La Maison de l’Amérique latine présente l’exposition collective « De l’autre côté. Photographies de Jeanne Mandello, Hildegard Rosenthal et Grete Stern ». « Après avoir suivi une formation photographique en Allemagne, dans le cadre de l’école légendaire du Bauhaus ou au studio de Paul Wolff – dont le nom est étroitement associé à la marque Leica –, trois photographes juives allemandes brillantes ont débuté leur carrière artistique à Berlin, Paris et Londres. Fuyant le nazisme, elles se sont exilées à la fin des années 1930 en Amérique du Sud.
Dans le cadre de Paris Photo, la Maison de l’Amérique latine présente l’exposition collective « De l’autre côté. Photographies de Jeanne Mandello, Hildegard Rosenthal et Grete Stern ». Un ensemble de 150 photographies, composé de vintages et de tirages modernes, des publications de l’époque et plusieurs extraits de films, dont « São Paulo, Sinfonia da Metrópole » (1929).
L’exposition De l’autre côté « réunit trois femmes photographes originaires d'Allemagne et qui, portées par le vent de l’histoire, se sont exilées à la fin des années 1930 en Amérique du Sud. Après une formation en Allemagne, fréquentant des photographes comme Paul Wolff dont le nom reste étroitement associé à la célèbre marque d’appareils Leica ou des écoles aussi réputées que celle du Bauhaus, et bénéficiant de l’effervescence qui régnait alors dans les milieux artistiques, elles ont commencé d’exercer leur métier en Europe : à Berlin, Paris et Londres, ouvert leur studio photographique et ont fréquenté d’autres photographes. Puis elles ont traversé l’Atlantique pour poursuivre leur carrière, chacune dans un pays différent. Elles laissent des oeuvres qui reflètent les facettes multiples de la photographie de leur époque ».
« Chacune d'entre elles a abordé et développé la pratique de la photographie sous un angle particulier... Jeanne Mandello a surtout opéré en studio, effectué dans son laboratoire des recherches pour la publicité et la mode, répondant également aux commandes des magazines. Hildegard Rosenthal a adopté le petit format de prise de vue (24 x 36) pour pratiquer dès son arrivée à São Paulo le reportage et le paysage urbains, dans un style empreint des avant-gardes européennes de l’entre-deux guerres. Quant à Grete Stern, elle a consacré une grande partie de son œuvre au photomontage et a illustré de cette manière une rubrique de psychologie dans le magazine argentin Idilio. À l’exception du photojournalisme, elles ont incarné à elles trois les principaux usages de la photographie de leur époque – de la nature morte au portrait –, et le recours à des techniques telles que le photogramme ou la solarisation ; certains de leurs travaux ont même pris pour motif la ville moderne telle que les cinéastes avaient pu la sublimer », a analysé Gabriel Bauret, commissaire de l’exposition.
Et de préciser : « Chacune a rejoint un pays différent de l'Amérique du Sud : Jeanne Mandello l’Uruguay (en 1941), Hildegard Rosenthal le Brésil (en 1937), Grete Stern l’Argentine (en 1936), et cette dispersion géographique constitue l’une des facettes de l’exposition. Le parcours que suivent ces trois femmes est d’autant plus exemplaire qu’elles appartiennent sensiblement à la même génération : Jeanne Mandello est née en 1907, Hildegard Rosenthal en 1913 et Grete Stern en 1904. Poussées à l’exil par la guerre et l’antisémitisme, elles ont dû quitter les lieux où elles ont travaillé afin de reprendre le cours de leur activité dans des climats plus sereins. Mais ce ne sont pas les seules femmes photographes d’origine européenne à avoir connu un tel destin, c’est-à-dire contraintes de reconstruire un avenir sur un autre continent : on pourrait citer la hongroise Kati Horna qui a abandonné l’Europe pour rejoindre le Mexique, l’allemande Gisèle Freund qui s’est exilée de 1942 à 1946 en Argentine, où vit et travaille sa compatriote Annemarie Heinrich, ou encore Gertrudis de Moses qui adopte le Chili, Alice Brill et Claudia Andujar qui émigrent au Brésil ».
Et Gabriel Bauret d'observer : « Pour certaines d’entre elles, comme Jeanne Mandello, seule une infime quantité d’œuvres, en comparaison de tout ce qu’elles ont pu produire, témoigne aujourd’hui de leur activité en Europe : le départ forcé s’est accompagné de l’abandon d’un studio et a souvent signifié la disparition – voire la destruction – des archives. Heureusement, l’histoire n’a pas tout effacé et la reconstitution du parcours de ces photographes peut aujourd’hui s’opérer grâce à l’intérêt porté à leurs œuvres par des institutions, des galeries, voire une famille, qui ont su préserver de tels patrimoines : le musée Folkwang d'Essen en Allemagne, l'Institut Moreira Salles au Brésil, la galerie La Ruche de Jorge Mara en Argentine ou encore le fonds Jeanne Mandello en Espagne. Préservation, mais aussi valorisation à travers des expositions et des ouvrages d’édition. Dans ce domaine, c’est sans doute Grete Stern qui a bénéficié jusqu’à aujourd’hui de la plus grande attention – notamment grâce à une exposition récente au MoMA à New York où elle figure aux côtés d’Horacio Coppola (1906–2012). En revanche, les œuvres de Jeanne Mandello et Hildegard Rosenthal constitueront pour beaucoup des découvertes ».
Gabriel Bauret conclut : « À l’heure où le statut de la femme dans les domaines les plus divers est largement commenté, ces trois photographes nous montrent à travers leur parcours et leur œuvre qu’elles n’ont pas attendu une reconnaissance sociale, politique ou culturelle, pour s’exprimer et s’approprier un métier – celui de la photographie, que l’on considérait habituellement comme réservé aux hommes. Leur destin et leur art disent la force de leur caractère et leur liberté ». Et la perte immense pour l’Allemagne.
Ces trois artistes ont introduit en Amérique latine, dont elles ont saisi l’essor urbain, les paysages architecturaux, la vie quotidienne des habitants, et les cercles artistiques, les recherches du Bauhaus, l’effervescence artistique de la République de Weimar, les avant-gardes artistiques de la France des années 1930. Elles ont aussi contribué à rénover l’esthétique photographique des journaux nationaux sud-américains auxquels elles ont collaboré.
Ces trois artistes ont introduit en Amérique latine, dont elles ont saisi l’essor urbain, les paysages architecturaux, la vie quotidienne des habitants, et les cercles artistiques, les recherches du Bauhaus, l’effervescence artistique de la République de Weimar, les avant-gardes artistiques de la France des années 1930. Elles ont aussi contribué à rénover l’esthétique photographique des journaux nationaux sud-américains auxquels elles ont collaboré.
Un catalogue est réalisé par les éditions Loco, en coédition avec la Maison de l’Amérique latine. Il est enrichi d’un entretien avec Ute Eskildsen, ancienne directrice du département de photographie du Folkwang Museum, d’un texte de Sandra Nagel, historienne, et enfin de Samuel de Vasconcelos Titan, chargé des collections photographiques de l'Institut Moreira Salles.
L’exposition bénéficie du concours du musée Folkwang d'Essen, Allemagne, de l'Institut Moreira Salles, Brésil, de la galerie Jorge Mara La Ruche, Argentine, et d’Isabel Mandello, Espagne.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Gabriel Bauret, en collaboration avec Anne Husson, directrice culturelle de la Maison de l’Amérique latine. Sandra Nagel, historienne allemande, est associée en tant que spécialiste de l’œuvre de Jeanne Mandello.
Biographies
Jeanne Mandello est « née Johanna Mandello dans une famille juive laïque, en 1907, à Francfort, en Allemagne. Sa mère Amalia Margarethe Mandello, née Seligsohn, était une enseignante, et meurt quand sa fille a 14 ans. Son père Hermann Mandelle a dirigé jusqu’en 1934 le grand magasin Kaufhaus Wronker.
En 1925, Johanna Mandello étudie la photographie au Lette-Verein, institut technique, puis d’arts appliqués pour des femmes, fondé en 1866, à Berlin.
En 1927, elle complète sa formation dans les studios de Paul Wolff (1887-1951) et Alfred Tritschler. Auprès de Paul Wolff, elle se familiarise avec le Leica.
Elle retourne au Lette-Verein pour y achever ses études. Avec son Leica, elle s’exerce sur divers sujets : portraits, paysages et scènes de la vie quotidienne.
En 1929, elle enseigne à Francfort et crée un atelier dans la maison de ses parents. Là, elle travaille avec la photographe Nathalie Reuter (1911-1990), ancienne condisciple et amie.
En 1932, Johanna Mandello rencontre Arno Grünebaum. Sous sa direction, il apprend la photographie.
L’année suivante, tous deux se marient.
Etant juifs, pressentant le danger, ils émigrent à Paris en 1934 et rejoignent les artistes exilés et illustres représentants de l’effervescence artistique de la République de Weimar et du Bauhaus.
Johanna Mandello devient Jeanne Mandello. Elle est influencée par la Nouvelle Vision, par Man Ray, Brassaï et Robert Doisneau.
Le couple de photographes expérimente de nouvelles techniques. Essaie des angles atypiques, des effets de lumières et jeux d’ombres. Élabore des photomontages.
Il se spécialise dans la publicité et les portraits, et comme photographe de mode.
1937. Comme Erwin Blumenfeld et Hermann Landshoff, il ouvre un studio « Mandello » dans le XVIIe arrondissement de Paris. Et travaille pour les magazines Fémina, Harper’s Bazaar et Vogue, ainsi que pour des maisons de haute couture et de parfums : Balenciaga, Guerlain, Maggy Rouff, et Creed. Parfois, il œuvre avec le photographe Hermann Landshoff (1905-1986), exilé allemand lui-aussi.
Quand éclate la Deuxième Guerre mondiale, le couple est considéré comme constitué d’« étrangers ennemis » par la France. Le 28 octobre 1940, le IIIe Reich déchoit Jeanne Mandello de la nationalité allemande. Jeanne Mandello est envoyée au village de Dognen, près du camp de Gurs. Elle est contrainte de laisser derrière elle son équipement photographique et son travail.
Conscient du danger, le couple parvient à obtenir des autorisations de quitter la France, des visas pour l’Uruguay et des billets pour se rendre, par mer, de Bilbao (Espagne) à Montevideo.
Il abandonne donc en France son studio, ses équipements, ses négatifs, ses travaux archivés – il est autorisé à prendre seulement 14 kg de bagages – et embarque, avec des centaines de réfugiés fuyant le nazisme en Europe, à bord du navire Cabo de Buena Esperanza.
Le 15 juillet 1941, après deux mois de navigation, le couple arrive à Montevideo (Uruguay).
Le couple aime immédiatement l’Uruguay. « Je n’ai jamais rencontré des gens aussi gentils et serviables que le peuple en Uruguay… Chacun nous a aidés », se souvenait Jeanne Mandello.
Avec trois millions d’habitants, le pays accueille durant la Deuxième Guerre mondiale environ 10 000 germanophones dont la plupart sont juifs.
Jeanne Mandello noue des contacts avec les artistes et intellectuels, ou exilés européens à Montevideo et Punta del Este - le peintre Joaquín Torres García, les poètes Rafael Alberti et Jules Supervielle, la photographe Florence Henri, le sculpteur Eduardo Yepes, le critique d’art Julio Payró, et le journaliste J. Hellmuth Freund qui publie un article sur le couple dans Entregas de la Licorna, magazine artistique de Susana Soca.
Membre de l’avant-garde artistique photographique comme Grete Stern en Argentine, Jeanne Mandello expose dès 1943 ses œuvres (portraits, paysages, architecture, solarisations) – exposition en 1952 au Musée d’art moderne de Rio de Janeiro -, et aborde les photogrammes.
Elle contribue à la modernisation de la culture sud-américaine.
1954. Le couple divorce et Jeanne Mandello s’installe au Brésil avec le journaliste Lothar Bauer qu’elle connait depuis Francfort.
Avec lui, elle quitte l'Uruguay en 1953 pour Barcelone (Espagne) à la fin des années 1950 pour y poursuivre son activité de photographe. Elle épouse Bauer et le couple adopte une fille, Isabel en 1970.
Elle meurt à Barcelone en 2001.
En 1997, Barcelone a accueilli l’exposition itinérante Jeanne Mandello: Imágenes de una fotógrafa exiliada (Images d’une photographe exilée) montrée en Uruguay et en Argentine en 2012 et 2013. En 2016-2017, une exposition de ses œuvres a été montrée au Verborgenes Museum à Berlin, dans le cadre du Mois de la photographie.
En 1925, Johanna Mandello étudie la photographie au Lette-Verein, institut technique, puis d’arts appliqués pour des femmes, fondé en 1866, à Berlin.
En 1927, elle complète sa formation dans les studios de Paul Wolff (1887-1951) et Alfred Tritschler. Auprès de Paul Wolff, elle se familiarise avec le Leica.
Elle retourne au Lette-Verein pour y achever ses études. Avec son Leica, elle s’exerce sur divers sujets : portraits, paysages et scènes de la vie quotidienne.
En 1929, elle enseigne à Francfort et crée un atelier dans la maison de ses parents. Là, elle travaille avec la photographe Nathalie Reuter (1911-1990), ancienne condisciple et amie.
En 1932, Johanna Mandello rencontre Arno Grünebaum. Sous sa direction, il apprend la photographie.
L’année suivante, tous deux se marient.
Etant juifs, pressentant le danger, ils émigrent à Paris en 1934 et rejoignent les artistes exilés et illustres représentants de l’effervescence artistique de la République de Weimar et du Bauhaus.
Johanna Mandello devient Jeanne Mandello. Elle est influencée par la Nouvelle Vision, par Man Ray, Brassaï et Robert Doisneau.
Le couple de photographes expérimente de nouvelles techniques. Essaie des angles atypiques, des effets de lumières et jeux d’ombres. Élabore des photomontages.
Il se spécialise dans la publicité et les portraits, et comme photographe de mode.
1937. Comme Erwin Blumenfeld et Hermann Landshoff, il ouvre un studio « Mandello » dans le XVIIe arrondissement de Paris. Et travaille pour les magazines Fémina, Harper’s Bazaar et Vogue, ainsi que pour des maisons de haute couture et de parfums : Balenciaga, Guerlain, Maggy Rouff, et Creed. Parfois, il œuvre avec le photographe Hermann Landshoff (1905-1986), exilé allemand lui-aussi.
Quand éclate la Deuxième Guerre mondiale, le couple est considéré comme constitué d’« étrangers ennemis » par la France. Le 28 octobre 1940, le IIIe Reich déchoit Jeanne Mandello de la nationalité allemande. Jeanne Mandello est envoyée au village de Dognen, près du camp de Gurs. Elle est contrainte de laisser derrière elle son équipement photographique et son travail.
Conscient du danger, le couple parvient à obtenir des autorisations de quitter la France, des visas pour l’Uruguay et des billets pour se rendre, par mer, de Bilbao (Espagne) à Montevideo.
Il abandonne donc en France son studio, ses équipements, ses négatifs, ses travaux archivés – il est autorisé à prendre seulement 14 kg de bagages – et embarque, avec des centaines de réfugiés fuyant le nazisme en Europe, à bord du navire Cabo de Buena Esperanza.
Le 15 juillet 1941, après deux mois de navigation, le couple arrive à Montevideo (Uruguay).
Le couple aime immédiatement l’Uruguay. « Je n’ai jamais rencontré des gens aussi gentils et serviables que le peuple en Uruguay… Chacun nous a aidés », se souvenait Jeanne Mandello.
Avec trois millions d’habitants, le pays accueille durant la Deuxième Guerre mondiale environ 10 000 germanophones dont la plupart sont juifs.
Jeanne Mandello noue des contacts avec les artistes et intellectuels, ou exilés européens à Montevideo et Punta del Este - le peintre Joaquín Torres García, les poètes Rafael Alberti et Jules Supervielle, la photographe Florence Henri, le sculpteur Eduardo Yepes, le critique d’art Julio Payró, et le journaliste J. Hellmuth Freund qui publie un article sur le couple dans Entregas de la Licorna, magazine artistique de Susana Soca.
Membre de l’avant-garde artistique photographique comme Grete Stern en Argentine, Jeanne Mandello expose dès 1943 ses œuvres (portraits, paysages, architecture, solarisations) – exposition en 1952 au Musée d’art moderne de Rio de Janeiro -, et aborde les photogrammes.
Elle contribue à la modernisation de la culture sud-américaine.
1954. Le couple divorce et Jeanne Mandello s’installe au Brésil avec le journaliste Lothar Bauer qu’elle connait depuis Francfort.
Avec lui, elle quitte l'Uruguay en 1953 pour Barcelone (Espagne) à la fin des années 1950 pour y poursuivre son activité de photographe. Elle épouse Bauer et le couple adopte une fille, Isabel en 1970.
Elle meurt à Barcelone en 2001.
En 1997, Barcelone a accueilli l’exposition itinérante Jeanne Mandello: Imágenes de una fotógrafa exiliada (Images d’une photographe exilée) montrée en Uruguay et en Argentine en 2012 et 2013. En 2016-2017, une exposition de ses œuvres a été montrée au Verborgenes Museum à Berlin, dans le cadre du Mois de la photographie.
Hildegard Rosenthal « est née en 1913 à Zürich (Suisse), mais sa naissance sera enregistrée à Francfort » (Allemagne) où elle grandit.
Elle étudie la pédagogie de 1929 à 1933.
1934-1935. Elle vit à Paris.
A son retour à Francfort, après avoir fréquenté le studio de Paul Wolff qui l’incite à pratiquer le petit format - Wolff est l’artiste pionnier dans l’utilisation du Leica – et étudié les techniques de laboratoire à l’Institut Gaedel, elle commence à travailler en 1936.
Hildegard Rosenthal rejoint l’année suivante le Brésil où elle s’affirme comme première femme photojournaliste de ce pays.
En 1937, elle s'installe à São Paulo et est recrutée au laboratoire de l’entreprise de matériel et services photographiques Kosmos.
Quelques mois plus tard, l’agence Presse Information l’engage comme photojournaliste, et Hildegard Rosenthal réalise des reportages pour des journaux nationaux et internationaux notamment sur Rio de Janeiro, le sud du Brésil, et des personnalité de la scène culturelle de São Paulo : le peintre, sculpteur et graveur Lasar Segall, les écrivains Guilherme de Almeida et Jorge Amado, l’humoriste Aparício Torelly (Barão de Itararé) et le dessinateur Belmonte. São Paulo s’avère « l’un des territoires favoris de ses recherches sur le paysage urbain et de reportages qu’elle réalise jusqu'à la fin des années 1950 ». Elle en saisit la vie quotidienne avec ses passants, ses vendeurs ambulants… Des images riches en informations, et à la composition équilibrée.
En 1948, Hildegard Rosenthal interrompt son activité professionnelle quand nait sa première fille.
En 1959, après le décès de son mari, elle assure la direction de l’entreprise familiale.
En 1974, son travail est révélé par l’historien d’art Walter Zanini qui conçoit une rétrospective au Museo de Arte Contemporáneo de la Universidad de São Paulo.
L’année suivante, c’est au Museo de la Imagen y del Sonido de São Paulo - MIS de présenter l’exposition Memória Paulistana [Memoria de São Paulo] de Hildegard Rosenthal.
« La photographie sans personne ne m’intéresse pas », a dit Hildegard Rosenthal au Musée de l’image et du son de São Paulo, en 1981.
Elle meurt en 1990.
En 1996, l’Instituto Moreira Salles achète plus de 3 000 négatifs de cette artiste, dont des scènes à São Paulo des années 1930 et 1940, période où la ville a connu une croissance, matérielle et culturelle, particulièrement importante. Hildegard Rosenthal a figé dans le temps une « métropole moderne et très active qui s’humanisait à travers son regard fasciné par ses personnages ». Hildegard Rosenthal avait donné d’autres de ses négatifs au Museo Lasar Segall.
Sérgio Bürgi, coordinateur de la photographie de l’Instituto Moreira Salles et commissaire de l’exposition La São Paulo de Hildegard Rosenthal a affirmé en 2013 « que l’influence du Bauhaus et du constructivisme ont transformé la manière de construire l’image au Brésil à partir des années 1940, et que Hildegard Rosenthal a fait partie de ce mouvement de rénovation. Elle était de petite taille et très audacieuse comme journaliste et photographe ».
Cette artiste a aussi maintenu un dialogue avec des artistes contemporains au Brésil, et plus généralement en Amérique du Sud, comme le groupe Santa Helena, formé d’artistes immigrants comme Alfredo Volpi et Fúlvio Penacchi et avec les enfants d’immigrés italiens tels Aldo Bonadei, Alfredo Rizzotti, Mário Zanini et Humberto Rosa, espagnols comme Francisco Rebolo, et portugais comme Manuel Martins.
Elle étudie la pédagogie de 1929 à 1933.
1934-1935. Elle vit à Paris.
A son retour à Francfort, après avoir fréquenté le studio de Paul Wolff qui l’incite à pratiquer le petit format - Wolff est l’artiste pionnier dans l’utilisation du Leica – et étudié les techniques de laboratoire à l’Institut Gaedel, elle commence à travailler en 1936.
Hildegard Rosenthal rejoint l’année suivante le Brésil où elle s’affirme comme première femme photojournaliste de ce pays.
En 1937, elle s'installe à São Paulo et est recrutée au laboratoire de l’entreprise de matériel et services photographiques Kosmos.
Quelques mois plus tard, l’agence Presse Information l’engage comme photojournaliste, et Hildegard Rosenthal réalise des reportages pour des journaux nationaux et internationaux notamment sur Rio de Janeiro, le sud du Brésil, et des personnalité de la scène culturelle de São Paulo : le peintre, sculpteur et graveur Lasar Segall, les écrivains Guilherme de Almeida et Jorge Amado, l’humoriste Aparício Torelly (Barão de Itararé) et le dessinateur Belmonte. São Paulo s’avère « l’un des territoires favoris de ses recherches sur le paysage urbain et de reportages qu’elle réalise jusqu'à la fin des années 1950 ». Elle en saisit la vie quotidienne avec ses passants, ses vendeurs ambulants… Des images riches en informations, et à la composition équilibrée.
En 1948, Hildegard Rosenthal interrompt son activité professionnelle quand nait sa première fille.
En 1959, après le décès de son mari, elle assure la direction de l’entreprise familiale.
En 1974, son travail est révélé par l’historien d’art Walter Zanini qui conçoit une rétrospective au Museo de Arte Contemporáneo de la Universidad de São Paulo.
L’année suivante, c’est au Museo de la Imagen y del Sonido de São Paulo - MIS de présenter l’exposition Memória Paulistana [Memoria de São Paulo] de Hildegard Rosenthal.
« La photographie sans personne ne m’intéresse pas », a dit Hildegard Rosenthal au Musée de l’image et du son de São Paulo, en 1981.
Elle meurt en 1990.
En 1996, l’Instituto Moreira Salles achète plus de 3 000 négatifs de cette artiste, dont des scènes à São Paulo des années 1930 et 1940, période où la ville a connu une croissance, matérielle et culturelle, particulièrement importante. Hildegard Rosenthal a figé dans le temps une « métropole moderne et très active qui s’humanisait à travers son regard fasciné par ses personnages ». Hildegard Rosenthal avait donné d’autres de ses négatifs au Museo Lasar Segall.
Sérgio Bürgi, coordinateur de la photographie de l’Instituto Moreira Salles et commissaire de l’exposition La São Paulo de Hildegard Rosenthal a affirmé en 2013 « que l’influence du Bauhaus et du constructivisme ont transformé la manière de construire l’image au Brésil à partir des années 1940, et que Hildegard Rosenthal a fait partie de ce mouvement de rénovation. Elle était de petite taille et très audacieuse comme journaliste et photographe ».
Cette artiste a aussi maintenu un dialogue avec des artistes contemporains au Brésil, et plus généralement en Amérique du Sud, comme le groupe Santa Helena, formé d’artistes immigrants comme Alfredo Volpi et Fúlvio Penacchi et avec les enfants d’immigrés italiens tels Aldo Bonadei, Alfredo Rizzotti, Mário Zanini et Humberto Rosa, espagnols comme Francisco Rebolo, et portugais comme Manuel Martins.
Grete Stern est née à Wuppertal, en Allemagne, en 1904, dans une famille juive d’industriels dans le textile.
A Berlin en 1927, elle suit l’enseignement en photographie du professeur du Bauhaus Walter Peterhans.
Grete Stern « y apprend à composer en studio des natures mortes, à mettre en scène des objets dans le formidable esprit de liberté qui souffle alors sur l’Allemagne, avant la prise du pouvoir d’Hitler ».
Elle s'associe avec une autre photographe, Ellen (Rosenberg) Auerbach (1906-2004), rencontrée au studio de Peterhans, pour fonder l’atelier Ringl & Pit (leurs surnoms quand elles étaient enfants).
Après avoir émigré à Londres en 1933, Grete Stern ouvre un studio de publicité. Elle photographie des exilés allemands : Bertold Brecht, Karl Korsch. La revue Cahiers d’art publie en 1934 ses photomontages pour un parfum ou un produit capillaire.
En 1936, elle rencontre au Bauhaus, le photographe argentin Horacio Coppola (1906-2012) qu’elle épouse.
Elle rejoint en 1936 son mari en Argentine.
Grete Stern ouvre un studio de publicité. Mais elle s’avère trop d’avant-garde dans un pays n’appréciant pas alors la réclame commerciale. Elle « collabore alors à la revue littéraire Sur qui tisse des liens avec l’Europe, et à des publications accueillant des travaux d’exilés ayant fui la guerre d’Espagne.
L’artiste fréquente les milieux intellectuels de la capitale argentine. L’écrivain Jorge Luis Borges pose pour elle en 1946. Grete Stern se focalise sur son regard incroyablement doux et profond. L’image reste un témoignage particulièrement touchant de l’écrivain avant qu’il ne perde la vue ». Le dramaturge Amparo Alvajar et le poète-politicien Pablo Neruda poseront aussi pour Grete Stern.
De 1948 à 1951, Grete Stern illustre alors une rubrique de psychologie pour un titre de la « presse du cœur », Idilio, « revue jeune et féminine ». Un hebdomadaire de 48 pages fondé en 1948.
Pour ce titre argentin qui signifie « Idylle » en espagnol, Grete Stern crée des photomontages – série Sueños (Rêves), - pour la rubrique « La psychanalyse vous aidera » : elle illustre, en le résumant, le rêve qu’une lectrice a raconté au magazine et y insère l’image de la lectrice-rêveuse. Un exercice de concision, empruntant à la peinture et au cinéma. Une œuvre surréaliste rompant avec les visuels classiques de ces journaux populaires. L’interprétation du rêve est signé Richard Rest, pseudonyme du sociologue Gino Germani et de l’universitaire Enrique Butelman, introducteur du psychanalyste Jung en Argentine.
Grete Stern décède en 1999.
En 2015, le Moma (Museum of Modern Art) de New York a présenté l’exposition « From Bauhaus to Buenos Aires : Grete Stern and Horacio Coppola ». Première exposition centrée sur ces deux figures majeures de l’avant-garde photographique argentine.
A Berlin en 1927, elle suit l’enseignement en photographie du professeur du Bauhaus Walter Peterhans.
Grete Stern « y apprend à composer en studio des natures mortes, à mettre en scène des objets dans le formidable esprit de liberté qui souffle alors sur l’Allemagne, avant la prise du pouvoir d’Hitler ».
Elle s'associe avec une autre photographe, Ellen (Rosenberg) Auerbach (1906-2004), rencontrée au studio de Peterhans, pour fonder l’atelier Ringl & Pit (leurs surnoms quand elles étaient enfants).
Après avoir émigré à Londres en 1933, Grete Stern ouvre un studio de publicité. Elle photographie des exilés allemands : Bertold Brecht, Karl Korsch. La revue Cahiers d’art publie en 1934 ses photomontages pour un parfum ou un produit capillaire.
En 1936, elle rencontre au Bauhaus, le photographe argentin Horacio Coppola (1906-2012) qu’elle épouse.
Elle rejoint en 1936 son mari en Argentine.
Grete Stern ouvre un studio de publicité. Mais elle s’avère trop d’avant-garde dans un pays n’appréciant pas alors la réclame commerciale. Elle « collabore alors à la revue littéraire Sur qui tisse des liens avec l’Europe, et à des publications accueillant des travaux d’exilés ayant fui la guerre d’Espagne.
L’artiste fréquente les milieux intellectuels de la capitale argentine. L’écrivain Jorge Luis Borges pose pour elle en 1946. Grete Stern se focalise sur son regard incroyablement doux et profond. L’image reste un témoignage particulièrement touchant de l’écrivain avant qu’il ne perde la vue ». Le dramaturge Amparo Alvajar et le poète-politicien Pablo Neruda poseront aussi pour Grete Stern.
De 1948 à 1951, Grete Stern illustre alors une rubrique de psychologie pour un titre de la « presse du cœur », Idilio, « revue jeune et féminine ». Un hebdomadaire de 48 pages fondé en 1948.
Pour ce titre argentin qui signifie « Idylle » en espagnol, Grete Stern crée des photomontages – série Sueños (Rêves), - pour la rubrique « La psychanalyse vous aidera » : elle illustre, en le résumant, le rêve qu’une lectrice a raconté au magazine et y insère l’image de la lectrice-rêveuse. Un exercice de concision, empruntant à la peinture et au cinéma. Une œuvre surréaliste rompant avec les visuels classiques de ces journaux populaires. L’interprétation du rêve est signé Richard Rest, pseudonyme du sociologue Gino Germani et de l’universitaire Enrique Butelman, introducteur du psychanalyste Jung en Argentine.
Grete Stern décède en 1999.
En 2015, le Moma (Museum of Modern Art) de New York a présenté l’exposition « From Bauhaus to Buenos Aires : Grete Stern and Horacio Coppola ». Première exposition centrée sur ces deux figures majeures de l’avant-garde photographique argentine.
Du 12 octobre au 20 décembre 2018
217 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
Tél. : +33 (0)1 49 54 75 00
Du lundi au vendredi de 10 h à 20 h, samedi de 14 h à 18 h. Fermé les dimanches et jours fériés. Entrée libre
Visuels :
Affiche
Grete Stern, Qui est-ce ? ~ 1949.
Courtesy Galería Jorge Mara - La Ruche, Buenos Aires.
Jeanne Mandello,
Autoportrait, solarisation ~ Uruguay, années 1940.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Motif pour une publicité Thephorin Roche (antihistaminique), photogramme ~ 1950.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Vaclav Veltchek, danseur et chorégraphe tchèque, photomontage ~ Montevideo, ca. 1948.
© Isabel Mandello.
Jeanne Mandello,
Jules Supervielle, poète français ~
Montevideo, 1944.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Nature morte, solarisation ~ ca. 1953.
© Isabel Mandello
Hildegard Rosenthal, Le peintre Lasar Segall peignant Lucy Citti Ferreira, São Paulo ~ Brésil, ca. 1942. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Vendeur de fruits ambulant, rue 25 de Março (Ladeira Porto Geral), São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Piétons dans la rue Direita, au croisement de la rue 15 de Novembro et Largo da Sé, São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Femme au parapluie, São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
ringl + pit (Grete Stern et Ellen Auerbach)
Publicité Komol (teinture capillaire) ~ 1929 ou 1931.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Bertolt Brecht ~ 1934.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Verre et papier ~ 1931.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Amour sans illusion ~ 1950.
Courtesy Galería Jorge Mara - La Ruche, Buenos Aires.
Affiche
Grete Stern, Qui est-ce ? ~ 1949.
Courtesy Galería Jorge Mara - La Ruche, Buenos Aires.
Jeanne Mandello,
Autoportrait, solarisation ~ Uruguay, années 1940.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Motif pour une publicité Thephorin Roche (antihistaminique), photogramme ~ 1950.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Vaclav Veltchek, danseur et chorégraphe tchèque, photomontage ~ Montevideo, ca. 1948.
© Isabel Mandello.
Jeanne Mandello,
Jules Supervielle, poète français ~
Montevideo, 1944.
© Isabel Mandello
Jeanne Mandello,
Nature morte, solarisation ~ ca. 1953.
© Isabel Mandello
Hildegard Rosenthal, Le peintre Lasar Segall peignant Lucy Citti Ferreira, São Paulo ~ Brésil, ca. 1942. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Vendeur de fruits ambulant, rue 25 de Março (Ladeira Porto Geral), São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Piétons dans la rue Direita, au croisement de la rue 15 de Novembro et Largo da Sé, São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
Hildegard Rosenthal, Femme au parapluie, São Paulo ~ Brésil, ca. 1940. © Instituto Moreira Salles, São Paulo / Rio de Janeiro.
ringl + pit (Grete Stern et Ellen Auerbach)
Publicité Komol (teinture capillaire) ~ 1929 ou 1931.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Bertolt Brecht ~ 1934.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Verre et papier ~ 1931.
Courtesy Museum Folkwang, Essen
Grete Stern, Amour sans illusion ~ 1950.
Courtesy Galería Jorge Mara - La Ruche, Buenos Aires.
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