« Une enfance volée : l’affaire Finaly » de Fabrice Génestal
« Un devoir de mémoire » de Michel Gurfinkiel
Des enfants juifs cachés sous l'Occupation« Un devoir de mémoire » de Michel Gurfinkiel
« Sauvés par des Justes » par Christian Frey et Susanne Wittek
« Les enfants du 209 rue Saint-Maur Paris Xe » par Ruth Zylberman
« Les enfants du 209 rue Saint-Maur Paris Xe » par Ruth Zylberman
Après la Shoah. Rescapés, réfugiés, survivants 1944-1947
« La Babel des enfants perdus » par Théo Ivanez
« Le port d’Espérance » de Magnus Gertten
Roman Vishniac Rediscovered
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« Avant-guerre, avant que Vichy ne recense les juifs – étrangers et français –, avant que leurs biens ne soient spoliés, avant la rafle du Vel d'Hiv' du 16 juillet 1942 et les déportations vers Auschwitz, à quoi ressemblait la vie au 209, rue Saint-Maur », dans un quartier alors populaire de Paris ?

"Yiddishland" parisien
« Chassés d'Allemagne ou ayant fui les pogroms d'Europe centrale, un tiers des habitants de cet immeuble du 10e arrondissement est de confession juive ».
"L'ameublement, c'était le nécessaire. Il n'y avait pas de superflu", résume un de ces enfants.
"L'ameublement, c'était le nécessaire. Il n'y avait pas de superflu", résume un de ces enfants.
« Chez les Diamant, ils sont huit : les parents, trois enfants nés en Pologne et trois en France. Aujourd'hui installée à Tel-Aviv, Odette est la seule survivante ». La "première pièce du puzzle". Son père était ouvrier-coupeur. L'appartement ? Deux pièces. Avant sa déportation, le père d'Odette envoie une lettre d'adieu. "Quand on l'a reçue, on espérait en son retour. C'est avec le temps que c'est devenu insupportable", constate Odette.
« Depuis Melbourne, en Australie, Berthe Rolider évoque la pièce unique qu'elle partageait avec père et mère ». "La concierge n'aimait pas les enfants. Nous, les enfants, ont avait peur d'elle. Mon père était très gentil. Mes parents et moi étions très unis", se souvient Berthe Rolider dans une interview via Internet.





« Prenant chacun par la main à l'heure des retrouvailles dans le Paris d'aujourd'hui, Ruth Zylberman les convoque dans un film magnifique à l'époque des copains, des cousins, de l'insouciance pas encore engloutie. À l'heure d'une enfance qui voulait croire aux promesses du pays des droits de l'homme ».

Pourquoi cet immeuble ? « Je l’ai choisi au hasard mais j’arpentais depuis longtemps les rues du Nord-Est parisien, terre ancienne d’immigration pour de nombreux juifs d’Europe centrale. C’est en découvrant le recensement de 1936 que je me suis aperçue qu’un tiers des trois cents habitants du 209 étaient juifs. Sur les cinquante-deux qui ont été déportés, il y avait neuf enfants. Avec sa cour et ses quatre bâtiments, cet immeuble permettait en outre de multiplier les points de vue et de faire place au présent. Les conseils de Claire Zalc spécialiste de la micro-histoire de l’Holocauste, ont été essentiels, ainsi que l’aide d’un autre historien, Alexandre Doulut. Une fois les anciens locataires identifiés, je me suis transformée en détective privée pour les retrouver en France et dans le monde ». Un tiers des habitants sont étrangers. Une cinquantaine est déportée.
Son film « parle de la guerre, de l’arrestation puis de la déportation de juifs, souvent étrangers, qui avaient fait de la France leur nouvelle patrie, mais il évoque aussi le cheminement possible pour faire resurgir tout ce que l’on croyait englouti. Les sons, les odeurs, les objets familiers des lieux où nous avons vécu imprègnent notre mémoire. Pour ceux dont la condition de la survie a été d’occulter ce qui a brisé leur vie, une rampe d’escalier, les pavés d’une cour ou une fenêtre sont autant de petits cailloux vers un passé retrouvé, même de façon fragmentaire, qu’ils seront en mesure de transmettre ».
Bouleversant par des confidences de ces enfants juifs devenus adultes, et toujours marqués par ce passé, par l'engagement de ces pères de famille en 1939, par leur confiance quand ils se rendent au commissariat de police, prélude à leur internement dans un camp français, puis à leur déportation. Émouvant aussi par les souvenirs confiés sur le resserrement de l'étau et la rafle du Vél d'hiv du 16 juillet 1942 - "On n'avait plus aucun droit", "la panique communiquée par les adultes", "Ils ont pris maman, Suzanne et Fernande", "Je revois mon père, ses larmes", "la séparation des femmes et de leurs enfants s'est faite dans la brutalité" dans le camp du Loiret, "Je n'ai jamais pu prendre un enfant dans mes bras. Je revoyais l'image de Nazis jeter des enfants comme on lance un os à un chien" -, l'aryanisation, donc la spoliation de ces pauvres Juifs dont on vole leur machine à coudre, douze cuillères à café, et par l'émotion de cet octogénaire prenant conscience qu'il met ses pas, dans la cour de l'immeuble, dans ceux de ses parents décédés.


Le documentaire a été distingué par une Mention spéciale du jury au FIPA 2018 (Festival international de programmes audiovisuels) et le Grand prix du jury documentaire au Festival de Luchon 2018.
Les éditions du Seuil publièrent "209 rue Saint-Maur, Paris Xe. Autobiographie d'un immeuble" de Ruth Zylberman. "Retraçant les vies passées et présentes des habitants d’un immeuble du Xe arrondissement de Paris, Ruth Zylberman livre un magnifique récit. Là se sont succédé, depuis les années 1850 jusqu’à nos jours, des générations d’enfants, d’artisans et d’ouvriers, d’immigrés de l’est ou du sud de l’Europe. Là se sont noués des amours, des amitiés, des tragédies. Là, l’ordinaire du quotidien a côtoyé l’extraordinaire du fait divers et des violences de l’Histoire. Ruth Zylberman propose une réflexion bouleversante sur les traces du passé, les lieux où se loge la mémoire et le lien invisible entre les vivants et les morts. Car cette autobiographie d’un immeuble est aussi une forme d’écriture de soi."

Le 28 mai 2021 à 20 h 15, l'Union des progressistes juifs de Belgique proposera "de recevoir en visioconférence l’autrice et cinéaste Ruth Zylberman à propos de son livre 209 rue Saint-Maur." Le modérateur sert Dominique Rodriguez.
"Née en 1971, Ruth Zylberman a réalisé de nombreux films et publié un roman, La direction de l’absent, en 2015. Elle a grandi à Paris, dans le XVIIIe arrondissement. Son film Les enfants du 209 rue Saint-Maur, Paris Xe (2018, Zadig Productions/Arte) a été couronné par de nombreux Prix."
"Le documentaire s’était attaché aux enfants de l’immeuble victimes des nazis et de la police de Vichy. Dans son livre, Ruth Zylberman brosse plus largement l’histoire du « 209 » depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à la gentrification du XXIe, en une approche à la fois rigoureuse et subjective. Si bien que le livre vibre de toutes les résonances des voix vivantes d’aujourd’hui comme de celles d’hier. On y entend le bruit des heurts violents sur les portes, dans les pires heures de la traque des Juifs, mais aussi l’appel du bistrotier du temps où il n’y avait qu’un téléphone dans l’immeuble et qu’il hélait depuis le dehors la personne que l’on cherchait à joindre, ou les coups de feu du 13 novembre 2015".
Réservation:
• Zoom via le lien suivant: https://zoom.us/j/95106850087
Renseignements: info@upjb.be
France, 2017, Zadig Productions, Arte France, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 103 min
Sur Arte les 5 juin 2018 à 22 h 20 et 27 janvier 2020 à 22 h 35
Au Mémorial de la Shoah le 9 novembre 2017 à 19 h 30 /
Visuels :
Les enfants du 209 - © Cédric Dupire-Zadig productions
A lire sur ce blog :
Les citations sur le documentaire sont d'Arte et du producteur. Cet article a été publié le 1er juin 2018, puis le 27 janvier 2020.
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