Arte diffusera le 11 avril 2017 « Ni Dieu ni Maître - Une histoire de l'anarchisme » (Kein Gott, kein Herr! - Eine kleine Geschichte der Anarchie), série documentaire en deux volets de Tancrède Ramonet. « Tous les grands événements de l'histoire sociale des deux derniers siècles et dévoile l’origine et le destin de ce courant politique qui combat depuis plus de 150 ans tous les maîtres et les dieux ».
La Fraction Armée rouge (RAF) allemande
« Les trois vies d’Axel Springer » de Manfred Oldenburg, Jobst Knigge et Sebastian Dehnhardt
« Une jeunesse allemande » par Jean-Gabriel Périot
« Une jeunesse allemande » par Jean-Gabriel Périot
« Les Amnésiques » par Géraldine Schwarz
« Extrémisme de gauche - Entre protestation et terreur » par Rainer Fromm
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama« Extrémisme de gauche - Entre protestation et terreur » par Rainer Fromm
« Du manifeste fondateur de Proudhon (1840) à la chute de Barcelone (1939), cette fresque documentaire fait revivre la richesse foisonnante d'un mouvement multiforme, montrant combien l'anarchisme continue d'irriguer tout le champ des luttes sociales et politiques ».
« A partir d’images d’archives inédites, de document oubliés, d’entretiens exclusifs avec les plus grands spécialistes du mouvement ouvrier, ce film exceptionnel raconte pour la première fois l’histoire de ce mouvement qui combat depuis plus de 150 ans tous les maîtres et les dieux et qui, de Paris à New York et de Tokyo à Buenos Aires, n'en finit pas de faire trembler le monde ».
« Pourquoi l'anarchisme est-il perçu aujourd'hui comme marginal ? Comment expliquer que, alors que ses combats et ses mots d'ordre libertaires et égalitaires ont largement contribué à écrire l'histoire des luttes sociales et des révolutions, et qu'ils résonnent aujourd'hui avec une force nouvelle, ses origines aient été à ce point oubliées ? »
Cette « passionnante fresque documentaire, qui retrace pour la première fois les débats et les événements clés de l'histoire de l'anarchisme sur un siècle, de 1840 à la Seconde Guerre mondiale, élucide en partie le paradoxe. D'une part, les pouvoirs que les anarchistes ont toujours défiés, parfois la bombe à la main, sont largement parvenus, par la répression et la propagande, à museler ou discréditer leur pensée. D'autre part, la diversité étonnante d'un mouvement d'envergure mondiale, mais qui a refusé avec constance tout embrigadement derrière un chef ou une doctrine, a contribué à occulter, dans la mémoire collective, son rôle pionnier dans les conquêtes sociales, de la journée de huit heures à l'émancipation des femmes ».
« De Paris à Chicago, de Tokyo à Mexico, de Saint-Pétersbourg à Barcelone, Tancrède Ramonet redonne vie à cette richesse foisonnante, à travers l'évocation de ses principales figures, le récit d'une dizaine de spécialistes et à de très belles archives, notamment photographiques ».
La volupté de la destruction (1840-1914)
« Qu'est-ce que la propriété ? C'est avec ce manifeste fondateur qu'en 1840 l'ouvrier typographe Pierre-Joseph Proudhon jette les bases d'une solution anarchiste à la misère terrible qui se développe depuis le début du siècle dans les grands bassins industriels ».
« En 1864, lors du Congrès de la Ière Internationale des travailleurs à Londres, les anarchistes sont largement majoritaires ».
« Bakounine voit dans la dictature du prolétariat proposée par Marx « la menace d'une effrayante bureaucratie rouge ».
« De la Commune de Paris, en 1871, à la grève générale de 1906, de l'émergence des Bourses du travail à celle des grandes organisations syndicales, des premiers votes féminins aux communautés de vie alternative, de l'éducation populaire à la mise en place d'écoles libertaires, le mouvement anarchiste suscite des expériences révolutionnaires inédites et se révèle l'un des principaux promoteurs des grandes avancées sociales ».
« De Ravachol à Bonnot, de l'assassinat de Sadi Carnot (1894) à celui d'Umberto Ier d'Italie (1900), ce premier épisode rappelle aussi que la « propagande par le fait » que choisissent certains anarchistes inaugure un terrorisme international qui cible avec succès les sommets de l'État, mais contribue à forger sa légende noire ».
La mémoire des vaincus (1911-1945)
Après la Première Guerre mondiale, « dans une Europe exsangue, l'anarchisme semble avoir perdu l'essentiel de son influence ».
« Mais les révolutions mexicaine (1910), puis russe (février 1917), ont vu appliquer ses mots d'ordre à une échelle jusque-là inédite, même si l'échec de la première, et la prise du pouvoir par les bolcheviks à Saint-Pétersbourg, ont rejeté à nouveau parmi des vaincus des milliers de ses militants ».
« Dans cet entre-deux guerres où, très vite, les totalitarismes fascistes et soviétique se font face, il l'anarchisme reste fort en Amérique ».
« En 1927, l'exécution des deux militants Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti suscite une immense réprobation des deux côtés de l'Atlantique ».
« Puis, au printemps 1936, l'élection en Espagne d'un gouvernement de Front populaire va permettre aux anarchistes d'écrire, notamment en Catalogne, l'une des pages les plus marquantes de leur histoire, avant d'être écrasés dans la tourmente de la guerre civile ».
On peut regretter la faible part consacrée par cette série documentaire aux relations complexes entre anarchisme et Juifs.
On peut regretter la faible part consacrée par cette série documentaire aux relations complexes entre anarchisme et Juifs.
PORTRAITS PAR MARIA ANGELO
1840
PROUDHON, LE PERE FRANÇAIS DE L’ANARCHISME
« Qu’est-ce que la propriété ? C’est le vol ! » La réponse de Pierre-Joseph Proudhon au titre du livre qu’il publie en 1840 est célèbre. C’est aussi dans cet ouvrage fondateur qu’il affirme : « Je suis anarchiste, quoique très ami de l’ordre », profession de foi qui fera de lui le père du mouvement. Au moment où Proudhon s’insurge, la révolution industrielle enrichit une petite partie de la population mais les ouvriers ont, eux, à peine de quoi se nourrir. Ils ne peuvent pas se soigner et encore moins se cultiver. Né en 1809 à Besançon, l’ouvrier typographe Proudhon est l’un des rares intellectuels issus des classes laborieuses dont les textes dénonçant les inégalités vont circuler dans le monde entier. S’il est le premier à établir un lien étroit entre dominations politique, économique et religieuse, il n’est pas pour autant partisan de la violence révolutionnaire et mise sur une société mutualiste ».
« C’est un peu plus tard, avec le Russe Mikhaïl Bakounine, qui prône, lui, la lutte armée, que l’anarchisme devient un courant révolutionnaire ».
1886
UN 1ER MAI SANGLANT A CHICAGO
« Outre-Atlantique, Chicago est le centre de la planète anarchie. C’est là qu’est lancé, le 1er mai 1886, un mot d’ordre de grève générale. Quelque 340 000 manifestants exigent dans la rue des journées de travail de huit heures. La police charge et fait plusieurs victimes parmi les grévistes. Le 4 mai, alors qu’une manifestation touche à sa fin, à Haymarket Square, une bombe explose. Sept policiers perdent la vie. Le drame est suivi d’une rafle de grande ampleur chez les anarchistes. Lors du procès de huit d’entre eux, en juin, le procureur reconnaît : « Nous savons que ces huit hommes ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivaient, mais ils sont des meneurs ; messieurs du jury, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société ». Cinq anarchistes, promus au rang de martyrs, seront exécutés.
« Célébrée comme « Journée internationale de revendication des travailleurs » en 1889, le 1er mai va connaître d’autres tragédies ».
« En France, après la fusillade de Fourmies, en 1891, une grève générale, le 1er mai 1906, sera à son tour férocement réprimée ».
1894
L’ASSASSINAT DU PRÉSIDENT SADI CARNOT
« Sabotages, boycotts, attentats : la nouvelle stratégie d’action des anarchistes à partir des années 1880 repose sur la « propagande par le fait ». C’est à cette époque que Ravachol, en France, commet ses premiers faits d’armes ».
« Mais, désormais, les têtes couronnées et les hommes politiques sont visés. Après le tsar de Russie Alexandre II, en 1881, le président de la République française Sadi Carnot, qui a refusé la grâce pour plusieurs anarchistes, tombe le 25 juin 1894, à Lyon, poignardé par l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio ».
« Beaucoup d’autres connaîtront le même sort : Sissi, l’impératrice d’Autriche, assassinée à Genève en 1898 ; le roi d’Italie Humbert Ier, en juillet 1900 ; le président des États-Unis McKinley en 1901 ; le roi de Grèce Georges Ier en 1913, ou encore, l’année suivante, à Sarajevo, François-Ferdinand d’Autriche et son épouse ».
En 1898, Émile Zola « justifiera cette stratégie, arguant que « la terreur bourgeoise a fait la sauvagerie anarchiste ».
« Cependant, de nombreux anarchistes condamneront cette violence meurtrière qui « décrédibilise la cause libertaire sans insuffler l’insurrection ».
1918
L’ARMÉE INSURRECTIONNELLE DU « PETIT PERE MAKHNO »
« D’inspiration anarchiste, une armée révolutionnaire insurrectionnelle, la « Makhnovchtchina », est mise sur pied en 1918 par un paysan ukrainien, Nestor Makhno ».
« Ayant pour mot d’ordre « mort à tous ceux qui s’opposent à la liberté des travailleurs », ses soldats combattent en Ukraine les armées blanches russes. Quand ils libèrent une ville, ils ouvrent les prisons, redistribuent la nourriture, imaginent comment collectiviser les terres et autogérer les entreprises ».
« À son apogée, la « Makhnovchtchina » compte jusqu’à 40 000 hommes et contrôle un vaste territoire. Mais rapidement, les désaccords éclatent en son sein entre anarchistes et bolcheviks. En 1921, les officiers makhnovistes sont fusillés et, en Russie, tous les représentants du mouvement anarchiste sont assassinés ou déportés ».
« Échappant à la répression, Nestor Makhno parvient à fuir en France, où il meurt en 1934 ».
1940
LA MORT D’EMMA GOLDMAN, UNE FIGURE DE L’ANARCHISME FÉMINISTE
« Née en Russie en 1869, émigrée aux États-Unis en 1885, Emma Goldman a été surnommée « la femme la plus dangereuse d’Amérique » après avoir tenté d’assassiner l’industriel de l’acier Henry Clay Frick, qui avait décidé de fermer l’une de ses usines en grève ».
« Emprisonnée plusieurs fois, la militante anarchiste et libertaire a soutenu dès 1936 la jeune révolution espagnole ».
« Dans le monde entier, de nombreuses femmes ont embrassé la cause. Parmi elles, l’institutrice Louise Michel, figure de la Commune de Paris, l’Américaine Voltairine de Cleyre, qui aidera la révolution mexicaine, l’Italienne Leda Rafanelli, chantre de l’anticolonialisme au Proche-Orient, l’Argentine Virginia Bolten, qui publie le premier journal féministe de l’histoire sous la devise « Ni dieu, ni maître, ni mari ». Ou encore la journaliste japonaise Suga Kanno, pendue à 29 ans après avoir été accusée, à tort, de haute trahison ».
« Ni Dieu ni Maître - Une histoire de l'anarchisme » par Tancrède Ramonet
France, Temps Noir, 2013
Narrateur : Redjep Mitrovitsa
Textes dits par Audrey Vernon
Conseillers historiques : Gaetano Manfredonia et Frank Mintz
Musique originale : Julien Deguin
Sur Arte :
1ère partie : le 11 avril 2017 à 20 h 50 (72 min)
2e partie : le 11 avril 2017 à 22 h 05 (72 min)
Visuels
© Getty Images, DR, BM Dijon, Collection particulière/EBC, Collection IM/KHARBINE-TAPABOR
Affiche NDNM © Temps noir
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