Arte diffusera le 3 janvier 2018, dans le cadre d’« ARTE Regards » (Re: Aufbruch nach 1.000 Jahren), « Le chœur des garçons de Ratisbonne en Israël » (Die Regensburger Domspatzen in Israel) d’Eckhart Querner et Christian Wolfel. « L'un des plus célèbres et des plus anciens chœurs de garçons du monde, se rend pour la première fois en Terre sainte en plus de 1 000 ans d'histoire ». Visites à Banias, au lac de Tibériade, à la mer morte, à Bethlehem, à Jérusalem...
« Leurs histoires ne font pas la une mais elles émeuvent, surprennent et donnent à réfléchir. En prise avec un thème d’actualité, les reportages choisis par ARTE Regards vont à la rencontre de citoyens européens et proposent une plongée inédite dans leurs réalités quotidiennes ».
Les Regensburger Domspatzen (Les Moineaux de la cathédrale de Ratisbonne) est un chœur allemand composé de 120 garçons, adolescents et jeunes hommes qui a pour mission de chanter lors des offices célébrés dans la Dom St. Peter (cathédrale Saint-Pierre de Ratisbonne, la plus grande église de la ville bavaroise (Allemagne) et la cathédrale du diocèse de Ratisbonne.
Fondé en 975 par Wolfgang de Ratisbonne, évêque de la ville, il est dirigé depuis 1994 par Roland Büchner.
Les membres du chœur suivent leur scolarité en internat.
Ils étaient un vecteur de propagande pour les Nazis, et le chœur préféré du Führer Hitler.
Ils se produisent dans et hors d’Allemagne : à Prague (1910), au Vatican (2006) durant le pontificat du pape Benoît XVI, ancien choriste des Moineaux de Ratisbonne. Ils ont chanté aussi devant des personnalités, dont la reine Elisabeth II en 1978.
Scandale
En 2010, d’anciens choristes ont révélé avoir subi notamment des viols par des dirigeants ou enseignants de l’internat.
En 2017, Ulrich Weber, mandaté par l’Eglise catholique a évoqué 547 enfants ayant été victimes de maltraitantes physiques – privation de nourritures -, agressions sexuelles dont des viols, de 1945 au début des années 1990. Le nombre de victimes pourrait atteindre 700. La plupart des faits sont prescrits. Chaque victime devrait être indemnisée à hauteur de 20 000 euros, soit un total d’environ 11 millions d’euros. Nonagénaire, Mgr Georg Ratzinger, frère de l’ancien pape Benoit XVI, qui a dirigé le chœur (1964-1994), a déclaré avoir tout ignoré. Ce qu’a contesté Ulrich Weber qui a évoqué une « culture du silence ».
Intensité
Pour la première fois, 85 chanteurs de ce chœur vont se rendre en pèlerinage en Terre Sainte. Un périple huit jours intenses en événements. Le dernier du chef de chœur Roland Büchner. Le premier voyage en avion pour certains adolescents. Le groupe est accompagné par Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et directeur spirituel du pèlerinage, et 150 pèlerins.
Curieusement, le documentaire débute par une scène montrant des soldats israéliens écoutant le chœur des garçons de Ratisbonne.
Première étape : le lac de Tibériade. La Bible relate les miracles de Jésus dans ce lac. A bord du bateau où se trouve le groupe : chant et lecture biblique. Roland Büchner est « submergé de bonheur ».
Puis le « groupe enchaîne les visites de lieux bibliques ». A Banaias se trouve une des sources du Jourdain, et c’est là que Jésus aurait été baptisé. Les choristes remplissent leurs bouteilles de l’eau de la rivière. L’un d’eux pense à utiliser cette eau sacrée lors du baptême d’un enfant qui naîtra en Allemagne.
Le bus transportant le groupe « frôle parfois les zones de conflit du Proche-Orient », notamment près de la frontière syrienne. « Il y a quelques années les garçons auraient pu entendre les tirs des terroristes d’al-Qaïda et de l’Etat islamique », mais ils « voient aujourd’hui de leur propres yeux une réalité qu’ils ne connaissent qu’à travers le filtre des médias ». « C’est tout-à-fait différent », constate le chef de chœur Roland Büchner.
Prochaine étape : Nazareth, où, « selon la Bible, a vécu Marie, la mère du Christ. Aujourd’hui la population est essentiellement chrétienne et musulmane. Dans l’imposante basilique de l’Annonciation, le groupe participe à un office dédié à la Sainte Vierge. Le chœur est essentiellement financé par l’Eglise... L’Ave Maria d’Anton Bruckner déploie ici toute sa puissance émotionnelle ». Le chef de chœur le « redécouvre ».
« Ce pèlerinage surpasse tous ceux que j’ai vécus », confie l’évêque Rudolf Voderholzer.
Le scandale de la pédocriminalité ? « Nous n’avons rien à cacher. Ma thèse a toujours été que la vérité nous libère. Regardons les choses en face avec honte et la volonté de reconnaissance à ceux qui ont souffert. Je suis content de rencontrer les représentants des victimes me dire qu’ils ont enfin trouvé un apaisement par rapport à cette histoire », déclare Rudolf Voderholzer.
Durant ce voyage, « le diocèse annonce qu’il allouera 3,2 millions d’euros de dédommagement aux victimes. Une somme importante pour l’église allemande ».
Malgré des « conditions éprouvantes » - température dépassant les 30° C, cadence soutenue -, ces jeunes choristes « montrent une concentration et une discipline qui forcent l’admiration ».
Le groupe visite les « ruines de Capharnaüm, village de pêcheurs au bord du lac de Tibériade. Une journée longue qui se terminera par un office ».
Prochaine étape : « la mer Morte, à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, le point le plus bas de la terre. Serait-ce sur les eaux de la mer Morte que Jésus aurait marché ? « Non, ce serait sur le Jourdain », avance un choriste.
Arrivée à la « Basilique de la Nativité à Bethléem, érigée là où serait né Jésus ». C’est une « procession de pèlerins et de touristes ». « Malgré l’heure matinale, une file d’attente se tient devant la grotte de la Nativité ». Un choriste allume un cierge. « Une expérience inoubliable » vécue dans ce lieu chrétien.
Le « groupe quitte Bethléem. Un mur de huit mètres de haut entoure la ville. Le conflit israéro-palestinien est palpable ». En fait, c’est une guerre causée par le refus d’un Etat juif par le monde musulman ou/et arabe.
Direction : Jérusalem. La Porte de Damas, située à la périphérie de la Vieille Ville est un point sensible. Il y a régulièrement des agressions au couteau ». Commises par qui ? Par des terroristes palestiniens.
Le groupe arrive à la Schmidt-Schule, école internationale allemande pour filles à Jérusalem et fondée en 1886. « Ici, personne ne porte le voile. Les jeunes filles chrétiennes et musulmanes peuvent y passer le bac. Elles bénéficient aussi d’une formation musicale ».
« L’armée et la police sont omniprésentes dans la Vieille Ville de Jérusalem, comme ici, Via Dolorosa ». Le documentaire n’en donne pas les raisons.
Suivant le chemin de la Croix, les jeunes choristes « marchent en priant vers l’église du Saint-Sépulcre, un des hauts lieux du pèlerinage. Six confessions chrétiennes se partagent l’église ; ce qui entraîne une grande affluence et occasionne des altercations ». Le groupe « pénètre dans la chapelle du Saint-Sépulcre. C’est ici que le corps de jésus aurait été déposé après sa crucifixion ».
Le chœur « répète à Bethléem pour le concert à Yad Vashem ». Il « répète le « Miserere », Psaume 51 mis en musique par Gregorio Allegri ». Ce psaume a été écrit par le roi David, qui sollicitait le pardon du prophète Nathan après qu’il eut séduit Bethsabée, l’épouse d’un de ses officiers, Urie le Hittite, lors d'une de ses absences.
« Ce genre de représentation y est interdit ». Les choristes « se sont préparés pour s’y recueillir ». Mais seuls les plus âgés du chœur accéderont à la visite dans son intégralité. L’évêque et le chef de chœur ont voulu « protéger les plus jeunes des images de la cruauté nazie envers les juifs ». Des images qui « risqueraient de les traumatiser ».
Les choristes se recueillent à Yad Vashem à Jérusalem.
Bien que « le règlement de Yad Vashem l’interdise, le chœur chrétien allemand chante le Miserere dans la vallée des communautés. Suit un silence ému de plusieurs minutes.
« Demander pardon, c’est bien trop insuffisant. Le psaume de l’Ancien Testament s’inscrit dans la tradition juive et chrétienne. Le chanter ici, c’est hautement symbolique », explique Roland Büchner, bouleversé.
« C’est un geste totalement approprié en ce lieu », déclare l’évêque Rudolf Voderholzer.
Le séjour se termine à « l’abbaye dominicaine de la Dormition à Jérusalem où le chœur donne le seul grand concert en Terre Sainte ».
Les Regensburger Domspatzen (Les Moineaux de la cathédrale de Ratisbonne) est un chœur allemand composé de 120 garçons, adolescents et jeunes hommes qui a pour mission de chanter lors des offices célébrés dans la Dom St. Peter (cathédrale Saint-Pierre de Ratisbonne, la plus grande église de la ville bavaroise (Allemagne) et la cathédrale du diocèse de Ratisbonne.
Fondé en 975 par Wolfgang de Ratisbonne, évêque de la ville, il est dirigé depuis 1994 par Roland Büchner.
Les membres du chœur suivent leur scolarité en internat.
Ils étaient un vecteur de propagande pour les Nazis, et le chœur préféré du Führer Hitler.
Scandale
En 2010, d’anciens choristes ont révélé avoir subi notamment des viols par des dirigeants ou enseignants de l’internat.
En 2017, Ulrich Weber, mandaté par l’Eglise catholique a évoqué 547 enfants ayant été victimes de maltraitantes physiques – privation de nourritures -, agressions sexuelles dont des viols, de 1945 au début des années 1990. Le nombre de victimes pourrait atteindre 700. La plupart des faits sont prescrits. Chaque victime devrait être indemnisée à hauteur de 20 000 euros, soit un total d’environ 11 millions d’euros. Nonagénaire, Mgr Georg Ratzinger, frère de l’ancien pape Benoit XVI, qui a dirigé le chœur (1964-1994), a déclaré avoir tout ignoré. Ce qu’a contesté Ulrich Weber qui a évoqué une « culture du silence ».
Intensité
Pour la première fois, 85 chanteurs de ce chœur vont se rendre en pèlerinage en Terre Sainte. Un périple huit jours intenses en événements. Le dernier du chef de chœur Roland Büchner. Le premier voyage en avion pour certains adolescents. Le groupe est accompagné par Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et directeur spirituel du pèlerinage, et 150 pèlerins.
Curieusement, le documentaire débute par une scène montrant des soldats israéliens écoutant le chœur des garçons de Ratisbonne.
Première étape : le lac de Tibériade. La Bible relate les miracles de Jésus dans ce lac. A bord du bateau où se trouve le groupe : chant et lecture biblique. Roland Büchner est « submergé de bonheur ».
Puis le « groupe enchaîne les visites de lieux bibliques ». A Banaias se trouve une des sources du Jourdain, et c’est là que Jésus aurait été baptisé. Les choristes remplissent leurs bouteilles de l’eau de la rivière. L’un d’eux pense à utiliser cette eau sacrée lors du baptême d’un enfant qui naîtra en Allemagne.
Le bus transportant le groupe « frôle parfois les zones de conflit du Proche-Orient », notamment près de la frontière syrienne. « Il y a quelques années les garçons auraient pu entendre les tirs des terroristes d’al-Qaïda et de l’Etat islamique », mais ils « voient aujourd’hui de leur propres yeux une réalité qu’ils ne connaissent qu’à travers le filtre des médias ». « C’est tout-à-fait différent », constate le chef de chœur Roland Büchner.
Prochaine étape : Nazareth, où, « selon la Bible, a vécu Marie, la mère du Christ. Aujourd’hui la population est essentiellement chrétienne et musulmane. Dans l’imposante basilique de l’Annonciation, le groupe participe à un office dédié à la Sainte Vierge. Le chœur est essentiellement financé par l’Eglise... L’Ave Maria d’Anton Bruckner déploie ici toute sa puissance émotionnelle ». Le chef de chœur le « redécouvre ».
« Ce pèlerinage surpasse tous ceux que j’ai vécus », confie l’évêque Rudolf Voderholzer.
Le scandale de la pédocriminalité ? « Nous n’avons rien à cacher. Ma thèse a toujours été que la vérité nous libère. Regardons les choses en face avec honte et la volonté de reconnaissance à ceux qui ont souffert. Je suis content de rencontrer les représentants des victimes me dire qu’ils ont enfin trouvé un apaisement par rapport à cette histoire », déclare Rudolf Voderholzer.
Durant ce voyage, « le diocèse annonce qu’il allouera 3,2 millions d’euros de dédommagement aux victimes. Une somme importante pour l’église allemande ».
Malgré des « conditions éprouvantes » - température dépassant les 30° C, cadence soutenue -, ces jeunes choristes « montrent une concentration et une discipline qui forcent l’admiration ».
Le groupe visite les « ruines de Capharnaüm, village de pêcheurs au bord du lac de Tibériade. Une journée longue qui se terminera par un office ».
Prochaine étape : « la mer Morte, à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, le point le plus bas de la terre. Serait-ce sur les eaux de la mer Morte que Jésus aurait marché ? « Non, ce serait sur le Jourdain », avance un choriste.
Arrivée à la « Basilique de la Nativité à Bethléem, érigée là où serait né Jésus ». C’est une « procession de pèlerins et de touristes ». « Malgré l’heure matinale, une file d’attente se tient devant la grotte de la Nativité ». Un choriste allume un cierge. « Une expérience inoubliable » vécue dans ce lieu chrétien.
Le « groupe quitte Bethléem. Un mur de huit mètres de haut entoure la ville. Le conflit israéro-palestinien est palpable ». En fait, c’est une guerre causée par le refus d’un Etat juif par le monde musulman ou/et arabe.
Direction : Jérusalem. La Porte de Damas, située à la périphérie de la Vieille Ville est un point sensible. Il y a régulièrement des agressions au couteau ». Commises par qui ? Par des terroristes palestiniens.
Le groupe arrive à la Schmidt-Schule, école internationale allemande pour filles à Jérusalem et fondée en 1886. « Ici, personne ne porte le voile. Les jeunes filles chrétiennes et musulmanes peuvent y passer le bac. Elles bénéficient aussi d’une formation musicale ».
« L’armée et la police sont omniprésentes dans la Vieille Ville de Jérusalem, comme ici, Via Dolorosa ». Le documentaire n’en donne pas les raisons.
Suivant le chemin de la Croix, les jeunes choristes « marchent en priant vers l’église du Saint-Sépulcre, un des hauts lieux du pèlerinage. Six confessions chrétiennes se partagent l’église ; ce qui entraîne une grande affluence et occasionne des altercations ». Le groupe « pénètre dans la chapelle du Saint-Sépulcre. C’est ici que le corps de jésus aurait été déposé après sa crucifixion ».
Le chœur « répète à Bethléem pour le concert à Yad Vashem ». Il « répète le « Miserere », Psaume 51 mis en musique par Gregorio Allegri ». Ce psaume a été écrit par le roi David, qui sollicitait le pardon du prophète Nathan après qu’il eut séduit Bethsabée, l’épouse d’un de ses officiers, Urie le Hittite, lors d'une de ses absences.
« Ce genre de représentation y est interdit ». Les choristes « se sont préparés pour s’y recueillir ». Mais seuls les plus âgés du chœur accéderont à la visite dans son intégralité. L’évêque et le chef de chœur ont voulu « protéger les plus jeunes des images de la cruauté nazie envers les juifs ». Des images qui « risqueraient de les traumatiser ».
Les choristes se recueillent à Yad Vashem à Jérusalem.
Bien que « le règlement de Yad Vashem l’interdise, le chœur chrétien allemand chante le Miserere dans la vallée des communautés. Suit un silence ému de plusieurs minutes.
« Demander pardon, c’est bien trop insuffisant. Le psaume de l’Ancien Testament s’inscrit dans la tradition juive et chrétienne. Le chanter ici, c’est hautement symbolique », explique Roland Büchner, bouleversé.
« C’est un geste totalement approprié en ce lieu », déclare l’évêque Rudolf Voderholzer.
Le séjour se termine à « l’abbaye dominicaine de la Dormition à Jérusalem où le chœur donne le seul grand concert en Terre Sainte ».
« Le chœur des garçons de Ratisbonne en Israël » par Eckhart Querner et Christian Wolfel
Allemagne, BR, Arte, 2019, 30 min
Sur Arte le 3 janvier 2018 à 3 h 45
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