Walter Spitzer est né en 1927 à Cieszyn. Rescapé de la Shoah, il survit grâce au dessin. Après la Deuxième Guerre mondiale, il poursuit une carrière de peintre, d’illustrateur et de sculpteur, notamment en concevant le monument en hommage aux victimes des rafles antijuives sous l’Occupation nazie. Il est décédé le 13 avril 2021 du coronavirus.
« A travers ton art évocateur, Walter, c'est toi qui interpelles l'homme qui frappe à ta porte. Tu lui demandes s'il se souvient. Et grâce à toi, il répondra oui », a écrit Elie Wiesel.
De Walter Spitzer, on connaît le monument érigé à Paris en hommage aux victimes des rafles antisémites sous l'Occupation nazie.
Dans « Sauvé par le dessin – Buchenwald », cet artiste nous confie les souvenirs de son enfance juive heureuse à Cieszyn (Pologne), près de la Tchécoslovaquie.
Élevé dans une famille polyglotte et aisée, il est animé de trois passions : le dessin, la lecture et la photo.
A l’école, il subit l’antisémitisme.
Dès septembre 1939, la discrimination antijuive fait prendre conscience aux parents de Walter de la gravité de la situation.
L’auteur nous décrit les étapes dans « la logique Judenrein » : l’abandon forcé du foyer, le regroupement des Juifs dans un village, Strzemieszyce, la vie dans un ghetto, les séparations, la déportation vers Blechhammer, un camp de travaux forcés.
Walter Spitzer se souvient de la violence, de l’épuisement, des maladies, de la résistance interne et de rares rencontres féminines.
Grâce au dessin, il survit. Par le dessin, il témoigne, respectant sa promesse à ses compagnons déportés.
Après l’évacuation et les marches de la mort, c’est la libération et la découverte émerveillée de Paris avec l’US Army.
« A côté de son travail pictural propre, il a illustré les œuvres complètes romanesques d'André Malraux, de Jean-Paul Sartre, d'Henry de Montherlant, de Joseph Kessel, de Nikos Kazantzákis ».
Il a été distingué par les titres de chevalier des Arts et des Lettres et chevalier de la Légion d’honneur ainsi que décoré de l’Ordre national du Mérite en 2019.
"Parce que j'étais peintre"
En 2014, est sorti en France "Parce que j'étais peintre", long-métrage de Christophe Cognet et produit par La Huit. "Je n’ose pas le dire, mais pour un peintre, c’était d’une beauté incroyable. C’était une nécessité absolue de reproduire, de représenter ça, de garder ça pour la suite." (Zoran Music, déporté à Dachau).
"Ce film mène une enquête inédite sur les œuvres réalisées clandestinement dans les camps nazis. Il dialogue avec les rares artistes déportés encore vivants et avec les conservateurs de leurs œuvres : des émotions qu’elles suscitent, de leur marginalisation, leur signature ou leur anonymat, de leur style, ainsi que de la représentation de l’horreur et de l’extermination. Surtout peut être, il contemple longuement les dessins, lavis, peintures, conservés dans les fonds en France, en Allemagne, en Israël, en Pologne, en Tchéquie, en Belgique, en Suisse…"
"Dans ce voyage parmi ces fragments d’images clandestines et les ruines des anciens camps, il propose ainsi une quête sensible entre visages, corps et paysages, pour questionner la notion d’œuvre et interroger frontalement l’idée de beauté. L’enjeu en est dérangeant, mais peut-être ainsi pourrons-nous mieux nous figurer ce que furent réellement ces camps, appréhender les possibles de l’art et éprouver ce qu’est l’honneur d’un artiste – aussi infime et fragile que soit le geste de dessiner."
Documentaires
Le 15 juillet 2018, à 14 h 30, dans le cadre de la commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv, le Mémorial de la Shoah a projeté « Walter Spitzer, « L’alliance avec un peuple » » d’Andras Solymos (France, documentaire, 35 mn, Andras Solymos production, 2018. « Le réalisateur est allé à la rencontre de l’homme de 90 ans dans son atelier, où l’on découvre une partie de son oeuvre, influencée par Rembrandt, Frans Hals, Watteau, Poussin, mais aussi par Picasso et Goya. À 16 ans, Walter Spitzer est envoyé dans un camp de travaux forcés en Silésie. Il a passé sa vie à transmettre au moyen de la peinture le sens des textes et de la Bible ainsi que l’enfer des camps. Son monument du Vél’d’Hiv est un hommage au peuple juif ».
Puis, a été projeté « Walter Spitzer, un monument pour mémoire » de Gad Abittan (France, documentaire, Centre audiovisuel de Paris, 1996, 16 mn). « En juillet 1994, le président Mitterrand inaugure une sculpture élevée à la mémoire de la rafle du Vél’ d’Hiv. Ce monument est une évocation de la Shoah à travers l’histoire personnelle de Walter Spitzer, son sculpteur, ancien rescapé des camps nazis. Ce film retrace le travail de l’artiste, son « œuvre de mémoire » en création dans son atelier ».
Une séance en présence des réalisateurs Andras Solymos et Gad Abittan, et de Walter Spitzer, et animée par Michaël de Saint-Cheron, chargé de valorisation du patrimoine Drac Ile-de-France.
Orgue de Barbarie
En 2018, le musée de la musique mécanique des Gets, en Haute-Savoie, a présenté "12 œuvres de Walter Spitzer.
Des créations qui ont toutes un point commun. Sur chacune d’elle figure un orgue de barbarie. Un instrument cher au cœur de ce rescapé des camps de la mort. Un espace "Walter Spitzer" est venu enrichir les 550 pièces du musée de la musique mécanique des Gets. Des peintures, lithographies, dessins et une sculpture réalisés par l’artiste entre 1955 et 2015. Sur chacune des œuvres de Walter Spitzer exposées sur les murs du musée, on peut voir un orgue de barbarie. Un instrument qui rappelle à l'artiste sa Pologne natale. Quand petit garçon, il écoutait dans la rue les musiciens en jouer. Des sons, des ambiances qui l’accompagneront jusqu’à Auschwitz et Buchenwald où adolescent il est déporté". "Je sifflais ces airs tout en marchant. J’ai toujours été accompagné par cette musique qui m’a aidé à survivre", a confié Walter Spitzer.
Décès
Cet artiste est décédé le 13 avril 2021 du coronavirus. Il a été inhumé le 15 avril 2021 au cimetière de Bagneux, dans le carré des rescapés de la Shoah.
Le 15 avril 2021, Francine Szapiro, directrice de la Galerie Saphir, a rendu hommage à cet artiste sur Linkedin en réponse à mon post sur cet article : "Avec Walter Spitzer disparaît l'un des derniers témoins de cette période sombre de l'histoire mais aussi un artiste de talent qui exalte la vie dans ses peintures colorées joyeuses et nostalgiques. Il laisse aussi une belle œuvre de graveur sur bois à très petit tirage très expressionniste qu'il a réalisée dans les années 50 et 60. L'homme ressemblait à son oeuvre, chaleureux aimant la vie plein d humour et très impliqué dans la vie culturelle et la renaissance de la communauté juive en France."
Walter Spitzer, Sauvé par le dessin – Buchenwald, préface de Elie Wiesel. Ed. Pierre-Marcel Favre. 250 pages, 19 €. ISBN-13: 978-2828908058
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Cet article a été publié le 11 juillet 2018.
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