacte accorde toute la partie orientale du continent à l’URSS, en commençant par la Finlande et les pays baltes, alors que toute la partie située à l’Ouest de ce tracé revient à l’Allemagne. Quant au territoire polonais, il sert de ligne de démarcation entre intérêts soviétiques et nazis. De sorte que la Pologne se retrouve de nouveau démembrée après avoir recouvré sa souveraineté en 1918. Elle avait alors repoussé, sans réprimandes occidentales, les frontières fixées au terme du premier conflit mondial. La France de Georges Clemenceau ne voyait que des avantages à laisser la Pologne renouer avec l’époque mythifiée du Royaume des Jagellon, en s’emparant de Vilnius (Lituanie) et de la Galicie orientale (Ukraine). Plus la Pologne fortifiait son assise géographique, plus elle était en mesure de contenir les velléités allemande et bolchevique. Près de deux ans plus tard, à partir du 22 juin 1941, lorsqu’Hitler attaque l’URSS et s’empare de toute la Pologne en violant le pacte germano-soviétique, il entend obtenir à l’Est ce qu’il a engrangé à l’Ouest. C’est-à-dire une kyrielle d’entités territoriales. Et pour assouvir ses appétits de grandeurs, il n’a plus besoin de son allié soviétique. L’opération Barbarossa, qui propulse les troupes allemandes vers les pays baltes et l’Ukraine, est destinée à fondre sur Leningrad, Moscou et Stalingrad. L’URSS n’a alors d’autres perspectives que de s’unir aux puissances occidentales dans la lutte contre le nazisme".
Et Sylvie Lemasson de constater : "Pour les pays soumis au mouvement de balancier des troupes soviétiques et allemandes en devenant les «terres de sang» du continent, la mémoire collective s’identifie aux exactions des deux totalitarismes du XXe siècle, le nazisme et le stalinisme. Quant à partir de 1945, l’Europe occidentale se reconstruit en réponse à la Seconde Guerre mondiale dans un esprit de réconciliation avec la France et la République fédérale d’Allemagne comme aiguillon, la partie orientale de l’Europe disparaît sous une chape de plomb. De leur côté, les États baltes subissent une nouvelle fois la double peine. Après avoir été annexés à l’URSS en 1944, ils sont victimes de la déportation de milliers de civils et de la verticale du pouvoir moscovite. La nomenklatura communiste redoute plus que tout l’inclination européenne de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie."
Et de conclure : "Plus de quarante ans plus tard, pour s’affranchir de Moscou, la première césure politique vient bien de la Pologne en juin 1989. Mais ce sont les pays baltes qui assènent un coup très rude à l’URSS. Le 23 août 1989, une chaîne humaine se forme de Vilnius à Riga et de Riga à Tallinn sur près de 700 km avec l’objectif chevillé au corps de signifier la rupture d’avec l’ordre de Yalta. Ce qui devient, à l’été 1989, la «révolution chantante» - ou la «voie balte» - se met donc en marche le jour de la commémoration des heures sombres qui ont mené l’Europe à la guerre. S’ensuivra l’indépendance des pays baltes en 1990, puis la déflagration de l’empire soviétique en décembre 1991. Le Bloc de l’Est, quant à lui, implose dès l’hiver 1989. Aussi l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) à l’UE en 2004 n’est-elle nullement perçue par les anciennes démocraties populaires à l’image d’un processus de rattrapage qui justifierait une multitude de conditions, mais bien comme l’aboutissement normal d’un retour à la famille européenne. Et si, toujours dans l’esprit de ces mêmes pays, cette union a été retardée, c’est en raison de contingences géopolitiques pour lesquelles l’Occident doit reconnaître sa part de responsabilité. Depuis leur adhésion à l’Union européenne, les pays d’Europe centrale et orientale investissent les politiques publiques mémorielles de l’Union dans l’idée d’imprimer un cours historique propre à leurs héritages. Faute de pouvoir ajouter au tableau des pères fondateurs des années Cinquante de nouvelles figures, ils s’activent pour inscrire à l’agenda de Bruxelles des séquences commémoratives en résonance avec les fractures européennes. C’est ainsi qu’à la journée de l’Europe fêtée en musique le 9 mai (référence à la déclaration Schuman de 1950 à l’origine de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) correspond la journée du souvenir du 23 août (signature du pacte Molotov-Ribbentrop). Votée par le Parlement européen en 2009, cette date commémore les victimes des régimes totalitaires et autoritaires. Sous la houlette de la Pologne, de la Lituanie et de la République Tchèque, les débats ont chahuté nombre de pays occidentaux favorables au 9 novembre qui selon eux, tout en valorisant la chute du Mur de Berlin comme vecteur de fusion entre l’est et l’ouest du continent, incarnait un lieu de mémoire. Cependant du côté des pays d’Europe centrale et orientale, cet épisode, aussi important soit-il, n’est que la conséquence de leurs engagements nationaux, et non l’épicentre d’une d’émancipation. En prévalant sur le 9 novembre 1989, le choix du 23 août 1939 devait contribuer à retisser les liens d’une mémoire plurielle. Il n’est pas sûr aujourd’hui que ce pari soit réussi, ni même que la devise de l’Union «unie dans la diversité» s’applique toujours aux politiques communautaires. Au moment de la nomination des «P4», les quatre postes les plus influents au sein de l’Union (président de la Commission, président du Parlement, président du Conseil européen et Haut représentant pour les questions de politique étrangère), il aurait peut-être été judicieux de retenir une personnalité issue des pays d’Europe centrale et orientale. Autrement dit, d’éviter de tracer, ne serait-ce qu’en pointillé, les pourtours politiques et culturels d’une «autre Europe», celle de l’Est. Car lorsque l’Europe se souvient différemment de son histoire, elle pense aussi différemment. Et quand elle pense autrement, elle agit de manière éclatée. La commémoration du 80ème anniversaire du pacte germano-soviétique, à travers toute l’Europe ou pas, participe des valeurs communes de l’Union, si discutées entre «progressistes» et «populistes».
Ce traité de non-agression germano-russe avait été précédé le 22 mai 1939, à Berlin, par la signature du Pacte d'acier (Stahlpakt ; Patto d'Acciaio) effectuée par les ministres des Affaires étrangères allemand et italien, respectivement Joachim von Ribbentrop et Galeazzo Ciano. Un pacte militaire offensif entre les forces de l'Axe qui perdure jusqu'à la chute de l'Italie fasciste en 1943.
Ce traité germano-soviétique induit une grave crise des relations internationales, et fragmente les partis communistes occidentaux : indignés, certains communistes, dont des parlementaires, quittent le parti aligné sur Moscou. En France, le Parti communiste français est interdit (décrets Daladier).
Le 22 juin 1941, le führer Hitler attaque l'URSS en initiant l'opération Barbarossa. Ce qui signifie la fin du pacte germano-soviétique.
En 1989, l'URSS a reconnu tout le Pacte et ses finalités.
En 2009, Vladimir Poutine, alors Premier ministre, "avait condamné ce pacte germano-soviétique. «Toutes les tentatives d'apaiser les nazis entre 1934 et 1939 par divers accords et pactes étaient moralement inacceptables et politiquement insensées, nuisibles et dangereux», avait-il déclaré le 1er septembre 2009 à Gdansk, en Pologne, lors du 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale".
A l'époque, "l'heure était à la condamnation, encore timide, des crimes du stalinisme, et aux tentatives de réconciliation avec la Pologne. Huit mois plus tard, le chef du gouvernement russe était venu dans la forêt de Katyn, s'incliner devant les tombes de 4.400 officiers polonais tués sur ordre du Kremlin, durant la Seconde Guerre mondiale. Pendant des décennies, Moscou s'est efforcé de faire endosser à la Wehrmacht la responsabilité de ces massacres. Au total, «la petite terreur» stalinienne des années 39-40, comme l'appelle l'historien américain, Timothy Snyder, aura coûté la vie à 21.892 citoyens polonais."
Le 11 mai 2015, le Président de la Russie, Vladimir Poutine, alors qu'il était en compagnie de la chancelière Angela Merkel, "a justifié la signature du pacte germano-soviétique, traité de non-agression entre les deux pays conclu en août 1939. « L'Union soviétique a fait un tas d'efforts pour créer les conditions favorables à une résistance collective au nazisme en Allemagne… mais tous ses efforts n'ont pas été couronnés de succès. lorsque l'URSS a réalisé qu'on l'avait laissée toute seule face à l'Allemagne d'Hitler, il a pris des mesures visant à éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé », a déploré le chef du Kremlin.
Le président russe a éludé le "protocole secret qui avait été attaché à ce « pacte Molotov-Ribentropp », dont l'existence n'a été dévoilée aux Russes qu'après la chute de l'URSS, et qui prévoyait un partage de la Pologne entre les deux puissances. Dans la foulée, Moscou avait annexé au début de la guerre les pays baltes, décision que Vladimir Poutine justifie tacitement, mais que la chancelière allemande a jugée, au contraire, « illégitime ».
En 2015, Vladimir Poutine "redevenu président, est à la tête d'un État engagé, selon ses contempteurs, dans un processus rampant de réhabilitation de Staline, comme l'a notamment montré la commémoration, en grande pompe, du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le ministre russe de la culture, Vladimir Medinski, auquel le chef du Kremlin a apporté son soutien, qualifie le pacte germano-soviétique de «succès éminent» de la diplomatie stalinienne."
Ce 8 mai 2015, "des militants communistes ont inauguré à Tver (ouest de Moscou) un buste du dictateur et général en chef de l'armée rouge. Surtout, à la faveur de la crise ukrainienne, les relations russo-polonaises se sont très fortement dégradées, expliquant le silence du président russe à l'égard des crimes staliniens commis contre la Pologne."
Mémoires collectives
Et Sylvie Lemasson de constater : "Pour les pays soumis au mouvement de balancier des troupes soviétiques et allemandes en devenant les «terres de sang» du continent, la mémoire collective s’identifie aux exactions des deux totalitarismes du XXe siècle, le nazisme et le stalinisme. Quant à partir de 1945, l’Europe occidentale se reconstruit en réponse à la Seconde Guerre mondiale dans un esprit de réconciliation avec la France et la République fédérale d’Allemagne comme aiguillon, la partie orientale de l’Europe disparaît sous une chape de plomb. De leur côté, les États baltes subissent une nouvelle fois la double peine. Après avoir été annexés à l’URSS en 1944, ils sont victimes de la déportation de milliers de civils et de la verticale du pouvoir moscovite. La nomenklatura communiste redoute plus que tout l’inclination européenne de la Lituanie, de la Lettonie et de l’Estonie."
Et de conclure : "Plus de quarante ans plus tard, pour s’affranchir de Moscou, la première césure politique vient bien de la Pologne en juin 1989. Mais ce sont les pays baltes qui assènent un coup très rude à l’URSS. Le 23 août 1989, une chaîne humaine se forme de Vilnius à Riga et de Riga à Tallinn sur près de 700 km avec l’objectif chevillé au corps de signifier la rupture d’avec l’ordre de Yalta. Ce qui devient, à l’été 1989, la «révolution chantante» - ou la «voie balte» - se met donc en marche le jour de la commémoration des heures sombres qui ont mené l’Europe à la guerre. S’ensuivra l’indépendance des pays baltes en 1990, puis la déflagration de l’empire soviétique en décembre 1991. Le Bloc de l’Est, quant à lui, implose dès l’hiver 1989. Aussi l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) à l’UE en 2004 n’est-elle nullement perçue par les anciennes démocraties populaires à l’image d’un processus de rattrapage qui justifierait une multitude de conditions, mais bien comme l’aboutissement normal d’un retour à la famille européenne. Et si, toujours dans l’esprit de ces mêmes pays, cette union a été retardée, c’est en raison de contingences géopolitiques pour lesquelles l’Occident doit reconnaître sa part de responsabilité. Depuis leur adhésion à l’Union européenne, les pays d’Europe centrale et orientale investissent les politiques publiques mémorielles de l’Union dans l’idée d’imprimer un cours historique propre à leurs héritages. Faute de pouvoir ajouter au tableau des pères fondateurs des années Cinquante de nouvelles figures, ils s’activent pour inscrire à l’agenda de Bruxelles des séquences commémoratives en résonance avec les fractures européennes. C’est ainsi qu’à la journée de l’Europe fêtée en musique le 9 mai (référence à la déclaration Schuman de 1950 à l’origine de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) correspond la journée du souvenir du 23 août (signature du pacte Molotov-Ribbentrop). Votée par le Parlement européen en 2009, cette date commémore les victimes des régimes totalitaires et autoritaires. Sous la houlette de la Pologne, de la Lituanie et de la République Tchèque, les débats ont chahuté nombre de pays occidentaux favorables au 9 novembre qui selon eux, tout en valorisant la chute du Mur de Berlin comme vecteur de fusion entre l’est et l’ouest du continent, incarnait un lieu de mémoire. Cependant du côté des pays d’Europe centrale et orientale, cet épisode, aussi important soit-il, n’est que la conséquence de leurs engagements nationaux, et non l’épicentre d’une d’émancipation. En prévalant sur le 9 novembre 1989, le choix du 23 août 1939 devait contribuer à retisser les liens d’une mémoire plurielle. Il n’est pas sûr aujourd’hui que ce pari soit réussi, ni même que la devise de l’Union «unie dans la diversité» s’applique toujours aux politiques communautaires. Au moment de la nomination des «P4», les quatre postes les plus influents au sein de l’Union (président de la Commission, président du Parlement, président du Conseil européen et Haut représentant pour les questions de politique étrangère), il aurait peut-être été judicieux de retenir une personnalité issue des pays d’Europe centrale et orientale. Autrement dit, d’éviter de tracer, ne serait-ce qu’en pointillé, les pourtours politiques et culturels d’une «autre Europe», celle de l’Est. Car lorsque l’Europe se souvient différemment de son histoire, elle pense aussi différemment. Et quand elle pense autrement, elle agit de manière éclatée. La commémoration du 80ème anniversaire du pacte germano-soviétique, à travers toute l’Europe ou pas, participe des valeurs communes de l’Union, si discutées entre «progressistes» et «populistes».
« Le pacte Hitler-Staline » par Cédric Tourbe
France, 2018, 102 min
Sur Arte les 8 janvier 2019 à 20 h 50, 10 janvier 2019 à 9 h 25, 25 février 2020 à 22 h 35
Visuels :
Signature du pacte germano-soviétique. A gauche, Viatcheslav Molotov (1890-1986), diplomate soviétique, au centre Joachim von Ribbentrop (1893-1946), homme politique allemand. Moscou, Kremlin, le 23 août 1939.
A gauche, le diplomate soviétique Viatcheslav Molotov (1890-1986),, au centre Joseph Stalin (1879-1953), à droite Maxime Litvinov (1876-1951), diplomate soviétique.
Maxime Litvinov (1876-1951), diplomate soviétique.
Credit : ©RGAKFD
L'ambassadeur de l'Union soviétique à Helsinki, Ivan Maisky (1884-1975)
Credit : ©Archive of Russian Academy Of
En 2ème en partant de la droite, Viatcheslav Molotov (1890-1986), diplomate soviétique, au centre Joseph Stalin (1879-1953), homme d'Etat soviétique. Août 1939.
Au centre Joseph Stalin (1879-1953), homme d'Etat soviétique. Au second plan derrière Joseph Stalin, le diplomate soviétique Maxime Litvinov (1876-1951). Août 1939.
Credit : ©RGAKFD
Visuels :
Signature du pacte germano-soviétique. A gauche, Viatcheslav Molotov (1890-1986), diplomate soviétique, au centre Joachim von Ribbentrop (1893-1946), homme politique allemand. Moscou, Kremlin, le 23 août 1939.
A gauche, le diplomate soviétique Viatcheslav Molotov (1890-1986),, au centre Joseph Stalin (1879-1953), à droite Maxime Litvinov (1876-1951), diplomate soviétique.
Maxime Litvinov (1876-1951), diplomate soviétique.
Credit : ©RGAKFD
L'ambassadeur de l'Union soviétique à Helsinki, Ivan Maisky (1884-1975)
Credit : ©Archive of Russian Academy Of
En 2ème en partant de la droite, Viatcheslav Molotov (1890-1986), diplomate soviétique, au centre Joseph Stalin (1879-1953), homme d'Etat soviétique. Août 1939.
Au centre Joseph Stalin (1879-1953), homme d'Etat soviétique. Au second plan derrière Joseph Stalin, le diplomate soviétique Maxime Litvinov (1876-1951). Août 1939.
Credit : ©RGAKFD
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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 7 janvier 2019, puis le 20 février 2020.
j'aurai voulu connaitre la bande son de ce programme.
RépondreSupprimermerci d'avance
Bonjour.
SupprimerJe l'ignore. Je vous invite à voir le générique du documentaire sur le site d'Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/080961-000-A/le-pacte-hitler-staline/
Cordialement,
Véronique Chemla