David Lean (1908-1991) est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur britannique, auteur de chefs d'œuvre dans des genres différents : Oliver Twist, Brève Rencontre, Le Pont de la rivière Kwaï, Lawrence d'Arabie, Le Docteur Jivago, La Fille de Ryan, La Route des Indes. Arte diffusera le 7 mars 2022 à 13 h 35 « Les amants passionnés » (Die große Leidenschaft) de David Lean.
En 1927, ce cinéphile débute aux Studios Gaumont comme préparateur bénévole du thé. Il devient clapman, troisième assistant-réalisateur, contribue en 1930 au montage des films d'actualités alors diffusés au cinéma pour Gaumont et Movietone. De 1935 à 1942, il est monteur pour Escape Me Never de Paul Czinner, Pygmalion (1938) d'Anthony Asquith et Leslie Howard et 49e Parallèle (1941) de Michael Powell. Cette fonction lui permet d'acquérir et de développer le sens du rythme précieux pour un futur réalisateur.
En 1942, David Lean co-réalise avec son scénariste Noël Coward Ceux qui servent en mer. Du dramaturge, il adapte trois pièces : Heureux Mortels en 1944, L'Esprit s'amuse et Brève Rencontre en 1945. Brève Rencontre marque un renouveau du cinéma britannique d'après-guerre et connaît un succès mondial. Lean adapte des œuvres de Charles Dickens en signant Les Grandes Espérances (1946) et Oliver Twist (1948). Suivent Le Mur du son (The Sound Barrier, 1952), drame dans l'univers aéronautique, et Chaussure à son pied (Hobson's Choice, 1954) que David Lean produit, adaptation drolatique du Roi Lear dans le Manchester victorien.
Dès 1955, il réalise des films spectaculaires, sur un fond historique, avec une distribution prestigieuse, au succès mondial et souvent oscarisés : Le Pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai, 1957), Lawrence d'Arabie, Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago, 1965). La musique des deux derniers films est écrite par Maurice Jarre.
En 1970, La Fille de Ryan (Ryan's Daughter) est mal reçu par la critique, désorientée par la sentimentalité et le romantisme du film. David Lean est profondément blessé par la critique cinématographique. A une journaliste critique particulièrement méchante, David Lean dit avec ironie : "Vous me laisserez quand même tourner en 16 mm". Mais cette journaliste réplique vivement : "Non".
Il travaille sur des projets cinématographiques... qui seront confiés à d'autres réalisateurs : Gandhi (Richard Attenborough, 1982), Le Bounty (Roger Donaldson, 1984), Out of Africa (Sydney Pollack, 1985). Comme il l'expliquait qu'il était difficile quand on a pris goût aux tournages dans des natures grandioses de tourner dans la petite cuisine d'un appartement d'une HLM d'une banlieue triste.
En 1984, La Route des Indes (A Passage to India), adapté d'E. M. Forster, marque son grand retour au cinéma. David Lean est anobli par la reine Elisabeth II avec le titre de Knight Bachelor.
Il décède en 1991 alors qu'il adaptait Nostromo de Joseph Conrad.
« Les grandes espérances »
En 1945, David Lean réalise « Les grandes espérances » (Geheimnisvolle Erbschaft ; Great Expectations).
« L’ascension sociale d’un jeune orphelin pauvre et sa conquête de l’amour.. Par David Lean, l’une des plus belles adaptations portées à l’écran du roman de Charles Dickens. »
« Orphelin, Phillip "Pip" Pirrip, a été recueilli par sa sœur aînée et son beau-frère qui l’élèvent à la dure. Alors qu’il se rend au cimetière sur la tombe de leurs parents, il rencontre Abel Magwitch, un prisonnier évadé pour lequel il accepte de voler de la nourriture. Plus tard, il est invité dans son étrange demeure par l’excentrique et fortunée Miss Havisham. Pip tombe éperdument amoureux d’Estella, la jeune protégée de la vieille dame… »
« L’une des plus belles adaptations de Dickens sur grand écran ! Très fidèle à l’esprit de la littérature romantique anglaise, "Les grandes espérances" est une totale réussite que l’on n’oublie pas de sitôt, notamment pour son atmosphère poétique. Réalisé par David Lean ("Lawrence d’Arabie", "La fille de Ryan"…), un classique magnifique du cinéma britannique dont on sort ému et heureux. »
Meilleures image (Guy Green) et direction artistique (John Bryan et Wilfred Shingleton), Oscars 1948
« Oliver Twist »
« Oliver Twist » est un film britannique réalisé par David Lean (1948).
« Une adaptation magistrale, fidèle à la noirceur et à la verve du roman de Dickens (1838), avec Robert Newton et Alec Guinness en vedettes d’une galerie de trognes inoubliables », dont le personnage controversé du Juif Fagin affublé de stéréotypes antisémites, dont le nez crochu.
« Dans l’Angleterre victorienne, il ne fait pas bon être orphelin et pauvre. À 9 ans, Oliver Twist, élevé dans un hospice pour enfants, est mis en apprentissage chez un fabricant de cercueils qui le maltraite. Il s’enfuit à Londres, où il rencontre des petits voleurs exploités par deux truands, Bill Sikes et le vieux Fagin. Enrôlé dans leur bande, le jeune garçon est arrêté pour un larcin qu’il n’a pas commis. Sa victime supposée, le bienveillant Mr. Brownlow, veut prendre Oliver sous sa protection. Mais Fagin et Bill en profitent pour le cambrioler… »
Oliver Twist « constitue la seconde adaptation de Dickens réalisée par David Lean après Les grandes espérances (Great Expectations), œuvre tout aussi émouvante ». Dans les deux films, le réalisateur David Lean recourt à quasiment la même équipe.
« Le cinéaste britannique restitue avec un constant souci du détail l’univers du romancier : noyés dans la brume, les sordides bas-fonds londoniens revêtent un aspect fantastique ».
« Comme chez Dickens, la dénonciation de l'innocence maltraitée, ancrée dans la noirceur et le mélodrame, est tempérée par la finesse et la diversité de personnages aux trognes inoubliables et à la verve féroce ».
« Si le petit interprète d’Oliver est irréprochable, la réussite du film repose d’abord sur les prestations subtiles de Robert Newton et surtout d’Alec Guinness ».
Même si l’adaptation du roman de Charles Dickens est fidèle, le film a éludé plusieurs faits : Fagin condamné à mort, recevant en prison la visite d’Oliver Twist… Le mot "juif" n'est pas prononcé dans le film.
Le film figure sur la liste du BFI des 50 films à voir avant d’avoir 14 ans constituée par le British Film Institute en 2005.
Moses Fagin est un Juif âgé, chef d'une bande d'enfants à qui il apprend à devenir pickpockets à Londres.
Dickens "décrit ainsi Fagin lors de sa première apparition dans les pages d'Oliver Twist, qu'il écrivit en 1838 : "Un très vieux juif ratatiné, dont le visage répugnant à l'aspect dépravé était couvert par quantité de touffes de poils roux." En 1864, le romancier devait faire amende honorable en prenant à rebours les stéréotypes antisémites pour élaborer le personnage de Riah dans l'ultime roman qu'il devait terminer, L'Ami commun".
Dans le film, Alec Guinness incarnait Fagin en s'affublant d'un faux nez mince, effilé, crochu. L'acteur et le réalisateur souhaitaient que le personnage filmé ressemblât au Fagin dessiné par George Cruikshank (1792-1878), illustrateur de livres et caricaturiste britannique, dans la première édition d'Oliver Twist (1838).
En 1949, des manifestants allemands ont protesté devant la salle de cinéma berlinoise qui projetait le film. Ils arguaient du caractère problématique de ce Fagin peu après la Shoah.
Aux Etats-Unis, l'Anti-Defamation League de l'organisation juive américaine B'nai B'rith et le New York Board of Rabbis ont souligné les attributs antisémites attachés à Fagin.
En 1951, United Artists a distribué Oliver Twist aux États-Unis, dans une version réduite de douze minutes, et ce, pour réduire l'image antisémite du personnage Fagin. Le film est bien accueilli par la critique.
Le film est interdit en Israël pour antisémitisme, et en Egypte pour avoir donné une image trop... sympathique de Fagin.
En 1970, durant un hommage à David Lean au Museum of Modern Art de New York, c'est la version originale, sans coupure, qui a été projetée. Et est distribuée en DVD.
"Dans Oliver Twist, le héros qui donne son titre au livre le plus connu de Charles Dickens, est recueilli par un certain Fagin, juif de son état. Ce dernier, présenté par Dickens comme le stéréotype du Juif exploiteur et avare, ne fait que passer dans le roman".
Dans Fagin le Juif, le dessinateur juif américain, un des créateurs du roman graphique, Will Eisner (1917-2005) "imagine et décrit son histoire, faite de misère, de racisme et de désillusion". Gêné par l'antisémitisme véhiculé par l'oeuvre romanesque, il souhaite ainsi contrecarrer le stéréotype antisémite véhiculé par ce roman de la littérature victorienne.
« Les amants passionnés »
Arte diffusera le 7 mars 2022 à 13 h 35 « Les amants passionnés » (Die große Leidenschaft ; The Passionate Friends) de David Lean.
« Épouse d'un riche banquier, Mary recroise par hasard son amour de jeunesse, neuf ans après leur dernière rencontre... Avec Ann Todd, Claude Rains et Trevor Howard, un mélodrame sublime en noir et blanc, une traversée du temps et des sentiments signée David Lean. »
"Qu’aurais-je fait si j’avais su qu’il se trouvait à quelques pas ?" En vacances au bord d’un lac suisse où doit la rejoindre son mari, Howard, Mary pense à Steven, son amour de jeunesse. Près d’une décennie plus tôt, à la veille du jour de l’an 1939, tous deux s’étaient déjà croisés fortuitement et étaient retombés dans les bras l’un de l’autre. Mais alors qu’elle s’apprêtait à s’enfuir avec son amant, Howard avait convaincu sa femme de ne pas briser leur mariage. Au matin, sur la terrasse ensoleillée de l’hôtel, Mary observe les clients et croise le regard de Steven… »
« Quatre ans après le magnifique Brève rencontre (1945), David Lean ciselait un nouveau mélodrame en noir et blanc autour d’un amour impossible. Mais alors que le premier convoquait une éphémère et indélébile liaison, le second, adapté d’un roman de H. G. Wells, s’étire dans le temps, le présent se superposant, dans une succession de flash-back ouatés d’un raffinement infini, au souvenir de retrouvailles avortées et à celui, plus lointain, de l’aurore d’une passion condamnée. Car Mary, déterminée à n’"appartenir qu’à [elle]-même" – en réalité apeurée –, a fait le choix d’épouser un influent banquier qui lui apporte affection et sécurité ».
« D’un lyrisme éblouissant, ce récit porté par un émouvant trio (Ann Todd, Claude Rains et Trevor Howard, déjà remarquable dans Brève rencontre), et relevé de touches de suspense, illustre une fois encore la sensibilité de son réalisateur, maître dans l’art de capter les nuances des sentiments, entre douleur du renoncement, amour blessé et regrets apaisés. »
« Lawrence d’Arabie »
Arte diffusa le 16 février 2020 « Lawrence d’Arabie » (Lawrence von Arabien) de David Lean (1962) avec une pléiade d'excellents comédiens très bien doublés et "dans sa version longue supervisée par le cinéaste lui-même en 1989". Un film distingué par sept Oscar, dont celui du Meilleur film (Sam Spiegel) et meilleur réalisateur. En 1991, "Lawrence of Arabia" a été choisi pour être préservé par le US Library of Congress National Film Registry pour être "significatif culturellement, historiquement, ou esthétiquement". Dans les années 1930, le producteur Alexandre Korda avait envisagé un film biographique sur Thomas Edward Lawrence. C'est finalement Sam Spiegel qui produit avec Columbia Pictures le film de David Lean.
« Durant la Première Guerre mondiale, l'officier britannique Lawrence conseille aux Arabes du prince Fayçal de se révolter contre les Turcs de l'Empire ottoman et de fonder une nation arabe indépendante moderne... Peter O’Toole, Omar Sharif, Alec Guinness et Anthony Quinn : une distribution prestigieuse a rendez-vous dans le désert pour le chef-d’oeuvre épique de David Lean » sur une musique de Maurice Jarre (Oscar de la meilleure musique).
« Durant la Première Guerre mondiale, l'officier britannique Lawrence conseille aux Arabes du prince Fayçal de se révolter contre les Turcs de l'Empire ottoman et de fonder une nation arabe indépendante moderne... Peter O’Toole, Omar Sharif, Alec Guinness et Anthony Quinn : une distribution prestigieuse a rendez-vous dans le désert pour le chef-d’oeuvre épique de David Lean » sur une musique de Maurice Jarre (Oscar de la meilleure musique).
« De 1916 à 1918, durant la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient voit s’opposer Anglais et Turcs, alliés des Allemands. Dans le même temps, les chefs des tribus arabes préparent un soulèvement contre l’occupant ottoman et rêvent de créer un royaume indépendant. L’officier britannique Lawrence est envoyé par son état-major chez les Bédouins d’Arabie pour juger de la situation. Mais il outrepasse sa mission : il entreprend d’unir les différentes tribus et prend leur tête pour attaquer l’armée turque... »
Durant la Première Guerre mondiale, à l'été 1915, Sharif Hussein ibn Ali de la famille des Hachémites, sharif, un potentat de La Mecque, propose à la Grande-Bretagne de soulever les Arabes de l'Empire ottoman contre cet allié de l'empire allemand. Déclenchée en juin 1916, soutenue par les Britanniques et dans une moindre mesure la France, la "grande révolte arabe" ne parvient guère à entamer la loyauté des sujets Arabes à l'égard de l'empire ottoman. Même si des dirigeants Arabes souhaitaient substituer un califat Arabe à celui ottoman. La situation des dhimmis serait restée identique.
Le film montre parfaitement les divisions et inimitiés profondes entre Arabes, leurs razzias, leur vision tribale de la société.
Durant la Première Guerre mondiale, à l'été 1915, Sharif Hussein ibn Ali de la famille des Hachémites, sharif, un potentat de La Mecque, propose à la Grande-Bretagne de soulever les Arabes de l'Empire ottoman contre cet allié de l'empire allemand. Déclenchée en juin 1916, soutenue par les Britanniques et dans une moindre mesure la France, la "grande révolte arabe" ne parvient guère à entamer la loyauté des sujets Arabes à l'égard de l'empire ottoman. Même si des dirigeants Arabes souhaitaient substituer un califat Arabe à celui ottoman. La situation des dhimmis serait restée identique.
Le film montre parfaitement les divisions et inimitiés profondes entre Arabes, leurs razzias, leur vision tribale de la société.
« L’action de Lawrence d’Arabie s’inspire du récit autobiographique de Thomas Edward Lawrence, Les sept piliers de la sagesse, épopée poétique du soulèvement du peuple arabe ».
« Historien et archéologue diplômé d’Oxford, Lawrence était un fin connaisseur du monde arabe, qu’il avait visité et dont il avait appris la langue avant la guerre ».
« Lawrence est tiraillé entre des aspirations contradictoires : sa mégalomanie et son désir d’être un homme ordinaire, son attirance pour le monde des nomades et sa vie d’officier britannique. Lawrence d’Arabie est aussi une méditation sur l’identité, un périple métaphysique dans le cadre grandiose du désert ».
« Yeux bleus hallucinés, Peter O’Toole, dans son premier grand rôle, incarne magistralement cet homme que le désert, dans sa démesure, sa beauté et sa cruauté, rend ivre et presque fou ».
« Il est entouré d’une pléiade de stars, parmi lesquelles Anthony Quinn, Alec Guinness, et Omar Sharif dans sa première superproduction internationale ».
"A partir du Pont de la rivière Kwaï en 1957 le cinéaste anglais David Lean dont l’œuvre alternait adaptations littéraires et chroniques de la société et des mœurs britanniques se tourne vers le monumentalisme cinématographique. Ses films deviennent des superproductions ambitieuses, voire hypertrophiées, mettant en scène des sujets historiques avec une pléiade de vedettes internationales, caractérisées par un perfectionnisme et une maîtrise maniaque du moindre détail assez exceptionnels. C’est l’heure de la consécration pour David Lean, mais aussi de l’enfermement dans des productions de plus en plus lourdes et coûteuses, et du risque de l’académisme illustratif. Cependant, Lean conserve le goût du risque et il n’a pas peur des sujets à polémique, en rapport direct avec l’histoire du XXème siècle », a analysé Olivier Père.
Et de poursuivre : « Lean, loin d’être un cinéaste révolutionnaire, critique pourtant la tradition militaire et l’empire colonial anglais dans ses deux films les plus célèbres, deux grandes réussites qui sont aussi le portrait de deux grands obsessionnels, à la limite de la pathologie, Le Pont de la rivière Kwaï et surtout Lawrence d’Arabie. Ce dernier film s’inspire librement des Sept Piliers de la sagesse, vaste récit autobiographique publié en 1926 dans lequel T. E. Lawrence raconte ses aventures. Le film de Lean en retrace les épisodes majeurs, en prenant une certaine distance avec Lawrence. En 1916, le jeune officier britannique T. E. Lawrence est chargé d’enquêter sur les révoltes des Bédouins contre l’occupant turc. Celui qu’on appellera plus tard « Lawrence d’Arabie » se range alors du côté des insurgés et, dans les dunes éternelles du désert, organise une guérilla. Il mène la libération de Damas et devient l’un des principaux artisans de l’unité arabe. Personnage brillant mais controversé, il va mener des batailles aux côtés de ses alliés et changer la face d’un empire. Ce chef-d’œuvre dresse le portrait d’un personnage ambigu à tous points de vue – militaire, politique, sexuel – loin des héros de films d’aventures classiques. Lawrence est un libérateur mais c’est aussi un corrupteur qui va semer la mort et la discorde autour de lui, achevant sa carrière militaire dans un bain de sang inutile qui le montre définitivement souillé par l’ivresse et l’obscénité de la guerre. Consacrer une superproduction à un personnage trouble et peu sympathique sans rien dissimuler de ses faiblesses, de son masochisme et de son exhibitionnisme n’est pas la moindre des audaces de Lawrence d’Arabie, épopée de l’échec, histoire d’un Anglais phobique obsédé par la pureté qui aimait le désert « parce que c’est propre ».
Et de conclure : « Lawrence d’Arabie ouvre littéralement une brèche moderniste dans la filmographie de Lean, avec des audaces qui le distingue des films précédents du réalisateur mais aussi des fresques épiques à gros budget des années 50 et 60. La longueur inhabituelle de certaines scènes, le sublime raccord entre un gros plan d’allumette qu’on éteint et un lever de soleil dans le désert, des éclairs sidérants de violence et de folie annoncent les visions de Stanley Kubrick (2001: l’odyssée de l’espace) et Sergio Leone (Il était une fois dans l’ouest), autres maîtres en spectacles démesurés où la grande Histoire croise des espaces purement mentaux et des psychés déréglées ».
« David Lean nous offre un film d’aventure et une fresque historique à grand spectacle, sans pour autant négliger l’analyse de la psychologie complexe de son héros ». Un film au succès critique et commercial.
T. E. Lawrence a grandi dans une famille chrétienne pieuse ; il n'a jamais remis en question les liens historiques et bibliques des Juifs avec Eretz Israël (Terre d'Israël). Le 28 novembre 1918, un an après la Déclaration Balfour, Lawrence a écrit au journal britannique "The Jewish Guardian," cité par Martin Gilbert dans "Churchill and the Jews" que “parlant complètement comme un non-Juif, je regarde les Juifs comme les importateurs naturels du levain occidental si nécessaire pour les pays du Proche-Orient”. "Sa relation au mouvement sioniste a été très positive, bien qu'il ait été fortement pro-Arabe et il a été par erreur représenté comme antisioniste", a écrit le dirigeant sioniste et premier Président d'Israël Chaïm Weizmann dans son autobiographie "Trial and Error." Lawrence avait interprété un meeting entre Weizmann et le Prince Faisal, au cours duquel Weizmann a dit à l'émir Arabe qu'un futur Etat juif n’empiéterait pas sur les "droits de propriété de la paysannerie Arabe.” Divers auteurs, dont Martin Gilbert dans "Lawrence of Judea" décrivent Lawrence comme arabophile et sioniste.
"A partir du Pont de la rivière Kwaï en 1957 le cinéaste anglais David Lean dont l’œuvre alternait adaptations littéraires et chroniques de la société et des mœurs britanniques se tourne vers le monumentalisme cinématographique. Ses films deviennent des superproductions ambitieuses, voire hypertrophiées, mettant en scène des sujets historiques avec une pléiade de vedettes internationales, caractérisées par un perfectionnisme et une maîtrise maniaque du moindre détail assez exceptionnels. C’est l’heure de la consécration pour David Lean, mais aussi de l’enfermement dans des productions de plus en plus lourdes et coûteuses, et du risque de l’académisme illustratif. Cependant, Lean conserve le goût du risque et il n’a pas peur des sujets à polémique, en rapport direct avec l’histoire du XXème siècle », a analysé Olivier Père.
Et de poursuivre : « Lean, loin d’être un cinéaste révolutionnaire, critique pourtant la tradition militaire et l’empire colonial anglais dans ses deux films les plus célèbres, deux grandes réussites qui sont aussi le portrait de deux grands obsessionnels, à la limite de la pathologie, Le Pont de la rivière Kwaï et surtout Lawrence d’Arabie. Ce dernier film s’inspire librement des Sept Piliers de la sagesse, vaste récit autobiographique publié en 1926 dans lequel T. E. Lawrence raconte ses aventures. Le film de Lean en retrace les épisodes majeurs, en prenant une certaine distance avec Lawrence. En 1916, le jeune officier britannique T. E. Lawrence est chargé d’enquêter sur les révoltes des Bédouins contre l’occupant turc. Celui qu’on appellera plus tard « Lawrence d’Arabie » se range alors du côté des insurgés et, dans les dunes éternelles du désert, organise une guérilla. Il mène la libération de Damas et devient l’un des principaux artisans de l’unité arabe. Personnage brillant mais controversé, il va mener des batailles aux côtés de ses alliés et changer la face d’un empire. Ce chef-d’œuvre dresse le portrait d’un personnage ambigu à tous points de vue – militaire, politique, sexuel – loin des héros de films d’aventures classiques. Lawrence est un libérateur mais c’est aussi un corrupteur qui va semer la mort et la discorde autour de lui, achevant sa carrière militaire dans un bain de sang inutile qui le montre définitivement souillé par l’ivresse et l’obscénité de la guerre. Consacrer une superproduction à un personnage trouble et peu sympathique sans rien dissimuler de ses faiblesses, de son masochisme et de son exhibitionnisme n’est pas la moindre des audaces de Lawrence d’Arabie, épopée de l’échec, histoire d’un Anglais phobique obsédé par la pureté qui aimait le désert « parce que c’est propre ».
Et de conclure : « Lawrence d’Arabie ouvre littéralement une brèche moderniste dans la filmographie de Lean, avec des audaces qui le distingue des films précédents du réalisateur mais aussi des fresques épiques à gros budget des années 50 et 60. La longueur inhabituelle de certaines scènes, le sublime raccord entre un gros plan d’allumette qu’on éteint et un lever de soleil dans le désert, des éclairs sidérants de violence et de folie annoncent les visions de Stanley Kubrick (2001: l’odyssée de l’espace) et Sergio Leone (Il était une fois dans l’ouest), autres maîtres en spectacles démesurés où la grande Histoire croise des espaces purement mentaux et des psychés déréglées ».
« David Lean nous offre un film d’aventure et une fresque historique à grand spectacle, sans pour autant négliger l’analyse de la psychologie complexe de son héros ». Un film au succès critique et commercial.
T. E. Lawrence a grandi dans une famille chrétienne pieuse ; il n'a jamais remis en question les liens historiques et bibliques des Juifs avec Eretz Israël (Terre d'Israël). Le 28 novembre 1918, un an après la Déclaration Balfour, Lawrence a écrit au journal britannique "The Jewish Guardian," cité par Martin Gilbert dans "Churchill and the Jews" que “parlant complètement comme un non-Juif, je regarde les Juifs comme les importateurs naturels du levain occidental si nécessaire pour les pays du Proche-Orient”. "Sa relation au mouvement sioniste a été très positive, bien qu'il ait été fortement pro-Arabe et il a été par erreur représenté comme antisioniste", a écrit le dirigeant sioniste et premier Président d'Israël Chaïm Weizmann dans son autobiographie "Trial and Error." Lawrence avait interprété un meeting entre Weizmann et le Prince Faisal, au cours duquel Weizmann a dit à l'émir Arabe qu'un futur Etat juif n’empiéterait pas sur les "droits de propriété de la paysannerie Arabe.” Divers auteurs, dont Martin Gilbert dans "Lawrence of Judea" décrivent Lawrence comme arabophile et sioniste.
A noter qu'à cette époque, Gertrude Bell (1868-1926), l'une des exploratrices les plus influentes du début du XXe siècle. Alpiniste, analyste politique, archéologue, photographe, fonctionnaire, femme de lettres, aventurière, espionne britannique, elle a contribué à façonner, avec des répercussions parfois funestes, le Moyen-Orient d'aujourd'hui » en soutenant la Révolte arabe durant la Première Guerre mondiale et la dynastie Hachémite dans les actuels Iraq et Jordanie. Elle était opposée à la déclaration Balfour mais louait les Juifs irakiens.
« Le docteur Jivago »
En 1965, David Lean réalise « Le docteur Jivago » (Doktor Schiwago). « Une passion tumultueuse unit Youri et Lara dans le fracas de la révolution russe... Adaptée du roman de Boris Pasternak, cette magnifique épopée sentimentale a longtemps été interdite en URSS car jugée comme trop "romantique". Un chef-d'œuvre de David Lean, avec Omar Sharif, Julie Christie, Geraldine Chaplin, Alec Guinness et Rod Steiger. »
« Après des années de recherches infructueuses, le général Yevgraf croit avoir enfin retrouvé la fille de son demi-frère, disparue alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Il la convoque dans son bureau pour l’interroger sur ses souvenirs. Comme elle semble avoir tout oublié, il lui raconte l’histoire de ses parents… Au début du XXe siècle, la colère gronde dans les grandes villes de l'Empire russe et le drapeau rouge fait irruption dans les rues de Moscou. Brillant étudiant en médecine et féru de poésie, Youri Jivago est plutôt de ceux qui dansent dans les soirées mondaines. Un peu moins argentée, la blonde Lara vit sous la coupe de Komarovsky, l’amant de sa mère, couturière. Avant que la population n'ose braver le pouvoir tsariste, Youri et Lara se croisent furtivement à la faveur d'un événement tragique. Mais leurs destins semblent tout tracés. La brune Tonya, auprès de qui Youri, jeune orphelin, a été élevé, lui est promise. Lara, quant à elle, fréquente Pacha Strelnikov, un jeune révolutionnaire. Bientôt, la Première Guerre mondiale éclate… »
« Adaptée du roman du Russe Boris Pasternak, Prix Nobel de littérature en 1958, cette magnifique épopée sentimentale, qui conjugue amour et révolution, a été interdite de diffusion en URSS jusqu’en 1994. Le pouvoir soviétique jugeait sans doute que, à contre-courant des slogans communistes, ses personnages exaltaient des valeurs romantiques à une époque où, selon les mots du redoutable Strelnikov, "la vie personnelle est morte". Récompensé par cinq Oscars, dont celui de la musique, décerné au compositeur Maurice Jarre, le film de David Lean emporte ses personnages dans les tourbillons de la grande histoire, de Moscou aux étendues glacées du lointain Oural. L'ardente passion qui unit Youri et Lara resplendit sous les coups de boutoir du destin. Comme si l’amour, a fortiori lorsqu'il est contrarié, était, aussi, une façon de résister au pire. »
Meilleurs adaptation, image, musique, costumes et décors, Oscars 1966 – Meilleurs film dramatique, réalisateur, acteur (Omar Sharif), scénario et musique, Golden Globes 1966
« Le dossier "Docteur Jivago » – « Je vous invite à mon exécution » est un documentaire de Nino Kirtadze. « De la clandestinité au Nobel de littérature en 1958, la folle histoire du Docteur Jivago, le roman avec lequel Boris Pasternak défia les autorités soviétiques et mit sa vie en danger. »
« J'ai commis le plus grand crime qu'un écrivain russe puisse commettre. Publier un ouvrage à l'étranger avant qu'il ne le soit en URSS est un délit. Je ne sais encore quelles mesures seront prises contre moi, mais il est certain qu'ils me le feront payer cher". Lorsqu'en 1956 il finit de rédiger Le docteur Jivago, l'histoire d'un intellectuel en quête de vérité, "une réincarnation de moi-même", selon lui, Boris Pasternak sait qu'il ne reculera pas. Il n'a pas "écrit ce roman pour le tenir caché". Quelques mois plus tard, il donne le manuscrit, en mains propres, à un agent littéraire italien qui le fait sortir clandestinement, pour un éditeur milanais. Débute alors une invraisemblable odyssée pour ce livre écrit, selon le Kremlin, par une "brebis galeuse, qui crache au visage du peuple ».
« Le futur éditeur doit déjouer les pressions exercées par les partis communistes italien et russe, et reçoit même des faux télex de Pasternak annonçant son renoncement. Voyant l'occasion d'user de la littérature comme d'une arme idéologique, la CIA entre en jeu et fabrique des éditions de poche destinées à circuler sous le manteau en Russie. De son côté, Pasternak assure ses arrières et fait "sortir" cinq autres exemplaires, à destination entre autres de Gallimard. Le livre sera publié en 1957, vaudra le Nobel de littérature en 1958 à son auteur, qui décédera subitement en 1960 dans son lit, de "mort non naturelle", selon sa famille. Une histoire symptomatique du XXe siècle, racontée avec élégance (et l'aide d'acteurs de l'époque et de la famille de Pasternak) par la Géorgienne Nino Kirtadze, dont le grand-père cachait un exemplaire du Docteur Jivago… derrière son frigo. »
« Les grandes espérances » de David Lean
Royaume-Uni, 1946, 114 min
Auteur : Charles Dickens
Scénario : David Lean, Ronald Neame, Anthony Havelock-Allan, Kay Walsh, Cecil McGivern
Production : Cineguild, The Rank Organisation
Producteur : Ronald Neame
Image : Guy Green
Montage : Jack Harris
Musique : Walter Goehr
Avec Anthony Wager (Pip jeune), Valerie Hobson (Estella), John Mills (Pip Pirrip), Jean Simmons (Estella jeune), Bernard Miles (Joe Gargery), Finlay Currie (Abel Magwitch), Martita Hunt (Miss Havisham), Alec Guinness (Herbert Pocket), Francis L. Sullivan (M. Jaggers), Freda Jackson (Mme Joe Gargery)
Sur Arte le 22 décembre 2022 à 14 h 55
Du 22/12/2021 au 20/01/2022
« Oliver Twist » par David Lean
Royaume-Uni, 1948, 116 minutes
Scénario : David Lean
Stanley Haynes
Production : Cineguild, Independent Producers
Producteur/-trice : Ronald Neame, Anthony Havelock-Allan
Image : Guy Green
Montage : Jack Harris
Musique : Arnold Bax
Avec Robert Newton (Bill Sikes), Alec Guinness (Fagin), Kay Walsh (Nancy), Francis L. Sullivan (Mr. Bumble), John Howard Davies (Oliver Twist), Henry Stephenson (Mr. Brownlow), Mary Clare (Mrs. Corney), Anthony Newley (Artful Dodger), Josephine Stuart (Mère d'Oliver), Ralph Truman (Monks), Kathleen Harrison (Mme Sowerberry), Gibb McLaughlin (Mr. Sowerberry), Amy Veness (Mme Bedwin), Diana Dors (Charlotte), Frederick Lloyd (Dr. Grimwig), Maurice Denham (Commissaire), W.G. Fay (Libraire), Michael Dear (Noah Claypole), Henry Edwards (Policier), Hattie Jacques (Chanteuse), Michael Ripper (Barney)
Auteur : Charles Dickens
Auteur : Charles Dickens
Sur Arte les 27 décembre 2018 à 13 h 35 et 30 décembre 2018 à 10 h 05
Version française
Visuels :
Mr Bumble (Francis L.Sullivan) Leads Oliver (John Howard Davies) Through The Workhouse
Bill Sikes (Robert Newton) Has A Drink With Nancy (Kay Walsh) As Fagin (Alec Guinness) Talks With Him.
Bill Sikes (Robert Newton) Has A Drink With Nancy (Kay Walsh) As Fagin (Alec Guinness) Talks With Him.
Oliver Twist (John Howard Davies) Asks The Workhouse Master (Kenneth Downey ) For More.
Credit : Guy Green
Oliver Twist (John Howard Davies) Tries Out His Pickpocketing Techniques On Fagin (Alec Guinness).
Royaume-Uni, 1949, 1 h 27
Auteur : H.G. Wells
Scénario : Eric Ambler, Stanley Haynes, David Lean
Production : Cineguild
Producteur : Ronald Neame
Image : Guy Green
Montage : Geoffrey Foot
Musique : Richard Addinsell
Avec Betty Ann Davies (Miss Joan Layton), Ann Todd (Mary Justin), Trevor Howard (Steven Stratton), Claude Rains (Howard Justin), Isabel Dean (Pat Stratton)
Sur Arte les 7 mars 2022 à 13 h 35 et 25 mars 2022 à 13 h 35
Sur arte.tv du 07/03/2022 au 05/04/2022
« Lawrence d’Arabie » de David Lean
Royaume-Uni, 1962
Production : Horizon Pictures
Producteur/-trice : Sam Spiegel, David Lean, Robert A. Harris
Image : Freddie Young
Montage : Anne V. Coates
Musique : Maurice Jarre
Avec Peter O'Toole, Alec Guinness, Anthony Quinn, Jack Hawkins, Omar Sharif, José Ferrer, Anthony Quayle, Claude Rains, Arthur Kennedy, Donald Wolfit, I.S. Johar, Gamil Ratib, Michel Ray, John Dimech, Zia Mohyeddin, Howard Marion-Crawford, Jack Gwillim, Hugh Miller
Auteur : T.E. Lawrence
Son : Richard L. Anderson (1989 Rekonstruktion und Restauration)
Sur Arte le 16 février 2020 à 20 h 55
Visuels :
Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
Anthony Quinn (Auda abu Tayi) et Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence) et José Ferrer (Turkish Bey)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
© 1988 Columbia Pictures
Anthony Quinn (Auda abu Tayi) et Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence) et José Ferrer (Turkish Bey)
Peter O' Toole (T.E. Lawrence)
© 1988 Columbia Pictures
« Le docteur Jivago » de David Lean
Etats-Unis, 1965, 3 h 05 mn
Auteur : Boris Pasternak
Scénario : Robert Bolt
Production : MGM, Carlo Ponti Production
Producteur : Carlo Ponti
Image : Freddie Young
Montage : Norman Savage
Musique : Maurice Jarre
Costumes : Phyllis Dalton
Directeur artistique : John Box, Terence Marsh, Dario Simoni
Avec Omar Sharif (Dr. Youri Jivago), Geraldine Chaplin (Tonya Gromeko), Julie Christie (Lara), Tom Courtenay (Pavel), Alec Guinness (Yevgraf), Siobhan McKenna (Anna Gromeko), Ralph Richardson (Alexandre Gromeko), Klaus Kinski (Kostoyed), Rod Steiger (Komarovsky)
Sur Arte le 26 décembre 2021 à 13 h 55
« Le dossier "Docteur Jivago » – « Je vous invite à mon exécution », de Nino Kirtadze
France, 2019, 57mn
Dans la collection "Les grands romans du scandale"
Avec la voix de Frédéric Pierrot
Coproduction : ARTE France, Zadig Productions, Pumpernickel Films
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Les citations sur le film sont d'Arte. Cet article a été publié le 26 décembre 2018.
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