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mercredi 1 mars 2017

« Les enfants juifs sauvés de l'hôpital Rothschild » par Jean-Christophe Portes et Rémi Bénichou


France 5 diffusera le 4 mars 2017 « Les enfants juifs sauvés de l'hôpital Rothschild », documentaire par Jean-Christophe Portes et Rémi Bénichou. Sous le régime de Vichy, au sein de l’hôpital Rothschild à Paris, un réseau d’évasion, composé de médecins, dont l’interne Colette Bruhl-Ullman, et de Claire Heyman, assistante sociale, a protégé, soigné et sauvé des enfants juifs menacés de déportation : Henri, Maurice, Hedwige, Marcel… Malheureusement, pas Céline photographiée avec les médecins dont elle était devenue la mascotte.


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« Sous l'Occupation, l'hôpital Rothschild, à Paris, devint un hôpital « prison », où l'on soignait, avant leur déportation, des personnes juives tombées malades dans les camps d'internement de la région parisienne ».

Il « devint aussi le seul hôpital français où les médecins juifs pouvaient encore exercer ».

« Pour ne pas être complices de cette sinistre comédie, des soignants » et des administratifs « décidèrent de sauver en priorité les enfants ».

Ils « prolongeaient ou inventaient des maladies, maquillaient le registre des décès, organisaient des évasions ».

Colette Brull-Ulmann, alors interne française juive de 21 ans, faisait partie de ce groupe de résistants ». Juive, elle n’est pas autorisée à se présenter à l’externat : depuis octobre 1940, le statut des Juifs édicté par le régime de Vichy a interdit aux Juifs les professions en contact avec le public. L’hôpital Rothschild, où les médecins juifs ont le droit d’exercer, vient d’ouvrir un concours d’externat. Colette Brull-Ulmann s’y rend.

En décembre 1941, la préfecture de police de Paris a réquisitionné des chambres dans cet hôpital. Là, y sont soignés des détenus malades. Guéris, ils sont déportés vers les camps nazis de la mort.

Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation de Juifs de France part du camp de Royallieu à Compiègne. Direction : le camp nazi d'Auschwitz, en Pologne. En 1945, sur les 1 112 déportés de ce convoi 1, seul 19 ont survécu à la Shoah.

« On pensait qu’ils vont les envoyer travailler. On n’avait pas réalisé ce qui se passait. On ne pouvait pas imaginer », se souvient Colette Brull-Ulmann.

Les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 Juifs sont arrêtés à Paris et en banlieue par la police française : 1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants - juifs étrangers et enfants juifs nés en France - sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver, ou Vél d’Hiv.

Le 3e jour suivant cette rafle, deux médecins de l’hôpital Rothschild obtiennent l’autorisation de s’y rendre. Ils « en reviennent en larmes. Cela dépassait l’imagination ».

L’hôpital accueille des « vieillards tremblants, déshydratés. Cela a été horrible. J’ai compris que c’était la guerre et qu’il fallait faire quelque chose », déclare Colette Brull-Ulmann.

 « Sept décennies plus tard, la seule survivante du réseau de l'hôpital Rothschild rencontre des enfants qu'elle a contribué à sauver ». Vivant dans le XXe arrondissement de Paris, Henri avait « la rougeole le jour de la rafle du Vél d’hiv, et est brûlant de fièvre ». Il est amené à l’hôpital Rothschild, et sa mère internée au camp de Drancy. Le 5 août 1942, sa mère adresse de Drancy une autorisation de sortie de l’hôpital. L’enfant change de statut : de détenu, il devient un malade comme les autres.

Dans ce réseau, Claire Heyman, assistante sociale, joue un rôle majeur : elle assure la logistique des sauvetages, en trouvant les lieux d’accueil pour des enfants juifs sortis clandestinement de l’hôpital Rothschild, en trafiquant les registres indiquant les entrées des malades, en faisant sortir des enfants vivants dans des cercueils, en empruntant des souterrains, en amenant la nuit des enfants, après leur avoir décousu l’étoile juive, vers un lieu temporaire sûr, en enregistrant comme mort-nés des bébés pour ne pas laisser de trace... Le nombre d’enfants sauvés ? Difficile à déterminer, car Claire Heyman est décédée sans avoir été interrogée par les historiens. Les autres membres du groupe sont souvent morts sans avoir laissé de trace de leurs actions.

Le documentaire organise les réunions, 70 ans après, entre d’une part Colette Brull-Ulmann et d’anciens enfants sauvés, et d’autre part, ces anciens enfants persécutés, cachés et ceux les ayant connus sous des noms d’emprunts dans des villages. Tous « se souviennent  de cette histoire exceptionnelle » et tragique que Colette Brull-Ulmann a longtemps occulté.

De son passage à l’hôpital Rothschild, Hedwige Plaut, qui avait fui l’Allemagne après la Nuit de Cristal pour rejoindre son grand-père à Paris, se souvient de la peur et de la faim. Elle avait sept ans en 1942, et se souvient de s’être cachée sous les draps lors de la rafle du 10 février 1943 dans l’hôpital : des policiers armés de fusils cherchaient partout des enfants qui criaient, tentaient de fuir. Maurice, alors enfant, évoque Berthold, arrêté ce jour-là avec quatorze autres enfants. Hedwige relate les pérégrinations vers la Suisse par train, à pied jour et nuit, en traversant les ruisseaux. « Des enfants sont tombés dans des ravins, se sont perdus. Au départ, nous étions 29. La moitié n’est jamais arrivée », se désole Hedwige.

Au printemps 1943, la pression nazie s’aggrave. Les Nazis pénètrent dans la maternité de l’hôpital Rothschild. Une mère, qui venait d’accoucher, se défenestre avec son bébé.

Trois membres de l’hôpital sont déportés.

La Gestapo interroge Claire Heyman qui ne livre aucune information. Son adjointe est torturée, mais ne parle pas. Elle est libérée.

En juin 1943, Colette Brull-Ulmann fuit l’hôpital et s’engage dans un autre mouvement de résistance, et participe à la Libération de Paris. Elle reçoit la Croix de Guerre accordée par le général de Gaulle. Devenue pédiatre, elle n’a « jamais pardonné la cruauté d’un médecin de l’hôpital Rothschild. Lors du premier procès après la Libération, ce médecin a expliqué n’être pas responsable, qu’il ne savait pas que les enfants étaient envoyés vers la mort. Longtemps après, elle Colette Brull-Ulmann a appris que le jury n’a rien eu à lui reprocher : ce médecin n’a pas été condamné à l’indignité nationale, et est devenu médecins des hôpitaux. Il n’a jamais regretté, n’a jamais eu de remords.

Colette Ulmann a épousé Jacques Ulmann. Tous deux sont des donateurs au musée du Louvre, notamment d'un dessin italien du XVIIe siècleJacques Ulmann est né en 1917 dans une famille d'artistes: son père est Louis-Félix Ulmann, artiste-peintre, et son grand-père maternel Emmanuel Hannaux (1855-1934) est sculpteur, ultime élève d'Auguste Dumont (1801-1884), membre de l'Institut de France dès 1838 et professeur à l'École des Beaux-arts de 1853 à son décès. Engagé au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, Jacques Ulmann est démobilisé à la fin des combats, près de Limoges. Victime du numerus clausus des statuts des Juifs édictés par le régime de Vichy, il ne peut prétendre à l'externat à Paris. Après un passage à l'hôpital Rothschild, il rejoint la zone libre, se fait enregistrer par la police sous le nom de Jacques-André Hannaux et étudie à la Faculté des Sciences de Lyon. 

En 1954, l’hôpital Rothschild est donné à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP)

   
« Les enfants juifs sauvés de l'hôpital Rothschild » par Jean-Christophe Portes et Rémi Bénichou 
Dream Way Productions, avec la participation de France Télévisions et de Planète, 2014, 55 min
Images : Rémi Bénichou, Benoit Peytavin
Montage : Marlène Billerey
Sur France 5, dans le cadre de la Case du siècle, le 4 mars 2017 a 0 h 15

Visuels : © Famille Pierronnet

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Les citations proviennent du communiqué de presse et du film.

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