Leon Levinstein (1910–1988) était un street photographer (photographe de rue) amateur américain, peu connu du grand public, mais réputé pour son travail documentant la vie quotidienne new-yorkaise des années 1950 aux années 1980. Dans le cadre de Photo Saint-Germain, la Galerie Mandarine propose l’exposition « Léon Levinstein, Photographs 1950-1970s ».
Leon Levinstein ? « Un photographe cannibale », selon la formule d’Armelle Godeluck.
« Un animal rare, très rare, au talent fou, au cadrage carnassier ; un caractère de chien sauvage ne faisant rien pour se rendre domesticable, un peine-à-jouir absolu refusant tout assouplissement, et freinant, de ce fait, la reconnaissance de son travail unique ».
Streetphotographer amateur
Leon Levinstein est né en 1910 à Buckhannon, Virginie occidentale.
A Baltimore et Pittsburgh, il étudie le dessin, la calligraphie et le design.
En 1934, il débute dans la publicité chez Hecht Furniture Company à Baltimore. Pendant trois ans, il travaille comme assistant du directeur artistique en concevant la mise en page d’annonces publicitaires pour la presse.
Puis, Leon Levinstein s’établit en designer et graphiste free lance.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il s’engage en 1942, et sert comme mécanicien réparateur d’hélices dans l’Armée de l’Air, surtout au Panama.
En octobre 1945, en finissant son engagement militaire avec le rang de sergent, il est engagé à New York comme directeur artistique dans l’agence de publicité de son cousin.
En 1947-1948, il suit un atelier de perfectionnement avec John Ebstel et Sid Grossman à la Photo League.
De 1948 à 1951, il poursuit ses études auprès de Stuart Davis et Alexey Brodovitch à la New School for Social Research.
Il étudie encore trois ans avec Grossman.
En 1950, il a pour condisciples Lisette et Evsa Model, et de 1954 à 1960, Leon Levinstein a étudié dans l’atelier de peinture d’Evsa Model.
Pendant ses loisirs, ce piéton flâne dans les rues de New York et arpente muni de son appareil photographique les plages de Coney Island, comme de nombreux photographes avant lui.
Ses photographies sont publiées par des magazines importants : Popular Photography et U.S. Camera Annual.
Deux des photographies de Leon Levinstein sont intégrées dans U.S. Camera Annual 1951, et deux autres sont sélectionnées l’année suivante.
En 1952, Leon Levinstein gagne le concours du magazine Popular Photography doté d’un Prix de 2 000 dollars.
1955. La Limelight Gallery, fondée par Helen Gee et première galerie new-yorkaise entièrement dédiée à la photographie, présente une exposition estivale collective réunissant notamment des œuvres de Leon Levinstein. Et Edward Steichen choisit deux photographies de cet amateur pour l’exposition du Museum of Modern Art « The Family of Man », itinérante dans le monde et vue par neuf millions de visiteurs ainsi que pour le catalogue. Deux clichés pris très près des personnes photographiées.
En janvier 1956, c’est la seule exposition individuelle de Leon Levinstein, de son vivant, à Limelight. Bien accueillie.
Alexey Brodovitch, directeur artistique de Harper's Bazaar, et Edward Steichen, célèbre photographe et commissaire d’exposition au Museum of Modern Art, reconnaissent le talent de Leon Levinstein, dont les photographies sont présentées dans neuf expositions au Museum of Modern Art.
Leon Levinstein assure rarement des commandes, et n’a jamais publié de livre.
Il gagne sa vie comme designer graphique, et non en tant que photographe professionnel et demeure en général à l’écart du monde artistique.
En 1956, avec Richard Avedon, Wynn Bullock, G.E. Kidder Smith, Eugene Smith et Brett Weston, il est l’un des six photographes présentés par l’Annual.
Leon Levinstein figure aussi dans cinq numéros annuels de Popular Photography.
En 1975, Leon Levinstein reçoit un Guggenheim Fellowship de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation.
A partir de 1978, des expositions sur la photographie documentaire d’après-guerre – New Standpoints au Museum of Modern Art, etc. – présentent le travail de Leon Levinstein.
Dès 1981, le marchand d’art Harry Lunn achète une part importante des photographies de Leon Levinstein qui meurt en 1988 à New York.
« Il faudra qu’il meure pour que, sans le poids torturé de sa présence à l’autre, son œuvre immense, si singulièrement avant-gardiste, à la fois si proche et si distancée de son objet/ sujet, commence à être reconnue pour ce qu’elle est : celle d’un photographe majeur du XXe siècle ».
« Son travail a une virtuosité graphique, caractérisé par des gestes épurés et des corps monumentaux, équilibrant compassion et cruauté tout en peignant avec les ombres et la lumière, portraiturant avec douceur et directement les habitants des rues qu’il parcourait. Il se cachait dans les foules, s’y fondait et observait les choses que d’autres ne remarquaient pas. Photographiant les inconnus de près, Levinstein a capté les ruelles de New York en cadrant les visages, chairs, poses et mouvements de ses camarades citadins : couples, enfants, mendiants, prostituées, familles, femmes de la haute société, et adeptes du bronzage. Levinstein est connu pour ses études de personnages, sincères et non sentimentales, en noir et blanc, faites dans les environs de New York, de Times Square et du Lower East Side à Coney Island et Harlem. La collection de l’ICP (International Center of Photography) comprend aussi un ensemble substantiel de photographies de rues faites lors de voyages en Inde, à Haïti, en Espagne et au Portugal », a écrit Kirsti Svenning.
Deux expositions posthumes ont commencé à faire connaitre Leon Levinstein du public : en 1995 à la National Gallery du Canada et en 2010 au Metropolitan Museum of Art de New York.
Dans le cadre de Photo Saint-Germain, la Galerie Mandarine propose l’exposition « Léon Levinstein, Photographs 1950-1970s ».
« Issues de la collection de Harry Lunn et de la Howard Greenberg Gallery, les photographies exposées, datées et signées, sont aussi rares que le talent de leur auteur ».
« Créée en juillet 2018 en lieu et place de l’Atelier Yann Arthus Bertrand, la Galerie Mandarine n’a qu’une ligne de conduite, qui est sa ligne d’horizon : faire en sorte, chaque fois, d’incarner cette phrase de Roland Barthes : « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois ».
Du 5 au 24 novembre 2018
A la Galerie Mandarine
15, rue de Seine. 75006 Paris
06 30 52 93 80
Du lundi au samedi de 10 h à 20 h
Visuels :
Leon Levinstein, Mother and child, Herald Square, New York, 1965 © Leon Levinstein / courtesy Howard Greenberg Gallery
© Leon Levinstein / courtesy Howard Greenberg Gallery
Leon Levinstein, Coney Island, Brooklyn, c.1979 © Leon Levinstein / courtesy Howard Greenberg Gallery
Affiche
Leon Levinstein, Coney Island, Brooklyn, c.1955 © Leon Levinstein / courtesy Howard Greenberg Gallery
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