Arte diffusera le 8 janvier 2019 à 22 h 35 « Destination Lune - Les anciens nazis de la Nasa » (Operation Mondlandung - Die NASA und die Ex-Nazis ; Destination Moon – The Old Nazis of Nasa), réalisé par Jens Nicolai. « Au cours de la Seconde Guerre mondiale, ces ingénieurs et techniciens allemands avaient révolutionné, sous les ordres d’Hitler, les techniques d’armement et mis au point plusieurs missiles, y compris le fameux "V2". Travaillant ensuite pour la Nasa, ils participeront au succès de l'alunissage d'Apollo 11 en 1969 ».
« Exploit des États-Unis, le spectaculaire alunissage de Neil Armstrong en 1969 a également témoigné du succès d’une centaine d’ingénieurs et de techniciens allemands qui œuvraient alors pour la Nasa ».
« Fait peu connu à l’époque, la plupart de ces scientifiques étaient hautement qualifiés et considérés comme des pionniers dans leur domaine ».
« Au cours de la Seconde Guerre mondiale, ils avaient déjà révolutionné, sous les ordres d’Hitler, les techniques d’armement et mis au point plusieurs missiles, y compris le fameux "V2", dont la production a coûté la vie à des milliers de travailleurs forcés ».
Opération Paperclip
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'état-major de l'armée américaine décide de mettre en oeuvre l’opération Paperclip (ou « Opération Overcast »). Il s'agit d'organiser l'exfiltration en vue du recrutement d'environ 1 500 scientifiques allemands ayant collaboré au sein du complexe militaro-industriel de l'Allemagne nazie. L'objectif ? Lutter contre l'Union soviétique dans le cadre d'une Guerre froide prévisible et obtenir les armes secrètes, à la technologie sophistiquée, du Troisième Reich.
Ramenés discrètement aux Etats-Unis avec leurs travaux écrits, ces scientifiques avaient effectué des recherches dans diverses disciplines, en particulier sur les armes chimiques (Zyklon B, pesticide à base d'acide cyanhydrique utilisés par les Nazis notamment dans les chambres à gaz des camps d'extermination), sur l'usage des psychotropes, sur la conquête spatiale, sur les missiles balistiques et sur les armes à longue portée (bombes volantes V1 et V2, V pour "Vergeltungswaffe" ou arme de représailles).
Le département de la Défense des États-Unis les a assignés à des postes influents dans des domaines stratégiques, notamment à la direction de programmes de recherches. Ils sont envoyés dans les bases de White Sands, au Nouveau-Mexique, et à Fort Bliss, au Texas. Ils ont contribué à l'avancée technologique de la première puissance mondiale durant la Guerre froide.
Parmi ces scientifiques : Wernher Magnus Maximilian von Braun (1912-1977), ingénieur allemand, Sturmbannführer SS durant la Deuxième Guerre mondiale. Pouvait-il ignorer les conditions épouvantables de fabrication des armes allemandes V1 et V2 par des déportés contraints de travailler dans une usine souterraine, près du camp de concentration de Dora ?
En 1955, il obtient la naturalisation américaine. Il participa activement et de manière déterminante au développement des fusées. Au début des années 1950 à Huntsville, von Braun et son équipe d'ingénieurs travaillent sur les premiers missiles balistiques de l'armée de terre américaine. A la fin de cette décennie, durant la course à l'espace, ils conçoivent la fusée Juno I, qui met en orbite le premier satellite artificiel américain Explorer 1. Expert dans les lanceurs, il occupe un poste élevé au Centre de vol spatial Marshall fondé par l'agence spatiale américaine (NASA) pour décliner les fusées Saturn, développer le lanceur Saturn V qui permettra d'initier des missions lunaires par le programme Apollo. Après les restrictions budgétaires affectant le programme spatial, il met un terme à sa carrière à la NASA et s'oriente vers le secteur privé en 1972.
Le film américain, "L'Etoffe des héros" (The Right Stuff) réalisé par Philip Kaufman (1983), évoque ces scientifiques allemands recrutés par les Etats-Unis et l'URSS. Car après la Deuxième Guerre mondiale, la France pour le moteur de la fusée Ariane, l'Union soviétique et la Grande-Bretagne ont elles aussi recruté des ingénieurs allemands ayant participé à l'effort de guerre du IIIe Reich.
Opération Paperclip
A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'état-major de l'armée américaine décide de mettre en oeuvre l’opération Paperclip (ou « Opération Overcast »). Il s'agit d'organiser l'exfiltration en vue du recrutement d'environ 1 500 scientifiques allemands ayant collaboré au sein du complexe militaro-industriel de l'Allemagne nazie. L'objectif ? Lutter contre l'Union soviétique dans le cadre d'une Guerre froide prévisible et obtenir les armes secrètes, à la technologie sophistiquée, du Troisième Reich.
Ramenés discrètement aux Etats-Unis avec leurs travaux écrits, ces scientifiques avaient effectué des recherches dans diverses disciplines, en particulier sur les armes chimiques (Zyklon B, pesticide à base d'acide cyanhydrique utilisés par les Nazis notamment dans les chambres à gaz des camps d'extermination), sur l'usage des psychotropes, sur la conquête spatiale, sur les missiles balistiques et sur les armes à longue portée (bombes volantes V1 et V2, V pour "Vergeltungswaffe" ou arme de représailles).
Le département de la Défense des États-Unis les a assignés à des postes influents dans des domaines stratégiques, notamment à la direction de programmes de recherches. Ils sont envoyés dans les bases de White Sands, au Nouveau-Mexique, et à Fort Bliss, au Texas. Ils ont contribué à l'avancée technologique de la première puissance mondiale durant la Guerre froide.
Parmi ces scientifiques : Wernher Magnus Maximilian von Braun (1912-1977), ingénieur allemand, Sturmbannführer SS durant la Deuxième Guerre mondiale. Pouvait-il ignorer les conditions épouvantables de fabrication des armes allemandes V1 et V2 par des déportés contraints de travailler dans une usine souterraine, près du camp de concentration de Dora ?
En 1955, il obtient la naturalisation américaine. Il participa activement et de manière déterminante au développement des fusées. Au début des années 1950 à Huntsville, von Braun et son équipe d'ingénieurs travaillent sur les premiers missiles balistiques de l'armée de terre américaine. A la fin de cette décennie, durant la course à l'espace, ils conçoivent la fusée Juno I, qui met en orbite le premier satellite artificiel américain Explorer 1. Expert dans les lanceurs, il occupe un poste élevé au Centre de vol spatial Marshall fondé par l'agence spatiale américaine (NASA) pour décliner les fusées Saturn, développer le lanceur Saturn V qui permettra d'initier des missions lunaires par le programme Apollo. Après les restrictions budgétaires affectant le programme spatial, il met un terme à sa carrière à la NASA et s'oriente vers le secteur privé en 1972.
Le film américain, "L'Etoffe des héros" (The Right Stuff) réalisé par Philip Kaufman (1983), évoque ces scientifiques allemands recrutés par les Etats-Unis et l'URSS. Car après la Deuxième Guerre mondiale, la France pour le moteur de la fusée Ariane, l'Union soviétique et la Grande-Bretagne ont elles aussi recruté des ingénieurs allemands ayant participé à l'effort de guerre du IIIe Reich.
« Dans cette chasse au savoir, les États-Unis ont également été amenés à collaborer avec des spécialistes tels que Hubertus Strughold (1898-1986). Considéré comme l’un des précurseurs de la médecine spatiale, ce physiologiste aurait joué un rôle dans des expériences menées sur des prisonniers du camp de concentration de Dachau ». Hubertus Strughold avait toujours nié toute implication dans ces expériences.
Le 1er décembre 2012, The Wall Street Journal a publié l'article "A Scientist's Nazi-Era Past Haunts Prestigious Space Prize" révélant le passé sombre de ce médecin, son rôle éminent de praticien auprès de la Luftwaffe et l'Institut du Dr Strughold à Berlin où étaient effectuées des expériences inquiétantes sur des enfants épileptiques. Un intense débat a alors animé le monde scientifique concernant le Prix Hubertus Strughold. Depuis sa création en 1963, ce prix prestigieux a distingué un médecin ou un chercheur au travail remarquable concernant la médecine spatiale. Certains souhaitaient conserver le nom du médecin, d'autres en changer. En mars 2013, la Space Medicine Association a annoncé qu'elle ne remettra pas son Prix Hubertus Strughold 2013, du nom de ce médecin et scientifique surnommé le "Père de la médecine de l'Espace".
Le 1er décembre 2012, The Wall Street Journal a publié l'article "A Scientist's Nazi-Era Past Haunts Prestigious Space Prize" révélant le passé sombre de ce médecin, son rôle éminent de praticien auprès de la Luftwaffe et l'Institut du Dr Strughold à Berlin où étaient effectuées des expériences inquiétantes sur des enfants épileptiques. Un intense débat a alors animé le monde scientifique concernant le Prix Hubertus Strughold. Depuis sa création en 1963, ce prix prestigieux a distingué un médecin ou un chercheur au travail remarquable concernant la médecine spatiale. Certains souhaitaient conserver le nom du médecin, d'autres en changer. En mars 2013, la Space Medicine Association a annoncé qu'elle ne remettra pas son Prix Hubertus Strughold 2013, du nom de ce médecin et scientifique surnommé le "Père de la médecine de l'Espace".
Après les protestations de la République fédérale d'Allemagne (RFA) inquiète de cette fuite de cerveaux, les Etats-Unis mettent un terme à cette opération en 1957.
En 1973, l'opération Paperclip est rendue publique.
Ultima Thulé
En ce début janvier 2019, une polémique a embarrassé la NASA. "Sa sonde New Horizons a réussi le 1er janvier 2019 le survol d'un petit astéroïde en forme de bonhomme de neige situé à 6,5 milliards de km du Soleil, un corps astral de 31 km de long que l'Agence spatiale américaine a choisi de surnommer Ultima Thulé, en référence à l'île de Thulé."
"Jamais placée de façon certaine sur une carte, elle a été mentionnée dès l'Antiquité par un Grec voyageur, Pythéas de Marseille. Ce morceau de terre du nord extrême (peut-être les îles Féroé, entre l'Islande et la Norvège) est devenu dès lors pour les auteurs antiques la fin du monde connu ; voilà l'Ultime Thulé ! "Il ne semble pas que Pythéas y soit allé, explique à Sciences et Avenir l'archéologue et ancien président de l'Inrap Jean-Paul Demoule ; il en a entendu parler, comme située à six jours de navigation vers le nord. Mais l'oeuvre originale de Philéas est perdue, elle n'est donc connue que par des citations par d'autres auteurs".
"Une référence féconde, puisqu'elle est devenue une puissante source d'inspiration pour d'innombrables auteurs, comme l'expose dans son essai La Survie littéraire de la Thulé de Pythéas l'historienne belge Monique Mund-Dopchie. C'est ainsi que Virgile et Sénèque ont présenté Thulé comme "un pays des confins, une terre ultime", selon l'expression de la philologue. Une frontière égrenée au long des siècles : on la retrouve aussi bien chez Milton (Le Paradis Perdu), Flaubert (La Tentation de Saint-Antoine), Julien Gracq (Le rivage des Syrtes) ou Umberto Ecco (Le pendule de Foucault) relève Monique Mund-Dopchie."
Las ! "Les Nazis en ont fait le foyer originel des Indo-Européens ou Aryens, continent mythique polaire et englouti" nous explique Jean-Paul Demoule, auteur du livre Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d'origine de l'Occident (édité au Seuil en 2014). En fait, c'est dès 1917 que l'aventurier allemand d'extrême droite Rudolf Glauer fonde une " société de Thulé " dont l'emblème est un poignard surmonté d'une croix gammée, en référence à ce berceau fantasmé des Aryens. "La société de Thulé sera fréquentée par certains idéologues du futur parti nazi, comme Alfred Rosenberg ou encore l'écrivain antisémite Dietrich Eckart, mort en 1923 et maître à penser d'Adolf Hitler, qui lui dédiera le second tome de Mein Kampf", écrit Jean-Paul Demoule dans Mais où sont passés les indo-européens ?"
"En France, la notoriété de cette société de Thulé connaît un renouveau dans les années 60 avec le livre Le matin des magiciens, compilation d'une série de sujets sensationnalistes et parascientifiques, dont une partie - "qu'il est difficile de parcourir sans malaise" relève Jean-Paul Demoule – est consacrée à Hitler et aux Nazis."L'obscure société de Thulé, l'une des composantes initiales du parti nazi mais disparue dès 1925, devient ‘un instrument capable de changer la nature même de la réalité', ‘une société secrète d'initiés en contact avec l'invisible' et un ‘centre magique du nazisme'" rapporte Demoule dans son ouvrage."
Lors d'une conférence de presse relatée "par le site Space.com, l'un des maîtres d'œuvre de New Horizons a voulu tordre le cou à la controverse sur le choix de l'Agence spatiale : "New Horizons est sans doute l'un des meilleurs exemples de notre époque d'une exploration totale, et le nom d'Ultima Thulé, qui est très ancien, en est un merveilleux synonyme" a expliqué Alan Stern du Southwest Research Institute. "C'est la raison pour laquelle nous l'avons choisi : et ce n'est pas parce que des sales types ont aimé ce nom que nous allons les laisser se l'approprier". De quoi clore le débat ?"
« Destination Lune - Les anciens nazis de la Nasa » par Jens Nicolai
Allemagne, 2018, 52 min
Sur Arte les 8 janvier 2019 à 22 h 35, 10 janvier 2019 à 11 h 10
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Les citations sont d'Arte.
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